-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Page 1 sur 5 1, 2, 3, 4, 5  Suivant

The eye of the storm - Vaast

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Le mot parlait du soleil. Dilay avait le cœur battant en l’ouvrant sous le regard bienveillant d’Abel. Après avoir relu les lettres tracées de la main de Vaast, la mathématicienne s’est elle-même jetée sur le papier, s’est mise d’accord sur la date, précisé qu’elle habite à présent dans une cabane de pêcheur près des quais à la porte de bleu.
Avant de signer son mot, Dilay a conclu :

« Vous aurez un quelque chose en plus si vous résolvez ça.
Si -2+x=3 alors quelle est la valeur de x ? »

Un sourire joueur lui dévorait les lèvres quand elle a confié le pli à Abel pour qu’il fasse circuler. Elle ne se rendait pas compte de la façon dont son ami la scrutait, de son air attendri.
Dilay a passé les jours suivants avec de moins en moins de patience. Son quotidien ne s’était pas allégé, au contraire. Depuis qu’Hassan était revenu d’Hikmet avec le reste de l’expédition, les congés étaient finis, et Dilay devait en plus se rendre deux soirs par semaine à Nouvelle-Sérène pour y jouer.
Le temps passe par saccades. Des heures entières filent en l’espace d’un instant, et les nuits semblent durer mille ans.


Celle avant que Vaast ne vienne était de cet acabit. Dilay a avalé les kilomètres entre Whenshaganaw et Nouvelle-Sérène. Elle a flanqué son fusil entre les mains d’un garde, a descendu les marches à toute vitesse, le chapeau de travers pour aller s’assoir à sa table. Elle a joué. Une manche lui a échappé, elle a senti sa mâchoire se serrer.

Dilay aime le monde. Le bruit, la foule, la lumière. Mais parfois, le monde devient… Trop. Il la blesse, l’agresse, le plaisir se tourne en corvées, les bons mots en attaques voilées. Le bas devient le haut ; rien ne semble aller.
Il suffit de dormir. Pourquoi n’arrive-t-elle pas à dormir ?
Dans le placard aménagé en lit pour se faire un ilot de chaleur loin des embruns du large, Dilay fixe le vide. Elle n’y voit rien de toute façon, tout est encre autour d’elle.

Demain, elle devra se lever. Marcher. Parler. Probablement beaucoup.
Pourtant, ça n’a pas l’air d’une corvée. Le repos c’est de tenir le lit. Laisser son corps aller, tandis que son esprit trépigne. Ce n’est pas comme ça avec Vaast. Demain sera… Ressourçant.

Il faut juste qu’elle ferme les yeux. Le matin sera là plus vite. Mais ce n’est pas l’insomnie qui la garde éveillée c’est la pure excitation qu’elle éprouve à l’idée que ça va vraiment, vraiment arriver. Plusieurs semaines que Vaast et elle se sont retrouvés et ils n’ont pas pu échanger en privé pour de vrai une seule fois. Il ne lui a pas envoyé de lettre.
Sera-t-il là demain ? Il est déjà demain. Et Dilay ne veut pas douter. Son esprit trouve un autre sujet de préoccupation : quelle tenue sera adaptée ?  Viendra-t-il avec des vêtements aussi impressionnants que l’armure qu’il portait durant l’expédition avec Lucia ?

Dilay soupire. Elle sort un peu de sa cahute pour marcher dans le noir, tel un funambulise. Elle se cogne contre des choses, le sent à peine comme souvent. Elle danse avec son ombre, ses pieds nus sur le sol glacé dans l’air humide. C’est un plaisir de retourner sous les draps quand elle a retrouvé la veste de Vaast, laissée près du poêle. Le nez dedans, Dilay cède au sommeil.
L’aube arrive et Dilay est réveillée une première fois par le bruit des quais. Comme l’inquisiteur ne sera pas là dès les premiers rayons du jour, elle se retourne, ses paupières lourdes. Juste une heure de plus…

Elle est réveillée par des coups à la porte. Il est 9h passée – l’heure de leur rendez-vous. Dilay manque de se frapper le crâne contre le montant du lit quand elle en sort comme une bombe. Les doigts encore goures elle déverrouille les loquets de la porte et fait le point sur l’homme qui se trouve derrière.
Rien n’est encore prêt et… Dilay l’a prévenu à son sujet, non ? C’est toujours son excuse, dans un coin de sa tête, quand elle se sent gênée.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

-Pourquoi x ? avait grommelé Vaast. Pourquoi pas b ou j ?

Il avait fini par se dire que la question était juste affreusement mal formulée. Il avait remplacé X par un point d’interrogation - et c’était alors devenu beaucoup plus clair. Belle façon d’occuper sa soirée.

Non pas qu’il ait eu beaucoup d’autres distractions à sa disposition dans le chariot qui l’emmenait à Nouvelle-Sérène. Il n’avait pu que lire et relire le petit mot d’Alix entre deux siestes inconfortables. Une fois à l’ambassade, il avait sombré pour de bon quelques heures, mais s’était réveillé dès l’aube, incapable de rester plus longtemps au lit.

De toute façon, il avait à faire. Comme chaque matin depuis quelques semaines, il débuta par une séance trop longue de ce qu’il appelait de la remise en forme et que ses pairs appelaient de la musculation vaniteuse. Une fois près de tourner de l’œil, il consentit à absorber un petit-déjeuner, puis s’affala dans un bain tiède. C’était bien agréable. Dans les excursions où on le traînait, il fallait se laver dans des rivières. Certes, l’eau était incomparablement plus pure que sur le continent, mais elle était si froide à l’aube qu’il n’en profitait guère. Le cours d’eau où l’emmènerait Alix se révélerait peut-être plus agréable ? Il faudrait sans doute attendre l’été pour songer véritablement aux baignades…

Vers huit heures et demie, il était déjà prêt. Il avait enfilé une chemise bordeaux et un pantalon de toile grise. Pas de veste : il n’en avait qu’une et Alix l’avait gardée. Puisqu’il était en avance, il n’aurait qu’à en acheter une en ville.

C’est ainsi que vingt minutes plus tard, Vaast se retrouva l’heureux propriétaire d’une veste neuve, plus épaisse que l’ancienne. Sans doute que les tailleurs s’étaient rendus compte que sur Teer Fradee il valait mieux matelasser un peu les vêtements. L’inquisiteur ne se souvenait pas d’un seul jour sur l’île où il avait eu besoin d’enlever une couche ; les températures n’avaient rien à voir avec celles de San-Aurelius. La chaleur étouffante ne lui manquait pas, mais les matinées ensoleillées…

Encore dix minutes. Vaast commença à se rapprocher du port. Il espérait que le fameux logement d’Alix était un minimum confortable. Ce n’était pas le quartier où il l’aurait hébergée. Il se souvint du grand manoir de Sérène qu’il n’avait visité qu’une fois, et d’à quel point Alix semblait seule dans les grandes pièces poussiéreuses. Peut-être au fond était-elle plus à l’aise dans un quartier populaire.

Au moment de frapper à la porte, Vaast se figea, traversé par une illumination. Il détala et ne revint que cinq minutes plus tard, porteur d’un bouquet de fleurs sauvages enrubanné. Là ! C’était parfait !


Quand Alix lui ouvrit, il se sentit un peu déçu.

Manifestement, elle n’avait pas attendu leur rendez-vous avec autant d’impatience que lui. Elle avait peut-être même oublié, puisqu’elle avait l’air de sortir du lit. Il se sentit un peu bête, avec ses fleurs.

Son désappointement se mua néanmoins en attendrissement alors qu’il examinait son accoutrement. Elle avait dormi avec sa veste !

-Cinq, lança-t-il en guise de bonjour.

La réponse à son irritante devinette.

-On peut… repousser l’heure, si vous voulez dormir encore un peu. Ou je peux venir me rendormir avec vous.

Ce serait mieux que rien.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Dilay cille, éblouie par la lumière du dehors. Elle commence par sourire en reconnaissant Vaast, l’expression lui bouffe tout le visage, et ses yeux deviennent immenses d’une façon comique quand ils tombent sur la tâche de couleurs.
Des fleurs. Elle approche sa main pour les effleurer, mais fixe à nouveau Vaast à sa remarque. Se rendormir ? Jamais de la vie.

Dilay ouvre la bouche, pour s’excuser ou protester, elle ne sait pas bien, mais seul un son un peu étranglé lui échappe.
Elle vient de se réveiller. C’est vrai. Elle désigne sa gorge, roule des yeux, puis embrasse sa propre paume et la pose sur la joue de Vaast. Elle laisse ses doigts là une fraction de secondes, avant de prendre les mains de l’inquisiteur, tout en lui faisant frénétiquement signe d’entrer. Apparemment, même avec cinq heures de sommeil dans les dents, elle ne manque pas d’énergie.

Dilay referme la porte derrière eux, s’empresse d’aller chercher ses lunettes. Quand le monde est devenu un peu plus net – oui, pas de doute, c’est bien Vaast, pas un autre grand blond avec une belle gueule – la mathématicienne a tout le loisir de profiter du joyeux bazar ambiant. L’endroit ne payait pas de mine avant et elle est encore en train de s’installer. Le bois nu est gonflé par l’humidité par endroits, et malgré un fauteuil outrageusement coloré récupéré au bordel la pièce demeure terne, à peine éclairée.

Malgré sa gêne Dilay tapote le fauteuil pour que Vaast vienne s’y assoir. Une fois que c’est chose faite, elle entoure son visage entre ses mains, s’autorise à le regarder tout son saoul.

- B-B-Bravo.

Elle murmure, la gorge bizarrement serrée et pas à cause du froid.
Il a résolu l’équation. Pour de vrai. Une rire monte dans la poitrine de Dilay, finit en un bref toussotement, et une fois celui-ci passé, elle embrasse Vaast.
Brièvement. Parce qu’elle a hâte de parler.

- C-C’est pour moi ?


Elle demande en désignant les fleurs, puis en se pointant elle-même du doigt. Evidemment que c'est pour elle, Dilay a juste envie de l'entendre.
Elle n’a rien prévu de similaire. Elle regarde désespérément les alentours à la recherche d’une idée.

- V-Vous avez… mangé ?

Elle lui trouvera quelque chose sur le chemin, décide Dilay. Quitte à dénicher beaucoup mieux – les plus belles plantes du coin, oui ! Ou alors elle lui fera sécher des têtes de grosses fleurs automnales pour qu’il puisse les accrocher dans ses placards. Peut-être les deux. Ca ne vaut pas un sou, après tout.  

- O-On va pas repousser. Non. Je suis dé-désolée. J’ai eu du travail hier. Puis pas réussi à dormir. Je pensais à…

Les deux mains en avant, elle désigne l’inquisiteur, puis les agite comme pour mimer toute la situation, d’une façon davantage extatique qu’angoissée.
Tout en parlant, Dilay s’agite à une vitesse impressionnante. Elle avive le poêle, met de l’eau en route dans une vieille théière défoncée, tente de repousser du pied ses carnets et ses outils de mesure qui jonchent pêlemêle le sol. Dilay n’a pas de table pour manger, encore moins de bureau, elle travaille devant sa principale source de chaleur pour que ses doigts ne deviennent pas trop rigides à force de se crisper autour d’un crayon.

- O-On va pas rester ici longtemps.


Assure Dilay avec un sourire grimaçant comme pour s’excuser des conditions de réception. Le reste de l’eau elle la verse dans un petit basquet et elle y plonge ses doigts endoloris sans l’avoir réchauffée. Dilay s’en jette une quantité sur le visage, s’en frictionne les bras. Durant cette toilette improvisée – et frénétique – elle se dévisse le cou pour ne pas perdre Vaast de vue, comme s’il allait s’envoler.

- Comment vous avez résolu…


Elle a très envie d’avoir tous les détails du fier inquisiteur aux prises avec les terribles mathématiques mais…
Cela fait plus de deux semaines qu’elle n’a pas croisé Vaast, n’a rien reçu de lui. Elle referme la bouche, ouvre et ferme ses poings pour tenter d’assouplir un peu ses articulations, puis demande d’une voix qu’elle essaie de rendre plus posée :

- C-Comment allez-vous ?




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Rien que l’expression d’Alix lorsqu’elle le découvrit avec les fleurs justifiait le déplacement à Nouvelle-Sérène.

-Je prends ça pour un non, murmura-t-il.

Puisqu’elle attrapait ses mains, il se laissa entraîner à l’intérieur et accepta de s’asseoir sur le fauteuil qu’elle lui désignait. Une fois installé, il promena son regard sur les alentours.

C’était pauvre. Bien sûr, elle n’était pas là depuis longtemps, mais Vaast se doutait que ce n’était pas par manque de temps qu’il y avait aussi peu de meubles. Les murs étaient abîmés, la luminosité faible. Le lit n’avait rien à voir avec celui de Sérène - il se demanda même s’il était confortable.

Sentir les mains d’Alix autour de son visage le réchauffa alors qu’il n’avait même pas conscience d’avoir froid.

-Bien sûr que c’est pour vous.

Il se permit d’extraire une fleur de son bouquet - une jaune - et la glissa dans les boucles de la jeune femme.

-Vous voulez les mettre dans de l’eau ? Un verre fera l’affaire.

Inutile de parler de vase et de la mettre dans l’embarras.

-Oui, j’ai déjà mangé. Ne vous inquiétez pas, prenez votre temps.

Il y avait quelque chose de reposant à être auprès d’Alix qui s’agitait. Peut-être parce qu’auprès de son joyeux bazar, il ne se sentait pas seul ? Vaast était d’ordinaire très doué pour se sentir seul même entouré d’une foule de gens, mais Alix changeait la donne.

-J’ai remplacé votre X par un point d’interrogation. C’était plus facile.

Il la regarda plier et déplier les doigts avec curiosité. S’était-elle fait mal aux mains ?

-Je vais bien.

C’était drôle de dire ça sans arrière-pensée amère ou cynique.

-Je suis content d’être là.

A la façon dont il la regardait, il était clair qu’il était surtout content d’être avec elle.

-Vous, vous n’avez pas mangé, j’imagine. Vous êtes plutôt sucré ou salé, le matin ? Je suis passé devant des marchands qui font des espèces de crêpes fourrées à tout ce qu’on veut, je peux vous en offrir une.

Il s’empressa d’ajouter :

-Ça me fait plaisir.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Dilay tourne la tête de droite et de gauche pour se faire admirer une fois la fleur posée derrière son oreille.

- Merci.

Elle prend soin de ne pas faire tomber la délicate délicate tige alors qu’elle achève ses ablutions. Un verre. Elle fait la moue, sautille jusqu’à l’âtre. Tout près il y a une planche en guise de buffet où est posée un peu de vaisselle. Dilay s’empare d’un verre, manque de le faire tomber parce que ses mains sont encore ruisselantes. Elle les essuie sur son pantalon.

Non, il ne faut pas qu’elle remplisse le contenant avec l’eau bouillante de la bouilloire qui se met à siffler… Dilay avise sa réserve d’eau. Il va bientôt falloir retourner en chercher à la pompe. Ca, il ne faut pas qu’elle l’oublie, sinon elle va rentrer et n’avoir plus rien à boire !
Une fois le verre plein, Dilay le tend à Vaast pour qu’il puisse y mettre les fleurs.

- P-Posez les où vous voulez.

Elle lui fait avec un sourire. Une fois qu’il est occupé à ça, elle se glisse dans d’autres sous-vêtements et attrape d’abord une de ses chemises qu’elle boutonne avec toute la précipitation que l’agilité relative de ses doigts peut lui permettre.

- X est l’inconnue. Ca peut être une autre lettre. Ou n’importe quoi. Vous avez eu un bon réflexe.

Il y a beaucoup d’affection sur le visage de Dilay quand elle l’affirme. Elle a envie d’embrasser Vaast alors qu’il affirme qu’il est content d’être ici mais elle ne voudrait pas lui faire renverser le vase improvisé.
Elle se glisse dans son pantalon puis se sert l’eau chaude dans un autre verre. Elle souffle dessus pour qu’il refroidisse un peu – le choc thermique ne ferait aucun bien à ses articulations. Puis, elle virevolte pour attraper trois fois rien de feuilles toute rabougries qu’elle laisse tomber dans le verre. Pas comme si elle pouvait s’offrir de quoi faire un thé dans les règles de l’art.
Enfin… Elle en a les moyens mais cela semble une telle perte quand elle ne les a pas pour grand-chose d’autre.

- Pas de préférence.

Dilay lance au sujet de la nourriture. Elle tient maintenant son verre du bout des doigts, parvient à en prendre une petite gorgée.

- P-Pas autant qu’à moi.

Elle ajoute, du tac au tac, quand Vaast lui dit que cela lui fait plaisir. Elle a un sourire narquois. Pas besoin d’essayer de la convaincre de lui offrir quelque chose – aucun orgueil ne pourrait se mettre entre Dilay et de la nourriture gratuite.

- Merci.

Elle répète cependant. Un instant, elle se sent honteuse : elle n’a pas prévu de fleurs, pas de cadeau surprise parce qu’elle ne pensait pas que Vaast résoudrait vraiment l’équation – il semblait si dédaigneux du sujet, elle voulait juste le taquiner ! – elle est à peine habillée alors qu’il est prêt de pied en cap.

- V-Vous…

Dilay commence à mi-voix avant de toussoter. Elle inspire, rejette les épaules en arrière pour se donner de la stature. Elle va emmener son luth, jouer quelque chose au bord de l’eau ! Il y aura bien plus de fleurs, tout un parterre même !

- V-Vous devez rentrer quand ? Vous pouvez passer la nuit dehors ?

Ce serait bien qu’ils aient la nuit ensemble, à la belle étoile. Dilay sirote le reste de sa boisson tout en rassemblant ses affaires. Son instrument dans un boitier d’une impeccable facture, l’un des vestiges épars de son ancienne aisance, sa besace de travail avec son carnet, sa règle, son crayon et son compas. Elle n’a pas de papier à musique mais elle a l’habitude, tracer les lignes elle-même ira vite.

Dilay enfile ses bottes de marche puis sa veste. Alors qu’elle met la main sur son arme glissée à l’intérieur de son étui, la mathématicienne coule un regard à l’inquisiteur, les sourcils haussés, comme si elle l’interrogeait silencieusement : cela le gêne-t-il qu’elle le prenne ? Teer Fradee est trop sauvage pour que la mathématicienne considère pouvoir se passer de son tromblon et puis Vaast a bien vu qu’elle ne tirait pas sur tout ce qui bouge après leur expédition aux côtés de Lucia.

Une fois son chapeau posé sur sa tête, Dilay a l’air d’une bourgeoise de Sérène aux habits fatigués. Sa tenue détonne dans la pièce miteuse. La mathématicienne essaie de ne pas trop y penser. Ce sont les derniers reliefs de sa vie d’avant, elle essaie de les faire survivre le plus longtemps possible.

