Cyrus - Alliance du Pont - Historien
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Cyrus
“ Il est vrai qu’on me dit souvent que je n’ai pas le physique du métier, mais tu serais surpris de voir à quel point il est facile de fracasser des dents avec une bonne encyclopédie. “
- Âge
- 32
- Genre
- Masculin
- Faction
- Alliance du Pont
- Occupation
- Historien
- Signes distinctifs
- A tendance à appuyer son regard déjà peu engageant d’un léger fard noir sur les muqueuses. Présente souvent des hématomes et quelques traces de vieux coups persistent à le marquer. Il porte constamment des colliers, notamment un fait de perles en bois arborant deux couleurs : violet et noir. On dit de lui qu’il sent souvent le vieux cuir. A un tatouage sur l’avant-bras gauche et un autre sur la clavicule droite.
- Taille et poids
- 1m96, 108kg
- Carnation
- Peau bronzée
- Corpulence
- Athlétique
- Cheveux
- Brun. Épais et mi-longs, mais courts sur les tempes.
- Yeux
- Vert très foncé, regard perçant presque intrusif, bien qu’arborant souvent peu d’éclat d’intérêt.
- Vêtements
- Un caftan colombin long et sans manches, une chemise sombre souvent ouverte au niveau des boutons du haut en présence de quelques chaleurs et surmonté d’un yelek simple lors des temps plus frais. Pantalon soutenu par une ceinture sentant fort le cuir, bottines de bonne qualité, sentant tout autant le cuir. Il lui arrive parfois d’arborer un foulard noué autour du cou et une paire de gants, elle aussi en cuir. Il porte une besace autour de la taille et parfois un arc, qu’il sait parfaitement manier. Au besoin lors de certaines sorties, il rajoute des armes à feu à sa ceinture et parfois un fusil à son dos. Il lui arrive également de porter un manteau noir — ô surprise, en cuir— un peu usé lui arrivant aux genoux.
- Autre
- Il les met plutôt rarement et le plus souvent lorsqu’il est seul, mais il a toujours sur lui une petite paire de lunettes afin de ne pas s’épuiser les yeux en lisant le soir.
Histoire
« Tu sais, j’ai remarqué une chose. Peu importe qu’on soit séparés, peu importe à quel point nous sommes éloignés… Quel que soit l’endroit où tu es, quel que soit l’endroit où je suis, on aura le même ciel au-dessus de notre tête. Si je te manque, tu n’auras qu’à le regarder et je le ferais aussi. Alors pourquoi se biler ? »
Ce fut les derniers mots qu’elle m’adressa, un sourire resplendissant montrant toutes ses dents, avant que sa garnison militaire ne parte sur l’île. Des mots stupides, que je lui avais moi-même servis quelques années plus tôt pour calmer une crise de larmes qu’elle ne parvenait pas à arrêter. Une phrase bateau, dite sans réfléchir pour tenter de l'extirper de ce tourbillon de chagrin et de souffrance dans lequel la mort de son père l’avait projetée. Une phrase idiote, pour qu’elle comprenne que quoiqu’il arrivait, elle ne serait jamais seule. Une phrase puérile, juste parce que la voir pleurer m’avait décontenancé, car elle ne le faisait jamais, que je ne savais pas comment la forcer à s’arrêter.
Elle n’aurait pas dû grandir. Si elle était restée une enfant, si elle n’avait jamais intégrée cette milice, elle n’aurait jamais disparu. Nous aurions continué à veiller l’un sur l’autre, comme nous en avions l’habitude, nous aurions…
Mais je ne suis pas là pour m'étendre sur quelque chose qui n'arrivera jamais.
Je n’ai en rien l’habitude de me présenter avec précision et encore moins de parler de moi au premier venu. A dire vrai, lorsque l’on m’accoste soit-disant amicalement, souvent à la taverne, je me contente généralement d’un regard appuyé en réponse, et quand le silence devient trop long, mes yeux trop intimidants et ma mine trop âpre, le type en face a tendance à tourner les talons sans insister. Mais puisque je ne suis pas actuellement en train de me remplir le gosier de vinasse… Mon nom est Cyrus, je suis né dans un petit bourg de l'Alliance, le genre de coin où même si je dis le nom, vous l’oublierez dans quelques instants. J’ai grandi au sein d’une fratrie de quatre : trois filles, un garçon. Moi. Mon père était le médecin de la bourgade, un homme droit, un peu sévère, mais d’une grandeur d’esprit remarquable. Ma mère avait été soldat, un rôle qui lui plaisait énormément, qu’elle chérissait de toute son âme et qu’elle avait dû abandonner suite à une mauvaise blessure sur le champ de bataille. Elle ne s’en est jamais vraiment remise. Nous, on était juste contents qu’elle soit revenue en vie.
Un couple curieux, que rien ne prédestinait et qui faisait que la maison sentait souvent un mélange d'antiseptique et de poudre noire.
Être élevé par deux figures d’autorité pareilles aurait dû faire de moi quelqu’un de stricte, noble et respectable, c’est l’idée qui courait dans l’esprit commun de notre entourage. Cela a plutôt bien marché pour deux de mes sœurs : l’une a fini par devenir une biologiste réputée, l’autre une zoologue passionnée. La dernière, paradoxalement la plus attentive et à même d’obéir aux parents, a choisi une toute autre voie et a fini fleuriste. De ce que je sais, elle s’y épanouie autant que ses fleurs. Moi, je n’ai de prime abord pas cherché à réfléchir plus loin des cases. Je n’étais pas très bon en arithmétique, j’appréciais la cartographie de loin, je n’avais pas l’âme d’un philosophe… Ce qui me bottait le plus à l’époque, en dehors de l'art du tir à l’arc que ma mère m’enseigna très tôt, c’était l’Histoire, celle avec un grand h. Surtout les ruines, les vestiges emplies de vie passées oubliées. C’est donc tout naturellement que je me suis retrouvé sur les bancs de l’Académie.
J’y suis resté quelques années, m’en sortant pas trop mal, jusqu’à finalement être diplômé. Il s’est avéré que finalement, je ne prévoyais pas de poursuivre spécialement dans ce domaine, ayant de surcroît entre temps été repéré par un type du coin qui m’avait dit qu’avec un gabarit comme le mien, ce serait du gâchis de ne pas en profiter et qu’on pouvait faire des étincelles dans les combats à mains nues. Je ne vais pas mentir, j’en ai fait quelques-uns pour gagner ma croûte. J’étais même plutôt doué et comme les récompenses, bien que loin d’être astronomiques, avaient tendance à facilement me plaire, l’idée m’a fait de l'œil. C’était une impression étrange que de se dire que j’aurais peut-être plus de chance de revenus en fracassant des mâchoires et en me faisant fracasser la mienne dans la rue plutôt qu’en travaillant bien comme il faut dans le monde. J’aurais probablement cédé si l’un de mes professeurs n’avait pas insisté pour me proposer de poursuivre une thèse sous sa supervision. Je ne sais pas s’il avait flairé que j’étais sur le point de faire une bourde et foutre mes études en l’air, ou juste s’il trouvait l’idée de me voir bûcher en sa compagnie agréable, et je ne le saurai jamais car la question n’a jamais dépassé le bord de mes lèvres. La seule chose que je peux dire, c’est que je lui en suis au final reconnaissant.
