Courrier d'Erika Acquisto

Hikmet, dans une taverne du Denier vraiment moins bien que la tienne.

Comment vas-tu ? Me pardonneras-tu d’être absente cette semaine ? J’espère que ma compagnie ne te manque pas trop ! Ma conversation passionnante, le doux son des pièces qui passent de main en main…

Ton établissement, je m’en languis moi. Il y fait plus chaud, plus beau, et la tenancière est infiniment plus charmante. Je crois même avoir la solution pour le rendre encore plus attractif – si une telle chose est possible.

Tu te rappelles nos conversations sur la possibilité d’ouvrir un salon privé de jeu ? D’attirer une clientèle un peu plus huppée ? J’ai peut-être trouvé quelqu’un qui pourrait les racoler comme du miel englue les mouches.

Elle s’appelle Rim, elle vient du Pont et elle est conteuse. Elle fait des veillées où elle étale devant les badauds les tas d’histoires que comptent son répertoire. Je n’avais jamais vu ça ailleurs. Il y avait foule le soir où elle a donné représentation à Hikmet. Elle a une voix bien timbrée, captivante j’oserais dire, le genre qui attire l’attention presque malgré soi.

J’use de quelques superlatifs et pourtant je t’assure que je n’invente rien. Peut-être pourrais-tu lui accorder une entrevue mutuellement profitable ? Loin de moi l’idée de te dire quoi faire. C’est ton commerce, ta patte. Tu le mènes à ton envie. Je n’existe que pour suggérer.

Un détail, cependant, si tu acceptes de la voir : la moitié de ma famille est du Pont. Mon deuxième nom est Dilay. C’est ainsi que Rim me connaît alors ne t’étonne pas si elle se dit envoyée par moi.

Je serai vite de retour pour donner de mes services aux cartes.