[Mission] La Fausse note
Alors la jeune femme emprunta le même chemin que l'homme juste avant, se dépêchant le plus rapidement possible pour arriver à l'entrée. Elle n'a pas le temps de regarder le paysage, elle veut juste rejoindre le thélèmite au plus vite et être sûre qu'il ne lui amène pas d’ennui.
Elle entend un cri de douleur d'un homme alors elle s'active et arrive au moment où le talon atterri au sol. Elle lève la tête et voit des femmes natives d'un côté, de l'autre un homme qui semble s'être pris un léger coup sur la tête et Vaast, se relevant et enfilant des anneaux. Il était donc mage, un mage de Thélème. Elle fronça les sourcils et ce demanda qui était-il vraiment. Un ami d'Alix elle en doutait réellement. Peut être un de ces créanciers qui voulaient récupérer son argent. Ça pourrait expliquer comment il connaît Alix et son lien avec Erika si on les espionnait. Elle lui avait dit qu'il avait des contacts avec Thélème alors cette idée avait surgit dans l'esprit de la rouquine. Il était hors de question qu'elle se laisse surprendre par quoi que ce soit émanant de lui. Elle ne lui faisait aucunement confiance alors elle resta derrière l'observant aussi bien lui que le fond de la grotte qui semblait divisée en quelques étages.
Erika tenta de sourire aux femmes. Elle attendit la réponse de d'Oranet qui semblait encore en vie et armée de chaussure à talon...enfin plus maintenant.
to play without passion is inexcusable. »
S’exclame la voix mélodieuse d’une femme qui monte en écho dans la grotte après la prise de parole de Vaast. Erika arrive à ce moment et les natives continuent de se grouper derrière la plus âgée qui observe l’inquisiteur et la tenancière d’un air ferme et stoïque, comme si elle les mettait au défi de lui passer sur le corps. Elle a une trace à la joue, comme si elle était pris un léger coup, et à juger par le sol de la grotte…
Des chaussures. De nombreuses chaussures, un éventail, des boîtes de fard, un rouge à lèvre, un miroir… d’Oranet leur envoie tout ce qu’elle peut et depuis quelques temps déjà semble-t-il.
- De Thélème, vous dites ? Frère Ariel s’est-il enfin décidé à venir me trouver ! Ô, mon sauveur, je suis assoiffée et affamée, mes forces me quittent et ces gens me harcèlent ! SANCHO !
Pas de réponse, de nouveau, après que d’Oranet ait crié. Ni Vaast ni Erika ne peuvent voir la femme, sa voix semble venir de plusieurs endroits à la fois à cause de l’écho mais la trajectoire de la chaussure était plutôt évidente.
- Ça fait des heures que j’ai envoyé mon domestique me chercher de l’eau, et il n’est toujours pas revenu ! Il doit lambiner quelque part. J’espère qu’il n’abime rien. Cet endroit a l’essence du divin, ne trouvez-vous pas ? Oh je vous en prie, dispersez ces gens et venez me trouver !
Les femmes ont commencé à parler entre elles dans leur langue. Une est allée porter secours à l’homme qui s’est pris un soulier en pleine tête. Il se masse le visage, l’air furibond, et foudroie du regard Vaast et Erika. Il a déjà une bosse au niveau du crâne.
Quant à ce serviteur, ce Sancho… Des heures ? Des heures dans une grotte ? Le scénario est affolant mais d’Oranet n’a pas l’air inquiète. Il pourrait être perdu, ou même être tombé et s’être blessé, incapable de revenir à la surface.
Pas un Natif n’a l’air de parler la langue du continent, ou alors ils font exprès. Seul l’homme dans la calèche, le mieux habillé, paraissait comprendre et parler.
Elle jette un coup d’œil sur le sol et soupire. Elle en avait vu des gens atteint mais elle, elle semblait avoir escalader un certain niveau dans l'absurde. Elle haussa à son tour la voix, comme elle savait si bien le faire.
- Bonjour madame, je suis Erika Acquisto de la Congrégation marchande. Je fais équipe avec ce brave homme de Thélème pour venir vous sortir de ce mauvais pas.
Des heures que le domestique était partie ? Il y avait des chances pour que ça ne fasse que quelques minutes si elle avait tendance a exagérer mais c'était tout de même préoccupant. Il s'était peut être perdu dans cette grotte ou pire et Erika savait que ça pouvait être bien pire. Elle jeta un coup d'oeil à Vaast, il était arrivé avant elle, il savait peut être mieux la marche à suivre et puis elle préférait rester en arrière.
- Le natif à l'extérieur semblait désespérer d'avoir d'Oranet ici. Peut être qu'il pourrait nous aider à nous déplacer dans la grotte si on lui dit qu'on va emmener cette femme loin d'ici.
D'Oranet n'avait pas l'air en danger immédiat mais Erika s'inquiétait plus pour le pauvre domestique qui pouvait être n'importe où dans la grotte. Il était peut être plus prudent d'avoir un guide si ce dernier accepté.
