Le Comment du Pourquoi (PV Dilay)
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A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Le Comment du Pourquoi
Ft. Dilay
Le soleil caché par les épais nuages laissait la forêt dans une moiteur hivernale froide et pesante, même en ce début d'après-midi. Et je dois dire que cela correspondait quelque peu à mon humeur du moment. Pensive, marchant lentement entre les bosquets, j'étais préoccupée par de nombreuses pensés m'apportant autant peine qu'inquiétude. Je revenais de Vighulgsob, après avoir passé quelques jours à soigner leurs blessés à leur demande, leur guérisseur étant absent. Je savais qu'ils étaient en conflit avec les renaigse qui habitaient leur région, mais ce que j'avais appris la bas m'avait fortement choqué. En soignant un de leur guerrier, une personne pleine d'énergie du nom de Cuan, j'avais appris que les layons volaient leurs morts. Impensable. Comment pouvaient ils oser une telle sauvagerie, digne seulement des charognards ?
Cela m'avait fortement troublé, d'autant plus qu'à côté de notre village nous avions laissé s'installer un groupe de layons. Pas des guerriers, mais des sages qui cherchaient à apprendre. J'étais très inquiète, autant que j'étais en colère d'un tel irrespect. Cela n'était digne de personne, même d'ennemis. Je m'étais un peu plus renseignée auprès du Mal du village pour vérifier si cela était vrai. En effet, il y avait bien des layons, portant des masques d'oiseau et habillés de noirs qui prenaient sur les champs de bataille certains de nos morts. Pas tous, mais quelques un quand même, que leur famille ne pourront jamais revoir pour faire leur deuil et effectuer les rites d'embaumement. Mais pourquoi faisaient il cela ? Les renaigse sont étranges mais... de là à voler les morts des autres ? Est ce une nouvelle façon de vouloir nous humilier, comme si le fait de vouloir prendre nos terres ou bien capturer les nôtre n'étaient pas suffisant ?
Dans la forêt, j'étais bien morose. Ces renaigse qui ressemblaient à des corbeaux (du moins c'est comme cela que les renaigse semblaient les appeler) étaient les seuls à voler les morts. Je ne comprenais pas pourquoi, mais il y avait plus inquiétant. Est ce que les layons qui étaient chez nous avaient aussi des corbeaux, et comptaient ils voler également nos morts ? Jusqu'à présent ces layons avaient été respectueux de notre village, observant de loin et s'informant uniquement sur les plantes et la faune, ou ce que nous mangions à la rigueur. Faisant partie de ceux qui devait surveiller leur activité, je ne pouvais pas croire qu'ils faisaient partie de ces voleurs indignes. Et pourtant... on ne sait jamais avec les renaigses, ont les dit si fourbes et irrespectueux. J'étais tiraillée. Je savais que mon devoir était d'informer mon Mal ainsi que le reste du Conseil du Clan, ne serait ce que pour savoir comment protéger nos morts si cela devait arriver. Mais d'un autre côté, rien jusqu'à présent ne montrait que les layons que nous avions acceptés allaient agir ainsi. Après tout, jamais une seul fois je n'avais vu un de ces corbeaux parmi eux.
Au loin je voyais les quelques fumées des feux de mon village, annonçant mon arrivée prochaine. Je m'arrêtais sur le chemin, devant prendre une décision. Je regardais la direction de mon village, puis celle du campement des layons qui n'était pas très loin. Devais je aller directement prévenir le village, ou bien essayer d'en savoir plus ? Les layons de chez nous étaient d'une certaine manière ouverts, peut être qu'ils auraient des explications. Et peut être aussi qu'ils s'indigneront de tels procédés, nous dire que cela ne concerne qu'une minorité qui est aussi honnie de leur clan. Je voulais comprendre, sans doute aussi essayer de me rassurer. Mais je devais aussi à ce groupe de layons le bénéfice du doute, car le village sera sans doute beaucoup plus méfiant et hostile à leur égard quand la chose se saura. Leur laisser la possibilité de se défendre et de se montrer qu'ils ne sont pas de tels monstres me semblait équitable et juste. Au moins pour ceux que je connaissais bien, comme Mitra.
Je repartais d'un pas plus décidé, cette fois ci déviant vers leur campement. Je quittais le chemin principal, passant entre quelques rochers et petit ravin pour ensuite remonter un peu plus vers les hauteurs. Je voyais vers le ciel s'élever la fumée de leur campement, annonçant que je n'étais plus très loin. D'ailleurs, à quelques dizaines de mètres de là, je fus acceuillie par des layons en armes, avec leurs bâtons qui crachaient du feu et du fer. J'étais une habituée du campement, mais comme certains changeaient je devais fréquemment me présenter de nouveau. Les visages que je voyais ici n'étaient pas familier. Avançant tranquillement et ne frémissant pas à leurs visages qui se refermaient, je m'exprimais dans leu langue avec douceur mais décision. Seul mon accent un peu fort et roulant les r pouvait rendre la conversation moins agréable pour eux.
"Beurd tír to mad, Layons. Je suis Elatha, Doneigad de Wenshaveye. Je souhaiterai parler à Mitra, ou bien à toute autre personne qui dirige votre groupe en ce moment. C'est important."
Je leur souriais légèrement, espérant que cela leur montrera que je ne viens pas avec des pensés belliqueuses. Inquiète et pleine de confusion oui, mais envie de les transpercer avec des racines non. Pas encore.
Alix
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Feat Elatha
Une poignée de tentes posées juste à côté des bois, toutes tournées vers un large âtre. C’est à ça que ressemble le campement de Dilay et de ses collègues. Les étoffes chatoyantes des tentes tranchent sur la pierre terne des habitations des natifs, dont le village est si proche que la mathématicienne ne sait jamais si on les a fait s’installer ici pour les surveiller ou leur montrer une forme d’hospitalité.
Pas qu’elle s’en soucie réellement. Elle n’a pas encore eu affaire à un seul Natif local hostile. Chargée de la protection du camp, son principal problème est généralement de le protéger contre les créatures qui peuvent sortir des bosquets tout proches. Et c’est justement parce qu’on lui a indiqué que des ulgs commençaient à s’amasser au nord que Dilay a dégainé son arme. Assise à l’entrée du campement, elle nettoie la chambre avec application, tandis que deux de ses camarades discutent avec agitation, chacun un fusil en main.
Ils ne savent pas bien s’en servir et Dilay n’a pas accepté leur présence à ses côtés mais elle leur laisse caresser l’idée de jouer aux aventuriers. C’est qu’il n’y a pas grand-chose à faire aujourd’hui. Il fait gris. Tout le monde craint à grain. Les ulgs dissuadent de toute incursion trop profondément dans les bois. Mitra a été invitée à un repas avec la famille du tanneur natif qui se montre si loquace avec elle et n’a pu glisser avec elle que quelques rares élus. Les autres rongent leur frein.
Pas Dilay. Elle n’éprouve aucun intérêt à aller tailler le bout de gras avec les locaux et se réjouit bien plus de sa prochaine balade en forêt. Il faudra simplement se protéger du mauvais temps. La pluie ne dérange pas la mathématicienne. La boue, en revanche… Elle a mis ses bottes les plus hautes, à espérer que ce soit suffisant.
Quand une Native s’approche du campement, Dilay ne lui adresse pas un regard. Bien protégée par la visière son chapeau, elle continue de préparer son matériel avec application, imperméable à ce qui se dit autour d’elle.
Les deux chercheurs, eux, regardent Elatha arriver et quand elle s’adresse à eux, ils échangent un regard. L’un d’eux désigne Dilay du menton.
- En l’absence d’Hassan…
Il commence, mais son partenaire l’interrompt.
- On devrait plutôt appeler Basir.