Il était presque fanatique des origines des conflits, de la manière dont une guerre démarrait, des broutilles qui mettaient parfois le feu aux poudres, pourquoi c’était souvent si dur de la faire cesser et comment cela impactait les vies de milliers de personnes, même celles n’étant de prime abord pas visiblement concernées. Le rayonnement, que ça s’appelle. Cependant, il aimait aussi parler des retours de paix, il avait un petit côté poétique en le faisant, presque bucolique : sa moustache s’agitait. Je dois avouer qu’imaginer deux clopins fortunés se prendre le bec sans raison et provoquer une guerre immense uniquement grâce au pouvoir qu’ils ont est à la fois terrifiant et fascinant. Ce genre d’histoire, je ne l’aime que de loin : quand on est impliqué, ça cause bien trop de problèmes et tout le monde se fait du mouron. C’est mauvais pour le moral et la santé.
J’en ai bouffé des livres, des conférences et des discussions sans fin, avec le professeur. Et des coups d'encyclopédie à l’arrière du crâne, aussi : s’endormir pendant qu’il radotait n’était jamais judicieux. C’est pendant cette période que j’ai rencontré Tisch. Une gamine insupportable, qui ne tenait pas en place et qui de surcroît était d’une grossièreté sans nom. Bien qu’aux antipodes au niveau du comportement, elle ressemblait physiquement à son professeur de père : nez en trompette, brillants yeux bleus et sourire aux dents immenses. La plupart du quartier la détestait à cause de ses farces et du haut des tout juste treize ans qu’elle avait à l’époque, elle en était fort fière. Moi, je la trouvais rudement chouette : elle était comme un coup de tonnerre dans une nuit ennuyante, à chaque fois que je pensais mourir sur un ouvrage gros comme un sac de farine, elle trouvait quelque chose de bigrement bidonnant à faire. Son père n’a jamais réussi à la dompter, et ce malgré ses nombreux efforts. Elle était comme un petit animal agile, une sorte de furet puant impossible à saisir ou raisonner, et je n’hésitais jamais à aller lui filer un coup de main lorsque les soucis —ou plutôt les conséquences de ses actes— lui tombaient dessus.
Quand le professeur est mort, j’ai mis ma thèse en pause. Je ne me voyais de toute manière pas poursuivre sans lui. On m’a dit que c’était idiot, que cesser un travail que je menais d’arrache-pied depuis presque quatre ans pour si peu était une perte de temps monstre, une erreur sans nom. Sur le coup, je m’en suis moqué. Tisch était inconsolable, c’était la première fois que je la voyais pleurer. D’abord, je suis juste resté à la regarder. Là, comme ça, haute statue qui ne faisait rien de plus que jeter son ombre sur elle. Sans un mot, incapable que j’étais de trouver quoi dire à une jeune fille de seize ans qui venait de perdre sa seule famille. Un gros balourd, en quelque sorte. Au bout d’un moment, je me suis assis à côté d’elle, toujours sans savoir quoi lui dire. Elle n’a pas réfléchi et s’est aussitôt appuyée sur moi, trempant mon habit de ses larmes silencieuses, reniflant sans gêne. Nous sommes restés là un bon moment, sur le perron de la maison de ville, à regarder le soleil se coucher. Ce fut elle qui brisa le silence en premier. D’une voix accablée, rocailleuse et enrouée tant elle avait sangloté :
« J’ai peur d’être toute seule. »
La crainte d’une jeune fille dont le monde venait de s’écrouler. J’ai tourné la tête, l’ai dévisagée quelques secondes, et ai compris à cet instant que c’était terminé pour moi, que jamais je ne pourrais juste partir et la laisser au destin. J’ignore si c’est le fait que j’avais déjà trois sœurs, si c’était cette âme de grand frère en moi qui me faisait parler, mais c’est là que je lui ai sorti cette phrase bêta comme pas deux :
« Tu sais, j’ai remarqué une chose. Peu importe qu’on soit séparés, peu importe à quel point nous sommes éloignés… Quel que soit l’endroit où tu es, quel que soit l’endroit où je suis, on aura le même ciel au-dessus de notre tête. Si je te manque, tu n’auras qu’à le regarder et je le ferais aussi. Alors pourquoi se biler ? »
Tisch releva le nez, sembla mirer le ciel avec attention. Puis, elle esquissa un petit sourire. Tout maigre, tout frêle. Mais qui me suffit. Seulement âgé de vingt-trois ans, je venais de me retrouver à prendre sous ma responsabilité une gamine. J’ai quitté l’académie, je ne voyais guère comment je pouvais continuer à payer et je ne me voyais de toute manière pas contacter ma famille pour réclamer de l’argent qui irait autre part que dans les études. Au moins, j’étais diplômé, tant pis pour la thèse, je pouvais toujours la reprendre plus tard si l’envie me prenait.
La maison du professeur a fini par être saisie sans qu’on ait notre mot à dire. Tisch hérita de quelques sous, mais le professeur n’était pas un homme fort riche.
On n’a pas mal déambulé, elle et moi. De ville en bourgade, de bourgade en ville. J’ai repris les combats de rue pour nous trouver de quoi vivre. De l’argent facile, je dois avouer que j’ai plus des airs de dépouilleur que d’historien et l’organisateur des combats ne perdait jamais une occasion de m’inventer un passé rocambolesque pour faire grimper les paris. Tisch, loin d’être frêle, s’est mise à jouer des poings elle aussi et j’ai profité de mon propre entraînement pour la conseiller et la préparer. Lorsqu’elle a mis au sol son premier véritable adversaire, j’ai ressenti en moi une fierté que je ne savais pas possible d’éprouver.
La plupart du temps, on parvenait à se trouver un toit pour dormir, que ce soit celui d’une auberge, d’un altruiste ou d’une grange déserte. Au pire, on finissait à la belle étoile. Lorsque Tisch regardait ailleurs, je cherchais de quoi nous remplir un peu plus les poches. Jamais du travail honnête, souvent le genre de boulot dont on ressort avec les mains sales, mais peu m’importait tant que cela ne m’impactait que positivement.
On ne s’en sortait pas trop mal, jusqu’à ce qu’elle me confie vouloir rejoindre la Garde du Denier. Je ne sais toujours pas ce qui lui a pris. Lorsqu’elle y est parvenue, nous nous sommes en quelque sorte “rangés”. Pour l’image, vous voyez. Je savais pertinemment que la Garde n’était pas toujours reluisante, qu’au final, on n’avait pas vraiment besoin de changer grand chose, mais Tisch insista. Je nous ai trouvé une petite maison en ville, louée grâce à nos gains accumulés après trois ans de tournois. Tisch, ou plutôt devrais-je dire la “recrue seconde classe Tisch, régiment vert-azur et compagnie je-ne-sais-plus-quoi” ―elle y tenait― , est partie à l’aube de ses vingt ans afin de se former et moi j’ai dû me trouver un gagne-pain un tant soit peu respectable afin d’éviter les problèmes. Ce fut un peu compliqué, jusqu’à ce qu’un enseignant-chercheur qui connaissait le professeur entende parler de mes recherches et me propose de les reprendre avec lui. J’ai d’abord un peu rechigné et accepté par dépit, jusqu’à ce que je me rende compte que mon travail historique m'avait en réalité terriblement manqué.
