Quand le hasard tourne. [Ft. Ealista]

L'homme soupire en remettant en place ses gants de cuir, observant les murs du bâtiment principal de la Garde du Denier dans cette belle ville qu'est Hikmet. Belle, mais sur laquelle bien des inquiétudes planent, et semblent toujours se rapprocher plus. Des attaques natives, des problèmes de ravitaillement ? De quoi rendre de plus en plus explosive la situation, de plus en plus terne les conversations, et de plus en plus sombres les idées. Mais le cartographe ne compte pas se laisser faire, pas sans donner tout ce qu'il possède et faire tout son possible pour l'éviter, à la hauteur de ses moyens. Ses cheveux libérés de tout turban et coupés courts s'agitant sous la légère brise servant à rappeler que les temps deviennent plus cléments, que le ravitaillement maritime ne devrait normalement pas tarder à battre de nouveau son plein pendant quelques mois.

Mais compter sur le Continent ne peut toujours fonctionner. Hélas, avec la situation particulièrement tendue hors des murs de la cité, il est impensable de s'aventurer seul pour explorer... Si cela n'était ne serait-ce que toléré. La seule solution restant de se payer les services d'un garde pour servir de garde du corps, et au moins partir à deux. Pas de quoi repousser un groupe de natifs un peu trop agités, mais au moins de quoi s'assurer de ne pas finir égorgé dans son sommeil ou avec une lance plantée par surprise dans le dos.


Et pour l'aider, le blond connait la personne parfaite. Du moins qu'il pense être parfaite. Une garde qu'il connait et avec qui il a déjà pu travailler. Assez pour la juger correcte pour la tâche qui lui incombera, assez pour déjà savoir qu'elle sera insupportable quand elle comprendra que pour une fois, ce n'est pas elle qui fait appel à ses services, mais l'inverse. Soupirant de nouveau à cette idée, le soldat prend sur lui avant de se glisser entre les portes ouvertes de ce batiment. L'air à l'intérieur est plus frais, la chaleur extérieure restant mitigée par l'épaisse pierre des murs, apportant une fraicheur bienvenue. Une certaine agitation est présente, comme toujours en ces lieux qui ne dorment jamais réellement. Et plutôt que d'errer comme une âme en peine durant des heures, jusqu'à paraître suspect ou se faire dégager manu-militari par un garde agacé de sa présence, Salastar préfère directement chercher l'un des intendants de l'endroit, qui pourra probablement le renseigner plus précisément. Et heureusement pour lui, il ne lui faut que quelques instants pour en décrocher un, occupé dans un listing des troupes. Pile ce qu'il lui fallait tandis qu'un sourire poli vient arborer les traits du cartographe, surement déjà au summum de ce qu'il peut invoquer comme sympathie.

-Bonjour à vous, pourriez-vous me renseigner sur où je pourrais trouver l'un de vos gardes ... ?

L'intendant redresse le regard, l'air fatigué de sa journée. L'après midi ne fait que commencer, et pourtant il semble déjà vouloir trouver son lit dans la minute, et le chérir comme une amante depuis trop longtemps éloignée. Un grognement s'échappe de ses lèvres, mi agacé d'être dérangé, mi soulagé de pouvoir changer pendant au moins quelques instants d'activité tandis qu'il demande.

-"Qui ? Et pour quelle raison ?"

La politesse semble abandonnée, mais au moins il n'est pas totalement fermé. Salastar ne va clairement pas s'importer de si peu, alors qu'il incline légèrement la tête en remerciement de cette ouverture ainsi offerte.

-Je cherche la sergente Ealista, et ce serait pour une mission. J'ai déjà travaillé avec elle et je préfèrerais la conserver comme garde si elle est disponible.

Nouveau grognement. Nouveau listing sorti de presque nulle part il semblerait, un don de tout homme qui travaille dans l'intendance et la logistique; sa capacité à trouver ce qu'il lui est demandé de quérir en un temps record, au point de faire croire à son interlocuteur que de la magie plane dans l'air.

-"Hm hm. Elle est actuellement en patrouille et entre les murs de la ville. Elle devrait être disponible en fin d'après midi si vous souhaitez la voir. Mais je ne garantis pas qu'elle accepte. On ne manque pas de travail, même dans la ville en ce moment."

Un hochement de tête, un remerciement court mais sincère. Le cartographe salue le garde avant de sortir des lieux. Plusieurs heures à occuper, ou lui même retourne à ses occupations. Préparer une potentielle future expédition, travailler avec ses certains de ses camarades sur les relevés qu'ils ont pu rapporter et qu'ils ont laissés en attente. La réduction du nombre de sortie permettant de s'attaquer ainsi à tout ce travail administratif laissé en retard et pourtant particulièrement important. Et quand enfin l'homme lève le nez de ses papiers et de ses notes, le soleil se couche déjà. La journée prend fin et il salue ses camarades, avant de se diriger directement vers les baraquements pour la seconde fois de la journée. Ces derniers sont bien plus chargés, entre les gardes revenant de ronde et de leurs missions journalières, de ceux qui repartent. Des gens intéressés pour boire un verre, voir même aller jouer dans les sous-sols de la taverne adossée aux lieux. Cette fois il est plus difficile pour le cartographe de se glisser dans le flux humain, alors qu'il doit demander à plusieurs gardes différents si ils ont vus la demoiselle. Et enfin une indication lui est offerte, de la quérir vers la taverne.

Les pas du blond se dirigent bien rapidement vers l'endroit, ouvrant les portes de ce lieu sentant l'alcool bien plus que la nourriture malgré la soirée encore jeune. Et fort heureusement pour lui, il n'est pas difficile de remarquer la chevelure de la femme, adossée contre un mur plutôt qu'installée à l'une des tables. Arquant légèrement un sourcil, le soldat préfère ne rien demander en se dirigeant vers cette femme, se préparant mentalement à ce qui l'attend. Et pourtant, malgré sa lassitude mentale, un sourire nait sur ses lèvres, tout comme sa voix qui se veut agréable, presque sympathique.

-Bonjour Ealista, ça faisait longtemps ! J'espère que tu as quelques minutes à t'accorder, il faudrait que je discute travail avec toi. Et oui, j'ai de quoi payer...

Possible que l'intendant lui ait déjà parlé du passage de Salastar quelques heures plus tôt, autrement... L'évocation d'une mission et d'un salaire devrait être suffisante pour attirer la curiosité de la créature aux cheveux quasi argentés.

Retrouver la routine de la Garde régulière n'a pas été simple au début, mais après plusieurs semaines, les vieilles habitudes sont revenues. La blonde redresse le regard sur le petit malfrat que les deux recrues qui l'accompagnaient pour sa ronde ont appréhendé. Avec un soupir, elle vient remettre une mèche de cheveux rebelles derrière son oreille. Elle écoute le malfrat sortir excuses sur excuses depuis bien trop longtemps à son goût. *Ne pas cogner. Ne pas cogner. Rappelle-toi qu'il ne faut pas cogner.* Rongeant ses freins, elle soupire de soulagement en voyant que les recrues ont enfin su le maitriser et le restreindre. Avec les tensions récentes, il semble presque normal que la Garde du Denier se mêle de ce genre de broutilles. Et après des années à servir une héritière, la demoiselle trouve que cela se rapproche de l'action la plus émoustillante dont elle a eu droit depuis ses premières années de service.

« Sergent, on doit faire quoi maintenant ? »

*Mais comment il a fini ici celui-là ?* Se retenant de l'insulter face à l'ignorance flagrante de la recrue, elle vient masser ses tempes. Heureusement, une seconde patrouille vient les rejoindre pour les assister, Ealista n'hésitant pas à les utiliser pour reléguer le boulot. Deux Gardes de la seconde patrouille viennent assister les recrues et les accompagner pour s'occuper de la suite de l'arrestation, leur instruisant les procédures internes dans le même temps. Bien plus patients et pédagogues qu'elle, la demoiselle préfère s'adresser au troisième Garde avec qui elle est plus familière.

« On continue ensemble ?
- Bien sûr. J'ai entendu dire que quelqu'un est venu demander où tu es.
- Qui ? »

Le Garde hausse alors les épaules. Bon. Tant pis. La blonde laisse ce sujet de côté, passant les heures suivantes à finir sa ronde, gérer les demandes de passants les accostant, puis faire les rapports nécessaires. Une fois la journée terminée avec son service, la garde se change pour une tenue plus confortable que son uniforme. Fatiguée plus mentalement que physiquement, elle pense aller à la taverne pour se divertir un peu. Elle doit même avoir de quoi payer une fille pour tuer le temps avec. Puis lui revient le fait que quelqu'un la cherchait. En sortant, la demoiselle passe donc voir un intendant pour demander ce qu'il en est.

« Il parait que quelqu'un me cherchait plus tôt dans la journée. »

L'homme relève des yeux fatigués sur elle. Il semble mettre un moment à la remettre avant de lui répondre.

« Sergent Ealista. En effet. Un homme est venu vous demander pour une mission. J'ignore de quoi il en retourne en revanche et ne m'a pas donné de nom. Il a dit avoir déjà travaillé avec vous et revenir plus tard. »

Quelqu'un qu'elle connait ? Et avec qui elle a pu travailler ? Il n'y a pas grand monde, mais elle ne saurait dire de qui il peut s'agir. Après un moment de réflexion, elle remercie l'intendant et lui laisse un message à son tour.

« S'il revient, dites-lui que je suis à la Taverne. »

Simples hochements de tête entendus entre les deux interlocuteurs et la demoiselle prend congé. Elle retrouve rapidement la Taverne qui est devenue aussi familière que le lit qu'elle a à la Caserne. S'installant dans un coin, elle refuse pour le moment de prendre de l'alcool, préférant être en possession de tous ses moyens pour gérer ce fameux "client". Ce dernier ne tarde pas à revenir, la Garde étant adossée à un mur, yeux fermés pour se reposer légèrement. Reconnaissant la voix presque désagréable qu'elle entend, elle hésite un instant à l'envoyer paitre sans attendre. Mais à la mention de l'argent, son oreille se tend. Ouvrant lentement les yeux, la blonde fusille du regard son "client".

Salastar.

Elle ne peut retenir un rictus exaspéré. Sans un mot, elle l'invite à s'asseoir à une table proche, prenant la place face à lui tout en faisant signe au tavernier de leur préparer deux chopes. Elle vient ensuite détailler son compagnon de table. Elle a rencontré l'homme peu après son arrivée sur l'île. Après avoir été largué comme une bouse par la famille qu'elle servait, Ealista cherchait de bons moyens pour s'occuper et découvrir les lieux, faisant même du zèle. Et pour cela, elle a choisi de découvrir ce qui a été découvert par l'Alliance de la topologie de l'île. Après tout, connaitre ce genre de détails peut un jour lui servir tout en apprenant les spécificités de ce nouvel endroit encore à explorer. Et quoi de mieux qu'un cartographe ici depuis plusieurs années pour cela ? Bien sûr, l'homme étant rattaché à l'armée avait d'abord refusé, mais l'insistance de la demoiselle et l'appel de l'argent avaient beaucoup aidé. Par la suite, la blonde a profité de ses services à de nombreuses reprises. Évidemment, l'entente cordiale s'est vite transformée en affrontement entre deux marchands, chacun essayant de gratter la moindre pièce possible. Et elle sait très bien que le blond en face d'elle a déjà essayé d'abuser de sa naïveté, surtout au début. Depuis, elle s'est bien plus imposée et a eu bien moins besoin de lui avec les changements récents de politique.

« Qu'est-ce que tu me veux ? C'est toi qui es venu me demander pour une "mission" ? Si c'est une excuse pour essayer de me faire payer le rabais que j'ai réussi à te faire sortir la dernière fois, tu sais très bien que c'est perdu d'avance. Je t'ai déjà expliqué que mon budget pour cette mission d'escorte était imposé et je ne pouvais pas t'offrir plus pour quelques renseignements. »

Les chopes arrivent dans le même temps, la Garde s'occupant de glisser le montant nécessaire dans la main du tavernier avant de revenir sur le blond. Quand il sourit et essaye de paraitre sympathique, elle sait maintenant que cela sent mauvais. Et elle n'aime pas les odeurs de merdes.