- Me suis acheté de nouvelles bottes.

Elle annonce fièrement à Vaast. Un investissement qui lui a serré le ventre tant elle s’est demandé s’il était nécessaire – mais oui, le talon de ses précédentes vacillait trop, elle allait finir par se casser la cheville. L’arrangement avec Erika lui permet ce genre de petites « folies ».

- A-Avec des talonnettes…

Poursuit Dilay en s’approchant de Vaast. Il lui faut malgré tout décoller les talons du sol si elle veut le regarder dans les yeux quand elle l’embrasse. Elle lui pose son chapeau sur le crâne, puis pousse un soupir de contentement en se blottissant contre l’inquisiteur, sa joue contre la sienne.

- … Manqué…

Est tout ce qu'on peut entendre quand Dilay se décide à murmurer quelque chose. Elle reste comme ça quelques instants, pliable et détendue, à respirer tout contre Vaast. Puis, dans un afflux d’adrénaline, ses muscles se retendent. Elle s’ébroue légèrement.
Elle donne une pichenette au bord du couvre-chef.

- T-Tête à chapeau. Retour de politesse.

Dilay reprend le sien sur sa propre tête. Elle ne peut pas expliquer l’envie qu’elle a d’entourer Vaast de ses propres affaires, un jour avec son écharpe, l’autre avec son tricorne. Il n'avait probablement pas la même envie extatique de vivre dans la peau d'un citoyen de la congrégation via son couvre chef, mais Dilay lui offre malgré tout de bon cœur.

- Le programme ? Z’avez pas vraiment loué une barque, si ?

Il y a de la malice dans les yeux de Dilay. Elle est prête à tout.




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Vaast se chargea donc de placer lui-même le bouquet dans le verre d’eau. Il passa quelques secondes à y arranger les tiges afin que le résultat soit joli, se félicitant d’apporter une touche de couleur au logement terne. Il posa ensuite délicatement son oeuvre sur l’étagère au-dessus du lit - non sans jeter un coup d’œil, l’air de rien, à Alix qui se changeait.

-On me le dit souvent.

Son ton était goguenard. Certes, on avait déjà complimenté ses réflexes, mais en mathématiques, c’était une première.

-Vous avez mal aux mains ? s’enquit-il en se tournant vers la joueuse de cartes.

Sa réponse automatique quant à la nourriture le rassura. Bien, il n’aurait pas à chipoter pour lui coller entre les pattes une telle crêpe qu’elle n’aurait plus faim avant plusieurs heures.

-Je peux passer la nuit dehors, oui. Je dois être de retour à San-Matheus après-demain, mais d’ici là…

Il laissa sa phrase en suspens. D’ici là, il était libre : c’était ce qui comptait.

Quand Alix lui annonça qu’elle avait acheté de nouvelles bottes, il hésita à la taquiner - les talons étaient-ils assez grands pour le dépasser ? - mais choisit finalement de s’abstenir.

-C’est une bonne chose.

Il lui avait manqué, disait-elle ?

-Ça aussi, c’est une bonne chose.

Il referma ses bras autour d’elle en se demandant vaguement s’il allait encore se sentir bien longtemps. Il avait remarqué que reprendre l’exercice améliorait son humeur, mais pas à ce point.

Inutile de me prendre la tête à ce sujet. Alix était manifestement contente qu’il soit là. Il pouvait profiter de sa présence sans se prendre pour un parasite tournant autour du soleil.

-Alors, ma veste est confortable ?

Son sourire était audible.

-Je ne sais quelle réponse serait la pire. Non, je n’ai hélas pas eu le temps de louer une barque. Ça nous évitera de dériver jusqu’à la mer, notez. J’ai juste embarqué une carte, une gourde et de quoi écrire. Je comptais acheter des provisions en chemin. D’ailleurs, si vous êtes prête, venez, que je vous offre la fameuse crêpe.

Il sortit en premier du logis pour laisser Alix refermer derrière eux, puis remonta les rues jusqu’à arriver dans une avenue marchande, déjà bruyante à cette heure. Par chance, il n’y avait pas la queue devant le comptoir qu’il avait repéré. Il était sans doute trop tard pour le petit-déjeuner des ouvriers et pas assez pour qu’ils viennent y déjeuner.

De fait, l’homme derrière somnolait un peu et Vaast dut s’éclaircit la gorge pour attirer son attention. Le marchand sursauta et adressa un grand sourire aux clients en attisant le feu à côté de lui.

-Madame, monsieur ! Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Pour pas grand-chose, vous aurez une grande crêpe épaisse garnie à tout ce qui vous fait saliver ! J’ai des fromages, des œufs, des tranches de viande… ou si vous êtes d’humeur sucrée, de la confiture, du miel, des fruits !

Vaast sortit sa bourse en attendant la réponse d’Alix.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Dilay émet un léger grognement amusé. C’est étrange la façon dont Vaast arrive à se complimenter tout en ayant l’air d’avoir vraiment besoin qu’on le fasse à sa place. Durant l’expédition, si Dilay ne l’avait pas mieux connu, elle aurait pu jurer qu’il avait la grosse tête.
Elle laisse couler. Elle veut qu’il se sente bien et ça a l’air d’être le cas. Qu’y redire alors ?

- Hm ?

La question au sujet de ses mains prend Dilay au dépourvu. Elle fixe ses doigts une fraction de seconde, incline la tête sur le côté puis la secoue. Il lui faut se concentrer un peu pour être sûre qu’elle a bien aussi mal qu’elle en a l’impression.
Ouh. Oui.

- U-Un peu le matin.

Et d’ailleurs, tant qu’elle est toute ouïe aux sensations de son corps. Elle s’étire pour tenter de dissiper la sensation de tassement dans son dos et fait craquer sa nuque.

- Comme les vieux.

Elle lâche d’un ton désabusé. La réponse de l’inquisiteur éclaire le visage de Dilay. Elle articule silencieusement « vraiment ? » avant de pivoter d’un coup sur ses talons. S’ils dorment dehors, il lui faut de quoi allumer un feu ! Tout le matériel pour monter une tente ! Elle ne l’a pas déballé, elle charge le sac sur son épaule en plus du reste.

La mathématicienne empoche aussi ses deux lentilles optiques. Ce n’est pas comme une lunette, mais elle espère pouvoir montrer les étoiles à Vaast. Et mieux : la terre. Les petites choses. L’effet loupe est presque le plus intéressant.

Dilay a un bruit de gorge à la remarque de Vaast. Elle a déjà vu des gens se donner des bourrades, pour rire. Des femmes taper l’épaule de celui ou celle à leur bras. Elle hésite – s’arrête dans son geste. Elle ne saurait probablement pas retenir sa force et, mentalement, elle dresse la liste de tout ce qu’elle peut frapper avec un coup de coude au côté. Pourquoi les autres font-ils ça ? Il y a tellement d’organes et de tissus mous en dessous !
Dilay cille, refocalise son attention sur l’inquisiteur, lui adresse une expression goguenarde.

- V-Vous aimez qu’on se lan-languisse de vous ?

Peut-être que Dilay devrait s’y essayer. Elle a souvent entendu le conseil « laisse le mijoter un peu » sur les bancs de l’Académie ou au bordel quand un travailleur a un galant. Alors, à la remarque de Vaast sur la veste, elle manque de lancer « vous aimeriez bien savoir ».
Mais… Evidemment qu’il le sait. Il l’a porté auparavant.

- Si vous voulez la ré-récupérer c’est trop tard. J’ai fait des tâches sur la doublure en travaillant.

De l’encre, rien qui ne puisse réellement pas s’enlever mais Dilay n’a vraiment, vraiment pas envie que Vaast lui retire le cadeau. C’est que Dilay s’en sert tout le temps. Et puis après tout, il en a une autre de veste ! Elle lui donne fière allure.

- A-A quoi avez-vous em-employé votre nouvelle cuiller ?

Et le bijou. Dilay se demande ce que Vaast en a fait. C’est moins utile qu’un vêtement.

Pas de barque. Dilay a un rictus. Elle, dériver en pleine mer ça ne l’effraie pas tant que ça… Quoi que, Sérène est dans une baie protégée, Teer Fradee a des récifs qui doivent avoir l’air encore plus méchants de près que de loin.

Et puis aller par la terre, c’est mieux. Dilay ajoute sa seule serviette à son paquetage. Si elle veut se baigner, ce sera utile. Qu’importe les températures.
Dilay embrasse du regard la pièce, tapote du bout du pied dans une cadence folle. N’a-t-elle rien oublié ? Solfège, musique, lentilles, mathématiques, langue des signes, repas…

Repas ! Non, Vaast a dit qu’il allait l’acheter.

La mathématicienne emboite le pas de l’inquisiteur. Elle referme le verrou derrière elle, fiche sa clef dans son sac, et avance d’un bon pas. Elle lève son chapeau pour saluer un pêcheur installé au quai où elle vient souvent jouer.
Elle le délaisse seulement pour se rendre sur la place devant les ambassades avec l’espoir que Vaast s’y trouve.

- Y-Ya un chien qui vient souvent m’écouter.

Annonce Dilay tout à trac, comme souvent. Ses pensées se sont égarées, elle songe aux pièces que Vaast lui a donné quand elle jouait, à quoi elle voudrait les dépenser car elle les met avec soin de côté, à ce qu’elle interprétera la prochaine fois qu’elle viendra.
Devra-t-elle à nouveau attendre plusieurs semaines avant de retrouver l’inquisiteur ensuite ?

Une fois devant le vendeur des fameuses crêpes, les narines de Dilay frétillent. Elle inspire, l’œil fixé sur les ingrédients frais. Un assortiment salé ça tient bien au corps, peut-être même qu’elle pourrait prendre un de ces fromages persillés qui ont la consistance de la crème. Et des herbes dans ses œufs ! Des fruits a-t-il dit ? Des fruits frais ?

- O-Œuf, persil.

Enonce Dilay en désignant ce qu’elle désire. Son doigt se suspend dans le choix du fromage et finalement, elle jette son dévolu sur un moins délicat. Ce n’est pas sa façon de faire habituelle. Si on dit gratuit, ah ! Elle grêlera les finances du malheureux qui lui offrira de quoi se restaurer. Mais Vaast fait partie de son cercle intime et Dilay met un point d’honneur à veiller sur ses membres. C’est le premier type qui a les moyens qui y entre, c’est tout. C’est pour ça que c’est déroutant.
Pendant que le commerçant prépare sa portion, Dilay fait la moue en lorgnant sur le miel. Vaast a dit une crêpe. Pas deux. En patientant, la mathématicienne se tourne donc vers l’inquisiteur et fait :

- A-Alors racontez moi tout.

C’est peut-être une bonne chose que Vaast se fasse désirer mais Dilay veut avoir l’impression de faire partie de sa vie, de la quotidienne. Elle espère simplement qu’il ne prendra pas mal la question, comme une tentative de lui soutirer des anecdotes sur son organisation ou son travail. Vraiment, tout ce qu’elle attendait en posant la question c’est « Je suis sorti il y a trois jours, j’ai goûté avec modération leur nouvel arriva. » ou « Ce nouveau magasin a ouvert près de chez moi ! J’ai pu ajouter un chapeau à ma collection, j’en ai 34 maintenant ! ».

Mais… A bien y réfléchir, Dilay n’imagine pas Vaast faire ou dire quoi que ce soit de ce genre.  




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Apparemment, elle ne s’attendait pas à cette question. Elle eut même l’air de devoir se concentrer, à croire qu’elle n’était pas bien sûre de la réponse.

-Je vous masserai un peu les mains. Voire plus si ça vous dit.

Rien de salace dans la proposition ; le craquement dans la nuque ne lui avait pas échappé.

-J’aime que vous vous languissiez de moi parce que c’est plus juste ainsi. Imaginez que je sois le seul à me languir. Ce serait d’une tristesse !

Un léger sourire anima ses traits.

-Je ne dis pas ça pour la récupérer. Je suis content qu’elle vous convienne… quitte à vous servir de chiffon.

Il déposa un baiser dans les cheveux d’Alix en prenant garde à ne pas déranger la fleur.

-J’ai la cuillère dans mon sac. Je la trimballe un peu partout avec moi.

Il n’enchaîna pas sur le devenir du deuxième cadeau de la mathématicienne. Il tenait à lui faire la surprise quand il se serait fait percer une oreille.

Une fois dehors, Vaast haussa un sourcil à la mention du chien.

-Vous écouter ou renifler vos poches ?

C’était un peu acide. Après tout, ça lui faisait peut-être plaisir qu’un animal vienne quand elle jouait.

-Vous n’avez plus qu’à lui apprendre des tours. Comme applaudir des deux pattes quand vous terminez un morceau.

Vaast ne regarda pas du tout le marchand préparer les crêpes ; il ne fit qu’observer Alix et son regard qui naviguait d’un ingrédient à l’autre. Elle avait l’air d’avoir hâte de manger sa crêpe. Ou peut-être hâte de manger tout court ? Était-ce un plat qui lui plaisait particulièrement ou avait-elle simplement faim ? Dans le doute…

-Mettez-m’en deux de plus au miel et deux de plus avec des œufs et du fromage. Quelque chose qui tienne quelques heures dans un sac.

L’inquisiteur aligna soigneusement la monnaie sur le comptoir. Vu la peine que se donnait le marchand pour tout bien emballer dans du papier afin que rien ne coule, il ajouta même un pourboire.

“Racontez-moi tout” ? Qu’avait-il donc d’intéressant à raconter ? Il se creusa les méninges.

-Il y a deux soirs, j’ai failli me faire agresser en rentrant chez moi. Il faut dire que je vis dans un assez mauvais quartier. Plutôt en périphérie de la ville. Donc, je rentrais, et deux types m’ont accosté pour me demander aimablement de leur laisser quelque objet de valeur.

Vaast avait failli lancer un sort sans réfléchir. Il s’était retenu de justesse. Les deux bougres avaient des épées de mauvaise qualité et les joues creuses ; ce n’était certes pas des personnes recommandables, mais on était loin du type de gens qu’il pouvait tuer sans y penser à deux fois.

Du moins voulait-il le croire.

-Je les ai aveuglés et j'en ai profité pour les mettre au tapis. Après ça, je leur ai laissé quelques pièces en leur demandant de me fiche la paix, à l’avenir. Je pense être parvenu à un compromis acceptable.

L’inquisiteur récupéra les premières crêpes, y compris celle d’Alix qu’il lui tendit.

-A part ça, j’ai assisté à une messe il y a peut-être une semaine. Une grande, avec tout un tas de monde. Il y avait des parties chantées… C’était beau. J’aurais bien voulu vous faire entendre ça.

Il n’avait pas réussi à être attentif du début à la fin des trois heures de la cérémonie, mais la musique à elle seule justifiait qu’il se soit donné la peine de venir.

-Et vous ?

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


- Oui !

La réponse de Dilay, un peu trop enthousiaste, lui a échappé. Un massage ? Elle ne connaît que de violents étirements qui la laissent percluse.
Isaure se faisait masser les jambes tous les deux jours par un homme de sciences de l’Alliance. Cela l’aidait considérablement, elle marchait sur de plus grandes distances après tous ses soins, sans avoir besoin de son fauteuil.
Vaast connait-il ce qui est aux yeux de Dilay une science ? Peut-être sait-il soigner, comme Lucia ?

- Je pourrais pas vous rendre la pareille.

Avoue Dilay. Sauf si l’inquisiteur souhaite qu’elle lui déboite l’épaule… Elle doute de posséder le doigté approprié.

- Alors ce sera en échange de mes nombreux savoirs.

C'est qu'elle en a des choses à lui montrer aujourd'hui !

- J-Je vous ai manqué ?

C’est plus ou moins ce que Vaast vient de dire – c’est même probablement ce qu’il voulait affirmer. Mais Dilay veut l’entendre comme ça, une affirmation. Elle a les mains sur les hanches, presque sévère, par jeu. Elle ne peut retenir un sourire en apprenant que Vaast garde la cuiller avec lui dans ses pérégrinations. Au moins personne ne pourra le suspecter de loin. D’ailleurs, si on apprend qu’il s’agit du couvert d’un membre de l’Alliance du pont, il faudra probablement penser qu’il s’agit d’un piètre cadeau. En toute autre circonstance ce serait le cas.
Par réflexe, à l’évocation de ses poches, Dilay s’assure qu’elles sont bien closes.

- U-Un chien qui renifle l’or ?

Elle demande, presque avec suspicion. Elle en aurait vu des choses plus bizarres. Un joueur de carte de Sérène dressait le sien pour déterrer les rares truffes qui restaient encore entre les racines des arbres épars.

- Il s’approcher quand je me mets à jouer. Il est tout maigre. Je pense pas qu’il sait faire grand-chose. Mon père appelle ça un chien de fan-fantaisie.

Contrairement aux mastiffs des chasseurs, le petit lévrier doit appartenir à un bourgeois. Ou peut-être n’a-t-il plus de toit, puisque Dilay le voit si souvent. Elle a partagé certaines de ses soirées avec lui et le silence, sans jamais réussir à se résoudre à nourrir la bête avec davantage que des têtes de poissons laissés dans des caisses alentours.

Dilay aime que Vaast prenne les choses en main. Surtout quand il s’agit de commander de quoi manger. Même ça, il le fait avec assurance, note la mathématicienne. Elle est assez passionnée par le processus de création de son futur repas mais elle se force à faire le point sur Vaast alors qu’il arrive, effectivement, à lui fournir des anecdotes.
Quartier mal famé ? Elle ne l’imaginait pas vivre dans un endroit du genre.

- P-Pourquoi vous avez acheté là ?

Il a dit que c’était mal agencé et maintenant que ce n’est pas dans une belle partie de la ville. C’est bizarre d’être dispendieux de cette façon sans aimer là où on vit. Ou peut-être n’avait-il pas les moyens de plus – Dilay n’y a même pas pensé.

Elle imagine les assaillants qui s’attendaient à une proie facile tomber sur un combattant expérimenté. Cela lui tire un sourire en coin.
Dilay aurait pu être à la place de ces types à une époque et pourtant elle n’éprouve pas grande compassion à leur égard. Pas qu’elle leur souhaiterait du mal pour autant.

- Limites posées. Bien. J’ai rencontré Abel comme ça.

« Comme ça » - il n’était pas du côté des assaillants, au contraire. Dilay fait la moue.

- Y-Y a beaucoup de gens qui cherchent les noises à Nouvelle-Sérène. Je rentre souvent la nuit avec de l’argent. Un jour, me tomberont dessus.

C’est inévitable. Malgré sa volonté de garder un certain anonymat, les probabilités qu’un mauvais perdant rameute ses amis et suive Dilay chez elle est trop haute. Et le crime dans les rues de la ville indique qu’il n’y a pas assez de gardes en patrouille – ou qu’ils ferment trop facilement les yeux.
Une pensée traverse l’esprit de Dilay et elle lance :

- Z-Z’avez des prisons chez vous ?

