Constantin - Alliance du Pont - Juriste

Si l'allégeance de Constantin va à l'Alliance du Pont, il n'en a pas toujours été ainsi. Sa mode vestimentaire douteuse laisse percevoir ce changement dans sa vie, mais un parfait étranger pourrait se poser la question : pourquoi est-ce qu'un membre de la Congrégation porte les couleurs de l'Alliance du pont ? Pour répondre à cette question, il faut bien évidemment remonter plusieurs années en arrière, du temps ou Constantin faisait encore partie de la Congrégation.

Rien ne prédestinait ce fils de riche marchand à changer d'allégeance, après tout il avait à peu près tout de quoi rêver à Sérène; tuteurs venus de l'Alliance du Pont, famille avec de nombreux contacts, un futur mariage arrangé avec la fille d'un autre marchand... Une vie bien peu trépidante, et qui manquait cruellement de piquant pour le jeune Constantin. Ce dernier menait la vie dure à ses tuteurs, faisait preuve d'une irrévérance bien plus que notable lorsque son père le présentait à certains de ses contacts commerciaux, au grand déplaisir de son paternel qui en retour lui administrait moultes correction afin de remettre son fils dans le droit chemin. Enfin, d'essayer de remettre son fils dans le droit chemin. Mais tout ceci se passait lorsqu'il n'était que fort jeune, et la jeunesse s'asagit au fil des années. En tout cas chez certains.

Si en tant que jeune homme Constantin abandonnait les frasques qu'il faisait lorsqu'il était encore enfant et adolescent et qu'il semblait plus sage, il n'en était rien. Si les actions diminuait, la verve en revanche n'avait rien de diminuée. Constantin avait été un élève appliqué, malgré ce que ses tuteurs avaient pu en dire, en particulier dans ses études de juriste, et il avait acquit une politesse et une nonchalance à toute épreuve, même si parfois ce masque pouvait se fissurer, et s'effriter sous des assauts verbaux trop insistant. Mais alors, quest-ce qui pouvait bien pousser ce jeune fanfaron à tomber dans les bras de l'Alliance du pont ? La réponse est en vérité très simple : les intrigues, tout simplement. Pour rester au sommet, il fallait simplement écraser ceux qui étaient plus faibles, provoquer un accident ou deux, une cargaison qui prend feu, une autre qui disparait, voir même un malencontreux accident impliquant un membre de famille rivale. Oups. De quoi mettre le feu à une majestueuse poudrière, et des répercussions, le Lumineux lui-même pourrait témoigner qu'il y en a eu.

Le père de Constantin était rusé, fin, un véritable requin qui devait avoir plus de sang dans le corps. Bref, un véritable virtuose pour tout ce qui touchait au marchandage et à la logistique. Mais pour ce qui était de choisir ses combats et ses cibles, là c'était une toute autre histoire. Et il avait des dents beaucoup trop longues au goût de certains. Le malheur frappa la famille de Constantin, en tout cas c'est ce qu'en disait les rumeurs. Cargaison, approvisionnement, rien n'était épargné. Et au fur et à mesure, la richesse de sa famille réduisait comme peau de chagrin. Aucun témoin, aucune trace, aucun indice, rien qui n'indiquait légalement un coupable tout désigné. Après tout, pour survivre aux intrigues, il fallait une certaine finesse. Et le glorieux héritage qui était autrefois promis à Constantin contenait maintenant diverses dettes et créditeurs impatient de recevoir leur dû. L’ambiance délétère, le stress et le sort qui s’acharnait sur lui poussa le père de Constantin à faire des choix douteux, et un jour ce qui devait arriver arriva, le pauvre homme s’écroula.

Certains se seraient résignés à leur sort, trimant toute leur vie pour rattraper les erreurs de leurs aïeuls. Constantin en revanche n'y voyait pas de ce même œil, plutôt être libre et sans le sou qu'enchaîné à des dettes et essayer de relancer l'affaire familiale. Bien qu’étant un grand joueur, Constantin était quelque peu lassé des intrigues pour garder de l’influence, encore plus lorsque celles-ci pouvaient très bien être létales. Maintenant, vous devez vous demander ce que l'Alliance du Pont a à voir avec cette histoire. Eh bien si ses tuteurs ont bien transmis une chose à Constantin, c’était un intérêt particulier pour le progrès. Les mathématiques, la science, un intérêt particulier pour les armes à feu et la pyrotechnie, même si ses connaissances scientifique générales restaient rudimentaire. Si jamais on lui demandait une dissertation sur les propriétés alchimique de certaines potions, il répondrait tout simplement : plaît-il ?

