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L'argent est la religion du sage - Rosmunda

Alix
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L'argent

est la religion du sage

Feat Rosmunda


C’est en relisant la lettre de Rosmunda que Dilay se prépare. Il lui faut encore un peu de temps pour apprivoiser le nouveau domicile que lui a fourni Erika. C’est plus grand et c’est surtout plus sec que sa petite cabane de pécheur. Pour autant, la mathématicienne ne peut pas s’empêcher d’éprouver quelques regrets à l’idée des mois qu’elle a passé là-bas.

Sa première maison. Elle décide que ça ne s’oublie pas comme ça.

Plantée devant le miroir que Vaast lui a offert, Dilay peut enfin ajuster son chapeau et empêcher ses lunettes d’être de biais sur son nez. Elle essuie toute tâche de suie sur ses vêtements et tente d’aplatit un peu ses mèches folles.

Elle ne sait pas bien quelle première impression elle veut donner à Rosmunda. Seconde impression, plutôt – elles se sont déjà rencontrées. C’est étrange, la façon dont Rosmunda lui écrit, comme si Dilay était véritablement quelqu’un alors que Rosmunda doit avoir davantage en sa possession que la mathématicienne, qu’elles doivent venir d’exactement le même milieu social.

Dilay devrait être réjouie. A la place, quand elle a ouvert le pli de la jeune femme qui ne comprenait pas bien ce que Dilay lui avait adressé, la mathématicienne s’est sentie gênée, presque honteuse. Le sentiment lui fait tout drôle. Elle n’est pas du genre à considérer devoir grand-chose à grand monde mais c’est qu’elle éprouve parfois une sorte d’agacement à voir des gens tout couturés d’or. Imaginer que Rosmunda la voit de la même façon, inatteignable et étrangère, c’est une première. Dilay

Ça n’a pas été très difficile d’écrire autrement. Il a fallu des années à Dilay pour polir son style. Peut-être parce qu’elle ne se foule pas, d’habitude, elle en est fière. Elle a étudié des tas de livres, elle a même fait des notes avec tous les mots qu’il lui fallait mémoriser, qui faisaient joli, tout cela pour que ça rentre dans son crâne trop dur. Mais elle n’écrit et surtout ne lit toujours pas si vite, et il n’est pas si compliqué de se projeter à une époque où elle aussi, elle avait des difficultés avec tous ces verbes trop longs, où elle se demandait pourquoi il fallait absolument faire compliqué quand on pouvait faire simple. Concis.

C’est ce qu’elle se dit toujours quand elle parle. Si elle a pu impressionner Rosmunda avec sa jolie plume, Dilay espère qu’elle ne lui fera pas une drôle de tête à l’entendre lui balbutier quelque chose. Le mieux serait d’arriver à transmettre ses idées à la jeune femme pour qu’elle puisse ensuite les véhiculer à Thaddeus. Ce serait une sacrée épine en moins dans le pied de ne pas avoir à trop parler.

Quand Dilay prend la route, elle a mis un vêtement simple. Sa veste est un peu élimée, ses guêtres sont amples, à la mode du pont, et elle porte son fusil scié à son côté. Elle n’a pas pu se retenir de mettre tous ses bijoux clinquants, mais elle n’a pas la même tête que le jour de la fête, loin de là. Personne ne pourrait la confondre avec une femme de la haute société. Elle n’a pas envie que Rosmunda se mette cette idée en tête. Elle se dit que c’est parce qu’il ne faut pas qu’elle compte trop sur elle, au sujet de Thaddeus, qu’elle croit qu’elle est bardée de contacts et peut leur arranger le coup en clin d’œil.

Quand Dilay arrive devant l’auberge de bord de route, elle en pousse les portes sans hésiter. Il lui semble être déjà passée là, probablement quand elle est partie retrouver Vaast à San-Matheus. Elle ne s’est pas arrêtée, privée de l’envie de débourser une pièce où que ce soit. Aujourd’hui, c’est différent. Elle devra probablement consommer et Dilay n’est pas le genre à y penser avant. Elle le réalise en mettant les pieds dans l’établissement et son estomac se serre un peu.

Elle retire son chapeau et avance entre les tables, à l’affut du personnel. Elle ne retient pas très bien les visages, mais elle se souvient de Rosmunda, et est certaine que Rosmunda se souviendra d’elle. On oublie rarement sa grande taille.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

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Rosmunda Fornaro
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Y’a quelque chose d’amusant dans l’invitation que j’ai envoyé à Madame de Courcelles : je ne sais quand elle viendra. Je me sens comme une enfant à son anniversaire, m’attendant à ce que chaque journée soit remplie de surprises, même pas forcément liées à notre petite affaire ! Quelle idiotie, je me dis, de ne pas avoir convenu d’une date. Regardez cette petite sotte de Rosmunda qui envoie un « Venez quand vous le souhaitez » et qui se retrouve à guetter la moindre grande guerrière du Pont dans la grande salle de l’auberge ! Et pendant ce temps, elle doit continuer de servir, être sérieuse, nettoyer, sans cesser de lever la tête vers l’entrée au moindre son et soupirant lorsque ce n’est pas celle qu’elle attend ! Je m’épuise, si vous saviez.

Et le soir venu, je me surprends à relire les lettres de Madame, ne serait-ce que pour m’imprégner de son riche vocabulaire qui ne cesse de m’épater. Madame semblait des plus discrètes, timides, muettes au bal ! Et sur papier elle étale de si longues et jolies phrases qu’on jurerait que c’est un exutoire pour sortir tout ce dont elle est incapable de vive voix. Mais ça, qu’Il m’en soit témoin, je ne lui dirais jamais, c’est la moindre des politesses ! Mais je ne sais pas si j’arriverai un jour à pleinement associer dans ma tête ces deux facettes d’une même femme.

Et puis je réfléchis à notre plan. Elle m’a donné de l’espoir, Madame, et je ne sais si j’en suis heureuse ou si je dois déjà m’attendre à être déçue ! Acheter des terres à ce Thaddeus Altieri, y bâtir quelque chose à moi sur cette île si pleine de promesses ! Je n’ose trop y penser, me concentrant sur le bonheur bien plus léger, mais plus certain, de simplement revoir celle que j’ai considéré au fil de nos lettres comme une amie. Rien que ça, être auprès d’elle, m’enquérir de son état et qu’elle s’enquisse du mien, ce sera déjà un lumineux phare dans ce quotidien de soucis.

Mais allez savoir pourquoi, en m’apprêtant à monter les escaliers depuis les chambres des employés pour une énième journée à servir les mêmes habitués bourrus, je ne m’attends pas à voir Madame de Courcelles. J’ai ce tout petit défaut d’espoir après plusieurs jours d’attente. Et comme tous les défauts, ils se manifestent souvent lorsque leur emploi est le plus injustifié. Car j’aperçois Madame, là, dans la salle principale de la Grande Gourde. Ce ne peut être qu’elle, personne d’autre sur Teer Fradee ne ressemble, de près ou de loin, à cette immense et impressionnante aventurière ! Ni une ni deux, je m’élance vers elle sous le regard coupable des trois patronnes, au bar, qui n’apprécient pas vraiment de telles familiarités avec les clients.

- Madame de Courcelles ! Oh je suis si heureuse de vous voir ! Vous allez bien ? Vous vous remettez bien de vos blessures ? Oh vous m’avez l’air de manquer de nourriture ! Venez, venez on va vous servir à manger !

Sans attendre qu’elle obtempère, ou non, je m’approche du comptoir où je constate les mines sceptiques des vieilles femmes. Trois sœurs dirigent la Grande Gourde : Elena, la petite rondelette avec qui je me suis rendu au bal et avec qui je m’entends le mieux ; Yvonne, une seconde petite rondelette avec qui les relations sont cordiales, mais elle n’apprécie pas trop mes manières, qu’elle dit ; et Josette, une troisième et dernière petite rondelette qui feint l’indifférence dès qu’elle me croise. On m’a dit qu’elle me trouvait trop jolie, mais je n’en crois pas un mot.

