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Une enveloppe et une promesse


Erika aura reçu une bien curieuse invitation. Dans un des bâtiments de Nouvelle-Sérène qui sert tantôt de tribunal, de chambre de commerce, de salle de bal, d’opéra et de théâtre, Maeva d’Ortian fait donner une pièce et on en parle même parmi la clientèle de la tavernière. En effet, les places étaient à un prix ridicule alors que l’art, surtout dans une ville si exigüe, est réservé à une élite. De plus, la pièce est semble-t-il écrit par Monsieur de Closbois un dramaturge célèbre pour son ton un peu piquant, et entouré d’un tel mystère qu’il fait jaser même parmi les joueurs à la table du rez-de-chaussée. De Clobois, dit-on, ne montre jamais son visage car il porte un masque et il ne parle pas ! Quelles que soient les circonstances ! Il s’incline et se contorsionne, il applaudit avec chaleur, mais jamais on ne lui a tiré un mot.

Et c’est à cette pièce qu’Erika aura été conviée sans frais à engager de sa part, quoi que pas nommément ce qui peut laisser penser que ces invitations ont été envoyées en masse. L’invitation a été imprimée et tamponnée de lettrines élégantes, et on n’y exige même pas une tenue particulière. On souhaite simplement la présente de l’intéressée et son amusement. Car c’est bien sur cela qu’on met l’accent ; ce sera une comédie ! Haut les cœurs, à bas les tensions politiques, les ruminations. Nouvelle-Sérène suffoque sous la menace de la disette ? Les stocks même de la tavernière sont menacés par des taxes de plus en plus impitoyables sur certains produits ? Qu’importe ! Ce soir est à la fête, le peuple et la noblesse, les bourgeois et les Gardes, se retrouveront sous l’égide de l’Art. Un banquet sera même donné à l’entracte. Tout cela est agrémenté d’images au cas où l’invitation trouve quelqu’un qui peine à lire, preuve que des gens de très basse extraction ont probablement reçu la même.

Une soirée pour Erika, qui est de toutes les affaires, dont le seul but est de se reposer ! Quelle aubaine, elle pourra même y rencontrer de belles personnes, pour le Club des Agapes peut-être ? Ou pour ses propres affaires ? Et pour une fois, elle sera servie au lieu du contraire.

Mais voilà, cette belle unité… N’était-ce-pas ce que d’Ortian avait promis durant sa Fête de l’Equinoxe ?
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Alors qu'elle était sur le point de partir de la taverne, quelqu'un entra et lui donna une espèce de lettre avant de s'en aller sans qu'elle n'est pu poser de question. Elle regarda rapidement la lettre et l'enfoui de son sac en saluant tout le monde avant de sortir de son établissement. Elle était exténuée, la nuit avait été fatigante, les gens bruyants, les comptes lui donnaient en ce moment l'envie de les envoyer par la fenêtre et une migraine lui tambourinait le crâne depuis des heures. Elle ne fit aucun détour ce matin là et fonça dans son appartement situé sous les toits d'un immeuble de Nouvelle-Sérène. Elle jeta sa besace dans un coin de la pièce, enleva la plupart de ses vêtements et alla s'écrouler sur son lit. Mais alors qu'elle commençait à sombrer dans le sommeil, elle fut réveiller par une pensée : qu'elle était cette lettre au fait ?

Elle se releva en grognant, les épaules basses et attrapa son sac où elle fouilla pour trouver ce carton. Elle alla s'allonger à nouveau dans son lit, recouverte de couverture et examina la lettre. C'était une invitation. Elle remarqua que son nom n'était écrit nul part. Sûrement un coup de pub ce dit-elle. Elle était invitée à une pièce écrite par Monsieur de Closbois ! Erika savait parfaitement de quoi il s'agissait, déjà parce qu'elle avait entendu ce nom dans sa taverne plus d'une fois et l'évènement lui même faisait jaser la population de Nouvelle-Sérène.

Elle s'étira et fit retomber ses bras en lâchant l'invitation qui tomba par terre. Elle la ramassera plus tard. Actuellement sa seule envie était de dormir pendant environs plusieurs mois mais ce soir, on lui demandait de s'amuser, de se relâcher un peu et elle ne dirait pas non a un peu de bon temps. Une soirée a ne penser à rien si ce n'est à rire et regarder une pièce écrite par ce fameux Monsieur de Closbois, nimbé de mystère. Elle en avait entendu des rumeurs, pensez-vous. Quelqu'un qui ne montre jamais son visage, qui ne dit mot mais qui fait de grande représentation. Erika se doutait que c'était une parfaite idée pour se créer un personnage haut en couleur et qui ferait parler de lui à coup sur. Elle ne pouvait donc refuser cette invitation, une invitation pour oublier certains évènement le temps d'un soir. C'est sur cette pensée qu'Erika s’endormit profondément.

C'est au son d'une ville agitée qu'Erika se réveilla enfin. Elle avait dormi bien plus longtemps que prévu mais ce n'était pas plus mal puisque sa migraine était passée. Elle s'étira et sauta de son lit. Elle devait se préparer pour la représentation qui aurait bientôt lieu et devait d'abord passer à la taverne pour avertir de son absence. Elle coiffa ses long cheveux roux pour les laisser détaché, puis elle tenue plutôt classique : une chemise blanche rentrée dans un pantalon en lin d'un bleu foncé. Des bottes, un gilet et une veste, finissant le tout par son chapeau et un foulard noué autour du cou du même bleu que son pantalon. Il n'y avait aucune tenue vestimentaire attendu mais, déjà lorsqu'elle avait l'occasion d'enfiler autre chose qu'une tenu qui ressemblait a celle de son travail elle n'hésitait pas, et en plus de cela, elle allait rencontrer beaucoup de personne venant de milieu différent, donc hors de question de s'habiller sans faire d'effort.

Une fois prête, elle ramassa son invitation qu'elle enfoui dans sa poche, elle accrocha une bourse a sa ceinture, son pistolet également. Depuis la soirée de l'Equinoxe, même si c'était en ville, Erika préféré le prendre sur elle, sait-on jamais. Elle ajusta son chapeau et sortie de chez elle. Après être allé à la taverne pour notifier de son absence, n'hésitant pas par la même occasion a dire qu'elle se rendait à la pièce de Monsieur de Closbois et qu'elle avait été invité, elle se mit en route vers le bâtiment mentionné. La rouquine était prête pour passer du bon temps et oublier ce qui la tracassait le temps d'une pièce.
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Entrefaits


Devant le bâtiment, il y a une longue file, plus ou moins ordonnée. Erika n’est pas la seule roturière invitée. On a tenté de mettre ses beaux habits, mais les membres du bas peuple sont visibles comme le nez au milieu du visage parmi les soies fines et les ports hauts des membres de l’aristocratie. Voilà un drôle de mélange, à tous faire la queue sans vraiment en laisser passer un avant l’autre. Erika qui patiente peut entendre une femme devant elle, avec son bel éventail, glousser et dire d’un ton un peu emprunté :

- Oh, comme c’est passionnant !

A une fille dont il manque une des dents du devant et qui semble avoir beaucoup à raconter. Sa robe n’est plus à la mode depuis de nombreuses saisons et elle semble ravie qu’on l’écoute, un peu naïve. Erika pourra remarquer sur les nobles présents se jettent régulièrement des regards les uns aux autres, accompagnés d’un haussement de sourcils, d’yeux levés vers le ciel, comme s’ils étaient tous dans cette épreuve ensemble et partageaient une sorte d’entente muette. Peut-être n’ont-ils pas été choisis au hasard – la plupart du moins, d’autres ne cherchent pas à interagir avec grand monde et se contentent d’attendre leur tour. Il y a également des bourgeois, du petit marchand au propriétaire de la grande poissonnerie sur le port qu’Erika peut connaître si elle s’y fournit. Il la saluera d’ailleurs, mais ce ne sera pas le seul. Des clients d’Erika sont parmi les invités, une poignée mais tout de même, et des Gardes qui assurent la sécurité reconnaîtront la tenancière et lui feront également signe.

Quand c’est son tour, ils regardent à peine son invitation et la font passer les portes en lui souhaitant un bon spectacle. Ils prennent plus de temps avec ceux qui suivent Erika, échangent à voix basses avec eux, et si la rouquine se retourne elle pourra voir que les invitations de ceux-là n’ont pas du tout la même tête que la sienne, ni de toutes celles qu’elle a vu être données aux Gardes depuis qu’elle fait la queue. Peut-être sont-ils là pour voir un autre spectacle ?

En tout cas, dès qu’Erika entre elle est reçue sous une coupole d’une belle taille, face à un grand escalier double. La pierre est nue, on n’a pas encore eu le temps de la peindre et de la décorer à la mode du temps alors on a accroché des tentures un peu partout, mis des tapis. Cela parvient à peine à combler l’impression viscérale de vide. Cet endroit est fait pour accueillir plus de gens, alors que tant n’ont pas de toit dehors, et pourtant il n’a presque pas de meubles, presque pas de vie.

Un serviteur s’incline face à Erika lui proposant une serviette chaude et parfumée pour ses mains et sa nuque. Il fait un temps terrible, argue-t-il ! Et puis il lui souhaite de bien profiter de son spectacle et lui désigne la porte qu’elle doit emprunter, vers laquelle se masse de toute façon la majorité de la foule. Dans une grande salle on s’est donné beaucoup de mal pour construire estrades et étager les chaises grâce à des gradins de bois. Il y a moins d’une centaine de personnes, mais certainement plus de cinquante. C’est un grand évènement à l’échelle de la ville. Et combien y a-t-il de chandelles et de braseros pour éclairer le rideau pourpre ? Cela a dû coûter une belle somme, surtout qu’elles ne dureront pas tout le spectacle. L’entracte est le moment que les petites mains rentabilisent pour changer tout le luminaire. Pour le moment, le personnel n’est pas en vue, probablement caché dans les coulisses pour activer toute la machinerie. Les seuls dont le labeur est visible sont les placeurs. Une accueille Erika, vérifie son invitation, puis avec chaleur la mène jusqu’à sa place. Et quelle place ! Proche de la scène, voilà un lieu de choix. On entend l’orchestre qui s’accorde, on verra les expressions des comédiens de près !

Au fur et à mesure, chacun s’installe. A la gauche d’Erika, on place un des trois hommes qui était juste derrière elle dans la file et qui semblait avoir un autre ticket. Il s’assoit confortablement, pas bien droit dans le fauteuil molletonné. Sa tenue est assez quelconque, difficile de déterminer sa classe sociale, à cela près qu’il n’a pas retiré son chapeau et décoche un sourire à Erika dès lors qu’il croise son regard. Il incline légèrement son couvre-chef pour la saluer. Il est plutôt bien fait de sa personne, et dans les mêmes âges qu’Erika ? Difficile à dire. Son expression est canaille, il joint ses mains sur son ventre, à l’aise. Il porte une bague à l’auriculaire et, dans une poche de sa veste, il a glissé un ruban vert. C’est peut-être une coïncidence, mais il s’agit d’une couleur peu auspicieuse au théâtre.

A la droite d’Erika se trouve une jeune femme visiblement issue de la noblesse. Elle a l’air d’avoir un peu chaud avec toutes ces torchères alentours alors qu’elle a mis un col de fourrure véritablement ostentatoire. Elle s’évente donc avec précipitation. Son maquillage très collant ne permet pas à la lueur de poindre sur son front largement exposé grâce à sa coiffure à étages. La jeune noble fait un petit signe de la main à Erika et lui souffle.

- Bonsoir à vous ! Oh, je n’ai pu m’empêcher de remarquer la couleur de vos cheveux. Ils sont ravissants. Comment obtenez-vous ce mélange ?

Elle s’enquiert, mais avant d’avoir pu obtenir la réponse une voix s’élève dans la salle.

- Monsieur de Closbois !

Et ainsi, paré de son loup qui imite les traits d’un visage humain, et d’un costume tout à fait élégant, le gentilhomme monte sur scène sous les applaudissements de chacun. Il lève son bras bien haut bien haut alors que la jeune noble émet un couinement de souris, visiblement excitée. L’homme à la gauche d’Erika mâche visiblement quelque chose, probablement du tabac, et ne commente pas, quoi qu’il ait l’air amusé par tout le décorum. En effet, Monsieur de Closbois abat trois fois sur les planches sa canne de bois, et alors qu’il s’efface, le rideau s’ouvre. Le spectacle va commencer.
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  C’est déjà un spectacle particulier que voit Erika en arrivant devant le bâtiment. Elle vient prendre place dans la queue, entre roturiers et aristocrates qui attendent tous sagement leur tour. Ce n’était pas une scène commune de voir tout se monde rassemblait et discuter les uns avec les autres mais la soirée invitait à ce genre d’interaction et Erika n’hésitait pas à laisser traîner des oreilles, et encore mieux, elle entamait la discussion avec n’importe qui autour d’elle, parlant de tout et de rien mais avec son ton habituel qui donnait l’impression qu’elle connaissait tout le monde depuis des lustres, surtout qu’elle en connaissait réellement certains, des clients de la taverne qu’elle taquinait en disant qu’ils trompaient son établissement en étant ici mais qu’elle les excusait car après tout, elle était avec eux aussi. Elle fera signe à quiconque lui en fera un, toujours accompagné d’un sourire chaleureux que la tenancière maîtrise à la perfection.

