[Event] Cuán - Constantin

Leurs pas les menèrent de nouveau sur les lieux des festivités. Hélas, les rires, la musique, les discussion teintée de gêne, tout cela n’était plus qu’un écho, un souvenir. Les bruits de célébrations avaient laissé place à un silence pesant, entrecoupée de murmures. Et lorsque les ombres de Constantin et Elowen atteignirent la proximité du feu de joie, ils reprirent de plus belle. On les désignait déjà du doigt, et on venait déjà à leur rencontre.

En voyant qui s’approchait d’eux à grande enjambées, Constantin grimaça légèrement. Ses vêtements légèrement déchirés et teintés de boue, il était une pâle ombre de celui qu’il était quelques heures plus tôt. Loin étaient les sourires, les moqueries et la fanfaronnade dont il faisait preuve habituellement. C’était un visage fermé que le juriste arborait, et dans ses yeux brillaient une conviction, et une détermination d’acier.

Maeva d’Ortian ne laissait transparaître aucune émotion. Les muscles de son visage étaient maîtrisés et soumis à un air détaché et calculateur. Aucune chaleur ne s’en dégageait, et même Constantin hésitait quelque peu avant de répondre à la question de la dame d’Ortian.

Il lança un regard rapide à Elowen, mi inquiet, mi hésitant, avant de braquer son visage sur la noble une nouvelle fois.

« Elle s’appelle Elowen. » Commença t-il en inclinant légèrement la tête en direction de la native qu’il soutenait toujours. « Elle est de Visgoneigad, et elle était en compagnie de membres de Vighulgsob quand je l’ai vue. Pas de manière très volontaire. J’étais avec un groupe de natif quand on l’a entendu hurler, et ceux de Vighulgsob se sont enfoncés dans les bois avec elle. » Il s’arrêta quelques instant, comme pour peser ses mots, avant de froncer ses sourcils. « J’admets les avoir suivis, et j’accepterai les conséquences de mes actes. J’ai entendu sans comprendre les natifs de Vighulgsob discuter, mais même sans les comprendre ce n’était pas difficile d’entendre les esprits s’échauffer. Ils sont partis peu après, laissant Elowen avec un de leurs chasseur. Il m’a demandé de jurer de ramener Elowen auprès des membres de son village. Je l’ai fait. »

Le juriste poussa un soupir, avant de reprendre.

« En chemin elle m’a raconté ce qui s’était passé, mais dans son état, elle délirait tout de même. Elle m’a prit pour quelqu’un d’autre, quelqu’un qui vient de Thélème je pense, et m’a dit qu’elle a laissé une certaine Merryn dans les bois, et que quelqu’un appelé Cadell l’avait emmené. C’est tout ce que je sais, et tout ce qu’il s’est passé. Et Elowen a toujours besoin de soin. »

Le ton et le regard de Constantin ne laissait pas le moindre doute sur ses intentions. Il ne s’excuserait pas pour ce qu’il avait fait, même s’il était prêt à accepter les conséquences de ses actes. Il avait fait ce qu’il avait estimé être juste, et c’est tout ce qui importait pour lui.[/color]

Constantin regarde Meava d’Ortan s’éloigner, partir à la rencontre d’autres personnes pour discuter des récents développement concernant les événements survenus tout au court de la soirée. Elowen, elle, repartait déjà avec les siens. Et le peu de paroles qu’elle prononça plongeait l’autre natif dans un mutisme choqué, avant qu’ils ne repartent tout deux auprès des leurs.

Autours de Constantin, l’agitation était de mise. Ca discutait, ça pleurait, l’animation était à la hauteur de la gravité de la situation. Après tout la fête qui avait été voulue comme un symbole de fraternité avait dégénéré en une affaire de meurtre. Une ambiance bien plus lugubre que ce qu’il avait pu imaginer auparavant. Ce dernier prend son chapeau dans ses mains, l’époussetant légèrement avant de le remettre à sa juste place.

Le juriste ne comptait pas bouger de là ou il était, quand bien même on avait beau lui répéter qu’il ne devait en aucun cas s’éloigner. Et de toutes manières, son implication étant connue, ou aurait-il bien pu s’éloigner ? Il n’avait rien à cacher, et se doutant que son témoignage serait demandé de manière plus officielle, il restait simplement ou il était, étirant ses jambes de temps à autre avec son indolence naturelle.

