[Mission] Tractations nocturnes

Le patron a l’air plus… non, il a l’air moins mécontent de me voir que ses collègues. Ils lui font d’ailleurs comprendre qu’ils préféreraient que je m’en aille séance tenante pour continuer la conversation. Mais Monsieur a à cœur, semble-t-il, d’écouter ce que ses espions ont à dire ! J’espère pour lui en tout cas, vu qu’il n’engage que nous pour protéger ses affaires… Sous les regards sévères de ces messieurs, je m’éloigne avec De Vegnie pour rester éloignés d’un invité trop indiscret qui pourrait se présenter là. Il précise que je suis une « fille à Alessandra », comme il dit que je suis « monté » ça doit être la patronne dans la cuisine. Ravi de connaître son nom, je pense que si une guerre se déclare dans cette ville j’irais directement chez elle pour m’assurer de ne rien craindre, oh Seigneur.

Une fois au calme, il me demande mon rapport. Je regarde autour de nous pour être bien sûre, y compris vers la cuisine où je me souviens bien avoir entendu le domestique m’implorer de ne pas venir. Je n’ai pas vu sa petite tête à travers l’encadrement de la porte, je pense pas qu’il veuille me voir l’accuser de corruption ! Mes vérifications d’usage faites, je me penche vers le patron et réciproquement.

- Effectivement, Monsieur. Je ne sais pas ce qu’il en est pour Erika, mais moi j’ai suivi un domestique qui avait l’air de recevoir des ordres étranges. Je l’ai suivi jusque dans les cuisines où il a demandé à… Alessandra, - c’est bien elle ? – d’aller plus vite pour préparer une « surprise » réservée à Madame Maizière.

Sans vraiment y faire attention, je m’en vais regarder dans la direction de cette Grande Rieuse qui continue de prendre du bon temps au milieu de… je n’oserai dire courtisans, donc je vais simplement les nommer « amis ».

- Dans l’escalier j’ai pu interroger ce gredin, il m’a dit que cette surprise était commanditée par vous, puis en rajoutant que c’était aussi financé par des amis de Madame, et que je devais garder le secret, quand j’ai menacé de vous en parler. Il m’a même proposé quelques pièces, et il était très très bien pourvu en or surtout pour un domestique. J’ai refusé et me voilà.

Je jette un dernier regard alentour, vers la cuisine surtout, manquerait plus qu’il m’écoute !

- Monsieur. En bas ils préparent quelque chose, à leur insu, qui a été grassement commandé par quelqu’un et dont vous ne devez pas être informé ! Voilà ce que je dis ! Mais vu que j’ai confronté ce maraud, leurs plans sont au moins bouleversés. Mais je vais rester vigilante !

Une fois donné mon rapport, je fais comme si De Vegni m’avait donné un ordre bien clair et que je devais me dépêcher de retourner au travail ! Maintenant que j’ai rempli ma tâche, pour l’instant, je dois m’enquérir d’Erika ! La pauvre, je l’ai vu parler à cette dame et je ne sais pas comment ça s’est passé ! Visiblement, elle est repartie et j’ai du mal à percevoir si ma camarade va bien ou pas. Attention, je dois rester prudente malgré tout. On est toujours sous couverture, du coup je récupère mon vieil ami le plateau et je viens près de ma cheffe officielle.

- Erika, tu pourrais me donner de quoi servir ces messieurs-dames s’il te plaît ?

D’un signe de tête je désigne la table où sont disposés tous les verres attendant d’être servis par notre talentueuse équipe. Aller, camarade, faut venir me dire comment ça se passe !

La tenancière incline la tête vers la dame avant que celle ci ne finisse pas disparaître dans la foule. Maintenant seule avec son plateau, elle réfléchissait à son nouveau plan pour ce soir. Pendant qu'elle faisait son service, Erika pensait à la façon de détourner l'attention. Elle ne voulait pas faire trop de bruit, mais elle ne devait pas faire trop calme non plus, sinon personne ne la remarquerait et la diversion serait ratée.

A chaque pas, elle avait une nouvelle idée. Et si elle faisait un discours ? Non, ce serait trop étrange et on penserait sans hésiter qu'elle était dans le coup du contrant volé. Déclencher une bagarre ? Non plus, il y avait tout de même des nobles, faire honte à de Vegni - même si maintenant, une légère pointe de rancœur apparaissait quand elle pensait à lui - ce n'était pas une bonne solution. Peut être pourrait-elle s'évanouir, comme lui avait finalement suggéré la dame. C'était une de solution les plus viables. D'abord, avec tout ce monde dans un si petit endroit, c'était presque étonnant que personne ne ce soit encore senti mal. De plus, Erika gérait tout le service de ce soir, la pression accumulée n'était pas à prendre à la légère, sans compter son travail en plus. Oui, c'était la meilleure solution.