   Arrivé à la hauteur des gardes, elle les salue en hochant la tête et en les remerciant et commence à se diriger à l’intérieur du bâtiment. Cependant, elle ne peut s’empêcher de tourner la tête lorsqu’elle entend que les gardes mettent plus de temps avec les gens derrières elle. Elle remarque que leur invitation est différente de la sienne mais elle n’est pas plus étonnée que ça. Après tout, sa lettre n’était pas nominative. Elle suppose que certaines devaient l’être, ou qu’ils avaient des places particulières. Après tout, vu le nombre de personnes différentes, tous les gens ne pouvaient pas être logé à la même enseigne. Comme elle les fixait en réfléchissant, Erika ôte son chapeau et incline la tête vers eux afin de ne pas créer de gêne. En passant une de ses mains dans ses cheveux détachés afin de les placer tous du côté gauche, elle avance sous la coupole. Ses yeux se posent partout autour d’elle afin d’admirer ce second spectacle. Erika n’avait pas l’habitude des espaces aussi grands, elle se sentait toute petite et eu l’impression de ne pas être à sa place. En réalité ce n’était pas une simple impression elle n’avait pas du tout l’habitude de ce genre d’endroit et de soirée. Elle avait passé son enfance dans à jouer dans les rues, la caserne et sur les routes dans la charrette de son père, son adolescence dans la taverne et la caserne de la garde et la suite de sa vie dans les mêmes endroits. Le serviteur qui vient lui proposer une serviette lui permit de définitivement se sentir dans un autre monde. Une serviette chaude, qui plus est parfumée pour ses mains et sa nuque ? Certain avait vraiment de l’argent à jeter par les fenêtres. Mais comme c’était offert, Erika accepta volontiers. Elle n’était pas de ce monde mais elle comptait bien en profiter pour ce soir. C’était une expérience qu’elle allait vivre au maximum et son sentiment de gêne disparu pour laisser place à sa vieille amie, sa curiosité.

  Elle se laisse guider et avance en regardant partout autour d’elle, découvrant toujours plus de chose. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à l’organisation d’une telle soirée, le monde qu’il faudrait pour tout entretenir, pour accueillir les invités, pour faire fonctionner tous ça et à l’argent que ça pourrait bien coûter. Rien que le budget serviette devait être indécent – oui, ça l’avait vraiment marqué. On lui montre sa place et Erika se demande sur le moment si on ne s’est pas trompé. Elle est proche de la scène, elle aura une vu imprenable sur ce spectacle. En s’asseyant, elle se demanda comment ils donnaient les places, sur son invitation elle n’avait rien vu qui pourrait ressemblait à une indication du genre. Elle la regarda à nouveau puis l’enfoui dans sa poche et posa son chapeau sur ses genoux au même moment où un homme s’assoit à sa gauche. Elle le reconnaît, c’est un de ceux qui ont légèrement attendu juste derrière elle. Elle lui rend son sourire en inclinant légèrement la tête.

- Des problèmes pour entrer ? Il ne fallait pas voler l’invitation d’un autre.

  Dit Erika d’une voix calme, pour une fois. N’arrivant pas à savoir son statut social, elle sourie pour appuyer son trait d’humour afin d’éviter de blesser quiconque. Allez savoir ce qu’il se passe dans la tête d’un noble si vous l’accusez de vol en étant une simple tavernière…Elle jette en même temps un rapide coup d’œil à sa tenue, sans le toiser. Erika a à peine le temps de se retourner vers la femme qui lui adresse la parole qu’on commence à parler. Elle lui fait un signe pour indiquer qu’elles parleront, peut-être, plus tard.

- Monsieur de Closbois !

  Voici donc ce fameux personnage qu’Erika avait hâte de rencontrer. Elle en entendait parler depuis un moment et c’était maintenant ses yeux qui allaient pouvoir être témoins de sa mise en scène et plus seulement ses oreilles attentives aux ragots de sa taverne. Elle accompagne les applaudissements avec un sourire tout en détaillant sa tenue. Elle est excitée à l’idée d’assister à cette soirée et tapote de son index son chapeau. Elle devait admettre que cet homme avait l’art de la mise en scène. Sa présence avait tout de suite changé l’ambiance de la salle et sans un seul mot, il tapa sur les planches et le rideau s’ouvrit. Elle était persuadée que travailler avec lui devait être éreintant, il lui donnait l’impression, après seulement deux minutes, d’être quelqu’un de très minutieux et de perfectionniste. C’était sûrement la raison de son succès. Elle croisa les jambes, toujours son chapeau entre les mains qu’elle croisa. Elle s’appuya sur son dossier, son excitation était à son comble et les yeux rivés sur le spectacle qui allait commencer.
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Scène d'exposition


Dans la queue, il ne se dit rien de très juteux, malheureusement pour Erika mais elle put s’occuper tout son saoul pendant qu’elle patientait.

A l’intérieur, une fois assise, l’homme à sa gauche éclate de rire ce qui découvre ses dents. Elles ne sont pas extrêmement régulières et deux sont des fausses, en or. Un rien ostentatoire, pas du tout ce qu’un noble se mettrait sur les chicots.

- Madame, vous me blessez. Je suis un homme recherché. Pour sa compagnie ! J’en confonds mes invitations.

Glisse l’homme à Erika alors qu’autour d’eux, on leur adresse quelques regards. Le rire de l’homme était franc et communicatif, et certains alentours ricanent par mimétisme, des gens aux tenues humbles qui ont l’air mal à l’aise d’être là. Probablement doivent-ils penser que c’est coutume que de s’esclaffer, ou que quelque chose de drôle vient d’être dit et qu’ils n’ont pas compris, mais imitent, au cas où.

- Hey… Mais vous êtes la tenancière de la taverne du Denier. N’est-ce-pas ? Je pourrais faire le tour de la ville pour ces trucs fermentés que vous faites avec les plantes natives. A quand une petite bière locale ?

Ajoute le type, ce qui fait hausser les sourcils de la femme à la droite d’Erika.

- Oh !

Elle fait, en se couvrant la bouche, comme si on venait de lui dire qu’Erika était un célèbre bandit et que c’était follement romantique. Elle ne doit pas être une cliente, ça c’est sûr.

Les musiciens qui ont fini d’accorder leurs instruments laissent planer un silence après les coups de Monsieur de Closbois. Et puis la cheffe d’orchestre tapote son pupitre et lève sa baguette. Un violon vibre en premier, les notes sont singulièrement mélancoliques au début, mais alors que le reste de l’orchestre suit, une joyeuse gigue s’entame. Sur scène débarquent comédiens masqués et habillés de tenues bariolées. Certains costumes sont couronnés des mêmes pierres colorées que portent les Natifs. Hommage ou vol éhonté ? D’Ortian a probablement voulu le premier mais quiconque connaît les Natifs sait qu’ils ne portent pas de tels objets de cette façon, ce sont des charmes qui ont une certaine importance spirituelle, on ne les accroche pas aux bords de son chapeau. Le début de la pièce est visiblement un numéro de voltige. Les acrobates sautent les uns par-dessus les autres, en rythme, s’agrippent les mains, se projettent, alors que leurs traines de tissu brouillent un peu l’ensemble donnant la même impression que la chaleur qui miroite à l’horizon. C’est hypnotique, les couleurs se touchent, se mélangent, on défie la gravité et la courbe qu’un corps devrait pouvoir prendre. Les figures déguisées se tournent régulièrement vers le public, certaines échangent leurs masques en se cachant derrière la traine d’un de leur collègue, et ainsi c’est un véritable bal de dupes. Même si on suit un acrobate particulier des yeux, on le perd bien vite dans la foule, on a l’impression de le voir rejaillir de l’autre côté de la scène.

Des « oooh ! » s’élèvent alors que des travées qui ont amené les spectateurs surgissent les comédiens. Eux ne sont pas masqués, ils portent beaucoup de maquillage, le premier numéro n’était qu’un entremet mais la salle est déjà frétillante d’excitation. Certains se sont levés pour s’agiter sur la musique, au grand damne de ceux qui ont l’habitude de spectacles assis. Dans le théâtre de rue, on ne reste pas sagement sur sa chaise, et les plus pauvres ne connaissent pas un divertissement où il faut pendant des heures durant garder sa chaise attachée au fauteuil. On entend quelques « chuuut » et « mais enfin ! », cependant la majorité ne dit rien, on échange sourires crispés, regards de dédain, et les comédiens ne semblent pas gênés de voir certains spectateurs perchés dans les rangs. Ils ne le sont pas plus lorsqu’une poignée de personnes tend la main vers eux, pour les toucher. Au contraire, c’est comme s’ils s’y attendaient, ils serrent des mains, ils s’inclinent, lèvent les bras pour saluer, alors que sur la scène le spectacle s’achève et qu’alors que les pirouettes des acrobates les mènent vers les coulisses, une femme descend lentement… du plafond. Voilà qui arrache l’attention du public des comédiens. Voilà qui fait lancer d’autres exclamations, d’admiration, parfois d’effroi. La femme est assise dans un cerceau, elle semble sereine, installée comme sur une balançoire.

- Amis nouveaux et anciens !

Lance-t-elle, sa voix agréable emplit la salle. Elle est d’une clarté travaillée, bien articulée, parfaitement audible. On aurait envie de fermer les yeux pour l’écouter plus longtemps.

Combien y avait-il d’acrobates à l’instant ? Vingt ? Trente ? Pour un numéro d’une dizaine de minutes ? D’Ortian n’a pas lésiné sur les dépenses, c’est vrai. D’aucuns pourraient trouver l’étalage de ses moyens un peu vulgaire si on songe à la période que vit Nouvelle-Sérène.

- Vous réunis ce soir, entendez mon conte ! Celui d’une fermière et de sa fidèle compagne ! Celui de la première vache à qui on apprit la parole !

Voilà qui est singulier ! C’est un conte populaire dans la campagne de Sérène, une pièce qu’on joue parfois pour la fête des moissons. Tout le monde en connaît une version, nobles ou paysans, plus ou moins grossière. C’est une comédie, une farce d’aucuns diraient, mais le sujet est léger, agréable, et il unit certainement la Congrégation en cela qu’il a probablement bercé l’enfance de tous les présents. D’Ortian n’a pas pu choisir au hasard, mais elle a visiblement décidé d’adapter le conte d’une façon traditionnelle à l’art noble du théâtre, avec un chœur – ou cette fois une narration faite par une seule femme – un orchestre, et des comédiens aux riches vêtements. La vache n’est pas un tonneau de bois peint qu’on fait parler, si on en juge à ceux qui montent sur scène pour déclamer leurs titres et leurs rôles, comme il est de coutume de le faire. C’est une charmante jeune femme à la robe tachetée de blanc et de noir, ses longs cheveux ramenés vers l’arrière par une laque qui les fait paraître dru.


- La pauv’ fille, j’espère qu’elle va pas tomber de là-haut… sa corde est proche du chandelier quand même.

Lance le type à la gauche d’Erika à l’intention de la tenancière. Cependant, il l’a dit assez fort pour être entendu sur quelques sièges alentours. On s’échange des regards, car certains semblaient avoir déjà un rien d’appréhension, mais que quelqu’un ose le dire à voix haute la cristallise.

- Ça doit être une machinerie du Pont.

Ajoute l’homme, songeur, ce qui fait monter des murmures autour d’eux. C’est innovateur pour sûr ! Où d’Ortian s’est-elle procuré cela ? La jeune femme à la droite d’Erika s’empresse de se pencher sur cette dernière pour tenter de dérober à l’homme sa compagne de conversation, qui n’avait rien demandé en premier lieu.

- Vous êtes… tenancière, alors ?

Elle le dit comme s’il s’agissait d’un titre et qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il y avait derrière.

- J’ai entendu parler d’un club.

Elle chuchote tandis que le dernier comédien, professeur à la très haute Académie d’Al Saad – du moins c’est son rôle – se présente. L’homme à la gauche d’Erika a un signe de la main comme pour dire à Erika « vous voyez », puisque le Pont est à nouveau évoqué, même si ça n’a pas grand-chose à voir.
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Au moins elle ne commence pas la soirée en blessant qui que ce soit. Quand l’homme éclate de rire, elle l’accompagne joyeusement d’un rire qui n’est pas des plus discret. Elle était ici pour se détendre et comptait bien en profiter.

- Un homme recherché pour sa compagnie ? Mais à qui ai-je donc l’honneur de parler ?