Elle vient à peine de se le demander. Est-ce qu’on enferme les gens à Thélème, ou leur fait-on la morale ? Dilay sourit et fait, goguenarde :

- O-Ou vous laissez les prisonniers à Lucia ?

Une messe… Dilay tente de s’en faire une image mentale. Tant mieux si ça a plu à Vaast, même si elle ne voit pas exactement en quoi cela consiste. Une cérémonie avec de la musique, visiblement. Ce n’est pas la première fois que Vaast ou Lucia évoquent qu’on en joue à ces circonstances.

- Vous pensiez à moi ?

Dilay ne peut pas s’en empêcher. Non, vraiment, il faut qu’elle arrête de tendre ce genre de perche pour recevoir un peu d’affection mais…
Savoir qu’il songeait à elle là-bas, dans une scène anodine pour lui, ça la touche. Et puis, c’est mutuel.

- P-Peut-être que je pourrais. Il y a des messes à Nouvelle-Sérène ?

Il y en avait bien à Sérène ou à Peren. Dilay n’est jamais rentrée dans un lieu de culte sa seule image mentale d’un grand soleil appartenait à la demeure des de Bardi et, franchement, Dilay pourrait gagner à se faire de meilleurs souvenirs.

La mathématicienne a déjà entendu des thélémites jouer, à la fête où Lucia l’a conviée. Sûrement qu’elle serait capable de répliquer les airs.
Sans attendre, Dilay entame sa crêpe, comme si Vaast comptait la lui reprendre, ou exiger quelque chose en échange. Pas qu’elle y pense une seconde, c’est simplement un vieux réflexe. Elle doit se rappeler de ne pas enfourner à grosses bouchées – on vient de lui faire un cadeau !
Elle ? Elle, eh bien…

- J-J’ai un accord avec la propriétaire de la taverne du Denier d’ici. Elle me fait jouer aux cartes contre des gens qui ont des gros moyens. J’ai réussi à négocier seule.

Pour Dilay, c’est énorme. Elle se rappelle de sa nervosité d’alors, tendue comme une trique, et esquisse un sourire.

- J’y vais toutes les semaines. Elle m’a fait faire une grosse soirée d’ouverture ! C’était intimidant. Vous pouvez passer un jour. Si vous voulez.

Cela rentra peut-être l’impression à Dilay qu’elle fait la fête au lieu d’aller au boulot.
Quoi d’autre ? Vaast sait qu’elle a un logement, maintenant.

- B-Beaucoup de travail. Beaucoup, beaucoup. A peine le temps d’aller faire des tours près du camp. Ça perd de sa nouveauté, je suis contente de marcher plus loin aujourd’hui !

D’ailleurs, ce qui est bizarre…

- … J’ai pas de temps pour moi mais y a pas grand-chose à raconter.
Calculs, cartes, cartes, calculs.


Dilay hausse les épaules.

- C’est pas mal. Je gagne bien. Je m’occupe. J’ai reçu mon nouveau numéro d’un feuilleton littéraire. Je fouille pour de vieux meubles. Je bois pas !

Elle le place comme si ce n’était rien, se racle la gorge.

- J’é-économise pour une robe.

Après une autre bouchée gourmande, Dilay ajoute, taquine :

- Pas noire.

Elle appuie de l’index et du majeur sur le front de Vaast.

- Merci. Vous mangez rien ?

Silence, regard aux échoppes alentours puis :

- On prend un truc pour ce soir ?




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

-Je peux vous apprendre. Non pas que je fasse des massages capables d’effacer de grandes douleurs ou de remettre des os en place. C’est juste pour détendre. Mais si vous voulez plutôt m’enseigner quelque chose en échange…

Vaast haussa une épaule et sourit à Alix pour indiquer que cela lui convenait.

-Oui. Vous m’avez manqué. Contente ?

Il fallait décidemment être clair !

-Non, pas qui renifle l’or. Je voulais dire par là qu’il pouvait vouloir de la nourriture. Surtout s’il est tout maigre… Vous aimez les animaux ? Je me souviens d’un vieux chat au couvent qui passait son temps à dormir au soleil.

Comment les étudiants l’avaient-ils surnommé, déjà ? Il ne s’en souvenait plus. Il revoyait pourtant distinctement son pelage brun et gris…

-J’ai acheté là parce que c’est la maison que m’a proposée mon ordre. C’est discret. Je peux rencontrer qui je dois rencontrer sans que toute la ville ne soit au courant parce que ma porte donnerait sur la place principale. Ensuite parce que c’était peu cher et que je vis seul et…

Il s’interrompit. La vérité, c’est qu’il n’avait pas envie de se faire la moindre fleur et de s’offrir un bel endroit. Pour quoi faire ? Il méritait un trou à rats.

Mais Alix ne serait probablement pas satisfaite de cette partie de l’explication.

Péniblement, il tenta de la formuler autrement.

-…Et peut-être que je ne mérite pas une villa, vous voyez ?

L’anecdote sur les voleurs fut plus simple à raconter, mais les réponses d’Alix l’inquiétèrent.

-Comment ça vous avez rencontré Abel comme ça ? Et vous avez de quoi vous défendre ?

Il soupira.

-Oui, il y a des prisons, principalement celles de la Garde. L’Ordo Luminis leur loue des cellules à San-Matheus. Et je ne confierais pas notre pire prisonnier à sœur Lucia.

Il avait dit cela avec humour, et se plut un instant à imaginer la scène. Ce n’était pas dit qu’elle vaudrait le coup d’œil. Si Lucia avait quitté l’Inquisition, c’est qu’elle n’avait pas ce qu’il fallait, c’est ce qu’on s’était dit…

-Je pense à vous de façon assez régulière, vous savez ? rigola Vaast en la regardant manger sa crêpe. Il y a les prières du matin à l’ambassade, n’importe qui peut venir y assister, mais une vraie messe… Je ne suis pas sûr. Il faut aller à San-Matheus pour ça. Ils sont en train d’échafauder une cathédrale.

Afin d’éviter toute incompréhension, il ajouta :

-Comme une église, mais en encore plus grande et impressionnante.

Il hocha la tête ensuite en écoutant Alix raconter ce qui lui était arrivé ces derniers temps, lui accordant un sourire pour la féliciter au sujet des négociations. Visiblement, c’était un motif de fierté. Il récupéra les dernières crêpes sans cesser d’écouter, quand bien même il tiqua au “je bois pas”.

L’alcool. A part la fameuse bouteille de vin, Alix avait toujours refusé de boire un verre. Elle avait parlé de s’être montrée soûle devant Bardi… Il nota de ne plus proposer que de l’eau. Ou des jus de fruits.

-Un feuilleton littéraire ? Quel genre ? Me voilà curieux.

Il secoua le chef en se remettant en marche.

-Non, j’ai déjà mangé ce matin. Je mangerai de nouveau à midi. J’ai des horaires assez précis. Que voulez-vous pour dîner ? A vous de trouver.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast



Dilay regarde ses mains, sa peau tâchée de blanc par de petites cicatrices. Elle effleure une de ses paumes, puis l’autre, avant de répondre.  

- J-Je pense pas réussir.  

Elle connaît bien la disposition des épaules. Des bras aussi, d’ailleurs. Surtout la façon de les tordre.

Dilay ferme son poing. Il n’y a pas que pour être délicate qu’elle est mauvaise, elle a un mal fou à se détendre. Pour quelqu’un de fainéant elle s’agite à toute heure.

Elle croise le regard de Vaast, sourit, opine du chef.

Oui, oui elle est contente. Elle a envie de plus, de ses charmants compliments, parfois si excessifs qu’elle ne sait pas quoi répondre. Elle voudrait être certaine que c’était pareil pour Vaast que ça l’était pour elle – un échange équivalent. Elle n’aime pas l’idée de perdre au change, sans savoir très bien définir les termes d’un « accord » qu’ils auraient établi au préalable.

- J’ai pas de nourriture sur moi.

Fait Dilay comme s’il s’agissait d’une évidence. Si elle en avait en quantités suffisantes pour se balader avec dès qu’elle va jouer quelque part, elle l’aurait de toute façon déjà enfourné !

- Pour ça que je peux pas lui en donner.

Elle ne va pas faire l’aumône. Certains diraient que si elle ne peut pas la faire aux Hommes, elle ne peut certainement pas la faire à un chien, mais Dilay penserait tout l’inverse. Si elle avait les moyens d’aider un autre être vivant, elle choisirait probablement un animal. Le truc c’est que c’est une responsabilité à laquelle elle ne veut même pas penser. Maigre. Triste. Tant pis. Il doit bien appartenir à quelqu’un ? Elle n’a jamais eu la preuve formelle que ce n’était pas le cas !

Malgré tout, Dilay fait la moue, mais la question de Vaast fait s’épanouir sur ses lèvres un nouveau sourire, plein de tendresse.

- J-J’adore les animaux.

Le premier mot est plein d’emphase.

- Tous. Même ceux d’ici. Et vous ?

Peut-être qu’elle les aime même un peu trop aux yeux de certains. La fière et compétitive Dilay a déjà fait semblant de manquer pour ne pas avoir à abattre un cerf quand une envie de venaison prenait ses camarades. « Il était juste là, immobile » a répété pendant des jours l’un de ses collègues à qui elle a dû mettre sa crosse sous le nez pour qu’il arrête de la tourmenter sur les raisons de son échec. Dissuasif. Divisif.

Tant pis, mieux vaut être tranquille quitte à être seule.

- M-Mon père dit que j’ai toujours été calme avec eux.

Jamais Dilay n’a jamais crié sur l’un deux même dans ses mouvements de rage aveugle. Elle n’en a jamais blessé. Peut-être est-ce pour ça qu’elle ne se résout pas à commencer maintenant.

A sa voix, la mathématicienne semble douter des affirmations de son géniteur – ses souvenirs ne remontent pas assez loin pour qu’elle soit certaine qu’il ait raison et elle doute que quoi ou qui que ce soit puisse être réellement à l’abri de son mauvais caractère.

Dilay écoute Vaast évoquer sa demeure avec une moue aux lèvres. Ça aussi, son ordre semble l’avoir choisi pour lui, quelque chose qui pour Dilay est si intime, si personnel, on l’a décidé à sa place. Pas seulement le quartier, le lieu exact ; comment pourrait-il réellement lui appartenir ?

Dilay ouvre la bouche, la laisse pendre, puis la referme. Elle s’apprêtait à dire qu’il pourrait faire construire ailleurs – si tant est que la colonie Thélémite sur Teer Fradee ait autant de terres à vendre que Nouvelle-Sérène. Elle allait suggérer de lui faire des plans, ou même de se pencher sur ceux de son logis pour lui bricoler quelque chose.

Elle n’a travaillé que pour un projet pour de vrai et il lui coûte encore cher aujourd’hui. Elle n’a pas les compétences pour proposer quoi que ce soit.
A la façon dont Dilay rend son regard à Vaast, non, elle ne voit pas. Elle ne comprend pas pourquoi son mérite aurait quelque chose à voir là-dedans. S’il a l’argent pour acheter quelque chose, il l’achète. C’est tout ce qu’il faut pour « mériter » un bien.

Ce que Dilay sait, en revanche, c’est que Vaast a l’air persuadé de ce qu’il dit d’une mauvaise façon, alors elle répond :

- P-Pas besoin d’une villa. Tout le monde mérite un endroit qui soit une maison. Vous aussi. Ça peut être petit pour commencer.

Préférant se focaliser sur le positif de la situation, elle ajoute :

- Quand je saurais comment entrer en ville je pourrais vous visiter. Puisque c’est loin des endroits fré-fréquentés.

Dilay s’arrête dans la dégustation de sa crêpe pour regarder Vaast par-dessus ses lunettes. Comment ça « de quoi se défendre » ? Elle lui tend son poing et le laisse pendouiller là comme si c’était l’évidence même.

Bien sûr qu’elle a de quoi se défendre. Et si l’autre gus est armé ? « Tu fonces, tu réduits la distance. Reste au contact. Tu prends son arme, tu prends ce qui te tombe sous la main. Surtout, tu arrêtes jamais de bouger, d’accord ? Si tu te refroidis tu commenceras à sentir où on t’a touché. »  

Dilay déglutit son gros morceau de crêpe.

- A-Abel est assez apprécié au bordel.

Peut-être que c’est tabou de parler de ça à un thélémite ? Est-ce qu’ils ont des maisons closes ? Dilay reprend une croque avant de poursuivre.

- I-Il avait un client, un type qui payait bien. La femme du type a découvert qu’il allait au bordel. Le type a accusé Abel de lui avoir dit. Je lui ai cassé le nez.

Dilay le dit d’une voix trop calme, le regard dans le vague, comme si elle n’était pas présente au moment des faits, comme si quelqu’un d’autre avait asséné le coup. Elle ajoute, avec davantage d'emphase :

- Au type. Pas à Abel.

Elle tapote le manche de son tromblon du bout de l’ongle, comme pour rappeler sa présence. Puis, l’idée que le sujet n’est peut-être pas très joyeux, peut-être même pas joyeux du tout, traverse Dilay. Vaast est peut-être inquiet. A tort, mais tout de même. Alors, parce qu’elle ne veut pas que ce soit une journée toute grise pour lui, la mathématicienne tente un maladroit :

- V-Vous m’avez vu sans rien !

Oui, le point auquel elle voulait venir c’est que…

- V-Vous savez que j’ai … eu mon lot de chahut.

Elle a des cicatrices pour en témoigner.

Dilay n’est pas très satisfaite de la chute de sa remarque. Tant pis. Il faut dire que son ton suggestif n’a pas aidé.

La mathématicienne ouvre la bouche dans un petit « oh » avant de lancer :

- Je pense à vous da-davantage.

D’un ton narquois. Sûrement que c’est vrai en plus – si elle peut être la meilleure quelque part elle ne va pas se priver de venir revendiquer son titre. Et personne ne peut la concurrencer sur le fait de rêver éveillée ! Elle a déjà fait des dizaines de scénarios de leur sortie dans la nature.

Aucun ne commençait pas des crêpes. C’est une excellente surprise.  

- J’aimerais bien venir.

Aux offices du matin – Dilay le dit sans aucune ironie, mais elle a une petite grimace.

- P-Peur qu’on me prenne pour une espionne si on me pince. Ça devra attendre.

Si on y chante, elle veut écouter ! Peut-être même qu’on doit capter des émanations de la musique des fidèles dans la rue mais comme la mathématicienne entend mal, forcément…

La question sur ses goûts littéraires devrait réjouir Dilay mais elle se ravise avant de répondre du tac au tac.

- De … l’aventure ?

Ce n’est pas faux, pas totalement faux. Qu’est ce que Châtiments et Trahisons n’aborde pas ? Rien, affirmerait Dilay ! Complots, politiques, rivalités, intrigues familiales, guerre, héritage, pauvreté et bien sûr… La romance.

- D-Dans vos lettres vous disiez que vous lisiez pas grand-chose.

Remarque Dilay avant de se fendre d’un sourire en coin quand Vaast note avoir des horaires stricts.

- M-M’y serait attendue.

Elle suçotte ses doigts quand elle a enfourné le reste de sa crêpe.
Pour le diner ? Dilay a envie de dire qu’elle s’en fiche, ce qui se rapproche de la stricte vérité, mais peut-être que cuisiner quelque chose serait l’équivalent d’apporter des fleurs ?

Elle fait un signe du menton à l’inquisiteur et se dirige vers les échoppes où sait visiblement exactement ce qu’elle veut : trois oignons, des lentilles sèches, des vermicelles et une branche de coriandre. Dilay fait ses courses avec un minimum effrayant de politesses et pratiquement aucun échange de regards sauf quand elle tombe sur un unique marchand qu’elle connaît apparemment bien. Là, grands sourires et échange copieux de platitudes –de la part du marchand parce que Dilay est trop occupée à grignoter des noix qu’il lui a glissé dans la main.

Nulle malice pourtant de la part de la mathématicienne. Elle sourit toujours après avoir quitté l’homme de la même façon que quand elle lui faisait face.




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Les animaux ? Avait-il seulement eu beaucoup affaire à eux ?

-Je ne saurais pas bien dire. Je n’ai rien contre, mais j’imagine qu’il me faudrait en fréquenter un pour savoir si je les aime vraiment, non ? Je croiserai peut-être votre chien un de ces jours, qui sait.

Vaast la regarda faire la moue, ouvrir la bouche et renoncer.

-Vous alliez dire quelque chose, dit-il d’un ton badin.

Il n’ajouta rien, parce qu’il n’était pas sûr d’être d’accord avec elle. Il y avait des gens qui ne méritaient pas de maison aux yeux de Vaast, à commencer par ceux qui avaient volé celle d’Alix, d’ailleurs.

-Vous voudriez venir me voir ? C’est une idée.

C’était même lui qui l’avait lancée, avec son histoire de tapis orange, mais était-elle bonne ?

Il se frotta la nuque en regardant Alix agiter un poing et tenir sa crêpe dans l’autre. Après tout, ce n’était pas pour demain. Et elle était maligne, elle ferait attention, non ? Ce n’était pas comme si elle avait marqué “née dans l’Alliance” sur le front. Elle pourrait très bien venir en tant que citoyenne de la Congrégation.

-Cassé le nez. Je vois. Et oui, je me souviens des marques du chahut, comme vous dites.

Il n’y avait pas accordé beaucoup d’importance, mais il n’était pas prêt d’oublier les cicatrices - presque impossibles à sentir du bout des doigts pour les plus vieilles.

-Davantage ? Diantre. Vous savez que ce n’est pas un concours ? De toute façon, même si c’en était un, je pourrais vous laisser le gagner par pur plaisir.

Avait-elle l’esprit de compétition dans d’autres domaines que les cartes ?

-Oh, vous savez, San-Matheus n’est pas vraiment un petit village où on repérerait aussitôt une nouvelle tête… Du monde arrive sans cesse. Tout est en pleine expansion. Alors à moins d’arriver dans une tenue particulière ou de chanter très faux…

Il esquissa un sourire.

-Vous êtes sûre de suivre ce feuilleton avec beaucoup d’attention ? la taquina Vaast. Vous n’avez pas l’air très sûre de vous.

Il la suivit sans rechigner à travers le marché, étudiant d’un œil distrait ses expressions et les aliments qu’elle embarquait dans son sac.

-Non, en effet. Beaucoup de lectures religieuses… Mais il faut dire que les ouvrages en Thélème sont contrôlés. On ne peut pas dire tout et n’importe quoi, vous voyez ? Et je n’ai jamais eu l’occasion de bouquiner quelque chose qui serait venu d’ailleurs. Je n’ai pas cherché, plutôt.

Il tendit la main pour remettre en place la fleur, malmenée dans les cheveux d’Alix.

-Que comptez-vous faire avec toutes ces choses ? Manger les oignons crus ? Il paraît que ça se fait.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Dilay hausse les épaules.

