[Petite Annonce] Retrouvailles nocturnes [Ft. Shayda]

L'homme soupire une dernière fois en vérifiant que son habit est correct devant un petit miroir dans la maisonnée qu'il habite dans les plus vieux quartiers d'Hikmet. Glissant le dos de sa main sur les derniers plis de ses vêtements un peu plus colorés qu'habituellement, signe d'une tenue civile qu'il ne porte plus assez, même si cela n'est pas pour lui déplaire. Des petites attentions qu'il avait presque oubliées tant cela fait longtemps qu'il préfère porter sa tenue d'expédition hors des murs de la ville. Mais pour une fois, cette soirée est différente. Une invitation faite à une ancienne amie revue quasiment par hasard entre les murs de cette cité présente sur un autre continent, pratiquement sur un autre monde tant les problématiques et les questions y sont différentes. Et l'occasion aussi de profiter des retrouvailles et d'échanger sur fond d'un évènement sympathique, presque bon enfant. Un terrain neutre et calme, parfait pour rattraper les années perdues, ou poser les bases de celles à venir.

Sa longue tunique semble parfaite, du moins à ses yeux novices de toute idée de mode et de sorties mondaines et qui n'a eut l'occasion d'une telle soirée depuis un long moment. Mélange d'un bleu sombre, qui n'est pas sans rappeler un ciel nocturne clair et d'un jaune doré proche d'un éclatant soleil d'été. Une ceinture d'un tissu au teint beige servant à maintenir le vêtement en place et l'ajuster à sa corpulence. S'estimant ainsi prêt, le cartographe ajuste une dernière fois son vêtement en tirant dessus pour enlever les derniers plis avant de s'aventurer dans ce qui est, il faut l'admettre, un très joli crépuscule.


Bien sûr, il est en avance. Salastar est toujours en avance, particulièrement ponctuel. Mais une telle ponctualité lui permet aussi de flâner légèrement, d'observer le décor et de profiter de ce ciel nocturne qui s'annonce parfait pour justement observer les étoiles, ce qui est après tout le programme de la nuit. Un léger sourire étirant ses traits à l'idée de passer une agréable soirée et probablement de tout aussi agréables conversations, le blond trainerait presque le pas. Non pas car il ne souhaite pas y arriver, mais simplement parce que pour une fois, il décide de prendre son temps pour le faire. C'est si rare qu'il s'accorde ainsi le temps de faire les choses tranquillement, calmement, alors il en profite. Cela ne l'empêchera pas d'arriver avant la majorité du monde, voire même avant Shayda, mais cela lui permet d'oublier un peu la tension de ces derniers jours, de ces dernières semaines. Même de laisser un peu de côté les problématiques liées à son travail et ses missions. Pour quelques heures, éloignées les idées à propos des natifs qui s'avancent un peu trop proche des murs de la ville, du rationnement qui plane au-dessus de toutes les têtes. Oubliés les soucis de reconnaissance du terrain et les incompréhensions de cette terre qui n'est pas la leur et qui pourtant doit les sustenter.

L'esprit vide et les pas légers, le regard calme sous cette voute étoilée qui se déploie tranquillement, le cartographe rejoint ainsi sa destination. Comme de prévu, il est parti les premières personnes présentes, si ce n'est le personnel de la Guilde des Astronomes qui installe justement les télescopes et réalise les derniers réglages pour s'assurer que tout soit parfait à l'arrivée de la majeure partie du public. Les éclairages de la ville s'allument, volontairement laissés faibles aux alentours de ce point de rassemblement pour la durée de la nuit, afin de permettre aux curieux d'observer plus clairement les étoiles s'offrant à eux. Ces derniers ne manquent pas à arriver par petits groupes. Quelques enfants passionnés qui tirent pratiquement leurs parents qui souhaiteraient avoir quelques heures de repos plutôt que de se trouver là, mais une majorité de simples passants attirés par les lumières tamisées, ou de curieux qui attendaient avec une certaine impatience l'évènement.


Finalement, une tête puis un corps qui lui sont plus connus finissent par se démarquer de la petite troupe qui s'assemble. Plus que Salastar n'aurait imaginé, sans pour autant être nombreux au point de se marcher les uns sur les autres. Si les télescopes s'annoncent pris d'assaut pour toute la nuit afin de contenter les regards curieux et les yeux brillants d'espoir, la place est bien assez grande pour tous les accueillir confortablement. Et si jamais le regard n'est pas attiré par les astres, la ville en contrebas de ce perchoir sur les hauteurs de la ville n'est pas sans un certain charme aussi, pour ceux qui apprécient ce genre de natures mélancoliques. Et c'est en chassant ces pensées d'un léger mouvement de tête que le soldat se glisse entre quelques passants pour rejoindre son amie, offrant à cette dernière l'un de ses rares sourires en prenant la parole à mi-voix pour ne pas troubler le murmure constant des conversations les entourant, certaines un peu trop passionnées déjà pour le bien de leur auditoire proche.

-"Bonsoir Shayda, cela faisait longtemps ! J'espère que tu vas bien, et je vois que tu es toujours aussi radieuse."

Tout en parlant, l'homme glisse de nouveau le regard sur son amie avant de remonter à son visage, la dernière partie de sa phrase étant à la fois une légère taquinerie et à la fois sincère. En effet, leur rencontre ne s'est après tout pas faite dans les lieux les plus propices aux démonstrations de mode. Et pourtant, Shayda a toujours su garder une certaine dignité et un certain sens vestimentaire, même au milieu de l'enfer qu'ils ont pu connaître. Un talent que tous ne possèdent pas, et que Salastar lui-même ne peut que contempler de loin tant cette idée lui semble inatteignable. Et justement, il continue bien rapidement sur sa lancée, se glissant aux côtés de la demoiselle pour trouver un lieu où s'installer.

-"C'est en tout cas un plaisir de te revoir. Comment trouves-tu la ville alors, maintenant que tu commences à t'y être installée plus confortablement ?"

Et aussi ce qu'elle peut bien lui reprocher, même si la question est déjà sous-jacente. Un bon moyen de faire la conversation... Et aussi de découvrir ce que la femme peut bien penser de cette ville, si proche de ce qu'ils connaissent, mais néanmoins si exotique sur certains points.