Cinq années s’écoulèrent ainsi, ponctuées de temps à autres de problèmes globaux, de tensions politiques face à des imbéciles religieux, de peur face à une épidémie omniprésente et un sacré florilège de bûchers mortuaires. Une vie rythmée par les sanglots, la crainte et les flammes avalant les malades, quel pied. Je m’en sortais comme je m’en suis toujours sorti, les seuls soucis qui me tombèrent dessus furent un ou deux rappels à l’ordre suite à quelques coups dans des faces peu appréciables, le soir, après que des bougres pas bien malins m’aient fait perdre patience. En parallèle à ma thèse, je publiais mes travaux et je finis par réaliser que tout était bien plus simple lorsque je suivais la vision en vogue : tout ce que j’écrivais qui sortait ne serait-ce qu’un poil des cases des hautes instances de l’Alliance finissait à l’ombre. Je ne voulais pas de problèmes, et surtout pas me retrouver cobaye du dernier traitement testé contre la malichor, alors j’ai joué la carte de l’ignorance et de la maladresse. Mais je n’en pensais pas moins : pourquoi nous faire faire des recherches si lorsque l’on disait quelque chose d’un tant soit peu à contre courant, on nous faisait les gros yeux en signe d’avertissement ?
Un matin, Tisch manqua d’éclater la porte d’entrée tant elle la poussa fort. Je me souviens parfaitement de ce moment. Je rédigeais un article près de la fenêtre, mes lunettes sur le nez, et étais tant absorbé que lorsque la tornade est entrée, mon encrier est tombé et ma feuille aux lettres si appliquées a fini maculée de noir.
« Je pars pour Teer Fradee ! »
Des mots qui me hantent toujours. Des mots dont je n’ai pas saisi le sérieux sur le moment. A mes oreilles, ce ne fut qu’une exclamation de joie, à mes yeux un sourire aux grandes dents blanches. La vision m’avait provoqué une drôle d’impression : cela faisait des mois que je ne l’avais pas vu si enjouée. L’espace d’un instant, elle semblait avoir de nouveau treize ans et être sur le point de me conter la farce faite au boulanger du coin.
Teer Fradee. La nouvelle terre. Cet endroit curieux, intrigant, aux insulaires sauvages et inconnus. Sans malichor. Dans un sens, je me suis dit que ce n’était pas si mal qu’elle s’y rende. Il valait mieux c’la que les horreurs du front, les pays ravagés, les villes fantômes à perte de vue. Tout ce sur quoi je travaillais, en chair et en os, ou plutôt devrais-je dire en ruines et en cendres. Je l’avais vue cette horreur, trois ans plus tôt, lors d’un entretien avec un haut-gradé sur le terrain, alors que je m'intéressais au front, au désastre tant humain qu’environnemental, et que je souhaitais le comparer à des conflits passés afin de tenter de prédire comment nous pourrions redonner vie à ces terres une fois la guerre gagnée. Une attaque thélémite nous avait interrompus au bout de vingt-six jours d’observation, je m’étais retrouvé pris dans le chaos et bien qu’on tenta de me rapatrier hâtivement, j’eus l’occasion de me débarrasser de quelques ennemis en route.
Non, décidément, ce n’était pas plus mal qu’elle aille sur cette île.
Tisch s’en alla par bateau peu de temps après, appelée à la garde de je ne savais qui ou quoi, sur une île sur laquelle aucun de nous n’avait jamais mis les pieds. La seule chose qu’elle me laissa fut le souvenir d’un sourire canaille et un collier fait de perles de bois, violettes et noires, jadis fabriqué à la main pour son père et qu’elle récupéra à la mort de ce dernier. « Il ne me va pas, de toute manière. » m’a-t-elle dit. « Je sais que tu ne l’as jamais trouvé bien beau, mais sois chic et garde le jusqu’à ce que je revienne, d’accord ? »
L’horreur trôna autour de mon cou dès lors.
La vie sans Tisch fut de prime abord incroyablement étrange : bien que plus occupée récemment et l’occasion de la voir se présentant moins, je savais qu’elle foulait toujours ces terres, ces mêmes terres sur lesquels je venais de passer des années à la voir pratiquement quotidiennement, à l’entendre crier, jurer et râler, à la voir se plaindre de n’importe quoi, s’houspiller car elle s’écorchait continuellement les genoux, se battre avec les voisins. Le calme à la maison me parût anormal, étouffant. Là, c’était différent. Là, elle était ailleurs. Seul le ciel nous était commun.
Un poste de professeur me fut proposé et cette fois, j'acceptai sans rechigner. Elle avait trouvé sa voie, s’épanouissait dans ce qu’elle faisait : autant faire la même chose. Je reçus à quelques occasions la visite de mes soeurs, en ville pour des colloques, et je leur promis par deux fois de rentrer voir la famille, car je leur manquais, car cela faisait longtemps, car la santé de papa se détériorait, que la blessure de maman la faisait de plus en plus souffrir avec l'âge. Depuis combien temps n’avais-je pas fait un saut au village ? Deux ? Trois ans ? Les neveux et nièces devaient avoir poussés. Ce n’est pas pour autant que je les oubliais, j’envoyais de l’argent aux parents, un peu à Grizelda lorsque son échoppe de fleuriste passait une sale passe, désormais que je le gagnais proprement. Et pourtant, je n’ai toujours pas honoré ma promesse de visite.
Je me mis à fréquenter les tavernes plus régulièrement, non pour me saouler, mais pour me noyer dans le bruit. Quelques verres, parfois quelques coups échangés avec des lascars imbibés. Ils auraient oublié le lendemain, et moi, ça me faisait du bien. Un peu trop de bien.
Ma thèse se termina d’elle-même, on m’en complimenta, allant même jusqu’à me promettre un avenir prometteur au sein de l’Académie, et j’eus beau ne guère être l’homme le plus accommodant et aimable qui soit, je parvins à intervenir en quelques conférences afin de défendre mes recherches. Comme toujours, les critiques me froissèrent, même les plus bienveillantes, mais je n’en fis aucune remarque. De toute manière, je savais que la biologie et la médecine étaient les sujets qui primaient, surtout en contexte d'épidémie, je devrais déjà m’estimer heureux d’avoir des auditeurs.
Pour une fois, tout se présentait sous de bons auspices. Me voilà avec un métier valorisant, bien que guère souvent payé à sa juste valeur, une vie sociale peu reluisante, mais présente — je ne pense d’ailleurs pas être capable de plus tant la plupart des gens me hérisse ―, une maison dont je venais enfin de parvenir à devenir propriétaire…
Ce n’était franchement pas gagné d’avance, mais voilà qu’à presque trente-deux ans, je pouvais pratiquement me vanter d’être un citoyen modèle de cette belle terre mourante.
Jusqu’à la lettre.
Je rentrais de l’Académie après avoir donné un cours sur l’histoire de la géopolitique et des conflits contre Thélème, fourbu et rêvant une énième fois de foutre en l’air tout ce que j’étais parvenu à construire pour aller cultiver des légumes tout seul et devenir un espèce d’ermite chasseur, loin du poumon malade qu’était devenue la cité, lorsque l’enveloppe sur le pas de ma porte m’avait interpellé.
Elle portait un sceau que je connaissais, un vert particulier, et en la voyant, mon sang ne fit qu’un tour. Je l’ouvris si brusquement que j’arrachai en partie le billet à l’intérieur, que je l’extirpai sans la moindre once de délicatesse. Mes yeux parcoururent les quelques mots y figurant, ma main se mit à trembler, mes yeux à étinceler et ma mâchoire se contracta férocement.
Un mot en particulier capturait mon regard, m’empêchait de le détourner, de ciller.
Disparue.