- Patronnes, je vous présente Madame de Courcelles, une amie chère ! Je vous en ai parlé Madame Elena !

Elle cille un instant, alors que ses deux sœurs se tournent vers elle, et se souvient.

- Ah oui ! C’est vrai, c’est elle qui t’a sauvé les miches, ma petite !

Les patronnes éclatent ensemble d’un rire franc, devant lequel je ne rougis même pas, trop empressé qu’elles servent Madame et qu’on puisse bavarder. Elles nous tendent deux bols bien remplis en continuant de rire.

- Mieux vaut en rire qu’en pleurer, de cette fichue soirée, commente Elena.
- T’as raison, ma sœur, t’es revenue c’est le principal ! Ajoute Josette.
- Et j’ai même pu apercevoir Madame d’Ortian ! Quelle femme magnifique, elle emmènera cette ville très loin !

Je me tourne, un peu gênée, vers notre invitée, les deux bols dans la main.

- Viens, laissons-les à leurs bavardages, que je lui souffle.

Nous nous éloignons alors vers une table vide, un peu à part des autres. Comme tous les meubles de la taverne, elle est faite en pin massif récolté dans les environs. Vu la jeunesse de l’établissement, on dirait presque que c’est du neuf ! J’aime bien la Grande Gourde, l’ambiance y est toujours chaleureuse, parfois un peu trop, mais je commence à nourrir un espoir qui me fait relativiser les mauvais moments…

Je pose les deux bols sur la table et invite Madame à s’asseoir.

- Je reviens, je vais chercher à boire. Vin, bière, lait frais ?

Peu importe ce qu’elle préfère, je lui amène et nous nous installons enfin devant notre repas ! Le ragoût du jour, vu que c’est le début de la semaine, est composé de beaux poissons pêchés du matin. Lesquels, par contre, ça me demandez pas. Les morceaux flottent dans un bouillon épais avec des carottes et des pommes de terre, accompagné d’une grosse miche de pain. J’espère qu’elle ne trouvera pas ça trop frugal…

- Bon appétit ! Aller, raconte-moi des nouvelles, j'ai hâte de savoir comme tu te portes ! Lui dis-je avant de prendre une grande cuillerée de ragoût.
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- Madame For-Fornaro.

Ça commence bien. Dilay sent une moue lui monter aux lèvres alors qu’elle éprouve quelque joie à retrouver la brunette. Elle aurait dû s’entrainer à dire son prénom à haute voix.

Elle se racle la gorge, assaillie de questions par la petite Rosmunda. Elle est comme dans ses souvenirs, note Dilay. En moins terrifiée quand même. La mathématicienne n’arrive pas bien à distinguer l’état émotionnel des autres rien qu’en les regardant, mais cela au moins elle le remarque.

- On fait aller. Et vous ?

Lance Dilay qui n’hésite pas à emboîter le pas de Rosmunda. Il faut dire qu’elle est un peu pareille – dès qu’elle a un invité, sa première idée et de lui mettre quelque chose dans le bec.

Et, vraiment, elle ne va pas dire non à de la nourriture gratuite. Elle embrasse les alentours d’un regard curieux, de derrière ses lunettes. Elle a surtout fréquenté des tavernes du dernier parce que ses accointances avec la garde lui donnent parfois des ristournes. L’établissement est plus propret, la passe et les combats en moins.

Quand Rosmunda présente Dilay comme une amie chère, la jeune femme est heureuse de ne pas pouvoir trop rougir de sous sa carnation. Elle tire une drôle de tête, les yeux un peu ronds, et avise Rosmunda.

Et puis après tout… Pourquoi pas. C’est que se faire poursuivre par un ulg ensemble, ça crée des liens et la jeune femme n’a pas été autre chose qu’aimable, ce qui suffit amplement à Dilay.

Dilay arrache son attention de Rosmunda pour la tourner vers les deux « patronnes ». Elle les fixe tour à tour pendant qu’elles parlent, et fait un geste avec son chapeau pour les saluer l’une et l’autre.

- B-Bel établissement.

Se contente de commenter Dilay avec un sourire qui découvre sa dent pivot. Elle n’a pas envie de se lancer dans un débat politique. A vrai dire, elle s’en fiche comme d’une guigne de l’avis des autres sur la question. Ce n’est pas ça qui va l’empêcher de faire exactement ce qu’elle veut et ça n’empêche pas d’être polie.

D’expérience, Dilay a le sentiment qu’arguer avec les petites vieilles est toujours en pure perte.

Comme Rosmunda parle bas à la mathématicienne, celle-ci manque de ne pas entendre ce qu’elle lui dit. D’ailleurs, elle n’est pas certaine d’avoir bien compris, alors elle se contente de suivre la brunette quand elle s’éloigne. Dilay se sent un peu brinquebalée de droite à gauche, à tenter de ne déranger aucune table avec ses grands membres dégingandées, mais elle ne proteste pas. Sa moue demeure songeuse.

Elle prend place à la table, lève le pouce pour remercier Rosmunda et demande :

- L-Lait.

C’est un petit soulagement en soi que Rosmunda ait proposé quelque chose de non alcoolisé d’entrée de jeu. Dilay s’étend nonchalamment sur la chaise, le dos pas très droit, le pied qui tapote contre le sol. Elle attend que la jeune domestique revienne en retirant sa ceinture où se trouve son arme et en la posant sur le dossier de sa chaise. Ce n’est pas très poli de porter son arme comme ça dans un lieu de sociabilité.

Le repas que Rosmunda apporte tire un franc sourire à Dilay. Ca, elle a pas perdu sa journée, se dit-elle, avec l’air de quelqu’un qui vient de faire une bonne affaire. Ce n’est pas seulement de la nourriture gratuite, c’est de la nourriture gratuite qui calle son homme. Celle que Dilay préfère. Elle commence à couper son pain pour le tremper dans son ragoût, et ses yeux reviennent sur Rosmunda quand celle-ci s’adresse à elle.

Elle s’immobilise dans son geste, un peu embêtée en rétrospective parce que la petite bonne femme n’a été que gentillesse depuis son entrée dans l’auberge. Dilay toussote et prend la parole :

- Merci.

Ensuite, elle ajoute en désignant du pouce le comptoir :

- T-Tu sais… Tu t’es sauvée toute seule là-bas. T’as couru quand fallait. Dans une situation de crise, y a des gens qui deviennent tout raides. T’as juste fait ce qu’il fallait.

Oh, ce n’est pas désagréable de prendre la palme de mais tout cela tenait tellement du réflexe que Dilay n’arrive pas à se sentir exactement fière. Il faut dire que la réponse était surtout due à l’adrénaline et à la peur, pas à un plan bien pensé. Et Rosmunda mérite un rien de reconnaissance aussi.

Quant au reste… Dilay qui ne peut pas mentir en gardant une mine sobre pour tout un empire essaie de contourner un peu le problème :

- J-Je suis un peu restée avec un ami. C’était bien. Je me suis soignée puis j’ai pu récupérer, regarder un peu ce que j’allais faire avec tout le foutoir actuel, là. Et toi ?

Dilay parle dans un drôle de mélange, à la fois lentement et en articulant peu. Visiblement elle cherche ses mots autant qu’elle bute dessus. Elle prend de bonnes cuillérées du ragoût entre chaque phrase. Elle désigne Rosmunda d’un index, et hausse les sourcils, comme pour davantage appuyer sa question par des gestes que par des mots.



