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Même la pluie n'éteindra pas la flamme de l'espoir [ft. Ealista]

Cyrus
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Reput
Un vrai temps de chien.

Ce fut la première pensée qui traversa Cyrus. C'était un début d'après-midi pluvieux, pile le genre de moment durant lesquels on préférait rester chez soi à lire un bon livre plutôt que d'affronter une averse. Il l'aurait peut-être fait, si le contexte était autre, mais étant donné que sa vie était ce qu'elle était, notamment en ce moment, il ne pouvait pas se permettre de se tourner les pouces. D'ailleurs, il en aurait été tout bonnement incapable. Et puis, un peu de pluie ne tuait personne... Généralement.

Cela faisait peu de temps qu'il avait débarqué sur ce bout de terre flottant. Teer Fradee. L'île qui faisait pas mal jaser, celle qui résistait contre la malichor, celle qui s'attirait tous les regards, celle que tous souhaitait dompter.

Lui, il ne se trouvait pas ici pour cela. Ni pour impressionner un grand nom, ni pour s'assurer que l'Alliance prenne de l'avance sur ces benêts de Thélème, ni même pour ses recherches.

Enfin... Officiellement, si. Sur le papier, sa présence à Hikmet s'expliquait par le travail, par des supposées travaux qu'il s'était proposé de faire au sujet des natifs de cette terre mystérieuse et encore tant méconnue. Leur culture, leur histoire... Le professeur Cyrus portait une mission : éclairer autant de points obscurs que possible et rapporter le fruit de ses recherches sur le continent.

Un prétexte, ceux le connaissant l'auraient vite compris.

En vérité, une seule chose l'avait amené à se rendre si loin de chez lui : Tisch.

Encore et toujours Tisch, la petite teigne sur laquelle il veillait depuis désormais près de dix ans. Quelle idée elle avait eue de rejoindre la Garde du Denier et d'aller se fourrer dans il ne savait quel problème sur cette île qu'aucun d'eux ne connaissait. Il aurait dû la chopper par l'oreille dès le départ et la ramener à la maison, ça leur aurait évité bien des problèmes.

Des mois qu'elle était portée disparue. Sans explication, sans raison, personne ne lui avait rien dit, il n'avait fait que recevoir une lettre, un pauvre papier que sa rage froissa.

Il n'aurait jamais été capable de se contenter de cela, alors même si les chances étaient minces, que plus les jours passaient, moins l'espoir de retrouver la jeune femme saine et sauve se faisait vif, le voilà sur place, prêt à lancer son investigation, à retourner chaque pierre et chaque caillou pour trouver ce qui était arrivé à sa protégée.

Et potentiellement la venger. L'idée l'effleurait parfois, lorsque la nuit régnait depuis longtemps, que le sommeil se cachait et que l’optimisme s’amenuisait.

L'homme aux cheveux bruns et aux sombres yeux verts marchait d'un pas décidé au sein des rues ruisselantes. Le mauvais temps devait avoir fait chuter leurs fréquentations, car la plupart des âmes qu'il croisa s'abritait au mieux. Probablement que ça grouillait derrière tous ces murs, Hikmet n'était pas la plus grande ville pour rien. L'idée de se détendre un peu en trouvant mentalement tous les défauts du monde aux habitants le frôla, mais Cyrus finit par décider de ne pas leur prêter plus d'attention : il était parvenu à rapidement se dégoter un endroit où loger, où tenir la base de son enquête, et maintenant qu'il pouvait enfin la débuter en bonne et due forme, il ne voulait pas perdre plus de temps.

Sa première destination lui semblait toute indiquée : la Garde du Denier, évidemment. Quoi de mieux que de commencer par le début, par le lieu où Tisch se trouvait avant sa disparition ? Glaner un maximum d'informations ne pourrait que l'aider.

Suivant quelques indications récupérées auprès de passants, il ne tarda nullement à trouver l'endroit et eut une moue peu engageante en levant les yeux vers le bâtiment. Une sorte d'appréhension lui saisit l'estomac, la sensation lui déplut fortement.

Que craignait-il ? Que finalement, quelques nouvelles eurent été données sans que l'on le prévienne ? Que finalement, elle était bel et bien morte ? Que jamais il ne reverrait le sourire aux grandes dents blanches et les yeux brillant de malice ? Cyrus dégagea d'un geste vif la pluie glissant sur ses cils et combla la distance le séparant des locaux.

Ce n'était pas se biler qui allait le faire avancer et il le savait.

Son pas fut un peu raide, mais il se retrouva bien vite devant des membres de la garde. Des recrues, de ce qu'il vit. Il ne se perdit pas en salutations ou en sourire poli et demanda, ou plutôt exigea, qu'on le mène immédiatement à l'un de leurs supérieurs présents.