Le nom fait finalement relever le nez à Dilay avant de la faire se redresser tout court. Son fusil, gueule ouverte, sur l’épaule, la mathématicienne fait quelques pas pour se planter devant Elatha. Il lui semble avoir déjà vu cette Native là discuter avec Mitra, pas qu’une fois même. Mais Dilay n’a pas de mémoire pour les visages ou les noms, surtout quand elle ne leur prête guère attention.
- C-C’est à quel sujet ?
Elle grommelle à l’attention d’Elatha avant d’adresser un regard noir à celui qui a suggéré de faire venir Basir. Aucune raison de gâcher sa journée en lui faisant croiser le biologiste.
Invité
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Ft. Dilay
Ils semblèrent hésitant. Hassan n'était pas là, mais ça je le savais. Nous avions parlé avant son départ et je savais qu'il ne serait pas au campement pendant plusieurs jours. D'où le fait que j'avais demandé à parlé à Mitra, vu qu'elle est l'une des personnes qui était tout le temps présente. L'un des layons mentionna le nom de Basir, et mon regarde s'illumina. Je le connaissais bien, il étudiait les plantes et était une personne des plus agréable avec qui converser. Sans aucun doute qu'il pourra m'aider. Pleine d'espoir, je les encourageais à me diriger vers lui.
"Basir ? Je le..."
Je n'eu cependant pas le temps de terminer ma phrase qu'une layon avec une de ces armes de feu et de métal s'avança pour m'interpeller. Je la connaissais, du moins de loin. Elle faisait partie de ces layons qui restaient de façon permanente au campement, comme Mitra ou Basir. Mais je ne lui avais jamais parlé. Tout simplement parce qu'elle n'avait jamais cherché à converser avec moi, mais aussi parce qu'il était évident qu'elle cherchait plutôt à éviter les notre. De ce que les autres villageois ont pu me rapporter, ils l'avaient toujours vu de loin dans la forêt mais jamais près du village. Cela inquiétait un peu les chasseurs, craignant qu'elle ne perturbe les animaux de notre forêt ou bien ne tue de façon chaotique, mais rien de cela n'avait été observé.
Je me trouvais donc devant cette femme qui parlait de façon étrange, et qui avait l'air d'être en charge. Cela ne me plaisait pas forcément, car le sujet si délicat de conversation que je devais avoir serait plus facile avec quelqu'un que je savais prévenant envers notre peuple. J'hésitais presque à dire que je reviendrais plus tard... Mais bon, pour une fois qu'elle venait parler d'elle même à l'un des nôtres (moi en l'occurrence), je n'allais pas le lui refuser. Et qui sait après tout, peut être qu'elle se montrera plus ouverte et prête à discuter que ce que son attitude ne laisse présager par le passé. Avec calme et toujours d'une voix douce mais affirmée, je lui expliquais le sujet de ma venue.
"Je dois parler d'un sujet important qui pourrait avoir des conséquences pour Wenshaveye et pour votre campement. J'ai appris quelque chose de très... déroutant et inquiétant pour notre peuple. Mais avant de les alarmer, je dois en savoir plus. Car cela concerne des actions de votre peuple, les Layons."
J'avais choisi d'être assez évasive sur le sujet tout en mettant l'emphase sur le fait que c'était important parce que cela les concernait. Je ne voulais pas parler du sujet devant n'importe qui, et surtout que l'information ne soit par mégarde véhiculée aux gens du village sans que cela soit vu avec le Mal ou le Conseil avant. Venant des Layons il y avait peu de risques, mais on ne sait jamais.
Alix
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Feat Elatha
Dilay, absolument imperméable à tout sous-entendu, hausse simplement les sourcils en dévisageant Elatha. Le message que la doneigad veut s’entretenir en petit comité, non exprimé verbalement, ne parvient pas à la mathématicienne qui se demande simplement ce qui peut être aussi important. Elle jette un regard derrière l’épaule d’Elatha, s’attendant presque à voir à ses côtés d’autres membres de son village. Mais non. Elle est seule.
Dilay adresse une œillade à ses deux comparses chercheurs. L’un d’eux déclare :
- Le Professeur Hassan n’est pas là. Si c’est très important, il vaut mieux attendre son retour.
Même si Dilay approuve à moitié, la façon dont la doneigad formule les choses laisse entendre qu’un danger pourrait planer sur l’équipe, et si c’est le cas, attendre qu’Hassan revienne d’Hikmet pourrait laisser la menace grandir.
Dilay préfèrerait que personne ne s’exprime de façon aussi cryptique. Si c’est grave, qu’on l’annonce sans préambule.
- Q-Quel est le problème ?
Demande simplement et frontalement la mathématicienne. Les actions de leur peuple ? Est-ce que l’Alliance a lancé une offensive contre le village Natif hostile ? Si c’est le cas, Dilay songe qu’elle en aurait probablement entendu parler. Ça n’avait pas l’air au programme la dernière fois qu’elle a discuté avec des gardes d’Hikmet.
Invité
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Ft. Dilay
La situation semblait encore plus mettre dans l'incertitude ces renaigses. Les deux guerriers semblaient vouloir attendre le retour d'Hassan, ce qui en soit me convenait parfaitement. C'était un homme sage, qui essayait de comprendre Tir Fradi. Nul doute qu'il acceptera de m'aider. Pour autant, cela ne semblait pas plaire plus que cela à la femme au bâton de métal et de feu, qui insista pour en savoir plus. Mes yeux claires se plantèrent alors sur elle, la scrutant comme si je la jaugeais.
"Mh..."
Pensive, je pesais le pour et le contre. Devais je lui en parler ? Elle faisait partie de ces layons sages qui essayaient de comprendre notre peuple, pour autant elle n'avait jamais essayé de rentrer en contact avec nous. Ses intentions ne sont pas claires, ni vraiment aimable ni clairement hostiles. Je n'avais aucune idée de si je pouvais lui faire confiance et surtout si elle allait répondre à mes questions. Pourtant, je ne pouvais retarder le moment où je devrais en parler à mon clan, je devais avoir le plus d'informations possible. Et puis... s'ils refusent de me répondre ou bien rejettent ma demande avec mépris et complaisance, alors c'est peut être qu'ils ne valent pas la peine que je prenne des précautions pour eux. Cela me chagrine quelque peu, surtout pour Basir et Mitra. Mais bon, je ne me sens pas de rebrousser chemin, il faut tenter la chose. Je parlais de nouveau, fixant toujours la jeune femme layon sans ciller, exprimant mon problème de façon factuelle en essayant le plus possible de ne pas montrer d'émotions ni de dégoût. Les layons n'aiment pas ce genre de choses.
"Votre peuple vole nos morts. Et c'est grave pour nous. J'ai le devoir de prévenir les miens, mais avant de leur en parler je dois être certaine de bien comprendre le pourquoi et le comment. D'où ma venue ici pour en discuter avec l'un des vôtres. "
J'espérais que cela serait suffisant pour éclaircir le problème, mais peut être qu'ils allaient penser que j'essayais d'en savoir plus pour les mettre en porte-à-faux. Aussi je reprenais en explicitant un peu plus mes intentions.
"Je ne souhaite pas accuser des innocents, tout comme je ne souhaite pas laisser dans l'ignorance et le danger les nôtres. Vous êtes des sages parmi les Layons, j'espère que vous comprenez mes intentions. "
Cette conversation, selon moi, ne pouvait qu'aider nos deux groupes. Nous à bien faire la différence si nécessaire, et eux à prouver leur bonne foi autant que patte blanche. Mais pour cela, faut il encore qu'ils pensent que voler les morts est une chose "mal". On ne sait jamais avec ces layons...