Perdue dans ses pensées, elle évita de justesse de rentrer dans un groupe de personne. Elle s'excusa en inclinant la tête puis repartie. Intérieurement elle se sermonna pour son inattention mais ce ne fut que de courte durée. C'était plutôt parfait en réalité. On pourrait commencer à croire qu'elle fatigue ou ne se sent pas bien.

Elle fini par s'arrêter une fois le plateau vide et pris quelques secondes pour réfléchir. Comment allait-elle s'y prendre ? Au milieu de tous elle était sûre d'être vue. Avec un plateau à la main, elle ferait du bruit mais les petits fours finiraient écrasé par terre et nettoyer avec tout ce monde serait une tache compliqué, et le verre, trop dangereux. Elle pourrait agripper quelqu'un, ou du moins tomber en touchant quelqu'un, ça attirerait l'attention et avec un peu de chance, la personne pourrait crier.

Erika sentait qu'on venait vers elle et tourna sa tête vers Ros quand celle ci arriva à ses côtés. Elle prit quelques courtes secondes avant de sourire et d'hocher la tête.

- Bien-sûr, je te suis.

Elle montra le chemin du bras avant de lui emboîter le pas. Elle voulait d'abord savoir de quoi Ros avait entendu parler. On était jamais trop prudent, si quelqu'un était venu la chercher pour lui parler de ce qu'elle venait d'accepter, il fallait qu'elle soit au courant.

Une fois arrivé à la table, Erika posa également le plateau qu'elle tenait puis s'appuya sur une de ses mains sur la table, regardant son acolyte de la soirée.

- Comment ça s'est passé avec ton domestique ? Tu n'as pas eu de problème ?

Erika passa ses yeux sur Ros puis une idée lui vint. Ros était parfaite. Elle était un peu paniquée depuis le début de la soirée, avec un peu de chance si Erika tombait maintenant elle ne saurait pas quoi faire. Peut être qu'elle pourrait crier ? Pas sûre de ça, elle était domestique et semblait tout de même savoir se tenir. Mais elle alertera sûrement quelqu'un. Et si elle prenait en plus quelques verres en mains, elle pourrait peut être tomber correctement pour que les verres soit plus contre le mur. Ou alors elle poserait une main sur quelqu'un et le tour serait joué. Oui, c'était un bon plan. Dés que leur discussion sera terminé, Erika passera à l'action.

Bien, Erika a bien compris ce que je demande d’elle, c’est déjà ça ! Il faut rester discrète, Ros, discrète. Même si, je saurais pas comment le dire, mais j’ai l’impression que ça s’agite de partout dans la salle. Enfin, ça s’agite pas vraiment, mais quand je vois que dans la cuisine ça fait des cachotteries, que près des escaliers y’a une femme qui espionne peut-être, que le patron parle à des gens qui ont pas l’air de rigoler… J’ai l’impression que moi et Erika on est les seules qui complotent pas quand même ! Nous, les épieuses ! Me voilà donc, en train de trier les verres sur mon plateau, la plus appliquée du monde pour avoir le temps de tout expliquer à Erika, en espérant qu’elle me comprenne bien, je suis obligé de parler à voix basse.

- J’ai fait un rapport à De Vegni, le domestique de la cuisine est louche, très bien payé, pas par le patron je pense. Dans la cuisine il fricotait avec la cheffe pour préparer "une surprise", je l'ai interrogé et il s'emmêlait les pinceaux ! T'aurais dû voir ça ! Je pense que le patorn est sûrement allé le voir, il est parti vers la cuisine.

Je vérifie qu’autour de moi personne nous écoute, notamment un certain serveur. C’est un moment crucial de l’opération, Ros, c’est là que tout se joue et il faut redoubler de vigilance ! Je tiens à être payée moi. Le patron m’a dit que je serais récompensée, j’ai hâte de voir ça, il avait l’air content en tout cas. Mon plateau à demi rempli, j’ai encore le temps de demander à ma camarade si de son côté tout va bien.

- Et toi alors ? Tu as des infos ? Elle t’a raconté quoi la dame ?