Au moins la demoiselle ne l'envoie pas paitre. C'est déjà un bon début au vu de leur relation plus que tumultueuse, même si professionnelle. Il n'a pas hésité à tenter de lui soutirer plus de pièces qu'elle n'aurait dû pour son aide lors de son installation, et si ils ont eut a négocier quelques fois ensembles, force est de constater que sur les dernières semaines, chacun s'occupait de son champ de mission sans déranger l'autre. Hélas, la balle a désormais changée de camp et c'est la garde qui est en possession du joker. Et de cela, le cartographe en est bien conscient. Alors il reçoit la chope avec un sourire et un signe de tête pour remercier le tavernier et la demoiselle, arborant un léger rictus entre l'amusement et l'exaspération, il vient enfin lui répondre.

-Oui c'est moi qui te cherchais. Mais non, ce n'est pas pour te faire payer ton rabais, plutôt le contraire. C'est plus un moyen de te faire récupérer une partie des pièces que tu as si généreusement contribué pour ma bourse. Et pouvoir, par la même occasion, peut être aider aux problèmes qui nous font face aujourd'hui.

Le rictus s'élargit légèrement alors que le soldat prend enfin une gorgée de sa boisson en laissant la garde assimiler cette petite accroche qui, il l'espère, fonctionnera. La boisson est buvable, mais guère plus. C'est néanmoins mieux que rien, surtout par les temps qui courent. Et même si elle est a peu près aussi alcoolisée que de la pisse, ça permet de faire semblant de se fondre dans la foule et la masse, au moins le temps de commencer a faire gueuler ou hurler la garde avec ce qui s'ensuit, d'un ton un peu plus enjoué, comme si l'homme était sincèrement motivé de sa proposition... Ce qui est le cas, a vrai dire. Il ne serait pas dans sa position actuelle autrement.

-J'ai besoin de sortir de la ville pour faire des reconnaissances. Et je présume que les derniers développements ne te sont pas passés inaperçus. Donc outre sortir de la ville pour continuer le repérage, j'ai besoin d'une escorte pour le faire. J'aime bien rester en vie, et j'aimerais encore plus ne pas devoir me débrouiller seul avec des natifs si ces derniers se montrent un peu trop entreprenants.

Essayer de la brosser dans le sens du poil. De la contenter et de la satisfaire, de l'inciter a se montrer plus ouverte a sa proposition malgré leur passé quelque peu tumultueux. Elle n'est pas idiote, loin de la, mais tout de même un peu naïve. Et si il en a souvent abusé, aujourd'hui ne fait pas exception a la règle, même si c'est d'une manière différente d'habituellement. Surtout que ses prochains mots contiennent un fond de vérité, sûrement de quoi rendre plus discrète la tentative de jouer sur certaines cordes un peu plus sensibles.

-Et quoi que j'en dise, je sais que tu es débrouillarde et que je ne devrais pas avoir d'ennuis avec toi, surtout pour plusieurs jours en extérieur. Donc je me suis dis que cela pouvait t'intéresser, surtout si tu souhaites sortir un peu de la ville. Je sais que c'est dangereux, mais ça peut être intéressant, qu'en dis-tu ?

Qu'espère trouver l'homme au juste ? Tout ce qui pourrait se montrer utile a vrai dire. Si Darya se montre très protectrice des siens,  le cartographe n'en pense pas tout a fait autant. Oui il considère important d'éviter plus de conflits avec les locaux... Mais il compte aussi essayer de rapporter des informations utiles. Des lieux de chasse exploitables, des points de récolte pour des groupes d'éclaireurs ? Simplement plus d'informations pour compléter leurs cartes et augmenter leur compréhension de la région, et des lieux pouvant servir a installer de nouvelles infrastructures ? Peut être un peu de tout cela a vrai dire. Mais si une chose est sûre, c'est qu'il ne pourra le faire seul... Enfin, en théorie, il le pourrait. Mais autant rester dans les clous et ne pas se mettre en bisbille avec sa propre hiérarchie. Surtout quand il peut faire cela légitimement... Voir même en faisant payer l'administration pour cette escapade, si il arrive a la justifier aux yeux de ses officiers. Une tentative loin d'être gagnée, mais qui a le mérite d'exister. Surtout qu'au fond, le plus difficile ne va pas être de convaincre ses supérieurs, loin de la, mais d'arriver à négocier avec Ealista sans qu'elle ne se venge trop de ses derniers coups. Ce qui est loin d'être gagné. Et pourtant, à choisir, le blond préférerait largement partir avec elle, ayant eut un aperçu de ses compétences. Car rien n'est pire que de partir en mission avec un bleu qui se montre incapable. Surtout en un environnement aussi hostile. Ah, si, partir avec quelqu'un qui, au lieu de vous protéger, devient celui qui doit être gardé et choyé pour éviter que les choses ne tournent mal.

Elle ne l'envoie pas paitre, le cartographe arrivant même à capter un moment son attention. A sa réponse, la garde ne peut s'empêcher d'arquer un sourcil. Elle reste silencieuse tout du long, l'écoutant en buvant la boisson qui lui a été servie. Depuis son arrivée, elle s'est clairement habituée au fait qu'ici l'alcool est bien plus léger, la qualité plus médiocre. On s'y fait, même si pouvoir profiter d'une véritable bière lui manque. Après tout, chaque région de l'Alliance a ses propres alcools et méthodes pour en faire, mais la qualité est toujours là. Ici, c'est bien plus difficile. Les bons barils d'alcools sont réservés aux plus aisés, la Taverne devant couper à l'eau le peu qu'ils arrivent à acheter sans devoir se saigner ou faire flamber les prix des chopes.

Et après une introduction aussi mystérieuse, la demoiselle ne peut s'empêcher de se demander à quoi il fait référence. Parce que des problèmes, il y en a un paquet. Et cela l'étonnerait que cela soit lié au fait que la bière de la Taverne a de plus en plus le goût d'eau, signe que la prochaine livraison devient nécessaire, voire qu'elle tarde. Mais plutôt que presser son compagnon de discussion, elle attend qu'il goûte à son tour le breuvage. Et même s'il montre peu de réaction, elle comprend bien que comme elle, il trouve que le liquide manque de goût même si c'est déjà plus que bien pour ce prix. Donc pour une fois, le blond peut être surpris que Ealista ne soit pas déjà en train de l'agripper par le col pour lui demander d'arrêter avec cette attente insupportable. Sa journée de ronde et la boisson l'aidant à rester calme, elle fait preuve d'une patience rare.

La demande du militaire ne se fait pas attendre. Et elle fait cligner des yeux la demoiselle qui ouvre la bouche pour dire quelque chose avant de la fermer, laissant le blond finir son explication, ou plutôt son moyen de négocier. Son regard gris se pose sur son interlocuteur, comme pour essayer de l'analyser. Elle sent qu'un truc cloche, Salastar ne l'ayant jamais porté en si haute estime, ou en tout cas ne l'ayant jamais montré. Elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais elle sent qu'il y a anguille sous roche. Mais comme toujours, la blonde n'est pas du genre à aimer se creuser le crâne à savoir ce que son interlocuteur cherche réellement, même si elle se méfie très grandement de celui-ci. Et au vu de leurs querelles passées, elle sait qu'elle ne doit pas accepter directement. De toutes manières, elle n'a absolument aucune raison de le faire.

« Hmm hmm. »

Nouvelle gorgée de boisson, lui donnant le temps d'assembler plus ou moins ce qu'elle souhaite demander. Si elle est simplette, elle est loin d'être une idiote pour autant. Simplement lente et ayant besoin d'un temps de réflexion plus long que la moyenne pour certaines choses, temps dont elle n'a guère la patience. Une fois qu'elle a assemblé tout ce qui lui parait étrange et l'exposer au cartographe.

« Donc tu veux sortir, et la première personne à qui tu penses, c'est moi ? Comme si j'allais croire cela. Sois honnête, ceux que tu as vus avant moi t'ont proposé un prix trop élevé à ton goût. Ou alors ton administration n'a pas spécialement envie que tu réquisitionnes ces quelques soldats présents ici et qui sont déjà débordés par la sécurité. Je me trompe ? »

Et sans même qu'il réponde, elle sait ne pas être loin de la vérité. Il est vrai que la sécurité a été renforcée dernièrement, et elle a eu vent que les érudits de l'Alliance ne peuvent plus sortir comme bon, ils leur semblent. En revanche, elle ne s'est pas vraiment intéressée aux conditions qu'ils ont pour sortir, n'en ayant personnellement absolument rien à faire, n'étant que très rarement de garde aux entrées d'Hikmet. Sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuit.

« Alors arrête de me brosser dans le sens du poil. Viens-en aux faits : où ? Quand ? Comment ? Combien ? Rien de plus simple. Tu m'exposes clairement ce dont tu as besoin et ce que tu es prêt à offrir pour mes services, et j'y réfléchis ensuite. Ce n'est pas que je ne t'aime pas, mais je suis déjà payée pour mon service ici. Et je n'ai pas besoin d'arrondir mes finances actuellement. Même si je ne suis pas contre sortir, je ne suis pas impatiente au point de vouloir passer ce temps en ta compagnie. »

Soyons honnête, si le cartographe ne parait pas être une personne désagréable, elle a la rancune tenace. Savoir qu'il souhaite l'exploiter si facilement ne joue donc pas en la faveur de l'homme. Pour le moment, Ealista ne trouve guère de choses agréables chez lui que son physique et ses traits. S'il est un plutôt bel homme, ce qu'elle connait de lui ne la séduit pas vraiment. À choisir, si l'argent ne suit pas, elle préfère avoir une compagnie plus agréable entre les murs de la cité qu'une qui l'exaspère en dehors.

« Ce qui m'intéresse, ce sont avant tous les avantages que tu me proposes. Et ce que tu es prêt à payer, évidemment. Et le prix a intérêt d'être en accord avec la dangerosité de l'endroit que tu veux explorer. »

La seule chose qui peut la convaincre d'accepter une telle mission, c'est l'offre qu'il est prêt à donner pour la convaincre. Les compliments ne vont clairement pas l'aider là-dessus.

La garde ne peut que faire soupirer le cartographe tandis qu'il comprend à quel point elle est parfois limitée et à quel point elle ne voit guère loin. Mais bon, il aurait pu s'y attendre, commençant à connaître un peu la bête. Et pourtant, cette dernière ne touche pas très loin de la vérité... Pas très loin uniquement. Alors tandis qu'elle lui pond son propre laïus sur ses demandes et ses conditions, l'homme boit sa bière, ou plutôt son eau aromatisée en observant la taverne. Du monde il y'en a, sans même chercher à le nier. Mais l'ambiance est déjà moins présente. Les conversations sont agitées, les sujets semblant variés. La saison se montre terne, et définitivement les prochains bateaux ont interêt à rapidement arriver avant que la situation ne commence à sérieusement empirer. Personne n'aime être enfermé dans une ville quand la nourriture commence à manquer. Et le soldat ne donne guère cher à payer de sa peau quand réellement les choses tourneront au vinaigre si jamais ils doivent en arriver la. Après tout la seule présence réellement militarisée de l'Alliance est la Garde du Denier, et le cartographe reste très circonspect sur leur allégeance une fois que la situation deviendra dure. Mais de tout cela, il n'en dit bien sur rien, se contenant simplement d'étirer un léger rictus presque narquois une fois que la demoiselle termine de poser ses demandes et conditions.

-Tu es réellement la première personne que je suis venu voir. Néanmoins si jamais cela t'agaces tant, je peux effectivement demander à l'un de tes collègues, ou directement voir avec mes supérieurs pour qu'ils gèrent cela de leur coté et attribuent un garde choisi au hasard dans vos rangs. Si jamais on doit en arriver la, qu'il en soit ainsi, ça ne m'empêchera pas de dormir la nuit.