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Cela me fait tant plaisir de revoir Madame de Courcelles ! Je suis si enthousiaste que je mets une bonne paire de minutes à me rendre compte qu’elle a du mal à placer le moindre mot. Tout d’un coup, je me sens horriblement confuse. Me voilà à l’assaillir de questions alors que, et cela me revient désormais, elle a des soucis de diction qui la frustrent sûrement encore plus lorsqu’elle est ainsi mise en porte-à-faux avec une pipelette telle que moi ! Oh Ros, vraiment tu exagères ! Tu aurais pu te souvenir de ses difficultés, idiote ! Mais alors que mes joues s’empourprent, déposant le verre de lait qu’elle a demandé sur la table, je prends place en me promettant de lui laisser autant que possible de l’espace dans cette conversation ! Quand même, quelle étrange femme que voilà, impossible à réfréner quand il s’agit de noircir du papier, mais incapable de suivre la cadence une fois qu’elle doit s’exprimer.

Prenant enfin place devant elle, je me suis personnellement servi une petite cervoise sombre, mais aux bulles si fines qu’elle chatouille presque la langue. De quoi redonner le sourire, qu’on le veuille ou non ! Là encore, drôle de spectacle qu’on doit présenter, avec la large et puissante Madame de Courcelles affublée de son vert de lait de montbéliarde et moi, vingt kilos et deux têtes de moins avec une large choppe entre les mains. Je sens d’ici le regard de mes patronnes qui vont certainement inventer tout un tas d’histoire à notre sujet pendant que l’on discute. Et en parlant de discuter, je l’en remercierai presque, Madame démarre la conversation ! Avec ma maladresse de tout à l’heure, qui sait quand j’aurai osé prendre la parole de nouveau !

Mais voilà, aurais-je préféré qu’on reste muettes plutôt qu’elle me donne tout le crédit de mon « sauvetage » ? Probablement ! Je suis donc condamnée à finir rouge comme une tomate ? J’en baisse les yeux vers le sol alors qu’elle ose dire que j’ai été brave et sage de prendre mes jambes à mon coup ! Mais je prends mon courage à deux mains pour réfuter ces louanges que je ne mérite pas le moins du monde !

- Ce n’est pas vrai ça ! C’est toi qui m’a sauvée en t’interposant face à ces crapules ! Tu penses que j’aurai pu courir longtemps si tu n’avais pas été là ? Non non, tu m’as sauvée et moi je ne suis qu’une pauvre lâche de t’avoir abandonné ! Je ne reviendrai pas là-dessus.

Qui sait si la moue que j’arbore est sincèrement renfrognée ou si je fais la comédie car, en réalité, ses mots me touchent et me permettent, un peu, de me pardonner cette terrible impuissance lors de cette funeste soirée. Je n’en ai pas dormi pendant des jours ! Non pas que je repensais à ce flot de sang sur le sol, ces cris terribles, cet homme terrifié qui s’avérait tremper dans l’affaire, mais ce qui me paralysait le plus c’était ce sentiment de n’avoir rien pu faire, même pas sauver ma propre vie, toute seule. J’ai mis mes amies en danger alors que ce devrait être le B.A.BA sur Teer Fradee de savoir prendre soin de soi ! Non, j’ai été stupide et incompétente et même si les mots de Madame de Courcelles me rassurent sur le fait qu’elle ne m’en veut pas, moi je me le reprocherai jusqu’à mon dernier souffle.

Mais rien ne sert de s’assommer éternellement avec ces histoires, notre conversation continue et c’est le principal. Madame aborde ensuite ce que je pense être les récents évènements à Nouvelle-Sérène, ce qu’elle appelle… pardonnez-moi, le « foutoir actuel ». Un peu vulgaire pour une dame tout de même !

- Ah tu veux parler de ce qui s’est passé après le bal ? Des tensions entre les grandes pontes de la ville ?

Je me doutais qu’elle parlait de cela car nous en avions discuté dans nos échanges de lettres. C’est une journalière, Madame de Courcelles, elle vit au jour le jour en travaillant pour qui paie bien, donc c’est certain qu’elle s’intéresse à ces histoires ! Quand les choses se bouleversent comme ça, y’en a à qui ça profite et pas d’autres. Et justement, en parlant d’en profiter… Oh par la Lumière, je m’en crois toujours pas capable de parler de ça.

- Oh bah tu sais, moi j’ai continué de travailler ici ! Je m’y plais bien même si c’est difficile. J’avale une gorgée de cervoise en glissant un regard en arrière, pas d’yeux sur nous. Mais je dois bien avouer que depuis nos derniers échanges… bah j’ai quelques idées qui me trottent dans la tête. Mais j’ose pas trop en rêver, sinon j’ai peur d’être déçue.

J’ai un petit rire gêné, mais c’est la vérité. Me voilà à m’imaginer avoir mon propre établissement, comme Erika, mais indépendant de la Garde. M’imaginer gérer mes stocks, mes dépenses, mes recettes, mes employés, mes clients, me faire une petite place dans cette ville qui doit choisir entre grandir ou se serrer la ceinture. Me voilà à y penser à tout ça, et ça me fait peur.

- Mais… si t’es dans le coin, on pourrait… S’aider l’une et l’autre. Tu sais moi je connais plein de monde qui pourraient t’aider à gagner un peu de sous !

Me voilà à presque essayer de la soudoyer juste pour qu’elle reste avec moi. Quelle triste amie je fais ! Mais je ne sais pas comment m’y prendre moi, c’est un monde qui m’est inconnu et où elle a l’air bien plus à l’aise ! Celui des petits tours de passe-passe, des combines, de la débrouille ! J’aimerai juste pas qu’elle s’imagine que je veux profiter d’elle sans compensation ! Donc bon, je mets ce que je peux sur la table ! Je dois être vraiment ridicule…
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Dilay scrute Rosmunda avec une moue. La brunette semble catégorique : elle veut prendre le blâme pour ce qui s’est passé, et Dilay n’est pas bien d’accord avec sa version des faits. Elle hausse lourdement les épaules, pas décidée à laisser ça passer.

- J-Je sais pas.

Répond la jeune femme à l’évocation de l’endurance de la domestique. Elle signe de sa main gauche pour signifier que ça n’a pas vraiment d’importance.

- T-Tu l’aurais découvert. Mais c’est bien que ce soit pas le cas. T’aurais rien pu faire. Moi, j’ai failli me faire tuer. T’es pas lâche. Tu veux vivre. C’est normal.

Dilay l’assène avec conviction mais aucune agressivité, ceci dit elle appuie de l’index sur la table à chaque nouvelle phrase comme pour marteler son point de vue. Ensuite, elle se prend une rasade de lait, ce qui fait moins clinquant que de ponctuer ses propos d’une bonne mousse. Qu’importe.

Dilay a un sourire grimaçant. Un peu plus, et elle croirait parler comme son père. « Joue pas aux héroïnes », qu’il lui aurait dit. « Tu seras dans les pattes de ceux qui savent faire », qu’il aurait ajouté.

En l’occurrence, la mathématicienne était celle « qui savait faire » en situation. Si elle devait en vouloir à quelqu’un, ce serait peut-être à Erika. Même à la taverne, Erika était membre de la garde. Elle devait avoir eu un entrainement. Pouvait-on dire que c’était un mauvais réflexe, de se carapater ?

- J’ai regretté d’avoir fait ça.

Confesse Dilay à mi-voix en fixant Rosmunda.

- Q-Quand j’y étais. Je me suis dit que c’était pas malin. J’ai fait ça par réflexe. Toi aussi. Puis… C’est de l’eau sous les ponts maintenant.

Elles sont en vie et c’est bien pour ça qu’elles peuvent philosopher à ce sujet. Dilay reprend une gorgée de sa boisson. C’est probablement le terme « lâche » qui lui a envoyé des picotements dans la colonne vertébrale, elle se dit en reposant son verre. Être lâche, c’est l’une des pires choses qu’elle peut penser sur qui que ce soit, et elle n’a pas envie que son interlocutrice le soit.

Dilay opine du chef quand Rosmunda s’enquiert de ce dont elle parle. Elle hausse les sourcils alors que la jeune domestique lui décrit ses rêves, et elle aussi assène une œillade alentours, quand Rosmunda le fait.

- C’est si t’essais pas que tu seras déçue.

