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[RP Narré] Retour parmi les Ulgs Noirs ft. Anemloidád

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De retour chez les Ulgs Noirs
« Wasn't that the definition of home? Not where you're from, but where you are wanted. » 

Víghulgsob. Voilà un an qu’Anemloidád n’a plus revu son village, et le chemin pour y parvenir est moins aisé qu’autrefois parce que moins reconnaissable. Nombre d’arbres ont été coupés en bordure du territoire des Ulgs Noirs. La doneigad aura même pu entrevoir des campements étrangers - des tentes de toile et des caisses autour d’un feu. Apparemment, les continentaux continuent leurs incursions sur l’île.

Ils ne sont toutefois pas encore allés assez loin pour dénicher le village des Ulgs Noirs. Les abords sont intouchés, paisibles, et la forêt exactement semblable à celle qu’Anemloidád a toujours connue. Avant même d’entrevoir le village en lui-même, une myriade de sons familiers lui parviennent : la cascade au centre du village, si familière que certains villageois ont du mal à dormir sans le bruit constant de l’eau qui coule. Le cri des ulgs, omniprésents ici - sans doute sont-ils en train de jouer ou d’être entraînés. Le bruit tranquille des conversations. Du vent dans les charmes accrochés aux portes.

Et puis Anemloidád émerge du couvert des arbres, et Víghulgsob s’offre enfin au regard.

Deux chasseurs qui montaient la garde bondissent aussitôt. Ça en revanche, c’est nouveau. Fut un temps où on ne laissait qu’une sentinelle aux portes du village, mais les Ulgs Noirs sont visiblement fébriles.

-Anemloidád ? balbutie le premier chasseur en s’approchant.

Il se tourne aussitôt vers sa camarade.

-Va chercher un doneigad. Vite !

La chasseresse fait aussitôt demi-tour et se met à courir en direction du village. Le chasseur, lui, s’approche encore d’Anemloidád et lui prend les mains.

-Que s’est-il passé ? Tu t’es échappée, c’est ça ? Tu étais prisonnière ? Ne t’inquiète pas, nous allons te soigner. Tu es chez toi. Tout va bien. Nous allons aussi prendre soin de ton ulg, d’accord ? Comment est-ce qu’il s’appelle déjà ? Non, attends, ne réponds pas, il n’y a pas d’urgence. Tu dois être épuisée !

Il lui laisse à peine le temps d’en placer une, mais avant qu’il ne puisse ajouter quoi que ce soit une main se pose sur son épaule.

La chasseresse est revenue avec Tiernan, un doneigad d’une cinquantaine d’années qu’Anemloidád connaissait bien.

Tiernan a la moitié du visage couvert par ce qui évoque de la mousse, et ses cheveux roux sont entortillés autour des bois qui ont poussé sur sa tête. Il n’élève jamais la voix, une caractéristique que ses voglendaiga apprécient, mais ça ne l’empêche pas d’avoir une certaine autorité.

-Rentrez au village et prévenez le Mál qu’Anemloidád est revenue, dit-il aux deux chasseurs. Je l’amène chez moi.

Le doneigad adresse un de ses rares sourires à l’ulg et lui dit d’une voix douce :

-N’aie pas d’inquiétudes, mon ami. Je vais prendre soin de vous.

Sans plus attendre, il les fait rentrer dans le village et se dirige droit vers sa demeure.

Le trajet fait à peine cinquante mètres, et Tiernan presse le pas, mais malgré tout Anemloidád a le temps de voir l’émoi que crée son retour. Plusieurs Natifs ont complètement arrêté leurs activités pour les regarder passer. Un doneigad occupé à parler à un artisan près de la cascade se précipite, mais Tiernan lui fait signe de rester en arrière. Un enfant se met à pleurer et son père s’accroupit pour le réconforter. Un jeune ulg grogne, n’ayant pas souvenir de l’odeur de la doneigad.

