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[Mission] Ne tirez pas sur le messager

Cerys
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Tout s'est passé si vite et pourtant, Cerys a l'impression d'être tombée sur le renaigse il y a une éternité. Ce qui a été le plus long : la chute de l'exilée et Cuán. Elle n'a pu qu'assister, impuissante, au chaos engendré par... par quoi, au juste ? Le groupe s'est-il trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? Ou bien, cette femme n'aurait-elle pas du s'en prendre au garçon ? Pourquoi voulait-elle en faire un hérisson, d'ailleurs ?

Vu l'état dans lequel l'a laissé la chute, Cerys doute d'avoir un jour la réponse. Elle est trop loin pour comprendre réellement a qui appartient tel bras mais du peu qu'elle peut aviser, elle saisit très bien l'horreur de la situation. La voglendaig a bien vu : le guerrier était au-dessus de la femme, quand ils sont tombés. C'est elle, qui a tout pris. Que Celui aux mille visages ait pitié d'elle. Quoiqu'elle ait fait.

"Cerys, l’étranger, le poison, s’il te plaît. Réveille le, son esprit est en train de partir."

Jamais Cerys n'aurait cru entendre ça un jour. Qu'on lui demande de sauver en priorité un continental plutôt qu'un natif. Après tout, d'où elle est, elle ne peut pas voir que l'exilée est déjà condamnée. Quand au blond, Neve est la plus proche pour s'en occuper. Alors, Cerys obtempère, satisfaite d'enfin pouvoir se rendre utile. De pouvoir montrer son savoir. Elle s'agenouille à côté de son patient, la main déjà plongée dans sa besace.

"Doucement, étranger, tout va bien", chuchote-t-elle d'une voix paisible alors qu'elle porte à ses lèvres un pot contenant une mixture. "Bois, voilà".

Cerys lui pince le nez pour le faire déglutir. Le chien vient coller sa truffe contre l'épaule de la jeune femme alors qu'elle attrape une première flèche. Elle flatte le cou de l'animal pour le calmer, attendant un instant que le breuvage jumelé à sa magie apaise les douleurs de l'homme. La brune sait comment procéder avec les blessures par flèches, cela a été une des premières leçons de Eochaid. Alors, c'est d'un coup sec qu'elle arrache le projectile, puis applique aussitôt un onguent qui absorbera la toxine. Elle procède ainsi avec les deux autres flèhes, tout en marmonnant des prières à En on míl frichtimen pour qu'il daigne soigner l'étranger.

Concentrée, Cerys ne prête plus la moindre attention à ce qui l'entoure. Un ennemi pourrait bien surgir devant elle, toute son attention est focalisée sur son patient, sa magie et ses prières.
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Le guerrier est sonné pendant plusieurs secondes. Lorsqu'il reprend ses esprits il se rappelle que la chute lui a paru à la fois si courte et si longue. Mais c'est bien le cadet de ses soucis. Cuán ne sait même pas tout ce qui a pu se brisé dans son corps lors de la chute. Le natif ressent une vive douleur un peu partout dans son corps et notamment dans le bras droit, bien écorché par une flèche qui lui a fait une petite entaille dans le bras avant d'y rester à moitié fichée.
Merde. Ça ne fait pas du bien mais au moins il est toujours vivant. Cuán se rappelle rapidement de l'existence de l'autre abrutie qui l'a amorti mais il n'a que brièvement le temps de constater son état bien pitoyable lorsqu'Ellis commence à le tirer et que le guerrier se concentre à nouveau sur le sien.
Mal au dos, à la nuque, au bras, sans compter le carquois brisé sous le choc qui a réparti plein de petits morceaux de flèches entre le natif et l'autre abrutie.
Suite à la question du chasseur, le guerrier articule bien que lentement :
"Ellis ?"
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L’étranger obéit du mieux qu’il peut aux demandes de Cerys, les yeux clos. Il pousse un petit cri quand on lui retire la flèche, n’ayant pas l’énergie de plus, et retombe dans l’inconscience pendant quelques secondes. Les soins de Cerys ramènent à peine un peu de couleur sur ses joues. L’onguent fonctionne mais il faudra probablement lui faire absorber des quantités d’une herbe commune pour les doneigada, notamment ceux de Visgoneigad, qui permettent au corps de surmonter le poison, et l’aide à évacuer la toxine. C’est un tonique pour les organes qui comme le foie et les reines, qui évite qu’ils cèdent sous le stress de devoir filtrer des humeurs contaminées. Le mieux serait d’avoir l’antidote… Et Cerys sait en produire un, surtout si elle a le venin, or la femme qui est tombée doit en avoir sur elle. Cela ne réparera pas les dégâts déjà causés par la toxine mais au moins l’homme était allongé et saignait, c’est presque mieux pour lui : son cœur n’a pas pu diffuser partout le poison, il n’a pas les tremblements caractéristiques du stade final de cette intoxication qui indiqueraient qu’il est en train d’étouffer, et la lenteur du venin lui permettra d’être remis sur pied s’il est vite mis au repos et à l’abri. Les blessures elles-mêmes ne sont pas belles, il a perdu du sang, et son tendon a été abimé par une des flèches, mais de la même façon il n’y a rien que Cerys n’ait pas déjà vu. Si les guérisseurs des étrangers ne sont pas parfaitement idiots, ils sauront quoi faire.