Juge Dilay, qui n’a pas vraiment le mot « patience » ajouté à sa bannette de qualités. D’un autre côté, elle comprend Rosmunda. Son travail lui apporte stabilité et une entrée de revenue régulière. Ce serait un saut dans le vide, mais…

- O-On est tous des aventuriers sur cette foutue île.

Et avec ça, Dilay finit son verre. C’est que le lait, ça se boit vite, quoi qu’à une époque elle aurait fait un sort à peu près similaire à une pleine pinte. Après, elle se contente de faire tourner le récipient vide entre ses mains, pas moins agitée qu’à l’accoutumée.

« Diantre », songe la mathématicienne à la proposition de Rosmunda. La petite a vraiment le cœur sur la main. Ca cache quelque chose, se dit immédiatement Dilay, mais ensuite, quand elle se demande quoi, elle n’a pas trop d’idées, alors elle répond.

- Je vais pas cracher sur du travail.

Elle tapote du bout des ongles contre le verre, produisant un bruit relativement mélodieux. Très relativement. Comme elle n’entend pas bien, ça ne lui esquinte jamais les oreilles. Elle fixe un instant par-dessus l’épaule de Rosmunda pour rassembler ses pensées.

- J-J’ai un plan.

… Si on peut appeler ça comme ça…

- …L-Le début d’un plan…

… Ce qui serait plus véridique. Si Vaast ne l’avait pas conseillé, Dilay se serait rué la tête la première dans le bureau de Thaddeus pour lui présenter ses doléances. Ca empêche d’être nerveux de foncer dans le tas, on n’a pas le temps d’y penser avant d’être face à ses peurs… Comme pendant la fête. C’est après que ça apparaît comme une très, très mauvaise idée, mais Dilay s’est toujours dit qu’elle était meilleure pour improviser. Le problème, c’est que ça apporte quand même des emmerdes, et quand ce sont les siennes, et seulement les siennes, Dilay s’y fait. Elle n’aimerait pas y traîner la petite Rosmunda, d’une part par égard, et de l’autre parce qu’elle devrait s’occuper de quelqu’un d’autre quand, vraiment, elle préfère ne penser qu’à elle.

Dilay fait rouleau l’anneau qui perce sa narine.

- Si on s’en-entraide faut qu’on se donne l’une à l’autre. Tu m’aides à trouver du travail. Moi… De quoi t’as besoin ? On a parlé du gros bonnet là, Thaddeus… Tu veux toujours le voir ?



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En vérité, je dois admettre que je n’avais jamais eu le point de vue de Madame de Courcelles sur ce qu’il s’était passé cette nuit-là. Lorsqu’on l’avait ramenée à la clairière, assommée, je n’avais en tête que ma fuite et à son réveil j’avais tout sauf envie de lui parler de cet affreux moment ! Et puis tant de gens étaient venus l’interroger, la réconforter, j’étais de trop. Mais maintenant que nous sommes toutes les deux, me voilà hébétée en entendant son récit. Ainsi elle… regrette son geste ? Elle trouve son comportement déraisonnable ? Ô Lumineux, mais de quelle vue déformée sur elle-même vous avez doté cette pauvre femme ? J’ai l’impression de me voir, mais moi j’ai de bonnes raisons de me maudire, j’ai fui comme une lâche ! Et voilà que Madame s’étant sacrifiée pour sauver ses deux amies s’estime idiote d’avoir risqué sa vie dans le même temps ? Même si je fais deux têtes de moins, je lui montre ma mine la plus réprobatrice.

- Oui, tu as fait ça par réflexe, tu nous as sauvé moi et Erika par réflexe. Je ne sais pas de quel monde tu viens, ma chère amie, mais dans le mien c’est tout sauf de l’idiotie. Tu l’as dit, c’est du réflexe, et un réflexe qui me permet sûrement aujourd’hui d’être là en face de toi. Alors ne sois pas si dure avec toi-même, ne t’inquiète pas que plein de gens seront ravis de te rabaisser !

Je dis ça en avalant quelques gorgées de bière acidulée, sûrement faite avec les épines de sapin de la forêt voisine. Je dois vraiment avoir l’allure d’une vieille maman faisant la leçon à sa fille, et rien qu’à penser à ce tableau je me trouve ridicule, mais je ne compte pas laisser Madame de Courcelles s’embarrasser toute seule devant moi alors que je lui dois la vie ! Mais voilà que nous changeons de sujet, et sûrement pour le mieux, je n’ai pas envie de l’agacer tout de suite, ça arrivera sûrement bien assez vite. Parler du futur nous fera plus de bien que de ressasser le passé.

Le fait que je lui propose du travail semble lui plaire. En même temps, je connais peu d’oisifs que ça rebuterait d’avoir de quoi gagner leur vie. Mais je ne sais pas si Alix a bien conscience de qui je parle quand je dis « connaître du monde » et le souvenir d’une sombre soirée à récupérer une idiotie de contrat me fait me demander si je fais bien de l’envoyer vers de tels employeurs. Puis je la regarde, solide, burinée comme si le soleil avait participé à rendre sa peau résistance aux balles, les yeux pleins d’une fatigue jamais résignée. En vérité, elle sera bien plus indiquée que moi pour remplir leurs sombres besognes, et j’ai comme dans l’idée qu’elle aura moins de scrupules.

Le brouhaha autour de nous m’agite, on va sûrement bientôt me réclamer de retourner au travail, mais j’aimerai pousser plus loin cette discussion avec mon amie. Je la vois si peu ! S’il s’écoule encore des semaines avant notre prochain bavardage, je serais bien en peine. Et là, à ma surprise, voilà qu’elle m’annonce avoir un plan. Je cille, balayant la pièce pour m’assurer que cela ne tombe pas dans des oreilles plus intéressantes, puis je fais un signe du menton à Alix pour l’inviter à développer. Mon visage ne peut se départir d’une expression de curiosité grave.

Et là, elle me rappelle nos échanges écrits, que d’un coup je me remémore comme l’étrange et complet opposé de notre conversation actuelle : elle est malhabile et brève, je suis bavarde et longuette. Mais dans ces échanges, nous avions effectivement discuté d’un certain Thaddeus… Un homme qui, selon les dires d’Alix, pourrait me prêter de l’argent pour, j’ose à peine le formuler dans mon esprit, ouvrir ma propre affaire. L’idée d’être endettée ne m’a jamais effrayée. Nous sommes toujours débiteurs de quelqu’un, je considère par exemple devoir beaucoup à la jeune femme face à moi, quand bien même elle ne le reconnaître jamais. Et je me sens plus à l’aise à l’idée de devoir de l’argent que quelque chose de plus précieux comme ma propre vie.

Mais à l’évocation de nos échanges au sujet de Thaddeus, j’oserais même parler d’élucubrations tant ça me paraît ridicule aujourd’hui, je sens mon visage s’assombrir et ma vigueur me quitter petit à petit. Par lettre ça me semblait bien plus simple d’évoquer des rêves aussi lointains et inaccessibles, et maintenant qu’elle me propose sans langue de bois de travailler à leur réalisation je me sens idiote.

- Oh tu sais… je ne sais pas si c’est une très bonne idée maintenant que tu le dis… J’ai jamais tenu ma propre affaire, puis cette ville grandit vite il y a une concurrence énorme, et j’aurai sûrement peu de clients… Plus on en parle, plus ça me paraît déraisonnable comme idée.

Je laisse échapper un léger rire pour me réconforter, mais je pense que même un natif comprendrait que cela ne fonctionne pas. J’essaye de trouver au fond de ma choppe, dans cette bière plate et sombre comme l’océan, de quoi poursuivre la conversation pour ne pas définitivement perdre l’estime et l’intérêt de ma chère amie. A cet instant ça me paraît cent fois plus important que je ne sais quelle auberge.

- Mais tu sais, moi je serais ravie qu’on travaille ensemble ! Juste, je me dis que c’est peut-être un peu trop gros, un peu trop beau, des projets pareil. Tu penses pas ?

