Quand le hasard tourne. [Ft. Ealista]

La session aura été bien plus intense que la sergente ne le pensait. En nage, Ealista détaille le cartographe un moment. Il ne semble pas avoir plus de blessures que quelques contusions qui risquent d'être bleues le lendemain. Allant ranger le matériel, la demoiselle récupère également ses affaires et un linge qu'une recrue, admirative, vient lui donner. Acceptant le tissu avec un petit hochement de tête, elle en prend aussi un pour son compagnon. Le voyant déjà partir après avoir rangé le matériel, récupéré ses affaires et avoir accepté son invitation à boire, elle le suit tout en s'essuyant la nuque.

Le duo finit vers une petite fontaine où le blond se rafraichit. Elle-même vient en profiter, se nettoyant le visage et rafraichissant sa nuque avant de s'essuyer. Il lui faudra un bon bain pour retirer toute la sueur, poussière, et ne pas sentir le fauve, mais au moins, elle se sent plus fraiche. Tout en s'asseyant sur le bord de la fontaine, la demoiselle observe un moment les passant avant que l'homme n'attire son attention avec une question. Voyant la contusion sur le côté de son visage, elle claque sa langue d'agacement. Venant utiliser le linge emprunté pour le militaire et qui repose sur le bord de la fontaine, elle vient le plonger dans l'eau fraiche avant de faire signe à l'homme de s'asseoir.

« Laisse-moi t'aider. Ça sera plus simple. Je vais m'en vouloir d'abimer ton joli minois. »

Se relevant, elle vient se poster debout devant lui, se penchant vers son visage pour doucement nettoyer la contusion avec le tissu imbibé d'eau fraiche. Ne se préoccupant ni de la proximité physique, ni des grognements douloureux de Salastar, la demoiselle nettoie patiemment sa joue et sa tempe.

« Tu vas avoir de beaux bleus demain. Il est un peu tard pour déranger des médecins ou herboristes pour si peu. Mais il faudra que tu traites ça correctement à la première heure demain si tu ne veux pas que ça gonfle. »

Habituée à ce genre de petites blessures, Ealista a une bonne idée de la manière de les traiter, mais aussi à quel point les traces peuvent rester longtemps si laissées ainsi. Et puis, son visage est l'une des rares choses qu'elle apprécie chez le cartographe, elle risque de s'en vouloir d'ainsi l'enlaidir. Rinçant à nouveau le linge, elle l'essore avant de l'imbiber d'un peu d'eau pour qu'il soit bien frais. Elle vient ensuite le poser sur les zones rougies de son visage pour les rafraichir.

« Ça ne va pas faire des miracles, mais au moins, tu vas pouvoir te coucher sans que ce soit trop douloureux. Quant à ta question... »

La blonde se redresse avant de venir s'installer à ses côtés, perdant son regard sur le ciel qui se fonce à mesure que la nuit tomber.

« On ne peut pas dire que je sois beaucoup sortie depuis mon arrivée. Je servais une famille riche sur le continent, ou plutôt leur héritière. Un joli petit bout, plein de vie et de charmes. J'étais sa garde du corps. Mais j'ai eu beau la protéger de toutes les menaces possibles, je n'ai pu la protéger de la Malichor. Elle est partie quelques jours avant notre départ pour l'île. Une fois arrivés ici, j'ai assisté l'installation de la famille et j'ai eu droit de les accompagner à quelques sorties plutôt... touristiques. Mais rien de plus. Et même pas un mois après mon arrivée, ils m'ont congédié. J'ai retrouvé les régiments de la Garde, qui est plutôt débordée avec le besoin d'assurer la sécurité interne d'Hikmet. Et c'est pire maintenant. Donc, on ne peut pas dire que je sois vraiment sortie. Ce n'est pas pour rien que j'essaye de découvrir l'île comme je le peux. Avec tes cartes, en discutant avec des biologistes et autres marchands que je peux croiser pour en apprendre plus sur cet endroit. J'ai une idée approximative et théorique de l'endroit, mais rien de plus. »

Laissant son regard gris revenir sur son interlocuteur, elle lui sourit.

« Je me doute que tu n'as pas tant besoin que ça de mon aide. Tu es ici depuis presque le début. Tu connais plus de choses que moi des environs. C'est pour cela que j'insiste sur le fait que tu me donnes un maximum d'informations quand tu en as. Si je dois t'accompagner, je veux au moins ne pas être un boulet et réellement faire mon boulot de protection. Que tu utilises ta tête pendant que moi, j'utilise mes poings et mes armes. »

Comme pour le souligner, elle joint les gestes aux paroles, montrant de son index le crâne de Salastar, avant de venir contracter son bras gauche qu'elle pointe ensuite pour en souligner la musculature. Voyant ensuite ses cicatrices, elle vient défaire ses manches pour qu'elles viennent à nouveau les cacher, jouant de ses doigts en hésitant à remettre ses gants.