- J’aime les animaux même sans les connaître. C’est pas comme les gens.

La façon dont Vaast formule les choses fait sourire la mathématicienne. On dirait qu’il va proposer un rendez-vous formel au chien, évaluer son caractère, et décider face à ses conclusions s’il mérite qu’on lui gratouille le flanc.

- Il est souvent près du port.

Comme ça si Vaast veut aller le visiter… Peut-être qu’il aura de quoi lui donner un petit quelque chose à manger, lui.

Dilay a un petit sourire en coin. Evidemment, Vaast relève qu’elle s’apprêtait à parler.

- U-Un jour il faudra vous bander les yeux. On verra comment vous vous débrouillez dans la discussion.


Elle fait d’un ton narquois. C’est mal de vouloir imposer un handicap à quelqu’un qui ne semble en avoir aucun, rien que pour avoir le sentiment d’être sur un pied d’égalité ?

- Oui.

Oui, elle allait dire quelque chose. Dilay toussote, reprend :

- J-Je pourrais vous aider à aménager ? Si vous avez des mesures. C’est quelque chose que… je sais faire.

Pas un discours très efficace pour se vendre, s’il s’agissait d’un client Dilay n’arriverait probablement pas à décrocher le contrat. Cependant il est peu probable que Vaast entende quoi que ce soit à l’architecture alors qui sait ? Si elle lui montre des plans il sera peut-être trop impressionné pour avoir quoi que ce soit à y redire.

Ou, plus embêtant, parce qu’il n’y connaît sûrement pas grand-chose, il ne comprendra pas ce qu’une mathématicienne fait à tremper en architecture.

Comme Vaast n’ajoute rien au sujet de la villa qu’il ne mérite pas, Dilay glisse :

- Je dessine des maisons depuis longtemps.

Depuis toujours. Ça doit vouloir dire quelque chose sur elle – qu’elle a toujours voulu avoir la sienne, un espace à elle, où elle est seule maîtresse, que c’est une des choses les plus importantes qu’on puisse posséder à ses yeux. Un chez soi.

- J-Je veux venir vous voir. J’ai déjà un plan pour.

Lâche Dilay, et son « veux » sonne terriblement décisif, comme si maintenant qu’elle l’avait décidé, elle allait tout faire pour l’obtenir.

- Si vous voulez. Bien sûr.

Elle ajoute cependant. Ce serait vraiment, vraiment bien d’y arriver. Dormir dans un autre lit, sûrement même pas défoncé, et manger à l’œil dans les réserves de quelqu’un... Pas que ces avantages matériels : Dilay s’imagine aisément à fureter de pièce en pièce, à essayer tous les chapeaux de Vaast, à…

Elle ravale son sourire. Elle a marqué un blanc, agite la main comme pour chasser le moment et marmonne un "pardon". Dilay n’est pas vraiment repentante, elle a prévenu l’inquisiteur : elle a l’imagination fertile quand il s’agit de ces choses-là.

C’est rassurant. Cela fait trop longtemps que les scénarios que Dilay jouent dans son crâne ne tournaient qu’autour de dénouements funestes.

La mathématicienne ramène son poing à elle. Elle l’inspecte avant de l’abaisser, de détendre ses doigts qu’elle agite dans le vide.

- C-Ce que je veux dire c’est que j’ai toujours de quoi me défendre.

Elle prend soin de le formuler, consciente que Vaast peine parfois à remplir les blancs de ses silences, et que lui agiter ses phalanges devant le nez ne doit pas franchement l’aider à comprendre où elle veut en venir.

« L’arme, c’est moi » sonne un peu présomptueux, même si Dilay manque de le placer d’un ton goguenard. Elle se fend d’un large sourire quand Vaast affirme pouvoir céder sa place de vainqueur de bonne grâce et s’engouffre dans la brèche pour relever l’opportunité d’un ton pas tout à fait innocent :

- C-C’est un concours si vous pariez quelque chose. Vous seriez prêt à me faire cette fleur sur quoi d’autre ?

Certains aiment gagner à force d’efforts. Dilay aime gagner tout court, surtout quand elle gagne quelque chose. D’ailleurs, elle poursuit, un peu de la caricature à dessein :

- Je chante faux. Plus faux que n’importe qui.

C’est peut-être une exagération. En fait, Dilay n’a jamais même essayé de chanter. Elle se tourne assez en ridicule dès qu’elle ouvre la bouche en temps normal.

Loin des taquineries, le visage de la mathématicienne se fait songeur.

- Q-Qu’est ce qui dure plus longtemps : les parties avec des mots ou celles avec de la musique ?

Ça l’intéresse, se rendre à une messe vient de se placer étrangement haut sur son agenda très mouvant de choses à faire. Le truc c’est que…

- Je dormais en cours.

Malgré le ton singulièrement fier de la mathématicienne, comme si elle avait atteint un niveau de fénéantise jamais égalé parmi ses camarades, le terme n’est pas rigoureusement exact. Dilay serait bien incapable de s’assoupir entourée de tant de gens et de tant de bruit. Mais c’était tout comme, son esprit était accaparé par des choses si lointaines qu’il décrochait du lieu et des gens, qu’on s’adresse à elle directement ou non.

Dilay ouvre de grands yeux quand Vaast remet en question son assiduité. Sur le même ton, elle réplique :

- J-Je suis la plus assidue de tous ses lecteurs. Une spécialiste si vous voulez.

Et quelle spécialiste ! Au moins elle l’est dans un domaine, c’est plus que ne peuvent le dire tous ses camarades de l’Académie réunis qui sont encore en tutorat chez tout un tas de savants poussiéreux.

Pas que s’y connaître sur un roman à l’eau de rose représente un domaine lucratif. Mais tout de même. On peut lui concéder le titre, même honorifique.

- Je sais pas si ce sera votre truc.

Confesse Dilay pour expliquer son hésitation à fournir davantage de détails. C’est que ce genre de lecture n’est pas populaire dans l’Alliance du Pont. Si un de ses camarades attrapait un exemplaire, Dilay était bonne pour une lecture à haute-voix durant leurs soirées à la taverne du denier des passages soi-disant les plus « ridicules ».

Voilà où était l’injustice, qu’on ait les capacités de lire à haute voix pour une audience en y mettant le timbre et qu’on les dépense à moquer les goûts des autres.

Lectures contrôlées ? Dilay n’est pas surprise outre mesure, c’est quelque chose que les savants de l’Alliance ne cessent de pointer du doigt.

- Ça vous fait pas bizarre. Qu’il y ait pas de censure ailleurs ?

C’est une question sincère. Comment réagit-on en découvrant tous ces ouvrages inconnus dans sa propre nation ? Se sent-on frustré d’en avoir été privé ? Horrifié de leur contenu ? Dilay a appris à lire trop tard pour comparer sa jeunesse dans l’Alliance aux étagères bien garnies du manoir des de Courcelles.

- P-Pas cherché pourquoi ? Vous voulez essayer maintenant ?

Dilay se serait probablement ruée sur tout ce que ses mains avides ont raté avec les années mais peut-être Vaast n’aime-t-il pas lire tout court ?

- Et vous me prêteriez un livre en échange ?

Ce serait comme un de ses salons de lecture auquel Dilay a brièvement participé à Sérène !

« Paraît que ça se fait. » ? La mathématicienne coule un regard circonspect à Vaast en fourant ses achats dans son sac. N’a-t-il vraiment jamais essayé ?

- J’ai une poêle dans mon pa-paquetage.

Une petite poêle pour être exacte mais qui fera tout à fait l’affaire sur une flamme nue comme un feu de camp.

- J-Je vous fais à manger ce soir.

Explique Dilay avec à la fois un sourire et un ton qui ne lui ressemble pas – presque autoritaire ? Comme si elle allait prendre Vaast par les épaules et le forcer à se reposer tandis qu’elle joue aux marmitons. Elle fait un signe du menton pour désigner l’autre bout de la grand-rue qui mène aux portes de la ville et, une fois sûre que l’inquisiteur la suit, elle les franchit non sans avoir salué un garde en faction.
Dilay marche d’un bon pas pour quelqu’un chargé comme une mule.





Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Ah tiens, elle n’aimait pas les gens sans les connaître ?

-Et à quel moment avez-vous décidé que vous me connaissiez et m’aimiez bien ?

Ou peut-être s’avançait-il et Alix n'avait-elle pas encore décidé si elle l'appréciait ? Non, non, ça ne collait pas.

-Comment ça me bander les yeux ? Quel est le rapport avec la discussion ?

Il cilla, perplexe, mais pencha la tête sur le côté quand Alix proposa son aide pour l’aménagement.

-Oh, il n’y a pas grand-chose à faire. Enlever les draps des meubles… Balayer… Rendre l’endroit vivable, en somme. Mais je note votre proposition pour le jour où je veux faire construire. Quand vous dites dessiner, c’est gribouiller quatre murs et un toit, ou faire de vrais plans ?

Question posée en toute curiosité. Avait-elle fait des études en architecture, en plus des mathématiques ? A moins que dans l’Alliance ce ne soit lié ?

-Bien sûr que je veux bien. Du moment que vous êtes prudente. Vos poings, aussi affûtés soient-ils, ne pourront pas vous tirer de ce genre d’ennuis-là si vous évoquez autre chose qu’une visiteuse de la Congrégation.

Il leva les yeux au ciel. Au moins, il avait sa réponse : oui, elle avait de l’esprit de compétition pour autre chose que les cartes !

-Un concours, ce n’est pas un pari.

Vaast accueillit sa déclaration sur le chant avec une moue sceptique. Il n’y croyait pas. Il avait déjà entendu des gens chanter faux, mais les concernés semblaient avoir un souci d’oreille : ils n’arrivaient tout simplement pas à reproduire une note avec justesse. Alors Alix, qui avait magnifiquement joué du luth en pleine nuit sans battre des cils…

Mais elle avait respecté le fait qu’il n’arrive plus à chanter, et il entendait respecter son souhait si elle n’en avait pas envie non plus.

-Les parties avec les mots. Il n’y a pas toujours de la musique. Et il va falloir me dire comment vous êtes devenue mathématicienne si vous dormiez pendant les leçons…

Le cliché du savant insensible assoiffé de formules obscures, si cher à Thélème, en prenait un coup !

-Je ne peux pas savoir si ce sera mon truc si vous n’en parlez pas. Mais je vous taquinais, Alix. Vous n’êtes pas obligée de me raconter vos lectures - mais si vous voulez le faire, ça me fera plaisir.

Il avait failli dire “tout ce que vous pouvez dire m’intéresse”, mais ça aurait peut-être été un peu trop ?

-Je ne dirais pas ça. Chez moi, c’est l’inverse qui semble bizarre. Qu’on autorise les gens à écrire tout et n’importe quoi, même si c’est faux ou cruel. Le censeur vérifie aussi que rien ne menace l’unité du pays… Peut-être que ce serait différent si nous n’étions pas en guerre. Je n’ai jamais discuté avec un censeur pour parler de cette théorie.

Plongé dans ses pensées, Vaast mit un temps à répondre aux questions suivantes.

-Je n’ai pas cherché parce que mes séjours à l’étranger ont été rares, Alix, et quand j’y étais j’avais autre chose à faire que lire. Votre livre sur Sérène est le seul bouquin que j’aie jamais lu qui n’ait pas été publié en Thélème. Si vous voulez m’en prêter un autre, ma foi, je trouverai bien comment vous rendre la pareille. Il y a un sujet en particulier qui vous intéresse ? Je crois qu’une librairie a déjà ouvert à San-Matheus.

Il lui faudrait parcourir le contenu de l'ouvrage avant de le mettre entre les mains de la curieuse.

-Ne me regardez pas comme ça. Qu’y a-t-il ? Je me trompe ? On ne mange pas les oignons crus ?

Il n’en avait aucune idée.

-Eh bien, à vos ordres, madame. Vous ne voulez pas que je porte quelque chose pour qu’on partage les charges ?

Il respira mieux une fois en dehors de la ville. Une seule fois, il se retourna brusquement pour vérifier qu’on ne les suivait pas ; mais les alentours étaient déserts et calmes.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


C’est une bonne question. Dilay a une légère moue alors qu’elle y réfléchit.
Quand elle a rencontré Vaast, tout ce qu’il était c’est un étranger séduisant qui lui faisait du gringue. Diantre. Les évènements ne dataient pas tant que ça et pourtant Dilay pose sur qui elle était alors un regard sceptique. Elle était jeune, se dit-elle. Cela signifie-t-il qu’elle ne l’est plus désormais ?

Serait-elle toujours aussi pliable face à quelques compliments ? Possible. Elle a immédiatement été impressionnée par le statut de Vaast. Intimidée aussi. Si l’inquisiteur ne jouait pas un rôle de l’ombre probablement aurait-elle eu plus de réserves à continuer à le fréquenter. Trop de risques.
Elle a un sourire un peu triste. Depuis quand Dilay connaît-elle la prudence ?

- Quand on s’écrivait.

Dans ses lettres, Dilay s’était passionnée pour Vaast. Ce n’est pas qu’elle le veut faible et sans défense… Pourtant, ce ne sont pas les airs bravaches du thélémite qui lui donnent envie de lui prendre la main. Elle fixe les doigts de Vaast sans oser les saisir entre les siens parce qu’ils sont en public, puis avise son visage à nouveau.
Elle se souvient à peine de son cœur battant tandis qu’elle écrivait la dernière lettre, la sensation se fane avec le temps, la certitude que cette porte s’est fermée. Et pourtant, pourtant quand elle le regarde…
Ne lui reproposerait-elle pas exactement la même chose ?

- Et maintenant… un peu tout le temps.

Elle hausse les épaules, commence :

- Et vous…

Avant d’agiter la main, peu sûre de ce qu’elle souhaite vraiment demander. Et lui ? Quand a-t-il décidé qu’il l’aimait bien ?  

- V-Vous bander les yeux parce que vous relevez tout. Vous pourriez les yeux fermés ? Juste avec le ton de la voix ?

Maintenant, la question intéresse réellement Dilay. Mais elle ne va pas bander la vision de l’inquisiteur sans que celui-ci soit d’accord pour se prêter à l’expérience.

Dilay lève le doigt quand Vaast dit « de vrais plans » pour indiquer qu’il s’agit de ça.

- Si votre plan est mauvais on peut l’a-améliorer sans faire construire.  

Remarque-t-elle en repliant son index. Il y a des tas de façons de faire paraître une pièce plus grande, ou plus chaleureuse, d’utiliser un couloir trop large.

- J-Juste vous aider à arranger pourrait être amusant. J’aimerais bien voir l’intérieur d’une maison thélémite.

Ajoute Dilay, songeuse. Ses yeux reviennent vite sur Vaast après s’être braqués sur le vide, d’abord légèrement amusés qu’il qualifie ses poings « d’affutés » comme s’il s’agissait d’armes, puis carrément goguenards.

La mathématicienne incline légèrement la tête sur le côté, son expression semble vouloir dire « sérieusement ? » avant de s’attendrir. Vaast veille à sa sécurité. A une époque, Dilay aurait probablement ricané, mais avec le temps, elle s’est aperçue qu’avoir quelqu’un qui se préoccupe de son bien-être est une preuve d’affection pas du fait qu’on la juge trop faible pour faire face.
C’est encore une leçon à demi apprise.
Elle ironise gentiment :

- O-Oui. Je vais y aller. Dire que je suis Dilay. Que je viens de l’Alliance. Tirer la langue à une effigie du soleil…

Elle aurait pu décrire un geste plus vulgaire mais ne tient pas à choquer son interlocuteur pour de vrai. Sait-on jamais.

- … Je dirais jamais qui je suis, Vaast. Je règle pas tout avec mes poings.

Est-elle est un peu vexée en le disant ? Elle tente de ne pas l’être – Vaast n’a pas insinué ça ! N’est-ce pas ?

- J-Je vais trouver un déguisement. De la garde, sûrement.

De prêtre, dans le meilleur des cas. Au moins, elle pourrait garder le chapeau en souvenir. Mais la garde, ce serait prudent. Rien ne passe plus inaperçu qu’un garde, à part aux yeux des membres du Denier, et Dilay sait comment leur parler pour passer pour l’une d’eux.

- Alors si pas un pari, un prix ?

Ça ne répond pas vraiment au point soulevé en premier lieu. Dilay toussote.

- J-Je pense vraiment à vous. Beaucoup. Je veux que vous le sachiez.  

Parce qu’elle est endormie quand il vient avec des fleurs, parce qu’elle est bègue quand il a de jolis mots. Parce qu’elle ne sait pas ce qui l’effraie le plus : que Vaast ignore ses pensées ou qu’il ne les partage pas. Après avoir haussé les épaules comme pour chasser ces préoccupations, Dilay fait la moue. Plus de parties parlées…

- Ça dure longtemps ?

Même. Ça vaudrait le coup de le faire une fois, rien qu’une fois. Peut-on partir en plein milieu ? Peut-être que si elle se met tout au fond… A moins que les gens aient des places assignées… Tellement de questions !

- Mes camarades se posent la même question. Alors. D'après vous ?

Glisse Dilay d'un ton joueur. A-t-elle fait des faveurs à ses professeurs ? Etait elle une fille de ? Avait-elle des secrets compromettants sur le directeur de l'Academie ? La mathématicienne s'amuse des théories les plus folles qu'on a fait courir à son sujet-s'en s'amuser pour ne pas s'en vexer, la preuve qu'on ne la trouvait pas digne d'être là à moins qu'il y ait eu "un truc".

Avec plaisir, hein ? Ce serait avec plaisir que Dilay en parlerait, mais elle craint de ne pas rendre justice au récit. Elle s’humecte les lèvres, s’humidifie la gorge avec précaution avant de lancer :

- C-C’est une histoire on-onirique. Dans un continent pareil à Gacane mais qui n’a pas les mêmes… soucis.

Euphémisme.

- C’est très beau. Il y a de l’aventure. De l’amour. Des combats. Même quand ça se finit mal ça n’a jamais l’air d’être terrible.

Et c’est peut-être ça qui absorbe Dilay, page après page, dans l’univers que l’auteur dresse sous sa plume. Burlesque, ridicule pour certains… Et pourtant plein d’un espoir qui manque terriblement au continent.

- C’est très long.

Complète la mathématicienne. Qu’elle ait la prose facile ou non, ce ne serait pas chose aisée que de résumer en quelques mots l’œuvre complète.
« Faux ou cruel ». Dilay n’a jamais vu la censure de cette façon, alors elle demande :

- C-C’est pour protéger les gens ?

La question est sincère, bien qu’elle ait déjà une opinion sur le sujet. Elle n’est pas tout à fait semblable à celle que l’on apprend dans les Académies, en fait elle fustige aussi bien le Pont que Thélème et même Sérène :

- Bien sûr. Tout ce qui casse du sucre sur le dos des gens au pouvoir, ça se passe sous le manteau.