Et oui je me souviens qu’elles ont eu une discussion toutes les deux. On dirait que ça s’est bien passé puisqu’elle m’a pas l’air trop tendue, mais elle peut aussi être très bonne actrice ! Je ne le saurais que lorsqu’elle me répondra. Maintenant, tout est dans les mains du Lumineux, j’ai fait mon travail, j’aurai ma paye, je peux souffler et me détendre un peu !

Erika écoutait tout en hochant la tête ce que le dit Ros. Elle faisait des gestes lent, pour deux verres que sa compagne posait, Erika n'en posait qu'un. Elle prenait son temps, agitant parfois sa manche comme si elle la replaçait, vérifiant si ses cheveux n'étaient pas trop défait.

Quand Ros lui annonça qu'elle a réussi à intercepter quelque chose de louche, elle soupira de contentement. Elle avait eu peur que ce domestique ne lui fasse du mal dans les cuisines. On ne sait jamais sur qui on peut tomber, et il suffirait qu'une bonne partie des domestiques soient dans le coup pour que ça tourne au vinaigre.
Elle haussa les sourcils quand Ros lui dit qu'il avait eu du mal à s'expliquer. La domestique n'avait pas l'air particulièrement intimidante, surtout qu'Erika connaissait son état d'esprit du début de soirée et elle avait eu peur qu'elle ne semble pas crédible face à sa cible. Visiblement, Erika avait eu tord, et Ros avait plus de ressource qu'il n'y semblait. En plus, qui était-elle pour juger quelqu'un sur l'apparence alors qu'elle même avait eu du mal a être prise au sérieux par ses clients quand elle était arrivée.

Erika pinça légèrement les lèvres. Blaise n'était plus dans la salle, c'était peut être le meilleur moment. D'après Ros il venait tout juste de descendre. Il ne fallait pas qu'elle attende trop longtemps pour agir, sinon, la femme pourrait le croiser en train de sortir des escaliers menant à la cuisine pendant qu'elle franchissait la corde vers l'escalier. Bien, pas le temps de bavarder de longue minute, il fallait agir vite.

- Oui, elle est venue.

Erika chassa l'air de la main.

- Elle m'a dit qu'elle avait du mal à respirer avec tout ce monde et me demandait comment je faisais gérer la soirée.

Un petit mensonge.

- Je lui ai expliqué que c'était une question d'habitude puis elle à dit qu'elle aimerait m'embaucher pour une de ses soirées et de lui expliquer comment je gérer celle ci.

Etait-ce crédible au moins ? Allez, il fallait lâcher un peu le morceau pour que ça puisse paraître vrai.

- Enfin c'était une façon de vouloir avoir des informations sur le contrat et la sécurité ce soir. Je lui ai dit que le contrat était bien gardé et que personne ne pouvait s'y approcher, et que je l'en déconseillais personnellement.

Elle posa le dernier verre et attrapa son plateau. Avec sa main gauche elle se massa légèrement les tempes. Un geste discret qui pouvait potentiellement faire penser qu'elle avait un de mal de crâne, ce qui était complètement faux. Elle souffla du nez et sourit en regardant Ros

- Vivement que cette soirée se finisse, je crois que je commence à bien fatiguer.

Erika inclina la tête, indiquant à Ros qu'elle allait partir. Elle sentit son cœur s'accélérait subitement. Elle le ressentait dans sa poitrine, dans son cou et dans la main qui portait le plateau. Elle fit quelques pas vers la foule et prit une grande inspiration, ses mains tremblaient légèrement. Il fallait que ce soit convainquant. Elle observa rapidement autour d'elle en se retournant vers Ros', qui allait-elle agripper ?  

- Ros' , d'ailleurs je...

Elle fit un pas vers Ros, légèrement chancelant, pour se rapprocher d'une des dames qui était en train de discuter. Elle expira tout l'air de ses paumons, mima un vertige qui lui permis de bousculer la dame avec son épaule gauche puis elle relâcha les muscles de son corps, pour que ce soit le plus naturel possible. Elle tentait tant bien que mal d'envoyer le plateau rempli à moitié vers le mur le plus proche et son corps se retrouva rapidement sur le sol. Elle entendit les verres se briser, laissa ses yeux fermé en attendant la réaction des gens autour. Elle avait sentit que la dame qu'elle avait bousculait s'était retournée, elle avait cru l'entendre rouspéter. Maintenant qu'elle était au sol, le temps semblait s'écouler lentement. Elle était presque redevenue calme, le temps de se perdre un peu dans ses pensées et d'analyser la situation autour d'elle.