Il est franc et très direct. Elle commence déjà à lui taper sur les nerfs, et il ne le cache qu'à moitié. La bière est terminée, la boisson posée sur la table et la chope repoussée d'un mouvement de la main. Liant ces dernières devant son menton, le regard de l'homme jauge la garde de bas en haut silencieusement, avant qu'il ne laisse échapper un léger grognement pour reprendre.

-Maintenant ce dont j'ai besoin ? Quelqu'un pour m'accompagner en dehors de la ville. Si je pourrais peut être faire sans, j'ai pas envie de m'emmerder avec toute la paperasse. Si je suis accompagné, je sais qu'il n'y a que peu de chances que l'on me refuse la sortie. Et tu sais te servir d'une arme et de tes dix doigts, ce qui peut se montrer utile. Et ce que je cherche, c'est tout aussi simple. Quelque chose pour éviter qu'on en vienne à un rationnement avant l'arrivée des navires. On ne peut pas toujours compter sur eux, et j'aimerais chercher quelque chose que nos éclaireurs, cueilleurs et chasseurs pourraient utiliser. Des terres de chasse, des terres utilisables. C'est sur qu'on évitera pas la situation avec deux ou trois cerfs et deux buissons de fruits, mais si on commence nulle part, on n'atteindra jamais la ligne d'arrivée non plus.

Et surtout, plus de plantes à apporter aux herboristes et aux scientifiques. Ces derniers travaillent contre le sablier pour essayer de trouver des solutions... Mais comme beaucoup, ils ont besoin de données à traiter. De beaucoup de données. Et c'est à eux de leur rapporter ce dont ils ont besoin pour accomplir leur propre travail. Le regard de l'homme s'égare, tout comme ses pensées. Il réfléchit à la suite des évènements, à ce qu'ils peuvent bien faire. Comment. Dans son esprit défilent les cartes qu'il a pu aider à dessiner. Celles qu'il a pu observer. Calculant rapidement qu'il leur faudrait probablement plusieurs jours de voyage pour arriver en des lieux qu'ils n'ont pas déjà commencés à reconnaître efficacement.

-La dangerosité je ne peux pas te la donner, j'aimerais justement sortir de ce que l'on a déjà pu explorer. Ou du moins, aller dans les endroits que l'on ne connait que superficiellement. Idéalement essayer de trouver un endroit où installer un avant-poste ou au moins quelque chose de semi-permanent. La paie, eh bien elle dépendra de notre résultat. Après tout, je peux tout à fait garder cette demande officieuse, ou alors encore une fois, porter cette affaire au niveau de l'administration pour que tu négocies directement avec eux.

Le blond lui même n'est pas ravi à l'idée de passer plusieurs jours avec elle, surtout en plein terrain hostile. Mais encore une fois, mieux vaut une insupportable femme dont on connait les compétences qu'un agréable idiot. Néanmoins, il n'a pas non plus envie de supplier la garde pour son aide et sa compagnie, ni même se saigner à blanc. Lui même doit s'y retrouver un minimum. Et c'est justement pour cela qu'il se montre aussi sec. Surtout qu'il sent bien qu'elle tentera de l'enfiler au moindre faux pas, comme lui même n'a déjà pas hésité à le faire par le passé.


-Donc maintenant à toi de me dire, est-ce que cela t'intéresses ou non ? Qu'on évite de perdre chacun notre temps, vu comme tu sembles être ravie de voir ma gueule a la même table que toi, autant éviter de s'infliger cela plus longtemps que nécéssaire si tu préfères rester ici tranquillement.

Difficile de faire plus clair. Mais un peu comme cette insupportable femme du rang, le cartographe préfèrerait largement passer la soirée ailleurs qu'à se prendre le nez avec elle, surtout si cela ne mène nulle part...

La garde ne peut dire si son interlocuteur est sincère ou s'il cherche simplement à être agréable en lui expliquant qu'elle est la première qu'il vienne voir pour proposer cela. Elle pourrait se dire que c'est presque le premier compliment qu'il lui fait si elle n'était pas si sceptique sur sa sincérité. Son expérience lui a appris que Salastar est rarement sincère quand les affaires sont en jeu. Et ici, c'est le cas.

D'ailleurs, le cartographe joue la carte d'aller voir ailleurs ou de mener l'administration à cela. Une corde sensible pour la demoiselle. Non pas qu'elle aille se vexer s'il demande à quelqu'un d'autre, loin de là, mais l'idée de gérer l'administration de l'Alliance est tout de suite moins plaisante. Déjà qu'avec son poste de sergente, elle doit commencer à gérer un minimum de paperasse, elle n'a aucune envie d'en plus le faire pour une mission qui ne la tente que moyennement. À cette idée, elle grimace donc, ne cachant pas son rictus alors qu'elle finit sa choppe à son tour. Au moins, il est de son avis et préfère trouver quelqu'un de manière directe et expose la raison de son choix sur elle.

Ealista se met à réfléchir plus sérieusement, restant silencieuse alors qu'elle écoute attentivement son interlocuteur. En effet, la situation commence à devenir bien plus critique ici, et avant d'arriver sur Teer Fradee, elle pensait sincèrement que les personnes en place gèreraient mieux cela. Et de toutes évidences, elle a été bien trop optimiste. Ce que le cartographe avance lui semble parfaitement sensible, ne pouvant dire de sa position de garde s'il exagère ou non les traits. Se grattant légèrement le crâne, elle commence à s'en vouloir de douter de lui et repousser ainsi dès qu'il a fait sa proposition. Toutefois, quand il vient dire qu'il n'a pas encore d'idée de la dangerosité de la mission, elle tique. S'il y a bien une chose qu'elle a apprise de son expérience, c'est qu'il faut éviter de se jeter dans l'inconnu complet. Et avec une équipe de seulement deux personnes, cela peut être vraiment dangereux. Surtout avec la situation actuelle et les tensions avec les Natifs.

Un moment de réflexion supplémentaire alors qu'il finit sa tirade. La blonde est réellement partagée, pesant les pour et contre de cette idée. Il est vrai qu'elle aimerait un peu plus d'actions que juste arrêter les petits voleurs locaux qui font du vol à l'étalage ou faire le pied de grue dans la ville. Tout en se grattant le menton, elle se dit qu'elle peut déjà entendre la voix de Gustave hurler depuis le continent. Cette simple pensée étire la commissure de ses lèvres en un sourire. Cela suffit presque à convaincre la demoiselle qui semble bien plus enthousiaste.

« D'accord. J'ai aussi envie de sortir après tout. Alors si je peux le faire de manière rémunérée et en plus avoir droit à un minimum d'action... Je ne vois pas beaucoup de raison de refuser. Enfin si, mais pour cela, j'ai des conditions à imposer. »

Son sourire s'étire encore plus, annonçant certainement à l'homme qu'il risque de regretter d'avoir proposé cette idée à la garde.

« J'ai horreur de partir dans l'inconnu. Surtout que si tu veux juste que nous ne soyons que deux et non avec une petite troupe, ça risque d'être corsé. Non pas que ça me gêne, mais ça demande de la préparation. Donc tu dois te charger de trouver la mission qui te convient. Mais je veux un maximum d'informations en amont : où, le type de terrain, les possibles dangers avec la faune et flore locale, ce genre de choses. Je connais moins l'île que toi, je ne suis là que depuis quelques mois et je ne suis presque pas sortie de la ville en dehors des grands chemins. Donc pas de mission à l'aveugle. »

Elle réfléchit un instant, essayant de voir si elle a abordé tout ce qu'elle souhaite savoir avant un possible départ en mission. Son sourire s'étire à nouveau.

« Et mis à part ce que j'aurai sur moi et mes armes, tu te charges entièrement de préparer le reste du matériel nécessaire. Évidemment, je vais t'aider à porter, mais je ne sors pas une pièce de ma poche pour cela. Tu seras celui avec le plus de renseignements et à même de prévoir ce qu'il faut. Et bien sûr, après avoir enlevé tous les achats nécessaires, je veux une généreuse part de ce qu'il reste de la prime. Disons... »

La demoiselle se met à compter rapidement sur ses doigts. Elle prend en compte les prix qu'elle a déjà pu entendre de missions prises par des collègues, déduisant mentalement le prix des vivres et du matériel auquel elle peut penser. Une fois cela fait, il risque de ne rester qu'une petite part de la prime, et elle ne compte clairement pas partager de manière égale. Donc une fois ses calculs mentaux plus que douteux, elle se décide sur un prix scandaleux à annoncer.

« Trois quarts de ce qu'il reste de la prime. J'ai bien sûr d'autres conditions, mais si on ne peut pas se mettre d'accord là-dessus, cela ne sert à rien de continuer. À toi de me dire ce que tu en penses. »

Elle sait d'avance que le cartographe va hurler et négocier, mais elle lui doit au moins cela pour toutes les fois où il a abusé de sa naïveté et gentillesse.

La bière est consommée, les politesses et les ronds de jambe échangés. Désormais, l'heure est aux négociations bien plus âpres. Fort heureusement, l'homme était préparé à cela, et il tient sa position comme un rocher sur lequel les vagues s'écrasent. La garde arrivera-elle à l'éroder ? C'est une toute autre question tandis qu'il commence à écouter et assimiler tout ce qu'elle lui bombarde comme informations. Son visage est inflexible, une vraie statue immobile, alors que seuls ses index tapotant entre eux sont signe qu'il est encore présent mentalement dans la conversation et la pièce. Son esprit se divise presque en deux, une moitié suivant les propos d'Ealista, la seconde calculant le coût et surtout tout le matériel nécéssaire à avancer. Même quand le prix scandaleux est annoncé, la seule réaction qu'elle saura arracher au cartographe est un léger haussement de sourcil. Il se doute bien que le voir aussi inflexible risque soit de l'enrager, soit la perturber. Et dans les deux cas, elle sera un peu plus facile à manipuler une fois sortie de sa logique calculatrice froide. Ayant tout noté, il termine la tirade de la sergente par un léger hochement de tête. Puis il vient décroiser les mains avec un soupir, un léger sourire. Comme si il s'attendait à tout cela et même pire. Ses lèvres prenant un pli sans joie, presque froid. Il l'attendait sur ce terrain, et maintenant qu'il est en position, il ne va rien lâcher.

-"Commençons par ce que l'on peut trouver. Qu'importe la situation, on ne sera probablement pas à plus de quelques jours de la ville. Après tout, nous ne sommes que deux. Et je préfère voyager en petit nombre plutôt qu'avec un grand groupe pour éviter de se faire trop remarquer par les natifs, voir pire. Ce que l'on peut donc attendre ? De la faune, devenir très précautionneux de ce qu'on peut essayer de consommer. Bien des plantes sont empoisonnées, et je ne peux pas garantir que l'on puisse faire de la cueillette pour compléter nos rations. Autrement des marécages et tous les problèmes d'humidité qu'ils peuvent apporter, sans compter les créatures qui peuvent y résider. Mais c'est en majorité des soucis de terrain qui sont gérables, tant que proprement pris en compte et préparés pour."

Seconde de pause tandis qu'il reprend sa respiration tranquillement. Pour lui, tout cela n'est presque qu'une liste de course banales. Bien sur, partir en mission lui fait toujours un petit quelque chose, et malgré les années il n'ignore pas les dangers possibles, essayant d'éviter d'être trop sur de soi, surtout qu'il est loin de connaître tout ce que peut bien réserver l'ile comme désagréables surprises.

-"En animaux et créatures ? De plusieurs types. Des sangliers géants, des loups et des wargs. D'autres créatures moins avouables, avec une chitine ou des écailles solides. Je te conseille clairement d'avoir un fusil sous la main voir une masse sous la main, car une épée ne fonctionnera pas sur tous. Et vu ce qu'il peut se trouver hors des murs, je préfère que si engagement il y'a, ce dernier soit à distance. Et mine de rien, le bruit de quelques détonations tend à effrayer beaucoup de monstres. Non pas que je puisse leur reprocher, personne n'a envie de se faire plomber le cul, assez littéralement."