Alix
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Feat Elatha
Dilay fixe Elatha tandis que la Native exprime la raison de sa présence. Immédiatement, la mathématicienne sent son visage se renfrogner. Voilà autre chose. Ses deux collègues ont l’air eux surpris pour l’un et un rien méfiant pour l’autre.
- Vos morts ? On n’a pas touché à vos morts ! Je sais même pas où vous les mettez.
S’exclame l’un des hommes.
- E-Elle parle pas de nous, ici. Elle parle de gens à Hikmet.
Explique Dilay dont les souvenirs de la conversation avec le natif rouquin la font grincer des dents. La cause de son blâme. Celle de sa dispute avec Basir. D’une grosse partie de ses foutus ennuis depuis un moment. Elle n’a pas envie de l’évoquer, encore moins devant une Native qui est probablement venue les sermonner. Si elle est aussi dure de la feuille que son comparse roux, la situation risque de vite devenir tendue…
Dilay expire. S’énerver ne servirait à rien. Cette femme a visiblement pris le parti de se considérer comme dans un grand lot avec les membres de son peuple, et de ne pas faire plus de nuances avec l’Alliance. C’est une démarche que Dilay n’apprécie pas, elle qui ne se sent pas particulièrement proche de ses compatriotes et n’aime jamais qu’on la présente avec eux dans un « vous », comme un monolithe.
- Vous voulez discuter de quoi e-exactement ? On est respectueux de vos coutumes, ici. On parle même pas du même village.
Peut-être que cette femme a de la famille dans le village des natifs hostiles et c’est pour ça que ça lui tient à cœur ? Les deux collègues de Dilay semblent un peu confus. Aucun des deux n’a connaissance de ces vols de cadavres, visiblement. Dilay n’a pas senti le besoin de leur transmettre l’information. Ils sont jeunes et ils sont bêtes, de l’humble avis de la mathématicienne, bien qu’il y ait une part d’affection dans cette affirmation. Ils effectuent leur travail avec passion et dévotion. Inutile de leur remettre le nez dans tout ce que le Pont peut mal faire.
Invité
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Ft. Dilay
Les protestations fusèrent, mais ce qui me choqua le plus dans leurs réactions ne fut pas le fait qu'ils se disaient innocent. Non, c'est qu'ils n'avaient pas l'air de croire la chose impossible. Ils savaient. J'eu un léger frisson, réfrénant une expression de dégoût autant que de stupéfaction. J'avais l'impression que mes veines se changeaient en rivières gelées. La jeune femme semblait d'une certaine manière exaspérée, ou impatiente du moins. J'essayais de rester calme et de prendre sur moi l'envie de faire éclater mon indignation, répondant d'une voix posée mais légèrement froide et distante.
"Je sais que vous nous avez rien fait. Mais le fait que vous ne soyez ni surpris ni même horrifiés par de tels actes montrent que vous êtes au courant. Vous pourrez donc m'en dire plus. "
Je n'allais pas les accuser ni même m'insurger contre de telles pratiques en leur demandant des comptes, alors que comme ils disaient ils n'avaient jamais volé un seul de nos morts. Pour autant, notre confiance n'était acquise qu'envers certains individus, et aucuns n'étaient présents ici. Pouvais je faire confiance à leur dires ? Peut être pas... Mais je devais au moins leur faire comprendre que le risque n'était pas nul, car leur groupe n'était jamais constant.
"Vous n'avez rien fait à nos morts, mais cela ne veut pas dire que d'autres layons qui pourraient venir en dehors de votre groupe en feront autant. Nous faisons confiance à Hassan, mais il y a souvent d'autres layons qui viennent et repartent..."
Les renaigse sont selon de nombreux dires (et de nombreux actes) fourbes et menteurs. Même entre eux. Qu'un de ces layons aux mauvaises intentions s'infiltre dans leur groupe pour effectuer de tels actes, c'était tout à faire possible. Surtout que nous n'étions pas tout le temps à les surveiller. Ma méfiance et ma prudence étaient, du moins à mes yeux, tout à fait légitimes. Et je me trouvais déjà assez généreuse de faire un geste envers eux pour qu'ils puissent se prévenir de représailles de notre clan.
"Tout ce que je souhaite c'est discuter pour comprendre de telles actions, et avoir tous les éléments qui peuvent prouver que vous tiendrez parole en nous respectant. Ainsi je pourrais prévenir mon clan sans que certains ne viennent s'en prendre à vous ensuite, tout en faisant le nécessaire pour que l'on puisse protéger nos morts."
C'était donnant donnant, ou plutôt gagnant gagnant. Ils me donnaient des informations pour mieux comprendre les raisons de tels actes, ce qui pouvait prouver que eux ne feraient jamais cela, et en échange ils pouvaient éviter le potentiel courroux de Wenshaveye. Bien sûr, certains seront pendant un moment plus méfiants, mais c'est mieux que d'être pris à parti et agressé. De mon côté, j'avais des connaissances, évitais un conflit ouvert avec les renaigse de notre région et aidais mon clan à protéger ses morts. Je me sentais légitime, et posais donc de nouveau la question à la jeune femme.
"Acceptez vous de discuter avec moi et de m'expliquer ?"
Alix
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Feat Elatha
Les deux chercheurs qui accompagnent Dilay ont effectivement l’air de tomber des nus. L’un proteste :
- Mais on y est pour rien à votre histoire.
Dilay, elle, écoute la doneigad parler jusqu’au bout, tandis que son expression se fait gardée. Elle fait craquer son cou dans un bruit sinistre.
Ses camarades ne savent pas. Mais elle…
- U-Un Natif m’a dit que y a des gens du Pont qui prennent des cadavres de son clan sur le champ de bataille. Vous êtes pas du même clan que lui. Et on est pas en guerre.
Signale Dilay en fixant la femme en face d’elle. Elle fronce franchement les sourcils, et de blasée son visage se fait franchement hostile. Qu’est ce qu’elle raconte ? Des membres de son clan qui viendraient s’en prendre à eux ?
- C’est une menace ?
Demande simplement la mathématicienne. Elle n’aime pas les mots voilés, les tournures de phrases compliquées…
- Ha-Hassan a été très clair dès le début : notre petite o-opération là va dans les deux sens.
C’est un échange de bonne foi des deux côtés. Une tentative d’établir un dialogue. Est-ce que cette femme est simplement du même genre que le rouquin ? A souhaiter la perte de tous les étrangers ? Dilay préfère s’abstenir de la généralisation – elle veut voir les gens comme des gens, pas comme des bouts d’un collectif. Ce que la doneigad n’a pas l’air de faire. Elle les associe à une situation à la fois lointaine et hors de leur contrôle.
- De ce que le Natif a dit, ouais, y a des gens qui prennent des cadavres. Comme vous le dites on dirait que des membres du Pont s’in-introduisent la nuit dans vos ci-cimétières pour les piller. C’est faux. Ils se considèrent en conflit avec le clan près d’Hikmet et c’est ré-réciproque. On s’est pas montrés hostiles envers vous alors que notre premier contact avec des Natifs a été que ça. Hostile. Vous avez rien à voir avec ce clan. On a rien à voir avec les gens qui font ça.
Dilay bute sur les mots et les grommelle plus qu’elle ne les articule. La situation l’irrite. Elle est responsable de la sécurité de ses pairs – et ses deux collègues la dévisagent avec circonspection, sans encore comprendre de quoi il retourne. La mathématicienne a l’impression tenace que la doneigad est en train de se servir d’une information, de l’enfler hors de proportions raisonnables, puis de s’en servir comme un levier avec… quel but en tête ? Veut-elle les faire partir en leur faisant peser la menace d’une attaque de son clan ? Les Natifs de Wenshaveye ont été dans leur grande majorité totalement désintéressés par l’existence des chercheurs après un certain moment, comme on peut s’y attendre de la part de gens qui ont autre chose à penser. Dilay les imagine mal prendre les armes mais peut-être cette femme représente-t-elle un groupe particulièrement hostile ?