« Bon, si ton visage ne te brûle pas, on va boire un verre avant de se pieuter ? J'suis sûre que tu vas dormir comme un loir ce soir. »

Et avec un large sourire, la demoiselle se redresse, détachant ses cheveux pour les ébouriffer et les laisser sécher dans une légère brise fraiche.

Ainsi installés à la fontaine, le duo prend le temps de se retirer la sueur, et avec cette dernière, une partie de la fatigue née de l'entrainement. Cela faisait longtemps que le cartographe n'avait pas tant poussé les choses, et clairement il ne sera pas contre un bon bain ou une bonne baignade avant de dormir pour se rafraichir. Alors quand la conversation commence à prendre un tournant plus tranquille, le soldat accepte l'aide de la garde avec un léger sourire narquois, un souffle de rire particulièrement amusé à sa remarque sur son visage.

-"Comme quoi, il y'a bien une chose que tu arrives à supporter, et même apprécier chez moi ! Quel dommage que ce soit l'élément que tu sembles aimer le plus frapper, et le plus à portée de main. Tu vas devoir te retenir pour ne pas abimer cette seule petite sucrerie que tu trouves à ma personne en ce cas."

C'est définitivement étrange que la sergente s'occupe ainsi de lui après l'avoir abimé ainsi, surtout au vu de l'échange qu'ils ont eut peu avant. Mais le cartographe laisse faire, sourcil légèrement arqué, grognant parfois un peu. C'est que c'est sensible, et les bleus commencent à se former. Et si effectivement il est trop tard pour aller quérir quelqu'un, fort heureusement il est loin d'être totalement à nu face à de tels problèmes. Ce n'est pas le premier entrainement ni le dernier qu'il fera, et il possède toujours quelques baumes en cas de besoin. Et ce soir, ces derniers feront des miracles.


Surtout que la blonde commence ainsi à évoquer son passé et les raisons qui l'ont amenées ici, ce qui fait taire le soldat pour l'écouter attentivement. Une histoire banale dans ses racines qui sont les raisons de bien des présences ici, et en même temps particulièrement intéressantes vu que c'est la première fois que la demoiselle s'ouvre un peu sur ce qu'elle a traversée, sur les raisons de sa présence en cette ile. Et quand enfin elle termine son histoire avec ce petit commentaire, lui même ne peut s'empêcher de légèrement sourire, amusé, hochant de la tête pour rapidement lui répondre, regard posé dans celui de sa partenaire.

-"Effectivement, ce sont surtout de tes muscles dont j'ai besoin. Tu en as bien plus que moi, et comme on vient de le voir, ils sont mieux maintenus. Et je n'ai aucune raison de te cacher des informations, ne t'en fais pas. Dès que j'en sais un peu plus sur ce que l'on peut faire et où cela se trouver, je te dévoilerais tout ce que j'en sais pour limiter au maximum les mauvaises surprises. L'ile contient assez de déplaisantes rencontres pour en plus ne même pas savoir ce qu'elles sont."

Puis en voyant le geste d'Ealista pour remettre ses manches, l'homme pivote la tête, capte du coin de l’œil ce qui semble être une cicatrice. Trop bref pour en être sur, il ne poussera pas de lui même la conversation sur ce sujet. Après tout, si elle semble les cacher, autant qu'il n'aborde pas un sujet qui semble ainsi difficile. Le détournement de sujet lui allant parfaitement, alors que le blond souffle un rire amusé en se redressant avec un grognement, sentant déjà le début de quelques douleurs musculaires refaire surface.

-"Ca va, ce n'est pas le premier ni le dernier entrainement que j'ai fais ou que je ferais. Je suis habitué à être courbaturé ou avoir l'impression d'être brulé, même si cela faisait un moment que ce n'était pas arrivé. Donc allons boire un verre."

La marche reprend, et elle n'est guère longue pour arriver jusqu'à la taverne du denier, dans laquelle leur arrivée cause quelques haussements de sourcils. En effet, vu comme ils étaient sortis, peu de monde s'attendait à les voir revenir. Quelques conversations s'échangent à voix basse, et nul doute que la sergente devra répondre à quelques questions une fois le cartographe parti rejoindre Morphée. Le tavernier lui même vient rapidement prendre leur commande, et revenir avec deux verres, toujours à moitié coupés à l'eau. De la pisse, mais bon, difficile de faire mieux dans la région sans de bons contacts et beaucoup d'or. Et tandis qu'ils retrouvent une ambiance un peu plus connue et bon enfant,  Salastar recommence même ses taquineries en commençant à siroter sa boisson.

