Aldéric de l'Aulnay - Congrégation Marchande - Notaire

Le jeune (pour son corps de métier) Aldéric, qui vient de débarquer sur Teer Fradee par le dernier bateau pour reprendre l’étude notariale de feu Maître Simeone, n’est étonnamment pas natif de la puissante Cité-Etat de Sérène.

Non, le bonhomme est natif de Peren, la deuxième ville de la Congrégation, l’éternelle petite sœur jalouse.

Issu d’une famille de la petite noblesse locale, Aldéric passa son enfance éclipsé par ses deux grands frères, plus choyés, plus remarqués et plus appréciés. La réalité n’est pas qu’il était volontairement mis à l’écart, mais que la fortune familiale était sur le déclin aussi les seuls réels privilèges qu’il connut furent une éducation soignée par plusieurs professeurs et notamment une formation académique en lettre et en droit.

Dès son adolescence, il préféra naturellement s’acoquiner avec ce qu’il y a de moins fréquentable parmi les fils d’aristocrate, les plus fêtards, mauvais et irresponsables. Il y fit quelques mauvaises rencontres, quelques mésaventures et y perdit quelques plumes, mais sans réel danger au final, il n'était encore qu'un jeune bougre jouant au caïd.

Mais il n’eu pas la chance de vivre une existence scandaleuse à profiter des maigres profits des exploitations familiales, lors de sa vingt-deuxième année il perdit coup sur coup frère, mère puis frère.
Il fallut se responsabiliser alors. Il n’avait pas un très grand sens des affaires, alors son père l’embaucha pour rédiger des actes juridiques à longueur de journée. Il n’était pas très doué pour courtiser les femmes, alors son père l’aida à trouver une compagne.

Son mariage avec la future madame de l’Aulnay, Fériale une demoiselle de son âge (mais de légèrement meilleure naissance, entendre meilleure fortune familiale) fut, étonnamment le bon tournant de sa vie. Un mariage arrangé, certes mais un mariage arrangeant.

La vie de famille as-t-elle métamorphosé Aldéric, le juriste médiocre et insouciant en un individu rigoureux, motivé et discipliné ?

Absolument pas, tout lui est tombé dessus grâce à la pugnacité, l’intelligence et le charme de son épouse, les mauvaises langues disent même que sa venue sur la capitale de la Congrégation Marchande n’a pas vraiment été permise par ses compétences discutables en droit mais plutôt par la grande beauté de sa femme.

Pourquoi quitter leur ville natale pour Sérène ?

Parce qu’une « très bonne opportunité professionnelle » se présentait paraît-il, en réalité c’était l’occasion ravie pour Aldéric de fuir sa relation qui s’envenimait avec son père et pour Fériale de briller sur l’échiquier mondain de la capitale.

Les rumeurs sur les tourtereaux de malheur concernant leur ancienne vie sont si fantasques qu’elles sont probablement majoritairement fausses ; après tout elle est bien trop jeune pour être déjà la veuve d’un riche marchand et lui est véritablement trop diplômé (et aussi trop maigrichon) pour être un ancien bretteur un peu trop porté sur la bouteille et l’intimidation.

Et puis « De l’Aulnay » la particule confirme que c’est un notable local non ? Quelqu’un de rien n’aurait pas un tel nom, c’est alors que les racontars ne sont que des bruits de couloirs sans l’once du commencement d’une preuve ; voilà donc un syllogisme implacable.

Quid de ce qui est certain ?

Rien de très fantasque, rien de très intéressant encore moins d’original. Les deux oiseaux trouvèrent leurs aises sous l’ombre de deux grands personnages de la capitale ; Aldéric fut pris sous son aile par le célèbre notaire, Maître Raspadori, qui embaucha le jeune homme comme clerc. Fériale de l’Aulnay, l’épineuse épouse de monsieur se lia d’une grande amitié avec Camille de Beaufrant, fils cadet d’une influente (et comment souvent très fortunée) famille marchande. Peut-être sont-ils même devenus trop amis d’ailleurs, leur proximité fait jaser en société mais ils forment avec Aldéric un trio redoutable qu’il n’est pas de bon gré de froisser.

Ni très bien, ni très mal Aldéric naviguait habillement entre les obligations de son poste, les soirées mondaines auxquelles il parvenait à venir jouer le pique-assiette et dettes de jeu qu’il accumulait doucement chez quelques gros bras locaux.
Mais l’opportunité de venir s’installer sur Teer Fradee était trop grosse pour être refusée. Certes, il devrait pour la première fois s’éloigner (temporairement il l’espère) de son épouse, mais reprendre l’étude du vieux Maître Simeone ? Avec la clientèle et les opportunités qu’offrent un nouveau terrain de jeu ?

D’après son épouse, il accepta sans même y songer à deux fois. En réalité il n’eu pas vraiment le choix, l’accès au poste lui venait des contacts et des manœuvres de Camille de Beaufrant, il aurait été mal avisé de refuser.

Mauvais bougre, loin d’être le plus vif d’esprit quand il a bu et avec une langue pas dans sa poche il est toujours étonnant d’apprendre que le gringalet en train de se faire plumer aux cartes travaille pour l’un des plus grands notaires de la ville et n’est pas le valet d’un noble rhabillé avec des vêtements en retard d’une saison sur la mode.

Tout sauf honnête, il est capable de mentir avec le plus grand des aplombs ce qui est redoutable lorsque combiné à un titre qui confère naturellement une certaine autorité à son jargon incompréhensible, difficile de dire s’il prodigue réellement de bons conseils ou s’il plume le profane.

Très opportuniste, beaucoup moins altruiste il n’est assez curieux de voir qu’il est parfaitement capable d’être empathique envers son prochain tout en ignorant parfaitement les besoins d’autrui si l’écraser lui permettra de se hisser un brin plus haut.

Vénal mais pas très ambitieux, ses desseins ne vont souvent pas plus loin que l’enrichissement personnel, le statut social et des fêtes chaotiques et hautement coûteuses.