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1, 2, 3, 4, 5When the lights go out - Vaast
When the lights
Go out
Feat Vaast
Dilay écoute Vaast même si elle doit le relâcher un peu pour regarder ses lèvres. Elle fait une tête comme si elle avait mordu dans un citron lorsqu’il déclare que la femme a professé contre la foi. Même elle, qui ne connait rien à Thélème, sait que c’est une très mauvaise idée. Exactement comme elle l’a dit à Vaast, Dilay n’a aucune foi dans la classe dominante, que son pouvoir lui soit donnée des mains du soleil ou pas. Faut-il avoir un coup dans le nez pour parler en public contre les gens qui peuvent vous faire du mal d’un mot glissé dans la bonne oreille…
- E-Elle était…
« Saoul ? Pas fait exprès ? »
Signe Dilay d’une main. Elle observe Vaast quand il affirme qu’il n’a rien à craindre et signe.
« Sûr ? »
C’est qu’elle se fiche un peu de l’autre fille. Dilay opine du chef lorsqu’il demande un chocolat mais commence par aller en haut pour chercher des vêtements secs. Elle choisit avec goût même s’ils sont un peu similaires, quelque chose qui n’ait pas l’air d’avoir trop de baleines dans le corsage, quelque chose pour la maison, mais avec un beau col haut et des culottes… Leur forme bouffante laisse Dilay toujours perplexe mais elle tâte les tissus et opte pour quelque chose de doux mais de rembourré. Il faut que Vaast se réchauffe.
Elle lui pose tout cela plié dans le salon, en tâchant de rester tournée, et en faisant un bruit inhabituel en marchant pour indiquer qu’elle arrive. Elle hésite, mais lance cependant, sans regarder Vaast :
- Q-Quoi que ce soit, je demanderais pas, tu sais. Je demanderais pas si tu me demandais de pas demander. J’y penserais même pas.
Au bout d’un moment, ce deviendrait naturel, même si c’était une difformité, ou la cicatrice la plus laide que Dilay ait jamais vu – et elle en doutait. Elle avait été avec Vaast dans le noir, et elle ne sentait rien sous ses doigts qui ressemble à la trace de l’acide, qui donnait, de ce qu’elle en savait, les traces les plus terribles.
Elle se retire vite. Il ne faut pas que Vaast ressente la moindre obligation, mais il faut qu’il sache. Ce n’est pas qu’elle s’en fiche… C’est qu’elle n’a pas l’impression qu’une telle relation requiert qu’on se dise toutes ces choses-là, si l’envie n’est pas là. Cela ne la concerne pas, qui est-elle pour exiger une vérité visiblement douloureuse ? Ce serait simplement s’assurer d’une preuve de loyauté, songe Dilay, cela lui rappelle son entraînement, les règles sur le fait de ne pas mentir à un supérieur, jusqu’à ce qu’on lui pose les questions les plus sottes.
Après avoir versé le chocolat, qu’elle fait avec du lait et du cacao réduit en poudre, bien moins riche qu’à la crème et aux carrés de chocolat, dans une tasse Dilay revient dans la pièce principale et pose la tasse sur la table pour Vaast.
Elle tente de ne pas perdre une miette de ce qu’il lui raconte et hausse haut les sourcils. Visiblement, elle comprend parfaitement ce que ça veut dire, même si elle le traduit en ses propres termes. Une grande découverte peut, dans l’Alliance du Pont, propulser un savant de bas étage, inconnu de tous, au premier rang face à la postérité… Et la concurrence. Ce pouvait renverser un statu quo, révolutionner une discipline entière, rendre obsolète un siècle de recherches. C’était gros, Dilay le saisit.
- C-C’est courant ?
S’enquiert Dilay, qui ne sait rien sur le processus de « créer » des sorts. Ont-ils même des chercheurs qui s’occupent de cela, de parfaire leur arsenal, comme les ingénieurs de l’Alliance du Pont trafiquent les fusils ?
Dilay dodeline de la tête à la suite. C’est bien beau tout ça, mais ce que ça ne lui dit pas… Elle désigne Vaast.
- ‘En pense quoi, toi ?
Elle fait avant de pousser la tasse vers l’inquisiteur. Aux yeux de Dilay, c’est ce qui importe le plus.
- T’es inquiet.
A sujet de cette Juliette plus que de l’autre fille, mais inquiet quand même. L’autre fille, elle ne compte pas, mais peut-être que si, si toute cette affaire est liée à Juliette, et que Vaast est liée à Juliette aussi. Il la protégeait, durant la Fête de l’Equinoxe. Dilay ne connaît aucun ami à Vaast, il n’a même pas exactement décrit Juliette comme telle, mais elle a le sentiment qu’elle est importante pour lui, et que face à toute cette agitation il ne va pas rester sur la touche.