Trêves de digression, et revenons en au sujet qui nous intéresse : qu’est-ce qui pousse un jeune homme criblé de dette à sortir de sa situation ? Ou peut-être faudrait-il poser une autre question : pourquoi un jeune homme criblé de dettes ne chercherait pas à sortir de sa situation ? Malgré ses frasques, Constantin avait été un élève attachant, et qui correspondait toujours par lettre avec ses anciens tuteurs, et la tentation de s’extirper de Sérène augmentait de jours en jours, et se faisait plus pressente avec les collecteurs de dette qui risquaient de pointer leur nez d’un jour à l’autre. Cependant Constantin avait assez d’argent pour voyager, de quoi démarrer une nouvelle vie loin des intrigues qui le concernaient, même s’il reste persuadé à ce jour qu’il aurait très bien pu rester à Sérène et se sortir de cette situation, mais il s’agit d’une bravade destinée à persuader une seule personne : Constantin lui-même. Il aurait très bien pu également poursuivre un autre chemin : celui de la vengeance, pistolet et sabre à la main. Après tout qu’est-ce qui pouvait être plus délicieux qu’une juste rétribution ? Mais cette satisfaction se voyait voilée par sa possible mise en prison s’il se faisait prendre, un destin bien loin de la liberté qu’il chérissait tant. Il avait une certaine affection pour les armes à feu après tout, et gardai toujours un pistolet à portée de main. Reste qu’il avait décidé de tracer son propre destin, et de partir pour Teer Fradee, le lieu parfait pour une nouvelle vie loin de l’ombre de créanciers trop heureux de lui faire un sort, et de sa tentation de régler le problème par lui-même. Un voyage palpitant pour un lieu qui lui était inconnu et ou il pouvait tracer son propre destin, que rêver de mieux ?

Eh bien il n’aurait jamais rêvé du voyage en haute mer, s’il découvrit une chose très importante, c’est qu’il ne referait jamais la traversé jusqu’au continent, repartir dans un navire pendant de longs mois était impensable. Il en aurait la nausée rien que d’y penser. Enfin, tel était le prix à payer pour démarrer une nouvelle vie. Autrefois il serait resté à Nouvelle-Sérène, mais il préférait garder une distance raisonnable entre lui et la Congrégation. Ainsi il fit route vers Hikmet, un lieu bien plus accommodant pour lui.

Ses études de la loi lui auront bien servit, et à son arrivée à Hikmet (et sur recommandation de l’un de ses anciens tuteurs) il chercha à se faire engager comme juriste pour l’Alliance du Pont. Un processus bien difficile pour celui qui était natif de la Congrégation, après tout s’il portait désormais le vert de l’Alliance, son style vestimentaire restait celui de la Congrégation, comme une certaine moquerie ironique ou par pure préférence vestimentaire. Il lui fallu plusieurs mois pour faire ses preuves, plusieurs mois à trimer et vivre au jour le jour, avant que ses efforts ne portent leur fruit et qu’il se fasse enfin engager pour résoudre les problèmes juridique civil. Une douce victoire pour lui, et le début d’une nouvelle vie prometteuse.

Fanfaron, fantasque, flamboyant, ces termes définissent à bien des égard une partie de la personnalité de Constantin. Presque toujours un sourire au visage, ce dernier semble prendre les événement qui l'entourent avec nonchalance, voire même un certain plaisir à les voir se dérouler sous ses yeux, surtout quand ils ne l'impliquent. En particulier quand ils ne l'impliquent pas. Il laisse volontiers les intrigues aux autres, même si à son caractère, on pourrait croire qu’il serait le parfait type à intriguer lui-même.

Constantin donne régulièrement l’impression qu’il est un féru de théâtre un peu trop enthousiaste, ses propres gestes étant régulièrement exagéré, mais demeurant néanmoins courtois et agréable, même s’il peut assez facilement mettre mal à l’aise avec sa façon d’être. Après tout le monde n’était pas très différent d’un tribunal, c’était une scène, et une scène était un monde de divertissement et de persuasion. Il donne souvent l’impression qu’il est trop peu sérieux, nonchalant, voir à en entendre certains mou. Mais tout ceci n’est qu’illusion et performance, un moyen de détourner l’attention. Constantin reste un individu rusé et retors, et il a écrasé bien des adversaires avec sa verve, même si ça ne l’empêche pas cependant d’avoir connu l’échec plus d’une fois.

Cette performance qu’il exerce chaque jour est cependant assez trouble, pour Constantin lui-même ainsi que pour les autres, comme un masque qu’il aime beaucoup trop porter pour son propre bien, à tel point qu’on pourrait se poser la question ; ou finit Constantin, et ou commence le masque ? Ceci fait qu’il fait preuve d’une remarquable aisance lors d’événements sociaux, ou tout simplement pour socialiser, même si son apparente nonchalance lui est souvent pointé.

Sous cette coquille se trouve néanmoins une certaine vulnérabilité, et toujours le doute. Sa vie a-t-elle prit le sens qu'il aurait du prendre ? Aurait-il dû rester à Sérène ? A bien des égards, son caractère exhubérant et performatif lui permet d'oublier ses questions, un moyen bien plus comfortable de gérer ses propres pensées.