Evidemment je n’aurais pas son approbation, mais au moins je la ferais rentrer un instant dans mes petites bottes de simple serveuse et, peut-être, qu’elle ne me jugera pas trop durement. Dans le cas contraire je pleurerai ce soir comme tant d’autres fois auparavant et je n’en mourrais pas plus… Ce sera déjà ça.
Alix
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Feat Rosmunda


Dilay hausse lentement les sourcils et un sourire narquois étire ses lèvres alors que la petite brunette lui sert un discours.

- J-Je suis pas dure. Je suis réaliste. Ceci dit… Je pourrais te dire tout pareil.

La jeune femme fait un geste vague, visiblement désireuse de passer à autre chose. Ce n’est pas dans ses habitudes de débattre et ressasser au sujet du passé, d’autant que pour aborder en profondeur la nature de son réflexe il faudrait qu’elle aborde tout un tas de choses délicates. Elle tapote doucement son verre sur la table. Ça n’a pas pris long pour qu’elle le finisse. Elle remarque Rosmunda qui regarde alentours, et la mathématicienne fait de même. Ses patronnes ne doivent pas aimer qu’elle tire au flan et Dilay remarque :

- Tu peux y retourner quand tu veux. Je reste là.

Comme ça la jeune domestique peut faire quelques pauses au lieu de longuement rester assise là, et donner le sentiment à ses employeuses qu’elle est active. Ce n’est pas l’idéal, forcément, pour que ça en vaille vraiment la peine pour le trio de bonnes femmes il faudrait que Dilay consomme beaucoup ce qu’elle n’est pas du tout prête à faire. Elle ajoute :

- Ou dehors. On se voit dehors. Après ton service.

C’est que le plan, ça mettrait quelques temps à le débattre, à l’exposer, et si elles sont sérieuses, alors il faut qu’elles s’y mettent pour de vrai, à commencer par la mathématicienne, si peu habituée à réfléchir les choses en amont de cette façon. Elle imagine cependant que ce sera laborieux et long aussi, et qu’à la fin elle aura probablement mal au crâne. C’est à ça que ça ressemble dans les romans, et sur le visage de ceux qui ont tout le temps des coups d’avance. A force de se froncer le visage comme ça, ils se donnent des rides, juge la jeune femme. Ça rend malheureux, aurait-elle dit auparavant, de tout penser en avance. On souffre deux fois – en s’angoissant et en le vivant. Dilay le sent déjà. Malgré ses sourires et son air insolent, elle est tendue, elle est nerveuse, elle est sur le qui-vive et ce depuis cette foutue fête.

Première étape, se dit la mathématicienne alors qu’elle se penche en avant, les sourcils un peu froncés pour écouter Rosmunda, c’est lui donner confiance. Si elles doivent être partenaires en quoi que ce soit, il faut que la fille y croie. Dilay ne sait pas bien si elle-même se sent emplie d’assurance. Non, elle est acculée, et ça ne donne pas trop le choix. Il faut que Rosmunda le veuille autant que ça, dans ses tripes.

- Faut bien une première fois. Si c’est pas aujourd’hui, ce sera quand ? Si tu te dis toujours que tu l’as jamais fait alors ouais, tu le feras jamais. Ce sont des excuses. Je sais… L’angoisse.

Dilay pose une main sur son propre cœur et la ressert comme pour mimer l’étroitesse de sa poitrine quand la sensation la saisit, ses yeux d’ambre rivés sur la domestique.

- S-Si c’est beau, ça devrait pas te donner envie de le faire ? Pourquoi, parce que ce serait beau, alors ce serait pas possible ? Il arrive des trucs chouettes tous les jours à plein de gens, pouf comme ça… Et je te dis, c’est temps que la roue tourne. On mérite des trucs chouettes aussi. Va falloir le provoquer, le hasard. Ce sera dur au début. Mais c’est pas facile maintenant. Puis si t’as abandonné ta vie sur le Continent, c’est que tu l’as en toi, hein ?

D’un mouvement du poignet, elle embrasse toute la salle, tous les clients, et poursuit :

- O-On l’a tous. On a fait un pari. On a pas intérêt à se foirer. Y a un monde à construire dehors, des tas de pierres anonymes qui peuvent bientôt porter nos noms.

Un instant, Dilay a la gorge serrée, un goût acide au fond de la langue. Elle ne croit pas à la providence. Il y en a qui naissent riches, d’autres pauvres, et tout le travail assidu ne change pas ça, pas en une vie, pas sans opportunités et peut-être que c’est exactement ça Teer Fradee. Sauf qu’elle, elle ne compte pas rester. Tout ça, elle le fait pour partir, tout ce qu’elle fait ici, c’est une pierre de plus posée sur le continent.

Elle ne ment pas à Rosmunda, se raisonne-t-elle. Elle la motive. A-t-elle vraiment envie de rester au service des autres toute sa vie ? Dilay sait que la réussite foudroyante, ça existe surtout dans les histoires, mais elle ne lui propose pas d’essayer de remplacer la Gouverneuse. Une employée qui ouvre son propre établissement, ça se serait déjà vue. Erika ne venait pas de grand-chose…

Mais Erika avait des relations. Dilay sert la mâchoire. C’est toujours comme ça.

- L-La con-concurrence, on s’en balance si on a la faveur d’à peine quelques riches.

Complète, plus pragmatique, la mathématicienne.



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
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Tandis qu’autour de moi des clients se lèvent, reviennent du bar où s’affèrent mes trois patronnes, m’encerclent et me bousculent je n’arrive pas à lever les yeux de ma choppe autrement que pour guetter les réactions de Madame à mon discours. Pour dire vrai, j’imaginais qu’elle serait déçue de ma faiblesse et enterrerait profondément ce sujet pour ne plus jamais l’exhumer, m’épargnant ainsi aimablement une honte qui pourrait me suivre longtemps, tenace. Mais au lieu de ça ce que je vois m’effraie beaucoup plus que cela. Elle sonde mon regard, mes épaules, les rides de mon visage… elle me jauge, Ô Lumineux, pourquoi fait-elle cela ? Mes yeux s’écarquillent, elle entrouvre les lèvres, je sais ce qu’elle va prononcer.

- Faut bien une première fois. Si c’est pas aujourd’hui, ce sera quand ? Si tu te dis toujours que tu l’as jamais fait alors ouais, tu le feras jamais. Ce sont des excuses. Je sais… L’angoisse.


Non mon amie, je t’en supplie sur tout ce que j’ai de plus cher, ne nourrie pas ma naïveté, mes rêveries de jeune fille, mes envies d’ailleurs ! Ne me regarde pas comme ça, avec ces mots de compréhension et d’encouragement, pour que je te serre la main et qu’on aille ensemble fonder une affaire ! Ma gorge se noue, barrant la route à je ne sais quel mélange poisseux souhaitant s’extirper de mes tripes pour former des mots que je ne veux pas prononcer !

Et là, voilà qu’elle sort le grand jeu. Je m’étais dit naïvement qu’une femme comme ça, timide, qui parle peu, qui parle mal, eh bien je serais tranquille ! Elle n’aurait pas les moyens de m’émouvoir par ses bégaiements, ses hésitations, ses difficultés ! Je me déteste profondément de raisonner ainsi, mais si elle commence à me convaincre ce serait un cauchemar ! Je ne veux pas voir mes rêves brisés, je veux les garder près de moi, les garder à l’état de brumeuses pensées invincibles, ni plus ni moins ! Si nous nous lançons dans pareille entreprise, que nous échouons, que cela brise notre amitié, nous enfonce dans la misère financière, nous pousse dans les bras de types dangereux juste pour pouvoir survivre, je n’aurai même plus ces rêves merveilleux pour moi, ils seront devenus mes cauchemars !  