A cette petite remarque, l'homme étire un étrange sourire en direction d'Ealista, presque une moquerie, presque une provocation. Peut être un moyen de lui dire que si elle cherche un peu trop, elle aussi pourrait finir par se faire poivrer certaines formes de son corps de patrouilleur. Et quand enfin vient le cœur du sujet, l'argent, l'homme revient lier ses mains, grognant légèrement.

-"Quand à la prime, tu n'auras pas plus de la moitié. Je comprend tes prix, mais je te rappelle que je ne suis pas un citadin qui doit être protégé de la moindre fleur. Tu apportes plus de puissance de frappe que moi, et j'en suis conscient, mais je sais aussi me défendre et j'apporte ma connaissance du terrain. Donc je te propose de faire moitié-moitié. Et je trouve que c'est déjà généreux. Mais vu que les bons comptes font les bons amis, je juge cela correct... Même si je suis loin de pouvoir confirmer que tu es bonne, et loin d'être mon amie."

Chacun sa façon de tester et d'agresser presque amicalement l'autre après tout, n'est-ce pas ? Et quand l'aubergiste passe de nouveau, cette fois c'est l'homme qui lève la main pour commander deux autres boissons. Après tout, quand les négociations deviennent acharnées et que la gorge s'assèche de si rudes échanges, autant éviter de reculer face à l'autre simplement car on ne peut s'hydrater proprement. Surtout que cela ne fait que commencer, et il serait presque imaginable qu'ils passent plus de temps à négocier la mission qu'à l'accomplir.


-"J'accepte néanmoins de m'occuper de préparer tout le matériel, et de simplement te prévenir pour le jour du départ, pour ne pas te surcharger mentalement. Je m'en voudrais de te perdre avant même le départ, après tout..."

Cette fois, le ton est clairement moqueur, le sourire en coin amusé. Une nouvelle petite pique, même si elle n'est pas méchante. Mais si la garde veut négocier aussi férocement, elle doit être prête à prendre quelques coups de lance dans les flancs elle aussi...

Évidemment, il négocie. S'il ne l'avait pas fait, la demoiselle l'aurait emmené directement consulter le médecin le plus proche. Il commence par énumérer les dangers possibles, la demoiselle les notant mentalement. Rien qui ne sorte de ce qu'elle ne connait déjà plus ou moins. Toutefois, les informations sur les créatures sont bienvenues. Alors quand il étire se sourire à la mention de "plomber le cul", elle arque un sourcil comme pour lui dire « Tu es sérieux là ? » de manière muette.

La suite est clairement moins plaisante. Seulement la moitié de la prime. Et il affirme ne pas vouloir donner plus parce qu'il ne connait pas ses compétences et insinue qu'il pourrait faire cela seul. La mâchoire de la demoiselle se serre, réfléchissant à un argument à sortir. Ce n'est pas la première fois qu'ils doivent négocier, elle a presque pris le pli et commence à savoir le genre d'arguments qui sont efficaces avec lui. Et à la manière dont il vient commander une nouvelle tournée, elle se dit qu'il ne va pas lâcher le morceau facilement.

Malheureusement, son esprit simplet est piqué à vif avec la réplique suivante. Le regard de glace de la blonde s'embrase d'un coup. Son tempérament enflammé et la journée merdique à devoir gérer des bleus ont déjà beaucoup joué de sa patience. Négocier avec Salastar est déjà à peine gérable, alors qu'il la cherche en plus de cela n'aide pas du tout.

Avant même que le tavernier n'ait pu retourner au comptoir pour servir les bières commandées, la garde se relève en un bon, se penchant au-dessus de la table pour attraper le cartographe par le col et légèrement le soulever. Une rage peu contenue se lit sur les traits de la demoiselle, sa poigne des plus fermes devant, au minimum, surprendre le cartographe. Il faut dire que son gabarit ne laisse pas imaginer qu'elle puisse rivaliser avec des hommes souvent plus grands et massifs qu'elle. Mais la petite blonde n'est pas à prendre à la légère. Certes pas très maligne, elle a une fierté mal placée et a horreur qu'on souligne sa simplicité d'esprit de manière aussi piquante. Et il n'en fallait pas plus pour qu'elle ait envie d'en découdre.

« Tu crois que parce que j'ai du mal de calculer et lire, je suis une idiote sans cervelle ? Que je ne suis pas capable de protéger ton cul de sale con ? Mais détrompe-toi, j'ai une excellente mémoire, trouduc. Comme je me rappelle chaque moment où tu as abusé de ma gentillesse pour me sortir des prix pas raisonnables. Je peux te les énumérer ici et maintenant sans problème. »

Elle relâche d'un coup le cartographe, voyant que des collègues gardes à des tables voisines lui font signe de se calmer et de ne pas frapper son "client" tout de suite. Soufflant du nez avec colère, elle reste levée, les deux mains sur la table en se penchant vers le blond.

« Donc, tu prends mes termes ou tu vas aller te faire emmancher chez un autre de mes collègues. Tu vois les deux cons à côté ? N'espère pas qu'ils te demandent moins de trois quarts de la prime. Aucun garde, mis à part nos petits bleus sans cervelle, ne va accepter seulement la moitié de ta saloperie de prime pour une mission inconnue et sans information. Mais si tu veux un bleu et ramener son cadavre toi-même, c'est ton problème »

La garde se redresse pour finir droite devant le militaire. Son expression se fait plus hautaine, mauvaise, son regard bien plus glacé. Son ego a été blessé, et elle ne va pas laisser la chose passer.

« Moi qui pensais te proposer un prix bien moins sévère en honneur à notre amitié... Je n'en ai plus envie. »

Ealista affiche un rictus similaire à du dégoût. Si elle le pouvait, elle viendrait lui cracher à la tronche. Et l'envie de l'envoyer paitre la démange sérieusement, se demandant si elle a réellement envie d'encore faire affaire avec lui. Mais elle a sa fierté à retrouver avant.

« Je vais te faire ravaler tes mots. Et tu vas toi-même me proposer un meilleur prix ou voir ailleurs. Donc, tu choisis, je te casse la gueule maintenant, ou on s'affronte de manière plus... légère. Avec un bras de fer ou une connerie du genre. »

Et comme pour accentuer ses propos, la demoiselle commence à relever les manches de sa chemise, les déboutonnant et les enroulant au-dessus des coudes, retirant également ses gants de cuir qu'elle range dans une poche de son pantalon. Et puisqu'elle les cache toujours, voir les nombreuses cicatrices qu'elle porte sur les bras et mains fait toujours son petit effet. Bien trop nombreux pour un simple garde, même des soldats au Front n'en porte autant. Des cicatrices principalement auto-infligées par l'entrainement et le fait qu'elle cherche toujours à se dépasser. Les paumes de ses mains sous couvertes de corne et de cicatrices prouvant qu'elle n'a pas hésité à s'entrainer au point de s'en brûler la peau. De même, ses bras sont couverts des combats qu'elle a provoqués, aimant trop se battre pour son propre bien. Et en plus de cela, elle ne sait pas abandonner ni accepter un échec, obligeant parfois ses adversaires à abandonner des combats pour éviter de la tuer tant elle s'efforce à se relever à chaque défaite, quitte à aggraver son cas. Même Salastar, qui ne la connait que peu, a l'occasion de se faire une idée de son obstination et sa fierté trop mal placée.

Et le cartographe a définitivement touché une corde sensible. Exactement ce qu'il espérait faire, même si elle se montre bien plus brutale qu'il ne l'imaginait. Attrapé par le col, son regard s'étrécit soudainement. Il se doutait que la demoiselle avait une certaine force, après tout elle fait partie de la Garde et elle est toujours en vie, mais elle arrive néanmoins à le surprendre. Ses instincts reprennent immédiatement le dessus alors que l'une des mains glisse à sa ceinture, attrapant le manche d'un poignard qu'il cache toujours dans ses vêtements amples, même en tenue "civile". Bien sur il n'est pas assez idiot pour tenter de porter un shamshir ou son fusil en plein public, mais il n'est pas non plus assez con pour sortir désarmé, qu'importe la situation. Non pas qu'il compte attaquer la garde, surtout en plein milieu des siens dans une telle situation... Mais l'instinct prend le dessus sur tout, sur la logique, sur la morale, sur la conscience même. Et c'est d'un œil soudainement bien plus vif qu'il glisse le regard sur la tenue de la demoiselle, cherchant où frapper si jamais cela devenait nécéssaire.


Heureusement pour tous deux, le moment ne semble pas devoir aller aussi loin. Le sang de l'homme fait deux tours, il reste tendu, mais reprend le dessus sur ses propres réflexes. Sa main ne quitte toutefois pas le manche rassurant de son arme alors qu'il écoute la femme parler. Et quand elle le relâche, il reste ainsi redressé, s'attendant à devoir esquiver un coup... Qui ne vient jamais. Néanmoins, ce n'est pas ce coup de pression soudain qui va rendre plus souple le cartographe, au contraire.

-"Si c'est le fait que la mission est inconnue qui te trouble tant, je peux chercher plus d'informations voir si l'administration elle même n'a pas déjà une idée d'une zone qu'elle aimerait voir explorée et reconnue plus en détail."

Non, Salastar ne se démonte pas. Pourquoi il le ferait après tout ? Certes ils vont particulièrement loin ce soir, mais c'est presque un jeu auquel tous deux sont habitués. Et voyant que peu à peu la situation se détend, même si la blondinette est toujours chauffée à blanc, il relâche son arme pour reprendre une posture plus droite. Et de nouveau, il analyse la femme face à lui tandis qu'elle redresse les manches en lui proposant un bras de fer. Il note mentalement les cicatrices, ses mains calleuses. De l'entrainement, presque trop. Il est probable que soit elle soit souvent blessée, soit elle ne sait pas quand s'arrêter. Une qualité et un défaut en même temps. Mais c'est désormais d'un regard bien plus froid que le cartographe couve sa potentielle escorte, un rictus étirant de nouveau ses lèvres. Est-ce qu'il a envie de se battre avec elle ? Nullement. Il n'est pas idiot après tout, elle est garde active, et si lui même est un soldat, c'est dans des régiments de reconnaissance. Il sait viser plus que correctement avec une arme à feu, se défendre avec une lame, mais il est probablement loin du niveau de la femme. Néanmoins, c'est aussi l'occasion rêvée pour remettre les points sur les i et s'assurer des compétences de la demoiselle avant de l'embaucher.

-"Et si tu es tant encline que cela à faire parler la violence, autant régler ça sur un terrain d'entrainement. Tu pourras me prouver que tu mérites plus que la moitié de la prime... Ou admettre que c'est largement suffisant, car nous apportons chacun quelque chose à la table pour cette mission."

Et le blond semble prêt à quitter immédiatement la taverne. Après tout, elle est adossée aux baraquements, et les terrains d'entrainements ne sont guère loin. Et ce n'est probablement pas difficile de trouver quelques lames d'entrainement. Au pire ils s'en tireront avec quelques bleus, une lèvre ou une arcade qui saigne, et un peu d'énergie à revendre en moins. Car vu comme les deux sont sur les nerfs, nul doute que trop de tâches administratives en ville les tend et participe grandement à les mettre tant sur les dents.


-"Car j’admets aisément que tu es probablement meilleure que moi avec une lame, voir un fusil. Mais je ne te laisserais pas insinuer que tu mérites plus de la moitié de la prime simplement car tu me penses incapable de me battre."

Après tout lui aussi à une certaine fierté. Presque plus pour ses camarades que la sienne propre. Après tout, il déteste que l'on puisse dire que quelqu'un qui s'est battu et à survécu au Front n'est pas capable de se défendre, lui ou les siens. Et clairement le cartographe a vu bien trop de choses pour son bien... Et bien trop de choses pour l'inciter à s'écraser face à une simple garde, aussi têtue, teigneuse et combattive puisse-elle être.