Il ne se fixait pour le moment qu'un objectif : ne pas quitter les lieux sans avoir obtenu la moindre réponse.
Ealista
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Reput
Déjà que faire des rondes n'a rien d'amusant, les faire sous un temps de merde est encore pire. Par ce temps, il n'y a rien à voir, même la plupart des petits voleurs préfèrent rester au sec. Mais le devoir est ainsi. Même quand il pleut des cordes, il faut protéger les citoyens d'une potentielle menace. Il parait que quand il pleut, certains en profitent pour faire de plus grands méfaits. La sergente ignore si cela est vrai, n'ayant jamais eu réellement l'occasion d'étayer ces faits et n'ayant absolument pas les capacités mentales de mener de telles études ou statistiques.

Comme presque tous les jours, elle doit faire des rondes. Aujourd'hui, elle a dû faire le pied de grue à l'une des entrées de la ville avec d'autres gardes. Des recrues et un supérieur lettré qui s'occupe des vérifications de papiers. De son côté, elle doit subir l'agacement des marchands et citoyens qui souhaitent entrer, s'impatientant sous cette pluie qui risque de leur donner une bonne crève d'ici à ce qu'ils puissent se mettre à l'abri. D'ailleurs, la demoiselle reconnait les visages de certains partis aux premières lueurs du jour, rentrant trempés jusqu'aux os.

« Je vous avais dit qu'il allait pleuvoir aujourd'hui. »

Vient taquiner la blonde alors qu'elle vérifie le sac de l'un d'entre eux. On lui répond avec un regard mauvais, soufflant d'amusement par le nez avant de légèrement relever la visière de son casque pour observer les nuages. La journée a bien avancé, sachant qu'elle a pris poste avant même l'aube et a même déjà eu droit à une courte pause repas. Avec ce temps, l'afflux de voyageurs va réduire pour le reste de la journée.

« Sergente Ealista. »

La demoiselle se retourne vers le caporal qui les accompagne.

« Oui, Caporal ? »

Tout en répondant, elle exécute son salut habituel pour montrer le respect envers son supérieur hiérarchique. Même si elle n'est pas obligée de le faire dès qu'il lui adresse la parole, c'est une habitude qu'elle a en service. L'homme bourru lui fait signe de prendre repos avant de lui tendre des documents enveloppés dans du cuir pour les protéger autant que possible de la pluie.

« La relève est là. Je vais rester avec eux pour faire un point avec eux avant de rentrer. Accompagnez les recrues et livrez ces documents pour le rapport. Je m'occupe du reste dès que je suis rentré. » L'homme a un petit soupir fatigué tout en lui donnant les documents en question. « Faites attention à ce qu'ils ne prennent pas la pluie. »
« Oui, Caporal. »


La blonde récupère immédiatement son paquet pour les glisser sous son armure. Elle fait ensuite signe aux recrues de son équipe de la suivre alors que la relève prend place. Le trajet du retour se fait dans la bonne humeur des recrues qui se demandent ce qu'ils peuvent aller manger de chaud à la taverne ou la compagnie à aller payer pour se réconforter de ce sale temps. La demoiselle les écoute en ne faisant que rouler des yeux par moment. Elle-même pense aller savourer un bain chaud avant d'aller demander aux filles du bordel si elles veulent faire quelque chose avec elle. En plus de cela, elle a un repos le lendemain, c'est l'occasion de profiter de leur compagnie.

Mais cet espoir est soufflé en arrivant aux baraques. À son entrée, un homme hausse le ton face à des recrues complètement déboussolées. La majorité des supérieurs sont en extérieur à cette heure et le supérieur direct à la caserne doit être occupé. C'est une heure où beaucoup de relèves se font, beaucoup prenant leur pause déjeuner de manière tardive après une matinée chargée. Et avec ce temps, pas de doute que beaucoup en ont bavé. Captant le regard désespéré d'une recrue désemparée face à l'homme qui leur demande des informations, la sergente souffle un long soupir.

« Sergente ! »

Évidemment, la recrue l'a vu arriver. La voilà dans les emmerdes. La demoiselle prend un instant pour inspecter l'homme. Plus grand qu'elle et visiblement musclé, il n'a pas l'air pourtant d'être un combattant. Peut-être un marchant ou scientifique perdu ? Mais à l'attitude du bonhomme, la blonde sent déjà les ennuis. Nouveau soupir, sortant les documents pour les donner à une des recrues qui l'accompagne.

« Déposez ça au lieutenant Gabir. Sans faute. Ou je m'occupe de votre cas plus tard. Je m'occupe de ça. »

Débarrassée de cette tâche, s'assurant que la recrue parte dans la bonne direction, elle s'approche ensuite de l'inconnu et des recrues.