Elle se sentit coupable pour Ros, mais elle savait qu'elle serait payée. Elle croisa intérieurement les doigts pour que tout se déroule correctement.

Quand Erika commence à parler, je m’aperçois que j’aurai pu développer un peu plus. Elle commence à tout me raconter dans les moindres détails ! Cette bien étrange dame serait donc venue taper la causette avec la serveuse. Oh je sais pas ce que j’aurais fait à la place de ma camarade. Probablement que je me serais décomposée sur place, à bafouiller, maladroite comme je suis. Attendez, la personne que vous surveillez du coin de l’œil vient vous voir, vous faites comment pour pas vous dénoncer tout seul ? Moi je ne peux pas. Pour ça que j’ai joué franc jeu avec ce satané domestique d’ailleurs. Vous imaginez que pour quelqu’un avec… mes compétences, c’est facile de mentir, d’improviser une histoire, je vous assure que non ! J’y arrive de plus en plus, certes, mais ça s’apprend, comme tout ! Oh mon dieu, que suis-je en train de dire…

Je me reconcentre sur ma partenaire qui dit quelque chose d’intéressant : cette dame avait effectivement dans l’idée de lui soutirer des informations. Mais une fois de plus je peux compter sur les épaules solides d’Erika ! Elle l’a embobinée ! Décrivant un contrat très protégé ! Ça c’est ma camarade ! Je suis si heureuse de faire ce travail avec elle. Toute seule j’aurai eu tant de mal. Est-ce donc ça la sensation de pouvoir compter sur ses pairs ? Je dois bien avouer que, depuis mon arrivée sur cette île, compter sur moi-même fut parfois la pure et simple clé de ma survie. Mais me reposer sur quelqu’un… puis-je vraiment en rêver ?

Mais soudain, la situation s’inverse. Me confiant qu’elle est fatiguée, je ne peux que partager son avis, jusqu’à ce que je la vois vaciller. Mon sang ne fait qu’un tour. La voilà qui tombe derrière le buffet. Je bondis, ne pouvant m’empêcher de crier « Erika ! » ce qui alerte bien évidemment une bonne partie de la salle. L’être humain semble si rapide à reconnaître une âme en détresse. Je pourrais trouver cela poétique si je n’étais pas en train de mourir d’inquiétude pour ma camarade, je n’ose encore l’appeler mon ami, qui git au sol, abattue par l’épuisement, la chaleur, ou je ne sais quoi d’autre. L’aurait-on empoisonnée ? Cette ignoble femme l’aurait-elle éliminée pour ne pas l’avoir aidée plus que cela à accéder à ce fichu contrat ? Tant de possibilités qui me tourmentent, je ne peux en vérifier aucune, condamnée à peut-être voir Erika souffrir d’un mal immense que l’on n’identifiera que trop tard peut-être !

- Aidez-la ! Je vous en prie !

Oui, c’est inconvenant, je le sais. Nous, domestiques, devons être d’une impeccable discrétion en toute circonstance, peu importe ce qu’il se passe. Le monde pourrait s’écrouler autour de nous, nos maîtres ne doivent jamais avoir à se rappeler qu’ils ont affaire à des êtres humains souffrant des mêmes maux qu’eux. On ne doit éprouver de peur que celle du bâton, de terreur que celle du renvoi, d’empathie que pour leurs malheurs, et de colère que pour leurs ennemis. Mais je ne peux pas m’y résoudre ce soir, pas après avoir ressenti cela, cette confiance en Erika. Je ne peux pas la laisser en danger, au milieu de cette salle, sans en appeler à l’humanité de tous ceux qui nous entourent. Je sais que c’est mal de me signaler comme ça, mais ô Lumineux faite que le cœur de ces grands personnages soit aussi animé de pitié pour le plus humble de leur prochain. Elle en a besoin !

Je mets un genou à terre près d’elle, lui prend la main, passe la mienne sous sa tête pour vérifier qu’elle ne saigne pas. Je ne sens ni sang, ni bosse, quelle nouvelle ! Ma respiration se calme, mais reste toujours douloureuse. Je continue de soutenir sa tête, essayant de savoir si elle est toujours consciente.

- Erika ! Erika, tu m’entends ? Erika, s’il te plaît ! Réponds-moi, Erika !