L’étranger doit avoir à peine 18 ou 19 ans. Il serait considéré comme adulte, mais tout juste, chez les Natifs. La femme qui est tombée a dans les mêmes âges. Dans quel monde deux êtres à peine sortis de l’enfance se torturent-ils de cette façon ?

Du côté de Cuán, il peut entendre la voix d’Ellis, ferme mais douce.

- C’est moi. Je vais bouger ta main, accroche-toi comme tu pourras. Tu es blessé mais tu ne vas pas mourir.

Il le dit de façon factuelle, sachant bien pour s'être lui-aussi battu qu'il n'est pas toujours aisé d'évaluer ses blessures lorsqu'on est dans un tel état. Il place le bras valide du guerrier autour de son cou et compte « 1… 2… 3 » pour l’aider à se relever tant bien que mal. Il le traine plus qu’il ne l’aide à marcher jusqu’à l’éloigner des flèches, des éclats de carquois, de céramique parce que la femme avait un paquetage et que des choses ont éclaté à l’intérieur, du sang.

Un hurlement rompt la régularité du bruit de la pluie. La femme au sol mugit, elle mugit de toutes ses forces, de douleur, tous ses muscles tendus.

- Neve !

Lance Ellis.

- Fais quelque chose.

Son ton est sec, sans être agressif. Il semblait attendre qu’elle porte assistance à leur assaillante depuis le début, mais Neve manque de déraper dans la terre meuble, de sang ou d’eau, difficile à dire à présent. Malgré son souffle court, elle s’agenouille auprès de la blessée et tente de poser ses mains sur elle, mais la femme s’agite et se remet à hurler, jusqu’à ce que sa voix s’arrête, d’un coup, cassée, comme si ses cordes vocales aussi avaient rompu.

Pendant ce temps, Ellis, malgré la tension sur son visage, a lancé à Cuán, après avoir agrandi les bords de la plaie :

- Je vais tirer la flèche.

Et il le fait. Il presse immédiatement un bandage dessus et appuie, fort, pour endiguer le flot de sang. Il retire la capuche que portait le guerrier pour laisser la pluie couler sur son visage et murmure une prière au Dieu aux mille visages, espérant visiblement qu’un peu de fraîcheur remette en place les idées de Cuán. Ce n’est pas une mauvaise idée. Le pauvre guerrier peut avoir l’impression d’être dans une fournaise, comme si sa tête faisait deux fois la tête qu’elle devrait faire et qu’il tombait toujours, le monde tangue, mais la pluie, pas trop froide, n’est pas désagréable sur sa peau.

Ellis est en train de bander sa plaie alors que Neve fait de son mieux pour aider leur assaillante à respirer, en tentant, par pression, d’inverser l’horrible enfoncement dans son thorax, lorsque la femme parvient à parler. Elle gémit :

- Ellis… Me laisse pas comme ça… Ellis…

Du bout des doigts, de son bras encore valide, elle tâtonne pour prendre une des flèches qui se trouve au sol, ce que Neve, toute à ses soins, ne repère pas.

- Ludga, j’arrive. Je suis là.

Assure le chasseur, toujours avec sang-froid malgré la situation.

- Cerys, si tu as fini tu pourrais venir voir Cuán ?

Si la voglendaig relève la tête, si le guerrier arrive à y voir clair, ils pourront tous les deux apercevoir le geste de la femme. Lugda. Ellis lui, est dos à elle.


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Cerys
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Il est vraiment en piteux état. Quel gâchis.

Avec les moyens qui sont siens, Cerys a fait tout ce qu'elle a pu. Il faudrait détoxifier le corps avec un antidote mais elle n'a ni les ingrédients ni les outils pour le faire. Remarque, il lui reste des fioles vides dans son sac. De l'écorce pourrait servir de table de travail et une pierre de pilon. Il ne manquerait plus qu'à trouver une poche de venin.

Je n'ai pas le temps de faire l'aller retour jusqu'au village pour en récupérer. Où est-ce que je peux...

Les cris de la femme déstabilise la brune. Elle tourne la tête vers les hurlements, les sourcils froncés par la contrariété. Si Cerys regrette sincèrement que la situation ait dégénéré à ce point, elle en veut tout de même à la blessée qui est la seule fautive de ses douleurs. Elle supplie en chuchotant Celui aux Mille Visages de faire cesser ces gémissements.

Avec un soupir, la voglendaig retourne son attention sur son patient, quand l'illumination se fait. L'exilée a utilisé du poison pour enduire les pointes. Il faut les tremper avant l'utilisation. Donc, l'exilée a probablement encore du poison sur elle !

"Cerys, si tu as fini tu pourrais venir voir Cuán ?"

Non, elle n'a pas fini. Il faut qu'elle s'assure que son hypothèse est bonne et si c'est le cas, qu'elle confectionne l'antidote le plus rapidement possible. L'état de l'étranger est stabilisé mais ils ne pourront pas le déplacer comme ça. Je peux quand même aller vérifier que Cuán ne soit pas dans un état critique.

Cerys se relève en grimaçant. Le genou sur lequel elle est tombée lui fait mal, surtout d'avoir dû supporter son poids le temps des soins. Décidant de s'en préoccuper plus tard, il y a des cas bien plus graves, la jeune femme tourne la tête vers Lugda et Ellis. Alors, elle avise la flèche que la mourante tient. Elle constate que le chasseur est de dos. Son sang se glace. Veut-elle l'attaquer ? est-ce que Cerys se fait des idées et voit le mal partout ? Mieux vaut pécher par excès de prudence, après ce désastre.