« Rompez. Que l'un de vous aille chercher l'intendant qui doit être en pause. Il sera sûrement le plus à même de nous renseigner. » Puis en se tournant vers l'homme, affichant désormais un étrange sourire courtois, clairement forcé, mais en même temps presque sincère, la voix de la sergente se faisant plus douce, presque mielleuse. « Sergente Ealista, régiment vert-azur, deuxième compagnie. Puis-je savoir qui vous êtes et la raison de votre présence... très remarquée, ici ? »

Si la voix est douce, son expression cordiale et polie, son attitude reflète une certaine autorité, ainsi qu'un mélange d'irritation. Ealista vient à peine de rentrer, encore trempée du déluge dehors et de sa matinée à se les geler, que maintenant, elle doit gérer le boulot des absents. Que cet homme soit intelligent et ne vienne pas briser le peu de patience qu'il lui reste, sentant déjà les muscles de son visage lui démanger à ainsi forcer un sourire courtois.
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Cyrus se serait retrouvé face à des roseaux en pleine tempête que cela lui aurait fait le même effet : les fébriles recrues balbutiaient sans grand sens, l’œil aussi vide que celui d'une carpe morte. D'ailleurs, même une carpe morte lui aurait probablement apporté plus de réponses que ces zigotos.

Peut-être haussa-t-il un peu le ton, mais au fond, ils savaient que les incompétents le méritaient : ce n'était pas censé être si compliqué de le mener à un supérieur ! Il suffisait de savoir marcher ! Il en était à soupirer et se pincer l'arête du nez, conscient que réellement s'énerver ne le mènerait cette fois à rien, lorsqu'il remarqua que l'une des recrues regardait derrière lui avec intérêt.

« Au secours ! » semblaient crier ses yeux dans un appel silencieux.

Sa bouche, plus sobre, se contenta d'un simple : « Sergente ! »

Sergente. Le mot résonna dans l'esprit de l'historien, qui y vit aussitôt une opportunité.

La femme qui se présenta, la fameuse sergente et probablement la seule personne qui demeurait un tantinet digne d'intérêt pour le moment, se planta devant lui. Cyrus dût baisser les yeux afin de croiser un regard bleu-gris teint d'une tristesse aussi froide qu'infinie. Elle arborait une chevelure blonde, trempée par le déluge sans fin, et une armure ne la rendant que plus athlétique qu'elle ne devait déjà l'être. Elle lança quelques ordres avant de se concentrer sur lui :

« Sergente Ealista, régiment vert-azur, deuxième compagnie. Puis-je savoir qui vous êtes et la raison de votre présence... très remarquée, ici ? »

Une voix douce, en accord avec son expression polie. Cyrus remarqua pourtant bien l'irritation cachée derrière son air avenant. Étrangement, c'était le genre de comportement qu'on aimait bien lui présenter, et les tons mielleux, ce n'était vraiment pas sa tasse de thé. Sans parler du reproche à peine camouflé. Il lui en foutrait des présences remarquées, elle n'en avait clairement jamais vue si elle pensait que ça, c'était se faire remarquer. L'historien refréna un sourire ironique et clairement agacé, puis chassa de nouveau la pluie de ses traits d'un brusque geste de la main. Une fois cela fait, il tâcha de prendre une grande inspiration, et malgré sa posture crispée et visiblement impatiente, il tenta d'écarter au mieux l'agacement de sa voix :

« Une sergente, hein ? Voilà quelque chose de bien plus utiles que ces clampins là. » ses yeux jetèrent un éclair aux recrues, mais retournèrent presque aussitôt sur Ealista.« Qui je suis n'a pas tant d'importance que c'la dans ce qui m'amène : j'ai reçu il y a quelques mois une lettre me rapportant la disparition d'une femme de chez vous, une sergente, elle aussi. Peut-être que vous la connaissez : elle s'appelle Tisch. La lettre m'a été envoyée depuis ici, et je veux savoir qui me l'a rédigée pour que je sache réellement ce qui est advenu à cette femme. C'est une sale manie que vous avez d'envoyer des billets aussi graves aux gens sans préciser ce qui est arrivé aux personnes impliquées. Moi, le manque de réponse, je n'aime pas beaucoup ça.»

Ses mains reposaient sur ses hanches et son pied battait discrètement le sol. De toute évidence, il luttait pour ne pas forcer le passage et lui même aller chercher ce qu'il y avait de plus haut gradé dans le coin.
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« Moi, le manque de réponse, je n'aime pas beaucoup ça. »

Mais personne n'aime cela. Elle non plus n'a aucune foutue idée de ce qu'il a pu advenir d'Urilius, mais elle ne va pas taper un scandale devant la maison du premier médecin de l'Alliance qu'elle trouve. Poussant un long soupir exaspéré, la demoiselle analyse la situation. Elle se retrouve avec un homme, visiblement agacé, sous la pluie, à deux doigts de finir son service. La seule chose la séparant de son repos bien mérité, c'est cet homme. À ce rythme, le Caporal va être rentré avant même qu'elle n'ait pu retirer ses vêtements trempés. Ealista perd toute patience, oubliant son air courtois et son sourire, prenant un ton blasé, même agacé.