Huit pauvres lettres, que je me mis à détester de toute mon âme. On venait de m’apprendre que lors d’une mission dans des terres sauvages, Tisch et quelques autres avaient été perdus de vue, qu’ils n’étaient pas rentrés, que plus personne n’avait de nouvelle, mais que leurs corps n’avaient pas été retrouvés.
Je tairai ce qu’il se passa cette nuit-là. Tout ce qu’il y a à retenir est que j’étais dans une colère noire.
Plusieurs idées se bousculèrent dans ma tête, certaines farfelues, d’autres tout bonnement idiotes et sans fondement, mais lorsque le soleil pointa le lendemain, je savais ce que je devais faire.
Je me rendis à l’académie sans réfléchir, sans me dire que ma crise devait m’avoir donné l’air d’un farfelu, que chaque personne me voyant passer devait me prendre pour une sorte de vagabond fou.
« Je sais sur quoi se portera ma prochaine étude. » annonçai-je d’une voix grave à mes collègues à peine les portes poussées.
La culture native de Teer Fradee.
Un sujet qu’ils trouvèrent d’abord curieux, puis judicieux, et qui en intéressa finalement plus d’un, tant qu’ils se mirent à jacasser comme des pies :
« En apprendre plus sur leur culture ne pourra qu’aider l’Alliance à affirmer sa place sur l’île !
― Étudiez donc leurs ruines sur place, professeur, ce sera sans doute passionnant. Qui sait, peut-être qu’un lien autre que la distance existe entre leur histoire et le fait que la malichor ne semble de prime abord pas les toucher.
― Je ne peux que me languir d’en savoir plus sur ces clans et leurs coutumes ! Détaillez bien tout et venez nous raconter ! Avec un peu d’application et de rigueur, vous percerez probablement quelques secrets pouvant jouer à notre avantage. »
Pour peu que j’en avais à foutre de ces natifs à la noix. Je venais de me faire payer un voyage jusqu’à Teer Fradee, direction Hikmet, c'était tout ce qui m’importait.
Et gare à tout ce qui aura osé toucher Tisch.
Ce fut les derniers mots qu’elle m’adressa, un sourire resplendissant montrant toutes ses dents, avant que sa garnison militaire ne parte sur l’île. Des mots stupides, que je lui avais moi-même servis quelques années plus tôt pour calmer une crise de larmes qu’elle ne parvenait pas à arrêter. Une phrase bateau, dite sans réfléchir pour tenter de l'extirper de ce tourbillon de chagrin et de souffrance dans lequel la mort de son père l’avait projetée. Une phrase idiote, pour qu’elle comprenne que quoiqu’il arrivait, elle ne serait jamais seule. Une phrase puérile, juste parce que la voir pleurer m’avait décontenancé, car elle ne le faisait jamais, que je ne savais pas comment la forcer à s’arrêter.
Elle n’aurait pas dû grandir. Si elle était restée une enfant, si elle n’avait jamais intégrée cette milice, elle n’aurait jamais disparu. Nous aurions continué à veiller l’un sur l’autre, comme nous en avions l’habitude, nous aurions…
Mais je ne suis pas là pour m'étendre sur quelque chose qui n'arrivera jamais.
Je n’ai en rien l’habitude de me présenter avec précision et encore moins de parler de moi au premier venu. A dire vrai, lorsque l’on m’accoste soit-disant amicalement, souvent à la taverne, je me contente généralement d’un regard appuyé en réponse, et quand le silence devient trop long, mes yeux trop intimidants et ma mine trop âpre, le type en face a tendance à tourner les talons sans insister. Mais puisque je ne suis pas actuellement en train de me remplir le gosier de vinasse… Mon nom est Cyrus, je suis né dans un petit bourg de l'Alliance, le genre de coin où même si je dis le nom, vous l’oublierez dans quelques instants. J’ai grandi au sein d’une fratrie de quatre : trois filles, un garçon. Moi. Mon père était le médecin de la bourgade, un homme droit, un peu sévère, mais d’une grandeur d’esprit remarquable. Ma mère avait été soldat, un rôle qui lui plaisait énormément, qu’elle chérissait de toute son âme et qu’elle avait dû abandonner suite à une mauvaise blessure sur le champ de bataille. Elle ne s’en est jamais vraiment remise. Nous, on était juste contents qu’elle soit revenue en vie.
Un couple curieux, que rien ne prédestinait et qui faisait que la maison sentait souvent un mélange d'antiseptique et de poudre noire.
Être élevé par deux figures d’autorité pareilles aurait dû faire de moi quelqu’un de stricte, noble et respectable, c’est l’idée qui courait dans l’esprit commun de notre entourage. Cela a plutôt bien marché pour deux de mes sœurs : l’une a fini par devenir une biologiste réputée, l’autre une zoologue passionnée. La dernière, paradoxalement la plus attentive et à même d’obéir aux parents, a choisi une toute autre voie et a fini fleuriste. De ce que je sais, elle s’y épanouie autant que ses fleurs. Moi, je n’ai de prime abord pas cherché à réfléchir plus loin des cases. Je n’étais pas très bon en arithmétique, j’appréciais la cartographie de loin, je n’avais pas l’âme d’un philosophe… Ce qui me bottait le plus à l’époque, en dehors de l'art du tir à l’arc que ma mère m’enseigna très tôt, c’était l’Histoire, celle avec un grand h. Surtout les ruines, les vestiges emplies de vie passées oubliées. C’est donc tout naturellement que je me suis retrouvé sur les bancs de l’Académie.
J’y suis resté quelques années, m’en sortant pas trop mal, jusqu’à finalement être diplômé. Il s’est avéré que finalement, je ne prévoyais pas de poursuivre spécialement dans ce domaine, ayant de surcroît entre temps été repéré par un type du coin qui m’avait dit qu’avec un gabarit comme le mien, ce serait du gâchis de ne pas en profiter et qu’on pouvait faire des étincelles dans les combats à mains nues. Je ne vais pas mentir, j’en ai fait quelques-uns pour gagner ma croûte. J’étais même plutôt doué et comme les récompenses, bien que loin d’être astronomiques, avaient tendance à facilement me plaire, l’idée m’a fait de l'œil. C’était une impression étrange que de se dire que j’aurais peut-être plus de chance de revenus en fracassant des mâchoires et en me faisant fracasser la mienne dans la rue plutôt qu’en travaillant bien comme il faut dans le monde. J’aurais probablement cédé si l’un de mes professeurs n’avait pas insisté pour me proposer de poursuivre une thèse sous sa supervision. Je ne sais pas s’il avait flairé que j’étais sur le point de faire une bourde et foutre mes études en l’air, ou juste s’il trouvait l’idée de me voir bûcher en sa compagnie agréable, et je ne le saurai jamais car la question n’a jamais dépassé le bord de mes lèvres. La seule chose que je peux dire, c’est que je lui en suis au final reconnaissant.
Il était presque fanatique des origines des conflits, de la manière dont une guerre démarrait, des broutilles qui mettaient parfois le feu aux poudres, pourquoi c’était souvent si dur de la faire cesser et comment cela impactait les vies de milliers de personnes, même celles n’étant de prime abord pas visiblement concernées. Le rayonnement, que ça s’appelle. Cependant, il aimait aussi parler des retours de paix, il avait un petit côté poétique en le faisant, presque bucolique : sa moustache s’agitait. Je dois avouer qu’imaginer deux clopins fortunés se prendre le bec sans raison et provoquer une guerre immense uniquement grâce au pouvoir qu’ils ont est à la fois terrifiant et fascinant. Ce genre d’histoire, je ne l’aime que de loin : quand on est impliqué, ça cause bien trop de problèmes et tout le monde se fait du mouron. C’est mauvais pour le moral et la santé.