Ce n’est pas amer, c’est une simple constatation, comme si le monde avait toujours tourné, et tournerait toujours ainsi. Il n’y a pas à proprement parler de censeur à Sérène et les écrits grossiers sur le Prince peuvent parfois se trouver à même la pierre de certaines ruelles. Dilay esquisse un sourire. Elle n’imaginerait pas les choses aller autrement dans ce sens non plus.

- Personne ne dit de choses fausses, alors ?

Elle s’interroge à voix haute. Est-ce une façon de relire chaque document via un comité de pairs assermentés sur le sujet, comme avant de publier quelque chose qui concerne les sciences dans l’Alliance ?

Dilay opine lentement du chef aux paroles de Vaast, songeuse.

- Sur quoi vous aimeriez lire ?

Elle-même, elle n’est pas sûre. En fait non, ce n’est pas vrai – elle sait très bien sur quoi, elle s’inquiète simplement d’en faire la requête à l’inquisiteur.

- S-Sur quoi vous aimeriez me faire lire ?

Semble une demande plus prudente. Le sujet a assez travaillé Dilay pour qu’elle ne crache pas ses interrogations sans y réfléchir à deux fois.
Elle souffle un rire à la question de Vaast sur les oignons.

- J’ai envie de vous embrasser.

Elle lui glisse, en guise de réponse. Et, parce que ça l’amuse, elle ajoute :

- Essayez vous-même. Vous verrez.

Ce n’est pas comme s’il risquait grand-chose à manger quelque chose de parfaitement comestible… L’idée que Vaast n’ait jamais tenté amuse Dilay. Elle-même a parfois eu une telle apathie à l’idée de cuisiner quelque chose qu’elle s’est demandée si presque tout ce qui peut être mangé peut l’être sans le mettre au feu.

La mathématicienne ne rechigne pas à équilibrer le poids des sacs entre elle est Vaast. Elle soupèse rapidement celui que porte l’inquisiteur pour que les charges soient équitables, puis au moment où elle s’apprêtait à lui prendre la main parce qu’ils ont enfin franchi les limites de la ville, elle avise son regard vers l’arrière. Elle-même se retourne, scrute les environs, mais n’y voit rien de bien intéressant.

Elle zieute Vaast, préfère ne pas relever, car elle a une idée de la cause de la soudaineté du réflexe, et préfère capturer ses doigts dans les siens. Elle lui fait un sourire, lui fait signe pour qu’il la suivre, et l’entraîne à ses côtés.

Ils traversent les plaines fauchées des alentours de Nouvelle-Sérène, dépassent un grand moulin dont les roues émettent des grincements quand elles tournent, et arrivent au bord de l’eau, à côté du fleuve dont l’embouchure se trouve tout proche du port de la cité. De là, comme prévu, Dilay commence à longer l’onde pour remonter vers l’amont.




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Qu’avait-il bien pu lui écrire pour que ce soit ça qui ait attiré Alix ? Dans l’esprit de Vaast, ses propres lettres étaient un brouillon nébuleux pas bien accessible.

-Moi ?

La question l’embarrassait. Lui, il avait le coup de cœur facile. Il ne lui fallait pas longtemps pour s’éprendre d’une tournure de phrase ou d’un sourire en coin. Il décida de ruser.

-Moi, je décide de ça chaque fois qu’on se voit ou qu’on s’écrit.

Malgré son ton calme, il n’osa même pas la regarder dans les yeux et fut soulagé de changer de sujet.

-Si je n’étais pas observateur, je n’aurais pas pu emprunter cette voie. Je peux relever des choses au ton, oui, mais voir aide quand même beaucoup.

L’inquisiteur haussa une épaule.

-Nos intérieurs ne sont pas extraordinairement différents de ceux de la Congrégation, du peu que j’en ai vu. A part pour l’autel dans l’entrée, doublé par un dans la chambre chez ceux qui ont les moyens… Moins de décorations qui servent juste à étaler ses richesses, aussi. Ce serait mal vu. Mais vous me direz vous-même ce que vous en pensez.

Il roula des yeux.

-Je ne dis pas que vous réglez tout aux poings. Et un déguisement de la Garde est une idée correcte. Vous m’avez dit avoir de la famille dedans, vous saurez faire. Il faudra juste ajouter l’emblème de Thélème à la tenue. Je peux en dénicher un.

La déclaration d’Alix amena un sourire sur ses lèvres et une étrange chaleur dans ses membres. “Bien sûr que vous pensez à moi”, aurait-il pu lancer avec arrogance - mais il se contenta de graver les mots dans sa tête.

-Ça dépend des cérémonies. Certaines durent des heures, d’autres une seule tout au plus.

Il se contenta de faire la moue quant Alix le mit au défi de trouver comment elle avait pu réussir tout en dormant pendant les leçons.

-Peut-être que vous ne dormiez que pendant les cours où vous connaissiez déjà tout. Peut-être que vous rattrapiez ensuite. Peut-être que vous avez payé vos professeurs pour qu'ils vous mettent quand même une bonne note...

Il lui adressa un sourire goguenard pour indiquer qu'il ne prenait pas cette dernière hypothèse au sérieux.

Il l’écouta parler de son feuilleton sans l’interrompre. A l’entendre, ça parlait d’un endroit comme Gacane, si ce n’est que les gens y étaient intéressants et romanesques. Aimerait-il ça, lui, une histoire qui ne se finit jamais vraiment mal ? La trouverait-il crédible ? Peut-être qu’il s’énerverait. Comme si c’était la faute du papier si la réalité était si moche.

-Je comprends que vous aimiez ça.

Il soupira.

-Oui. Le travail du censeur est justifié. Je ne dis pas qu’il n’y a jamais d’abus… L’Ordo Luminis vous dirait que son oeuvre est trop politisée, qu’un bon censeur doit être intransigeant et ne penser qu’à préserver la foi dans le cœur des fidèles. Mais certains ont sûrement déjà laissé passer des mensonges ou accepté de l’or pour protéger quelqu’un de bien placé.

Les questions suivantes d’Alix l’amenèrent à hausser les épaules. Qu’en savait-il ? S’il lisait, ce serait pour lui faire plaisir, pareil pour le choix d’un ouvrage.

-C’est à vous de voir ce que vous avez envie de me faire découvrir et ce que vous voulez lire. Je ne suis pas un grand lecteur, je vous l’ai dit.

L’embrasser ? Quel rapport avec les oignons ?

-Je devrais parler cuisine plus souvent, si ça vous met dans cet état.

Une fois chargé d’un paquet, Vaast attrapa volontiers la main d’Alix avec celle qui était encore libre et la suivit.

-C’est joli. On dirait un paysage à peindre.

Il pointait du menton le moulin près de l’eau. Peut-être que Gacane avait ressemblé à ça, avant les usines et la guerre.

Un nuage se décida enfin à passer, dévoilant petit à petit un soleil éclatant. Il n’était pas aussi chaud qu’à San-Aurelius, mais Vaast accueillit avec gratitude la vague de lumière. Cette dernière ricocha sur l’onde près d’eux, éclaircit l’herbe, dora la peau d’Alix, lui donna envie de sourire. Comme ça, pour rien.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


- V-Vous avez pas répondu à ma lettre.

C’est bête, c’est la première chose que Dilay trouve à répondre. Elle est touchée, bien sûr. Elle sourit, puis l’idée lui vient que Vaast ne semble pas bien se rappeler de leurs lettres échangées entre Sérène et le front, et que depuis ils n’ont pas eu l’occasion d’avoir une correspondance épistolaire.

- Quelque chose n’allait pas ?

Peut-être a-t-il dû la brûler avant de la lire ?
Alors, il décide qu’il la connaît et l’apprécie à chaque fois qu’ils se voient ? C’est à peu près ce que Dilay lui a répondu aussi, mais elle s’interroge : peut-on décider qu’on connaît quelqu’un ?

Ce n’est pas un processus qui peut se forcer. Elle ne peut pas demander à Vaast de déballer tout ce qu’il y a à savoir à son sujet et l’inquisiteur était bien différent durant l’expédition aux côtés de Lucia. Son attitude ne différait pas tant que ça avec Dilay, il était gentil. Avec le reste de leurs comparses, en revanche…

- J-Je préfère quand c’est juste vous et moi. J’en avais besoin.

Confesse la mathématicienne en aparté. Elle cherche le regard de Vaast, mais il ne veut pas se fixer sur elle, alors elle avise les alentours à la place, jusqu’à ce que le sujet change.

- Je pourrais vous mettre à l’épreuve.

Propose Dilay, narquoise.

- V-Vous devez toujours m’apprendre à bluffer, oui ?

Ça lui serait bien utile à la table d’Erika. Dilay retient un soupir. Il ne faut pas y penser maintenant, mais…
Quand, sinon ? Vaast n’est-il pas son confident ? Dans le doute…

- Ça vous gêne si je me plains ? Du travail.

La question, directe et inhabituelle, est formulée sans fiel. Ce n’est pas que Dilay n’a vraiment sur le cœur, c’est davantage qu’elle n’a personne à qui parler de son quotidien.  
Elle opine du chef à la description de Vaast. Un autel, elle n’en a jamais vu de domestique.

- C-C’est quoi votre couleur préférée ?

Si elle veut le surprendre avec une pièce de décoration quand elle pourra obtenir de quoi entrer en ville, il faut bien qu’elle le sache ! Quoi que…

- Non. Celle que vous préférez voir.

Dilay aime l’or mais en abuser sur les murs, les plafonds et les meubles serait de très mauvais goût, sans parler de la fatigue oculaire de n’avoir rien de doux pour reposer le regard.

- J-Je sais que vous avez pas dit ça. J’ai pas envie que vous le pensiez.

Explique la mathématicienne avec un haussement d’épaules. Après tout, Vaast se sent bien obligé de lui rappeler de ne pas décliner son identité en entrant à San-Matheus, comme si cela allait lui traverser l’esprit.

- Un garde de la Congrégation pourrait pas être en visite ?

Dilay suppose que oui, mais peut-être qu’il serait plus suspicieux qu’un membre du régiment vert-azur.

- Vendu.

S’il lui apporte un insigne pour passer inaperçue dans les rues, elle n’aura qu’à s’informer auprès de connaissances à la caserne du numéro des compagnies en faction là-bas et de leurs rôles respectifs. Dilay a un petit rire, malgré elle, qui ressemble davantage à un grognement :

- D-De la famille, oui. Mais je sais faire tout ce qu’il faut : le salut, marcher au pas. La totale.

On ne l’a souvent pas cru à ce sujet, elle si indisciplinée. Combien de fois a-t-elle paradé comme un petit soldat devant ses camarades pour leur tirer quelques éclats de rire ?

Voir Vaast sourire fait sourire Dilay. Elle le regarde avec un peu trop d’insistance pour prétendre ne pas se délecter de la réaction de l’inquisiteur mais il n’y a nulle arrogance dans son attitude. C’est étrange : le rendre bien la rend bien en retour.

- F-Faut que je vienne un jour avec une petite cérémonie alors. Sauf si les longues sont mieux. Je pourrais dormir chez vous ?

Sinon, elle pourra toujours se trouver un coin de ruelle… Non, trop de chance que la Garde dont elle sera censée faire partie la déloge pour vagabondage.

- Peut-être un peu des trois.

Lance-t-elle d'un air bravache avant de secouer la tête.

- L-Les cours étaient soit trop faciles soit trop difficiles pour s'en donner la peine. Puis si on m'avait cru autre chose que bonne à rien j'aurais été dans la vague d'a-accusés quand ils se sont rendus compte que quelqu'un faisait les devoirs des autres à leur place.

Comme elle brûle de le faire depuis des années, elle ajoute :

- Et c'était moi. Depuis le début.

Et jusqu'à la fin parce qu'évidemment, puisqu'elle n'a jamais été prise, la mathématicienne a continué.

- Je pourrais en parler des heures.

Glisse Dilay quand Vaast note qu'il comprend pourquoi elle apprécie le feuilleton. C'est qu'elle a même envie de lui faire tout le tableau, plus envie à vrai dire de retracer la longue lignée du vaillant Jonah d'Astran que la sienne, bien plus réelle, qui l'unie par alliance aux de Courcelles, et tous les soucis qu'elle lui cause.

Dilay dédie une grande attention aux paroles de Vaast sur la censure. Le mot « justifié » lui donne le sentiment que l’inquisiteur croit que son interlocutrice désapprouve de la pratique. A dire vrai, elle ne sait pas trop ce qu’elle en pense.

- D-Donc le censeur ne relie que ce qui concerne la foi ?

Autrement, ça ne se pourrait pas, si ? Que l’Ordo Luminis pense qu’il faille que la foi transparaisse dans tout ce qui est jamais écrit ? Même un livre de cuisine ? C’est le genre d’idées qu’on servirait à un colloque de propagande de l’Alliance…

Et si c’est vrai ? Et si tout est vrai ? A nouveau, les lignes de l’ouvrage d’Hassan reviennent en tête à Dilay et elle grimace.

A la façon dont l’inquisiteur formule les choses on dirait qu’il sous-entend que le censeur ne fait pas le même travail que la propagande dans l’Alliance, ou les conseillers qui entourent le Prince : sécuriser ce qui se dit, ce qui se lit, limiter la parole des « instigateurs ». Vaast présente cela comme une façon de protéger les gens, et vraiment Dilay ne sait pas quoi en penser. Elle a envie de l’interroger plus avant, par pure curiosité, mais craint sa réaction.

- Si quelque chose était interdit j’aurais encore plus envie de le lire.

Voilà, pas d’avis glissant à donner sur le sujet. Dilay est simplement étonnée de la rectitude de Vaast mais peut-être aurait-elle dû s’y attendre – on n’atteint pas une position de prestige en ne faisant rien comme il faut.

- J-Je sais pas, Vaast. Je lis beaucoup. Pourquoi pas me dire ce que vous voulez absolument pas lire ?

Car Dilay doute que les traités d’astronomie et d’arithmétique soient tout à fait au goût de l’inquisiteur. Elle sourit en l’imaginant remplacer tous les symboles cabalistiques par des points d’interrogation.

- J’ai jamais rien lu qui vienne de Thélème. Et ça m’in-intrigue.

Au contraire de Vaast, la curiosité de Dilay est attisée par l’idée de tout ce qui a été hors de sa portée pendant longtemps.

- U-Un classique de chez vous ? De la région où vous êtes né ? Qu’importe le genre.

Si c’est un traité religieux ou un ouvrage pour faire des tartes, ça dira peut-être quelque chose sur les gens qui le feuillettent.

- Et quelque chose que vous donnez aux enfants.


Réalistiquement, c’est le niveau que Dilay doit avoir pour un thélémite en ce qui concerne leur foi. C’est là qu’elle devrait commencer. Ou peut-être…

- O-Ou les convertis ?

Ont-ils des sortes de petites brochures qu’ils distribuent à quiconque adhère à leur religion ? Un guide explicatif en dix étapes pour apprendre à chasser les couleurs de sa garde-robe en dix étapes ?

- Pas la cuisine. Vous êtes…

L’adjectif que Dilay a sur le bout de la langue lui tire un sourire.

- Mignon.

Ça ne devrait pas aller à un homme de cette taille et de cette carrure avec cette dégaine. Et pourtant.

- V-Vous savez peindre ?

Interroge la mathématicienne en regardant avec plus d’attention le grand moulin. Elle expire quand le soleil effleure sa peau, lui offre son visage les yeux mi-clos. Quand elle les ouvre pour regarder Vaast sourire, ils sont pareils à l’astre. Chauds, lumineux, et ils se plissent quand Dilay sourit à son tour.

Alors qu’elle chemine au bord de l’eau, elle incline la tête pour repérer le moindre poisson vagabond. Quand elle en voit un, elle le désigne à Vaast, et le laisse descendre le courant en silence, la lumière jouant sur ses écailles comme sur une armure faite de pierres précieuses.

Bientôt, il faut quitter l’esplanade baignée par le soleil pour se glisser dans les bois où l’odeur d’humidité fait toussoter Dilay. Des rayons laissent des tâches de lumière entre les arbres dont les branches sont entourées d’un halo d’un vert tendre, prémices des feuilles qui écloront bientôt.

La mathématicienne remet bien en place la fleur derrière son oreille. Elle n’oublie pas le poids familier de son tromblon à sa taille mais l’heure est clémente tant qu’ils demeurent ainsi près de la lisière. Ils devront se préoccuper de leur sécurité au crépuscule.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Était-ce un reproche ? Vaast en éprouva un vague malaise. Il songea à différentes excuses, mais aucune ne collait : s’il avait réussi à écrire du front, ce n’était pas une petite expédition qui l’aurait empêché de répondre à Alix s’il l’avait vraiment voulu. Et puis, ils s’étaient mis tacitement d’accord pour être francs, non ?

-C’est vrai. Je n’ai pas réussi.

Il avait essayé. Il pouvait au moins avoir ça pour lui. Il était resté une heure à son bureau, une plume à la main, à fixer le papier vierge.

-C’est peut-être comme pour le chant. Mais je vais réessayer. Je veux réussir.

L’idée de pouvoir de nouveau échanger des lettres était trop précieuse à ses yeux et il n’avait pas l’intention de laisser un stupide blocage se mettre en travers de sa route. Il avait changé la lettre d’Alix trois fois de place, puis de cachette, l’avait froissée à force de la déplier pour la relire…

-J’étais… J’ai aimé votre lettre. J’ai aimé lire de nouveau votre écriture.

La réflexion de la brune lui arracha une ombre de sourire ; ses traits se détendirent.

-Moi aussi.

C’était réconfortant qu’elle apprécie, elle aussi, la bulle qu’ils se construisaient chaque fois qu’ils étaient ensemble.

-C’est vrai. On avait parlé de mentir, ceci dit, pas de bluffer. Le bluff, c’est à part. Vous savez que théoriquement, je n’ai pas le droit de mentir ? C’est un péché important. Mais parfois, il faut prêcher le faux pour savoir le vrai…

Et quand il avait découvert qu’il était bon pour ça, il s’était senti coupable.

-Non. Plaignez-vous tout votre soûl.

Sa question l’avait pris au dépourvu - pour changer - mais il avait hâte d’entendre encore une fois ce qu’elle avait en tête. Alors, avait-elle été dérangée par un type bruyant ? S’était-elle chamaillée avec un collègue ? Avait-elle perdu quelque chose pour le retrouver le lendemain ?

Nouvelle question sortie de nulle part. Vaast en lâcha un bref rire.

-C’est une distinction intéressante… Je dirais le bleu. Pas un bleu trop profond, un bleu ciel, vous voyez ? Léger, doux. Comme tôt le matin quand il fait beau. Pas à midi.

Vaast haussa une épaule.

-Je n’aurai pas de mal à prendre un insigne. Mais je doute qu’on vous demande de prouver que vous savez faire un salut militaire, n’ayez crainte. Et bien sûr que vous pourrez dormir chez moi - vous croyez vraiment que je vous laisserais dormir ailleurs ?