Bien sûr que partir à l'aveuglette la dérange. La garde aime vivre et n'a aucune envie suicidaire. Même si à sa manière de trop pousser, on pourrait en douter. Pourtant, son travail de garde du corps le lui a prouvé maintes fois. La connaissance est un pivot important dans la réussite d'une mission. Elle a échoué de nombreuses fois en raison d'informations qui lui manquaient, des camarades ou elle-même se faisant blesser à cause de ces paramètres inconnus. Alors comme pour ne pas perdre cette habitude, après être arrivée sur Teer Fradee et avoir été congédié de la famille qu'elle servait, son premier réflexe a été de recueillir des informations sur l'île et sur les zones à traverser quand elle a dû sortir des murs. Et c'est ainsi qu'elle a rencontré Salastar.

« Tu crois que je t'ai acheté autant d'informations parce que j'ai un passe-temps étrange sur la cartographie ou quoi ? »

L'échange l'a réellement agacé, même s'il accepte un affrontement, elle a envie de rendre les choses claires entre eux.

« Tu as aussi combattu, alors tu sais à quel point partir à l'aveugle c'est la merde. Et je n'ai absolument pas envie de crever en ta compagnie. Donc oui, j'aimerais avoir des informations, autant que possible. Arrête de me prendre pour une idiote sans mémoire. L'intelligence, ça ne s'acquiert pas que dans les bouquins et en utilisant des mots complexes. »

Maintenant qu'elle a fait comprendre son point de vue, elle fait signe au gérant de la Taverne d'oublier les chopes. À vrai dire, il l'avait déjà fait, voyant la situation commencer à dégénérer et commençant à connaitre le tempérament de la sergente. Et justement, alors qu'elle se tourne pour se diriger vers la sortie, une recrue qui a dû entendre son coup de gueule vient essayer de s'interposer.

« Sergent ! Vous n'êtes pas sérieuse ? Vous savez qu'on ne doit pas se battre comme ça contre des civils. Soyez raisonnable ! »

Agacée, la blonde claque sa langue tout en fusillant le jeune homme du regard. Elle a déjà eu affaire avec lui quelques fois. S'il n'est pas bête, il est encore bien trop naïf à son goût, avec un sens de la justice qui l'énerve. *Quelle idée de rejoindre la Garde quand on en a quelque chose à foutre de ce type de conneries.* Préférant oublier qu'elle-même avait ce genre d'aspirations enfants, elle vient le remettre à sa place d'un ton encore plus glaçant et un regard que la recrue ne la savait pas capable.

« Ce n'est pas un civil. Bouge. »

Sans attendre de réaction, la blonde pousse la recrue pour libérer le passage. Elle reconnait ensuite des rires gras de collègues qui commencent déjà à être enivrés par la quantité déraisonnable de boisson qu'ils ont ingurgité.

« Allez les gars, la sergente Ealista remet ça ! Venez faire vos paris ! »

Et sans les écouter plus longtemps, elle sort, tenant tout de même la porte pour Salastar avant de la claquer au nez d'un garde qui se met à les suivre pour venir observer le spectacle. À la fois gênée et agacée, elle vient se gratter l'arrière du crâne, son ton se détendant un peu en s'adressant au cartographe.

« Ignore ces cons. Ils ont pas de cervelle et s'ennuient. Je me suis emportée, d'accord ? Je n'aime pas que tu sous-entendes que je suis conne. Je ne suis pas la plus futée, mais on peut au moins compter sur moi. Alors arrête de me traiter comme un boulet. »

Une manière plus ou moins honnête de s'excuser même si elle ne le fait pas vraiment. Encore plus agacée, la garde prend les devants pour guider le cartographe vers les baraques. Le court trajet se fait sans un mot de la demoiselle, préférant ruminer dans son coin. Une fois arrivée, elle vient faire le tour pour directement guider l'homme vers le terrain d'entrainement. La fin de journée étant particulièrement avancée, la nuit n'allant pas tarder à arriver, les lieux sont presque déserts. Il ne reste que quelques recrues un peu trop acharnées qui cherchent à se surpasser. À leur arrivée, les cadets saluent la sergente. Comme à son habitude, elle fait un signe irrité d'arrêter avec ce genre de gestes, encore mal à l'aise de sa promotion. *Comment être à l'aise de prendre du grade avec la mort de quelqu'un ?* Elle chasse cette pensée en s'adressant aux jeunes femmes et hommes encore présents.

« Vous avez assez fait aujourd'hui et vous avez tous du boulot de cuisine ou d'entretien des lieux à faire. Que je ne vois personne trainer ici s'ils ne sont pas assignés au rangement du terrain. Disposez. »

Les recrues se dispersent dès qu'elle leur en donne l'ordre. Seuls deux gamins restent, commençant à récupérer de l'équipement d'entrainement qui traine. Elle se tourne ensuite vers le cartographe, réfléchissant un instant.

« Bon, t'as raison sur un point. Aucun de nous ne connait vraiment les capacités de l'autre. Tu m'as dit que t'as combattu au Front, et si t'es vivant aujourd'hui, c'est que tu n'es pas que la moitié d'une merde. Je te l'accorde. Mais si on veut faire équipe là dehors, il vaut peut-être mieux qu'on se fasse une idée de ce que l'autre sache faire... »

Nouveau frottement de menton. La blonde reconnait qu'elle sous-estime énormément le blond. Il n'est absolument pas frêle, ses vêtements cachant certainement une musculature plus entretenue qu'elle ne l'imagine. Et il a le regard de ceux qui en ont trop vu, un peu comme Gustave. Avec un grognement, puis un soupir, elle admet son erreur.

« J'm'excuse. D'accord ? Tu m'as foutue en rogne. Et j'ai eu une journée de merde. J'ai déconné et je m'en excuse. Mais ça ne peut pas nous faire de mal de s'foutre un peu sur la gueule. Au moins pour départager cette histoire de prime une bonne fois pour toutes. »

Cela lui coûte d'admettre son erreur, le rictus qu'elle affiche en étant la preuve, tout comme sa manière plus familière de parler. Faisant signe aux recrues de ne pas ranger toutes les armes d'entrainement, elle vient commencer à évaluer ce qu'elle peut utiliser.

« Je te laisse choisir ce que tu veux faire et les armes que tu veux utiliser. On a de presque tout même si c'est pas vraiment la meilleure qualité. De quoi se battre sans s'éventrer trop facilement. A toi de me dire, je m'adapte. »

La blonde marque un point. Partir sans savoir où ils s'aventurent est du suicide. Il est obligé de lui reconnaître cela, néanmoins sur une telle ile, les informations et la reconnaissance n'est pas chose aisée. Et si il ne comptait pas partir à l'aveugle, il assume clairement que la majorité des informations risquent de manquer. Et tandis qu'ils sortent de la taverne pour aller régler cette affaire de manière un peu plus musclée et franche, l'homme finit par lui répondre, presque amusé de la façon dont elle remballe la recrue qui tente de bien faire les choses. Il offre même à ce bleu un regard presque compatissant, voyant comme celui-ci tente de faire ce qui est juste, tout simplement pour se prendre une volée de réalité en plein visage. Au moins cette fois, cela ne lui coutera que quelques mots et un regard mauvais. Pas le pire paiement possible pour apprendre que parfois, mieux vaut simplement laisser les choses faire... Surtout quand l'on fait partie du Denier, et que les affaires louches ou peu conventionnelles sont leur quotidien.

-"Je suis d'accord avec toi sur le fait que partir à l'aveugle ressemble à un suicide. Mais je te rappelle que c'est mon métier, de rassembler des informations sur l'inconnu, ou de cartographier des zones dont on ne sait que peu de choses. Donc si je ferais tout pour obtenir le maximum d'informations possibles, n'espère pas avoir un briefing complet. Ou alors il faut que tu t'engages dans des missions dansa le périmètre connu de la région... Ce qui, sur cette ile, ne représente pas grand choses. Encore moins maintenant qu'on a des natifs qui font des assauts et des raids surprise."

Au moins la sergente semble s'adoucir, même si légèrement. Le cartographe en fait de même, restant toujours sur ses gardes. Après tout elle est caractérielle, et si elle pourrait presque sembler faire amende honorable, rien ne dit que l'instant d'après elle ne tentera pas de lui mettre son poing en plein visage. Et durant ce court trajet jusqu'aux terrains d'entrainement, il se sent obligé de répondre au dernier commentaire de la blonde au caractère de feu.

-"Et je ne te considère pas conne, ni comme un boulet. Mais toi par contre, tu ne te prives pas de le faire. Et je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds, même si tu as certainement plus d'expérience martiale que moi."

Il l'avait déjà dit, mais il semblerait que cela soit difficile à faire comprendre à la demoiselle, donc il faut insister un peu. Mais à part ça non elle n'est pas conne, elle présente juste parfois l'intelligence d'un bovin observant sa prochaine parcelle d'herbe. Mais cela, il ne va pas le dire à voix haute, il n'est pas totalement idiot. Et tandis que Salastar la laisse gérer l'expulsion de ces pauvres recrues qui tentent de faire du zèle pour se faire bien voir, il observe cet endroit qu'il n'utilise pas assez souvent. Un peu plus d'entrainement ne lui ferait lui même pas de mal, après tout, si le danger est peut être moins direct que sur le continent, il est bien plus insidieux, et cela peut être encore plus dangereux. Rien n'est pire qu'un couteau empoisonné que l'on ne voit pas venir.

-"Alors autant finir de régler ça en se tapant dessus un bon coup. Ça nous fera surement pas de mal, surtout si on doit sortir après. Je préfère presque le continent pour ça, au moins on sait d'où vient les ennuis. Alors qu'une fois dehors, on peut jamais savoir si un bosquet va cacher des natifs hostiles ou une bestiole occupée à calculer combien de repas tu pourrais lui faire. Et si je dois sortir avec toi, je préfère le faire dans les relations les plus professionnelles possibles, à défaut de cordiales."

Un moyen de s'excuser sans réellement le faire. Et tandis qu'il parle, l'homme fait le tour des râteliers présents, observant les armes. Bien sur, il n'y a pas réellement d'armes à feu, ces entrainements étant bien plus surveillés et couteux. La poudre noire n'est pas une denrée rare, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est donnée et laissée en libre service. Attrapant une paire de talwars, il teste rapidement leur équilibre et leur poids avant d'en lancer un à sa partenaire d'armes. Quelque chose de classique et d'efficace, qu'ils doivent tous deux maîtriser ou utiliser. Même si il reprend bien rapidement.

-"Ça me parait le plus simple pour s'entrainer. Si t'as envie d'une autre arme, fais toi plaisir. Au fond, on doit voir ce que l'autre vaut, pas juste se foutre sur la gueule. Donc autant le faire avec nos armes de préférence."

Et pour lui ce cimeterre lui va parfaitement. Un peu d'allonge, de quoi trancher sans trop se mettre en danger. Il préfère néanmoins éviter le bouclier, préférant se garder une main libre en attrapant une dague. Il sait très bien qu'en force brute elle risque d'avoir l'avantage, et que dévier les coups lui servira bien plus que les parer. Profitant de ces préparatifs, l'homme retire aussi la ceinture autour de sa taille, déposant sur le coté sa propre lame, bien loin d'être d'entrainement. Il retire aussi une partie de ses tissus de sa tenue ample, révélant une chemise bien plus proche du corps et laissant un peu plus deviner sa musculature, ainsi qu'un pantalon de cuir. Si il tente de s'habituer à la vie civile, difficile de nier qu'il préfère toujours porter un certain style épuré et ample, prêt à servir. Et une fois paré pour le combat, il pivote vers son adversaire avec un léger sourire, le regard presque brillant d'une certaine attente. Après tout, se dérouiller les épaules et s'entrainer un peu ne peut pas faire de mal, bien au contraire. Et ça pourrait peut être leur permettre d'enfin se parler sans s'insulter toutes les deux minutes. Ce qui serait un énorme progrès.

Car qui peut être discret en plein milieu d'une forêt pour éviter les natifs, quand l'on ne peut même pas se retenir d'insulter son voisin d'expédition ? Clairement pas Salastar. Et il se doute bien que ce n'est pas Ealista qui va briller pour sa discrétion aussi, si il a le malheur de titiller un peu trop son coté fier, même en plein milieu d'un terrain hostile. Cette petite passe permettra a chacun de vérifier le professionnalisme de l'autre au moins, du moins, c'est ce qu'espère l'homme tandis qu'un nouveau rictus légèrement amusé étire les lèvres du soldat.