Elle porte sa main sur le haut de son torse, faussement flattée de rencontrer cet individu et accompagne le geste par un sourire espiègle. Quand il remarque qu’elle est la tenancière de la taverne du Denier, Erika lève légèrement les mains au ciel en inclinant la tête.

- Et me voilà démasquée ! Ah, c’est toujours un véritable plaisir de savoir que l’on satisfait nos clients. On travaille actuellement sur des nouveaux produits fait avec ce que l’on trouve sur l’île mais vous savez, avec la situation dans laquelle nous sommes actuellement, je suis plus en train d’essayer d’avoir un approvisionnement correct afin de ne pas décevoir notre clientèle que de partir en vadrouille aux quatre coins de l’île.

Elle n’a pas honte de dire que l’approvisionnement est compliqué en ce moment, surtout si c’est pour indiquer qu’elle s’en sort malgré les problèmes de disette. Elle marque un temps d’arrêt, réfléchissant quelques instants.

- Voyez-vous, j’adorerais pouvoir partir quelque temps de Nouvelle-Sérène afin d’aller à Hikmet, ou même de rencontrer des natifs soyons fous ! Afin de discuter de ce que l’on peut trouver sur cette île et comment l’adapter en nourriture et boisson. Si par hasard vous connaissiez quelqu’un qui pourrait m’y aider, je serais ravi de vous faire un prix sur les produits qui pourraient voir le jour, dont cette fameuse bière !

Elle n’allait quand même pas manquer l’occasion de faire un peu de commerce alors que l’occasion pouvait se présenter. Il fallait être à l'affût de tout et Erika se retourna ensuite vers la femme à ses côtés pour lui décocher un petit clin d’oeil.

Lorsque le spectacle commence, Erika s’appuie confortablement sur le dossier de sa chaise, prête à admirer le spectacle qui va se dérouler devant elle sans savoir exactement ce qu’elle va y apercevoir. Il n’en faut pas beaucoup pour qu’Erika se laisse emporter dans le tableau qui se joue devant elle. La musique entrainante, les couleurs mêmes les pierres qui accompagnent certains costumes, la jeune femme suit le spectacle avec grande attention. La musique lui donne envie de frapper dans les mains pour accompagner et si la salle le fait, alors elle s’en donnera à coeur joie, de même si certaines personnes autour d’elle se lèvent, elle se lèvera aussi pour se balancer au rythme de la musique en claquant des mains . Elle panique légèrement lors de certains numéros de voltige, ne pouvant cacher son soulagement quand tout se finit bien. Le spectacle aurait pu s’arrêter là qu’Erika estimait déjà avoir eu une excellente soirée. Et voilà que tout à coup une emme descend du plafond. Erika porte sa main devant sa bouche en la voyant et retombe sur sa chaise. C’était quelque chose que l’on ne voyait pas tous les jours…encore une fois.

Erika affiche un sourire mélancolique en entendant ce conte. Pour sa part elle connaissait plusieurs versions différentes, ayant accompagné son père dans ses voyages à travers la campagne de Sérène. La jeune enfant avait eu l’occasion de le voir joué plusieurs fois et ainsi d’apprendre plusieurs versions différentes. Elle n’avait pas pensé à ça depuis des années, chaque souvenir avec son père rouvrant la plaie de son départ qu’elle n’avait encore jamais réussi à accepter. Elle serra les lèvres et commença à avoir les mains tremblantes. Elle tenta tant bien que mal de fixer ses pensées sur la seconde partie du spectacle car il était hors de question de se laisser submerger par ses sentiments dans ce genre d’endroit et de moment mais ses souvenirs se transposer à la pièce devant elle.

La phrase de l’homme la sort de cet état et après une petite seconde pour revenir sur terre, elle lève les yeux vers le chandelier en question. Elle commence sa phrase d’où ne sort aucun son, puis après un raclement de gorge, elle reprend.

- J’en doute, j’espère qu’ils y ont pensé et il y a dû avoir des répétitions…Sauf si pendant ses répétitions, la corde s’est abîmée de plus en plus…ce que je n’espère pas, évidemment.

Elle acquiesce les dires de l’homme. En effet, ça doit surement être encore une invention du Pont, il n’y avait qu’eux pour créer ce genre de système. Erika se demandait d’ailleurs si il n’avait que ça à faire, de créer une balançoire qui descend du plafond…après tout quel était l'intérêt de créer ce genre de mécanisme, si ce n’est pour contenter les nobles lors de leur spectacle. Si ce soir, tout le monde était mélangé, elle se demandait si ce mécanisme avait été monté spécialement pour ce spectacle où si M. Closbois avait détourné, à l’aide d'ingénieurs, un mécanisme déjà existant.  

- C’est exact. Dit-elle en se tournant vers la jeune femme à sa droite. Elle préférait laisser la jeune femme s’imaginer tout et n’importe quoi sur ce qu’était une tenancière. Elle passa une main dans ses cheveux et sourit à la jeune femme. Vous avez entendu parlé d’un club ? Dites m’en plus, je pourrais sans doute vous éclairer.

La femme avait désormais toute l’attention d’Erika.
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- Fortune. Enchanté.

Répond l’homme à Erika en lui tendant la main pour la lui serrer, chaleureusement. Voilà un nom qui n’est pas commun.

Fortune paraît déjà passer un très bon début de soirée puisqu’Erika lui fait la conversation. Il a le rire et le sourire facile, et à eux deux avec leurs voix qui portent, ils s’attirent autant de regards que de soupirs.

Fortune dodeline de la tête alors qu’Erika lui annonce ses plans et déclare simplement.

- Je connais une ou deux personnes… Est-ce que c’est impoli de proposer à une tenancière de lui payer un verre ? En tout bien tout honneur, pour discuter affaires. Si on gouase autant, on aura le gosier sec quand le rideau tombera !

Il parle plus fort sur la fin, en inclinant la tête pour regarder la rangée de derrière, comme pour leur signaler qu’il est parfaitement au courant de leurs regards appuyés. Il a visiblement décidé de ne pas bouder son plaisir. L’homme doit être habitué au théâtre populaire où la foule est part entière de l’œuvre, on discute, on lance des commentaires et on applaudit ou on hue en pleine représentation. On ne regarde pas en silence, poliment, de façon ordonnée.

Tandis que Fortune se redresse, la voisine d’Erika se penche à peine pour lui souffler :

- Vous devriez vous adresser au bureau de Madame d’Ortian ! Elle est toute proche de signer un contrat de libre échange avec un de ces… groupes Natifs, paraît-il ! Elle cherchera peut-être des commerces prêts à recevoir leurs marchandises ! J’en discutais avec mon cousin l’autre jour… C’est bien beau de charger des convois, mais où va-t-on vendre toutes ces choses ? On ne va pas les entasser à l’entrée de Nouvelle-Sérène ! Il faudra de nouveaux permis de vente !


Erika est bien placée pour savoir que chaque objet dont on fait commerce dans la Congrégation est étiqueté sous une catégorie et qu’on ne peut vendre strictement que ce dont on dispose les permis pour. Il est vrai que « biens éclectiques d’une nouvelle culture » n’y figure pas et que ce sera probablement un casse-tête juridique. Heureusement, ce qui a trait à la nourriture a tendance à être plutôt facile.

La femme dit tout cela à Erika comme si cette dernière pouvait simplement écrire à Maeva d’Ortian comme on entre chez l’épicier. Elle semble songer que peut-être Erika ne sait pas bien comment faire, et lui adresse un sourire encourageant. Il y a tout de même quelques idées dans ses suggestions.

Alors que le spectacle se fait, la réponse d’Erika arrache un rire rauque à Fortune :

- Vous voulez faire un pari ?  

Il lui demande, décontracté malgré le sujet, avant que l’attention d’Erika ne soit accaparée par sa voisine. Cette dernière rosit un peu et parle de nouveau à voix basse. Elle a tout cet art de ne tourner qu’un quart la tête pour converser sans donner l’impression qu’elle est en train de bavarder et de ne pas braquer son regard sur le spectacle.

- Ma sœur a un… camarade qui se rend dans votre établissement parfois, et il… Est un habitué des sous-sols. Oh, pour s’alléger les poches, rien d’autre. Il est un peu taquin, comme ça. Votre établissement a l’air charmant, pour sûr, mais ma sœur… Elle est à un âge où… connaître le monde ne lui ferait pas de mal. Je crains qu’elle ne s’attire des ennuis ! Vous savez comme ils sont ! Et je suis terrifiée par ces histoires de… grande simulatrice.

Une façon détournée et polie de parler de la syphilis.

- Est-ce… Est-ce que ce club vous appartient ?

Visiblement, c’est surtout cela que la femme veut savoir, mais comment souvent avec des gens de haut rang dans la Congrégation difficile de dire quelle est la réponse qu’ils attendent.  Parle-t-elle à Erika car elle serait rassurée de pouvoir lui confier sa sœur, ou lui demande-t-elle cela car elle craint au contraire que l’établissement soit similaire à la taverne du Denier ?

Sur scène, la narratrice suspendue commence son conte. Entre Margot, la bergère, et Saule, la vache, pour le début d’une scène comique où Margot essaie de se donner le courage pour déclarer sa flamme à son grand amour mais Saule ne cesse de lui répondre en articulant quelques mots lorsqu’elle a le dos tourné, et Margot qui ne sait pas encore que sa vache sait parler se retourne à chaque fois, croyant quelqu’un présent, et appelle qui est là.

Le décor est une grande planche dessinée, huile sur bois, avec un florilège de détails et de superbes couleurs. Si elle n’était pas si immense, elle ne ferait pas un étrange tableau à accrocher chez soi.

On entend des rires dans l’assemblée. Il va falloir s’y habituer : les spectateurs seront bruyants. Fortune ne se prive pas pour se joindre à la foule, et il enchaine les commentaires, parfois railleurs, parfois émerveillés. Il semble sensible à la beauté du décor, avec sa perspective, une porte de grange ouverte sur un paysage qui semble s’étaler très loin, plus qu’il n’apprécie le verbe choisi des comédiennes.
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"Fortune". Voilà un prénom plein d'espoir d'avenir lorsque l'on naît. Elle serre la main de l'homme d'une bonne poigne, détestant les poignées de main molles.

Elle observe l'homme incliner la tête vers la rangée arrière. Elle entend les soupirs et sent les regards se poser sur eux. Mais la salle n'était pas vraiment des plus silencieuse de toute façon. Dans les fêtes que connaissaient Erika, on pouvait commenter ce que l'on voyait voir parler d'autre chose en ayant un bon divertissement mais ce n'était pas le cas chez la classe aisée qui préférait être dans le silence.

Elle allait ouvrir la bouche quand la jeune femme lui glissa une autre information à l'oreille. Voilà qui était plus qu'intéressant. Si Erika pouvait être parmi les premiers commerçant, cela lui vaudrait une place de choix dans le commerce avec les natifs de l'île en plus de se détacher des potentielles concurrents. Elle pourrait même se faire quelques contacts mais pour en arriver là, il fallait pouvoir arriver jusqu'a Ortian...soit. Elle gardera cette information et ira fouiner de ce côté là.

- Ce n'est pas impoli, je serais ravie de discuter affaire autour d'un verre, si mon temps libre me le permet.

Ce n'est pas comme ci la jeune femme avait beaucoup de temps ces derniers temps. Il fallait sans cesse refaire les inventaires, les services. Certains produits commençaient à manquer et c'est pour cette raison qu'Erika cherchait d'autre forme d’approvisionnement que par la voie maritime. Heureusement qu'elle avait un apport par Alix qui lui, n'était pas touché par les tempêtes et les retards de bateaux.

- Je vous remercie pour cette information madame. Je serais ravie de faire partie des premiers commerces à recevoir ces marchandises !

Erika porte les deux mains à son torse en s'inclinant légèrement devant la femme pour la remercier. Elle rajouta ça à faire dans sa liste mentale qui commençait a être débordé.

Erika lève un sourcil à la demande de l'homme. Qui pourrait bien vouloir parier sur l'accident d'une femme qui n'a rien demandé si ce n'est juste faire son spectacle. Elle regarde l'homme et avant de se tourner vers sa voisine elle hoche la tête avec un clin d’œil, confirmant sa participation a ce pari.

Heureusement qu'elle avait l'habitude des discussions a plusieurs comme il était en train de s'en dérouler. A la taverne il lui arrive de mener plusieurs discussions à la fois et de s'en sortir pas s'y mal. Elle écoute donc la jeune femme qui à l'air mal à l'aise, ne sachant pas comment aborder le sujet. La tenancière eu envie de rire en entend la femme tenter tant bien que mal de lui expliquer que sa sœur cherche un établissent de meilleur réputation que sa taverne. Tout le monde sait comment fonctionne les tavernes et encore plus celle du Denier, la Garde gère ses affaires. Erika lui sourit avant de répondre, comme pour la rassurer.

- Je ne suis pas la gérante du club.  Elle ne pensait pas que prononcer ces mots serait si étrange. Mais je connais très bien la personne qui tiens le club, c'est une amie.