Il la gratifia d’un sourire narquois.

-Soit trop faciles, soit trop difficiles, répéta-t-il d’un ton neutre. Il n’y a donc eu aucun professeur pour s’adapter à votre niveau ?

Il lui jeta un coup d’œil curieux quand elle affirma pouvoir discourir de son fameux feuilleton et se promit d’un jour exiger une longue explication. Ou quand il aurait appris à signer, peut-être ? Que sa gorge ne lui fasse pas mal. A ce propos…

-Vous devriez commencer à m’enseigner des mots. J’ai retenu cuillère…

Il signa aussitôt le mot, avec application. C’était qu’il l’avait répété.

-Mais il faudrait que j’en apprenne d’autres pour tenir une conversation. Comme ça, vous pourrez vraiment me parler des heures.

Content de son idée, il lui adressa un grand sourire.

-La foi est très présente à Thélème. Je ne vous apprends rien. Si tel prêtre écrit que Saint Matheus a dit ceci cela… Ce sera immédiatement politique. Pourquoi placer ces mots-là dans la bouche du prophète ? Quel est l’objectif du prêtre ? Qui sera en accord, en désaccord ? Est-ce aligné avec la vision officielle des choses ? C’est cette dernière que protège le censeur.

Sa réflexion le fit rouler des yeux.

-On ne parle pas d’une friandise à laquelle il ne faut pas goûter. Les interdits à Thélème sont… assez absolus.

Sans doute allait-elle poser plus de questions. Il ne souhaitait pas la décourager, mais il sentait que s’il était amené à parler de l’Ordo Luminis, sa journée si bien entamée allait prendre un amer virage.

-Je n’ai pas envie d’en parler plus avant aujourd’hui.

Il l’avait ajouté d’une voix douce, mais sans détours : c’est bien ce qu’elle avait demandé, non ?

-Hum… Je ne veux pas lire sur des choses trop abstraites. Et soit, je trouverai quelque chose de ce genre.

Il lui jeta un coup d’œil intrigué.

-Aux enfants ou aux convertis ? Eclairez-moi. De quel sujet parlez-vous ? Vous voulez quelque chose sur la foi thélémite ?

Était-ce par pure curiosité ? Avait-ce un lien avec Isaure ?

Il suivit le courant en secouant la tête.

-Non. Je ne sais pas peindre, mais je sais admirer un beau tableau. Et vous ?

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


Comme le chant. Ah.

Dilay ne dit rien pendant un instant. Vaast assure qu’il a aimé sa lettre, alors peut-être que c’est tout ce qui compte et pourtant Dilay se sent déçue. Peut-être qu’il faudra des semaines ou des mois avant que Vaast ne se remette à chanter – des années, même ! Serait-ce le cas avec les lettres aussi ? Il avait promis de lui écrire, se rappelle-t-elle, ce qui n’arrange pas les choses.

- Vous savez ce qui bloque ?

Demande Dilay avant d’ajouter, parce que son ton est peut-être un peu trop dépité :

- J-Je suis contente que la lettre vous ai plu. J’avais peur d’y avoir mis des bêtises. Je voulais écrire plus. Beaucoup plus.

Et elle voudrait à présent lui demander ce qu’elle peut ou ne peut pas inscrire sur ses plis mais voilà : elle n’a pas envie de lui envoyer quoi que ce soit pour ne jamais recevoir de réponses. Quelqu’un de plus altruiste qu’elle y arriverait peut-être mais Dilay se dit qu’elle n’aura qu’à écrire des lettres en avance, pour que Vaast les lise une fois seule, les lui donner quand ils sont ensemble. Elle se sentira moins stupide qu’en écrivant dans le vide.

- J-Je voudrais que ce soit pas comme ça mais faut pas vous forcer.

Elle le pense. Malgré tout.
Dilay sourit au « moi aussi » de Vaast puis souffle un ricanement.

- Si quelqu’un dit qu’il ne ment jamais, il ment déjà.

« Mensonge » ne serait peut-être pas exact. Demi-vérités ? Approximation ? Ce qui est certain c’est que personne ne peut dire la vérité, toujours la vérité, rien que la vérité.

- Comme vous dites : il « faut ». Certaines choses devraient pas être retenues contre vous.

Ajoute cependant Dilay pour adoucir sa remarque précédente, un peu trop sarcastique. Après tout, le concept de péché – qu’elle a un peu effleuré dans sa lecture – semble avoir une importance particulière pour les thélémites.

- A-Aux cartes je dois avoir l’air triste si j’ai une bonne main. Ce n’est pas une façon de mentir ?

La question est sincère, comme souvent. Pas que Dilay n’a pas d’avis, mais elle discute volontiers le concept même qui lui est présenté. Beaucoup lisent cela comme une question rhétorique qui vise à railler, ou de la bêtise.

« Vraiment ? » semble demander le regard de Dilay alors que Vaast l’invite à s’épancher. Elle en est tellement étonnée qu’il lui faut un instant pour savoir ce qu’elle veut dire. Elle ajuste son écharpe autour de son cou pour le protéger du vent.

- J-Je vous ai un peu parlé de ça dans la lettre mais mon collègue Basir et moi on a rencontré un Natif quand on cherchait de l’ob-obsidienne. Le Natif était très agressif. Je lui ai donné des balles en échange de l’ob-obsidienne pour qu’il se calme et qu’on reparte tous chez nous. Et maintenant…

Dilay envoie un de ses bras en l’air dans un franc mouvement d’exaspération :

- Basir veut plus me parler ! Il agit comme si j’avais fait un truc inn-innommable ! Il dit que les hautes autorités ont dû entendre que j’arme les Natifs ! Il écoute jamais mon point de vue ! J’étais censée faire quoi, trouer le Natif ? C’est pas Basir qui tenait l’arme. C’était pas sa décision !

Dilay donne un bon coup dans un galet de la rive, et pourtant à mesure qu’elle parle, alors que ses doigts s’agitent en tout sens pour ponctuer ses paroles, sa silhouette semble légèrement s’avachir. Ça fait du bien. C’est tout pareil aux longues discussions avec Kismet durant leurs promenades le long de la rivière asséchée ou à celles avec Celik dans le couloir entre leurs chambres communicantes à Sérène.

C’était une évidence à l’époque. Oui, Dilay aurait toujours quelqu’un auprès duquel faire quelque chose d’aussi simple : râler. Elle n’aurait pas à subir des silences de jours entiers – les siens, pas ceux des autres – où elle prononçait à peine cinq mots. Et la voilà plus à l’aise que jamais dans son récit, la nervosité dissipée comme si elle parlait à un ami de longue date, comme si elle écrivait une lettre à son ami de papier. Son confident.

- J-J’ai eu un idiot d’adversaire à la table d’ouverture qui s’est moqué de mon bé-bégaiement. Pourquoi les gens font ça ? Ils croient que j’ai pas remarqué ? Ils croient qu’on me l’a pas déjà fait ? Je l’ai… Je l’ai…

Dilay déglutit. Elle se rappelle du calme qui l’avait envahi, si peu caractéristique. Non, calme n’est pas le bon mot. Il n’y avait aucune sérénité dans ses actions mais une clarté que la colère lui laissait rarement d’habitude.

- Et vous voyez, je l’ai déjà entendu plein de fois. Et j’y repense encore. Quand même.

Elle expire, et la fin de son souffle se transforme en quinte de toux. Diantre. C’était une véritable tirade, dans les standards de Dilay. Elle-même n’est pas capable de juger la qualité de ses tournures de phrase, elle a toujours le sentiment de parler comme une enfant, quoi qu’elle dise. C’est un peu maladroitement qu’elle achève avec un :

- Et euh… Vous ?

Sans trop savoir où va sa question. Demande-t-elle à Vaast s’il veut se plaindre aussi ? Comment conclue-t-on ce genre de conversations déjà ? Les interlocuteurs de Dilay lui donnaient leur avis, et ils brodaient généralement autour pendant quelques temps en échangeant leurs points de vue. Et ce n’est pas que Dilay a vraiment besoin de qui que ce soit mais…

Mais elle voudrait bien l’avis de Vaast malgré tout. Elle approuve son choix de couleur d'un mouvement du menton et attrape même son carnet pour le griffonner, puis elle a un sourire franchement mutin :

- J-Je saurai vous revaloir l'ho-hospitalité.

La mathématicienne a une moue quand l’inquisiteur parle de ses professeurs.

- J-J’ai jamais réfléchi aux choses comme ça. C’était en groupe alors…

Dilay fronce légèrement les sourcils. La réflexion vaudrait la peine d’être creusée, elle ne manque pas d’intérêt, bien au contraire.

- J-Je crois…

Commence-t-elle avant d’aviser Vaast pour poursuivre, puisqu’elle fixait la route qu’elle emprunte avec l’intensité de la cogitation :  

- J-Je crois que les Académies sont faites pour que les gens se ressemblent. Pas qu’elles, d’ailleurs.

Mitra a dit à Dilay que les peuples de l’Alliance du Pont avaient un jour parlé des langues différentes, et dans la province où les deux jeunes femmes vivaient on ne s’habillait pas à la même mode qu’Al’Saad. Et pourtant, cette diversité était pour ainsi dire effacée dès lors qu’on s’aventurait hors des frontières de l’Alliance. Quant aux savants, Dilay se les représentait parfois comme des copies les uns des autres. Ils prenaient des apprentis qui n’avaient qu’une hâte : que leur professeur parte à la retraite pour reprendre la tête de ses travaux, ou qu’une nouvelle tendance apparaisse dans la recherche pour pouvoir s’y fixer.

Mais même un professeur attitré n’avait pas pu faire grand-chose pour Dilay. Elle avait fait tourner en bourrique plus d’un précepteur.

- Vraiment ?

Cette fois-ci, Dilay ne peut pas s’en empêcher. Elle s’imaginait que Vaast voudrait apprendre quelques mots, pas de quoi tenir une conversation entière – mieux, une longue !

Elle ouvre la bouche et la referme sans qu’un son ne lui échappe, l’esprit en ébullition. Que lui enseigner en premier ?

- Q-Qu’est ce que vous voulez apprendre ?

Finit-t-elle par demander après un silence, la voix empressée. Comme il sourit, elle se sent obligée de se planter devant lui et de l’embrasser, puis elle lâche même le semblant du début d’un petit rire.

Elle penche la tête sur le côté en écoutant Vaast évoquer les finasseries du système thélémite. Dilay n’ose pas relever que l’inquisiteur parle bien de « version officielle » - ce qui finalement revient au même qu’ailleurs, avec un joli enrobage autour. Pour la vision cynique du pouvoir de Dilay, la version officielle peut bien faire dire à quelqu’un qu’on ne voit jamais ce qu’elle veut. Parce que personne ne communique vraiment avec le Lumineux, non ?

Mais Vaast a dit Saint-Matheus… C’est la capitale de Thélème sur Teer Fradee et c’est… Dilay ne se souvient plus très bien de qui il s’agit, mais ça non plus elle n’en dit rien.

- Je pensais plutôt à si vous aviez des romans. Pas à des choses graves.

Fait Dilay à mi-voix. Elle ne voulait pas déterrer un sujet sensible pour Vaast et s’arrête un instant pour l’observer, parce qu’elle a manqué de trébucher quand elle a voulu chercher son regard tout en marchant.

- D-D’accord. Pas plus.  

Cependant, elle a quand même quelque chose à ajouter avant de clore le sujet. Elle lève l’index pour indiquer qu’elle rassemble ses mots et inspire un bon coup :

- J-Je sais que j’ai pas l’air très au fait des choses. J’ai été sourde jusqu’à 11 ans. J’ai raté l’élémentaire. Ceci dit je sais quand même ce qui est dangereux.

… Comme débarquer à San-Matheus telle une fleur et leur avouer qu’elle est de l’Alliance…

- Ce qui est interdit. Y en a aussi dans l’Alliance. Mais j’ai pas votre ex-expérience.  

Ils viennent d’un milieu radicalement opposé pas seulement par leurs factions mais aussi par leurs moyens. Et puis, bien sûr, combien de fois a-t-on dit à Dilay qu’elle ne pouvait pas comprendre ? Elle n’a pas entendu la liste des réquisitions des jeunes gens de sa présence, elle n’a pas entendu les lamentations de sa famille, elle n’a pas entendu les discussions animées autour de la guerre, elle n’a pas entendu les ordres de couvre-feu quand on soupçonnait un espion d’être en ville…

Mais elle l’a vu. Elle l’a lu sur les visages, sur les lèvres, dans les yeux des gens autour d’elle. Sur le corps ravagé de son père.

Peut-être que Vaast se dit que Dilay est de la Congrégation alors elle n’a pas vraiment connu le fait de vivre dans un pays en guerre, qu’elle dit toutes ces choses sans savoir. Si elle n’a pas d’attachement à l’Alliance ce n’est pas faute qu’on ait essayé de lui faire rentrer dans le crâne.

C’était simplement trop tard.

- J-Je veux pas que vous pensiez que je disais ça comme si je savais mieux que vous dans votre situation. C’est pas le cas. C’était juste une pensée.

Et elle devrait probablement se réfréner d’en dire une bonne partie.

Tant pis.

Après un bref sourire pour clore ce chapitre, Dilay reprend la marche. Vaast a ressenti le besoin de la mettre en garde ou de la reprendre plusieurs fois depuis leurs retrouvailles à Sérène. Au moins les choses sont mises au clair maintenant… A priori.

Pas trop abstraites… Ca devrait pouvoir se faire.

- J’ai un livre sur l’ar-architecture de Peren.

Un peu dans le même style que celui qu’elle a donné à Vaast, un peu idéalisé dans certains passages mais agréable à lire quad on a des envies de voyage. La plupart des croquis sont même très informatifs.

- L-Le sujet importe pas. Je veux en apprendre plus sur Thélème du point de vue de Thélème.

Dilay se serait bien contentée d’un roman populaire mais à entendre Vaast on dirait que tout ce que fait son pays tourne, d’une façon ou d’une autre, autour de son Eglise.

- Thélème de tous les jours : ce que les gens font pour s’amuser. Comment ils s’habillent. Vous voyez ? Et puis oui. La foi.

Dilay était motivée par la curiosité autant que par une volonté de pouvoir suivre les conversations de Vaast sans avoir à tout lui faire répéter et expliquer trois fois.

- J-Je sais un peu dessiner. Jamais appris à peindre. Jamais regardé mon père le faire non plus. Trop long.

Quant aux tableaux… Dilay a un sourire en coin, mais peut-être Vaast ne peut-il pas comprendre l’ironie de la question s’il ne se souvient pas de la demeure des de Courcelles, de ses murs couverts de toiles.

La mathématicienne effleure le bras de l’inquisiteur pour attirer son attention et signe, en commençant par lever la paume gauche et par en approche son index droit. Ensuite, elle dit oralement :

- Q-Quand est ce qu’on saura qu’on voudra s’arrêter ?

Elle décompose les signes qui ressemblent davantage à "Nous" "Arrêt" "Quand"



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Elle était déçue. Bien sûr.

-Et moi, je voudrais que vous m’écriviez plus, beaucoup plus, répondit Vaast en reprenant ses mots. Et je veux vous répondre. C’était passager.

Peut-être que s’il le disait avec assez de conviction, ça deviendrait vrai ?

-C’est assez mal vu en Thélème de jouer aux cartes. Ou plutôt de parier avec, vous voyez ?

Comment expliquer en quelques phrases cette société où tout le monde péchait, mais discrètement ? Combien de maisons Vaast avait-il visitées pour dénicher quelque preuve que l’âme du propriétaire n’était pas entièrement dévouée au Lumineux ? Et des preuves, il y en avait toujours. Quelqu’un pouvait-il seulement vraiment vivre toute sa vie sans jamais céder à la tentation ? Certains pensaient que oui, d’autres que l’Ordo Luminis était justement là pour ça.

-Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de jeux de cartes avec mises, bluff et tout le reste… Mais les gens se cachent un peu. Donc pour vous répondre, si, les plus zélés trouveraient qu’il s’agit d’un mensonge. Moi…

Il fit un geste las de la main. Il n’était pas censé hiérarchiser les mensonges, bien sûr. Un péché était un péché. Mais comment comparer un bluff aux cartes avec d’autres supercheries auxquelles il avait assisté ? Il avait un goût amer dans la bouche rien que d’y penser.

-Je ne pense pas que ça soit grand-chose.

Il observa ensuite Alix s’agacer à propos d’obsidienne, d’un collègue obtus et de balles. Il se contenta de hocher la tête sans commenter - jusqu’au moment où elle mentionna un adversaire qui s’était moqué d’elle.

-Vous l’avez…?

Parce qu’il voulait la fin de l’histoire. Il aurait bien dit qu’il allait retrouver le malotrus sur-le-champ, mais Alix avait parlé de se plaindre. Juste de se plaindre.

-Quel abruti.

Voilà, c’était simple et efficace.

-Vous avez essayé d’écrire à Basir ? Vous êtes tellement douée avec les lettres. Ça vous aiderait peut-être à vous rabibocher.

Ah, et voilà, il cherchait des solutions sans qu’on le lui ait demandé.

-Et vous ne ressemblez pas aux autres.

Elle était facile, celle-là, au point qu’il se demanda si Alix lui avait tendu une perche exprès. Il se pencha pour l’embrasser dans les cheveux. La fleur embaumait.

-Eh bien, oui, vraiment. Je compte tout apprendre, mais je vais chercher un enseignant de mon côté, ne vous en faites pas. Vous n’aurez pas à passer tous vos moments avec moi à jouer au professeur.

Et il comptait bien pouvoir commencer à signer d’ici quelques semaines. Avait-il jamais accepté autre chose que d’excellents résultats quand il se mettait sérieusement à quelque chose ?

Elle a l’air heureuse.

-Je n’ai jamais pensé que vous vouliez dire que vous savez mieux que moi… Parlez sans crainte.

Il pinça les lèvres. Pourquoi fallait-il que parfois la discussion devienne difficile, à buter sur chaque tournure de phrase, à s’assurer que l’autre n’avait rien mal pris ?

-Très bien. Je vous dénicherai un volume de cet acabit.

Il observa avec grand intérêt les gestes qu’elle associa à sa question. Il aurait bien voulu les répéter, mais avec ce qu’il portait, il n’avait qu’une main de libre.

-Là, ce n’est pas trop mal.

Il pointait du menton une trouée où les rayons du soleil perçaient.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


- J-Je peux vous écrire tout de suite ce que je voulais ajouter.
Propose Dilay avant de secouer résolument la tête.

- Je sais que vous voulez. C’est différent de pouvoir.

A quoi bon transformer en obligation ce qui devrait être un plaisir ? Au bout du compte, Vaast ne pourrait qu’y associer amertume et lassitude. Peut-être se sent-il forcé d’affirmer tout cela parce qu’il perçoit la déception de la mathématicienne. Elle fronce les sourcils, tente de tordre son visage, mais renonce finalement.