"Ellis ! Attentions, derrière toi !" crie-t-elle en se précipitant vers lui. Trop tard ?
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Le retrait de la flèche arrache à Cuán un bref cri de douleur avant le soulagement. Il a chaud, très chaud. Tout est encore très flou pour lui. Où en est-on ? Le guerrier ne sait vraiment pas à quel point ses blessures sont graves ou non. Il a toujours été très mauvais pour évaluer ça de toute manière, les sous-estimant bien trop souvent. Étant presque sûr de ne pas pouvoir se relever tout de suite, le natif décide d'observer comme il le peut la scène se jouant autour de lui. Les deux voglendaigs affairées à soigner les deux autres victimes de cette imbécile, dont l'imbécile elle même, Ellis qui se rapproche de cette dernière, qui quand à elle ramasse une flèche. Ramasse une flèche ? En demandant à Ellis de venir vers elle ? C'est forcément que cette archère prépare un autre mauvais coup !
Cuán aimerait hurler mais il n'y arrive pas, luttant déjà avec ses maux de tête :
"Ellis... elle a une flèche..."
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CW : suicide

Il n’est pas trop tard puisque Lugda, trop faible, n’avait aucune intention d’envoyer sa flèche sur Ellis. Elle n’aurait pas pu sans son arc, et l’homme n’est pas assez proche. Non, elle a un geste brusque pour la rapprocher d’elle, et Neve pousse un cri.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Hurle la voglendaig en attrapant la main de Ludga. Il est difficile de dire alors qu’elles se débattent de la sorte ce que Ludga voulait faire… S’en prendre à Neve… Ou à elle-même. Les avertissements de Cuán et de Cerys ont permis à la voglendaig d'être attentive.
Ellis accourt au chevet de la blessée et se jette dans la boue auprès d’elle.

- Veux pas… finir entre les mains… Odran…

Gémit Lugda.

- Des… étrangers…

Elle tente de tordre le bras de Neve. Elle approche effectivement la flèche de sa propre gorge. Atroce, et avec le peu de force qu’il lui reste, elle n’aura probablement même le geste assez stable pour finir ça proprement. Ou lentement.

Pourquoi croit-elle qu’on va la capturer ? Ce n’est pas une pratique native – elle a été exilée. Elle n’est plus le souci d’aucun clan, techniquement.

- Leur justice… Pas ma justice…

Gronde Lugda entre ses dents serrées. Ellis a saisi son bras pour de bon et l’a arrêtée. Il la regarde, les yeux écarquillés, alors qu’elle ajoute, en regardant l’œil pâle du chasseur.

- Veux pas finir… comme toi…

Ellis serre les dents, mais répond, stoïque, malgré son émoi visible face à l’état de la jeune femme.

- Tu vas faire ça n’importe comment, Lugda.

Il relève la tête. Il semble interroger Cuán et Cerys du regard sur la suite. Neve, qui a été piquée par la flèche de Lugda, agite son poignet, les lèvres pincées et lance, habituée visiblement à ce que le chasseur prenne l’initiative.

- Ellis ?
- Mon jugement est voilé. J’ai besoin de votre conseil.


Admet le chasseur et il ne semble pas s’adresser à Neve. Cuán peut se redresser de lui-même mais le monde va tourner. Fort. Lugda a un rire éreinté, à peine plus qu’une série d’expirations difficiles. Cependant, ce qu’a fait Neve a un peu aidé son souffle. Elle pourrait peut-être s’en sortir – dans quel état, difficile à dire – s’ils sont rapides et avec des soins intensifs, mais qui en donnerait à une exilée ?

Les étrangers peut-être. Une idée troublante, révoltante presque, mais nombreux sont ceux prompts à proposer leur aide, Cerys le sait mieux que personne avec tous les missionnaires autour de son village.
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Cerys s'arrête à la hauteur de Cuán et Ellis, perplexe par ce qu'elle voit. Pensant que Lugda comptait planter d'une façon ou d'une autre le chasseur, elle constate que c'est contre sa personne que l'exilée en a. La plus âgée des voglendaiga s'accroupit à côté du guerrier blessé, maintenant certaine qu'il n'y a plus de danger. Neve s'occupe déjà de la mourante, et Ellis les rejoint précipitamment.

Cerys n'est pas certaine de tout comprendre. Tout cela dépasse la simple embuscade d'une exilée désespérée. De quoi parle-t-elle ? Pourquoi par En on míl frichtimen voudrait-on la capturer ? Ca n'a aucun sens, ce n'est pas un vulgaire animal.

Les sourcils froncés, elle baisse la tête vers Cuán pour s'enquérir de son état. Les soins les plus importants lui ont déjà été donnés. Mais il doit souffrir le martyr. Elle lui donne le reste du breuvage qu'elle a fait boire à l'étranger, pour calmer la douleur.

"Veux pas finir… comme toi…"

La voglendaig relève la tête, de plus en plus contrariée. Elle ne comprend pas les tenants et aboutissements, alors qu'elle sent que ce qu'il se pense est grave.  Cette mention d'être capturée persiste dans son esprit, comme si c'était révélateur de quelque chose. Mais de quoi ? Que s'est-il passé pour qu'elle soit exilée ? C'est lié, j'en suis certaine.

Si Cuán tente de se relever, Cerys sera là pour l'aider et le soutenir. Ellis leur demande non seulement de prendre partie dans un conflit qui ne les regarde pas, mais de lui indiquer un choix à faire : vivre ou mourir. Seul Celui aux Mille Visages peut choisir en toute impartialité. Eux ne sont que des êtres de chairs et de sang, sensibles à leurs émotions. Aux querelles abjectes et stériles. Cerys est dégoûtée par ce gâchis de vie et de ressources.