Mais elle sort le grand jeu, et je ne peux pas lutter. Elle joue bien son jeu quand même. Ses mots sont beaux, rudimentaires forcément, mais simplicité n’a jamais interdiction d’être belle. Et pour être franche, c’est probablement parce que c’est Madame de Courcelles, elle et ses difficultés et son air de bagarreuse au cœur de pierre, qui prononce ces mots qui les rend d’autant plus impitoyables. Je ne peux pas lutter contre ça, pas contre cette femme qui me tend un cœur rempli de confiance envers moi, d’envie de m’accompagner dans une aventure que je n’ose imaginer possible, alors que l’on se connaît à peine ! Je ne peux pas résister à tant de cœur, tant de bravoure, à ce tableau épique et puissant qu’elle dépeint de notre petit monde sur Teer Fradee, affirmant que venir ici c’est déjà avoir une âme d’aventurier. Une chose que je ne me serais jamais dite, pour sûr, car jamais je ne me serais crue aussi courageuse que ce qu’elle décrit.

Et pourtant, elle a raison. Je l’ai fait. J’ai quitté ma mère, j’ai quitté ma sœur, mes amis, mon travail, mon foyer, ma terre natale pour venir ici, une île si lointaine, sauvage et hostile dont je ne connaissais rien et où je serais seule. J’ai vécu des mois de maladie, de pauvreté et d’errance, pourtant je ne me souviens pas avoir jamais désespéré, m’être dit qu’il valait mieux quitter ce monde plutôt que de souffrir un peu plus. J’ai toujours avancé, bon gré mal gré, parce que je ne voyais pas d’autre solution pour m’en sortir. J’ai volé, j’ai menti, j’ai manipulé pour jouer mon rôle dans les jeux politiques incessants de cette ville car c’était cent fois mieux payés que tous les boulots auxquels je pouvais prétendre. J’ai fait tout ça, et Alix a l’air de pouvoir lire tout ce que j’ai vécu juste en examinant mes yeux.

- Je… je ne sais vraiment pas quoi dire. Que je réponds, levant petit à petit le visage vers celui de mon amie.

- L-La con-concurrence, on s’en balance si on a la faveur d’à peine quelques riches.


Sans que je m’en rende vraiment compte, ma main droite se met à caresser mon menton, alors que j’ai les yeux perdus sur les condiments devant moi, détaillant un crouton de pain comme si chaque morceau de mie pouvait receler une pièce d’un puzzle gigantesque qu’il me fallait résoudre. Je sens mes traits se durcir, mes sourcils se froncer, car mon cerveau bouillonne. Il y flotte une brume rassurante, car elle n’est plus épaisse, sombre et infinie comme ce qui avait pu me faire face auparavant, là j’avais dans la tête un brouillard fin, frais, me laissant entrevoir la lumière droit devant. Il me faudra avancer avec précaution, éviter les fossés, les racines embusquées, les pièges sur ma route, mais si je prends cette direction aujourd’hui je sais maintenant que je pourrais déboucher quelque part, au soleil.

- Tu as raison je dois reprendre du service, retrouve-moi dehors d’ici une heure. On a des choses à faire.

Je crois que c’est la première fois que je m’autorise à faire l’ingénue, la mystérieuse, la cachotière, mais je pense qu’elle a très bien compris mon propos de toute façon. Et s’il est besoin de plus d’explication, j’adjoins un sourire des plus univoque et je lui fais un signe de tête avant de me lever, emportant ma choppe pour la nettoyer derrière le bar et reprendre le travail. Je suis encore toute tourneboulée, absolument pas certaine de tout ce dans quoi je m’embarque. Mais je sais une chose : avec Alix près de moi, rien ne pourra m’arriver.
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Et voilà, juste comme ça, Dilay l’a fait. Elle se renverse toute entière dans sa chaise, la tête qui lui tourne un peu. Elle n’a jamais convaincu personne, en tout cas pas en essayant si fort. Elle ne sait plus pour qui elle le fait ; pour Rosmunda, pour elle-même, pour personne, simplement parce qu’il fallait le dire, parce qu’il fallait que la petite domestique le regarde en fasse. Dilay n’est pas du genre à se mêler de ce qui ne la regarde pas, à mettre le doigt dans une plaie et à la titiller jusqu’elle saigne. Elle a beau être observatrice c’est aussi une grande pudique. Elle n’aime pas qu’on vienne lui chercher des affaires alors elle n’en fait pas aux autres.

Mais voilà qu’elle l’a fait, elle a cru le voir sur le visage de Rosmunda, l’entendre dans ses mots. Elle lui a donné une bonne motivation à l’arrière-train, ça oui, et maintenant elle ne sait plus trop quoi faire. Cependant, elle sourit, son sourire rogue et canaille, avec plus d’assurance qu’elle n’en ressent.

- O-On se dit ça.

Elle glisse à Rosmunda avant de rester bêtement assise là. Elle tapote furieusement le bois du bout des doigts. Il va falloir qu’elle consomme ou elle va se faire mettre dehors. Elle demande un potage aux légumes et met de gros morceaux de pain à l’intérieur. Elle mange sans trop y prendre garde. Elle est si nerveuse et ça sent tellement l’alcool à la table d’à côté – ou peut-être que c’est son esprit à cran qui démultiplie l’odeur – qu’elle a très vite envie d’en commander une, une bonne pinte.

Mais ce n’est pas dans le plan, ça, de se mettre une murge. Elle l’a révisé avec Vaast religieusement. Alors, elle déplie sa grande carcasse après avoir fini son repas et elle va la poser à une table où ça joue quelques manches aux cartes. L’activité lui permet vite de penser à autre chose, malgré sa jambe qui tape une cadence fantôme et son talon qui racle parfois le sol. Elle discute de choses sans importance avec les autres clients. Elle les regarde aussi un peu tous du coin du l’œil. Elle a du mal à chasser entièrement toute la conversation qu’elle vient d’avoir, tout ce qu’elle a dit. Dilay se demande si elle le pense vraiment.

Est-ce que tous ces gens ont peur ? De la disette qui va peut-être frapper, des Natifs qui vont peut-être venir ? De la Malichor, de la guerre ? Est-ce qu’ils y pensent ?

Evidemment. Tout le monde y pense, personne n’en parle, et Dilay a mis les mots sur tout ce que tout le monde qui a mis le pied sur cette foutue île pense ; se faire un nom, se mettre en sécurité pour ne plus jamais connaître tout ça. Rien que le verre d’eau qu’elle sirote est une bénédiction. Celle du Continent, il fallait toujours la couper au vin. Parfois, elle sentait la rouille, comme s’il y avait du sang dedans.

Et pourtant, tout ce que Dilay a dit, elle l’a dit pour y retourner, sur ce Continent. Pour retrouver les hauts murs du manoir de Sérène et le jardin de statues figées où rien ne pousse.
Ca, Rosmunda n’a pas besoin de le savoir, ni Vaast. Pas qu’il ne s’en doute pas, mais elle ne lui a jamais craché au visage, comme ça, que c’était temporaire son séjour sur l’île, qu’un jour il faudrait bien qu’elle rentre.

On dirait qu’il n’y a qu’elle qui se languit des fumées acides et de la terre qui ne donne rien, elle songe, caustique, et quand elle y pense, elle n’est pas certaine que tout lui manque tant que ça. Il faut qu’elle rentre, c’est tout.

Avant de sortir de l’établissement elle repose son chapeau sur sa tête et elle l’incline pour saluer la compagnie. Elle marche jusque vers les étables attenantes et s’abrite à moitié dessous, pas désireuse de se prendre une drachée si le temps devient capricieux. C’est assez éloigné, ici. On sent les arbres, on sent la pluie. Dilay a le cœur mélancolique mais elle trouve vite à se distraire. Elle a un de ses casse-têtes dans la tête et elle l’opère tout en jetant des coups d’œil pas si attentifs de derrière ses lunettes. Peut-être que Rosmunda sera discrète, d’autant que Dilay ne se fait pas d’illusion : elle ne l’entendra pas approcher. Alors elle a la tactique inverse. Elle-même se fait très visible pour que la petite brune n’ait pas de mal à la retrouver.