- J-Je peux vous dire pourquoi le Pont prend des ca-cadavres. Pas qu’à vous. Ils en prennent aussi dans leur propre peuple. Ce qu’ils en font, et à quoi ça sert. Mais seu-seulement si c’est un échange de connaissances cor-cordial.
Après tout, si cela va dans les deux sens, Dilay peut effectivement donner l’occasion aux Natifs de comprendre, même si elle doute qu’ils cernent bien l’intérêt de la pratique. La plupart des gens, hormis des scientifiques qui y ont recours, ont tendance à ne pas savoir qu’en penser non plus.
Invité
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Ft. Dilay
La renaigse en face de moi semblait prendre la mouche, et c'était avec une certaine stupéfaction que je l'entendais complètement mal comprendre ce que j'avais dit. C'était totalement l'inverse de mes intentions ! Pire, elle était à présent sur la défensive et semblait presque m'accuser de vouloir leur nuire ou les menacer. Avec de grands yeux effarés, je perdais un peu mon calme en m'exclamant avec plus de chaleur.
"Menace ?! Mais... Est ce que vous n'avez pas compris ce que je vous ais dit ? Je viens pour vous aider ! "
Je sentais une certaine frustration, voir une injustice à l'entendre. J'avais aidé Hassan de nombreuses fois, même pour convaincre les autres personnes du clan de les laisser venir. Et depuis j'avais toujours été là pour faire l'intermédiaire, pour les aider à comprendre, à nous respecter tout en faisant leurs recherches. Basir et Mitra le savaient, pourquoi est ce qu'une personne comme elle qui était tout le temps ici pouvait croire que je venais pour leur nuire ? Je ne comprenais pas, et me demandais même ce qu'elle pouvait faire ici si elle souhaitait si peu être en contact avec nous. C'était presque suspect. Mais bon, j'avais autre chose en attendant à régler avant de penser avec inquiétude à l'attitude de cette renaigse. Mon indignation n'était toujours pas calmée, et je ne pouvais m'empêcher de défendre avec ardeur mon propre cas.
"Pourquoi est ce que je viendrais pour vous nuire, alors que depuis le début je vous aide à communiquer avec les nôtres et à pouvoir rester près de notre village ? Hassan pourra vous le confirmer, et je ne suis pas de celle qui revient sur ses promesses."
Peut être que pour les renaigse les promesses ne voulaient rien dire, mais pour nous c'était une chose sacrée. Je soupirais intérieurement, regrettant qu'Hassan, Basir ou bien Mitra ne soient pas là pour m'écouter. Eux au moins sauraient et comprendraient. Je me demandais vraiment si cela valait la peine de continuer cette conversation, mais la jeune femme semblait accepter tout de même de me parler des actes des siens, bien qu'elle réclamait de pouvoir demander des choses en retour. Pour autant, je n'étais pas à l'aise qu'elle continue de croire que mes intentions étaient de les accuser. Inspirant profondément, je prenais sur moi pour calmer ma frustration et retrouver un peu de calme, pour expliquer de nouveau pourquoi je venais leur demander une telle chose. Et pourquoi cela était dans leurs intérêts.
"Je me répète, je sais que vous n'avez rien fait. Je sais que vous êtes des sages venus pour apprendre, pas pour combattre. Mais les autres ne le savent pas ou ne le comprennent pas. Ils ne vous connaissent pas, ne vous comprennent pas et ont peur. Comme une biche acculée qui peut se retourner contre le chasseur dans la panique, ils peuvent par peur devenir plus agressifs pour défendre ce que nous sommes. "
Je ne pensais pas que les miens allaient les attaquer, car nous étions un village de guérisseurs pacifiques. Au pire peut être les empêcher de rentrer du village ou de l'approcher, ou bien faire en sorte que plus personne ne leur parler. Mais on ne sait jamais quand la peur est là, les accidents sont toujours arrivés. Pour peu qu'un guerrier ou qu'un chasseur décide de faire justice lui même, les choses pouvaient mal tourner. Selon moi, expliquer pour les rassurer était la meilleure des solutions.
"C'est pour ça que je viens vous poser des questions. Pour mieux comprendre et leur expliquer, pour les rassurer sur vos intentions et que vous êtes différents de ces renaigses qui volent nos morts. Je suis pour la paix et le respect entre nous, et je préfère éviter un conflit en leur parlant directement plutôt qu'ils n'en entendent parler par des rumeurs et prennent peur sans comprendre."
La chose à présent dite, j'en revenais sur le fait de répondre à ses questions en retour. J'étais étonnée qu'elle ne sache pas que c'était une chose entendue entre Hassan et les quelques personnes qui avaient accepté de leur parler.
"Il a toujours été entendu avec Hassan que nos échanges doivent être comme la Terre qui donne autant qu'elle prend. Partager le savoir est important et l'essence même de la raison pour laquelle nous avons accepté de vous laisser faire votre campement ici. Nous ne revenons pas sur nos promesses..."
Bien entendu, il y avait toujours des choses pour lesquelles nous ne pouvions pas répondre. Certains secrets ou rituels qui, parce que nous n'avions pas complètement confiance envers les renaigse et qu'il fallait aussi nous protéger, nous ne pouvions dire. Mais en même temps, nous n'allions pas les obliger à nous répondre sur des choses qu'ils considèrent eux-mêmes comme sacrés. J'étais curieuse pourtant de savoir ce qu'elle pouvait vouloir nous demander. Après tout, elle semble si peu vouloir s'intéresser à nous, qu'est ce qu'elle pourrait bien nous vouloir ? Mais pour l'instant je devais réfléchir à ce qu'elle m'avait dit plus tôt. Elle avait révélé avec un certain calme que le fait de voler les morts était quelque chose qui se faisait aussi chez eux. Je les regardais avec surprise, mais habituée à entendre des choses toujours aussi étranges chez les renaigse, j'arrivais à passer outre le premier moment d'incompréhension pour laisser ma curiosité prendre le dessus.
"Donc... C'est une pratique courante ? Une... sorte de rituel ou de coutume chez vous ? Pourquoi prendre vos propres morts ? Qu'en faites vous ? Et comment pouvez-vous les honorer ensuite ?"
Bien entendu j'étais toujours choquée par le fait qu'ils puissent voler leurs morts. Mais il y avait peut être une raison à cela, une raison suffisamment importante et sans doute culturelle qui puisse expliquer un tel comportement. Et non pas juste leur folie.
Alix
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Feat Elatha
Dilay écoute Elatha sans broncher bien qu’elle ne puisse retenir un bref sourire narquois quand celle-ci affirme être venue pour aider. Ils ne pourront jamais se comprendre, décidément… Peut-être est-ce culturel, ou un problème de communication, mais quand la femme a fini sa tirade la mathématicienne réplique d’un ton égal :
- D-Dire que des gens vont peut-être être agressif et que vous êtes là pour nous en pré-préserver… Y en a qui pourraient voir ça comme une menace. « Faites ce que je dis… Ou su-subissez les con-conséquences ». Ce genre de trucs.
Dilay hausse les épaules. Alors qu’un de ses camarades semble vouloir prendre la parole, elle lui intime le silence d’un regard. La doneigad connaît Hassan, d’accord, mais plusieurs Natifs sont des réguliers de l’expédition. Ça ne veut pas dire grand-chose aux yeux de Dilay qui ne connaît aucun de ces gens et sait simplement que les doneigada peuvent avoir des moyens de se montrer dangereux. On les écoute, déjà.
- E-Echange de connaissances ?
Répète Dilay. Très bien, elle va en avoir des connaissances sur les « renaigse », alors…
- On applique pas toujours quelque chose qu’une personne fait à un groupe de gens. Je sais pas comment ça se passe chez vous mais si je sais qu’à Thélème ils mettent des gens sur des bûchers, je vais pas demander au premier thélémite venu pourquoi son peuple fait ça. Soit il saura va-vaguement l’origine de la pra-pratique, soit il en aura sa propre version, soit il en aura à peine entendu parler. Mais si lui-même a pas allumé de bûcher… C’est plutôt à ceux qui mettent le feu qu’il faut s’adresser, y a qu’eux qui peuvent ex-expliquer les raisons de leurs actes.
Dilay reste plantée bien droite, le fusil toujours sur l’épaule, à fixer Elatha, son expression pas très avenante, les yeux légèrement plissés derrière ses lunettes.
Si elle applique cet exemple à leur propre cas, ce devrait être à Basir d’expliquer cette histoire de vol de cadavres. C’est lui qui est déjà entre dans des salles de dissection, à cause de lui que Dilay a eu des ennuis avec le précédent Natif qui leur a évoqué l’affaire… Mais pour tout l’agacement que la mathématicienne éprouve envers son collègue, elle a juré – elle s’est jurée – de le protéger, lui, et toute l’expédition. Basir est un terrible menteur et à ne pas saisir les nuances, son interlocutrice pourrait l’accuser en bloc et le mettre dans une situation délicate.
- D-Donc je pars du prin-principe que vous venez nous demander simplement parce que vous avez aucun autre gars de l’Alliance à qui poser la question. Je vais que pouvoir vous répondre avec ce que j’ai entendu. Je trempe pas là-dedans.
Et dire que le sujet met Dilay a fleur de peau est un euphémisme. Elle se sent dans une colère noire rien que d’y songer, parce qu’avoir la rage vaut mieux que de laisser le chagrin l’attraper à la gorge.
- J-Je sais pas qui prend ces cadavres. J’ai pas de nom. Ca a l’air d’être un truc très… mar-marginal, pas très assumé à Hikmet. S’ils font la même chose que chez nous, ils prennent les cadavres pour les… étudier.
Dilay doute que le terme autopsie soit connu par ici, et elle n’a pas la force de le dire. Elle tousse dans son poing serré.
- L’Alliance a pris des gens de Thélème. De partout. C’est pour mieux comprendre ce qu’il y a dans un humain, comment le corps fonctionne… Pour tester certains produits sur de la chair qui est humaine. Y a des gens qui donnent leur corps de façon vo-volontaire à leur mort et ensuite leurs os sont dans des lieux… On appelle ça des musées. Ce sont des lieux de savoir. Les autres sont brûlés ou enterrés, selon où vous vous trouvez.
A Khorshid où Dilay a grandi, on brûle les morts. La poussière ne retient pas les morts, à chaque tempête ce serait un nouveau charnier à ciel ouvert tant le vent déplace tout.
Après avoir expiré, Dilay se tait. Visiblement, elle n’a rien de plus à dire sur le sujet.
Invité
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
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Ft. Dilay
La renaigse semblait décidée à être grincheuse et à voir le mal partout, dans le moindre de mes dires. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait l'avoir énervé, ni même pourquoi elle m'en voulait. Quoi qu'il en soit, je décidais de ne plus dépenser d'énergie à essayer de la contre-dire ou bien de défendre mes propos. A la place je laissais couler et me concentrais sur plus important. Heureusement cette personne semblait tout de même en mesure de me donner quelques éléments de réponse, même si elle rejetait pleinement en faire partie. Sans doute que chez eux cela n'est pas validé par tout le monde, elle l'avait fait comprendre à demi-mot. Enfin, de ce que j'avais compris. En tout cas, je tendais une oreille attentive à ses explications, et ce que j'entendais me remplissait d'étonnement, au point que je ne pouvais m'empêcher de m'en exclamer à voix haute.
"Les... étudier ? "
J'étais confuse bien entendue, mais en pleine réflexion. Dans mon regard il n'y avait de dégoût, ni de colère. Juste...cet espèce de petit *** comme si je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais. Et pourtant, les renaigses sont si bizarres... La jeune femme n'aurait pas de raisons de me mentir. Après tout je connais les gens de leur groupe, il ne me serait pas difficile de confirmer ses dires ensuite. Perplexe, je repensais à leur coutume. Ainsi c'était quelque chose qui n'était pas inconnu chez eux. Mon questionnement restait entier, et je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'ils avaient appris ainsi. Certes avec les carcasses d'animaux en revenant de la chasse, ou bien la palpation sur un corps humain nous apprenions des choses, mais jamais il ne me serait venu à l'idée d'ouvrir le corps d'un défunt pour voir comment c'est à l'intérieur. Je me demandais ce qu'ils pouvaient apprendre de tout cela... Mon étonnement restait complet, et je répétais à voix haute ce qui m'étonnait le plus.
"Je vois, c'est donc pour mieux comprendre comment soigner ? Et certains donnent leurs corps volontairement ?"
Mon regard changea légèrement. La confusion avait fait place à la curiosité, puis à la réflexion. Je ne pouvais pas approuver, du moins de mon point de vue, leurs procédés. Cependant je savais à présent que cela avait bien une raison, et pas si horrible et ignoble que nous avions pu l'imaginer. Cela pourrait, sans aucun doute, adoucir un peu la crainte de mon peuple sur le sujet. Pour autant, le problème de base restait entier, et je ne pouvais m'empêcher d'avoir l'air inquiète.
"Mh... C'est étrange, vous avez vraiment des coutumes singulières chez vous, mais je peux comprendre. De plus, si c'est volontaire et si ensuite les rituels de mort sont appliqués, alors cela reste respectueux. Pour autant, ils prennent les corps des nôtres sans nous les rendre ensuite. Nous ne leur avons pas donné l'autorisation et nous ne pouvons même pas nous assurer que les rites sont bien effectués ensuite..."
Je jetais un coup d'oeil à la jeune femme, une nouvelle question arrivant sur mes lèvres. Elle n'était pas de ceux qui volaient les corps, mais peut être qu'elle savait vers qui je pouvais me tourner sur le sujet.
"Est ce qu'il y aurait un moyen de rentrer en contact avec ceux qui agissent ainsi ? Pour leur demander d'arrêter, ou du moins de nous rendre les corps pour que les familles puissent faire leur deuil ? Ou alors est ce qu'il y aurait un moyen de les en empêcher, sans que cela ne se change en conflit ?"
Là était tout le problème. Je n'étais pas idiote, je savais que la plupart des vols avaient lieux sur un champs de bataille. Pour autant, s'ils souhaitent nous respecter même en tant qu'adversaires, ils devraient nous laisser reprendre nos morts pour effectuer les rites. Qu'ils ne nous respectent pas même sur cet aspect m'inquiétait le plus. Qu'ils ne nous écoutent pas encore plus, mais peut être qu'Hassan pourra me conseiller sur une personne des layons qui pourrait intervenir en notre faveur. Pour l'instant en tout cas, je devais faire avec ce que j'avais sous la main.
Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Le pourquoi
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Feat Elatha
- M-Mieux soigner. Mieux comprendre comment ça fonctionne à l’intérieur.
C’est parfois vain. Dilay n’en dit rien devant ses collègues. Elle se contente d’hocher pesamment la tête quand la doneigad demande si les dons sont parfois volontaires. La dernière chose dont Dilay a envie, c’est de développer à ce sujet.
Elle se mord la langue. Isa et Fariz, ses collègues, s’apprêtent à parler, elle le sait, mais elle leur lance :
- Et si vous me laissiez avec la dame ?
Il faut qu’elle leur décoche un regard insistant pour qu’ils s’éloignent enfin. Ils continuent cependant de fixer Elatha et Dilay de loin tout en s’entretenant à mi-voix.