Lugda pourrait s'en sortir, si elle est soignée. Neve s'est déjà presque parjurée en endiguant l'hémorragie. Elle pourrait bien finir ce qu'elle a commencé, du moins essayer. Et si  En on míl frichtimen la réclame à lui, ce sera tant pis. Réflexion puérile qui pousse la jeune femme à soupirer. Elle n'accepterait pas qu'on lui demande ça, ce n'est pas pour le proposer à sa camarade. Une idée lui vient, guère mieux que la précédente, mais elle a le mérite d'exister : la faire soigner par des renaigse. Ils ont le savoir, Cerys en est convaincue. Et peut être même la volonté, vu ceux qui tournent autour de Vigsoneigad. Mais Lugda n'est pas en état d'être déplacée.

Un nouveau soupir. La brune croise le regard de Ellis, qui attend une réponse. Elle se mord la lèvre, tentant d'appeler toute sa rationalité. Elle meurt d'envie de comprendre et si l'exilée meurt, c'est son point de vue qui disparait pour toujours. D'un autre côté, elle est clairement dangereuse et la soigner, c'est prendre le risque qu'elle récidive. Quel casse-tête ! Mon dieu, pardonne moi.

"Je pense que... ses souffrances doivent être insoutenables."

Dire ces quelques mots a été bien plus difficile que prévu. Il lui a fallu déglutir plusieurs fois, n'osant regarder qui que ce soit, encore moins le chasseur. Elle n'a pas explicitement dit qu'il fallait la condamner. Mais quelle différence ?
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Cuán met un peu de temps à comprendre le geste de Lugda. Mais il comprend très bien ce à quoi elle fait allusion lorsqu'elle parle. Le guerrier se relève péniblement, aidé par une Cerys en galère. Le monde tourne autour de lui et le natif a bien du mal à savoir si il se dirige bien à petits pas vers la mourante.
Puis vient la question d'Ellis. L'ancien chasseur a besoin d'un avis, son esprit est embrumé. Mais celui de Cuán aussi. Lugda les a attaqué. Mais elle veut partir avec dignité. Exilée, seule, blessée comme elle est, elle ne survivrait pas bien longtemps avant d'être capturée ou abattue par ces crevards de renaígses. Le natif sait comment les renaígses traitent les siens et ne le souhaite à personne. Certains emportent les morts, les privants des rites traditionnels.
Le guerrier rassemble ses forces et répond à Ellis :
"C'est une des nôtres, Ellis... Elle a le droit à une mort digne d'une native ! La faire souffrir pour qu'elle tombe entre les mains des renaígses pendant sa convalescence serait bien pire !"
Cuán essaye de regarder la mourante dans les yeux.
"Ta haine des renaígses est louable... Mais tu es allée trop loin en t'en prenant à notre peuple."
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CW : suicide

Ellis se frictionne le visage comme pour y voir plus clair. Il prend plusieurs grandes inspirations, moins d’une dizaine. Il reprend très vite son aplomb.

- Vous avez raison.

Il annonce seulement. Neve ouvre la bouche, prête à protester mais il l’attrape par les épaules pour qu’elle le fixe et lui dit simplement.

- Tourne-toi.

Il sait, il sent, qu’elle ne veut pas voir la suite. Neve est pâle comme un morceau de nacre, on dirait qu’elle est sur le point d’être malade. Elle commence par secouer la tête, mais Ellis la secoue, dans une brève saccade.

- Neve, il n’y a aucune bravoure à affronter une douleur dont on peut se préserver.

La voglendaig finit donc par se détourner, les mains tremblantes, pleines du sang de Lugda. Cette dernière fixe Ellis, à présent si proche.

- S-Si joli… mots…

Elle raille, les dents rouges. Elle toussote et crache par terre. Ellis saisit sa main. Il en retire lentement la flèche et demande à l’exilée.

- Qu'est ce que tu faisais là ?
- Me... vengeais…
- En tuant de jeunes gens ?
- Pas lui ! Toi
!

Les larmes débordent et roulent sur les joues de Lugda. Elle essaie de les chasser mais n’en a pas la force. Elle pousse un nouveau cri de rage, plus rauque, moins fort. Elle n’a presque plus de force, et sa silhouette tordue git là, presque inerte. Ses lèvres bougent toujours.

- T’es même pas venu… me voir !
- Alors tout ça était une ruse pour attirer mon attention ? Tu ne crois pas que c’est un peu… puéril ?


Répond Ellis avec un nouveau soupir. Il n’a même pas l’air en colère, seulement très las.

- Ne l’accuse pas de ne pas avoir été là, où étiez-vous tous lorsqu’Ellis avait besoin de vos soins ? J’étais à son chevet plus qu’aucun des membres de son propre clan ! A l’exception d’Odran. Vous l’avez traité comme s’il était contagieux !

Intervient Neve. Le visage d’Ellis, déjà troublé, se crispe. Il réagit d’une telle façon qu’il est évident que la voglendaig dit vrai… Mais cela ne plaît pas au chasseur de l’entendre, c’est probablement trop privé, il n’aurait pas voulu l’entendre prononcer tout haut devant des gens qu’il connaît à peine. Il essaie de recentrer le sujet :

- Qu’espérais-tu que je dise ? Et qu’espères-tu de moi à présent ? Je respecte la décision de notre roi. Je ne t’aurais pas défendu, pas quand il s’agissait d’un crime de sang.