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Ô Lumineux, je vis le service le plus long de ma jeune carrière ! D'habitude, c'est pas comme si j'avais grand-chose à penser pendant que je travaille. Au contraire, même, c'est ma force ! Je me meus avec tant de réflexes que j'ai tout le loisir d'ouvrir grand les oreilles pour laisser à celles et ceux qui ont une vie intéressante le soin de m'en faire parvenir quelques bribes, si possible de celles qui se vendent cher chez ceux que ça intéresse ! C'est comme ça que votre Rosmunda arrondi les fins de mois, vous croyez quoi ? Que ça m'intéresserait autant ce plan de folie si j'étais bien payée à récurer les planches gluantes des tables de ce bouge ? Je les aime, mes vieilles patronnes, et je leur rendrai visite aussi souvent que c'est permis une fois bien à l'abri dans mon auberge à moi !

Oh, sacrebleu, voilà que j'accepte d'y croire moi, maintenant ! Mais que me prend-il ?! Que dirait ma pauvre mère en me voyant rêvasser ainsi, à m'imaginer à une place qui n'a jamais été la mienne en ce monde ?! Oh ça, je me prendrais deux bonnes baffes sur la trogne, je les aurais pas volées, et je serais vite guérie de cette utopisme stupide ! Mais... c'en est vraiment, dites ? Je vous demande parce que... je saurais pas à qui d'autre m'adresser, quoi. Si je continue de montrer à Alix que je doute de chacun de ses mots, ma chance va filer plus vite qu'un hérisson devant un renard. Car oui, petit aparté, mais les hérissons sont vraiment très rapides, dans leur genre, mais je digresse ! Après, pardonnez-moi de le faire, c'est que je dois trouver un équilibre entre laisser ce petit espoir germer dans le terreau de mes incertitudes et me distraire suffisamment pour ne pas juste jeter ma serviette en laine rêche sur le comptoir pour déjà dire adieu aux patronnes ! J'ai peut-être plein de défauts, mais jamais je mettrai la charrue avant les bœufs !

Et cette heure me le fait regretter à chaque minute que je passe à pas travailler pour mon compte, et une heure contient soixante minutes ! Entières ! Elles-mêmes avec leurs soixante secondes déjà interminables ! Je n'en puis plus au bout de la troisième ! Puis vas-y, faut surtout pas que je jette un œil à Madame de Courcelles, sinon je vais me mettre à crier comme une gamine -ce que je suis toujours diront les mauvaises langues- et c'en sera fini de notre arrangement. Qui pourrait lui en vouloir ? Vous faites une proposition qui requiert tout le sérieux du monde à la mauvaise souillon et elle vous le fait regretter en moins d'une minute !

Pourtant y'a bien des moments où je dois servir la table de Madame de Courcelles, et là c'est un peu le drame parce que je peux pas m'empêcher de lui glisser des regards vifs comme l'éclair, mais plus lourds qu'un ciel d'orage ! On dirait presque que je la courtise et, quelque part, si les autres soiffards peuvent s'imaginer ces lubriques intentions, j'en serais pas plus mal, au moins ils projetteraient pas nos véritables projets ! Aller, arrête de paniquer, Rosmunda, comment ils pourraient être capables de savoir ça à part en ayant tendu très fort l'oreille quand vous en parliez ? Ce serait quoi alors, des devins ? Ça voudrait dire que je me serais aliéné des envoyés du Lumineux, et là priez pour votre pauvre serviteur...

Bon an mal an cette heure passe, pour moitié sans que j'aperçoive mon amie qui, j'ai l'impression, s'est éclipsée dehors pour m'attendre. La pauvre, je la fais trop patienter... Faut vite que je range tout mon barda, que j'accroche soigneusement mon tablier sur le mur, comme ça, je glisse un baiser sur la joue des trois anciennes, voilà, une par une, je leur glisse un mot gentil, elles font pareil, j'adresse un signe de la main tout mignon aux habitués qui me regardent avec des yeux de famélique devant la vitrine d'un confiseur, et je sors enfin après m'être fait quelques ablutions pour nettoyer mains et visages et sentir un peu meilleur.

Une fois dehors, déjà, il fait pas très beau et je suis pas mécontente d'avoir gardé mes cheveux couverts par ma coiffe, et j'aperçois vite Madame de Courcelles près des étables, prête à s'abriter de la pluie dès les premières gouttes. En voilà de la prévenance, ça ! C'est fiable, comme partenaire, ça ! Oh, Rosmunda, s'il te plaît, commence pas à voir dans chacun de ses hochements de tête l'assurance que votre projet insensé aboutira quelque part ! De l'humilité, de la prudence, de la contenance, ma fille !

- Madame de Courcelles !

Nous n'y sommes pas exactement, mais en même temps je me vois pas la rejoindre autrement qu'en lui montrant toute la hâte qui est la mienne d'enfin poursuivre cette conversation qui fait briller mes yeux d'une envie dont je me repentirai dix fois au temple de Nouvelle-Sérène, promis. J'accours près d'elle, haletante du service mené à bâton-rompu et des quelques mètres parcourus dans la boue.

- Je ne vous ai pas fait trop attendre ? Oh toutes mes excuses, je ne suis pas la plus disponible du monde depuis que j'ai atterri ici, mais c'est que ça paye pas trop mal et je suis logée, nourrie, blanchie, donc j'essaye de pas faire trop de vagues. Déjà que j'ai brûlé les pains au caramel d'Yvonne l'avant-veille, on a failli devoir jeter le faitout avec !

En même temps que je l'assomme de détails inutiles, je peux reprendre mon souffle et surtout réfléchir à... comment reprendre cette conversation ? Si ça se trouve elle a déjà tout oublié, trouvé une meilleure associée, n'importe quoi qui détruise mes espoirs dans l'oeuf avant que je ne me mette à trop y croire ! J'en viens à le souhaiter...

- Eh bien... faut voir par où on commence, ma très chère. J'avoue que je sais pas bien où trouver ces fameux gens riches dont on peut se faire des amis ! Et comment m'en faire des amis, surtout ! Enfin ça, j'ai toujours quelques idées, mais sûrement tu t'y connais plus que moi !
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Dilay n’a pas trop de mal à ne pas lancer de regard de connivence à Rosmunda, sauf qu’elle la voit lui glisser des œillades, alors elle fait bêtement de même en haussant les sourcils, se demandant si elle a quelque chose à lui dire.

Rosmunda est comme une souris, décide Dilay en la voyant travailler. Une petite souris grise, avec une petite voix et qui à peu près autant d’aplomb. Mais elle est mignonne, dans son genre et elle fait de toute évidence tout ce qu’elle peut avec pas grand-chose.

Dilay n’est pas exactement patiente, mais le ventre plein et les mains occupées, elle parvient à rester en place jusqu’à ce que Rosmunda la rejoigne. Elle ne jette qu’une œillade vers l’intérieur de l’étable pour voir s’il y a quelques créatures à aller flatter.

Dilay fixe Rosmunda alors qu’elle lui raconte avoir brûlé le plat de sa collègue. Entre cerveaux dissipés, Dilay ne peut pas exactement la blâmer. Elle a un sourire narquois. L’anecdote l’amuse plus qu’il ne l’affole. Même elle peut percevoir que Rosmunda a les nerfs à vif et elle lève les mains, espérant marquer un geste clair d’apaisement.

La petite brune ne pose pas une mauvaise question, mais Dilay réplique.

- V-Vraiment ? T’en connais aucun ? Même un bourgeois qui vient par ici ?

Il y a très peu d’établissements sur l’île, ceux qui voyagent doivent bien être obligés de s’arrêter ici… Non ? Jugent-ils plus dignes d’eux de dormir sur la route que dans une auberge à l’abri des bêtes sauvages mais un peu de guingois ?  

Dilay se racle la gorge pour dérouiller sa voix rendue rauque par l’attente et l’humidité. C’est le moment de sortir toutes ses cartes, aussi pleines de « si » soient-elles.