Tout ce qu’elle y gagnerait c’est à rendre Vaast suspicieux. Elle ne sait pas mentir – et elle ne veut pas lui mentir de toute façon. Mais s’ils doivent être honnêtes, doivent-ils l’être au point que leur honnêteté provoque un préjudice à l’autre partie ?

Après un gros soupir, la mathématicienne ajoute :

- Y-Y faut que vous fassiez ce que vous voulez.

C’est son choix, et cette idée, Dilay veut la remettre au centre de la table. Ce n’est pas comme si qui que ce soit pourrait la croire capable d’influencer un homme comme lui…

Elle prête oreille à l’inquisiteur alors qu’il explique les subtilités de Thélème en ce qui concerne les jeux de carte.

- Comment sont vos tavernes du Denier ?

Demande la mathématicienne avec une curiosité sincère, avant d’ajouter :

- D-Donc quand vous jouiez avec moi à Sérène…

Les sourcils haussés d’un air narquois, Dilay s’apprêtait à conclure que Vaast a joué aux mauvais garçons ce soir-là. Elle se tait avant d’avoir pu finir sa phrase, un peu de confusion se mêle à son expression. Le prendra-t-il bien ? Peut-être que c’est trop grave pour plaisanter à ce sujet.

- C’était une bonne action en ré-rétrospective. Donner de l’argent aux pauvres gens. Comme moi.

Achève finalement Dilay, sans se départir d’un ton taquin. Bon, elle était fortunée à l’époque, certes mais à l’aune des évènements actuels… Et puis elle ne s’est jamais vécue comme ça – comme riche.

- C-Ca explique pourquoi vous êtes mauvais aux cartes. Pas assez de pratique. Vous allez m’apprendre à mentir et à bluffer, alors ? J’ai un paquet sur moi.

Lui montrer le comptage, ne pas lui révéler quoi que ce soit… c’est un dilemme. Dilay tient à cette astuce comme à la vie elle-même mais elle brûle aussi de voir les yeux de quelqu’un s’agrandir tandis qu’elle lui raconte son petit « truc ». Est-ce que Vaast serait impressionné ? Peut-être que non, parce qu’il ne comprendrait pas la rapidité du calcul requise et surtout, surtout la mémoire.
D’un autre côté, cela signifie également qu’il serait incapable de le mettre en pratique lui-même.

« Je l’ai… » articule Dilay en silence avant d’hausser les épaules.

- Q-Qu’est ce que vous auriez fait à ma place ?

Préfère-t-elle demander pour inclure davantage Vaast à ses jérémiades. Aimerait-elle qu’il ait été là, lui l’imposant inquisiteur, lui et ses mains magiques ? Et qu’aurait-il fait ?

Mais lui personne n’aurait osé l’insulter – et peut-être que personne n’aurait dit quoi que ce soit à Dilay en ayant connaissance de sa compagnie.
Elle ne peut pas compter sur grand monde pour faire les choses à sa place dans ces moments, parce qu’elle les a vécus, les vit et les vivra. Toujours. N’empêche, la voilà curieuse : oui, que ferait Vaast, un instant mis dans ses bottes ?

- I-Il a renchéri parce qu’il se croyait drôle. Je pouvais pas… renverser la table et qu’il s’arrête.

Dilay opine vigoureusement du chef : oui, ce type est un imbécile. Mais elle devait tenir les nerfs – pour Erika. C’est ce qu’elle se répète en tout cas.
La proposition de Vaast prend Dilay au dépourvu. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui suggère la réconciliation, avec un collègue du Pont. Elle détourne le regard et ne parle pas pendant plusieurs secondes. Elle a beau exhorter les mots à sortir, aucun d’eux ne semble décider à franchir le seuil de ses lèvres.
Ce n’est pas un mauvais conseil, pourtant. Au contraire. Mais…

- J-Je sais pas s’il essaiera de comprendre.

Ça, et puis… Dilay cille, fort, elle ferme même ses paupières pendant un bref instant.

- Je sais pas si j’ai envie de lui faire comprendre.

C’est plus simple d’être en colère. Basir ne s’attend pas à grand-chose d’autre de sa part. Il verra toujours en elle une furie désobéissante et ombrageuse. C’est pour cela que la remarque de l’inquisiteur tire à Dilay un drôle de sourire, hésitant entre amusement acide et résignation.

- C-C’est difficile de l’ignorer, hein ?

Dilay ne sait plus trop si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Il y a de la force dans l’unité, être élevée auprès de la Garde lui a appris ça. Si seulement elle faisait tache pour les bonnes raisons. Parfois c’est le cas ! On vient l’aborder parce qu’elle est jolie. C’est pour ça qu’elle a rencontré Vaast après tout, non ? Peut-être qu’il ne se serait même pas assis s’il l’avait entendue avant de la voir.
Un instant, la mathématicienne hésite. Apprend-on la même langue des signes à Thélème que dans l’Alliance ? Puisqu’elle est similaire dans la Congrégation, ce doit être le cas.

- Ça me fait plaisir de vous apprendre. J’ai déjà en-enseigné ça une fois.

A Kismet. Autrement, Dilay n’aurait jamais proposé d’être la tutrice de Vaast, elle ne se sent pas capable de former grand monde sur grand-chose, si ce ne sont les sujets qu’elle a déjà éprouvé. C’est comme un chemin connu – un peu embroussaillé par le temps mais Dilay ne doute pas de parvenir à y retrouver son chemin.

- L-Laissez moi au moins vous dire les bases.

Il est évident que la mathématicienne brûle de partager cela avec l’inquisiteur.
« Parlez sans crainte ». Elle esquisse un sourire.

- S-Si sérieux. Je ne crains rien avec vous. Je m’inquiète. C’est différent.

Elle aussi voudrait bien pouvoir lui embrasser le crâne, comme Vaast le fait, et il est rare que ses partenaires fassent une tête de plus qu’elle ! Dilay se contente d’embrasser l’épaule de l’inquisiteur, parce que c’est ce qui passe à sa portée, malgré le vêtement et les sangles des sacs.

Comme Vaast n’a pas l’air bien convaincu par l’architecture, elle lève ses doigts pour énumérer.

- J’ai un livre d’optique. Un sur le ciel. Un roman historique qui se passe dans la vieille Peren. Des partitions pour piano commentées. Une brochure de la Congrégation sur Nouvelle-Sérène. Et…

Beaucoup des ouvrages d’Hassan, des précis édités dans l’Alliance du Pont, ou son précieux feuilleton.

- … Pas grand-chose d’autre que vous pourriez emprunter.

S’ils avaient été à Sérène, ç’aurait été différent. Dilay qui a laissé beaucoup de ses livres, et le papier relié, en quantité, ça vaut cher.  

- Sauf si vous voulez lire sur vous-même.

Dilay le dit avec un sourire en coin. Elle suppose que non, Vaast ne voudra rien qui ait été écrit par l’ennemi. Elle, en revanche, se demande bien ce qu’on peut trouver sur l’Alliance dans les bibliothèques thélémites… Ce serait une lecture édifiante, surtout à voix haute. Peut-être Lucia voudrait-elle bien lui donner un tome sur le sujet ?

La mathématicienne avise la clairière et, une fois parvenue au centre, elle jette un regard au ciel visible dans une trouée entre les cimes. Elle dépose ses affaires avec plus ou moins de précautions et s’étire. Par-dessus son épaule, à quelques dizaines de mètres, le fleuve continue de glouglouter.

- F-Faudra que j’aille me baigner tant que y a soleil.

Commente Dilay avant d’impatiemment tapoter l’herbe pour que Vaast s’assoit. Elle-même se laisse tomber tout près de lui.

- On peut commencer la leçon.

Elle déclare, avant de se fendre d’un sourire goguenard.

- V-Vous êtes pas obligé de m’appeler Professeur de Courcelles. C’est en option. Une option re-recommandée.

Dilay attrape une des mains de Vaast, la porte à ses lèvres, y dépose un baise main.

- Alors. Gaucher…

Elle fait de même avec l’autre.

- … Ou droitier ?

Autant commencer par les bases. Evidemment, le potentiel professeur de Vaast n'aura pas cette façon t'introduire les choses mais Dilay aime penser qu'elle a une pédagogie tout à fait innovante.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Vaast retint un grognement. C’était bien beau de lui dire qu’il n’avait qu’à faire à sa guise et que vouloir n’était pas pouvoir ! “Sans blague”, avait-il envie de répondre. A la place, il soupira, tâchant d’ignorer son mouvement d’humeur.

-Du peu que j’ai vu, les tavernes du Denier sont pareilles partout. Après tout, on fait ses affaires les moins reluisantes en sous-sol. Très thélémite comme agencement…

Il leva les yeux au ciel.

-Je n’étais pas vraiment poussé par l’avarice… A l’origine, je voulais juste passer le temps. Hannie m’avait plus ou moins mis dehors de force en m’ordonnant de faire autre chose que broyer du noir.

Il se revit soudain dans cette taverne aux contours flous, avec tout ce monde autour des tables. Ce bruit. Cette chaleur. Cette ambiance à laquelle il était tellement étranger - un glaçon dans un verre d’alcool.

-Je pensais juste… faire une fichue partie, perdre deux pièces d’or, rentrer, lancer d’un ton hargneux que voilà, j’avais perdu du temps et de l’argent comme promis…

Sa gorge se serra. Pour arrêter de penser à Hannie, il s’obligea à regarder Alix. Elle, elle était toujours là. Tangible. Réelle. Presque trop.

-Mais les choses ne se sont pas déroulées ainsi.

Il la gratifia d’un sourire pour qu’elle comprenne que c’était une conclusion positive.

-Moi ?

Il fronça le nez. Il ne pouvait pas s’imaginer qu’on le moque pour un défaut de prononciation. Pour quoi pourrait-il être moqué ? C’est que ça ne lui était pas souvent arrivé…

-Je ne sais pas trop. J’imagine que ça dépend de mon humeur et d’à quel point le type en face se montre détestable. Je pourrais juste lui dire que si c’est comme ça, il quitte la table. Ou l’écraser au jeu si je le sens bien. Ou lui assener tout un discours expliquant à quel point il…

Mais bien sûr, Ailx ne pouvait pas assener tout un discours. Il se mordit les lèvres.

-Bref, j’aurais réagi, certainement. Je n’ai pas la patience et l’endurance de certains.

Il observa avec inquiétude Alix qui se détournait. Sa proposition d’écrire était-elle déplacée ?

-Ah. Soit.

Il n’avait pas grand-chose à ajouter et sa réponse tomba un peu à plat. Ce n’était pas lui qui allait lui faire la morale sur ce sujet. Lui aussi était parfois resté de son plein gré dans un long silence inconfortable…

-Comment ça, c’est difficile de l’ignorer ?

Manifestement, son compliment avait été trop subtil. Ou plutôt, détourné par la faible estime qu’Alix semblait avoir de son charme. Pour un peu, il aurait pu s’en offusquer.

-Alix, je disais cela comme…

Et là, comme ça, les mots lui manquèrent. Que c’était désagréable ! ironisa une partie de son esprit. C’était donc cela que ressentait le commun des mortels ?

Tout ce qu’il avait envie de dire lui semblait déplacé. Ils ne se fréquentaient que depuis peu. Elle n’aimait peut-être pas les grandes déclarations. La dernière chose qu’il voulait, c’était la repousser.

-Alix, répéta-t-il dans un murmure. Si vous saviez comme c’est une bonne chose à mes yeux que vous soyez différente. Je ne vois pas pourquoi je voudrais l’ignorer. Vous me plaisez comme vous êtes.

Il secoua la tête, s’efforça de revenir à des sujets moins brûlants.

-Très bien. Apprenez-moi les bases.

Une moue plus fière se dessina une fraction de seconde sur son visage. Bien sûr qu’elle ne risquait rien avec lui, allons.

-Va pour le roman historique.

Ça avait encore l’air d’être le moins ennuyeux du lot. Il ne répondit pas à sa boutade - non, il n’avait pas envie de lire ce que l’Alliance racontait sur Thélème. Il avait déjà eu des aperçus et n’avait pas la moindre envie de renouveler l’expérience. A quoi bon ? Se morfondre ? S’énerver ?

-Vous baigner ? Vous avez emmené de quoi vous sécher ?

Voilà qu’il s’inquiétait pour sa santé.

-Si elle est bonne, je tremperai les jambes… Mais ma maigre expérience m’a appris qu’elle était toujours trop froide…

Il poussa un soupir théâtral.

-Soit, professeur de Courcelles. Je suis droitier.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


- I-Ils font en bas pour que la Garde puisse contrôler. Que le tavernier se gave pas sur les revenus. Mais y a des travailleurs en haut parfois aussi. Dans la Congrégation, en tout cas.

Explique Dilay. Pour une fois qu’elle est docte sur un sujet… Même s’il s’agit de prostitution. A la façon dont l’inquisiteur en parle, Dilay doute qu’il fréquente ce genre d’établissement, et s’il le fait, ce serait probablement impoli de poser la question. Elle-même n’a pas d’inflexibilité sur le sujet, au contraire. Elle a grandi trop proche de la Garde pour éprouver la moindre gêne.

- P-Pourquoi vous croyez que c’est pareil partout ?

Voilà une réflexion qu’elle s’est déjà faite mais qu’elle n’a jamais vraiment partagé à voix haute – et on lui a déjà répondu que, de toute façon, ce devait probablement être différent à Thélème. Mais si ce n’est pas le cas…

- La routine aide les soldats. Mais ce sont pas que des combattants qui fréquentent les tavernes.

Est-ce moins cher d’avoir un seul et unique plan ? D’accord, c’est un peu mesquin : les tavernes du Denier ne se ressemblent pas à ce point. Tout de même, d’où le modèle a-t-il émergé ?

- A-Avarice ce serait pas un gros mot dans ma bouche. J’en fait toujours preuve.

Glisse la mathématicienne avec un sourire goguenard. Hannie ? Elle était donc à Sérène avec Vaast ce jour-là. Dilay esquisse un sourire à la mention de l’amie de l’inquisiteur. Tirer une tête de six pieds de long quand on évoque les morts ne les fera pas revenir.

- Vous étiez vraiment en perm’ ?

Dilay essaie de s’imaginer Vaast et cette femme sans visage, en vain. L’homme qu’elle a devant les yeux éclipse le souvenir de celui qu’elle a rencontré à Sérène.

- C-C’était efficace ? De vous changer les idées ?

Après tout, Hannie et lui était proche. Elle devait savoir ce qu’il fallait faire pour que Vaast se sente mieux.

- J’avais pas remarqué à ce moment que vous étiez…

Quoi ? Mélancolique ? Dilay hausse les épaules. Evidemment qu’il l’était – ses lettres d’alors en témoignaient. Et puis ce n’est pas vraiment ce que la mathématicienne veut savoir. Elle déglutit avant de demander :

- Qu’est ce que vous cherchiez ? Quand vous vous êtes assis ?

Avoir l'autre côté de l'histoire confère un frisson à Dilay. Un bon frisson. La dernière fois qu’ils ont parlé des lettres, l’esprit de Vaast semblait si embrumé que leur évocation le peinait mais pouvoir revenir sur quelque chose déjà partagé ensemble cela rend ce qu’ils ont un peu plus… tangible ? Comme si ça ne reposait plus seulement sur des fleurs fanées et du papier parti en fumée.

Est-ce que Hannie a demandé où Vaast avait bien pu passer la nuit ? Dilay ouvre la bouche pour l'interroger mais la referme. Mieux vaut laisser l’inquisiteur en parler quand il le souhaite plutôt que le presser sur le sujet.

Dilay écoute Vaast expliquer comment il se débrouillerait face à un type mesquin, et elle sourit, amusée de sa verve.

- M-Moi aussi j’aimerais bien faire un discours ! Je monte sur une table et tout le monde m’écoute !

Elle souffle par le nez. Si Vaast faisait ça, probablement que oui, toutes les têtes se tourneraient vers lui.

- Ça a l’air d’être ça qui gagne le respect. Le vrai. Taper ça fait juste peur – les gens continuent à se moquer. Pas en face. C’est tout.

Est-ce que c’était vraiment vrai ? Est-ce que personne ne se moquait jamais de Vaast ? Ou est-ce qu’il insufflait une autre forme de peur, que les gens se faisaient simplement très, très discrets ?
Est-ce que ce serait vraiment mieux ?

- C’est ça pour vous ? De l’endurance ?

Certains diraient qu’il s’agit de faiblesse ou de lâcheté, alors Dilay est étonnée des mots qu’emploit Vaast. Elle le fixe avec intérêt.

Même si l’inquisiteur ne dit pas grand-chose de plus – peut-être parce qu’il ne dit pas grand-chose de plus - la mathématicienne poursuit sur le sujet :

- On était proches avant. Mais les choses étaient plus simples. On s’embêtait… Pour rire.

Ils étaient comme chien et chat à l’Académie, au grand bonheur de leurs condisciples dont l’humour si spirituel ne manquait pas à Dilay. Ou peut-être juste un peu – parce que ça appartenait à avant. Avant, quand elle se fichait d’avoir son diplôme pour de vrai parce que ce n’était pas grave, elle trouverait toujours un travail, une façon de se débrouiller. Ou Isaure l’aiderait. Parce qu’Isaure l’aidait toujours.

Avant, quand elle se moquait à gorge déployée des thélémites. Avant, quand la malichor n’importait pas.

- M-Maintenant on se saute à la gorge pour de vrai. On s’entend sur rien. Quand on se dispute pas, on sait pas quoi se dire. Et quand on se dit des choses, ça finit toujours en dispute.

Était-ce si différent, Avant ? Ou était-ce le monde qui l’était devenu ? Ou eux ?
Etaient-ils simplement trop âgés pour que ce ne soit plus qu’un jeu ?

« Comment ça, c’est difficile de l’ignorer ? ». Dilay fixe Vaast, comme si elle voulait s’assurer qu’il ne se manque pas d’elle. Puis, les mots manquent à l’inquisiteur, et elle a une moue, presque une moue d’inquiétude. Ça ne lui ressemble pas de perdre ses moyens.

- Merci.

Souffle Dilay parce que, à l’évidence, cela tenait à cœur à Vaast de le dire. Elle lui sourit, pour lui faire signe que tout va bien, que ce qu’il déclare la touche, puis reprend :

-    D-Différent ça veut dire beaucoup de choses. Est-ce que je suis différente pour vous parce que vous connaissez personne qui me ressemble ? Est-ce que c’est parce qu’on vient pas du même endroit ? Dans ce cas, ça va. Parce que, ce que je veux dire par différence, si, vous vous m'avez dit que vous l'ignoriez. Et c'est bien.

Elle désigne sa bouche, désigne sa gorge – désigne sa voix.