Tout occupé à allumer sa pipe en bois, il répondait aux myriades de demandes de rester à sa place par un simple grognement. Tant qu’on ne lui demandait rien de plus important, il préférait se concentrer sur l’objet, et l’allumer le plus rapidement possible. Une fois qu’il put le faire, il expira un rideau de fumée, observant les alentours. Elowen était retournée auprès des siens, l’émotion et le choc les submergeait. Se doutant de quel genre de nouvelle il avait été informée, il grimaça légèrement avant de tourner son attention ailleurs. Son implication s’arrêtait là, il avait juré de ramener Elowen auprès des siens, et c’était chose faite. Il ne comprenait pas trop pourquoi ça avait pu avoir une aussi grande importance que de le jurer, mais il n’avait qu’une parole.

Constantin remercia le thélèmite qui lui remit une gourde, mais déclina toute offre de soin. Il n’était pas vraiment en mauvaise état, les seules choses véritablement abîmées étaient ses vêtements, rien de bien nécessaire, et l’homme pourrait se concentrer sur des choses plus importantes.

Toujours tout occupé à fumer, le juriste observa d’un œil attentif Maeva d’Ortian revenir auprès de lui accompagnée d’un homme muni d’un carnet. Constantin arqua légèrement un sourcil en regardant celui qui accompagnait la noble, mais ne fit pas commentaire inutile. Il connaissait l’homme en question, puisqu’il l’avait déjà croisé à de multiples reprises en raison de leurs travaux respectifs.

Il écouta avec attention d’Ortian. Bien évidemment, on lui demandait un témoignage sans oublier d’omettre le moindre petit détail, car le moindre détail avait son importance. Il connaissait la rengaine.

« Très bien, alors mettons nous au travail sans tarder. » Commença t-il avant de regarder son collègue, « Bonsoir Ozan. Tu m’excuseras des politesses, venons en l’essentiel. J’étais avec un groupe de natif en train de jouer de la musique quand on a entendu Elowen pousser un hurlement. On a tous été surpris, et quand on a regardé d’où venait ce hurlement, j’ai vu Elowen avec des natifs de Vighulgsob. Ce n’était pas très difficile de les reconnaître, ils sont presque tous resté au même endroit pendant toute la soirée. De souvenir, Elowen était retenu par l'une des leur, je n'ai pas particulièrement de souvenir de son visage puisqu'ils étaient assez loin.» Dit-il avant une courte pause, « Donc, après avoir entendu ce hurlement, j’ai vu qu’il venait dans la direction des natifs de Vighulgsob. Ils avaient l’air assez agité, tellement qu’un d’entre eux a fait un bond pour les rejoindre. Ils se sont ensuite enfoncé un peu plus profondément dans la forêt, par là-bas » Dit-il en désignant l’endroit par lequel lui-même était passé furtivement plus tôt. « A partir de ce moment là je n’ai plus vu grand-chose, je ne voulais pas particulièrement être vu moi-même. J’ai tout de même entendu leur conversation, et même si je comprends pas grand-chose de leur langage, je sais reconnaître une discussion animée quand j’en entend une. L’un d’entre eux semblait particulièrement vocal à propos de son mécontentement, lequel ça je ne saurais dire, ma vision n’était pas idéale. Après quelques instants les natifs se sont dispersés, et l’un d’entre eux est resté en arrière avec Elowen. Ce natif était accompagné d’un Ulg, qui m’a sacrément fait peur, avant que le natif ne diffuse la situation en me disant qu’il était là en paix. Il n’avait pas l’air d’apprécier la discussion de ses camarades plus tôt, et il m’a fait jurer de ramener Elowen auprès des siens pour qu’elle soit soignée, et qu’elle raconte ce qu’elle a pu commettre. Il était agité, il regardait partout autours de lui, ce qui était compréhensible vis-à-vis de la situation. »

Le juriste fronce les sourcils, avant de reprendre d’un ton plus hésitant. « Il semblait s’attendre à quelque chose. Je crois que… quelque chose a frôlé les arbres au dessus de nous, et il s’est retourné d’un coup, avant de me faire signe d’être discret et de s’éloigner avec son Ulg. Je me suis ensuite mit à la tâche de ramener Elowen jusqu’ici, ce qui était difficile dans son état. Elle délirait légèrement, m’a pris pour un autre homme, un thélèmite je pense, vu qu’elle m’a parlé d’un dieu-soleil, et avait peur que je vienne pour la punir pour ses actes. »

Constantin prit une longue inspiration, avant de relâcher un nouveau nuage de fumée, et de reprendre.

« Elle m’a ensuite dit qu’elle a laissé une certaine Merryn dans les bois, et qu’un certain Cadell l’avait prit. Elowen était particulièrement affecté, elle a été prise de haut-le-corps assez violent. Je ne suis ni médecin, ni particulièrement érudit, et je ne saurais pas dire si c’était le choc, l’émotion, ou autre chose qui l’affectait. Du reste, nous avons continué notre chemin jusqu’ici sans autre développement, et avons atteint cet endroit précis ensuite. »