-"Quand tu veux. Montre moi donc ce que peut donner ce caractère de cochon que tu possèdes, quand tu le catalyse à frapper quelque chose, et encore plus quand tu sembles tant détester ce quelque chose."

Est-ce que le cartographe va passer un mauvais moment ? C'est probable. Mais parfois, un mauvais moment peut en devenir un bon. Et c'est l'assurance de bien dormir après l'effort physique. Chose que le blond n'arrive clairement pas à faire en restant enfermé ici, à ressasser ses pensées le regard perdu dans le vague du ciel nocturne, l'esprit dérivant entre anciens souvenirs et problèmes futurs. Donc si la sergente arrive au moins à calmer cela pour une soirée, ce sera déjà quelque chose d'obtenu de sa part... Et même gratuitement. Une petite victoire pour le cartographe, que d'arriver à obtenir quelque chose sans devoir payer d'une telle rapiat.

Un rictus désagréable se forme sur les traits de la demoiselle, n'appréciant guère ces excuses qui n'en sont pas. Elle ne va pas les reprocher à haute voix, les ayant elle-même mal faites au premier abord. Elle observe ensuite l'homme qui évalue les différentes armes à disposition, lui lançant un talwar avant de se préparer.

Elle-même évalue l'arme, observant l'arsenal à disposition. Il y a presque toutes les armes au corps à corps possible, même si les armes traditionnelles de l'Alliance sont les plus nombreuses. Évaluant un instant son arme et son adversaire. Bien qu'elle apprécie le talwar, ce n'est pas son arme de prédilection. Au moins, celui-ci est correctement équilibré et non trop abimé par les entrainements qu'il a subis. Avec un soupir, la garde se détend, se préparant à son tour.

Elle vient défaire sa ceinture, détachant le kard qui y est attaché pour le poser. À la place, elle vient chercher une dague de main gauche potable. Elle préférerait une masse ou un tabar, mais utiliser un cimeterre ne lui fera pas de mal pour changer. Si elle peut éviter d'enfoncer le crâne du militaire, cela va lui éviter de nombreux problèmes. *Et cela lui fera un léger avantage, lui qui dit être rouillé.* L'idée lui étire un sourire avant de venir attacher ses cheveux en queue de cheval. Elle s'échauffe également, dérouillant ses épaules, poignets et sa nuque. Ses muscles chauffent doucement avec ses mouvements précis, son regard changeant progressivement alors qu'elle se concentre sur le fait de devoir affronter le cartographe.

Certes, elle adorerait lui défoncer la tronche pour lui faire ravaler ses mots de plus tôt, mais il s'est plus ou moins excusé. Et puis, l'idée est avant tout que chacun puisse jauger l'autre. Voir si cette idée d'une expédition à deux est raisonnable ou non. Et quand le blond semble prêt, il vient étirer une sorte de sourire qui agace instantanément la demoiselle. Sa provocation en fait de même, lui faisant claquer la langue d'agacement. Se mettant en position à son tour, elle détaille son adversaire avant de souffler lentement.

« Avant de commencer, je tiens à préciser que je ne te déteste pas. Tu m'agaces et m'exaspère seulement. Et je n'ai pas pour but de te massacrer. Je veux te jauger. Et tu veux en faire de même. »

Elle ne compte clairement pas y aller de toutes ses forces dès le début. N'étant pas dans un combat de vie ou de mort, la demoiselle n'a pas de raison de s'épuiser aux premiers coups. Son but est d'évaluer les compétences du cartographe, et pour le faire correctement, elle doit se retenir comme elle le fait avec certaines recrues à l'entrainement. Sa poigne se serre un instant sur ses armes, faisant blanchir ses phalanges alors que sa position défensive s'ajuste. Son esprit se vide, son regard bien différent, comme dénué d'émotions, cherchant les points forts et faibles de son adversaire.

Et après des secondes qui paraissent s'éterniser, la blonde bouge enfin. Sa prise sur ses armes se détend avant qu'elle ne bondisse sur l'homme. Les armes s'entrechoquent, la garde effectuant visiblement des gestes faciles à parer. Ses propres mouvements sont fluides, sans défaut, preuve de son entrainement quotidien et acharné, des années d'expérience accumulée même si elle n'a pas été sur le front. Les coups sont millimétrés, et il est clair qu'elle se retient, jaugeant Salastar. Après quelques échanges, elle vient parer un coup avant de se reculer pour se séparer et pouvoir le provoquer à son tour.

« Pas mal pour un cartographe. Je te crois quand tu dis avoir combattu au Front, mais c'est complètement différent de le voir ainsi. Je vais donc pouvoir être plus sérieuse. »

Cette fois, c'est à son tour d'étirer un rictus amusé, presque carnassier. L'homme peut le craindre autant que l'anticiper. Car si les mouvements étaient réellement simples jusqu'à maintenant, la garde a maintenant envie de voir ce qu'il a dans le ventre. Et son style n'a rien à voir avec celui des autres gardes, preuve qu'elle a été entrainée depuis un plus jeune âge par différentes personnes. Ayant absorbé des styles martiaux divers, elle utilise l'ensemble de son corps pour se battre, mélangeant les styles de combat qu'elle a pu rencontrer en fonction des mouvements de son adversaire. Elle fait preuve d'une force, agilité et rapidité qui a de quoi au moins surprendre au début. Mais dès que l'on s'y fait, il n'est pas difficile de voir qu'elle s'amuse plus qu'elle ne se bat pour gagner. Elle ne cherche pas à écraser l'adversaire, seulement à le faire répondre à ses coups, et inversement.

Enchainement les coups avec les armes, les parades, les coups de pied et les contre-attaque, la demoiselle finit par se créer une ouverture. Son sourire carnassier s'étire un peu plus, donnant l'impression d'une bête enivrée par le combat. Et sans laisser le temps au blond de réagir assez vite, elle vient envoyer un violent coup de pied dans son ventre.

HRP:

Lancer de dé : Action : Ealista tente un coup de pied dans le ventre de Salatar.
Valeur de réussite : 9+
Échec critique : 1
Réussite critique : 20

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'Dé de vingt faces' : 9

Le cartographe vérifie l'équilibre de l'arme et la jauge rapidement, autant que son adversaire. Et avant de frapper, cette dernière tend à faire un petit point sur la situation, qui surprendrait presque l'homme, ce dernier arquant légèrement un sourcil. C'est surement le plus proche qu'il puisse espérer d'une conversation sincère avec la garde, et il ne rate pas l'occasion pour lui répondre avant que les coups ne commencent à pleuvoir, prenant à son tour une position défensive prudente, reculée. Il ne compte clairement pas attaquer et préfère laisser venir à lui la garde.


-"Moi non plus je ne te déteste pas, je n'ai rien contre toi si ce n'est que ton caractère m'insupporte. Et j'espère bien que tu ne comptes pas me massacrer, autrement j'aurais demandé un autre choix d'armes."

Les coups commencent à tomber rapidement ensuite. Lents, prévisibles, la blonde jouant avec sa "proie" autant qu'elle ne la jauge. Et cela convient très bien au soldat qui se dérouille ainsi tranquillement, sans prendre grand risque. Les passes sont gentillettes, presque amicales. Et la provocation glisse sur lui sans qu'il n'y prête attention, bien plus concentré sur le combat. Ce dernier devient bien plus âpre l'instant d'après, alors que les lames s'entrechoquent. Le tempo devient plus vif, le son des coups plus présent et répété. Et tandis qu'il commençait presque à s'habituer à un tel jeu de passes dans lesquelles il se sent étrangement plus à l'aise qu'il ne l'aurait pensé, le blond se fait surprendre. Le coup de pied lui coupe le souffle et l'envoie plus loin, vidant ses poumons de son air tandis qu'il tente de grogner sans y arriver pendant un instant. Le choc le fait presque tomber au sol avant qu'il n'agite légèrement la tête, arrivant à détendre ses muscles pour laisser cette fois échapper un grognement de douleur mécontent. Clairement le coup à porté, et il a été plutôt douloureux, même si c'est loin d'être suffisant pour mettre l'homme au sol.

-"Si c'est ça que t'appelles être sérieuse, je prend bonne note... Autant arrêter de jouer et y aller un peu plus franchement, en ce cas."

Cette fois c'est le soldat qui monte au combat. En effet, pour se jauger, chacun doit tenir les deux positions. Son style est bien plus précis et rapide. Au lieu de se jeter à l'assaut, il préfère donner des coups de son cimeterre, tenter de se créer une ouverture en glissant la lame sur sa dague de main gauche. Un style qui correspondrait presque plus à une rapière, mais qui peut être particulièrement efficace contre une cible qui est peu armurée, même avec un talwar. Après tout, personne n'aime se faire ouvrir une partie du ventre sur un accident. Les frappes s'enchainent, alternant plusieurs positions différentes. La tête, les bras, les jambes, tentant de forcer la garde à s'épuiser plus rapidement que lui en bougeant ou parant plus que de raison. Cela semble avoir néanmoins des résultats plus que mitigés, alors qu'après une série de passes particulièrement longues et qui manquent de toucher plusieurs fois sans arriver à atteindre leur cible, le cartographe recule. Nouveau grognement, tandis qu'il se passe un avant bras sur le front pour éponger sa sueur, une lueur dansante au fond de son regard. Difficile de dire si il prend du plaisir à un tel affrontement, mais il est clair que se dérouiller ainsi lui fait le plus grand bien. Et ce serait encore meilleur si il arrivait à faire taire cette insupportable blonde, même si il n'a guère d'espoir à ce sujet. Déjà la forcer à le respecter serait un bon début.

-"Je dois admettre que tu es plutôt douée avec une arme. Je ne sais pas où tu t'es entrainée, mais ça fonctionne plutôt bien. Au moins je sais qui venir énerver quand j'ai besoin d'une séance plutôt musclée..."


Léger sourire en coin tandis que l'homme se jette soudainement en avant pour frapper de nouveau. L'arme tente de pénétrer la garde de la demoiselle, enchainant les frappes au niveau de son torse et de sa tête, pour la forcer à reculer, à perdre son équilibre ou créer une ouverture. Cette dernière est couteuse, consommant beaucoup d'énergie au cartographe qui n'est définitivement plus habitué à une telle dépense d'énergie, préférant clairement l'utilisation d'armes à feu voir simplement continuer son travail de logistique. Mais il a besoin de cela, de se remettre en forme, et il ne se retient nullement quitte à s'épuiser franchement. Après tout, une bonne nuit de sommeil l'attend après cela... Et possiblement aussi une belle frappe, alors qu'il voit enfin une opportunité se dessiner. Profitant de sa dague pour repousser plus loin l'arme de son adversaire, il tente de frapper en direction de la tête d'Ealista, de lui donner un coup du plat de son arme sur la tempe. Pas de quoi lui faire trop mal, mais il l'espère, de quoi se venger de ce petit coup de pied assassin d'il y'a quelques minutes...

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'Dé de vingt faces' : 3

La garde ne pensait pas que son coup serait si efficace, laissant le temps au cartographe de se remettre et revenir à la charge. Toutefois, elle sourit en l'entendant dire qu'il va devenir sérieux à son tour. Enfin un peu de piment ! C'est à son tour d'être sur la défensive et d'encaisser. Elle le laisse se déchainer et faire pleuvoir les coups qu'elle pare ou esquive presque toujours. Après un temps, elle remarque qu'il semble prendre un certain plaisir à cet affrontement.

Souriant en retour à la provocation du blond, elle ne répond pas à son questionnement, se contentant de laisser leurs lames s'exprimer. L'échange reprend rapidement, notant la sueur qui commence à perler sur la peau de son adversaire. Elle-même sent sa propre transpiration poindre sous sa tenue et son visage, même si moins violente que celle du cartographe. Après tout, elle a un rythme similaire quotidiennement, et parfois bien plus violent. Et même après une journée bien remplie, Ealista a encore de l'énergie à revendre, ne risquant pas d'être épuisée de si peu.