-    J-J’aimerais pas qu’on fasse comme si ça existait pas quand quelqu'un l'a évidemment remarqué. Comme si fallait pas me le dire. Comme si c'était un secret dont je m'étais pas aperçu. C’est encore pire. Des fois, j’ai envie de me fondre dans la masse. Ou sortir du lot pour d’autres raisons. Les vôtres semblent l'être. Alors…

Dilay hausse légèrement les sourcils.

-    Pourquoi vous me trouvez différente ?

Elle opine du chef, essaie de se rappeler qu’il faudra se rappeler de lui envoyer le roman historique. Pas facile ! Est-il un lecteur qui écorne les pages ? Il a l’air trop sérieux pour ça, mais qui sait !
Dilay glisse, à la question de Vaast :

- Vous me réchaufferez avec tout ça.

Elle ouvre les mains pour avoir toute la silhouette de Vaast entre ses deux paumes avant de secouer la tête, taquine, le visage fendu d’un grand sourire.

- Oui. J’ai une serviette.

Dilay adresse un regard à l’onde. Oui, il fera probablement frisquet à l’intérieur mais…

- F-Faut y aller d’un coup. Comme pour retirer un truc qui fait mal. Pas se donner le temps d’hésiter !

Quelle autre option pour faire sa toilette ? Teer Fradee regorge d’eau propre, ce n’était pas le cas dans l’Alliance, où le soin maniaque apporté à cette ressource élevait les bains en plaisirs luxueux.

- Je vous dirai si vous pouvez y mettre vos orteils.

Dilay s’amuse, toujours à se pousser si fort qu’elle ne comprend pas que les autres ne fassent pas de même. Il n’y a cependant pas de moquerie ou de malice dans sa voix. Elle a depuis longtemps cessé d’essayer de pousser qui que ce soit à faire quoi que ce soit et, si elle a considéré un temps qu’autrui était étrange, elle a à présent décrété que c’était de son côté que se trouvait la bizarrerie.

« Professeur de Courcelles ». Dilay sourit bêtement. Ce n’est qu’une boutade mais il l’a dit ! Il l’a vraiment dit ! Elle redresse les épaules d’un air qui se veut important, sciemment comique.

- Ô-Ô mon élève, vous signerez avec la main droite en principale. Pas comme moi parce que je suis gauchère.

Au-delà des allures bravaches, le plaisir de la mathématicienne semble sincère. Elle inspire et commence ses explications, tandis que sa jambe est prise d’une trépidation :

- I-Il y a un al-alphabet. On l’apprend pas en premier. La langue est visuelle. On imagine les mots.  

Elle fait mine d’ouvrir un livre en séparant ses paumes, puis de le feuilleter en portent son doigt à sa bouche comme pour humidifier entre chaque page.

- Voyez ? Trop long.

Ajoute-t-elle avant de simplement rapprocher ses mains et de les battre comme les ailes d’un papillon, en joignant ses paumes :

- Livre. Je signe livre. Même idée. Plus court.

Elle pose sa main sur sa poitrine, la remonte vers le haut, puis signe « livre » à nouveau.

- Aime. Livre. Parce que je me désigne, c’est de moi que je parle. Alors « j’aime les livres ». Mais y a pas « les », y a pas de fioritures.

Dilay montre ses deux poings et les tape l’un au-dessus de l’autre.

- Travail.

Elle explique avant de froncer le nez, de froncer les sourcils, et de forcir son geste.

- L-Là je dis que le travail est dur. Compliqué. Faut que votre visage suive ce que vous signez. Et vos mouvements. Un même signe, fait différemment, peut changer de gra-gradation. Articuler, aussi. Un peu.

Vaast sait-il lire sur les lèvres ? Dilay signe rapidement « La barbe vous va bien. Le chapeau le plus ridicule vous va bien. Qu’est ce qui ne vous va pas ? » tout en articulant certains mots en silence, le mouvement de ses lèvres à peine marqué. Elle hausse les sourcils à l’intention de Vaast, comme pour lui demander s’il a compris – ça, et ses explications.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Vaast
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Vaast
Thélème
Infos
Occupation : Inquisiteur (sous couverture)
Pièces d'or : 1440
Messages : 610
Congrégation Marchande : 6
Natifs : 3
Thélème : 6
Alliance du Pont : 2
Icone : The eye of the storm - Vaast Ke9m
Citation : Am I bitter? Yes. But do I try to move on and let go of past anger? Well, actually no.
Liens
Reput

The eye of the storm
Feat Dilay


 
The eye of the storm - Vaast T9px

Voilà bien une question qu’il ne s’était jamais posée. Il haussa une épaule mais, parce que c’était Alix, il fit l’effort d’y réfléchir.

-Peut-être que c’est une façon de rappeler que la Garde a une certaine… neutralité. Ses bâtiments gardent leur personnalité quel que soit le pays, si vous voulez. Ou bien c’est juste les architectes qui reprennent sans cesse le même plan parce qu’il convient partout.

Sa décontraction partit vite en fumée quand la jeune femme se vanta une fois de plus de pratiquer un vice. Elle souriait. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Était-elle fière ? Était-ce par provocation ? Était-ce une moquerie ? Elle ne voulait sans doute pas le mettre mal à l’aise, non ?

Il pinça tout de même les lèvres - pas tant l’air réprobateur que malheureux.

-Ce n’est pas drôle.

Un murmure, soufflé en regardant quelques fleurs au pied d’un arbre. Elle n’allait peut-être même pas comprendre son changement d’humeur. Après tout, l’avarice était peut-être encouragée dans la Congrégation ? Ça leur ressemblerait bien…

-Je peux essayer d’expliquer pourquoi, si vous voulez.

Voilà qui était raisonnable. Il avait réussi à dire que ça ne l’amusait pas… tout en laissant une porte ouverte. C’était mieux que de se refermer d’un coup. Il ne tenait pas à gâcher l’ambiance.

Se soucier de l’âme de son prochain, c’est gâcher l’ambiance ?

Il serra les dents.

-Oui. On avait quelques jours. Il fallait refaire le plein de provisions, de fournitures… Et pour ce qui est de me changer les idées… Disons que ce n’est pas mon fort. J’ai généralement besoin d’un coup de main.

Qu’il était…? Il la regarda déglutir.

-Je cherchais une partie rapide comme un gamin qui veut se débarrasser de ses devoirs. Bien sûr, je n’avais pas prévu de tomber sur la meilleure joueuse de la salle… ni sur la plus jolie…

Il poussa un soupir dramatique.

-Vous alliez encore poser une question, s’amusa-t-il.

Il effleura la main d’Alix sans commenter. Il hocha simplement la tête. Oui, les gens continuaient à se moquer - il le savait bien, il avait été la cible de plus d’un quolibet.

-Eh bien, oui. Il y a des fois où on ne peut pas régler un problème en agissant. Il y a des fois où il faut endurer. Tenez, quand il pleut, ici, il faut endurer…

Tirade lancée d’une voix peu animée. Les discours sur la patience n’avaient jamais eu grand effet sur Vaast. Non pas qu’il n’y accordait aucun crédit, c’était simplement là une vertu plus difficile à atteindre que les autres…

Il l’écouta parler de son collègue sans savoir quoi dire. Il n’avait jamais vécu pareille situation. Si Alix avait été thélémite, il aurait proposé qu’elle et son ami aillent voir un prêtre, mais…

-Navré que ça soit devenu comme ça.

Elle avait dit qu’elle ne voulait pas écrire. Il n’avait rien à ajouter. Il se contenta de s’emparer de sa main et d’en embrasser le dos.

-Alix…

Bon, elle l’avait demandé. Il s’arrêta, se débarrassa de ses fardeaux, et attendit qu’elle fasse de même avant de s’asseoir dans l’herbe. Pour une fois qu’elle était bien sèche !

-Vous dites que je suis doué pour deviner des choses sur les gens. Eh bien oui, d’habitude je comprends vite comment fonctionne quelqu’un. On m’a souvent envoyé interroger des gens pour ça - et les gens, Alix… Les gens me fatiguent.

Il se massa l’arête du nez. C’était peut-être un peu trop franc. Il s’empressa de poursuivre en reprenant sa main.

-Mais pas vous. Vous me surprenez tout le temps. Vous avez l’air d’entamer dix pensées à la fois. Vous êtes… transparente, comme si vous n’aviez rien à cacher. Et en même temps… Quand je parle avec vous, c’est un peu comme si je regardais dans un bassin rempli d’eau limpide - mais un bassin très profond.

Il souffla un faible rire et sentit ses joues rosir.

-Ce n’était peut-être pas ma meilleure métaphore… Ecoutez, j’aime être avec vous. Et je n’aime pas être avec grand-monde. Vous êtes tellement…

Il fit un grand geste de la main, s'apprêtant à parler de sa bonté, de sa patience avec lui, de son enthousiasme pour tout et rien, de son énergie contagieuse, de son intelligence, de son sourire, mais quelque chose le retint. La crainte soudaine qu'il ne donne trop, qu'il ne se fragilise.

-Vous aimez vivre, termina-t-il finalement d'une voix soudain sans timbre en laissant retomber sa main.

De l'autre, il relâcha les doigts d’Alix et tourna la tête vers l’eau.

-Ce n’est pas censé faire mal, une toilette, grinça-t-il.

Il tourna de nouveau les yeux vers elle pour admirer ses gestes. Il ne serait pas dit qu’il échouerait à étudier cette nouvelle langue - alors il se concentra pour retenir chaque signe. Il tenta de se repérer avec les mouvements de la bouche, mais à part “vous” et… peut-être “quoi”…?

-Refaites plus lentement, exigea-t-il.

Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Alix
As de pique
Infos
Occupation : Gérante du Club des Agapes
Pièces d'or : 1636
Messages : 801
Congrégation Marchande : 8
Natifs : 3
Thélème : 2
Alliance du Pont : 5
Icone : The eye of the storm - Vaast BRabdNe
Citation : The world owes me a debt, And now I'm here to collect.
Inventaire : Carte, Déguisement de Garde, Pas-de-Soie
Liens
Reput

The eye

of the storm

Feat Vaast


- I-Intéressant. Je demanderai à Erika.

Dilay est sincère. Maintenant, elle veut vraiment une réponse et ce que dit Vaast fait sens. Il ne faut simplement pas qu’elle oublie de poser la questions, emportée par une kyrielle d’autres…

« Ce n’est pas drôle. ». Le sourire de Dilay disparaît. Elle scrute Vaast avec un silence et une fixité perturbants avant d’opiner du chef comme pour l’inciter à poursuivre, lui signifier « dites-moi ». Elle a peur de ce qui va échapper au thélémite. Va-t-il lui dire que c’est mal de désirer être riche ? Qu’il vaut mieux vivre une vie d’ascète ?

C’est ce que les gens qui ont toujours tout eu déblatèrent et Dilay n’a pas envie de l’entendre. Elle n’a pas envie que Vaast se referme comme une huitre non plus.

Il n’a pas l’air d’aimer, quand elle fait ça. Quand elle épingle ses défauts comme une marque de mérite sur sa poitrine, pour que personne ne puisse les ignorer – pour que personne ne puisse s’en servir contre elle. Comment insulter quelqu’un avec ce qu’il clame avec fierté ?

Dilay n’émet pas un son encore pendant un moment, tandis qu’elle écoute Vaast. Son visage est tout relâché, ailleurs, le chemin vers ses pensées verrouillé. Jusqu’à ce qu’elle se remette abruptement à parler, avec une pointe d’entrain même :

- Alors je vous invite à la prochaine fête où j’irai.

Dans la Congrégation, cela va sans dire. Dilay ne ressent pas le besoin de le préciser – Vaast ne peut pas la croire bête au point de lui proposer de descendre une petite bière avec des membres du Pont.

- D-Donc… Quand vous vous êtes assis, vous saviez que vous vouliez…

Elle hausse les épaules, les laisse retomber lourdement. Avait-il prévu de lui faire du gringue ou a-t-il pris la première table disponible ? Le compliment la fait resserrer ses mains autour de son propre corps, drôle de réflexe comme si elle se prenait dans les bras, que dans son étreinte se trouvait le sentiment agréable que faisait naître l’inquisiteur dans sa poitrine, et qu’il ne s’échapperait pas si elle le serrait assez fort.

- Je vous aime bien aussi.

Réponse atypique – mais que dire d’autre ? Elle pourrait tenter de faire monter la sauce, comme précédemment, minauder « vraiment, la plus jolie ? » ou au contraire essayer de grapiller quelques compliments de plus en affirmant que bien sûr, elle n’était pas si belle que ça, il aurait pu avoir l’œil plus vagabond !

Mais rien de tout cela ne semble taper juste.

Dilay esquisse un sourire à la remarque de Vaast. Oui, elle allait demander quelque chose, mais préfère reformuler sa pensée exacte :

- J-Je me demandais ce que les gens ont dit quand vous êtes revenus en ayant dormi ailleurs.

Ou peut-être que personne n’a fait de remarque – peut-être que c’est quelque chose de commun pour Vaast. Devrait-elle s’assurer qu’il ne fréquente toujours personne ? Doive-t-il se reposer la question à chaque fois qu’ils se voient ? Lui fera-t-il savoir par courrier s’il rencontre une femme ou un homme qui lui tape dans l’œil ?

- C-Certains diraient que c’est de la lâcheté de ne pas agir.

Glisse Dilay, comme si ces « certaines personnes » ne semblaient pas se mêler insidieusement à ses pensées. Elle n’est pas en désaccord avec Vaast, elle aurait-même tendance à dire que, puisqu’elle ne prend pas d’initiatives, elle endure bien des situations. Mais là, ce serait de la paresse, non ? « Endurance » semble faire passer l’acte pour une forme de vertu.

Paradoxalement, Dilay a envie que Vaast détrompe ses pensées, qu’il lui donne de bons arguments à leur opposer, parce que l’inquisiteur a l’air plein de verve, et la mathématicienne se demande ce qu’il donne quand il veut discourir. Probablement que…

- J-Je pense que je pourrais vous écouter parler de la pluie pendant… longtemps.

Parce que la pluie, c’est ennuyeux. Mais Vaast pourrait la rendre intéressante. Ou plutôt, le vibrato de sa voix la rendrait supportable. Comme écouter de la musique.

Dilay dodeline de la tête au « navré » comme pour dire que ce n’est rien quand c’est évidemment quelque chose. Au moment où Vaast s’arrête, elle fait encore quelques pas avant de s’apercevoir qu’il s’est figé et se tourne vers lui, l’air interrogateur.

« Alix ». Jusque-là, tout va bien – c’est elle.

Du discours qui suit, Dilay a envie de relever tant de points : que les gens le fatiguent, et qui a-t-il interrogé ? Comment ? Ne la trouve-t-il pas difficile à suivre, brouillonne ? Et puis, là où une sensation tiède et bienfaisante se répandait en elle, elle sent d’un coup sa gorge se refermer.

« Ne dites-pas ça. Ne dites-pas ça, ou je vais commencer à vous croire. »

Mais il lui a dit qu’elle pouvait. Alors Dilay pose sa main pourtant tremblante sur la pommette de Vaast et souffle :

- V-Vous êtes adorable quand vous rougissez. On voit bien…

Sur sa peau, oui, la couleur contraste. La mathématicienne ne devine pas grand-chose sur le visage de l’inquisiteur mais elle peut tout de même relever l’évidence.

« Vous êtes… »

Dilay hausse les sourcils, attendant la suite, qui vient, mais pas vraiment. Elle ramène ses doigts à elle, observe Vaast sans comprendre la raison soudaine de son trouble.

Si absorbée par le regarder, par bien lui accorder toute son attention, elle en a oublié de prêter attention aux mots dont le sens lui parvient presque en décaler.

Ce sont de beaux compliments – non. « Beaux » est trop pauvre, « beaux » ne leur rend pas justice, et la mathématicienne sent l’irritation monter : elle ne saura pas répondre quelque chose qui aille.

Alors Dilay prend la main de Vaast, elle attire l’homme contre elle avec lenteur, pour qu’il ait tout le temps de se défaire s’il le souhaite, puis elle le prend dans ses bras. Pendant plusieurs secondes elle le serre avec tendresse tout contre elle.

Elle voudrait dire que c’est beaucoup – mais beaucoup pourrait sous-entendre que c’est trop. Elle voudrait dire que personne ne lui a jamais dit quelque chose qui la fasse se sentir comme ça – ce sont les paroles d’une enfant désespérée, raille une partie de sa conscience.

- Q-Quand il n’y a personne je pense à vous et souvent… S-Souvent vous êtes le quelqu’un avec qui je voudrais être.  

Dilay relâche Vaast quand elle sent qu’elle doit tousser. Elle prend un instant pour inspirer, expirer, et puis réplique :

- Q-Que ce soit pas agréable ça veut pas dire que ça fait mal. C’était une analogie.

La façon dont Vaast demande qu’elle lui remonte les signes amuse Dilay. Si péremptoire ! Elle lui lance :

- O-Où est passé le « Professeur ? »

Cependant, elle signe d’abord à l’aide de ses deux mains en désignant d’abord Vaast, avant de dire :

- Ca, c’est pour demander de signer plus lentement. Mais que je le fasse va pas vous aider. Parce que vous lisez sur mes lèvres, oui ? Et on articule pas beaucoup, on articule même pas tous les mots, quand on signe. Alors vous pourrez pas vous aider de ça.

Elle a un petit sourire en coin, visiblement assez fière d’elle. Elle sait faire quelque chose que Vaast ne sait pas ! Et d’utile, de très utile avec ça. Ce doit être pratique pour un espion de savoir lire sur les lèvres, lentement ou vite. Jusqu’à un certain point. Dilay précise d’ailleurs :  

- P-Puis je vais vous dire : si un jour je vous comprends pas, parlez pas en articulant plus. Ou plus fort. Parlez plus lentement.

Combien de fois a-t-elle vu les visages se tordre en des moues improbables tandis qu’on s’appliquait à articuler chaque syllabe ? Elle a un reniflement de dédain à cette idée.

Dilay dégaine son carnet, y écrit exactement ce qu’elle a signé, avant de le tendre à Vaast puis de signer à nouveau, en décomposant ses gestes. Elle souligne ensuite chaque idée importante, et répète leur signe, plutôt satisfaite de faire travailler à Vaast un compliment qu’il doit à présent lire et relire.

- L-La question est toujours à la fin. Si y a pas de question, le verbe est toujours à la fin. Le sens vers lequel on signe indique de qui on parle si c’est d’une action. Si c’est vous. Ou moi. Ou quelqu’un d’autre.

Elle lui fait une démonstration « je vais », « tu vas », puis se glisse tout près de Vaast et lui fait signe d’essayer lui-même avant d’en profiter pour saisir ses mains et arranger la forme de ses doigts. Peut-être s’attarde-t-elle ainsi un peu plus longtemps que nécessaire.

Juste un peu.




Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

Badges:
Contenu sponsorisé
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Infos
Liens
Reput
  • Page 1 sur 5 1, 2, 3, 4, 5  Suivant
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum