[Event] Dansez les yeux fermés

Après que chaque personne qui le souhaitait eut été entendue, on invita tout le monde à rentrer chez soi. Il y eut quelques discours mais peu restaient pour les entendre, ou même avaient le cœur d’y prêter oreille.

A Aelina, on répondit que Cadell allait être traqué mais par qui était toute la question - et comment. Teer Fradee offrirait une cachette facile, certes, mais les créatures de l’île pouvaient très vite lui régler son compte et son corps n’être jamais retrouvé.

A Vaast, on soutint à peu près la même chose, en lui précisant qu’il fallait donc un coupable tout de suite si Cadell ne pouvait pas être attrapé.

A Aelina, Darya assura qu’elle serait prête à demander un châtiment pour le comportement de Félix mais que ce n’était pas de son ressort et qu’elle ne voulait pas attiser une guerre sur l’île. Contrairement à Thélème, précisa-t-elle. Depuis que Kamil avait été incriminé, le poids du monde semblait être tombé sur les épaules de la femme mais elle demeurait digne.

La jeune herboriste n’aura pas eu l’occasion de voir Elowen. La jeune native sera restée très en retrait. Sa famille aura cependant accepté des condoléances.

Ariel accueillit la remarque au sujet de Félix qu’on lui transmit avec une petite moue. Visiblement, il aurait préféré qu’on ne lui parle pas du tout du jeune homme. Il s’engagea toutefois à garder un œil sur lui et à l’éloigner des Natifs pour le moment, ce qui valait probablement mieux que rien. Même si, comme chacun le sait, les promesses n’engagent que ce qui y croient.

On n’en dispensa pas beaucoup plus aux présents, on avait trop conscience de leur fragilité après de tels évènements. Aux autres qui ne s’étaient pas enquis de quoi que ce soit d’autre, les dignitaires offrirent des remerciements, de brefs sourires même face à des attitudes défiantes, et suggérèrent de s’acheminer en groupes vers les villes respectives de l’île pour dissuader les prédateurs – animaux ou humains. Il faisait nuit, Thélème et l’Alliance montèrent des camps à l’opposé l’une de l’autre. Vignámrí leur offrait encore son hospitalité ce soir. Certains membres de la Congrégation choisirent de les prendre au mot et de ne pas se risquer à rentrer à une heure pareille. D’autres s’en allèrent malgré les risques.

Ce furent de drôles de cohortes sur les chemins de Teer Fradee. Des gens dans des chariots modestes, d’autres dans de beaux attelages, certains simplement à pied. Parfois on parlait avec agitation. Certains avaient encore la voix excitée, chargée de l’adrénaline de la soirée. Généralement, on ne disait rien, probablement parce qu’il n’y avait rien à ajouter.

Tout ce qu’il fallait faire, c’était attendre. Attendre et espérer – le meilleur ou le pire, selon à qui on s’adressait.