Dilay inspire et en revient à son interlocutrice.
- O-On parle de combien de corps ? On parle de quelles cir-circonstances ?
Interroge la mathématicienne sans souligner que dans certains cas, les corps que prélèvent les savants au sein même de l’Alliance ne sont pas donnés de plein gré. La conversation lui met déjà les nerfs assez en pelote. D’autres gacaniens ont du mal à saisir le besoin de disséquer à tout va qui saisit une poignée des alchimistes de l’Alliance, alors une Native, absente à toutes les coutumes du continent…
Dilay souffle par le nez. Elle ne voit pas l’intérêt.
- C'est pas une coutume.
Précise-t-elle malgré tout. C’est une pratique, une discipline, pas une coutume. Quand Dilay s’imagine une coutume, elle songe à la façon dont les gens lancent des pièces dans les fontaines pour se tenir chance, ou se vêtissent d’une couleur particulière pour attirer l’amour. Cependant, elle ne sait pas si l’erreur vient d’un défaut de définition du terme, à cause de la barrière de la langue, ou d’un défaut de compréhension du principe de la dissection. Dilay tente de ne jamais souligner les difficultés de langage des autres, aussi ne creuse-t-elle pas la question.
Elle secoue la tête.
- C’est pas un truc d’état. C’est pas comme si l’équivalent de votre chef chez nous avait ordonné ça. Ce sont des gens qui font ça, de leur plein gré, tout seul. Ils sont perdus dans la masse. C’est impossible de les retrouver.
Pas sans savoir exactement comme ils procèdent, en tout cas. Si les vols surviennent après les escarmouches, les belligérants doivent avoir quelque chose à faire dans l’histoire. De là à retrouver le matricule de chaque soldat ou garde présent à chaque vol, de tous les interroger pour savoir qui a commis la faute…
Dilay hausse lourdement les épaules. Une petite part d’elle aimerait jouer aux héros pour une fois, avoir une réponse simple qui apporterait au moins un peu de réconfort à ceux qui ont été privés de ces dépouilles, mais à son avis il n’en existe tout simplement pas.
- I-Ils leur font pas de rituels, ça je peux le dire. Y en a pas dans l’Alliance. Des rituels autour de la mort. Ils s'en fichent, s'ils ont pris des corps, ils leur montreront pas beaucoup de cou-courtoisie.
Des croyances individuelles, peut-être, mais rare sont les citoyens du Pont à voir un cadavre autrement que comme de la chair froide quand il ne s’agit pas de l’un de leurs proches.
Invité
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Ft. Dilay
Dilay insistait sur le fait que c'était pour comprendre comment le corps fonctionnait, mais à mes questions je sentis une légère tension. Les deux guerriers semblaient vouloir parler, mais ils furent interrompus par la jeune femme qui leur demanda de partir. C'est ce qu'il firent, et j'étais perplexe. Pourquoi soudainement leur demander de s'éloigner ? Est ce que c'est parce qu'il y a des choses que les autres ne doivent pas entendre ? Ou bien pour qu'elle puisse parler plus librement ? Ou au contraire, faire en sorte que les deux autres personnes ne divulguent pas des informations importantes que je ne suis pas sensé savoir ? Je ne connaissais pas cette femme, qui restait d'une certaine manière sur la défensive et froide. Je n'avais pas vraiment confiance et il y avait des chances que cette demande d'intimité n'était pas forcément en ma faveur. Quoi qu'il en soit je lui étais déjà gré des informations qu'elle voulait bien me donner, et je répondis à ses questions, en espérant que cela pourrait aider à avoir plus d'éléments.
"De ce que je sais, un peu moins d'une dizaine de corps auraient été volés au cours du temps, sur plusieurs batailles entre votre peuple et le mien. C'était du côté de votre grand village d'Hikmet, mais je n'en sais pas plus."
Je n'avais pas plus d'informations, et c'est sans doute ce qui m'embêtait le plus. Mais je devais faire avec. Je continuais de l'écouter, et ne pus cacher ma déception d'une voix triste en l'entendant dire qu'il n'y avait pas moyen de les retrouver ni même d'avoir en face un responsable.
"Ho...."
Je retenais un soupire, mes yeux exprimant cependant autant la tristesse que l'incertitude. Si nous n'avons personne de précis vers qui faire remonter notre requête, comment pouvons nous les en empêcher ?
"On m'a dit que c'était des 'corbeaux', des layons portant des masques d'oiseaux qui faisaient cela. Il est vraiment impossible de les retrouver ? Et ils n'obéissent du coup à personne chez vous ?"
Dans ma tête, j'entendais déjà la solution proposée par les autres. Tuer à vue le moindre corbeau qui oserait s'approcher des nôtres, même sur les champs de bataille. Mais cela ne me semblait pas être une solution efficace sur le long terme. Et le fait que notre peuple n'avait pas de bonne relation avec les layons n'aidait pas pour convaincre leur chef d'essayer de faire quelque chose. Dilay m'expliqua également que ce n'était pas une coutume, et je me demandais alors ce que cela devait être. Est ce qu'il y avait un autre mot pour décrire la raison pour laquelle ils font cela ? Mais ce qui m'alourdit le plus le coeur, et me fit pâlir, ce fut d'entendre la jeune femme avouer sans détour qu'il ne fallait pas espérer le moindre respect funéraire de leur part. Cela me semblait inconcevable, mais au final... le faisons nous pour les bêtes que nous consommons, que nous chassons ? Tout est utilisé, réparti entre les familles sans rien vraiment laisser derrière. La comparaison de ce traitement était mortifiante, et mon plongea dans une triste réalisation.
"Je comprends. C'est une chose bien triste, car cela veut dire sans doute qu'ils ne nous considèrent pas mieux que des animaux. Une bassesse indigne du savoir..."
Je n'avais pas de mots pour faire comprendre la tristesse, l'indignation et la colère qui se mêlaient en moi. Mais que pouvais je y faire ? Les exprimer ici ne servait à rien, ce n'était de la faute de Dilay. Je prenais donc sur moi, saluant sa relative bonne volonté en ayant répondu à mes questions.
"Je vous remercie pour ces informations. Il faudra que j'y médite, pour discerner ce qui est à dire, et comment. Les rumeurs viendront bien assez vites, et je devrais sans doute en parler à notre mal pour mieux savoir comment agir."
Je devais prendre du recul, digérer ce que je venais d'apprendre, laisser passer la tristesse et la colère. Puis réfléchir à ce qui serait bon pour notre clan de savoir, ce qui causerait le moins de préjudice des deux côtés. Et en discuter avec le Mal pour estimer ce qui était le plus sage de révéler aux autres. Mais avant cela, j'avais une part du marché à respecter.
"Nous tenons nos promesses, aussi comme convenu en échange de ces informations vous pouvez me poser des questions. J'y répondrais dans la limite de ce que je peux révéler bien sûr. Y a t'il quelque chose que vous aimeriez savoir ?"
Il était plus facile pour moi de parler pour enseigner sur nos coutumes ou nos habitudes, et j'étais heureuse de pouvoir partager mes connaissances. L'espoir était qu'ainsi ils nous comprendraient et nous respecteraient mieux, car à défaut de parler la même langue, il faut déjà parler le même langage.
Alix
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Le pourquoi
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Feat Elatha
Moins d’une dizaine ? Dilay émet un bref grognement et secoue la tête. C’est beaucoup trop peu pour espérer trouver les responsables. A ce compte, chaque corps pourrait être entre les mains d’un savant différent. Basir lui a expliqué qu’il n’avait aucune idée d’où le cadavre qu’il a vu venait, et comment son collège se l’était procuré. Dilay ne va certainement pas suggérer d’interroger Basir, sinon elle l’aurait laissé se dépatouiller tout seul avec cette affaire.