Il n’est pas elle, lui souffle une voix amère. Il agit avant que les claques ne se mettre à pleuvoir. Il est intelligent. Alors elle demande.
- Qu’est-ce qu’il compte faire ?
Elle laisse planer un silence, l’air suprêmement concentré. Elle tapote le sol à la cadence d’un menuet que ses doigts connaissent par cœur.
J-Je comprends pas.
Elle admet sans mal.
- C’est à quel niveau de grave ? Les ennuis de cette fille ? Ce qui se passe avec Juliette ? Et…
Elle le désigne. Lui. Lui, surtout lui, toujours lui. Elle saisit le contexte général, mais tout ça ce sont des mots, des concepts, que Dilay n’a jamais vu ou éprouvé. Elle réagit seulement aux émotions de Vaast. Ca ne va pas. Il est préoccupé. Alors ça ne va pas aller. Elle veut aider. Mais il faut…
- 1 à 10.
Elle propose, pour mieux cerner.
Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.
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When the lights go outFeat Alix
Un ricanement lui échappa. Il avait reconnu le mot.
-Non, elle n’avait pas bu. Je ne sais pas ce qui lui a pris, sincèrement. Elle a peut-être passé trop de temps sans…
Mais il s’interrompit. C’était ce qu’on disait quand un inquisiteur s’égarait - qu’il avait besoin d’une retraite. Une retraite, ça signifiait l’enfermement, la prière, les preuves de loyauté et de foi à n’en pas finir, le manque de sommeil…
Il y avait eu droit. Et encore. On l’avait laissé sortir plus tôt que prévu.
-En tout cas, oui, je suis sûr que je ne risque rien. Rien du tout.
Vaast cessa brièvement de respirer quand sa compagne affirma si simplement, si doucement, qu’elle ne poserait pas de questions. La gratitude le submergea - puis la honte.
Ce n’était pas qu’il redoutait ses questions. C’était qu’il ne pourrait pas la laisser voir ça sans vouloir, lui, justifier. Expliquer. Bien sûr, il aurait pu inventer un mensonge… une erreur lors d’un entraînement. Une sacrée erreur, au vu de la marque, certes. Ou bien il pouvait juste attendre. La chair finirait par reprendre sa couleur habituelle, mais au bout de combien de temps ?
Pourquoi ne voulait-il pas que la cicatrice disparaisse ?
-Merci, répondit-il. Je te crois.
Une fois habillé et réchauffé, Vaast se sentit soulagé en voyant les sourcils d’Alix se hausser. Oui ! Elle comprenait ! Enfin quelque chose qu’il n’avait pas à expliquer laborieusement. Oui, c’était gros !
-Non, pas du tout, c’est pour ça que ça fait autant de bruit. On pensait vraiment avoir exploré tout ce qu’on peut faire avec la magie.
Vaast fit la grimace. La question était pertinente mais désagréable.
-J’en pense… que je ne suis pas sûr de voir pourquoi tout le monde s’emballe.
Ses doigts se crispèrent sur la tasse.
-Ce n’était qu’une seule démonstration. Je ne sais pas comment elle aurait trompé la Mère-Cardinale, et le Lumineux l’en empêche, mais c’est un peu trop beau pour être vrai. Et puis, ça les arrange bien, la Confrérie ! Tu verrais ce qu’ils sont capables de sortir comme énormités - tu m’étonnes qu’ils ont eu besoin de marquer les esprits pour avoir le droit de rester ! Et quoi de mieux que de prétendre que l’ombre peut faire autre chose que faire mal, hein ?
Il eut un rire amer et se rendit compte qu’il avait parlé trop fort, d’un ton hargneux. Il effleura la main d’Alix puis frotta son torse, mal à l’aise.
-Je ne sais pas pourquoi ça me… m’agace comme ça.
Il prit une gorgée du chocolat chaud et passa avec soulagement au sujet de Juliette.
-Moi ? Je vais cuisiner Juliette dès que j’aurai davantage d’informations. De toute façon, c’est mon rôle. J’irai fouiller dans ses affaires s’il le faut. S’il se passe quelque chose qui l’affecte à ce point, je dois être informé. Pour le moment, ceci dit, je ne vois pas de raisons de nous emballer. C’est, disons… un trois ou un quatre. Même si Juliette a de graves ennuis, il n’y a pas de raisons pour que je sois touché. Quant à l’inquisitrice, pareil.