Erika juge la réaction de la femme avant de continuer.

- Je vous assure que ce club n'a rien a voir avec l'ambiance des tavernes. Que diriez-vous si je vous décrochais une invitation pour que vous puissiez voir de vos yeux avant d'y amener votre sœur ?

Erika prend un ton calme et chaleureux, qui tranche avec celui qu'elle utilisait jusqu'ici avec Fortune. Elle tente de rassurer la femme sur sa demande en évitant de trop s'agiter. Elle se force grandement d'éviter de trop parler avec les mains afin de ne pas gesticuler dans tous les sens comme à son habitude.

Erika porte son attention sur le spectacle de temps à autre afin de voir tout de même ce pourquoi elle était là. L'humour de la pièce de théâtre qui se jouait pris la jeune femme dans son flot et lui arracha quelques rires. Elle admire aussi la planche qui sert de décors avec une grande attention afin d'en saisir tous les détails possible. Elle se demandait quel paysage aurait-elle envie de peindre avec un aussi grand support.
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- La soirée est encore jeune ! Pourquoi pas après la représentation ?

Propose Fortune, du tac au tac.

La jeune noble sourit à Erika puis souffle.

- J’en serais ravie. Merci.

Le spectacle se poursuit, non sans quelques remarques de Fortune qui plaisante sur la corde quand la narratrice se met à se balancer d’avant en arrière comme sur une balançoire. L’histoire raconte comment Margot a commencé à découvrir que Saule parlait, entremêlée à une rocambolesque intrigue amoureuse, puisque le cœur de Margot hésite entre le jeune et sérieux meunier Melchior et la volage et extravagante Zindra, une jeune femme de l’Alliance du Pont venue étudier cette étrange vache. L’endroit est présenté comme lointain et enchanteur, le quotidien de Melchior et Margot comme innocent et simple, les pans de bois qu’on change régulièrement pour illustrer les paysages qui s’alternent font voyager, ou plutôt revenir, revenir à Sérène, à sa campagne, à son eau un jour pure, à ses bois un jours giboyeux…

Le tout est burlesque, et on aime les quiproquos qui procurent des rires faciles au public. Fortune s’esclaffe à plusieurs reprises et a toujours plus de choses à dire sur les arrière-plans. Pour être aussi féru, il doit peindre lui-même. Son enchantement est si vif qu’il a quelque chose de doux et candide, ce qui contraste avec son attitude générale.

Il y a un numéro chanté où Melchior déclare son amour, sans savoir qu’il se confesse à Zindra qui se trouve déjà dans le lit de Margot. Le tout est accompagné de panneaux de bois détachables qui se déplacent à une vitesse régulière pour simuler le courant de l’eau, non loin de la petite demeure de Margot. Saule souffle toutes ses répliques à Melchior, en aparté, et Zindra, perchée dans son lit, fait des mimiques exagérées face aux propos de plus en plus rocambolesques de Melchior, ponctuant les rires du public.

L’entracte est annoncé. La noble qui n’a plus rien dit près d’Erika lui propose immédiatement de l’accompagner dans la salle de réception pour lui présenter « quelques amis ». Elle se présente d’ailleurs, s’excusant de son impolitesse. Francesca de Bellême. Elle entraîne Erika dans une pièce pas beaucoup décorée qu’à l’entrée, mais où ont été dressées des tables sur tréteaux, avec des nappes par-dessus. Des domestiques portent des plateaux et expliquent diligemment ce que contiennent chaque plat qu’on invite les convives à goûter. Les bouchées sont plus conséquentes qu’un petit four, visiblement inspirés des repas frugaux des thélémites en journée ; ils mangent souvent des éléments empilés sur du pain, c’est très proche ici, même si on a mis les produits de la mer en exergue et que les sablés au parmesan dont on peut se servir sont en forme de vache. Des femmes rient à ce sujet. Une autre, une noble, s’émerveille de reconnaître un homme qui travaille en tant que petite main chez la modiste où elle se fournit, et le couvre de compliments. Il est rouge pivoine sur la fin mais semble ravie. L’ambiance est bonne enfant, on se mêle, on s’entremêle, le principal sujet de conversation est la pièce et chacun a une histoire, une anecdote, sur les souvenirs qu’elle a fait remonter à la surface. La nostalgie ravie de l’enfance. Si on n’a pas bien suivi le texte, on peut s’émerveiller des belles couleurs, des beaux costumes.

Francesca a le bras sûr, elle voulait Erika avec elle, avec ses « quelques amis » d’autres petits nobles et des bourgeois qui interrogent Erika avec courtoisie, à tour de rôle. Le premier sujet est le Club des Agapes. Visiblement, Francesca veut jauger le caractère d’Erika avant de la croire sur parole. Un homme demande à Erika comme il se fait que le club ait un stock de nourriture si pérenne – et cela n’est dû qu’au travail de l’oncle d’Alix qui, sans cesse, va sur les routes collecter et ramasser, selon les indications de sa nièce qui connaît quelques espèces comestibles. Une femme questionne Erika sur la nature des activités et la façon dont on accède à une telle position. Cette question ne lui est pas destinée qu’à elle, la tenancière pourra l’entendre dans la bouche d’autres personnages visiblement importants, posée à des gens du peuple. Un autre homme interroge également Erika sur le produit qu’elle utilise pour ses cheveux : la pauvre doit être si fatiguée ! Il connaît justement un gentilhomme originaire de Thélème qui a de l’or dans les mains…

La conversation mondaine est beaucoup plus feutrée que celles dont a l’habitude Erika. On rit sous son éventail, on badine de choses pas trop controversées, et même lorsqu’on évoque la privation qui frappe Nouvelle-Sérène on le fait avec des mots choisis.

Fortune papillonne lui de groupes en groupes, et on dirait qu’à chaque fois il en choisit un composé de membres du bas peuple, et qu’à chaque fois il en chasse les plus aisés. Des rires s’élèvent rapidement après son passage, mais une poignée de personnes qu’il a visiblement indisposé se réunissent dans un coin pour échanger quelques mots, si vite qu’on dirait à peine que c’était intentionnel. Peut-être venaient-ils juste se resservir un verre ?

Une sous-intrigue se joue ici, qu’on le veuille ou non. Mais sur scène attend la principale. Après avoir été servi en un cidre léger, et avoir pu déguster des plats revisités comme une fameuse soupe de poisson en vérine, une bouchée de spaghettis enroulées autour d’un cure dent, ou des tranches très fines de poisson panée par-dessus une passata à l’huile d’olive, on sonne la reprise.
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Pourquoi pas après la représentation ? Elle n'avait aucune raison de refuser, et c'était toujours bon se faire des contacts, ou à l'inverse, de s'avoir a qui on avait à faire. Même si cela ne menait à rien, Erika avait envie de voir quel personnage elle avait en face d'elle.

- En effet, pourquoi pas ! dit-elle en levant les bras en l'air pour montrer son enthousiasme puis tapotant l'épaule de Fortune.

Elle songea tout à coup qu'elle aurait peut être du prendre son pistolet, au moins pour faire diversion si jamais ça tournait mal. Il n'y avait théoriquement pas de raison d'en avoir besoin mais on n'était jamais trop sûre. La jeune femme ne savait que trop bien qu'elle pouvait avoir des ennemis dont elle ne connaissait même pas l'existence. Elle était cheffe de la taverne du Denier, elle avait son nez autant dans la taverne que dans le bordel que dans l'arène et les secrets et les "on-dit" était d'excellentes sources d'informations a qui savait les écouter, et Erika laissait toujours traîner ses oreilles, même en pleine discussion.

A la jeune noble, Erika incline la tête pour signer sa reconnaissance. A temps normal elle aurait mis une petite tape sur l'épaule ou même pris la personne dans ses bras mais il était hors de question de faire cela avec la noble devant elle.

La jeune femme regarde le spectacle et ne se prive pas de commenter avec Fortune, elle aussi plaisantant sur certains costumes, ou certaines situations et lorsqu'il faut rire, Erika rit de bon coeur. Elle discute aussi du fait qu'elle avait entendu plusieurs versions et n'hésite pas à raconter les siennes a qui veut bien les entendre, Fortune, la noble, les gens devant, les gens derrière.

En entendant son compagnon du soir parler de l'arrière-plan, la jeune femme n'hésite pas à entrer dans une discussion un peu plus sérieuse. Elle est enchantée par le fait de pouvoir faire des commentaires sur quelqu'un qui s'y connaît également. C'était une excellente soirée.

Lorsque l'on annonce l'entracte, la tenancière en profite pour s'étirer un bon coup avant de se relever et alors qu'elle amorce le mouvement, la noble l'invite à la survire. Sans une once d'hésitation, le jeune femme se lève donc et lui emboîte le pas. Elle veut lui présenter quelques amis ? Mais n'hésitez pas ma chère, je suis la femme de la situation, Francesca de Bellême, surtout si vos amis veulent vider leur poche dans le Club des Agapes.

Des petits fours en forme de vache, voilà qui suffit pour faire sourire Erika, ils ont mit le paquet et une petite fortune ça c'est sur. Elle déguste les mets avec une certaine concentration. Elle n'est pas bête, elle sait qu'elle ne pourrait pas faire venir tous les produits qui sont présentés ici dans sa taverne mais les goûts et les saveurs ensemble reste intéressant et elle pourrait faire quelques choses de semblable avec les ingrédients qui arrivent à son établissement. Remplacer tel ou tel aliments du continent par ceux des natifs par exemple. Mais même si Erika pourrait rester tout l'entracte ici à discuter avec tout le monde, elle se fait guider par Francesca qui ne la lâche pas et la voilà qui se retrouve au milieu des amis en question. Erika à tout simplement l'impression d'être a une vente aux enchères. Elle doit défendre son produit et elle n’hésiterait pas à le faire.

- Erika Acquisto, tout à fait, pour vous servir messieurs dames. C'est un plaisir de vous rencontrer, je vous que vous avez entendu parler du Club et sachez que j'en suis ravie, surtout si c'est en bien. Comment est ce qu'on arrive a avoir de bonne provision ? Eh bien simplement parce que l'on a monter une équipe digne de confiance et de gens qui ont a cœur de faire vivre ce club et de proposer la meilleur expérience possible a ceux qui ont la chance de pouvoir pousser ses portes.

Elle marque une très légère pose pour évaluer les réactions des gens a qui elle s'adresse puis repart de plus belle, accompagnant ses paroles avec de grand geste. Elle ne voulait pas effrayer les gens mais elle voulait que cette conversation reste gravé dans leur mémoire, que ça fasse son petit bonhomme de chemin jusqu'à ce que leur curiosité les pousses a vouloir entrer au Club. Oui, c'était le plan, alors il fallait amener un peu de théâtralité dans tout ça, et elle c'était justement du Erika tout craché.

- Nous avons donc pour cela un homme qui se risque sur les sentiers de Teer Fradee afin de récolter lui même les rations du club. C'est un travail intense et qui demande de la régularité, sans être exempt de danger lorsque l'on approche des territoires des natifs de l'île, ou encore pire des créatures qui peuples ces terres. Et je peux vous en dire que je m'y connais un peu après être allé au village de Selveggia, vous avez entendu parlé de cette histoire ? Un pauvre village plein de gens qui ont été enlevé par des bêtes sauvages. La gérante du Club et moi même avons fait notre devoir et ensevelie ses bêtes afin qu'elles ne reviennent pas.

C'était plus ou moins l'histoire. Elle reprit son souffle avant de répondre à la deuxième question. Si l'exercice aurait pu être désagréable ce n'est pas du tout l'impression que ça donne pour Erika. Elle reste calme, elle sourit, elle rit même, passe d'un sujet à un autre. Elle dénote peut être un peu au milieu de leur manière feutrée mais ce n'est pas grave. Elle veut donner l'impression d'être authentique. Après avoir parler des danger que bravait Alphonse pour le club, enfin presque, elle entama la suite des questions.

- C'est une excellente question ça madame. L'activité principale du club est de jouer aux cartes afin de se divertir et de laisser de côté nos tracas, tout cela dans un cadre accueillant. Il y a aussi des soirées autour de discussion politique par exemple afin d'échanger et de débattre sur nos idées, toujours dans le respect de la pensée des autres. Le Club est avant tout un lieu de partage en petit comité, dans un cadre polie et agréable loin des endroits bruyants avec des personnes peu recommandable Elle sous entendait bien évidemment les tavernes du centre ville dont la sienne. C'était se tirer un peu dans le pied mais la brochette était trop belle pour la laisser tomber par terre.

- Pour y accéder il vous suffit de vous faire parrainer par quelqu'un d'autre déjà membre du club. J'ai déjà invité votre chère ami Francesca de Bellême a venir un soir afin de découvrir elle-même le Club et se faire sa propre idée.