« Donc vous tapez un scandale devant les baraques de la Garde du Denier au lieu de simplement entrer et vous adresser à l'intendant chargé de cela ? Décidément, venir sur cette île fait perdre toute notion de civilisation aux gens... »

Sans attendre une réponse, la demoiselle pousse l'une des lourdes portes pour entrer et se mettre à l'abri. Elle ne s'occupe guère de l'inconnu, ne prenant pas la peine de lui tenir la porte ni de vérifier qu'il la suit. Peut-être l'une des recrues va avoir la politesse de ce geste, mais pas la sergente qui en a juste ras le cul. Elle salue d'un mouvement de tête ceux qui gardent l'entrée des baraques avant de s'avancer vers le petit bureau de l'intendant qui s'occupe d'accueillir les gens qui ont besoin des services de la Garde ou de renseignements. Comme elle le craignait, ce dernier est absent, sûrement en pause. Connaissant l'homme, elle l'entend dans sa tête engueuler les recrues parties le chercher à grand coup de « Vous ne connaissez pas mes droits ? Ma pause fait partie de mon contrat ! Dans le formulaire C-42, il est stipulé que... » Avant qu'il n'invoque des clauses aux formulations et mots trop complexes pour qu'elle ne se rappelle la suite.

En résumé, elle est dans la merde.

Comprenant qu'elle va devoir s'occuper de ce cas jusqu'à ce que le grincheux ne veuille reprendre son poste, Ealista retire son casque pour libérer ses cheveux trempés. Elle semble fatiguée, agacée, le mauvais temps et cette situation ne faisant qu'empirer les choses. Toutefois, elle tente de compatir avec cet homme, attendant qu'il la rejoigne pour poursuivre la conversation.

« Nous envoyons toujours ce genre de courrier quand un membre de la Garde disparait ou meurt. Soit presque tous les jours. C'est dans la procédure. Si vous l'avez reçu, c'est que vous figuriez dans les derniers souhaits de la sergente... Tich ? » Ealista n'a jamais été doué pour retenir les noms, se trompant dans la prononciation alors qu'elle essaye de se rappeler si elle connait cette femme. « Je suis désolée, mais je ne pense pas que vous aurez plus d'information. À moins qu'on ne l'ait retrouvé depuis, morte ou vive, vous ne saurez rien de plus. Si elle est vivante, l'intendant s'occupera de lui passer un message pour vous. Dans le cas contraire... Mes condoléances. »

C'est froid, complètement détaché. La sergente ne montre aucun remord, aucune tristesse. Elle énonce des faits sans la moindre empathie. Elle ne pense pas connaitre la demoiselle en question, ou elle ne l'a pas retenu. Sans description physique, il lui est incapable de dire qui est qui. Évidemment, elle retient les visages des membres de la garde, plutôt facilement même. En revanche, les noms, c'est une autre histoire. Mis à part ses supérieurs directs et ceux en haut de l'échelle, le reste n'a que peu d'intérêt pour occuper sa mémoire limitée.

Bien sûr, elle peut aider l'homme. Mais elle n'en a pas envie. S'il lui graisse la patte, elle veut bien fermer les yeux sur les procédures et chercher les informations elle-même, mais elle ne va pas lui confier cela. Cet inconnu ne lui inspire pas confiance, il est trop pressé, elle n'a pas idée de si ses paroles sont vraies ou non. Et surtout, avec son apparence actuelle, il ne doit pas avoir un sou sur lui. Alors à quoi bon ? Dans le meilleur des cas, elle l'invite à gentiment attendre ici. Dans le pire, elle l'invite à sa manière à aller voir ailleurs. La suite ne dépend plus d'elle, mais de l'homme impatient qui semble bien se foutre complètement des procédures de la Garde.

« Je vous prierai d'attendre l'intendant qui va s'occuper de vérifier cette information pour vous. »
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« Donc vous tapez un scandale devant les baraques de la Garde du Denier au lieu de simplement entrer et vous adresser à l'intendant chargé de cela ? Décidément, venir sur cette île fait perdre toute notion de civilisation aux gens... »

Ses mots sortaient à peine de la bouche de la sergente que Cyrus levait déjà des sourcils incrédules : elle était bien marrante, elle. A croire qu'entrer pour trouver l'intendant ou n'importe qui pouvant le renseigner ne l'avait pas effleuré : il y serait déjà si les blancs-becs servant de gardes savaient articuler plus de deux mots ayant du sens. Il n'eut cependant pas le temps de rétorquer : voilà que la jeune femme à la chevelure blond cendré le dépassait et pénétrait dans le bâtiment sans un mot de plus. Lorsque la porte se ferma derrière elle, le professeur pinça les lèvres si fort qu'il s'en fit presque mal et acquiesça lentement en assimilation.