J’en ai bouffé des livres, des conférences et des discussions sans fin, avec le professeur. Et des coups d'encyclopédie à l’arrière du crâne, aussi : s’endormir pendant qu’il radotait n’était jamais judicieux. C’est pendant cette période que j’ai rencontré Tisch. Une gamine insupportable, qui ne tenait pas en place et qui de surcroît était d’une grossièreté sans nom. Bien qu’aux antipodes au niveau du comportement, elle ressemblait physiquement à son professeur de père : nez en trompette, brillants yeux bleus et sourire aux dents immenses. La plupart du quartier la détestait à cause de ses farces et du haut des tout juste treize ans qu’elle avait à l’époque, elle en était fort fière. Moi, je la trouvais rudement chouette : elle était comme un coup de tonnerre dans une nuit ennuyante, à chaque fois que je pensais mourir sur un ouvrage gros comme un sac de farine, elle trouvait quelque chose de bigrement bidonnant à faire. Son père n’a jamais réussi à la dompter, et ce malgré ses nombreux efforts. Elle était comme un petit animal agile, une sorte de furet puant impossible à saisir ou raisonner, et je n’hésitais jamais à aller lui filer un coup de main lorsque les soucis —ou plutôt les conséquences de ses actes— lui tombaient dessus.
Quand le professeur est mort, j’ai mis ma thèse en pause. Je ne me voyais de toute manière pas poursuivre sans lui. On m’a dit que c’était idiot, que cesser un travail que je menais d’arrache-pied depuis presque quatre ans pour si peu était une perte de temps monstre, une erreur sans nom. Sur le coup, je m’en suis moqué. Tisch était inconsolable, c’était la première fois que je la voyais pleurer. D’abord, je suis juste resté à la regarder. Là, comme ça, haute statue qui ne faisait rien de plus que jeter son ombre sur elle. Sans un mot, incapable que j’étais de trouver quoi dire à une jeune fille de seize ans qui venait de perdre sa seule famille. Un gros balourd, en quelque sorte. Au bout d’un moment, je me suis assis à côté d’elle, toujours sans savoir quoi lui dire. Elle n’a pas réfléchi et s’est aussitôt appuyée sur moi, trempant mon habit de ses larmes silencieuses, reniflant sans gêne. Nous sommes restés là un bon moment, sur le perron de la maison de ville, à regarder le soleil se coucher. Ce fut elle qui brisa le silence en premier. D’une voix accablée, rocailleuse et enrouée tant elle avait sangloté :
« J’ai peur d’être toute seule. »
La crainte d’une jeune fille dont le monde venait de s’écrouler. J’ai tourné la tête, l’ai dévisagée quelques secondes, et ai compris à cet instant que c’était terminé pour moi, que jamais je ne pourrais juste partir et la laisser au destin. J’ignore si c’est le fait que j’avais déjà trois sœurs, si c’était cette âme de grand frère en moi qui me faisait parler, mais c’est là que je lui ai sorti cette phrase bêta comme pas deux :
« Tu sais, j’ai remarqué une chose. Peu importe qu’on soit séparés, peu importe à quel point nous sommes éloignés… Quel que soit l’endroit où tu es, quel que soit l’endroit où je suis, on aura le même ciel au-dessus de notre tête. Si je te manque, tu n’auras qu’à le regarder et je le ferais aussi. Alors pourquoi se biler ? »
Tisch releva le nez, sembla mirer le ciel avec attention. Puis, elle esquissa un petit sourire. Tout maigre, tout frêle. Mais qui me suffit. Seulement âgé de vingt-trois ans, je venais de me retrouver à prendre sous ma responsabilité une gamine. J’ai quitté l’académie, je ne voyais guère comment je pouvais continuer à payer et je ne me voyais de toute manière pas contacter ma famille pour réclamer de l’argent qui irait autre part que dans les études. Au moins, j’étais diplômé, tant pis pour la thèse, je pouvais toujours la reprendre plus tard si l’envie me prenait.
La maison du professeur a fini par être saisie sans qu’on ait notre mot à dire. Tisch hérita de quelques sous, mais le professeur n’était pas un homme fort riche.
On n’a pas mal déambulé, elle et moi. De ville en bourgade, de bourgade en ville. J’ai repris les combats de rue pour nous trouver de quoi vivre. De l’argent facile, je dois avouer que j’ai plus des airs de dépouilleur que d’historien et l’organisateur des combats ne perdait jamais une occasion de m’inventer un passé rocambolesque pour faire grimper les paris. Tisch, loin d’être frêle, s’est mise à jouer des poings elle aussi et j’ai profité de mon propre entraînement pour la conseiller et la préparer. Lorsqu’elle a mis au sol son premier véritable adversaire, j’ai ressenti en moi une fierté que je ne savais pas possible d’éprouver.
La plupart du temps, on parvenait à se trouver un toit pour dormir, que ce soit celui d’une auberge, d’un altruiste ou d’une grange déserte. Au pire, on finissait à la belle étoile. Lorsque Tisch regardait ailleurs, je cherchais de quoi nous remplir un peu plus les poches. Jamais du travail honnête, souvent le genre de boulot dont on ressort avec les mains sales, mais peu m’importait tant que cela ne m’impactait que positivement.
On ne s’en sortait pas trop mal, jusqu’à ce qu’elle me confie vouloir rejoindre la Garde du Denier. Je ne sais toujours pas ce qui lui a pris. Lorsqu’elle y est parvenue, nous nous sommes en quelque sorte “rangés”. Pour l’image, vous voyez. Je savais pertinemment que la Garde n’était pas toujours reluisante, qu’au final, on n’avait pas vraiment besoin de changer grand chose, mais Tisch insista. Je nous ai trouvé une petite maison en ville, louée grâce à nos gains accumulés après trois ans de tournois. Tisch, ou plutôt devrais-je dire la “recrue seconde classe Tisch, régiment vert-azur et compagnie je-ne-sais-plus-quoi” ―elle y tenait― , est partie à l’aube de ses vingt ans afin de se former et moi j’ai dû me trouver un gagne-pain un tant soit peu respectable afin d’éviter les problèmes. Ce fut un peu compliqué, jusqu’à ce qu’un enseignant-chercheur qui connaissait le professeur entende parler de mes recherches et me propose de les reprendre avec lui. J’ai d’abord un peu rechigné et accepté par dépit, jusqu’à ce que je me rende compte que mon travail historique m'avait en réalité terriblement manqué.
Cinq années s’écoulèrent ainsi, ponctuées de temps à autres de problèmes globaux, de tensions politiques face à des imbéciles religieux, de peur face à une épidémie omniprésente et un sacré florilège de bûchers mortuaires. Une vie rythmée par les sanglots, la crainte et les flammes avalant les malades, quel pied. Je m’en sortais comme je m’en suis toujours sorti, les seuls soucis qui me tombèrent dessus furent un ou deux rappels à l’ordre suite à quelques coups dans des faces peu appréciables, le soir, après que des bougres pas bien malins m’aient fait perdre patience. En parallèle à ma thèse, je publiais mes travaux et je finis par réaliser que tout était bien plus simple lorsque je suivais la vision en vogue : tout ce que j’écrivais qui sortait ne serait-ce qu’un poil des cases des hautes instances de l’Alliance finissait à l’ombre. Je ne voulais pas de problèmes, et surtout pas me retrouver cobaye du dernier traitement testé contre la malichor, alors j’ai joué la carte de l’ignorance et de la maladresse. Mais je n’en pensais pas moins : pourquoi nous faire faire des recherches si lorsque l’on disait quelque chose d’un tant soit peu à contre courant, on nous faisait les gros yeux en signe d’avertissement ?