Oui, je m’enflamme sûrement un peu trop. Mais ce fut… si soudain ! Mettez-vous à ma place ! Autour de moi, j’entends, je sens que l’on s’agite, que l’on appelle, que l’on murmure, que l’on approche et observe. Mais moi, je n’ai d’yeux que pour Erika, guettant le moindre mouvement de sa paupière, le moindre signe qu’elle est toujours là, avec moi. Lumineux, sauvez-là je vous en prie.

"Erika". Ros joue son rôle à la perfection, peut être encore mieux ce que la tenancière avait espéré. Cependant, c'était bien loin d'être terminé. Elle avait déjà vu plusieurs personnes tomber dans des malaises, que ce soit à cause de l'alcool ou juste sur en étant sur le point de rupture. Son ancien patron lui avait appris a s'occuper d'une personne inconsciente. Une des premières règles étaient "Pas de mort dans l'établissement" et elle le comprenait si bien. Maintenant, elle devait réfléchir. Vu le bruit dans le salle, ça avait fonctionné, une bonne partie de l'attention devait être sur elle -peut être - et c'était maintenant la partie la plus délicate.

Deuxième appel de Ros', ça devait faire plusieurs secondes déjà. Attendre encore trop longtemps risquerait de paraître un peu trop étrange. Elle ne voulait pas faire courir de rumeur comme quoi on l'aurait empoisonné. Il ne fallait pas agiter la foule, mais la distraire.

Troisième appel, Erika se prépara à ouvrir les yeux. Elle savait ce qui allait l'attendre, Ros près d'elle - elle avait sentit la main de sa camarade - et des regards qui la fixait. Allez, la deuxième partie, c'est maintenant. Erika bougea ses yeux sous ses paupières, puis elle les ouvrit, avec une lenteur maîtrisé. Voyant tous les regards vers elle comme prévu, son sang ne fit qu'un tour. Ils étaient beaucoup, et elle n'avait pas l'habitude qu'on la fixe ainsi. Elle leva sa main vers sa tête pour se masser là où elle était tombée.

- Qu'est ce que...je suis tombée ?

Une impression confuse, c'était parfait. Elle passait son regard sur ses spectateurs direct, si elle retenait leur attention, alors elle retenait sûrement ceux de derrière qui se demandait ce qu'il se passait. Elle se laissa aider par Ros' pour s’asseoir. Un regard, les gens commençaient a se désintéressé. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Elle bougea son épaule sur laquelle elle était tombée. "Aïe" fit-elle en bougeant l'épaule et les regards se tournaient à nouveau vers elle.

Elle se tourna vers Ros et expira un grand coup.

- Tu peux m'aider à me lever s'il te plaît ? Je pense que ça va aller.

Elle s'appuya sur la domestique pour se relever et une fois debout et se tourna vers l'assistance. Plusieurs minutes venaient de s'écouler et elle espérait que cela avait suffit.

- Mesdames, messieurs. Veuillez m'excusez d'avoir déranger votre soirée.

Elle inclina la tête vers la dame qu'elle avait bousculé.

- Mais ne vous arrêtez pas pour moi, que la soirée reprenne son cours, ne gâchons pas cette merveilleuse fête !

Noble aurait pu bien lui aller se dit-elle intérieurement. Mais les robes et tout le reste n'était pas vraiment son rêve. Elle s'inclina et recula vers la table où Ros et elle étaient avant "l'accident"

- Ca va aller, ne t'en fait pas. Je pense que c'est juste la pression de la soirée, gérer et surveiller.

Erika sourit calmement à Ros en lui posant sa main sur l'épaule. Si Erika et elle devenait plus proche dans le futur, peut être qu'elle lui racontera ce qu'il s'était passé ce soir. Mais la tenancière savait pourquoi on avait invité Ros a cette soirée et en cela, elle ne lui faisait pas confiance. Elle la trouvait gentille, travailleuse et déterminée, mais finalement, elles ne se connaissaient que depuis quelques heures, et peut être qu'elle ne se reverrons jamais, qui sait ?  

- Allez, remettons nous en selle. La soirée n'est pas fini, je vais demander a un domestique de nettoyer les morceaux de verre et on continue le service.

Une fois Ros repartie, Erika souffle un coup. Elle ne regarda pas une seule fois vers l'escalier, afin de n’éveiller aucun soupçons. Elle sera restait encore quelques instants à la table faisant mine de reprendre ses esprits, puis aura continué a faire exactement comme le reste de la soirée. Organiser son service du mieux qu'elle pu.