Alors, c'était comme ça. Il faisait des mois de route à se ronger les sangs en continu et sa seule récompense était de se faire claquer une porte au nez.

Oh non. Oh que non. Ça ne se passerait pas comme ça.

Ses yeux, plus féroces d'instant en instant, tombèrent sur l'un des gardes et en comprenant que ce dernier ne tenterait rien pour l'arrêter, Cyrus prit la suite de la sergente et poussa le battant à son tour.

L'intérieur sentait l'aigreur du fauve et l'humidité, à croire que le dernier ménage commençait à sérieusement dater. Des flaques et un peu de boue au sol témoignaient du dernier passage ayant eu lieu : Cyrus suivit les traces sans réfléchir. L'un des gardes de l'intendance lui demanda la raison de sa venue, mais le professeur l'ignora : il venait de remarquer la silhouette de la sergente, occupée à ôter son casque d'un air épuisé.

Dans un sens, il aurait pu compatir.

Il entra sans s’annoncer ou demander l'autorisation, se contentant de croiser les bras et froncer légèrement les sourcils. L'idée de la menacer dansa vaguement dans son esprit l'espace d'un instant, mais sa raison lui fit rapidement remarquer que si on l'enfermait pour attaque sur sergent, son précieux temps s’égrènerait pour rien. Que faire alors ? S'excuser pour son ton ? Hors de question, elle avait employé le même. Il n'eut cependant pas besoin de parler : la sergente Ealista s'en chargea :

« Nous envoyons toujours ce genre de courrier quand un membre de la Garde disparait ou meurt. Soit presque tous les jours. C'est dans la procédure. Si vous l'avez reçue, c'est que vous figuriez dans les derniers souhaits de la sergente... Tich ? Je suis désolée, mais je ne pense pas que vous aurez plus d'information. À moins qu'on ne l'ait retrouvée depuis, morte ou vive, vous ne saurez rien de plus. Si elle est vivante, l'intendant s'occupera de lui passer un message pour vous. Dans le cas contraire... Mes condoléances.»

La voir se dire désolée en ayant l'air tout, sauf désolée, hérissa les poils de Cyrus. Vous figuriez dans les derniers souhaits de la sergente... Evidemment, il est sa seule famille encore en vie.

« C'est Tisch. » rectifia-t-il d'un ton bourru en prononçant lentement le prénom, irrité de l'entendre mal le dire.

Elle ne sembla pourtant pas l'écouter et enchaîna, toujours de cette même voix monotone et sans émotion :

« Je vous prierai d'attendre l'intendant qui va s'occuper de vérifier cette information pour vous. »

Bien sûr qu'il allait l'attendre, l'intendant. Mais à la vue de cette femme détachée et d’apparence peu intéressée, Cyrus se sentit pris d'un doute : qui lui disait que l'intendant se montrerait plus cordial et bavard ? Le professeur sembla réfléchir quelques instants et se mordit doucement un coin de la lèvre.

« J'entends souvent dire que les membres de la garde se pensent comme une famille. » Il avisa une chaise, devant le bureau de l'intendance, et s'y installa sans en attendre l'autorisation. Ses yeux repartirent sur le visage d'Ealista. « J'en ai côtoyé beaucoup, des gars et des filles de la garde, même sans en faire partie. J'en ai apprécié quelques uns, aussi, mais ce que j'aimais le plus, c'était cette loyauté entre eux. Je n'ai guère l'impression de retrouver cette camaraderie fidèle et ce sentiment de famille, sur cette île maudite. Je vous parle de la disparition de l'une des vôtres, une sœur d'armes, et vous ne flanchez pas le moins du monde, vous me parlez comme si je venais de vous annoncer que j'avais besoin d'aide car un chat a volé le poulet qui refroidissait sur ma fenêtre. » Cyrus secoua un peu la tête et laissa échapper un soupir autant agacé que las. « Vous savez ce que ça fait, de perdre une sœur ? Ou même un frère, un adelphe, qu'il soit de sang, d'esprit ou d'armes, ce que vous voulez, je m'en fous pas mal. Si oui, vous devriez savoir ce que je ressens. J'ai fait une très longue route pour venir jusqu'ici, sergente. Et ce n'est pas votre froideur qui me fera faire demi-tour. Alors si vous avez la moindre information, si vous connaissez la moindre personne susceptible de m'aider... Et bien dites le moi. Quelqu'un autre que l'administration doit bien savoir quelque chose ! Elle devait bien être en mission quelque part, avec quelqu'un, elle a bien dû en parler avant son départ, elle n'est pas que quelques lignes dans un dossier écrit froidement ! Qui a écrit la lettre que j'ai reçue ? Comment puis-je lui parler, me débrouiller pour que l'on m'indique qui a envoyé la sergente Tisch en mission et où elle est allée ? Elle n'a pas pu disparaître sans laisser la moindre trace, bon sang ! »