La fausse noteFeat Erika
Dans un autre contexte, Vaast aurait eu du mal à réprimer un sourire. D'Oranet se croyait manifestement perpétuellement sur les planches. Malheureusement, le temps n'était pas à la rigolade. La Native la plus âgée avait l'air de le défier du regard. Pourquoi les empêcher de passer ?
Et pourquoi, d'ailleurs, restaient-ils là à prendre des coups ? Vaast n'avait pas l'impression qu'un seul d'entre eux comprenait ce que criait la cantatrice. Inutile donc de leur poser des questions.
Et pour couronner le tout, apparemment un serviteur avait disparu. L'inquisiteur se retourna vers Erika et prit soin de parler bas - le son résonnait.
-Allez chercher le Natif qui comprend notre langue, oui. Dites-lui que nous allons emmener d'Oranet et ses domestiques…
Il regarda le Natif blessé qui le fusillait du regard.
-…Et demandez si nous pouvons faire quoi que ce soit pour nous excuser des… mouvements de panique de madame. J'irai chercher son serviteur.
Il pouvait s'éclairer, lui, grâce à la magie - ce qui ne serait pas du luxe. Il se retourna ensuite vers la position approximative de la lanceuse de chaussures et éleva de nouveau la voix.
-Madame, nous nous occupons de tout. Restez où vous êtes, tout cela sera bientôt terminé.
- Excusez moi ?
Elle ne sait pas si il comprendrait tout ce qu'elle dirait mais elle n'avait pas non plus envie de s’éterniser ici longtemps.
- Nous nous demandions si vous connaissiez la grotte où s'est perdu notre...camarade.
Difficile de savoir comment s'y prendre avec un peuple qui n'a rien a voir avec les gens du continent.
- Nous allons bien évidemment la sortir de là aussi rapidement que possible mais ça irait peut être plus vite si vous pouviez nous aider à nous repérer dans ces couloirs.
Qu'est ce qu'ils allaient faire si il répondait non d'ailleurs ? Allez tous les deux dans la grotte pour se perdre aussi ? Voilà une perspective peu agréable.
- Bien évidemment, n'hésitez pas si nous pouvons faire quoi que ce soit pour nous excuser du désordre qu'à causé madame d'Oranet. Nous serions ravis de vous aider.
"Ravis", elle n'en était pas sûre, mais si elle lui demandait de l'aide, il fallait bien proposer une contrepartie. C'était exactement ce qu'elle comptait faire une fois revenu à Thélème avec d'Oranet.
to play without passion is inexcusable. »
- Oh monsieur, comme j'aimerais que nous soyons présentés dans de meilleures circonstances ! Mais bouger je le veux ! Je le dois ! Ma cheville est, je le crains, tordue et dans cette atroce humidité, mes forces m'abandonnent ! La chaleur me quitte !
Elle n'avait pas l'air si affaiblie que ça quand elle a réussi un presque sans faute en lancer de chaussure…
- Je vous en prie, dispersez cette… foule agaçante et tendez les mains vers moi. Je devrais pouvoir m'accrocher à la paroi, me laisser tomber, ainsi vous me rattraperiez.
Et puis quoi encore ? Voilà Vaast transporté dans un des romans d'Alix. Ce n'est pas impossible mais il faudrait justement être au moins la joueuse de cartes pour se pendre à la force des bras et se manoeuvrer suffisamment pour ne pas simplement être emporté par son propre poids et tomber sans savoir se réceptionner. Et même Alix, la casse cou, ne le proposerait pas : la hauteur est de plusieurs mètres et surtout en bas, il y a de la pierre. Il y a de la pierre partout, vraiment. Si d'Oranet se laisse tomber elle pourrait se casser les deux jambes, ou pire. Et même si Vaast essaie de la réceptionner, elle prendrait trop de vitesse en tombant. Elle pourrait l'écraser, et lui pourrait finit salement blessé. Cela n'a rien de pratique ou de réaliste, mais d'Oranet s'agite, on voit ses cheveux bouger du moins. Pourvu qu'elle ne tente rien… D'autant que les Natifs continuent de discuter entre eux et que la cantatrice lance.
- Silence ! Silence ! Avec tout cet écho, on ne s'entend plus réfléchir !
Du côté d'Erika, l'homme est toujours paisiblement assis dans sa calèche. Il la reçoit de l'air blasé qu'il avait voilà quelques minutes et l'écoute avant de pousser un nouveau profond soupir.
- Oui. Un peu.
Il répond au sujet de la grotte avant d'observer Erika d'un oeil plus attentif quand elle annonce qu'elle peut faire quelque chose pour lui en retour.
- Je veux donner un message au Màl des Embrume-esprits. Es-tu une Embrume-esprit ? Nous avons demandé à la femme de la grotte. Elle nous a frappé. Elle a crié. Nous ne voulons pas… mal. Nous voulons… nos enfants.