- Y-Ya un projet. Un club. En ville. Je le gère. C’est un club pour jouer aux cartes. D’autres activités de riche. Protégé par la Garde. Problème, la clientèle est pas encore…

Elle hausse lourdement des épaules.

- Je vise plus haut.

Elle résume en agitant la main. Erika et elle ont commencé à distribuer leur carte d’invitation mais repérer de nouveaux profils s’avère difficile, jauger leur intérêt, leur discrétion, et ce qu’ils peuvent vraiment apporter à l’affaire… En outre, le club n’a pas officiellement ouvert. Combien d’invités vont simplement venir une fois, par curiosité, puis se détourner une fois cette dernière assouvie ?

- Je veux plus de clients. Et je veux que tu sois de la partie. Tu pourrais cuisiner. Être croupière. Faire la con-conversation. C’est un club de bonne compagnie. Tu seras en sécurité. On te demanderait pas de faire des choses…

Dilay claque la langue. Elle sait ce que l’évocation d’un club « privé » peut invoquer comme images dans la tête d’une jeune femme, et elle veut s’en distancier le plus possible. Ni ses collaborateurs ni ses clients ne doivent l’avoir en tête ; le sulfureux est tout ce qu’elle espère éviter.

- L-Là on pourrait se faire des contacts. Et on pourrait avoir un vrai truc à proposer à Altieri, tu suis ? Parler politique à la table en son endroit… Et il nous aiderait en échange. Monétairement. C’est le plan.  



Alix écrit en #d5a952 - Elle est bègue, malentendante et s'exprime avec un accent.
Elle est également connue sous le nom de Dilay ou d'Alix de Courcelles.
Elle s'exprime à l'oral après un tiret et signe entre guillemets.

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Alors là, si j'avais su, mes aïeux...

En parlant d'eux, tiens. Vous savez, moi, sur le continent, j'étais pas la fille de grand-monde, j'étais la fille de personne ! Oh j'adore ma maman, c'est pas un problème, mais c'est pas elle qui m'ouvrirait les portes du Grand Monde ! Et est-ce que j'étais moi-même au courant que je voulais en faire partie, de ce monde-là, hein ? Je vous promets que non ! Mais, vous savez, c'est quelque chose qu'on a quand même en tête, surtout quand on est petite fille et que toutes les autres rabâchent leurs envies d'être des princesses, là ! On nous condi... condiments, non, condition ? Conditionne ? On nous conditionne à vouloir finir comme ça ! Bah votre Rosmunda, elle aussi elle a envie un peu !

Alors quand je suis devant Madame de Courcelles et que, devant mon absence de contacts à lui donner -même si j'en ai, mais de là à ce qu'ils donnent des sous sous... - elle me regarde un peu de travers comme si j'allais pas lui servir à grand-chose... j'ai eu peur ! Et ça a dû se voir ! Et puis après, on entre dans le... je comprends pas ! Vous savez ce qu'elle me dit, Madame de Courcelles ? Qu'elle a un club, en ville, pour jouer aux cartes et tout ça, et qu'elle veut enrichir la clientèle de cet endroit ! Et elle veut que rejoigne tout ça pour... pour quoi d'ailleurs ? Je servirai quoi moi, là-dedans ? Je sais que faire le service ! C'est quand même incroyable ça, elle me surestime et à la fin c'est à moi qu'on dira que je sers à rien, je le sens venir gros comme une maison !

- Mais... je... M'enfin... Que je balbutie sans parvenir à la freiner dans son flot de parole.

Ce qui est rare, d'ailleurs ! De la voir tenir autant la jambe, c'est que ça doit être très très important ! Et ça l'est ! Tout ce dont elle me parle c'est... ça me séduit, j'ose le terme. C'est vrai que mon réflexe c'est de me dire que je serais pas compétente, parce que c'est facile à dire, ça, comme ça on n'a pas de problème ! Mais... je pense que, devant le fait accompli, je pourrais arriver à quelque chose. Y'a rien d'insurmontable dans ce que Madame de Courcelles propose, je vois rien, en tout cas, et je suis très forte pour voir arriver les difficultés ! Et voilà qu'elle me rassure aussi, me dit que je serais en sécurité, que j'aurai rien à faire de trop... trop.

Puis, elle fini par me parler de qui nous donnera l'argent pour faire évoluer cette affaire ! Altieri. Un nom que les gens comme moi entendent avec ce frisson du même tonneau que quand on croise un garde. On sait qu'on n'a rien fait pour attirer leur attention, et les fixer ne nous rend que plus suspects à leurs yeux, mais on peut pas s'empêcher d'avoir un tout petit peu peur qu'ils nous aiment pas. J'ai ce frisson-là quand elle prononce le nom de ce qui doit être l'un des plus importants Monsieur de toute l'île.

- Tu... tu veux qu'on devienne le quartier général de Monsieur Altieri... ? Pfouah... C'est... C'est complètement fou...

Je parle de tout l'ensemble. Me proposer ça à moi, une affaire pareille dont faire partie, puis développer cette affaire en partie grâce à moi, c'est-à-dire s'attendre à ce que j'en sois capable et enfin la développer au point d'attirer l'attention et gagner la confiance d'un pareil seigneur. Tout était fou, déraisonnable, j'en tremble, d'ailleurs, mais... c'est pas la peur, j'ai pas peur. Pourquoi j'ai pas peur ? Aller, ma caboche, faut me répondre, pourquoi t'as pas peur de ce qu'elle propose, ton amie ? Tu vas au devant de gros problèmes, là, tu le sais ! Aller, s'il te plaît, je tremble comme une feuille, j'aimerai que ce soit pour de bonnes raisons et...

- J'accepte !! Tu peux compter sur moi !! Que je dis dans un élan bien trop enthousiaste.
Mais pourquoi j'ai fait ça...
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Feat Rosmunda


Et voilà que Rosmunda est traversée de la même excitation que Dilay. Ah ! Dilay a envie de lui saisir les mains et de faire la ronde elle, de retourner à l’intérieur et de danser sur les tables. De rire ! Mais elle n’oserait jamais. Et puis c’est pas encore fait, et puis…

Elle secoue la tête.

- Pas quartier général. On donnera ce qu’on voudra mais faut qu’on reste in-indépendante.

Ca elle y a beaucoup pensé pendant ses nuits sans sommeil. Si elles se donnent, elles pourront probablement pas se reprendre.

C’est dans ce bout de rien que naissent les premières idées du Club des Agapes : Dilay parle à Rosmunda des cartes à donner à chaque membre, une carte spéciale pour indiquer leur appartenance au club. Elle évoque la décoration et ses idées pour rendre l’endroit agréable. Elle explique qu’ils pourraient faire d’autres choses que jouer aux cartes à terme : des charades, des jeux de hasard, des déclamations de poésie ou de textes. Ce sont des activités de salons de gentilhommes et de dames. Et puis elle parle à Rosmunda de tout ce qu’elles pourront faire, des fêtes où elles seront probablement invitées, de la nourriture qu’il faudra servir… Oh, et elle ajoute, c’est ça que Rosmunda peut faire durant les séances ! Préparer des amuses-bouches, les présenter aux invités, faire la conversation. Il va lui falloir une nouvelle coiffure ! Il va leur falloir une nouvelle coiffure ! Et de nouveaux vêtements avec ça !

Dilay achève en affirmant qu’il faut qu’elle présente son oncle à Rosmunda. En un rien de temps il va les aider avec ça, elle verra ! La nuit est avancée, et elle a laissé la brunette s’exprimer tout son saoul aussi. Elle a mal à la gorge d’avoir tant parlé, mais ça valait la peine. Du moins, elle l’espère. Elle s’agite et elle sourit, et elle vitupère, mais si c’est pas ça elle sait pas ce que ce sera. Elle est acculée, au pied du mur, et elle ne veut pas l’admettre. C’était sa dernière idée, une idée folle, une idée désespérée. Ce n’était pas non plus exactement ce qu’elle voulait. Mais c’est mieux de se dire le contraire. Pour le moral.



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