Sa tirade achevée, il prit une grande inspiration et se renfonça dans sa chaise. Il fixa la sergente encore un instant, les bras de nouveau croisés, les yeux moins passionnés par ses propres mots, mais toujours durs, toujours déterminés. Il finit par fouiller l'une de ses poches et en extirper un papier un peu froissé, qu'il déplia minutieusement, regarda une seconde, puis tendit à la sergente.

Il s'agissait d'un portrait en 3/4, un crayonné représentant une jeune femme au teint semblant clair et aux cheveux sombres. Il y avait beau ne pas avoir de couleurs, on devinait une certaine pâleur sur ces traits au visage présenté comme sobre, mais au regard un peu canaille. Un nez relativement droit, probablement cassé au vu de la bosse aléatoire en ornant l'arête, des sourcils peu épais, mais fournis, une bouche aux lèvres pleines. Ses mèches noires tombaient au-dessus de son menton et une petite queue de cheval courte rassemblait ce qui restait à l'arrière de sa tête. Quelques tâches de rousseurs, des épaules larges...

Il y eut un léger silence avant que Cyrus ne reprenne :

« Regardez-la bien. Êtes-vous certaine de ne jamais l'avoir vue ? »
Ealista
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Plutôt que d'attendre, l'étranger a décidé de lui péter les gonades assez fort. Ealista veut juste aller se reposer. Se reposer et se laver. Est-ce trop demandé ? Apparemment, oui. L'homme s'installe au bureau de l'intendant tout en commençant à critiquer la Garde. Et ça ne passe pas vraiment. Le regard de la blonde s'étrécit avec la colère qui commence à bouillonner en elle. Même si elle ne le montre guère, la demoiselle tient à la Garde et ses membres, même ceux qu'elle apprécie moins ou avec qui elle ne s'entend pas. Et ce sentiment l'a suivi sur cette île, s'attachant à ces membres, même aux recrues qu'elle ne cesse de regarder de haut. Alors s'entendre dire d'un sale type que la Garde ici est merdique ne lui plait absolument pas, faisant doucement bouillir sa colère. Et son manque de patience est bien connu à présent, inquiétant ceux qui montent la garde, écoutant la conversation d'une oreille sans pour autant intervenir. Car il n'y a aucun doute que la demoiselle peut facilement démolir la tronche de cet homme si on ne la retient pas ou s'il pousse le bouchon un peu trop loin.

Heureusement pour lui, il joue l'une des rares cartes qui a le talent de calmer les ardeurs de la sergente. Le fait de perdre un membre de sa famille. Elle ne répond pas oralement, mais dans son esprit. Oui, elle le sait, personne ne sait ô combien elle le sait mieux qu'elle-même. Peut-être le vieux Gustave, mais lui, elle préfère l'oublier. Et maintenant qu'il déroule en partie son histoire, elle se voit à la place de cet homme. Désespérée, ne sachant que faire ni où chercher. La Garde a ses règles, elle y a toujours tenu, tempérant même son sale caractère pour s'y aligner autant que possible. Alors quand il vient sortir le portrait de la demoiselle en question, la raison d'Ealista craque. Elle connait cette colère, ce sentiment. Cette incertitude de ne simplement pas savoir. À quel point cela peut rendre chèvre. L'angoisse presque constante. Se voir ainsi à la place de cet homme calme sa colère et la fait même compatir à son sort. Elle ne souhaite cette situation à personne d'autre, surtout si elle peut offrir un peu de réconfort et apporter les premières lumières nécessaires.

Elle prend une bonne minute pour détailler le portrait de la demoiselle recherchée. Ce visage lui est vaguement familier, mais rien de plus. Après quelques mois ici, elle a retenu tous les visages des gardes qui passent par les baraques. Toutefois, elle en est certaine, celui-là ne passe pas ici de manière régulière. Si elle l'a déjà vu, cela remonte à son arrivée, sûre de ne pas l'avoir revu depuis. Si c'est effectivement une sergente, elles ont pu se croiser dans les dortoirs ou les parties réservées aux femmes, ou même juste se croiser lors d'une ronde. Rien qui n'aurait permis à la blonde de retenir le nom de l'inconnue recherchée.