Un matin, Tisch manqua d’éclater la porte d’entrée tant elle la poussa fort. Je me souviens parfaitement de ce moment. Je rédigeais un article près de la fenêtre, mes lunettes sur le nez, et étais tant absorbé que lorsque la tornade est entrée, mon encrier est tombé et ma feuille aux lettres si appliquées a fini maculée de noir.
« Je pars pour Teer Fradee ! »
Des mots qui me hantent toujours. Des mots dont je n’ai pas saisi le sérieux sur le moment. A mes oreilles, ce ne fut qu’une exclamation de joie, à mes yeux un sourire aux grandes dents blanches. La vision m’avait provoqué une drôle d’impression : cela faisait des mois que je ne l’avais pas vu si enjouée. L’espace d’un instant, elle semblait avoir de nouveau treize ans et être sur le point de me conter la farce faite au boulanger du coin.
Teer Fradee. La nouvelle terre. Cet endroit curieux, intrigant, aux insulaires sauvages et inconnus. Sans malichor. Dans un sens, je me suis dit que ce n’était pas si mal qu’elle s’y rende. Il valait mieux c’la que les horreurs du front, les pays ravagés, les villes fantômes à perte de vue. Tout ce sur quoi je travaillais, en chair et en os, ou plutôt devrais-je dire en ruines et en cendres. Je l’avais vue cette horreur, trois ans plus tôt, lors d’un entretien avec un haut-gradé sur le terrain, alors que je m'intéressais au front, au désastre tant humain qu’environnemental, et que je souhaitais le comparer à des conflits passés afin de tenter de prédire comment nous pourrions redonner vie à ces terres une fois la guerre gagnée. Une attaque thélémite nous avait interrompus au bout de vingt-six jours d’observation, je m’étais retrouvé pris dans le chaos et bien qu’on tenta de me rapatrier hâtivement, j’eus l’occasion de me débarrasser de quelques ennemis en route.
Non, décidément, ce n’était pas plus mal qu’elle aille sur cette île.
Tisch s’en alla par bateau peu de temps après, appelée à la garde de je ne savais qui ou quoi, sur une île sur laquelle aucun de nous n’avait jamais mis les pieds. La seule chose qu’elle me laissa fut le souvenir d’un sourire canaille et un collier fait de perles de bois, violettes et noires, jadis fabriqué à la main pour son père et qu’elle récupéra à la mort de ce dernier. « Il ne me va pas, de toute manière. » m’a-t-elle dit. « Je sais que tu ne l’as jamais trouvé bien beau, mais sois chic et garde le jusqu’à ce que je revienne, d’accord ? »
L’horreur trôna autour de mon cou dès lors.
La vie sans Tisch fut de prime abord incroyablement étrange : bien que plus occupée récemment et l’occasion de la voir se présentant moins, je savais qu’elle foulait toujours ces terres, ces mêmes terres sur lesquels je venais de passer des années à la voir pratiquement quotidiennement, à l’entendre crier, jurer et râler, à la voir se plaindre de n’importe quoi, s’houspiller car elle s’écorchait continuellement les genoux, se battre avec les voisins. Le calme à la maison me parût anormal, étouffant. Là, c’était différent. Là, elle était ailleurs. Seul le ciel nous était commun.
Un poste de professeur me fut proposé et cette fois, j'acceptai sans rechigner. Elle avait trouvé sa voie, s’épanouissait dans ce qu’elle faisait : autant faire la même chose. Je reçus à quelques occasions la visite de mes soeurs, en ville pour des colloques, et je leur promis par deux fois de rentrer voir la famille, car je leur manquais, car cela faisait longtemps, car la santé de papa se détériorait, que la blessure de maman la faisait de plus en plus souffrir avec l'âge. Depuis combien temps n’avais-je pas fait un saut au village ? Deux ? Trois ans ? Les neveux et nièces devaient avoir poussés. Ce n’est pas pour autant que je les oubliais, j’envoyais de l’argent aux parents, un peu à Grizelda lorsque son échoppe de fleuriste passait une sale passe, désormais que je le gagnais proprement. Et pourtant, je n’ai toujours pas honoré ma promesse de visite.
Je me mis à fréquenter les tavernes plus régulièrement, non pour me saouler, mais pour me noyer dans le bruit. Quelques verres, parfois quelques coups échangés avec des lascars imbibés. Ils auraient oublié le lendemain, et moi, ça me faisait du bien. Un peu trop de bien.
Ma thèse se termina d’elle-même, on m’en complimenta, allant même jusqu’à me promettre un avenir prometteur au sein de l’Académie, et j’eus beau ne guère être l’homme le plus accommodant et aimable qui soit, je parvins à intervenir en quelques conférences afin de défendre mes recherches. Comme toujours, les critiques me froissèrent, même les plus bienveillantes, mais je n’en fis aucune remarque. De toute manière, je savais que la biologie et la médecine étaient les sujets qui primaient, surtout en contexte d'épidémie, je devrais déjà m’estimer heureux d’avoir des auditeurs.
Pour une fois, tout se présentait sous de bons auspices. Me voilà avec un métier valorisant, bien que guère souvent payé à sa juste valeur, une vie sociale peu reluisante, mais présente — je ne pense d’ailleurs pas être capable de plus tant la plupart des gens me hérisse ―, une maison dont je venais enfin de parvenir à devenir propriétaire…
Ce n’était franchement pas gagné d’avance, mais voilà qu’à presque trente-deux ans, je pouvais pratiquement me vanter d’être un citoyen modèle de cette belle terre mourante.
Jusqu’à la lettre.
Je rentrais de l’Académie après avoir donné un cours sur l’histoire de la géopolitique et des conflits contre Thélème, fourbu et rêvant une énième fois de foutre en l’air tout ce que j’étais parvenu à construire pour aller cultiver des légumes tout seul et devenir un espèce d’ermite chasseur, loin du poumon malade qu’était devenue la cité, lorsque l’enveloppe sur le pas de ma porte m’avait interpellé.
Elle portait un sceau que je connaissais, un vert particulier, et en la voyant, mon sang ne fit qu’un tour. Je l’ouvris si brusquement que j’arrachai en partie le billet à l’intérieur, que je l’extirpai sans la moindre once de délicatesse. Mes yeux parcoururent les quelques mots y figurant, ma main se mit à trembler, mes yeux à étinceler et ma mâchoire se contracta férocement.
Un mot en particulier capturait mon regard, m’empêchait de le détourner, de ciller.
Disparue.
Huit pauvres lettres, que je me mis à détester de toute mon âme. On venait de m’apprendre que lors d’une mission dans des terres sauvages, Tisch et quelques autres avaient été perdus de vue, qu’ils n’étaient pas rentrés, que plus personne n’avait de nouvelle, mais que leurs corps n’avaient pas été retrouvés.
Je tairai ce qu’il se passa cette nuit-là. Tout ce qu’il y a à retenir est que j’étais dans une colère noire.
Plusieurs idées se bousculèrent dans ma tête, certaines farfelues, d’autres tout bonnement idiotes et sans fondement, mais lorsque le soleil pointa le lendemain, je savais ce que je devais faire.