Comme si c'était la suite logique de la discussion, Erika emboîta sur la question de ses cheveux. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ils ne cessaient de lui faire des remarques sur le produit sur ces cheveux mais elle se montra ravis de savoir qu'un gentilhomme, originaire de Thélème qui plus est, avait des l'or dans les mains et demandait alors si il avait fait appelle a ses services pour avoir de si beaux cheveux également !

Si Erika n'avait pas cessé de discuter depuis quelques minutes, son regard lâchait de temps en temps ses interlocuteurs pour se poser sur la salle et les gens qui étaient réunis pour le spectacle. Elle ne manqua pas d’apercevoir Fortune et il lui semblait qu'il ôtait les membres les plus aisés des groupes où il allait. Il n'avait pas l'air d'avoir la langue dans sa poche, peut être que ses blagues étaient de mauvais goût, elle tenta de bien de tendre l'oreille mais entendre sembler bien compliqué entre ses discussions à elle et le brouhaha ambiant. Elle profita de la suite de l'entracte avec Francesca et ses amis, discutant de tout et de rien, donnant toutes les réponses à leur question et continua d'observer tout ce petit monde avant que l'on ne sonne la reprise.
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Fortune a le terme qu’il faut, il semble avoir la maîtrise technique au sujet des peintures, et lui aussi paraît ravi de trouver une compagne d’un soir pour discuter si précisément sur le sujet.

Durant l’entracte, les yeux des nobles sont braqués sur Erika. Elle a le verbe assuré, cela fait froncer le nez de certains, d’autres apprécient son franc parler qui reste tout en évocations : elle fait planer suffisamment de mystère pour les intriguer. Il faut croire que dans les hautes sphères de la Congrégation, rien n’est simple, il faut toujours avancer à demi voilé.

- Oh ! Politique ! Oh non, ca n’a pas l’air apaisant du tout Francesca… Mais madame Acquisto, quel est donc le nom de ce coursier auquel vous faites appel ?

Fait une femme plus âgée, ce auquel répond un homme :

- Eh bien, il manquait un club à l’île, tout est si feutré chez vous, Clémence ! C’est une discussion en bonne intelligence. Tenez, un philosophe a un jour dit : celui qui craint le conflit craint seulement la défaite !
- Absurde, je n’ai jamais entendu un tel dicton.
- Mais dites-moi, madame Acquisto, vous y semblez très liée à cette affaire, vous savez tout ce qui s’y passe !


S’exclame un autre homme. La femme plus âgée demande :

- Est-ce vrai que la gérante ne parle jamais ?

Il est vrai qu’Alix s’exprime très peu, elle signe et Abel traduit en mots, cela ajoute à la mystique a assuré Alix, et puis elle ne peut pas vraiment avoir une conversation suivie sans cette aide. Cela dit, Erika doit bien le savoir, Alix n’avait pas tout à fait tort : les gens vont se demander ce qu’est cette bizarrerie.

- C’est bien simple, ce thélémite ne reçoit que sur demande, voyez la grand rue du marché ? Après le vendeur de vins, prenez par la gauche…

Explique l’un des hommes.

Francesca contemple Erika et s’exclame :


- Est-ce vrai ? Avez-vous vu Selveggia, très chère ? Mais je vous en prie, racontez-nous !

Juste avant, elle avait l’œil tourné vers Fortune, ce qui fait qu’un homme à son côté observe également le brun. Alors qu’Erika est tournée pour elle-aussi aviser l’homme, elle peut entendre des murmures.

- Ne vous rappelle-t-il personne, Francesca ?
- Non, non je ne crois pas, un instant j’ai eu l’impression mais enfin il ressemble un peu à tout le monde…


Fortune fait un clin d’œil à Erika. Il parle assez fort pour qu’elle puisse capter certains mots, mais il est difficile de déterminer exactement comment il chasse les nobles de ses conversations, à part qu’on jurerait qu’il leur fait éprouver de l’inconfort, l’inconfort d’être sous leur propre toit, dans leur propre domaine, dans le bâtiment même qu’ils ont vu bâtir, là où d’habitude ils ne sont qu’entre pairs. Fortune a une expression satisfaite. A la fin de l’entracte, Erika peut l’apercevoir avec les mêmes gars qui l’accompagnaient à l’entrée. Eux aussi avaient de drôles de billets ; eux aussi semblent avoir réussi à venir à la représentation quand même.

Francesca propose de nouveau son bras à Erika pour la mener jusqu’à leurs sièges, tout en continuant de la presser de questions sur ses actes héroïques au village. Est-il vrai qu’on y a mis le feu ? Est-il vrai qu’on y a combattu des thélémites armés de torches, qu’il y avait des hordes de pillards, et des natifs belliqueux, que c’est eux qui ont dit les mots pour libérer de la terre une calamité ?

Fortune est déjà à sa place lorsqu’Erika et Francesca reprennent la peur.

- C’était bon ?

S’enquiert l’homme. Il s’installe confortablement, les mains croisées sur son ventre, alors que monsieur de Closbois revient sur scène pour frapper à nouveau de sa canne. On l’applaudit. L’orchestre s’accorde. La narratrice est à nouveau au plafond, mais pas sur son cerceau. Elle marche sur un fil tendu au-dessus du vide. Elle s’y accroche parfois paresseusement par les bras, puis les jambes, à chaque fois sur un accord guilleret de la musique. Certains se couvrent la bouche dans l’assistance. Ce numéro n’a pas l’air de plaire aux non initiés, c’est peut-être un peu effrayant pour ce dont ils ont l’habitude. Eux, ils savent ce que c’est de tomber d’un toit quand on travaille. Eux, ils ne trouvent aucun plaisir à jouer avec la gravité, parce qu’ils en connaissent les conséquences. Ils sont venus s’amuser, pas se faire peur. Francesca, elle, a l’air fascinée.

La narratrice reprend la parole, tranquillement assise sur son fil, alors que les acteurs reviennent sur scène. Ils surgissent des travées, en tourbillonnant dans leurs costumes. Ils en ont changé pour illustrer le passage des années. De nouveau, ils serrent des mains, et entrent sur la scène pour reprendre leurs répliques comme si pas une seconde n’avait passé. La salle est un peu plus tendue cette fois.

- Alors…

Fait Fortune à Erika.

- Vous tenez toujours le pari ?

Il lui décoche un sourire en coin.

- Personne ne va tomber ce soir ?

Les péripéties reprennent. Zindra emmène Margot et Saule en voyage, accompagnées de Melchior qui se cache dans la charrette pour ne pas les quitter – Zindra ou Margot, difficile à dire, il a batifolé avec les deux jusqu’ici. L’histoire à partir de ce moment est une série de scénettes où les amants vivent des péripéties comiques en rencontrant d’autres personnages au cours de leur voyage jusqu’à Al Saad pour présenter Saule à un grand savant. Chacun des trois tente de résoudre le problème présentés par les éléments perturbateurs, mais seule Saule arrive à trouver une solution, toujours loufoque. Une source ne jaillit plus, des champs sont infestés de sauterelle, le vent ne veut plus faire tourner les roues d’un grand moulin…

Il y a de nombreuses versions de ces différentes péripéties, le « voyage de Saule », faites pour être une histoire par nuit que l’on raconte aux petits et aux grands. Il y en a tant qu’il est possible que deux personnes en connaissent chacune dix sans en avoir une en commun. Monsieur de Closbois a semble-t-il choisi uniquement le thème champêtre, jamais ils ne passent en ville, alors que le conte traditionnel a des disputes matrimoniales, des chats perdus dans des ruelles, et des tavernes où toute la boisson ne cesse d’être remplacée par de l’eau…

Peut-être est-ce pour faire voyager son audience ? Peut-être est-ce autre chose, plus militant, plus politique même : la nature est belle, précieuse… Perdue sur Gacane, mais pas encore ici. Il n’est pas trop tard, et la défigurer de mines, la planter de logements n’importe comment, est un prélude à la ruine.

En effet, se glissent dans les huiles sur bois des essences d’arbres originaires uniquement de l’île. Fortune continue de discuter avec Erika des peintures. Il n’a plus l’air narquois, il a l’air sincèrement excité, il a le verbe facile, mais l’oreille attentive. Il n’essaie pas de dominer la conversation.

- Où avez-vous appris ?

Demande Fortune, au sujet de la peinture. Il doit bien sentir qu’Erika s’y connaît trop pour ne pas avoir un jour manié le pinceau, surtout qu’elle vient du bas peuple. Elle n’a pas pu s’acculturer en visitant les collections de ses pairs et il n’y a pas vraiment de musées ouverts aux plus pauvres sur Gacane, quoi que de tels lieux de savoirs existent dans l’Alliance du Pont mais ne concernent guère les arts.
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Il fallait qu'elle réussisse son coup. Si une seule de ces personnes appréciait le Club des Agapes, il y avait fort à parier qu'elle en attirerait d'autre dans son sillage. Elle devait rester dans cette dynamique le temps que l’entracte se termine, et puis les petits fours étaient délicieux.

Erika voulu répondre au nom du coursier mais une femme plus âgée pris la parole. Soit, ça lui permettait d'éviter la réponse. Elle écoutait la discussion, faisant quelques signes de tête pour participer. Quand on lui fit remarquer qu'elle semblait liée à l'affaire, Erika inclina la tête avec un sourire.

- Ah, on ne peut rien vous cacher à vous, je vois que j'ai affaire a quelqu'un d'observateur ! En effet, vous savez les hasards de la vie font que parfois vous rencontrez des personnes qui change votre vie. Et bien pour mon cas, le hasard m'a fait rencontrer la gérante du club. C'est pour cela que je peux vous dire comment est géré l'établissement car j'ai pu le voir.

Encore une fois, elle avait cette impression d'être dans une vente aux enchères, aucunes questions ne devaient rester sans réponse.

- C'est tout à fait vrai. Je ne l'ai jamais entendu parler. C'est un de croupier qui traduit ce qu'elle "dit". C'est vraiment étrange lorsque l'on n'est pas au courant. Je n'ai pas réussi a savoir pourquoi elle était devenu comme ça, mais je suis sûre qu'il doit y avoir une explication.

Et une petite pincée de mystère en plus, le plat était sur le point d'être cuit.

Elle passa une main dans ses cheveux, hésitant sur le fait d'en remettre une petite couche. Les regards qu'ils avaient posés sur elle ne lui avait pas échappé. Elle avait vu ceux qui doutait de sa parole alors elle décida d'en jouer.

- En tout cas, que vous me faite confiance ou non, ce que je pourrais comprendre après tout, je vous prie de croire que je ne vous recommanderais pas un établissement si je n'étais pas sûre de l'endroit. La vie est déjà bien dangereuse et pénible en dehors des murs de Nouvelle-Sérène, autant s'entraider pour faire en sorte que tout le monde trouve son compte.

Elle inclina légèrement la tête, comme si elle indiquait qu'elle avait fini sa représentation sur le club et attendait des applaudissements. Mais elle enchaîna sur les autres discussions, écoutant attentivement ce que l'homme lui donnait comme indication sur un endroit où elle ne se rendrait peut être jamais.

Lorsque Francesca lui demanda de raconter l'histoire de Selveggia, il n'en fallu pas plus pour Erika pour leur raconte cette nuit là : Comment elle avait dû essayer de se lier d'amitié a un natif totalement sauvage, comment elle avait rencontrer la gérante du club des Agapes en l'empêchant de se faire tuer par le natif, elle saupoudra le tout d'histoire de fantôme, d'un groupe d'homme étrange qui était venu brûler le village et comment Alix et elle, bravant les flammes, les fantômes et les créatures de l'île réussir à sécuriser le village et a s'enfuir juste à temps, cette expérience scellant leur amitié naissante. Même la rouquine était fière de son histoire une fois terminée, mélangeant à la perfection réalité et fiction.

Lorsque Francesca proposa son bras à Erika de nouveau, elle accepta et répondit à toutes ses questions avec un grand plaisir en tentant d'en glisser une.

- J'ai cru comprendre que vous connaissiez mon voisin de rang, rassurez moi je ne cours aucun danger ?

Elle dit cela sur le ton de la blague mais espérait bien avoir une réponse a sa question. Elle avait bien entendu la remarque qu'ils avaient fait concernant Fortune et la tenancière avait enfin écouté cette petite voix qui lui avait murmuré qu'il se tramait quelque chose ici et que, par un heureux hasard, elle se trouvait sûrement a une place de choix pour profiter du spectacle.

Lorsqu'elle reprit sa place, elle se pencha vers Fortune en hochant la tête, le spectacle venait de recommencer. Elle profita du début de la seconde partie, grimaçant de temps en temps mais appréciant. C'était impressionnant.

- Alors...

Elle tourne son regard vers Fortune.

- Vous tenez toujours le pari ?

Elle souffla du nez en souriant.

- Personne ne va tomber ce soir ?

La tenancière prit quelques secondes pour formuler correctement sa phrase, jetant un regard à la scène.