Il se tourne vers Cuán et Cerys et leur affirme :

- Elle a tué un étranger et elle a été bannie.
- Non ! Non !


Lance Lugda dont la voix reprend un peu de vigueur. Son visage exsangue se colore de rage. Il lui en reste plus que de sang.

- Je l’ai pas… tué ! Il voulait connaître notre… lieu sacré. Il voulait… Aller là où il aurait pas dû. Alors je l’y ai envoyé ! Mais je l’ai pas tué ! Pas de mes mains !

Les sourcils d’Ellis se froncent, il a l’air de réfléchir à toute vitesse. Il écoute la suite sans l’interrompre.

- La femme de Wenshaveye… Elle est revenue avec les affaires de l’étranger… Et du sang dessus… Elle l’a vue en dernier ! Il était en vie … quand elle l’a trouvé. Elle l’a dit ! Odran…

Le prénom est prononcé par Lugda comme le râle d’un animal sauvage.

- Il dit quoi… Il dit quoi ?! Et tu … écoutes ? Vous… écoutez ?

Elle n’a presque plus de souffle. Tout en la rassurant, Ellis la questionne :

- Je t’écoute toi pour le moment et tu me dis que notre roi a fait erreur.

Il ne peut dire "qu'il m'a menti", ce serait trop gros, et une remise en question trop direct de son propre Màl. Lugda réplique :

- Il a… peur. Des étrangers. Et Odran il veut… Il veut… Il veut !

Elle le dit comme si Odran était défini uniquement par cela, s’arrêtait et commençait comme cela, même un adjectif, un acte, passif ; vouloir.

Lugda se remet à tousser et une gerbe de sang éclabousse les genoux d’Ellis. Elle se contorsionne dans tous les sens, Cuán et Cerys peuvent voir ses yeux se révulser alors qu’elle tord son cou dans un angle inconfortable pour tenter de les voir tous les deux, en particulier le guerrier. Elle articule des mots qui n’ont pas de sens, comme pour le prévenir ou le prier de quelque chose, alors qu’elle semble un instant absente à la réalité. Elle éclate ensuite en sanglots, et au lieu de crier, elle est saisie de petits hoquets. Elle gémit, elle miaule de souffrance, et ses muscles sont pris de spasmes, ils sont raidis par la douleur et le manque d’air. Ses doigts sont tout boursouflés et bleuis, ses lèvres commencent lentement à subir le même sort.

Neve se détourne de nouveau rapidement. Ellis, quant à lui, saisit la nuque d’exilée et tente de la garder un peu tranquille, de la faire s’immobiliser. Il caresse ses cheveux tâchés de rouge.

- Lugda… Je te présente mes excuses. J’aurais dû être là. Je suis là. Je suis là, Lugda. Regarde-moi.

Les yeux de la femme semblent parvenir à faire le point un instant sur Ellis. Lorsqu’elle prononce de nouveau son nom ce n’est plus avec colère. Elle a une voix minuscule, à peine un filet. Elle a l’air parfaitement terrifiée.

- C’était un tir… somptueux de précision. Je le raconterai aux autres.

Il a dégainé sa dague tout en conversant, alors qu’il soutient le corps de Lugda, qu’il pose sa tête sur ses genoux, l’y coince un peu pour calmer les tremblements.

- J’ai vu la parure de l’andrig blanc de cette année. Elle est incroyable ! Dans quelques semaines je suis certain que tu vas la porter. J’ai glissé un mot en ta faveur… Et j’ai prié tous les jours !

Difficile de dire si elle l’entend toujours, mais Lugda parvient à esquisser un sourire. Ses larmes redoublent, sur sa face, la morve se mêle au sang.
Ellis a positionné sa dague contre la cage thoracique de Lugda. Il connaît le point d’entrée, directement vers le cœur en passant par le diaphragme.

- Tu lui diras bonjour ? A notre dieu… Tu lui diras que tu as été brave. Et un petit secret : que tu tires probablement mieux que moi, maintenant.

Le bruit sec de la chair ponctue les mots du chasseur. Il y a du sang, un dernier halètement, puis il y a le silence. Ellis a l’air hébété. Jusqu’au bout, son bras n’a pas tremblé. Il repose le couteau avec le même calme qu’il a démontré jusqu’ici. Voilà qui est fait. Cuán a eu le temps de se sentir un peu mieux même s’il ne remarchera pas avant quelques temps sans avoir le vertige ou la nausée. Quant à l’étranger blessé, il est le premier à rompre le silence. Il grogne. Il est toujours empoisonné.

- Nous devons le ramener aux siens.

Annonce Ellis sans temps mort. Il n’a cependant pas cherché à ranger sa lame dans son fourreau, ni n’a lâché le corps de Lugda.

- Ensuite…

Il n’a plus l’air sûr du tout.
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Ce qui suit est dur. Très dur. Etre confronté à la détresse physique, c'est une chose. Mais devoir supporter la douleur, les cris, les lamentations, c'est une chose que Cerys n'avait encore jamais connu. Oh, bien sur qu'elle a déjà du voir des patients grièvement amochés, qui finissent par rejoindre En on míl frichtimen en souffrant.