Je me rendis à l’académie sans réfléchir, sans me dire que ma crise devait m’avoir donné l’air d’un farfelu, que chaque personne me voyant passer devait me prendre pour une sorte de vagabond fou.
« Je sais sur quoi se portera ma prochaine étude. » annonçai-je d’une voix grave à mes collègues à peine les portes poussées.
La culture native de Teer Fradee.
Un sujet qu’ils trouvèrent d’abord curieux, puis judicieux, et qui en intéressa finalement plus d’un, tant qu’ils se mirent à jacasser comme des pies :
« En apprendre plus sur leur culture ne pourra qu’aider l’Alliance à affirmer sa place sur l’île !
― Étudiez donc leurs ruines sur place, professeur, ce sera sans doute passionnant. Qui sait, peut-être qu’un lien autre que la distance existe entre leur histoire et le fait que la malichor ne semble de prime abord pas les toucher.
― Je ne peux que me languir d’en savoir plus sur ces clans et leurs coutumes ! Détaillez bien tout et venez nous raconter ! Avec un peu d’application et de rigueur, vous percerez probablement quelques secrets pouvant jouer à notre avantage. »
Pour peu que j’en avais à foutre de ces natifs à la noix. Je venais de me faire payer un voyage jusqu’à Teer Fradee, direction Hikmet, c'était tout ce qui m’importait.
Et gare à tout ce qui aura osé toucher Tisch.
Caractère
On dit de lui qu’il n’est pas le genre de personne à aller vers son prochain. On dit aussi qu’il a une âme de solitaire, qu’il est bien dur de se façonner une petite place dans son cœur et qu’il pourrait assister à un drame qu’il ne bougerait pas à moins d’être concerné. Certaines langues affirment pourtant qu’il aurait un petit faible pour certains types de personnes, et que lorsqu’il s’attache à quelqu’un, ce serait à la vie à la mort : il suffit de regarder l’affaire Tisch, durant laquelle il a pratiquement adopté une jeune fille, a mis sa vie en pause pour veiller sur elle, et est prêt à une nouvelle fois tout abandonner afin de savoir ce qu’il est advenu d’elle.
Ses airs détachés et peut-être un peu nonchalant ne le montrent pas forcément, mais il aime le travail bien fait et est capable de rester des heures à lire, apprendre, faire ses recherches puis rédiger afin de pouvoir publier et garder le rythme incessant de l’Académie : il sait très bien que s’il se fait oublier ne serait-ce qu’un peu trop, tout son travail sera à reprendre à zéro s’il veut qu’on fasse un tant soit peu attention à ce qu’il fait dans le milieu.
Il a une tendance au sarcasme et très peu de patience dans certaines situations, ce qui fait qu’il n’a pas peur d’en venir aux mains. Il est cependant à noter qu’il tente de faire un travail sur lui afin de ne pas s’emporter trop rapidement, au risque de manquer des informations cruciales, et qu’il a aujourd’hui plus tendance à se lever et partir lorsque quelqu’un l’ennuie plutôt que de taper dans le tas. On lui a un jour appris des exercices de respiration, qu’il lui arrive toujours d’utiliser, et il pratique depuis l’enfance le dessin, particulièrement les portraits. L’une des rares choses parvenant à le détendre.
Il le montre rarement, mais il voit un certain aspect comique à regarder les gens s’étonner de son métier. « Vous n’avez pas la tête d’un historien ! » lui dit-on souvent. Étrangement, lorsqu'il demande de quoi il a la tête, on bafouille et ne sait plus quoi répondre.
Cyrus est quelqu’un d’athlétique, on le remarque au premier coup d'œil, qui pense qu’entretenir son esprit seul ne suffit pas. Il a même remarqué que lorsqu’il se dépensait assez, les informations se fixaient plus aisément dans son cerveau. Son esprit ne lui parait alors que plus clair.
Loin d’être un grand bavard, il est souvent désintéressé par ce qui l’entoure, mais il ne faut pas s’y fier : ses oreilles ont tendance à traîner d’elles-même.
Gros dormeur, il se montre bien bougon lorsqu’il ne dort pas assez et a un sommeil de plomb : lorsqu’il dort, il dort, et s’il décide de faire une sieste en pleine journée, bonne chance pour l’arrêter.
Sa plus jeune sœur ayant une surdité sévère congénitale, sa famille entière a appris le langage des signes. Il l’a plus tard enseigné à Tisch afin qu’ils puissent communiquer sans un mot, souvent pour se moquer de quelque chose en public sans se faire attraper.
Il s’avère qu’il sait se montrer taquin, quitte à pousser à bout quelqu’un : mettez donc un mage en pleine concentration afin de caster un sort près de lui, et mirez-le faire tout son possible pour déstabiliser ledit mage. Léger coup dans les côtes, soudaine envie de discuter, remarques impertinentes et blagues sans sens… Généralement, il ne part que lorsque le mage, à bout, abandonne son sort et l’insulte copieusement. Le sourire qu’il a sur les lèvres est alors le plus grand dont il est capable.
Ses airs détachés et peut-être un peu nonchalant ne le montrent pas forcément, mais il aime le travail bien fait et est capable de rester des heures à lire, apprendre, faire ses recherches puis rédiger afin de pouvoir publier et garder le rythme incessant de l’Académie : il sait très bien que s’il se fait oublier ne serait-ce qu’un peu trop, tout son travail sera à reprendre à zéro s’il veut qu’on fasse un tant soit peu attention à ce qu’il fait dans le milieu.
Il a une tendance au sarcasme et très peu de patience dans certaines situations, ce qui fait qu’il n’a pas peur d’en venir aux mains. Il est cependant à noter qu’il tente de faire un travail sur lui afin de ne pas s’emporter trop rapidement, au risque de manquer des informations cruciales, et qu’il a aujourd’hui plus tendance à se lever et partir lorsque quelqu’un l’ennuie plutôt que de taper dans le tas. On lui a un jour appris des exercices de respiration, qu’il lui arrive toujours d’utiliser, et il pratique depuis l’enfance le dessin, particulièrement les portraits. L’une des rares choses parvenant à le détendre.
Il le montre rarement, mais il voit un certain aspect comique à regarder les gens s’étonner de son métier. « Vous n’avez pas la tête d’un historien ! » lui dit-on souvent. Étrangement, lorsqu'il demande de quoi il a la tête, on bafouille et ne sait plus quoi répondre.
Cyrus est quelqu’un d’athlétique, on le remarque au premier coup d'œil, qui pense qu’entretenir son esprit seul ne suffit pas. Il a même remarqué que lorsqu’il se dépensait assez, les informations se fixaient plus aisément dans son cerveau. Son esprit ne lui parait alors que plus clair.
Loin d’être un grand bavard, il est souvent désintéressé par ce qui l’entoure, mais il ne faut pas s’y fier : ses oreilles ont tendance à traîner d’elles-même.
Gros dormeur, il se montre bien bougon lorsqu’il ne dort pas assez et a un sommeil de plomb : lorsqu’il dort, il dort, et s’il décide de faire une sieste en pleine journée, bonne chance pour l’arrêter.
Sa plus jeune sœur ayant une surdité sévère congénitale, sa famille entière a appris le langage des signes. Il l’a plus tard enseigné à Tisch afin qu’ils puissent communiquer sans un mot, souvent pour se moquer de quelque chose en public sans se faire attraper.