Après avoir poussé un long soupir, elle chasse la main qui lui tend le portrait d'un geste qui ne se veut pas violent. Juste de quoi indiquer qu'il peut ranger ce portrait pendant qu'elle réfléchit. Et tout le monde sait que la réflexion n'est pas son fort. La garde pose son casque sur un espace libre du bureau de l'intendant, se mettant à faire les cent pas en réfléchissant, pesant ses mots, ce qu'elle peut ou non révéler. Elle a son propre code d'honneur, mais défier celui de la Garde ne lui plait absolument pas. Même si elle compatit avec cette situation, Ealista ne peut tout simplement pas aller à l'encontre des règles. Il y a des gens bien plus éduqués et lettrés qu'elle, plus disciplinés aussi, pour donner les informations qu'il faut à cet homme. Elle sait aussi qu'il risque de ne rien apprendre. Se frottant l'arrière du crâne d'un air énervé, grognant même un peu, la demoiselle sait qu'elle ressemble à une sorte d'animal à cran, comme un félin qui tourne dans sa cage en cherchant un moyen de s'échapper.

Quand enfin, elle a une bonne idée de ce qu'elle peut dire ou non, elle vient hocher la tête comme pour acquiescer de sa conversation mentale. Plus calme, mais toujours aussi irritée et irritable, elle revient vers l'étranger.

« Écoutez-moi bien, car je ne pourrais pas me répéter. Ce n'est pas qu'on ne s'inquiète pas de cette demoiselle. C'est qu'on ne peut absolument rien vous dire. Rien du tout. » C'est froid, honnête, mais quelque chose dans son regard d'acier qui vient s'approcher de l'érudit doit lui permettre de comprendre qu'il y a autre chose. « Les affaires de la Garde restent à la Garde. Sauf si vous avez les moyens d'acheter le silence. »

Mais cela, elle doute qu'un homme aussi désespéré ait l'argent pour cela. Sinon, il aurait déjà payé un larbin pour le faire. Ou il n'aurait même pas eu à s'embrouiller avec les recrues à l'entrée et simplement mentionner qu'il possède ce qu'il faut pour payer. En s'appuyant d'une main sur le bureau, elle se penche vers lui pour parler de manière que les oreilles trop indiscrètes perçoivent moins bien leur conversation. Le geste peut impressionner, la blonde surplombant ainsi facilement l'homme assis.

« Je peux vous dire ceci : cette demoiselle, je l'ai croisé il y a plusieurs mois à mon arrivée. En vie et en bonne santé. Malheureusement, elle est partie avant que je ne connaisse même son nom. Pas besoin de me demander, j'ignore où et on ne me le dira pas même si je pose des questions. La seule chose que vous pourrez savoir de manière conventionnelle, c'est si elle est en vie ou non. S'il lui est arrivé quelque chose, sachez que la garde fera tout pour l'aider, mais vous, vous n'en saurez absolument rien. Encore une fois, sauf si vous payez. Et j'espère pour vous que depuis la réception de ce courrier, ils l'ont retrouvé. »

Elle se redresse en croisant les bras. Ealista est vraiment épuisée et demande d'au moins pouvoir aller changer ses vêtements. Rien de plus. Alors, elle l'espère, elle va pouvoir convaincre cet homme de lui lâcher la jambe.

« J'espère que vous comprenez. »

Plus qu'espérer, elle pourrait se mettre à prier. Le plus qu'elle puisse faire, c'est d'aller chercher l'intendant pour lui, voire forcer un peu la main à cet homme qui aurait bien besoin de se faire retirer le concombre qu'il a d'enfoncé dans le derrière. Ou justement qu'on lui en enfonce un peut-être. Mais ce n'est pas le sujet. Après tout, ce n'est pas comme si le brun venait à l'engager pour retrouver la fameuse Tisch. Et s'il venait à le faire, pas de doute qu'Ealista va redoubler d'effort et de force pour extorquer les informations nécessaires. Mais ici, elle ne peut que compatir avec le bougre. Ce qui est déjà incroyable à obtenir d'elle dans ce genre de circonstances, étonnant même ceux qui ont suivi la conversation et commençaient à échanger discrètement les paris sur le temps qu'il faudrait avant que l'ingrat qui ne s'est pas présenté ne finisse en bouillie.
Cyrus
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Cyrus
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A aucun moment Cyrus ne manqua le regard assassin que lui lançait la sergente au fur et à mesure qu'il débitait son discours. Elle sembla même prête à lui sauter à la gorge, toutes griffes dehors et les poings prêts à servir. Il se surprit à avoir une bien drôle de pensée : "qu'elle vienne donc, et qu'elle ramène en plus ses copains qui gardent la porte : c'la me défoulera et au moi je ne serais pas venu ici pour rien."

De toute évidence, cela ne plaisait guère à cette femme qu'il critique sa garde adorée. Ealista n'en sembla qu'hypocrite à ses yeux : si elle aimait tant la garde et ses membres, elle n'aurait pas été si froide et détachée lorsqu'il lui parla de Tisch en tout début de conversation.