Elle doit toutefois admettre que Salastar change des recrues avec qui elle s'entraine le plus souvent, ses collègues de grades supérieurs s'entrainant plus tôt ou tard qu'elle dans la journée. Avoir un adversaire bien meilleur qu'eux est rafraichissant, la laissant légèrement s'emporter par le plaisir du duel. Et c'est justement ce sentiment qui doit lui jouer un tour, baissant sa garde un instant. Le coup part et la demoiselle n'a qu'à peine le temps de le parer. Il semblerait qu'heureusement son adversaire n'y a pas mis trop de force, le repoussant sans mal. Cherchant alors à le taquiner, elle vient souffler un rire.

« Bah alors ? T'as envie de me frapper au visage, mais tu as peur d'abimer mon minois ? Je vais commencer à croire qu'il te plait si tu te retiens d'y mettre plus de force que ça. »

Profitant que les deux adversaires se séparent un instant pour le provoquer, elle essuie la sueur qui perle sur le bas de son visage avec le dos de sa main. Un sourire plus large étire ses traits, la garde paraissant de bien meilleure humeur, presque enthousiaste de ce combat.

« Tu es aussi plutôt doué. Ça fait du bien d'avoir un véritable adversaire de temps en temps. C'est même rafraichissant. Mais ça se voit que tu ne t'entraines pas tous les jours, si tu as besoin de te défouler ou te dégourdir, j'accepterai volontiers de te mettre une raclée. »

La blonde a un petit rire, le regard brillant de son amusement. Elle n'a rien à voir avec la furie qui s'est emportée plus tôt.

« Si tu arrives à parer et contre-attaquer mon prochain échange, j'accepterai seulement la moitié de la prime. En revanche, si tu échoues, il va falloir me convaincre plus sérieusement de ne pas prendre les trois quarts... Promis, je fais un effort pour ne pas te massacrer. »

Se remettant en position sans perdre son large sourire et son amusement, le cartographe peut sentir que la furie ne compte plus se retenir cette fois. Elle semble extatique à l'idée de pouvoir y aller encore plus franchement. Et sa promesse de ne pas y aller trop fort ressemble plus à une provocation, son attitude transpirant le fait qu'elle n'a aucune intention de se retenir.

Les coups ne tardent pas à pleuvoir à nouveau, bien plus rapides et féroces, la demoiselle ne perdant pas son sourire tout du long. Elle enchaine autant les coups de jambes que de lames, parfois jetant même un coup de poing quand elle en voit l'opportunité. Il paraît clair que le cartographe tient, mais qu'il résiste à peine. Et profitant d'un moment où il retient sa lame, elle revient le provoquer.

« J'espère que ce n'était vraiment pas mon physique qui t'a fait venir vers moi pour cette mission. J'ai l'impression que tu n'es pas très sérieux... »

Elle enchaine ensuite rapidement, profitant d'une nouvelle ouverture pour rendre au soldat la monnaie de sa pièce. Comme il l'a tenté plus tôt, elle tente de venir lui mettre un coup au visage du plat de sa lame. Et même si elle sent que son élan est un peu trop fort, elle fait un effort pour le retenir et éviter de réellement le blesser. Après tout, sa tronche est bien l'une des rares choses qu'Ealista trouve agréable à observer chez Salastar.

Lancer de dé : Action : Ealista tente de porter un coup au visage de Salastar du plat de sa lame.
Valeur de réussite : 9+
Échec critique : 1
Réussite critique : 20

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'Dé de vingt faces' : 18

Effectivement, le cartographe apprécie le combat. Même si il est clair qu'il aurait besoin de se dérouiller bien plus souvent. Il note néanmoins la proposition de la garde de faire des entrainements plus réguliers, même si l'offre est faite à sa façon. Et si il prendrait bien la mouche, difficile de nier qu'en cet instant, l'échange ne tourne pas en sa faveur, clairement pas. Mais au moins il arrive à un peu fatiguer la demoiselle. Moins que lui même, mais le blond aperçoit bien qu'elle aussi est obligée de prendre l'échange un minimum sérieusement. Ce n'est peut être pas l'adversaire qu'il lui faudrait pour réellement s'améliorer, mais il lui donne un certain fil à retordre.


La suite lui fait néanmoins presque perdre pied tandis que les coups pleuvent avec bien plus de force. Et pas que d'arme, la garde utilisait tout son corps et les coups les plus bas pour prendre le dessus. Les parades deviennent un peu moins précises, et il se retrouve à régulièrement utiliser sa dague pour frapper le bras et le poing de la blonde, le repousser sur le coté. Il semble peu à peu approcher de ses limites, lui arrachant même un grognement plus lourd et presque peiné. Mais clairement, il ne va pas se laisser avoir, pas tant qu'il a encore un peu d'énergie. Ce qui ne l'empêche pas de souffler d'un ton plus rauque, et entrecoupé de ses souffles durant l'un de leurs courts interludes.

-"Je te remercierais presque de ne pas y aller trop franchement, si tu ne jouais pas tes chances de t'assurer que je ne vise pas malencontreusement où il ne faudrait pas lors de notre prochaine mission. Mais je t'accorde que je m'empâte un peu dans cette ville et entre ces murs..."

Et justement, la preuve tombe vite. Le prochain échange manque de lui faire perdre pied. Assez pour que le coup vienne le heurter en plein visage. Il cligne des yeux, étourdi durant un instant en titubant en arrière. Même si  ce n'était pas assez violent pour le sonner, quand on ne s'y attend pas ça surprend toujours. De nouveau le cartographe secoue la tête, ne sentant même pas la chaleur commencer à marquer sa joue et sa tempe, l'adrénaline et l'ardeur du combat remplaçant tout. Nul doute néanmoins que demain il risque de bien moins remercier la sergente qui vient de lui donner une bonne raison de passer un peu plus de temps dans les bains pour apaiser la brulure qui ne manquera pas. Et même si il perd peu à peu pied dans cet échange physique, il refuse de lâcher sur celui verbal qu'ils ont dans le même temps.

-"De quel physique tu parles ? Je suis pas sur que te faire remuer le cul devant les natifs soit un bon moyen de les inciter à s'occuper de toi pour me laisser le temps de fuir. Mais je me doutais que tu savais te battre, vu ton caractère. Tu aurais déjà été égorgée dans une ruelle autrement..."


Après tout, il est loin d'ignorer tout des petits secrets de la garde, même si il préfère s'en tenir éloigné. C'est presque commun que certains lui demandent des renseignements, à l'instar de la blonde, sur des lieux ou des planques discrètes, des endroits pouvant servir à des rendez-vous camouflés. Et probablement pas pour simplement discuter de la pluie, du beau temps, et trousser une native. Quoi que la dernière option serait probable, le désespoir pouvant pousser bien des hommes dans d'étranges bras.


Oubliant cela tandis qu'il se concentre de nouveau sur le combat face à lui, le cartographe s'élance de nouveau à l'assaut. Cette fois il tente de se rapprocher bien plus de la garde, visant presque le corps à corps brutal. Un domaine où elle doit bien plus exceller que lui, très clairement, mais qui laissera peut être à l'homme une légère ouverture. L'échange devient presque plus brouillon, la dague devenant autant une arme qu'une parade, où le soldat lui même commence à user de ses jambes, n'hésitant pas à tenter de faucher celles de la garde pour la faire tomber au sol. A la force physique il ne risque pas de gagner, mais arriver à prendre le dessus sur elle pourrait l'aider à l'immobiliser, et prendre l'ascendant. Hélas pour lui, bien rapidement l'homme se retrouve repoussé tandis qu'ils reprennent une certaine distance. L'occasion de reprendre rapidement son souffle, d'essuyer cette sueur qui devient rivière sur son visage et son front tout en grognant, d'une voix qui aurait pu être provocatrice si elle n'était pas fatiguée.


-"Je m'attendais à mieux en tout cas. A croire que malgré ton entrainement tu commences à rouiller à faire que des patrouilles. Tu parles du fait que j'ai besoin de me dégourdir, mais tu n'es pas meilleure..."


Assez pour le battre néanmoins. Mais ce n'est clairement pas ça qui arrête l'homme, ce dernier se jetant de nouveau sur la garde. Revenant faire pleuvoir les coups d'estoc, il profite néanmoins de cela pour se rapprocher d'elle. Continuer de réduire l'allonge, avant de soudainement inverser sa prise sur sa dague, se servant du manche et de sa forme comme d'une arme contondante improvisée pour en donner un coup en plein buste de la blonde, visant son plexus. Une tentative d'elle aussi lui couper le souffle après ses assauts plutôt brutaux...

Lancer de dé : Action : Salastar tente de frapper Ealista en plein plexus avec le manche de sa dague
Valeur de réussite : 11+
Échec critique : 1
Réussite critique : 20

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'Dé de vingt faces' : 8

Il la cherche. Sous-entendre qu'elle n'est pas attirante physiquement et qu'elle est insupportable au point de vouloir sa mort. La demoiselle pourrait s'en vexer si elle n'était pas déjà en plein combat. Avec étonnement, elle voit le cartographe jouer l'option du corps à corps bien plus brutal. La surprise désordonne les gestes de la garde. Il lui faut un temps pour se reprendre et réussir à suivre le rythme de son adversaire. Il est bien plus brouillon, semble utiliser des coups bas, lui donnant presque envie d'arrêter le combat là. *Il n'est quand même pas en train de s'épuiser, l'ancêtre ?*

Le traiter ainsi mentalement de personne âgée, alors qu'ils n'ont que quelques années de différence, étire le sourire de la demoiselle. Et avec cet amusement, elle le repousse pour qu'il ne la taquine encore. Arquant un sourcil à la provocation, elle s'apprête à répondre avant qu'il ne l'interrompe en se jetant sur elle. Bien plus surprise, elle vient parer ses coups les uns après les autres avec un grognement bas, se forçant à se concentrer pour ne pas recevoir un mauvais coup. Et justement, il vient profiter de sa distraction, tenter de lui couper le souffle, certainement pour se venger des coups qu'elle lui a déjà portés. Malheureusement pour lui, la garde réagit assez vite, bloquant le coup de son bras. Le manche vient frapper son avant-bras non protégé, la faisant grogner, mais la douleur étant supportable. Elle le repousse alors sans attendre, soufflant et agitant son bras pour passer la douleur.

« Tu n'as pas tort, mais tu restes trop lent et prévisible. Si tu veux partir en expédition, il va falloir dérouiller cela avant. Il y aura bien assez de situations où tu ne pourras pas utiliser d'armes à feu et où ta lenteur peut être fatale. »

Sans lui laisser le temps de répondre, elle se jette à son tour sur lui. Enchaine de violents coups rapides. La demoiselle n'a plus envie de faire durer le combat, la nuit arrivant, les recrues commençant à installer torches et lanternes. Et même si elle n'a rien contre un entrainement nocturne, elle se dit que blond est bien assez dégourdi pour ce soir, qu'un tel entrainement attendra un peu. Il peut sentir qu'Ealista n'a plus de pitié pour lui, leurs lames s'entrechoquant avec fracas, la brise du début de soirée venant hérisser les poils de ses bras humides de transpiration. La sensation fraiche lui donne un effet grisant, ayant envie soudainement de se laisser un peu emporter.

Elle cherche à épuiser son adversaire, le faire grogner de fatigue, faire en sorte que lui-même essaye d'amener le combat à sa fin. Les coups sont plus violents, mais aussi plus mesquins. Comme le cartographe, la blonde n'hésite pas à improviser, d'utiliser les manches de ses armes, de ses poings et coudes. Et quand elle sent Salastar faiblir, un sourire lui étire les lèvres. Même si elle se doute que l'homme n'est pas un bleu, elle a envie de vérifier sa capacité à rester stable même fatigué. C'est bien plus difficile à exécuter, mais elle vient tenter de lui faucher les jambes, espérant au moins qu'il ait retenu cet aspect des plus basiques de l'entrainement militaire.