Il s’avère qu’il sait se montrer taquin, quitte à pousser à bout quelqu’un : mettez donc un mage en pleine concentration afin de caster un sort près de lui, et mirez-le faire tout son possible pour déstabiliser ledit mage. Léger coup dans les côtes, soudaine envie de discuter, remarques impertinentes et blagues sans sens… Généralement, il ne part que lorsque le mage, à bout, abandonne son sort et l’insulte copieusement. Le sourire qu’il a sur les lèvres est alors le plus grand dont il est capable.
Opinions au sujet de...
- La Congrégation Marchande
- Ils aiment l’argent, j’aime bien l’argent. Des profiteurs professionnels, ravis d’alimenter en armes un conflit tant que ça leur rapporte. Je ne peux pas juger, à leur place j’aurais fait la même chose. A la réflexion, ma philosophie de vie n’est pas si différente de la leur. Tant qu’ils ne me posent pas de problèmes, je ne vois pas pourquoi j’irai leur chercher des noises. Je tiens cependant à dire que j’aurais bien du mal à vivre au sein de leur cour, au milieu des poignardeurs de dos et des faux-semblants fourrés à la langue de vipère.
- Thélème
- Le fanatisme abêtit, aveugle et assourdit : impossible de parler avec ces énergumènes tant ils sont persuadés de tout savoir, de connaître la vérité absolue. Lumineux par-ci, Lumineux par-là… Ces buses sont tant obtuses et plongées dans leurs croyances que je suis persuadé que le seul moyen de libérer leur pauvre cervelle de leur idiotie est le trépas. Non mais franchement… Penser que la malichor et tous ces morts sont dûs à sa grandeur, faut vraiment être corniaud. Magie ou pas magie, tout le monde finit dans le même état avec une balle dans la tête, c’est moi qui le dit. Et comme je sais me servir d’un fusil… M’enfin, ce n’est pas pour autant que je crache ce que je pense d’eux au premier venu de Thélème que je croise.
- L'alliance du Pont
- Le but est le progrès, avancer en connaissances pour s’élever. Ce n’était pas stupide de s’allier, ça nous permet d’être toujours debout aujourd’hui. Je vais être totalement honnête : je comprends qu’en temps de guerre, on veuille rester soudés et éviter de s'éparpiller, mais je n’aime pas toute cette propagande scientifique et cette manie de se débarrasser de toutes les idées, de toutes les avancées allant contre ce que les hauts-placés pensent. Se débrouiller pour faire disparaître les poissons nageant à contre-courant, les forcer à tester les remèdes inachevés ou offrir leurs corps à la science… Ce n’est pas de la grandeur d’esprit, ça, aucun sage ne tairait une vérité simplement car elle lui déplaît. Mais bon : voilà encore une chose qui ne me regarde pas et que je vais garder pour moi pour rester en vie. Là réside cependant un fait : dans une société réellement ouverte et avancée, guerre ou pas guerre, je pourrais dire ce que je pense sans risquer de disparaître. A bon entendeur.
- La Garde du Denier
- J’en ai côtoyé quelques-uns, lorsque Tisch les a rejoints. Une bande pas bien toujours maligne, mais au final plutôt sympathique pour la plupart. Après, je ne peux parler que des novices, à la limite les premiers grades, car je me suis retrouvé plusieurs fois embarqué à boire un coup avec dans leur taverne. Un poil malfamé, l’endroit. Mais ce n’est pas comme si je n’avais pas l’habitude. Concernant ce qu’il y a de plus hauts, je n’ai en tête que ceux que j’ai rencontrés lors de mes recherches non loin du front, et autant dire que l’ambiance n’était pas la même. Tisch m’a un jour parlé des combats plus ou moins légaux des arènes du Denier, me suggérant de tenter ma chance car j’étais plutôt doué. J’ignore si elle s’y est frottée, elle ne me l’a jamais dit, mais j’avoue m’être laissé tenter une fois, juste pour voir. Les rumeurs de trucage ont fini par me convaincre de laisser c’la de côté.
- Les Natifs
- Probablement quelque chose que j'aurais trouvé fascinant à étudier en d'autres circonstances, notamment leurs coutumes et leur rapport à la chasse et à la faune. Sans parler des ruines. Étant officiellement envoyé sur Teer Fradee pour une raison les concernant, je vais probablement faire mine de m'y intéresser : Tisch a disparu sur leurs terres après tout, sur cette île qu'ils côtoient depuis toujours. Peut-être sauront-ils quelque chose.
Réputation
- Congrégation Marchande
- 5/10
- Alliance du Pont
- 6/10
- Thélème
- 2/10
- Natifs
- 3/10
Derrière l'écran
- Pseudonyme
- Paleuni. Ou Pal. (Ou le Grand Seigneur Pyropingouin).
- Pronoms
- Officiellement “elle”, officieusement je m’en moque.
- Comment as-tu trouvé le forum ?
- Belfeder m'a kidnappée.
- Un petit commentaire ?
- J’ai passé des heures à tenter d’en apprendre plus sur Teer Fradee et le continent afin de créer un personnage crédible et intégré à l’univers tant il y a de contenus disponibles. Très beau visuel, la carte est incroyable. J’espère qu’on fera une jolie histoire ensemble !
Cerys
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
BIENVENUE !!!!
Rah lala, quelle image magnifique, on se demande qui l'a redimensionné hein !
Tellement contente de te voir ici. Heureusement que le si c'est concrétisé
Tellement contente de te voir ici. Heureusement que le si c'est concrétisé
Shayda
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Bienvenue Cyrus, confrère académicien !
J'espère que tu te plairas sur le forum.
J'espère que tu te plairas sur le forum.
Alphonse Fléchard
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Bienvenue !!
On se penche sur ta fiche avec attention...
On se penche sur ta fiche avec attention...
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
@Cerys
C'est un chat un peu vantard qui me l'a redimensionnée, mais je l'en remercie !
Contente aussi, on verra bien ce que ça donne, j'espère qu'on fera des trucs cools ! (surveille bien ton frêne, on ne sait jamais...)
C'est un chat un peu vantard qui me l'a redimensionnée, mais je l'en remercie !
Contente aussi, on verra bien ce que ça donne, j'espère qu'on fera des trucs cools ! (surveille bien ton frêne, on ne sait jamais...)
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
@Shayda
Merci chère consœur, je l'espère tout autant !
Merci chère consœur, je l'espère tout autant !
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Narration
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Bienvenue sur Teer Fradee !
Cyrus est validé !
C'était un véritable plaisir de lire le background de Cyrus, de son bel avatar à ta plume étoffée, nous sommes ravis d'accueillir un professeur de son calibre sur notre forum. L'histoire était très réaliste, autant avec ce que nous envisageons pour l'Alliance du Pont qu'avec la psyché du personnage : être presque un père de substitution, tâtonner dans les études, abandonner, reprendre, se perdre, pour mieux essayer de se remettre d'aplomb. Le personnage promet, on a vraiment hâte de le voir en jeu !
Pour trouver des compagnons de jeu : par ici
Pour ouvrir sa fiche de relations : par là
A tout de suite sur le discord !
C'était un véritable plaisir de lire le background de Cyrus, de son bel avatar à ta plume étoffée, nous sommes ravis d'accueillir un professeur de son calibre sur notre forum. L'histoire était très réaliste, autant avec ce que nous envisageons pour l'Alliance du Pont qu'avec la psyché du personnage : être presque un père de substitution, tâtonner dans les études, abandonner, reprendre, se perdre, pour mieux essayer de se remettre d'aplomb. Le personnage promet, on a vraiment hâte de le voir en jeu !
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