Pourtant, plus il continuait d'évoquer les raisons de sa présence, plus le regard de la sergente finissait par s'agrandir, puis s'adoucir. Ses iris ne tardèrent pas à retrouver leur froideur initiale, mais la rage grondante et la haine vive n'y figuraient plus.

Elle s'empara du portrait de Tisch et le détailla une bonne minute en silence. Cyrus ne la lâcha pas du regard durant toute l'opération, attentif à la moindre micro-réaction pouvant se présenter. Puis, elle soupira et lui fit signe de reprendre le dessin. Son casque rejoignit le bureau de l'intendant dans un bruit mat avant qu'elle ne se mette à faire les cent pas d'un air autant préoccupé que songeur.

L'historien se crispa. Si elle était dans cet état, c'est qu'elle savait quelque chose. Il manqua de réagir lorsqu'elle lui offrit l'imitation d'un lynx en cage, mais préféra finalement se taire et se contenta de la mirer grogner entre ses dents.

« Écoutez-moi bien, car je ne pourrais pas me répéter. » finit-elle par annoncer froidement. Il allait commencer à l'associer à un bloc de glace sans même le faire exprès. « Ce n'est pas qu'on ne s'inquiète pas de cette demoiselle. C'est qu'on ne peut absolument rien vous dire. Rien du tout. Les affaires de la Garde restent à la Garde. »

Il y avait autre chose. Elle n'avait pas tout dit, il le sentait : sa phrase semblait en suspens dans l'air. La sergente compléta soudain, ses implacables yeux d'acier dans les siens :

« Sauf si vous avez les moyens d'acheter le silence. »

L'or. Encore et toujours l'or. Fléau des mondes, convoitise dans la bouche de tous. Même lors d'une situation aussi critique. Cyrus poussa un léger soupir désabusé, mais ne baissa pas les yeux face à son interlocutrice. Il sembla voir un poil de dédain voiler le regard de la jeune femme. Sans doute qu'elle le prenait pour un espèce de vagabond, un sans-le-sou des rues. Peut-être en avait-il un peu l'air, avec sa mine lugubre, ses heures de sommeil en moins et ses habits probablement un peu trop fripés. Le temps d'une seconde, il se surprit à imaginer ce qui se dirait à l'Académie s'il lui prenait l'envie de débarquer vêtu ainsi à un colloque. Cyrus chassa cependant rapidement l'idée : ce n'était vraiment pas le moment d'y songer.

Soudain, sans même qu'il ne s'en rende réellement compte, Ealista avait une main sur le bureau et le surplombait. Il cligna plusieurs fois des yeux sans comprendre pourquoi elle s'approchait soudain à ce point et se fit la remarque qu'elle sentait la pluie et quelque chose d'un peu plus aigre. La blonde se pencha à son oreille et poursuivit, discrète mais non pas moins ferme :

« Je peux vous dire ceci : cette demoiselle, je l'ai croisée il y a plusieurs mois à mon arrivée. En vie et en bonne santé. Malheureusement, elle est partie avant que je ne connaisse même son nom. Pas besoin de me demander, j'ignore où et on ne me le dira pas même si je pose des questions. La seule chose que vous pourrez savoir de manière conventionnelle, c'est si elle est en vie ou non. S'il lui est arrivé quelque chose, sachez que la garde fera tout pour l'aider, mais vous, vous n'en saurez absolument rien. Encore une fois, sauf si vous payez. Et j'espère pour vous que depuis la réception de ce courrier, ils l'ont retrouvée. »

Elle se redressa et croisa les bras :

« J'espère que vous comprenez. »

Qu'il comprenait quoi ? Que les recherches devaient être divisées ? Que, peut-être, la garde cherchait dans son coin en secret mais qu'il était impossible qu'il en soit conscient car personne hors de la garde ne devait l'apprendre ? Cyrus savait que personne ne l'avait encore retrouvée, sinon Tisch se serait manifestée.

Le professeur se redressa lentement de sa chaise, semblant en pleine réflexion. Son visage pouvait d'un œil extérieur se montrer dur et peu satisfait, car c'était probablement le cas, mais, bien qu'il ne cautionnait pas les règles de secret de la garde, il appréciait au moins que la sergente lui en ait honnêtement parlé.

Pour savoir, il faut payer.

L'homme finit par jeter un regard froid aux gaillards devant la porte puis rejoindre la blonde, près de laquelle il se posta en prenant bien soin de se mettre dos aux gardes :

« Vous me parlez d'argent de manière vague. » dit-il plus doucement qu'à son habitude, le ton bien bas. « Quelle somme faudrait-il pour que l'on me dise ce que la garde sait de la disparition de mon amie ? Et surtout, à qui faut-il donner l'or pour avoir des informations fiables ? »
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