- J'ai l'impression que ce pari ne concerne plus seulement les acteurs et acrobates qui se représentent sur scène.

Il n'y a aucun ton de méfiance, ou de jugement dans la voix d'Erika. Sa voix est calme, même un peu plus que tout à l'heure. Elle sentait que quelque chose se tramait mais impossible de savoir quoi, et surtout, qui allait tomber. Toutes les castes étaient représentaient ce soir et vu la manière qu'il avait de faire fuir les personnes aisées des conversations pendant l'entracte, il y avait fort à parier que c'était dans cette caste là qu'il y allait avoir des chutes.

- Je maintiens mon pari, même si j'ai cette désagréable impression que je le remporterais pas cette fois.

Elle était joueuse et souhaitait surtout savoir ce qui se tramait. Se retirer maintenant éveillerait bien des soupçons qui n'avait pas lieu d'être. Le groupe de Francesca semblait avoir déjà vu Fortune et ce dernier l'avait vu avec eux. Elle ne voulait pas donner l'impression d'être au courant de certaines choses dont elle n'était pas au courant. Elle apprécia la suite du spectacle en continuant de discuter de peinture. Elle restait attentive à ce qu'il se passait autant sur scène que dans la salle.

- Oh ? J'ai appris assez tard vous savez...

Et la voilà partie dans son histoire où elle avait rencontrer pendant son adolescence un jeune bourgeois, ils se lièrent d'amitié et il lui appris, en cachette, a peindre jusqu'à ce que son mère découvrit qu'il donnait sa peinture a une enfant du bas-peuple et interdit Erika d'approcher de la maison à nouveau. C'était totalement faux, Erika avait appris à dessiner seule et lorsque son père disparue, elle avait arrêté de dessiner. Quand elle repris quelques années plus tard, elle s’intéressa à la peinture et rencontra ainsi son amant dans la garde par leur passion commune. Erika avait bien connu des bourgeois, mais la plupart du temps c'était parce qu'elle s'amusait la nuit à jeter des cailloux contre leur vitre et a s'en aller a toute vitesse.
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« All drama must remain on the stage.» 


Erika venait de transformer Alix en phénomène de foire, mais l’assemblée semble captivée. Francesca a un rire discret, la femme plus âgée hausse les sourcils, perplexe, un homme ouvre de grands yeux, intrigués. L’histoire de Selveggia leur tire à tous des mines intriguées. Certes, la femme d’un certain âge n’a pas l’air d’y croire du tout, mais d’autres dans l’assistance se sont même approchés pour entendre. Nul doute qu’ils croient avoir sous la main le dernier ragot en date, et qu’il va se disséminer aussi vite qu’un feu de brousse !

Le numéro d’Erika fonctionne. Il est certain qu’on a noté mentalement son nom et son apparence, qu’à présent un homme demande à un autre « un club, quel club ? » et qu’il s’empresse d’expliquer. Peut-être que cela attirera même une certaine sympathie à la taverne du Denier… Mais probablement pas davantage de fréquentation de la part de ces nobles gens. Au moins, ils verront en Erika une figure pittoresque et chaleureuse qui sait mener ses affaires. Peut-être viendront-ils lui demander conseil sous le manteau ? Si elle a parvenu à n’en convaincre qu’un, elle s’en sera déjà très bien sortie. Mais c’est une épée à double tranchante : elle a été vue, elle a été entendue, reconnue. A présent, si elle fait la moindre bourde durant la représentation, on saura que c’est « Erika la tavernière du Denier qui a été à Selveggia et connaît d’ailleurs la tenancière muette du club des Agapes » et non plus « la rouquine là dans le premier rang ».

Alors qu’elle tient sans y mettre de pression le bras d’Erika, Francesca tourne ses yeux vers elle, arquant ses sourcils élégamment dessinés. Elle secoue simplement la tête et a un bref sourire.

- Oh non, je croyais l’avoir déjà rencontré, mais il est évident que nous n’avons jamais été présentés ! Ne croyez pas que je me répandais en sinistres rumeurs sur, j’en suis certaine, un brave homme !

Une fois à sa place, Francesca fait silence. Fortune écoute Erika avec une moue et répond.

- Honnêtement…

Est-ce vraiment possible ? Dans un tel lieu ? En de telles circonstances ? L’honnêteté ?

- … C’est pas un évènement anodin. Vous croyez que vous avez décroché le premier rang et la compagnie d’une noble qui vous traine partout par hasard ? Observez les rangs derrière nous…

Il les désigne, qui sont en train de rire, ou de discuter à voix basse… Ou de se tenir bien droits et de ne rien dire en s’éventant comme si cela pouvait dissiper les chuchotis plus ou moins discrets.

Les rangs sont, si Erika les observe, composés de façon très ordonnée. On pourrait croire à un hasard si l’alternance de nobles personnes, de bourgeois et de membres du bas peuple n’était pas aussi régulière. On a tenté de faire croire à la coïncidence en l’arrangeant ainsi, mais ce n’en est pas une. Mais est-ce que chaque personne ici ignore qu’on l’a poussée auprès d’autres, loin de ses fréquentations habituelles, ou y a-t-il, comme Fortune le sous-entend, des complices dans l’assemblée ?

- Vous êtes joueuse ! Superbe !

Fortune offre un large sourire à Erika, apparemment ravi.

- C’est pas grave de perdre ! On est là pour le spectacle !

Il ajoute avant de l’écouter. Bon public, il hausse les sourcils, opine, fait quelques « oooh » mais, à la fin, se fend d’un sourire en coin.

- C’est une jolie histoire.

La croit-il ?

- Permettez-moi de vous dire que vous savez magnifiquement ménager votre audience. Votre performance avec les nobles ? Je suis élève devant une maîtresse.

Il la taquine avant de soupirer et de s’enfoncer plus profondément dans son siège.

Saule la vache est examinée sur scène par un thélémite, qui dans les contes originaux varie : est-ce un prêtre, un missionnaire, un homme de Peren ou de Thélème, un cardinal même ! Ici, il s’agit d’une sorte d’ermite, fort sage, qui assure que Saule est un être spécial. Son rôle est un peu plus sérieux que dans la fable originale, sûrement pour tenter d’équilibrer le fait que la pièce ne compte aucun autre personnage qui ait la foi.

Les protagonistes de la pièce arrivent enfin à Al Saad avant de longues pérégrinations, et voilà que Saule est présentée devant un professeur de la très estimée Académie d’Al Saad. S’en suit une longue scène, toujours comique probablement pour équilibrer avec l’apparition du thélémite, où la vache est soumise à diverses épreuves toutes plus ridicules les unes que les autres. Elle finit même sur les bancs de l’Académie alors qu’elle aide Zindra à finir sa thèse d’une matière entièrement inventée : l’hydrobotanique dynamique. Dans une très jolie séquence, Zindra arrive à redonner vie au jardin de sa famille grâce à Saule. Du sol, alors que la comédienne virevolte sur place, sortent des plantes probablement par des trappes. Il en tombe du plafond, de longues vignes pleines de fleurs, d’autres gorgées de feuilles rouges comme le soleil rond au crépuscule. La lumière est plus vive pendant un instant, et la musique grandiose alors que Zindra s’agenouille. Elle cueille une fleur, ce qui devrait être impossible puisqu’elles devraient être fausses, mais elle parvient effectivement à en arracher une vraie de la scène bientôt couverte d’une sorte de gazon et à la passer dans ses cheveux. Elle étreint Saule. La musique atteint son paroxysme alors que les chandelles dansent, accrochées à des fils si fins qu’on ne les voit pas, donnant l’impression que la scène est auréolée de dizaines de lucioles. C’est une végétation luxuriante qui a poussé sur scène, et les deux comédiennes restent ainsi pendant une minute pour laisser le public apprécier. Là, le silence s’est fait quasiment en entier dans la salle, face au prodige des effets pratiques.

La scène passe, et l’intrigue se boucle ; Zindra, Margot et Melchior décident de se mettre ensemble tous les trois : cest tout de même plus pratique ! Le professeur déclare que Saule devrait diriger l’Académie d’Al Saad. Dans certaines versions, elle devient Gouverneuse de toute la ville.

On remet à Saule une couronne un peu ridicule alors qu’on l’assoit sur un trône fait de livres que des silhouettes tourbillonnantes et dansantes sont venues assembler sous une musique allègre pendant que les comédiens finissaient leurs répliques. Le rideau tombe.

On applaudit. On se lève. On siffle. Le triomphe est total… Mais les acteurs ne réapparaissent pas pour saluer devant l’audience. Depuis son estrade, monsieur de Closbois tape trois fois avec sa canne, et petit à petit, le bruit de la foule s’assourdit alors qu’on tourne le regard vers lui.

Un rappel ? L’histoire est pourtant finie.
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Bon. Voilà qui était fait. Elle gardait son sourire de façade mais sa tête bouillonnait de réflexion. Elle remarquait ceux qui doutaient de ceux qui croyaient ses histoires. Elle savait parfaitement que maintenant on avait posé un visage sur son nom et qu'on avait lié le sien à celui d'Alix. Pour l'instant ça ne la dérangeait pas. Après tout, Alix était souvent à la taverne et Erika semblait être amie avec tout le monde. Mais son histoire à Selveggia allait sûrement être répétée et déformée. Qui sait ? Dans trois discussions autour de cette rumeurs, elles seront peut être désignées comme meilleures amies, voir amantes si certains veulent du romantisme. Soit. De toute façon, ce qui était fait était fait, ce n'était pas la peine d'y réfléchir pendant 10 heures.

Erika posa sa main sur le bras de Francesca.

- Oh, ce n'était pas pour les rumeurs, mais si vous connaissiez cet homme nous aurions pu échanger de place pour que vous puissiez profiter de ce spectacle avec votre ami.

Elle sourit puis finira de rejoindre sa place avec Francesca en silence.

Elle haussa un sourcil lorsque Fortune lui demanda si elle pensait que c'était un évènement anodin. Est ce qu'il la prenait à ce point pour une idiote ? Erika n'était pas arriver là où elle en était juste en se laissant porter par la vie. Rien n'est anodin dans un rassemblement comme celui-ci. Des invitations envoyées à toutes les classes sociales pour être réunies lors d'un spectacle d'une personnalité connue...non elle était loin d'être dupe et elle l'avait sentie dès qu'elle avait reçu son invitation. Elle avait juste décidé de se laisser porter mais ça n'allait plus être possible, ça aussi elle le sentait.

Alors elle regarda derrière elle et vu ce que Fortune voulait lui montrer. Elle observait l'assemblée et lâcha un soupire exaspéré. Voilà exactement ce qu'elle voulait éviter. Décidément on ne pouvait pas être tranquille sur cette satanée île. Elle se détendra le jour où elle sera morte. Cependant, elle se posait désormais la question : si les rangs sont ordonnés de cette manière, était-ce pour pousser certaines personnes vers d'autre ? Et si c'était le cas, pourquoi elle se retrouvait entre Francesca et Fortune. Elle n'appréciait pas du tout la tournure que prenait les évènements et elle ne voulait pas tomber dans une histoire complotiste à deux ronds mais il fallait avouer qu'on pouvait se poser des questions.

- Et quel spectacle !

Erika donna un clin d’œil à Fortune. Évidemment qu'elle était joueuse et si son attention se portait sur le spectacle sur la scène, désormais sa curiosité était passée sur le spectacle qui allait - peut être - avoir lieu dans la salle.

Erika inclina la tête à la fin de son histoire pour remercier Fortune de l'avoir écouté. Qu'il la croit ou pas, cela lui importe peu, elle n'allait juste pas raconter sa vie à un parfait inconnu, elle ne la racontait déjà pas à ses amis.

- Et bien, je suis ravie du compliment. Il faut savoir s'adapter à son public. Je m'y efforce aussi bien que possible.

Elle sourit à nouveau en soufflant un rire et profita ensuite de la fin du spectacle. De temps a autre elle discutait avec Fortune sur certains aspects de la pièce qu'elle connaît sous une autre forme, parfois elle faisait des remarques sur les costumes.

- Encore un coup de l'Alliance à votre avis ?

Demanda-t-elle a Fortune lorsque la végétation sur scène semblait plus vrai que nature. Pendant un cours moment elle se demandait si ce n'était pas le genre de magie qu'utilisait les natifs de l'île mais comment et pourquoi un natif participerait à ce spectacle. Elle laissa filer cette pensée, après tout elle n'y connaissait rien à cette magie, ce n'était que des on-dit et des histoires entendues.

Elle assista à la fin de la pièce en silence et lorsque le moment de l'acclamation finale arriva, Erika se leva et applaudit, sifflant en utilisant ses doigts. Lorsque monsieur Closbois revint et que la salle se calmait, la jeune femme senti son rythme cardiaque s’accélérer. La pièce était fini, attendait-il qu'on l'applaudisse lui ou était-ce le moment tant attendu de la soirée...