Il se tut quelques secondes, cherchant les mots qui expliqueraient son ressenti à Alix. Il leva les yeux pour la regarder. Qu’avait-il fait pour mériter qu’on le contemple avec autant d’attention ?
-C’est juste que tout change, Alix. Les choses sont instables pour tout le monde.
Il l’enlaça, posa la tête contre son ventre.
Il s’entendit prononcer d’autres mots sans les avoir pensés.
-Et en plus, je peux même plus chanter.
Voilà qu’il avait envie de pleurer.
When the lights
go out
Feat Vaast
Dilay hausse les sourcils, et l’incompréhension se peint sur son visage. Sans ? Sans une bonne prière ? Sans manger ? Elle signe une question à Vaast, peu sûre de pourquoi il s’est interrompu en si bon chemin. Peut-être que c’est un sujet difficile, mais Dilay ne saisit pas trop comment Vaast pourrait finir cette phrase de façon dramatique, sauf si les rumeurs sur Thélème sont vraies, et elle tente d’avoir l’esprit ouvert… Ils ne vivent probablement pas vraiment en se flagellant.
La jeune femme fait une moue mais accepte la réponse de Vaast sans protester. S’il dit que ça va, c’est que ça va – il est plus paranoïaque qu’elle, et elle veille à ne pas appuyer là-dessus.
- E-Encore heureux.
Elle lui lance alors qu’il dit qu’il la croit, évidemment taquine. Elle n’insiste pas. Visiblement ça aussi, ça n’a pas l’air de lui aller. Dilay est un peu déçue, peut-être, parce qu’elle commence à se dire que Vaast se fait probablement des nœuds à l’esprit pour quelque chose qui serait plus vite réglé s’il le crachait – comme souvent. Le truc c’est que c’est un terrain trop inconnu pour qu’elle en soit sûre cette fois.
- C-C’était quand ? La dernière fois ?
S’enquiert Dilay au sujet d’un nouveau sort. S’ils pensaient avoir fait le tour, est ce qu’ils essayaient même encore ? L’Alliance lui a toujours appris que la stagnation était presque synonyme de mort, et Dilay écoute son compagnon – ça fait toujours bizarre de l’appeler ainsi dans ses pensées – avec une perplexité grandissante. Elle a envie de lui demander s’il croit sincèrement qu’ils ont utilisé un artifice pour duper cette mère-truc, si tout ça n’est qu’une grande charade, parce que si c’est vrai alors c’est vrai, qu’importe que c’ait été considéré impossible jusqu’ici. C’est comme ça que le progrès fonctionne, n’en sait-on vraiment rien à Thélème ?
Mais Dilay a déjà vu ces attitudes auparavant, de « son » propre côté, elle demande donc à la place :
- Pourquoi tu veux que ce soit faux ?
Parce que ça a l’air d’être le cœur du problème, et Vaast lui-même admet qu’il n’a pas de sentiments positifs à l’égard de cette nouvelle, sans savoir pourquoi. Mais il reprend vite, le niveau de menace n’a pas l’air très élevé, et pourtant il utilise des mots tranchants. Il pourrait se brouiller avec cette femme s’il la cuisine de cette façon.
- T-Tu l’apprécies ?
Souffle Dilay, davantage sous la forme d’une question. Elle sent qu’il remet ses bottes d’inquisiteur, tout son attirail même. Ce ne serait pas très discret d’aller fouiller dans les affaires de Juliette… D’un autre côté, Vaast sait ce qu’il fait. Non ? Il a l’air tellement sûr de lui, et tellement fragile à la fois, comme s’il allait le faire, il allait le faire même s’il devait se casser. Pourquoi déjà songer à l’interpeller avec fermeté ? Pourquoi ne pas commencer par organiser un rendez-vous pour lui demander ?
Elle pourrait mentir. Tout le monde peut mentir. Dilay est la mieux placée pour le savoir. Elle sait aussi que personne n’a besoin de le répéter à Vaast. Il est suffisamment seul.
Elle peine à l’entendre comme il ne lui fait pas face, et son cœur se serre à sa déclaration. Elle l’entoure de ses bras et lui tapote l’épaule pour l’enjoindre à au moins tourner la tête, pour qu’elle puisse signer.
« Viens. »
Et puis elle lui prend la main de l’inquisiteur, sa tasse aussi, et elle le mène à l’étage. Elle a couvert ses doigts des siens. Marche par marche, doucement, en cherchant son regard, jusqu’à la chambre où elle le fait s’assoir sur le lit, elle le conduit. Elle va se saisir du dessous de l’encrier et l’utilise comme sous-coupe pour que la chaleur n’abime pas le bois de la table de nuit, puis elle s’assoit à côté de Vaast. Elle lui tapote de nouveau l’épaule et signe en décortiquant bien.