Mais ce qui se passe à cet instant, ça va hanter ses cauchemars longtemps. Pourtant, Cerys ne détourne pas le regard ; elle s'oblige à regarder jusqu'aux bouts, la gorge et le ventre serrés. C'est en partie sa parole qui fait que Lugda est condamnée. Elle a fait le choix de ne pas l'amener aux renaigse qui auraient peut être pu l'aider. Elle n'aurait pas accepté, de toute façon. Si c'était pour tuer tout le monde une fois guérie, ou se donner la mort parce qu'elle ne supporterait pas l'idée d'avoir été sauvée par des étrangers, ça ne nous aurait pas avancé.

Des pensées bien pragmatiques qui ne rendent pas la scène moins affreuse. Les révélations qui sont énoncées sont importantes, lourdes de conséquences. Cette guerre intestine gangrène bien plus le système natif que ne le pensait la voglendaig. La situation est grave. Pourtant, la plupart des clans ne s'alarment pas. Le propre village de Cerys ne bronche pas.

"J’ai vu la parure de l’andrig blanc de cette année. Elle est incroyable ! Dans quelques semaines je suis certain que tu vas la porter. J’ai glissé un mot en ta faveur… Et j’ai prié tous les jours !"

La brune ferme les yeux, les larmes menaçant de déborder. Etre voglendaig, c'est être au service des autres. prendre leur douleur, les soigner, les accompagner. Cela demande compassion et abnégation. Souvent, Cerys est égoïste et rejette tout ça. Pourtant, l'enseignement d'Eochaid l'a marqué à vie ; et jamais il n'aurait accepté de former une apprentie dénuée de cœur.

C'est fini.

Tout en rouvrant les yeux, Cerys prend une grande inspiration. Elle s'assure que Cuán puisse tenir debout seul. Puis, elle va s'agenouiller près du corps de l'exilée, la regardant un moment. Elle finit par poser la main sur les yeux de Lugda en murmurant :

"Andevaurshd tír se. Celui aux mille visages veille sur toi."

Ainsi, la jeune femme ferme les yeux de Lugda et se relève. Un regard bref vers Neve puis plus long sur Ellis. Il faut affronter la mort, l'accepter, continuer. Elle pose une main douce sur l'épaule du chasseur.

"Tu es fort."

Ce qu'il a fait, peu le pourrait. Elle acquiesce à ses mots en tournant la tête vers son patient.

"Ensuite, nous ramènerons la paix sur notre peuple."

Phrase bien naïve. Et pourtant, n'est-ce pas ce qu'il faudrait ?
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Cuán assiste à la mise à mort de Lugda, muet. Le guerrier est debout mais ne peut pas se déplacer bien rapidement. Il se rapproche un peu du corps de la défunte et se demande entre deux douleurs comment son objectif d'arrêter Ellis s'est mué en une mort d'une des leurs et le sauvetage d'un jeune renaígse. Merde. Sans compter ses propres blessures. C'est vraiment un raté total. Mais un but est atteint au moins. Le groupe est sauf, l'attaquante est hors d'état de nuire. Il reste au natif une question, qu'il s'empresse de poser à l'assistance lorsque la douleur se fait moins sentir :
"Vu que vous avez soigné ce fichu renaígse, j'imagine que ce n'est pas pour l'abattre après. Vous comptez faire quoi de cette sale racaille qui ne devrait même pas pouvoir marcher ici? C'est un renaígse, il n'a pas sa place sur notre Tír Fradí ! Plus important encore, nous ne pouvons pas laisser Lugda ici sur le chemin, il faut qu'on s'occupe d'elle."
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Ellis referme sa main sur celle de Cerys. Un instant, il s’y accroche, comme si c’était la seule chose qui empêchait le monde de tanguer. Puis il inspire et la relâche.

- Merci, Cerys. C’est un beau sentiment.

Il ne le dit pas avec ironie, mais comme s’il fallait se rappeler ces choses-là dans un moment pareil. Il écoute ensuite Cuán de bout en bout, regarde Lugda, Neve, Cerys. Il expire profondément.

- Lugda est exilée. Elle ne pourra pas revenir au tertre de sa mère, et de ses mères avant elle.

C’est un fait. Techniquement parlant, elle n’est plus l’affaire de personne. Cependant, Ellis ne s’arrête pas là, il semble réfléchir :

- Treasa pourrait en décider autrement, n’est-ce-pas ? Tu es son guerrier. Et elle honore ceux qui tombent pour le combat que vous appelez juste entre tous. Lugda était convaincue par ses idées. Tu as entendu ce qu’elle a dit sur Odran. Treasa sera probablement intéressée. Ton Màl peut adopter Lugda à votre clan à titre honorifique… Ou Treasa peut y faire quelque chose.

Après tout, elle construit son propre village. Elle change les choses elle aussi, malgré tout.

- Voilà ce que je te propose, Cuán : je rapporterais avec moi le corps de Lugda à ton village et nous dirons tout ce que nous avons appris à ton Màl. Je suis prêt à témoigner sur mon honneur des mots de cette chasseresse.

Ce serait une victoire majeure pour Treasa, un soutien d’Odran qui vient personnellement le disgracier…

- … Cerys et moi allons ramener cet étranger chez lui, au village des Yeux Jaunes. J’y reviendrais pour mener ma mission à bien car cela aussi je m’y suis engagé. Je cherche toujours la vérité. Ce jour-là, viens avec moi.

Le chasseur tend la main au guerrier, aussi littéralement que métaphoriquement. Il lui présente sa paume pour l’aider à tenir debout.