-"Et ne soit pas aussi assurée que cela. Si je suis plus fatigué que toi, les choses pourraient bien rapidement se retourner. Ne sous estime pas trop mon endurance, surtout une fois que je ne serais plus rouillé..."

Cela fait presque rire l'homme dans sa boisson. En effet, il connait ses forces et ses faiblesses. Et si il ne pourra probablement jamais lutter à armes égales avec la sergente, nul doute qu'il compte bien lui en faire baver quand ils passeront aux exercices de tir où lui même est bien plus à l'aise. Chose que la demoiselle doit déjà bien deviner, juste au petit sourire qu'arbore les lèvres du blond, qui ne semblent plus se refermer. Comme quoi, avoir mis au clair leur dispute semble presque l'avoir détendu de la présence de la sergente.

-"Je suis en tout cas désolé de n'avoir su t'épuiser assez pour t'offrir une bonne nuit de sommeil. Mais je ferais mieux les prochaines fois. Ou une fois qu'on sera en dehors de la ville. On verra qui tiendra le mieux les petits footings pour échapper à une bestiole écailleuse dans les marécages tiens."

Une provocation amusée... Et pourtant, au regard de l'homme, il est clair que c'est presque sérieux, voir vécu.

« Il va falloir t'habituer à nouveau à cette sensation alors ! Je vais te dérouiller comme il se doit avant que tu ne nous trouves une mission. Ça ne pourra que te faire du bien, et je ne vais clairement pas refuser un partenaire d'entrainement. »

Le duo prend la route de la taverne, trajet plutôt court sachant qu'ils ne se sont presque pas éloignés de la caserne à laquelle est accolé l'établissement. Une fois servis par le tavernier et en ignorant les regards curieux de ses collègues, Ealista est à nouveau provoquée par le cartographe. En train de savourer la bière bien trop diluée, elle redresse le regard sur le blond en face d'elle, arquant les sourcils à sa remarque. Définitivement, l'ambiance entre eux n'est plus la même. Reste à savoir si cela durera ou si ce n'est que l'effet de la fatigue après l'entrainement.

« Dois-je déjà regretter d'avoir accepté cette proposition ? »

Une question plutôt rhétorique, clairement taquine alors qu'elle n'a même pas posé sa chope, ne faisant qu'une pause pour lui répondre avant de continuer à boire. Cette détente semble communicative, la demoiselle reposant la boisson avant de poursuivre sa taquinerie.

« Tu n'auras qu'à mieux faire la prochaine fois ! Même si je doute que tu m'épuises réellement. Je t'y mets même au défi. »

Posant un coude sur la table de bois, elle vient loger son menton dans sa paume, son sourire s'étirant avec la provocation suivante.

« Après tout, une fois dehors, il faudra monter la garde à tour de rôle la nuit. Et à moins que tu ne nous trouves un petit groupe à accompagner, ce ne sera que nous deux. Et contrairement à toi, moi ça ne fait pas des années que je suis habituée à dormir en extérieur sans avoir le confort de mon petit chez-moi. »

Après tout, du peu qu'elle sait du cartographe, elle sait qu'il vit dans les quartiers les plus anciens d'Hikmet. Il a eu le privilège de vraiment s'installer ici, certainement d'avoir sa propre propriété ou plus. La garde ignore les détails, mais elle sait que le militaire a un bien meilleur confort quotidien que le sien. Même si elle apprécie la garde et la caserne, elle avoue qu'avoir son propre espace personnel lui manque par moment. Qui sait, elle aura peut-être la chance d'en avoir un également si elle réussit bien les missions avec le cartographe.

« En parlant de la faune locale. Raconte-moi donc les rencontres que tu as pu faire avec ! Toi qui en as vu, conte-moi donc tes petits footings. »

Certes la provocation est amusée, mais sincère. Salastar a réussi à piquer l'intérêt de la sergente. Et pour la première fois depuis qu'elle le connait, elle le trouve presque agréable. Évidemment, la soirée est loin d'être terminée. Les chopes de bière coupées à l'eau vont s'enchainer, tout comme les histoires, taquineries et sûrement même de nouvelles chamailleries. Ealista ignore comment va évoluer sa relation avec l'homme, cette soirée la surprenant sous plus d'un aspect, mais ce n'est pas elle qui va s'en plaindre. Après tout, le cartographe n'est finalement pas le mauvais bougre qu'elle imaginait, simplement un être plus complexe que ce qu'elle imaginait.

Et c'est avec cette pensée qu'elle se plonge dans l'histoire que lui conte le blond, la faisant sourire à plus d'une reprise, même souffler un léger rire.