Dilay hausse un sourcil à la mention des corbeaux.
- D-Dites ce serait pas un grand rouquin du village près d’Hikmet qui vous aurait dit ça ? Parce que c’est moi qui l’ai ren-rencardé avec cette information pendant qu’il prévoyait de me zi-zigouiller.
Lance nonchalamment la mathématicienne en donnant une brève pression à son fusil pour qu’il ne glisse pas de son épaule.
- Les corbeaux, c’est un nom qu’on donne à certains médecins qui travaillent avec des gens qui peuvent être…
Comment expliquer ça ? Dilay sonde Elatha du regard. Se lancer dans une description de la malichor sur une terre qui ne l’a jamais connue lui semble futile. Elle-même ne pense pas qu’elle saisirait complètement l’horreur si elle n’avait pas grandi tout contre. Elle a beaucoup d’imagination, mais personne ne devrait en avoir suffisamment pour se figurer les ravages de l’épidémie.
- … Con-contagieux. Le masque les protège. C’est pas pour vraiment ressembler à des corbeaux. Ce que vous me demandez c’est comme essayer de chercher qui a fauté parmi vos… chasseurs, par exemple.
Dilay s’humecte les lèvres.
- L-Les corbeaux sont pas une classe à part de la population. Ce sont des gens avec un métier. Et y en a beaucoup. Ils sont soumis aux mêmes lois que tout le monde. Mais ils agissent de leur propre chef. C’est pas possible de prévoir ce que quelqu’un va faire quand ça lui passe par la tête, pas possible de le lire sur son visage sauf s’il témoigne… Et eux, ils vous diront qu’ils font rien de mal.
Dilay pince légèrement les lèvres et hausse les épaules, incapable de trouver les mots pour réconforter la doneigad. Ce genre de choses, c’est pas son fort. Cependant, elle ajoute :
- C’est pas vous qu’ils voient comme des animaux. ‘Fin, certains à Hikmet vous aiment pas.
Malgré toutes ses fautes, la jeune femme n’est rien d’autre qu’honnête. A quoi bon essayer d’enjoliver la réalité ?
- Mais les gars qui di-dissèquent ils pensent juste qu’un corps c’est un corps. Natif ou pas. Que c’est juste de la viande froide. Être souvent avec des choses mortes, ça vous fait ça.
Ça habitue, ça désensibilise. Dilay ne sait pas trop si les Natifs peuvent envisager la chose. Leur île n’est que vie, quand le Continent est aussi famélique qu’un mourant.
Dilay a un bref mouvement du chef pour signifier qu’elle a bien entendu Elatha. Il n’y a pas grand-chose à faire d’autre qu’à attendre, et la mathématicienne ne compte pas plaider pour leur cause dans un sens ou dans l’autre. Ce sera le rôle d’Hassan, quand elle l’aura averti de la venue d’Elatha, si les choses devaient se gâter. Ceci étant, Dilay s’imagine mal les Natifs avec lesquels ils ont cohabité pendant plusieurs mois se jeter d’un coup à leurs gorges. Peut-être le climat sera-t-il plus froid. Elle ne s’en formaliserait pas. Elle n’est même pas sûre de s’en soucier.
En revanche, l’offre d’Elatha. Dilay a une moue de réflexion qui décrispe un peu ses traits et la fait paraître enfin son âge. Elle sait très bien ce qu’elle a égoïstement envie de demander mais tente de jauger ce qui serait le plus profitable pour le groupe…
Et puis non. A-t-elle jamais été autre chose qu’égoïste ? Elle vient déjà d’encaisser toute la conversation et de leur rendre par la même un service.
- P-Parlez-moi de vos cercles de pierre. Ce que vous pouvez en dire.
Si Mitra lui a dit quelque chose au sujet des Natifs c’est que même en les travaillant au corps, ils sont avares de la moindre information. Dilay ne peut pas laisser passer cette chance. Un instant, elle hésite à décrire précisément la façon dont elle a connaissance de ces cercles, celui qu’elle cherche avec tant de hargne mais…
Ne passerait-elle pas pour une folle ? « Je vois les mêmes cailloux levés toutes les nuits dans mes rêves, aidez-moi à les trouver, ô puissante doneigad » ? Elle a un souffle nasal à cette pensée et n’ajoute rien. Elle se contente de fixer Elatha.
Invité
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
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Ft. Dilay
La Layona se montra plus compassionnée que ce que je croyais. Bon, d'une manière un peu particulière, mais j'étais sensible à ses explications et à la façon dont elle essayait de me consoler. J'en apprenais un peu plus, et gardais dans un coin de ma tête la véritable utilité de ces masques de corbeaux. Je comprenais son point de vue, tout comme la difficulté de les retrouver. De même, il semblait que leur détachement face aux corps était une conséquence de leur action répétée. Pouvons-nous voir cela comme un chasseur qui n'a pas de pitié pour le jeune faon qu'il va dépecer ? Même si elle justifiait le fait que nous n'étions pas des animaux à leurs yeux, le fait que nous ne devenons plus humains après notre mort, et donc sans porter le moindre respect était tout de même choquant. Je comprenais, mais ne cautionnait en aucun cas une telle action.
Une fois ma proposition de répondre à ses questions venue, la femme sembla se détendre un peu. Etait ce juste le fait d'être comme une personne devant répondre des actes d'un autre qui l'avait mis dans un tel état de frustration et de mise en garde ? Peut être... En tout cas, sa question vint assez vite, et je fus un peu surprise par celle-ci. Surprise, et un peu gênée. C'était quelque chose de sensible, car en parler aux renaigse donnait toujours le danger qu'ils utilisent ces informations pour ensuite leur faire du mal ou détruire. Mais j'avais promis, et cette femme faisait partie de l'expédition des sages layons. Sans doute qu'elle n'était pas là pour détruire. Ma moue dubitative et pesant le pour et le contre ne dura que quelques secondes, car ensuite vint une expression plus digne d'une enseignante cherchant à trouver les bons mots pour expliquer les choses de façon simple.
"Les Cercles de Pierres ? Mh... Ce sont des endroits très sacrés pour nous, où des rituels importants se passent pour nous unir avec Tir Fradi. Ces endroits sont en général protégés par nos gardiens, les Nadaigs. Ils sont dangereux, aussi il est préférable de ne pas les approcher."
Je préférais prévenir, car si jamais elle avait dans l'idée d'y aller, qu'on ne dise pas que c'est de ma faute parce que je ne l'avais pas prévenue du danger. Les Nadaigs n'y sont pas tout le temps, mais il est vrai qu'ils rôdent très souvent non loin des Cercles. Pour ce qui est de l'utilité des Cercles, j'étais restée assez vague pour plusieurs raisons. La première parce qu'expliquer ces rituels demandait un degré de confiance que je n'avais pas envers cette personne, la deuxième parce qu'il y a des choses que je ne pouvais pas expliquer aussi facilement que de montrer un caillou et dire " ça, c'est un caillou". La portée spirituelle que représentait ces Cercles, je n'étais pas certaine qu'elle y soit sensible, ou même qu'elle y trouve quelque chose de satisfaisant. Mais j'essayais quand même.
"Mais l'importance de ces Cercles... Mh... C'est difficile à expliquer. C'est quelque chose que l'on ressent, que l'on sent au plus profond de soi. Si vous y allez et que vous regardez les pierres, vous ne ressentirez sans doute pas ce que nous pouvons ressentir, et qui en fait quelque chose d'unique et d'important pour nous. Il faut... Pouvoir écouter, entendre Tir Fradi. Vouloir ouvrir son esprit à cette perception."
Ce n'était pas une critique de ce qu'elle n'était pas capable de faire, mais j'avais à l'esprit que les layons pensent de façon différente de nous. Arborant une expression désolée, je m'excusais de ne pas pouvoir lui donner des informations plus... "palpables" selon eux.