Il tente d'articuler, et sa voix se teinte de tristesse sur la fin alors qu'il serre le poing et le presse contre son coeur.
Elle écouta sa requête mais se pinça les lèvres lorsqu'il parla du "Màl des Embrumes-esprits". Erika n'avait aucune connaissance du langage et des expressions des natifs et c'était une chose qu'elle devait absolument changer se dit-elle. Elle n'était pas beaucoup sortie de Nouvelle-Sérène depuis les presque deux ans qu'elle était sur l'île mais ces derniers mois lui auront appris qu'elle aurait du apprendre les rudiments de la langue native pour pouvoir au moins comprendre quelques mots.
- Veuillez m'excuser pour le comport...
Elle nota après avoir commencer à parler qu'il l'avait tutoyer. C'était peut être mieux de le tutoyer en retour, ce n'était pas un citoyen qui venait de Gacane, et si il ne saisissait peut être pas la différence, pour elle s'était important. Ils se mettaient sur un pied d'égalité.
Cependant, ce n'était pas pour ça qu'elle s'arrêta au milieu de sa phrase. Elle en avait assez d'excuser les manières de cette cruche d'Oranet. Elle ne la portait déjà pas dans son cœur mais elle avait frappé et crié sur les natifs pour aucune raison apparente ? Peut être avait-elle eu peur mais son comportement l'irritait déjà tellement qu'elle ne pensa pas une seconde que les natifs avaient pu être agressifs surtout lorsqu'il évoqua le fait qu'ils voulaient leur enfant.
- Vos enfants ? Qu'est il arrivé a vos enfants ? On vous les a enlevé ?
C'était une Erika sans fioriture qui avait prononcé ces mots. Elle bougeait légèrement les mains mais pas trop, ses sourcils étaient légèrement froncé devant l'annonce du natif. Elle s'inquiétait vraiment de la nouvelle qu'il allait lui apprendre. Il était peut être la seule personne sur cette île a avoir un aperçu de la vrai Erika.
- Enfin...je te prie de m'excuser mais je n'ai pas eu l'occasion d'apprendre votre langue. Pourrais-tu m'indiquer ce qu'est un Màl ? Et qui appelles-tu les "Embrume-esprit" ?
Le fait que Vaast aurait peut être pu l'aider n'effleura même pas son esprit. Elle ne voulait aucune aide venant de lui même si elle était obligée de faire équipe avec. Ils étaient proche de San Matheus alors peut être que c'était eux qu'ils appelaient les "Embrume-esprit" et ce nom leur allait plutôt bien.
- Si tu parles des gens qui habites à San-Matheus, ceux qui portent un soleil et du rouge pour la plupart d'entre eux, je ne fais pas partie de leur faction. Mais mon ami qui est dans la grotte oui. Je ferais tout pour que ce message parvienne aux personnes que tu souhaites.
Elle n'était pas sûre de pouvoir faire ça bien-sûr. Si il parlait bien des gens de Thélème, ça voulait dire qu'elle devrait apporter la lettre elle même à un haut-dignitaire et elle était littéralement une poussière mais peut être que Vaast pourrait. Elle devait d'abord savoir si il était vraiment un ami d'Alix pour lui faire relativement confiance.
La fausse noteFeat Erika
Vaast jeta un coup d'oeil au Natif irrité. D'Oranet avait dû les pousser à bout pour qu'ils soient si réactifs. Ils ne se comprenaient apparemment même pas, et pourtant ils restaient là. L'inquisiteur espérait qu'Erika tirerait quelque explication de leur présence à l'homme dehors.
Pour le moment, il avait d'autres chats à fouetter. La cantatrice n'était manifestement pas à court de mauvaises idées. Dégringoler sur plusieurs mètres, mais bien sûr, où serait le problème ? Il doutait même que sa cheville soit réellement tordue, à présent. La blonde n'avait pas l'air très au fait des réalités.
-Madame, je me dois d'insister au nom du Lumineux, lança-t-il. Vous vous blesseriez gravement en tombant de la sorte. Je suis navré de vous demander un peu plus de patience mais il en va de votre sécurité. Nous nous occuperons, bien sûr, de trouver un soigneur expérimenté pour votre cheville.
Il avait très envie de frapper à la porte de Marisa pour l'obliger à soigner d'Oranet… Mais en attendant, il fallait visiblement distraire cette dernière, ou elle allait encore inventer quelque bêtise. Ou lancer une autre chaussure. Il se rapprocha d'un mètre du promontoire.
-Mais d'abord dites-moi, pendant que ma camarade s'occupe de la diplomatie : comment vous êtes-vous retrouvée dans cette regrettable position ?
Il ne doutait pas que la version de l'histoire de Stella d'Oranet serait, au mieux, déformée, mais au moins cela allait l'occuper quelques instants. Il priait pour qu'Erika fasse vite.