[Boutique] La carte ancienne - feat Cerys

Il a plu toute la nuit. Une pluie qui soulève la terre et rafraichit l'atmosphère. Une pluie qui laisse derrière elle l'odeur d'une nature mouillée mais revigorée. Cerys adore cette odeur. Elle aime entendre les gouttes s'écraser sur les feuilles des arbres, imprégner les végétaux, abreuver les animaux.

Au matin, les sols sont détrempés mais la voglendaig n'en a cure. Elle aime patauger dans le marais, ce n'est pas un chemin boueux qui va lui faire peur. Et puis, elle doit absolument sortir de sa maison, enfin de celle de ses parents. Puisqu'elle vit encore avec eux, lorsqu'elle n'est pas chez Eochaid. Elle étouffait.

Cerys doit refaire quelques stocks. Il y a eu des blessés, ces derniers temps. L'été fait bouillir le sang des plus jeunes, qui veulent faire leurs preuves. Impressionner parents et amis. Se montrer forts et dignes. La jeune femme ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, un sourire au coin des lèvres.

Les grenouilles ne cessent de jacasser alors que celle aux bois de cerf s'enfonce sur les chemins d'animaux, ceux qui se tracent naturellement sur les endroits les plus sûrs. Il n'y a pas plus agile qu'une biche qui ne veut pas se mouiller les pattes. Son pas discret ne dérange pas les amphibiens qui se racontent les derniers ragots.

Elle faillit ne pas la voir. Elle connait la route par cœur, sa vigilance en est amoindrie. Pourtant, le rayon de soleil semble lui indiquer l'objet, volontairement. On croirait que c'est la main de En on míl frichtimen en personne qui guide la lumière sur le verre.

Il n'en faut pas plus pour attiser la curiosité de la brune. Tel un renard, elle s'approche du contenant, le tapote du pied puis se décide à le déterrer. Elle reconnait sans mal une bouteille renaigse. Cerys plisse les yeux en l'inclinant. Elle voit bien qu'il y a quelque chose dedans. Comment le sortir ?

Avisant son environnement, Cerys remarque des ronces. Elle sort sa dague, en tranche une liane et après avoir retiré le bouchon, s'attelle à la délicate tâche de sortir le trésor que renferme le flacon.

Le procédé est délicat, l'humidité ambiante rendant la bouteille plus glissante qu'à l'accoutumée. Pourtant, avec une poigne ferme et assez de patience, elle finit par dévoiler le trésor qu'elle renferme : le parchemin, une fois déroulé, permet d'admirer une carte ancienne, miraculeusement préservée des éléments et du temps.

Pour qui dispose de quelques notions de géographie, il est possible de reconnaître l'île de Teer Fradee, dans son entièreté - une île dessinée par une main étrangère, il y a de cela bien longtemps. Mais là où l'emphase a été mise, c'est avant tout sur la région de Glendgnamvar, la côte bordée de hautes falaises de granit, située au Sud-Est de Teer Fradee. En effet, une croix à l'encre rouge a été tracée sur l'emplacement des ruines de Dídrí, réputées très difficiles d'accès. Une flèche rouge elle aussi, enfin, pointe en direction d'un dessin à main levée, représentant une femme nue, assise, de profil.

Pour peu que Cerys se soit perdue dans la contemplation et le déchiffrage de la carte qu'elle vient de découvrir, il est possible qu'elle n'ait pas eu conscience que, juste au-dessus d'elle, perchée dans l'arbre, une silhouette sombre s'est approchée sans un bruit, pour finalement sauter vivement et atterrir à quelques centimètres de la jeune femme.

Une chance, toutefois : il ne s'agit pas d'une bête sauvage. Pire, c'est une adolescente qui, de ses grands yeux curieux et de son sourire jusqu'aux oreilles, dévisage désormais Cerys tout en dévorant des yeux sa trouvaille.

"A to, oi!" s'exclame celle qui se nomme Heulwen, penchée vers l'avant. "Qu'est-ce que tu as trouvé ? Je peux voir ? Ça brillait, pas vrai ? C'est quoi ?"