- Je ne désire rien te prouver. Je te vois plein de certitudes. J’aimerais en être aussi pétri que toi. Pourtant je ne peux tout à fait les embrasser. Pas encore, peut-être. Je dois voir de mes yeux. Ce jour-là, oui, venez avec moi.

Il étend semble-t-il son invitation à Cerys avant d’ajouter.

- Nos morts ont commencé ce conflit.

Les cadavres, volés, muets par-delà la tombe. Ellis contemple le visage de plus en plus pâle de Lugda.

- Laissons cette mort l’apaiser un instant. Trouvons un terrain d’entente. Je ne parle pas avec la voix d’Odran, seulement avec la mienne. Pour ce qu’elle vaut.

Voilà donc ce que propose Ellis : Cuán aurait rempli sa mission, détourné le messager de son but, le ramènerait même avec lui auprès de Treasa et de son Màl… Et en échange, il devrait revenir ici un jour avec la jeune voglendaig et poursuivre cette tâche, c’est-à-dire pénétrer dans le village des yeux jaunes ; la Congrégation Marchande.

Dans l’immédiat, il gagnerait beaucoup. Treasa serait probablement ravie de pouvoir s’entretenir avec un homme tel qu’Ellis et qui sait, peut-être pourrait-elle l’enjoindre à se détourner de cette idée stupide, ainsi Cuán n’aurait jamais à revenir… Mais Ellis semble déterminé. Il n’a pas l’air prêt de se contenter de ce qu’une seule personne lui dira. Il se tourne d’ailleurs vers Cerys pour lui dire.

- Accepte-tu ? Je ne t’ai… Je ne t’ai même pas demandé ! Pardonne-moi.

Il lui adresse un pâle sourire.

- Accepte-tu de m’aider à garder l’étranger en vie jusqu’aux siens pendant que Cuán se repose ici ? Accepterais-tu de me recevoir chez les tiens une fois cette histoire derrière nous ? J’aimerais comprendre et j’ai le sentiment d’avoir raté un certain nombre d’évènements.

Sans aucun doute, il se sent responsable de la mort de Lugda. Difficile de dire ce qui s’est passé exactement mais il est évidemment qu’Ellis pense que s’il avait été présent, les choses seraient passées différemment. Il est différent que voilà quelques heures à peine, il est toujours maigre, il est toujours frappé d’une vilaine blessure, mais il y a quelque chose dans son port ; il se tient plus droit qu’auparavant. En revanche, sa voix et la douceur de celle-ci sont restées les mêmes, jusqu’au bout, jusqu’à bercer Lugda dans son dernier sommeil.
 
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"Vu que vous avez soigné ce fichu renaígse, j'imagine que ce n'est pas pour l'abattre après. Vous comptez faire quoi de cette sale racaille qui ne devrait même pas pouvoir marcher ici? C'est un renaígse, il n'a pas sa place sur notre Tír Fradí ! Plus important encore, nous ne pouvons pas laisser Lugda ici sur le chemin, il faut qu'on s'occupe d'elle."

Cerys fronce le nez. Elle avait presque oublié la véhémence qui anime le guerrier. Après tout, c'est à cause d'elle qu'il a rejoint le groupe. Enfin, plutôt grâce. Cuán a permis de faire tomber l'exilée. Seul, Ellis n'aurait probablement pas suffit. Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez quand même. Une telle agressivité contre les renaigse ne changera pas la situation.

Certaines circonstances, comme le vol de leurs morts, peuvent être atténuantes. Néanmoins, risquer de provoquer une guerre n'est pas une décision à prendre à la légère.

La discussion qui suit est très politique. Pour un peuple habitué à vivre centré autour de son clan et des échanges, les interactions entre différents villages pourraient bien être la clé de la paix. Cerys voulait assister à l'Histoire, la voilà servie. Pas comme ça.

Le corps sans vie de Lugda, déformé par ses blessures, va hanter ses cauchemars un moment. Ellis parle beaucoup, expose un plan pour convenir à tous les parties mais surtout, ne semble plus aussi certain de ses idéaux.

"Laissons cette mort l’apaiser un instant. Trouvons un terrain d’entente. Je ne parle pas avec la voix d’Odran, seulement avec la mienne. Pour ce qu’elle vaut
- Elle vaut bien plus que lorsque tu parles au nom de quelqu'un."

Cerys regarde un instant le chasseur puis Cuán, comme pour lui dire "cela vaut pour toi aussi". C'est la première fois depuis le début de l'excursion qu'elle prend partie à ces histoires politiques. Ou plutôt, qu'elle montre son absence de partie. Que ce soit Odran ou Treasa, ils sont tous les deux aussi responsables de la gangrène qui dévore son peuple.

La mine sombre, Cerys regarde le sol alors qu'Ellis finit par lui demander son avis. Oubliée, comme toujours. Elle ferme les yeux, cherchant Celui aux mille visages en elle. La vérité n'apparaitra pas comme ça, elle le sait. Il lui faut agir comme l'adulte qu'elle réclame être.

Qu'est-ce que je veux ? Arrêter la séparation des natifs. Arrêter de croire qu'une personne sait mieux que l'autre la marche à suivre. Arrêter d'être soit trop peureux et renfermé dans le passé, soit trop ouvert et dénonciateur de nos traditions. Retrouver la sérénité en acceptant la présence des étrangers.

Sans le vouloir, la voglendaig a fait durer le silence, le temps de sa réflexion. Elle pousse un long soupir en rouvrant les yeux, sa manière de se refocaliser sur le monde tangible qui l'entoure.