Elle regarda discrètement autour d'elle, elle décroisa ses jambes dans un geste calme, elle voulait juste être sûre de pouvoir se lever rapidement mais elle restait enfoncée dans son siège. Ses sens étaient plus à l’affût. Voilà ce qui arrivait quand vous parliez avec quelqu'un qui vous faisait monter des idées à la tête. Elle grimaça et, sans jeter un regard direct à Fortune, elle essaya de capter ses mouvements. Après tout, le plus suspect, c'était lui et sa bande.
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Francesca secoue la tête et sourit à Erika pour toute réponse.

Fortune discute de nouveau peinture, et s’adapte sans mal au ton de la conversation d’Erika, quoi qu’il ait observé son visage tandis qu’elle-même regardait les rangs derrière eux. Alors qu’il lui demande si c’est un coup de l’Alliance, le rideau se rouvre. Fortune n’a pas bougé, il n’a pas l’air triomphant, il a même une moue et pousse un soupir.

Rien n’a l’air étrange : la comédienne qui joue la narration est là, pendue par une main seulement sur son fil. On entend des « oooh » alors qu’elle remonte à la force de son biceps. Elle joue nonchalamment avec du lierre qui pendait plus tôt du plafond. C’est dans cette rumeur que Fortune choisit de se pencher vers Erika.

- Ecoutez… Rien de tout ça n’était une coïncidence, ni votre place, ni l’intérêt pour le club là, et je vous souhaite bien de la réussite, hein mais… Moi j’étais là par hasard. J’avais peur que cette soirée soit ennuyeuse à mourir, mais non ! Grâce à vous ! Sauf… qu’on vous a vu avec moi ! Alors quand cette fameuse suite va arriver, vous allez probablement avoir envie de me maudire et, éventuellement, de me crier dessus. Et vous feriez bien ! Que ce soit dramatique et en public ! Pour qu’on ne vous associe pas à moi et que vous ne perdiez pas cette si noble compagnie que vous avez cultivé toute la soirée. J’admire comme vous avez ménagé votre monde. Alors… Serais-je assez courageux pour vous proposer de me retrouver ensuite ? Vous savez… pour affaires. Vous avez l’air d’une femme ambitieuse, mais pas d’une mauvaise bougresse.

Les inquiétudes d’Erika étaient fondées : Francesca n’est pas à côté d’elle par simple jeu du sort. Mais Fortune si. Ment-il ? Probablement pas, il avait d’autres billets, il a probablement soit pris une place libre, soit pris la place de quelqu’un qu’il a acheté. Il lui révèle que quelque chose va arriver, pas suffisamment pour qu’Erika puisse l’empêcher si elle le désirait. Sauf s’il fallait avertir Francesca ? Mais pourquoi donc – pour recevoir ses bonnes grâces ? Erika les a déjà, il suffit qu’elle suive ce que lui dit Fortune, il lui donne la clef pour ne pas ruiner sa propre réputation. Il lui fait une sacrée fleur, au moins n’aura-t-elle pas l’air d’être engagée dans un plan auquel elle n’a pris aucune part. Alors que Francesca qui l’a trainée partout ? Elle semblait bien la mêler à des choses, de son plein gré ou pas.

Cela dit, la noble a des relations. Peut-être Erika pourrait-elle obtenir encore davantage ? Si elle refusait le rendez-vous elle ne prendrait pas beaucoup de risques… Mais si elle l’acceptait, elle pourrait récupérer le bénéfice du prestige social accumulé durant la soirée et la relation de quelqu’un capable de saboter une représentation qui a dû coûter somme indécente…

C’est dangereux, cependant, c’est se trouver au cœur d’affaires politiques. Sauf que Fortune ne le présente pas comme ça. Il parle d’affaires, pas d’allégeance. Il est même prêt à perdre le soutien public d’Erika, ou du moins celui qui aurait été perçu comme tel si, après son petit coup, on avait répété à qui voulait l’entendre qu’Erika avait passé la soirée à s’entretenir avec lui.

Il se grille un peu, elle pourrait ne jamais venir vers lui. Mais il ne se grille pas trop. Il parle vite. Il doit être certain qu’elle ne peut rien arrêter maintenant, il ne semble simplement pas désirer l’utiliser dans l’affaire qui l’occupe.

Il faut qu’Erika décide, et vite. Le petit numéro d’équilibriste de la narratrice touche à sa fin, bientôt « la suite » va passer en un éclair et elle n’aura que son instinct pour réagir. Au moins, elle est prévenue.
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La fin de la représentation se passe comme le reste de la soirée : bien. La femme qui faisait la narration devait avoir de sacré muscle pour se hisser par la force des bras. Elle devait s’entraîner régulièrement pour y arriver aussi facilement. C'est alors que Fortune se penche vers elle. Elle écoute tout ce qu'il dit sans particulièrement laisser quoi que ce soit paraître, elle n'a pas l'air choqué, ni en colère, rien de tout ça. En fait, elle est surtout concentrée sur les mots qu'il lui dit.

Elle se demandait ce qui allait bien pouvoir se passer pour qu'elle ai envie de lui crier dessus. Elle compris rapidement que si elle voulait garder les nobles qu'elle s'était mis dans la poche elle allait devoir faire du Erika tout craché. Il veut du dramatique ? Il s'adressait à la bonne personne pour. Elle allait lui en donner.

D'un côté elle avait envie de refuser son invitation. Tout se savait à Nouvelle-Sérène et, même si elle allait faire en sorte qu'on ne les associe pas pendant la soirée, si on les voyait plus tard ça pourrait lui porter préjudice. Quelqu'un de plus sage aurait sûrement décliner l'invitation de Fortune mais Erika n'était pas sage et elle voulait savoir qui il était. Commencer ce petit jeu allait mettre Erika au cœur de chose plus grande que la garde et la taverne. Son poste à Nouvelle-Sérène en tant que patronne avait prouvé qu'elle savait faire marcher ses relations et bien plus : mensonges, falsifications et un léger vol d'identité, voilà qui lui aurait valu la prison si elle n'avait pas su le faire avec une certaine finesse. Elle voulait désormais plus, elle voulait avoir du poids quelques choses de plus grand. Les rêves de grandeurs étaient peut être plus des cauchemars, mais ça, elle le découvrirait plus tard.

- J'aime jouer avec le feu comme vous avez pu le voir. Je serais ravis de continuer d'égayer votre soirée. Je vous remercie pour m'avoir avertie.

Elle inclina très légèrement la tête puis balaya l'air de la main comme si elle était agacée. Si elle devait faire comprendre qu'ils n'étaient pas en bon termes, autant commencer maintenant et pas dans quelques minutes. Elle prend une grande respiration, et passe une main dans ses cheveux. L'excitation montait dans tout son être. L'adrénaline de plonger dans l'inconnue, c'était ça qui la faisait vibrer et elle avait hâte de voir cette suite. En tout cas, elle était prête a donner sa meilleure prestation pour le spectacle.

Mesdames et Messieurs, Erika Acquisto pour vous servir.
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Les yeux de Fortune semble étinceler un instant, avivés par la malice de son sourire. Alors que la narratrice se rassoit sur sa corde, agitant ses jambes dans le vide ingénument, Erika peut sentir que l’homme lui glisse un papier. Il ne la regarde pas pourtant. Son expression s’est durcie après le geste d’Erika. On le dirait fâché, mais pas d’une façon caricaturale. Il paraît dédaigneux, comme si Erika avait dit une bêtise, ou l’avait refusé d’une façon ou d’une autre. Il renifle et s’enfonce dans son fauteuil. Visiblement, lui aussi joue le jeu. Et il le joue très bien. La preuve lorsque la narratrice a un geste pour l’assemblée avant de reprendre la parole de sa voix mélodieuse :

- Et ainsi Saule devint la tête pensante de l’Académie d’Al Saad. Opportune fut son arrivée, même si beaucoup ne partageaient guère cet avis. A toute époque, des voix s’élèvent pour protester contre le changement, même le plus naturel, même le plus bénéfique. Elles désespèrent. C’est la peur qui délie leurs langues et pourtant serre leurs gorges comme un collier. Ayons pitié d’elles ! Ayons pitié de nous. Certains ouvrent le chemin, l'autre, celui qui n'a pas encore été foulé, et l'on hésite à l'emprunter. Quoi de plus naturel ? La nuit est sombre, et pleine d'incertitudes. Pourtant, il n'est pas trop tard, une bougie est vacillante, mais rejointe pas sa soeur, et encore une autre, elle dissipe les ténèbres ! Il reste tant à faire !

Dans le public, il est évident que la majorité des convives pensent qu’il ne s’agit que de la continuation de l’histoire, mais à la crispation de Francesca sur son siège, au fait qu’un homme aux beaux atours se lève pour se diriger vers l’orchestre, certains connaissaient cette pièce avant qu’elle ne soit présentée. Et ils savent que ce monologue de conclusion n’a rien à faire là.
L’orchestre ignore l’homme alors que ses derniers membres rangent leurs instruments. Certains paraissent un peu mal à l’aise. Si c’est un ajout, contre l’avis de Maeva d’Ortian l’organisatrice, qui a été achetée ? Monsieur de Closbois ne laisse rien paraître, comme d’habitude, dans un sens ou dans l’autre. Sont-ce aussi les musiciens ? Et les autres comédiens, qu’en est-il d’eux ? N’est-ce que la narratrice ? Personne ne surgit sur scène pour l’arrêter. Ce serait pire, ce serait grossier, et elle poursuit d’ailleurs.

- Vous avez peur. Vous avez faim. Vous retournez une terre fertile ; elle vous glisse entre les doigts, vous en semez le grain, vous n’en récoltez jamais les fruits. Faudrait-il que le hasard envoie à Nouvelle-Sérène une vache providentielle pour conseiller nos dirigeants égarés ? Même une dénuée de parole serait plus utile à la Gouverneuse que celle qui siège actuellement à ses côtés. Le beau verbe ne fait pas tout. On vous a ici assailli d’assez de mots pour faire taire cette terreur sourde, pour l’endormir, je serais donc brève. Ne la combattez pas ! Ne combattez ni les cris qui naissent dans vos gorges, ni les larmes qui affleurent à vos yeux. La peur n’est pas votre ennemie ! Vous, gens de bons sens, qui avez survécu à la guerre, qui avez survécu à la malichor, qui survivrez encore à cette époque de tourments, la peur est votre alerte ! Saisissez-la, votre colère, et remontez à sa source. Peuple de Nouvelle-Sérène retenez de ce conte que vous n’avez besoin ni de vache, ni d’Homme salvateurs. Cette histoire est la vôtre. Nous la connaissons tous pour l’avoir arpenté enfant, filée par la bouche de nos Pères. Emparez-vous en. Je vous libère, mon assemblée. Faites-en bon usage.

La femme incline son buste, et puis dans ce mouvement elle se laisse tomber vers la scène. Le rideau s’est refermé avant qu’on ait pu la voir toucher le sol mais aucun bruit sourd n’est entendu. Quelque chose devait être en place pour l’amortir. Il y a une brève hésitation, mais plusieurs personnes se mettent à applaudir, quoi qu’elles semblent troublées du manque d’engouement de leurs riches camarades. Aussi les applaudissements se font un instant feutrés, hésitants, jusqu’à ce que Fortune, au premier rang, ne siffle, les doigts à la bouche, puis ne se lève pour frapper dans ses mains et souffler sur les braises. D’autres dans la salle l’imitent, ceux qui se sont faufilés avec lui dans le spectacle. Ils ne sont pas beaucoup. Mais comme la confusion règne, leur enthousiasme est assez pour rassurer le public, ignorant de ce qui se joue. On les imite. On rit et on discute, et bientôt même certains nobles applaudissent poliment, trop contraints par leur éducation… Ou peut-être se savent-ils battus à plat de couture.

Maeva d’Ortian voulait que cette pièce évoque l’unité, qu’elle ramène à l’enfance, un temps semble et chéri, qu’elle avive en chacun l’envie de préserver cette terre chère qui est à présent la leur. C’aurait dû être le point d’orgue, mais alors qu’elle a organisé tout cela, dépensé tout cet argent, Thaddeus Altieri n’a eu qu’à faire modifier la fin pour tout changer. Cela reprend très bien le reste de l’intrigue, ses thèmes, mais les éclaire simplement sur une autre lumière : il faut embrasser le changement, sa communauté et son instinct. Il faut affirmer ses valeurs. Il faut se rappeler d’où on vient, d’où cette histoire est racontée, et comme elle personnifie dans la bouche de certains une critique : celle du pouvoir. Saule est une vache et pourtant elle est plus intelligente que les plus fortunés, que les plus érudits, et sa maîtresse qui est vive et l’accompagne partout est une fille du peuple.

Le rideau se rouvre. Les comédiens s’élancent sur scène et saluent. La narratrice n’est pas là pour le rappel.