« Je peux chanter, moi. »
Elle lui adresse ensuite un sourire puis lui ouvre de nouveau ses bras.
- T’as…
Elle essaie d’émettre un ton, bouche fermée, comme il l’a fait lorsqu’ils campaient ensemble et qu’elle s’endormait contre son torse.
- Encourageant. Ça va revenir.
Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
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When the lights go outFeat Alix
-Sans retraite.
Il avait terminé avec une hésitation. Il se doutait que ça n’éclairait pas beaucoup Alix.
-C’est… quelque chose qui permet de se recentrer sur son devoir et sa foi. Ce n’est pas agréable.
La dernière fois qu’on avait trouvé un nouveau sort ? Vaast frotta sa joue, en quête d’une réponse. Thélème ne tenait pas exactement de calendrier précis en la matière.
-Un long moment. On améliore nos techniques, on trouve de nouvelles matières pour les anneaux, mais… ce sont de petites choses, presque insignifiantes à côté d’une découvert pareille. Si elle est authentique.
La question suivante d’Alix lui coupa le sifflet. Il ouvrit et ferma la bouche sans savoir que répondre pendant quelques secondes.
-Ce n’est pas ce que j’ai dit !
Mais elle n’avait pas demandé ça par hasard. Il grogna, détourna les yeux. Elle n’avait pas tort. Si demain on découvrait que ce nouveau sort était une supercherie, il serait le premier à dire qu’il l’avait toujours su, et les choses reviendraient à la normale…
L’ombre n’était faite que pour une seule chose. Mais pourquoi cela lui importait-il tant ? Vaast n’en savait rien.
Il se pinça l’arête du nez et soupira.
-…Je ne sais pas, Alix. Je sais juste que ça m’irrite. Désolé.
Il laissa retomber sa main et passa au sujet de sa supérieure, autrement moins mystérieux.
-Juliette ? Je n’irais pas jusque-là. De toute façon, je ne suis pas là pour l’apprécier. On m’a mis à ses côtés pour espionner.
Mais son ton manquait de conviction, d’énergie. Il avait soigneusement écrit les rapports qu’on exigeait de lui, mais aucun d’eux ne contenait d’élément bien passionnant. Il n’avait même pas encore parlé de ses soupçons.
-Elle est agaçante, tu sais. Enfin, en temps normal. Mais elle n’est pas méchante. Elle veut bien faire. Je n’ai pas l’intention de lui causer du tort, ni de m’exposer en me montrant brutal. Elle pourrait deviner ce que je fais là. Et dans l’ambiance actuelle… si les missionnaires me découvrent, ça risque d’être explosif.
La tête contre le ventre d’Alix, il n’avait plus le cœur à se perdre en conjectures. Il releva le menton pour comprendre ce qu’elle voulait et la suivit à l’étage sans rechigner. Ses signes lui tirèrent un sourire.
-Je ne t’ai jamais entendue chanter !
Il revint se blottir contre elle. Comme sa grande taille était pratique…
-Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça.
Court silence.
-Des fois…
Encore un silence. Il hésitait à poursuivre, mais il était un peu tard pour renoncer.
-J’ai l’impression d’être un peu comme… je ne sais pas… un vase qu’on aurait cassé. Et on a recollé les morceaux ensuite, mais ça ne tient pas très bien, et je ne me sens pas comme un vrai vase, et tous les morceaux ne sont pas toujours d'accord, et...
Il soupira et se mit à rire pour dissiper sa gêne. Soudain, il était persuadé d'en avoir trop dit, de s'être montré vulnérable pour rien.
-Je ne sais pas où je vais avec ça.
When the lights
go out
Feat Vaast
Pas agréable ? Ca suffit pour que Dilay grimace. S’il y a une chose qu’elle n’arrive pas encore à comprendre à la foi c’est pourquoi les gens s’influgent des choses désagréables, parce qu’ils se sentent visiblement obligés de le faire. Sinon quoi ? Sinon quelque chose de désagréable va leur arriver ? C’est à marcher sur la tête ; la vie est déjà assez pénible comme ça.
Dilay scrute Vaast, les sourcils haussés, son visage si expressif assez clair : vraiment ? Il n’a pas dit ça ? Même sa dernière phrase. « Si » elle est authentique…
Ce devrait être sujet de réjouissance ! Dilay, elle, a la curiosité piquée, elle demande donc :
- Q-Qu’est ce qu’il fait ? Le sort ?