"Je suis désolée de ne pas pouvoir vous en dire plus, ou du moins de façon concrète comme vous aimez chez vous. Nous suivons une voie qui nécessite surtout de comprendre les choses non pas seulement en les touchant et en réfléchissant, mais en les sentant avec notre coeur et notre esprit."
Je me doutais que cela devait être frustrant pour un layon, et sans doute décevant. Mais ils ne devaient pas s'inquiéter, car même chez nous ce niveau de savoir n'était pas atteignable par tous.
"C'est une voie de compréhension difficile, que même parmi nous seuls certains arrivent vraiment à percevoir. Cela requiert des années d'apprentissage et de méditation. Mais... Peut être que si vous videz assez votre esprit pour méditer en ces lieux, en faisant attention aux Nadaigs, vous pourrez peut être toucher du doigt ce que ces Cercles de Pierres sont vraiment."
C'était un maigre encouragement, mais de ce que je savais elle était beaucoup de temps dans la forêt, ou du moins dans la nature. Peut être qu'elle serait capable d'écouter et d'entendre. Peut être. L'idée n'était pas de la convertir à notre façon de faire bien entendu, mais si elle voulait comprendre tout ce qu'étaient les Cercles de Pierres, alors il fallait forcément passer par-là. J'espérais qu'elle n'allait pas s'en offusquer.
Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Le pourquoi
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Feat Elatha
Les explications d’Elatha envoient les sourcils de Dilay vers ses sourcils. S’unir à l’île ? Ressentir leur importance ? Méditer ?
Doit-on tout apprendre comme ça chez eux ? En posant des énigmes ? Ce doit être harassant…
La mathématicienne n’y entend rien. Cela la rend plus sceptique qu’autre chose et elle songe que Vaast aurait probablement su lui expliquer de quoi il retournait. Malheureusement, l’inquisiteur n’est pas là. Cela résonne pour Dilay de la même façon que quand il essaie de lui expliquer ce qu’est une âme, ou de lui donner des conseils pour se connecter à sa magie.
Cela part d’une bonne intention mais elle ne comprend rien.
Dilay laisse planer un long silence tandis qu’elle se concentre sur ce qu’Elatha vient de lui dire. Elle réfléchit avec application à sa prochaine question :
- D-Donc c’est quoi dans les faits… Un lieu de culte ?
La mathématicienne a toujours du mal à saisir ce que sont ces cercles. S’ils ne sont pas décoratifs, ils ont évidemment une grande importance culturelle de ce qu’explique la doneigad, mais à l’évidence elle ne peut le transmettre d’une façon qui soit compréhensive à quelqu’un en-dehors de son peuple. Dilay ne s’en formalise pas, elle a trop l’habitude des formulations à la mord-moi-le-nœud de Vaast… La différence étant qu’elle se sent à l’aise quand il est temps d’harceler d’interrogations son compagnon. L’échange avec Elatha a commencé tendu et la doneigad n’est visiblement pas très à l’aise pour parler du sujet, alors comme elle évoque le fait d’apprendre, le fait de comprendre, Dilay ajoute :
- Mettons que j’y aille. Que je fasse tout ça. Comment je saurais que j’aurais compris ? Que je me ra-rapproche du fait de faire ce qu’il faut ?
Invité
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Ft. Dilay
La lionne semblait quelque peu perplexe, et sans doute voulait se rassurer avec des éléments concrets sur lesquels s'appuyer. La voir froncer les sourcils me rappelais les jeunes apprentis, ou même moi quand j'étais plus jeune et que l'on essayait de m'apprendre ce qu'était un doneigad. Je souriais légèrement, confirmant ce qu'elle spéculait sans pour autant y arrêter la définition à juste cela.
"Oui, c'est un lieu de culte, et de rituel surtout. Vous pouvez le résumer à cela, même si ce n'est qu'une petite partie de ce que cela représente."
La notion spirituelle ne semblait pas quelque chose d'acquis chez elle. Ou plutôt, de globalement considéré chez les layons. Il fallait tout expliquer par des faits, comprendre le pourquoi du comment de façon précise, mesurée, que l'on pouvait peser ou bien en prendre des morceaux. Mais chez nous, même si c'est le cas pour nos remèdes, la partie rituel était une toute autre histoire. C'était ça même, une "histoire" qu'il fallait comprendre non pas avec la tête, mais ressentir avec son être. La lionne essayait encore de comprendre, de savoir à quel moment elle saurait qu'elle aurait réussi. D'un geste de la tête, mais non sans sourire avec compassion, je lui expliquais que ce n'était pas aussi simple.
"Là est la difficulté. Chacun va ressentir la chose de façon différente. Certains vont sentir le moindre brin d'herbes, d'autres les murmures du vent, ou encore sentir la présence des bêtes se mouvoir autour d'eux... Faire ce qu'il faut, c'est ... ressentir un lien avec l'île, avec l'endroit où vous êtes. "
Il n'y avait pas vraiment de mots pour le décrire, ce qui expliquait les nombreuses années nécessaire pour vraiment comprendre l'idée et l'intégrer.
"Cela se ressent, et ne s'explique pas vraiment. C'est pour cela qu'il faut des années pour en arriver là. Des années de compréhension de ce qui nous entoure sur l'île, de ce que nous sommes, notre place, de pouvoir écouter et n'être qu'un réceptacle momentané de quelque chose qui nous traverse, sans avoir à le saisir ou à le retenir. C'est beaucoup de méditation, d'apprentissage. C'est ça, la voie des Voglendaiga."
Je souriais de nouveau avec compassion, car j'avais conscience que pour les layons cela ne constituait pas vraiment une réponse. Voir pas du tout.
"Mais ne soyez pas frustrée. Essayer c'est déjà le premier pas pour réussir. Vous passez beaucoup de temps en forêt, loin des chemins voir des autres. Vous savez observer, écouter. Utilisez cela, mais sans vous fiez à votre tête. Essayez, et vous verrez bien."
Alix
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Le pourquoi
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Feat Elatha
A mesure qu’Elatha explique, Dilay fait la moue. Non, décidément, elle n’y comprend pas grand-chose, et elle a bien plus qu’elle n’a demandé. Elatha évoque des choses qui semblent impossibles à la mathématicienne, comme le fait de ressentir la présence de la faune autour de soi… La perspective éveille la curiosité de Dilay, mais elle ne sait s’il faut le prendre de façon littérale. Peut-être la Native est-elle tout simplement incapable de l’expliquer autrement, car c’est la seule façon dont elle le comprend. Ou peut-être ne peut-elle pas. Ou peut-être ne veut-elle pas.
De ce que Dilay en tire, les cercles de pierre doivent être un lieu où les Natifs font leur « magie ». En tout cas, elle le suppose. L’air dubitatif, elle a toutes les peines du monde à lire entre les lignes.
Dilay a bien envie de répliquer qu’elle est dure de la feuille et que de toute façon, c’est un concept bizarre de ne « pas se servir de sa tête ». Mais elle a demandé, et elle a eu sa réponse, aussi étrange soit-elle. Peut-être Hassan saura-t-il quoi en faire.
- D-D’accord. Merci.
Finit par conclure la mathématicienne avec un haussement d’épaules. Peut-être qu’en parler avec Vaast l’éclairera un peu. Ou Hassan, puisque le raisonnement de la doneigad va dans le sens de ses théories, le mystique en plus.
- Bon courage alors, hein.
Ajoute Dilay, car elle ne sait pas comment conclure autrement. Elle n’a plus rien à dire, et certainement Elatha va-t-elle filer tout raconter aux siens. Dilay songe déjà la lettre qu’elle va écrire à son mentor.
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