Lancer de dé : Action : Ealista tente de faire une balayette à Salastar pour lui faire perdre son équilibre.
Valeur de réussite : 13+
Échec critique : 1
Réussite critique : 20

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'Dé de vingt faces' : 10

Et clairement le cartographe s'épuise. Mais il a de la ressource. Devoir tirer jusqu'à ses ultimes réserves et encore devoir continuer ensuite est presque devenu partie intégrante de lui, avec les années au front. Se trouver des réserves d'énergies que l'on ne savait même pas disponibles aussi. Et si il a l'air épuisé et qu'il l'est, ses gestes restent néanmoins relativement précis et vifs, bien plus que son état ne le laisserait présager. L'assaut bien plus brutal de la garde le surprenant, mais il arrive à supporter le choc, encaisser la tempête qui s'abat sur lui. Il ne contre-attaque presque plus, se contentant d'esquiver et de parer le déluge de coups de plus en plus bas, vicieux et brutaux qui tombent.

La nuit s'installe doucement, et tous deux savent qu'ils ne peuvent continuer à l'infini. Ils ont un quotidien à respecter, et même si se défouler fait du bien, si ils doivent partir les prochains jours autant éviter de se tuer auparavant à l'entrainement. Mais aucun des deux n'a envie d'être le premier qui cède, logiquement. Et quand la blonde tente de le faucher, l'homme saute d'un petit bond en arrière pour se donner un peu de distance, souffler un instant. Définitivement elle est coriace et ne se laisse pas faire, il faut lui reconnaître cela. Elle est aussi têtue dans ses combats et ses actions que ses paroles. Un nouveau grognement échappe du cartographe, tandis qu'il agite un peu les bras pour essayer de dissiper la tension musculaire qu'il sent après un tel assaut et échange soutenu.

-"Lent, lent. Tu dis cela mais pourtant tu n'arrives pas à me faire plier, alors que ce genre de combat est censé être ta spécialité... Et ne t'en fais pas pour moi, on peut faire des miracles avec un fusil, même quand on ne peut pas tirer."

Le sourire en coin ne semble pas quitter les traits du cartographe. Il se sait battu, il sait qu'elle est supérieure à lui, mais il ne va absolument pas se retenir, au contraire. Autant y aller franchement, lui faire fermer sa gueule au moins temporairement. Il ne donnera clairement pas à la garde le plaisir de le battre sans y aller aussi franchement que possible, sans y avoir été de toutes ses forces. Tournant autour de la demoiselle pour récupérer un peu et souffler, il revient se jeter sur elle une nouvelle fois, préférant jouer de la distance que de tenter le concours de force brute. Peu à peu il se rapproche, profitant de leurs échanges pour utiliser de plus en plus sa dague, éloigner la lame de la garde et essayer de se créer une nouvelle ouverture, un passage. Analysant le style de combat de sa partenaire, il se sait trop prévisible par moments, et décide justement de changer entièrement sa cible. Les coups tombent bien plus bas, et pas en terme de mesquinerie. Et dès qu'il arrive à se créer une opportunité il frappe, essayant de viser la jambe et le genou de la garde de son arme. Cela ne risque pas de lui faire grand mal si ce n'est peut être légèrement la déséquilibrer, mais c'est au moins pour l'honneur d'arriver à lui mettre un coup direct, et lui prouver qu'il sait aussi lui même se renouveler, même dans un exercice qui le met clairement en difficulté... Comme quoi, lui aussi semble pour une fois prendre sérieusement cet entrainement.

Lancer de dé : Action : Salastar essaye de frapper la jambe et le genou de la garde pour la déstabiliser
Valeur de réussite : 11+
Échec critique : 1
Réussite critique : 20

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'Dé de vingt faces' : 6

Le revoilà qui provoque et fait le beau. Soufflant du nez de manière amusée, la demoiselle observe l'homme qui lui tourne autour. Il est vrai qu'elle n'a pas encore réussi à le faire plier, elle doit reconnaitre qu'il est tenace même si rouillé. Elle se retient tout de même un minimum, ne souhaitant pas blesser l'homme avec qui elle doit partir en mission. Et cette fois, c'est lui qui charge férocement.

La garde pare tous ses coups sans trop d'efforts, notant tout de même qu'il fait évoluer son style, qu'il improvise et ne manque pas de ressource. Il manque même de la surprendre avec des coups plus bas, réussissant à les esquiver de justesse. Cela lui fait souffler un léger rire, clairement amusée. Et il est temps de mettre fin à ce combat, même s'il est hors de question de simplement abandonner. Alors plutôt que cela, elle décide de définitivement dominer son adversaire pour mettre fin à cet échange qui a bien trop duré et attiré l'attention de recrues que si se sont amassées en périphérie du terrain. Ils ont été suffisamment discrets pour qu'elle les ignore durant le combat, la motivant à finir son affrontement avec des spectateurs.

Après l'enchainement du blond, Ealista vient, elle aussi, redoubler de force et d'énergie. Cette fois, elle commence à fatiguer et puise dans ses ressources pour mettre fin à cet affrontement. Ses coups plus violents ont de quoi faire reculer le cartographe qui a besoin d'esquiver ou de mettre plus de puissance dans ses parades. Elle commence à le sentir faiblir quand leurs lames se croisent. Histoire de ne pas faire trainer les choses, elle augmente encore la cadence, cherchant le moment où elle va sentir la fatigue passer un cap chez son adversaire. Et quand elle le sent enfin, après un échange qui semble s'éterniser, elle vient mettre toute sa puissance dans un coup, obligeant le blond à lâcher son arme.

Le duel se termine sur ce coup, un silence pesant planant alors que la garde pointe la lame de son cimeterre vers son adversaire. Haletante et transpirante, elle le fixe pendant quelques secondes avant que des applaudissements timides ne se fassent entendre. Ignorant les recrues, la demoiselle range son arme avant de venir serrer amicalement la main de Salastar et lui adresser un sourire.

« J'accepte ton marché. Tu choisis la mission, je te suis. J'accepte même de n'avoir que la moitié de la prime, même si je ne serai pas contre un petit bonus en fonction de mes performances. »

Son sourire s'étire avant qu'elle ne relâche sa poigne, vérifiant tout de même qu'elle n'a pas blessé l'homme. Après tout, avec ce genre de coups, il est rapide de se fouler légèrement le poignet. Et il aurait peut-être besoin d'un onguent au visage pour éviter d'avoir un bleu. Visiblement, il est effectivement robuste, même si rouillé.

« Et je te conseille de me rejoindre le matin ou le soir pour te dérouiller avant de partir. Ça ne nous ferait pas de mal. J'avoue ne pas être douée avec une arme à feu, même si je me débrouille. Des rappels là-dessus peuvent aussi être bénéfiques. »

La garde vient ramasser l'arme d'entrainement du cartographe, la lui tendant pour qu'il puisse la récupérer.

« Si ces termes te conviennent, allons sceller ça avec une vraie boisson. »

La taquinerie l'amuse, faisant pétiller son regard, même si plus fatiguée. Comme quoi, avoir passé un moment à se battre avec lui a aidé Ealista à oublier toute la rancune qu'elle avait pour lui.

Comme quoi, l'homme n'est pas le seul à avoir des réserves intérieures quand il s'agit de se battre, même si cela ne le surprend pas. La demoiselle semble avoir connue son lot de combats, ou un entrainement particulièrement rigoureux. Voir les deux. Et quand l'échange devient bien plus brutal, grimpant un nouvel échelon, il se sent peu à peu perdre pied. Il n'hésite pas à tout donner, résister jusqu'au dernier instant même si il se sait battu d'avance. Maintenant son seul objectif est d'épuiser le plus possible la garde, de l'emporter avec lui. Nul doute que des deux, c'est lui qui sera le plus fatigué et abimé de ce combat, mais il tient tout de même à garder son honneur intact, autant que possible.

Et finalement l'arme tombe au sol, le cimeterre pointé vers son torse. Même avec sa dague plaqué contre pour le parer, le blond sait très bien qu'il a perdu. Avec une vraie arme, le coup, même dévié, serait grave, voir mortel. Un long soupir échappe de ses lèvres alors qu'il commence à sentir toute la fatigue et la tension musculaire s'acharner sur son corps. Les applaudissements n'arrivent même pas à lui faire détourner le regard alors qu'il reprend son souffle, finissant par essuyer la sueur de son visage et de son front en serrant la main de la garde. La brulure sur sa joue et sa tempe commençant à se faire particulièrement présente maintenant que l'adrénaline et l'énergie retombent. Clairement il aura besoin de s'occuper ensuite de ça, et d'une bonne nuit de repos. Voir de deux, car cela fait un moment qu'il ne s'était pas entrainé si sérieusement, surtout à l'arme blanche. Mais Ealista aura au moins le plaisir de voir qu'il n'est pas blessé, si ce n'est la fatigue et l'épuisement qui se lit sur ses traits.

-"Je dois admettre que tu te débrouilles bien... Et pour la prime, on verra ce qu'il se fait. Tu négocies déjà alors qu'au fond, on a aucune idée d'où on va atterrir et pour quel prix."

Récupérant son arme d'entrainement, le soldat vient la ranger avec la dague. Il aurait bien besoin d'un bon bain, ou au moins d'un bac d'eau pour se rafraichir. La proposition de la garde ne tombe néanmoins pas dans l'oreille d'un sourd. Et si l'homme tuerait pour une bière fraiche, une tiède fera probablement l'affaire, même si elle a un gout de pisse marinée.

-"Autant passer à la taverne alors. Une fois que je m'installe je risque de plus pouvoir bouger ensuite de toute façon, donc autant être assis. A croire que je commence vraiment à rouiller sur cette ile. A croire qu'on rouille tous, ici."

La fin de la phrase étant plus pour lui même qu'autre chose, même si la blonde pourra aisément l'entendre. Car pour le soldat, après le front, cette étrange ile à la fois dangereuse et paisible, dont les combats tendent à se passer dans d'intenses et courtes guérillas le change clairement de ce qu'il a connu. Et si c'est pour cette raison qu'il a voulu rejoindre Teer Fradee, il lui est difficile de nier que c'est un état de fait troublant sur ses propres capacités.


Et une fois la garde prête, ils quittent le terrain d'entrainement pour rejoindre la taverne. Néanmoins, l'homme fait faire un léger détour à sa partenaire d'entrainement pour aller à la fontaine la plus proche. Entre le coup sur son visage et la sueur, il a clairement le besoin de se rafraichir, et l'air nocturne n'est clairement pas suffisant. Et c'est avec un soupir qu'il commence par prendre une bonne gorgée d'eau avant de commencer à se laver le visage, retirer la sueur et la fatigue en savourant cette sensation fraiche sur le visage qui lui redonnerait presque un second souffle. Et si il ne va pas se baigner dedans, ce n'est clairement pas l'envie qui lui manquerait pour se décrasser proprement après une telle dérouillée. Et tandis qu'il se fait un brin de toilette rapide et nécéssaire, tant pour son corps que son esprit, il reprend la conversation d'un air plus tranquille, un peu moins provocateur que tout à l'heure.

-"Je sais pas si je pourrais te rejoindre chaque soir, mais j'essayerais de passer pour m'entrainer un peu avec toi, qu'on se dégourdisse avant de sortir. Car a vrai dire, je ne sais même pas si tu as réellement eut l'occasion de t'éloigner des murs de la ville encore ... ?"

Une question sincère, qui pour une fois ne contient pas de moyen détourné de lui retourner une cruelle pique. Une vraie curiosité pour essayer d'évaluer un peu ce que sait la demoiselle... Et ce qu'il devra lui expliquer. Car si lui est rouillé martialement, il est aussi probable qu'elle le soit sur d'autres domaines. Et hélas, quand l'on sort des murs d'Hikmet, l'esprit est aussi important, si ce n'est plus important encore que les muscles. Après tout, la seule chose plus efficace encore que de découper en deux ce qui veut vous tuer est bien encore de tout simplement l'éviter, quand c'est possible.