Elle secoue la tête et lui sourit lorsqu’il s’excuse. A quoi bon ? Elle n’est pas vexée du tout. Elle désire qu’il soit vrai – envers lui-même avant tout. Ce n’est visiblement pas elle qu’il indispose à se racler le crâne comme il fait. Elle embrasse sa tempe comme si ce pouvait défaire le sac de nœud qui a l’air de travailler là-dessus.
Dilay écoute la suite, au sujet de Juliette. Elle prend une inspiration. Elle ne se mêlerait pas de ça, mais c’est différent maintenant. Ils sont ensembles. Pour de vrai. Dilay peut bien avoir un petit droit de regard sur son compagnon, surtout quand elle songe qu’il serait capable d’une sacrée connerie ! Elle n’est pas encore bien assurée, elle cherche ses mots et mâchonne sa langue avant d’enfin dire.
- T-T’étais… A la Fête… Pro-protecteur.
C’est exactement pour ça qu’elle avait éprouvé une pointe de jalousie. Bon, plus qu’une pointe… C’était idiot en rétrospective.
- Ton devoir.
Elle brandit la main comme si elle tenait un fil, avec soin.
- Tes en-envies.
Elle brandit sa dextre. Au milieu il y a littéralement Vaast, puisqu’elle les a mis de chaque côté de son visage. Elle fait mine de tirer. Elle sait que toute homme qui porte un uniforme est suspendu entre les deux.
- T-Tu penses au pire. Mais si ça te se trouve en disant que tu veux parler. Sérieux. Calme. Elle te dira. Si ça se trouve elle te fait confiance comme ça.
Dilay laisse retomber ses doigts mais serre brièvement ses poings. Parfois, elle a le sentiment que Vaast ne se contente pas de pendre, comme ça, sur cette ligne invisible. Il est emmêlé dedans. Il s’étrangle. Mais pour toute la foi et la confiance qu’elle lui porte, Dilay s’est elle-même pris un coup derrière la tête. Fort, fort, elle essaie de ne pas y penser, mais l’image d’Hassan l’accable, et c’est comme si les zébrures à travers se répercutaient partout, comme si l’hémorragie ne pouvait pas s’arrêter.
Elle distingue que Vaast, parfois, c’est le pire scénario et aucun autre. Et ça effraie un peu Dilay. Si elle ne peut pas absolument lui faire confiance, à lui…
Ce n’est pas Hassan, ou Isaure, ce n’est certainement pas Gustav. C’est un gamin, un gamin comme elle, et elle ne peut pas l’accabler du poids d’avoir toujours raison. Elle effleure ses épaules. Dans une de ses lettres, il disait que si larges on s’était empressé d’y entasser des autres choses. Les yeux dorés de la jeune femme se braquent sur les lèvres de son compagnon.
Elle tire une tête ! Elle semble lui dire « bien sûr que non, nigaud », amusée mais narquoise. Elle sait à peine parler et il veut qu’elle chante ? Elle écoute la suite, concentrée, pour ne pas en perdre une miette.
- Ca.
« Tout. »
Le mot est signé avec emphase.
- C-Ca a l’air…
« Douloureux. Mal. Difficile. »
Elle touche la gorge de Vaast, puis sa joue. Elle ne parvient pas vraiment à cerner où il veut en venir non plus, mais a suffisamment d’intelligence émotionnelle pour percevoir ce qui compte à ses yeux davantage ; dans le chant, dans l’explication confuse, ce que Vaast dit c’est que ça fait mal, qu’il a mal, que tout ça a l’air très désagréable. Désagréable, encore.
Elle mime de nouveau le fil, puis elle mime de tirer plus fort, et le lâche brusquement. Alors qu’elle agite ses doigts, elle tente de mimer non sans une certaine grâce quelque chose qui tombe. Qui craque. Qui se dissout.
- C-C’est tout le temps ?
Elle s’enquiert ensuite, en ramenait ses jambes pour s’assoir en tailleur. Elle laisse Vaast sous la couverture, elle-même a bien chaud. La pluie continue de tapoter à la fenêtre. Dilay l’entend à peine. Elle fixe le vide, visiblement profondément dans ses pensées, et, d’un coup, elle ouvre la bouche et émet un coassement.
Elle se couvre ensuite la bouche et bascule sur le matelas. C’était visiblement sa tentative pour chanter – et réconforter l’inquisiteur – rapidement avortée. Dilay est secouée d’une hilarité silencieuse. Ce qu’elle ne ferait pas…
Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.
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