Francesca ne s’est pas levée. Elle applaudit, la mâchoire serrée, elle semble peiner à retrouver son sourire. Ce n’est pas le cas de Fortune qui lui décoche un rictus en inclinant le chapeau dont il ne s’est pas départi comme pour la saluer. Elle écarquille les yeux en le voyant faire, comme si la réalisation la frappait – de sa complicité, de son identité… Difficile à dire.

En tout cas, sans l’avertissement de Fortune, Erika aurait minaudé toute la soirée pour rien. On va en parler partout bientôt de cette pièce, d’autant que beaucoup ignorent ce qui est en train de se jouer devant eux et pensent avoir passé une excellente soirée, sans accrocs. Mais ils y penseront, c’est ce qu’Altieri voulait, remettre la situation actuelle au centre du débat, ne laisser personne s’échapper dans l’imagination qu’on peut s’acheter pour la fortune d’une noble, en petits fours et en serviettes parfumées. Et puisqu’on en parlera partout, on aurait parlé d’Erika Acquisto qui avait passé la soirée à rire avec le trouble-fête qui a lancé les applaudissements et les bravos, qui a fait un pari avec lui. Adieu les clients au Club des Agapes, et bonjour une nouvelle réputation taillée sur mesure… Et peut-être que sa stupeur l’aurait empêchée de réagir correctement. A présent prévenue, elle a le temps de faire à sa guise, durant le petit monologue et après, alors que la foule semble prête à s’évacuer. Francesca bloque le passage, puisqu’elle est en bout de rangée, à Erika sa voisine et Fortune qui est après elle. Elle les observe, pâle.
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Dans un geste plutôt anodin, Erika récupère le papier que Fortune lui glisse. Elle croise de nouveau les jambes et le met dans sa poche, mimant de chercher quelque chose. Elle remarque le changement d'attitude de l'homme qui lui a tenu compagnie toute la soirée et fini par s'en détacher simplement, comme s'ils ne s'étaient jamais rencontré ou qu'elle ne voulait plus entendre parler de lui. Elle laissait ça au choix des langues qui baveront dessus.

Erika hausse un sourcils lors du monologue de la narratrice. Il suffisait de regarder l'assemblé pour voir que ce n'était pas sensé être dans la pièce. La crispation de Francesca sur son siège le ressent et si elle veut garder son jolie minois pour le club, elle allait devoir s'accrocher a ses réactions. Alors elle souffle en laissant retomber ses bras sur ses cuisses comme une exaspération. Elle non plus elle n'est pas d'accord avec ce qu'il se passe. Comment ose-t-on faire une telle chose sans l'avis de Maeva d'Ortian ? C'était tout bonnement impensable - il fallait qu'elle se mette dans le personnage, elle en voulait ni trop, ni pas assez.

- Non mais c'est pas vrai...

Laisse-t-elle échapper pendant la seconde partie du monologue de la narratrice. Assez fort pour que Francesca l'entende. Le problème elle le sentait venir à grande enjambée, quand Erika voulait râler, elle râlait comme personne, mais ça c'était quelque chose de plutôt connu pour quiconque allait à la taverne assez souvent.

- Et voilà, c'est ça le problème avec ce genre de personne... Mieux valait ne pas forcément prononcer de nom ...ils forcent les autres, les coincent pour qu'on adhère a ce qu'ils disent. Regardez l'assemblée Francesca, tous ses pauvres gens qui ne savent même pas si ça fait partie de la pièce ou non ! On ne leur laisse même pas le loisir d'y réfléchir, on leur impose !

Elle tourne la tête et jette un regard noir à Fortune, on pourrait croire qu'elle bouillonne à l'intérieur alors que ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas amusée comme cela. Il applaudit, lui et ses compères, c'est un très bon tour qu'ils ont préparé là. Les gens du public finissent par les suivre inévitablement. Devrait-elle parler à voix haute ? Elle sens ses lèvres lui brûler, elle a vraiment envie de faire un petit scandale.

Alors elle applaudit, de plus belle que les autres, mais hochant la tête de gauche à droite et elle hausse la voix au milieu des applaudissements.

- Alors là, bravo ! Vraiment ! Imposer vos idées aux citoyens de la ville en les coinçant entre les beaux murs ! Vous leur faites vivre une belle soirée dont ils n'ont pas l'habitude pour dans un premier temps choyer les uns pour qu'ils adhèrent a ce que vous dites, et dans un second temps rabaisser les autres. C'est donc ça le but de cette soirée ? Au lieu de rassembler notre population pour qu'elle se sert les coudes, vous la divisez pour mieux régner ? Pensez vous que le peuple de Nouvelle-Sérène est idiot au point qu'on doit lui faire passer le message en le caressant dans le sens du poil, monsieur ?


C'était à Fortune qu'elle s'adressait. Elle voulait pas particulièrement afficher ses penchants politiques mais elle devait jouer sur le fait d'être du côté d'Ortian. Soit, il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis elle pourra toujours changer ça plus tard.

- Il me semble que chaque personne de cette pièce, qu'elles viennent de milieu différent, est capable de prendre ses propres décisions, sans qu'ils soit pris en otage dans une prison dorée le temps d'une soirée où l'on veut juste s'amuser et oublier les soucis quotidien de la vie. En effet, le peuple de Nouvelle-Sérène n'a pas besoin de vache, ni d'Homme salvateur, et encore moins de se faire cracher au visage en nous prenant pour des petits choses a qui il faut montrer le chemin ! Vous n'êtes bon qu'à créer la discorde quand notre ville à besoin de s'entraider !

D'accord...elle s'était peut être un peu trop enflammer sur ce coup là. Elle dénonçait plus la méthode utilisée que les propos tenus mais bon...elle baisse ensuite la voix et toise Fortune.

- Je ne sais même pourquoi je m'efforce de parler avec vous. Vous n'êtes bon qu'à venir bomber le torse et applaudir pour vous donnez l'impression de faire quelque chose de votre vie.

Elle tourne les talons en direction de Francesca en secouant la tête. Elle refait la scène dans sa tête et se dit que là, elle s'est peut être laissé un peu trop emporté. Il va y avoir un long travail ensuite mais elle brûle d'en parler à Alix...Alix qui va sûrement râler mais c'était pour la bonne cause. Elle espère ne pas avoir perdu le soutien de Francesca alors quand elle la voit, pâle, elle s'approche d'elle calmement après s'être raclée la gorge et lui fait un signe de la main pour l'inviter à sortir et en profite pour lui glisser un mot.

- Je suis désolée que cette magnifique soirée ce soit fini ainsi...il est donc impossible de prendre du bon temps de nos jours.

Elle soupire en faisant une très légère moue à Francesca. Elle ne jette même pas un regard en arrière, vers Fortune.
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Au début, les mots d’Erika ne sont pas entendus par-dessus les applaudissements, mais, au fur et à mesure, ils se font moins assourdissants et le discours de la jeune femme retentit à travers le théâtre. Fortune frappe encore quelques coups dans ses mains. Il toise Erika, mais pince ses lèvres qui blêmissent. Il croise les doigts, image de celui à qui on a mis un camouflet. On le dirait blessé dans son orgueil. C’est un très bon acteur ; il feint de feindre. Il prétend être indifférent, tout en marquant clairement que la tournure des évènements ne lui plait pas. Il fait une nouvelle fleur à Erika, et conséquente. Il la laisse le réduire au silence, il se prétend sans argument, sans répartie, pour la laisser dominer.

- Vous le regretterez.

Il lui lance simplement alors qu’il se penche brièvement vers elle. Ce n’était pas tant pour s’adresser à elle que pour saisir le dossier du siège d’Erika. Avec un poil d’élan, il saute par-dessus. Francesca retient un cri comme si Fortune allait lui atterrir dessus et un instant le jeune homme semble retenir un rire, preuve que toute la situation l’amuse. En réalité, il voulait simplement sauter dans la rangée derrière Francesca, Erika et lui pour ne pas avoir à passer par les deux femmes pour s’en aller. Après tout, il a joué son rôle. Il salut de nouveau ses ennemies d’un soir d’un geste de son chapeau puis remonte les rangées à grands pas.

L’assemblée ne semble qu’en penser. Durant l’heure qui suit, Erika entendra un peu de tout. Certains affirment qu’il faut surtout se concentrer sur le fait que c’était une belle pièce, et qu’il y avait de la fort bonne nourriture. D’autres maudissent ce conflit qui prend des proportions absurdes. D’autres encore évoquent la petite allocution d’Erika, sans toujours savoir où elle voulait en venir, encore peu sûrs de ce qui s’est joué devant leurs yeux. Si eux n’ont pas percuté, leurs esprits cogitent sur le sujet malgré tout. Une jeune fille demande à son père s’ils pourront revenir et il lui répond, un peu sèchement, qu’elle sait bien que non. Et non, ils ne pourront pas manger de cette soupe à nouveau à la maison. Le charme est rompu. Il faut partir. Le théâtre improvisé s’évacue petit à petit.

Peut-être que même avec le tour d’Erika, Altieri a quand même gagné. Parce qu’il a arraché les spectateurs béats au confort de la pièce pour les ramener dans la réalité où la famine guette, où la maladie a frappé voilà peu. C’est difficile de dire qui sort vainqueur de cette manche mais il a fait parler. Et en faisant faire parler, même si c’est pour le conspuer, il s’assure que personne n’oublie ce qui se trame en ville.

Erika de son côté sera vite prise en mains par Francesca qui la remerciera, lui demandera si elle va bien, s’exclamera qu’elle a été fort courageuse de réagir avec tant de vigueur, que ces brigands auraient pu être armés ! Elle amènera Erika à son petit groupe dans la salle où se déroulait l’entracte et ils commenteront chacun sur la performance d’Erika. Le ton est un peu infantilisant à certains moments. On n’a pas trouvé Erika très subtile, mais n’est-ce-pas sa condition et son éducation qui veulent ce tempérament de feu ? Il n’est pas donné à tout le monde de faire passer un message avec clarté et pourtant raffinement. Elle a fait de son mieux ! Et finalement, l’important est qu’elle ait fait le bon choix. Non ?

Erika reçoit les remerciements de Francesca et une invitation à venir prendre le thé avec ses frères et sœurs plus tard dans le mois. Pour le moment, elle a d’autres affaires sur le feu, parce que la balance vacille toujours. Erika n’a pas encore tout à fait arrêté sa décision ; sur le papier, une adresse, au port, est rédigée ainsi qu’une heure : minuit-trente.
Si elle décide d’y aller, toutes les cartes peuvent encore être rebattues.
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La tenancière hausse un sourcil en croisant les bras lorsque Fortune s'adresse a elle. Puis elle secoue la tête et laisse s'échapper un long soupire lorsque ce dernier saute derrière et s'en va, il fallait jouer le jeu jusqu'au bout.

Une fois la salle évacuée, si Erika aurait aimé juste rentrer et se reposer après cette soirée, Francesca avait une toute autre occupation pour elle. Elle écoutait son groupe parler sur son petit discours, l'infantilisant presque. Elle sourit, rit lorsqu'elle en a besoin. Il était hors de question de perdre de vue son objectif : les amener au club pour les dépouiller grâce à Alix. Et elle espérait bien que ça se finirait ainsi. Elle avait l'impression d'être une bête de foire parmi le groupe de noble se tenait autour, ils lui donneraient bientôt un bonbon pour la féliciter d'avoir pris la parole pendant qu'ils étaient tous enfoui dans leur siège en train de se révolter de l'intérieur. Aucun d'eux n'aurait eu le courage de faire ce qu'il fallait faire pour défendre leur propres idées. Si il y avait des enfants dans la pièce, elle ne pensait pas que c'était elle a cette instant.

Lorsque Francesca la remercie et l'invite pour le thé un peu plus tard dans le mois, elle accepte avec un grand sourire puis la remercie encore une fois avant de prendre congé. Elle déambula d'abord dans les rues afin de ne pas être aperçu par tout le monde. Elle marcha tranquillement jusqu'à ses appartements. Une fois à l’abri des regards indiscrets, elle sortie le mot de sa poche et lu son prochain rendez-vous de la soirée. Erika était trop curieuse pour ne pas avoir envie d'accéder à la requête de Fortune qui fut une agréable compagnie lors de cette soirée. Elle se changea, laissant tomber ses habits plus habillé pour quelques choses de bien plus simple et passe-partout. Elle pris également son pistolet qu'elle attacha à sa ceinture sous son manteau. Elle s'accrocha les cheveux en une haute queue de cheval, vissa un autre chapeau sur sa tête et pris la route du port.

Etait-ce judicieux ? Elle avait pris les précautions nécessaire pour éviter de se faire repérer une fois sortie du théâtre mais elle le savait que trop bien, il y avait toujours des yeux pour vous observer. Elle avait juste eu le temps de saluer ses employés en cuisine afin d'y prendre un verre d'eau. Elle avait éviter d'entrer dans la taverne et c'était contenté de passer par la caserne.

Minuit-trente. Elle sera à l'heure, comme à son habitude pour chacun de ses rendez-vous.
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