"J'accepte. Je refuse que le renaigse meurt sur ce chemin."

Elle fronce légèrement les sourcils en s'approchant d'Ellis.

"Tu t'engages à beaucoup de choses, Ellis, fils d’Eilidh, fille d’Isla. J'aime croire qu'il est encore possible d'avoir un avis sans être dans le camp de Odran ou de Treasa. Je te recevrai parmi les miens si tu viens pour toi et non pour l'un d'eux. Si tu viens en étant l'ancien andrig blanc et pas le faire valoir de Odran."

Elle se tourne vers Cuán, toujours avec cette expression déterminée sur le visage.

"Il en va de même pour toi. Tes convictions guident tes pas plus certainement que En on mil frichtimen. Que cela ne nous mène pas à une guerre entre les clans. Il y a déjà trop de morts pour rien."

Le regard qu'elle pose sur Lugda est plus qu'éloquent.
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Cuán attend que le chasseur ait fini son discours pour lui répondre.
"Mon Mál ne sera que moyennement intéressé par son histoire mais n'adoptera probablement pas Lugda. A Vighulgsob nous ne récupérons pas tous les exilés sous prétexte qu'ils détestent aussi les renaígses. Mais tu peux voir avec Treasa, elle en voudrait peut-être. Personnellement, je ne vois là que la dépouille d'une imbécile qui a osé attaqué les siens et en a payé le prix. Je veux simplement l'écarter du chemin que les nôtres empruntent."
Le guerrier réfléchit un instant et déclare :
"Ellis, fils d’Eilidh, fille d’Isla, j'accepte ta proposition. Je vous attendrais ici. Filez donc avec ce fichu renaígse et rentrons quand vous l'aurez jeté aux siens. J'espère que vous reviendrez tous saufs. Soyez sur vos gardes, il ne faut faire confiance à aucun renaígse, surtout si c'est un layon."
De toute façon, Cuán a besoin de repos dans l'immédiat. Le natif se tourne alors vers Cerys, après qu'elle lui ai adressé la parole :
"Je suis simplement convaincu que les renaígses pourrissent la vie de tous nos clans. Je ne veux pas d'une guerre fratricide. Cela ne ferait que le jeu des renaígses."
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Ellis paraît d’abord ébranlé et circonspect lorsque Cerys prend la parole. Il écarquille brièvement son œil encore valide, mais finit par se fendre d’un sourire tandis qu’elle sert la fin de sa tirade à Cuán.

- Tes mots sont durs, Cerys, fille de Alani, fille Breena.

Il remarque tout d’abord. Son ton lui ne l’est pas, bien au contraire.

- Mais ils sont justes et la vérité est un cadeau. Je te remercie. Tu parles avec bon sens ; tu parles avec ton cœur. J’ai beaucoup à penser, sache que je n’oublierais pas tes paroles. Quand je viendrais, je viendrais en élève et non en andrig blanc. Je n’ai pas la sagesse d’en revêtir le manteau pour le moment, même métaphorique. J’ai bien plus à apprendre que je ne le pensais. Quoi qu’il en soit, ce sera toujours moi. Un peu plus humble, peut-être.

Il hausse les épaules, il y a même une pointe d’humour dans sa voix, quoi que las. Il ne semble pas défait. Il a visé le problème, il est déjà en train de s’atteler à une solution, du moins de son point de vue. Il n’a pas l’air de vouloir se laisser abattre, quoi que la peine ait marqué ses traits voilà un instant. Il fera le deuil de Lugda en ses propres termes. Ou peut-être est-ce ainsi qu’il compte s’y atteler ; en agissant. Il se tourne vers Cuán.

- Tu m’honores en acceptant ma proposition. Merci. Je ne demanderais rien de ton roi qu’il ne propose lui-même.

Voilà une marque de respect – comme il se doit, pourrait-on dire, mais le respect semble se perdre ces temps-ci.

- Crois-moi, ma confiance n’a jamais été aussi fragile, en qui, en quoi que ce soit.

Achève le chasseur à l’attention du guerrier. Cela, les paroles de Cerys… Comme il l’a dit, il va probablement avoir à réfléchir dans les temps à venir. Le moment n’est pas venu, pourtant.

- Si nous voulons déplacer l’étranger, il faut soulager son corps du poison.

Ellis a arraché une flèche à la boue pleine de sang, une dont la pointe n’est pas tâchée sinon de l’odeur âcre du venin. C’est avec précaution qu’il la tend à Cerys.

- Comment penses-tu que nous devrions le porter ?

Il demande à la voglendaig. C’est elle la soigneuse, elle la sage – elle qui sait. Neve est restée en retrait pendant tout ce temps, voulant visiblement reprendre contenance. Elle se redresse en s’essuyant les lèvres sur lesquelles s’attardent encore un peu de bile.

- Je vais vous aider, nous…
- Non, Neve, s’il-te-plaît. Reste ici. C’est dangereux.


L’encourage plutôt Ellis. Visiblement, il ne la pense pas à la hauteur, et malgré la honte qui colore le visage de la jeune femme elle opine du chef.

- Veille à ce que Cuán se remette le mieux possible.

Malgré tout, Ellis est encore le chef tacite de leur petit groupe et pourtant il se remet pour le moment aux conseils de Cerys.
Neve, de son côté, s’approche avec une appréhension visible du guerrier.

- Acceptes-tu que je m’occupe de tes blessures ?

Elle lui demande sans détour. 
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