Tiernan fait enfin entrer Anemloidád et son ulg chez lui, et referme la porte de bois. Tout est beaucoup plus calme à l’intérieur. Le bruit de l’eau est étouffé et l’air sent bon les plantes qui, la tête en bas, ont été mises à sécher plus loin.

Le doneigad commence par servir de l’eau à ses deux invités, puis il fait asseoir la doneigad sur une fourrure au sol et la regarde avec attention. Il semble soucieux.

-Que s’est-il passé ?
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La vérité, on va là où les gens veulent bien de vous.
Son esprit s'active dans un art qui lui paraît à l'instant insurmontable : ouvrir une paupière, le bruit de la pluie s’abattant sur les feuilles lui indiquant le mauvais temps du dehors. Elle jette un coup d’œil fâché sur l'ouverture de la caverne dans laquelle elle avait trouvé refuge hier, l'aube s'active depuis quelque temps. Sa voix sans doute trop frêle perce le silence. «
... J'ai le droit de ne pas y arriver ?
» Avait-elle besoin de validation à ce point ? Mais un NON, d'une extrême violence perça son esprit, douloureusement, elle grimace et repousse d'un geste sec les peaux lui faisant office de couverture.

Glissant sa main sur le museau de son compagnon étalé près d'elle, le grattant entre ses défenses, un sourire au bord des lèvres. Le vieux mâle se lève non sans prendre le soin de s'étirer, balançant nonchalamment sa tête. Il grogne et gronde, lui non plus ne supporte pas la pluie.

Dans la pénombre elle est là, assisse, ses genoux ramenés contre elle, ses yeux dorés plongés dans l'or de ceux de l'animal. «
... Seule, je n'y arrive pas. Seule, je suis incapable.
» La voix de la native n'est guère plus qu'un souffle, elle a pleinement conscience de son échec, lui avait su retrouver son chemin et elle en un an, elle n'avait pas pu, ce n'était pas parce qu'il est plus intelligent ou capable et elle sans volonté. Elle n'avait juste pas réussi, sans vraiment qu'elle puisse précisément décrire ce qui a pu conduire à cela.

Seuls ceux qui n'essayent pas ne peuvent échouer, n'est-ce pas ? Elle finit par se lever, péniblement, s'enveloppant dans une cape épaisse à capuche. Assemblant son barda avant de se saisir de son bâton aussi grand qu'elle dont les pierres taillées s'entrechoquent dans un son agréable à l'oreille.

Dehors, le sol est glissant, il ne parvient plus à absorber quoi que ce soit, elle avance lentement à son rythme et rapidement la pluie cesse. Au bout d'une heure ou deux, Abdalg s'éloigne pour se nourrir. Elle constate désagréablement l'avancée des étrangers, restant à distance et dehors de vue de leurs campements, de plus en plus profonds dans les terres, elle peine à reconnaître les lieux tant ils ont déboisés.

À mesure qu'elle s'approche du village, elle sent une tension grandissante, de toute évidence cette proximité est indésirable, à en juger par les deux chasseurs postés aux portes.

Deux éclats dorés se lèvent lorsqu'elle entend son nom, cela lui évoque une étrange sensation, ambivalente. Comme si elle peine à se reconnaître en lui. Et puis depuis combien de temps elle ne l’a pas entendu et plus encore de la bouche de l'un des siens ? Une chose sûre : elle se sent raccrochée à quelque chose de familier, d'agréable, de réconfortant. Le chasseur lui prend les mains et elle apprécie ce geste simple et cette chaleur humaine. À peine a-t-elle le temps de dire quelques mots. «
Je vais bien.
» Que son attention est attirée par le doneigad, et elle suit le pas, silencieusement non sans observer du coin de l’œil le village, pas qu'elle soit méfiante mais par simple habitude dans cette attitude assez neutre qu'on lui connaît. Elle avait vécu suffisamment seule pour être déroutée de se retrouver au milieu d'un village simplement vivant, des questions lui viennent, trop.

Abdalg lui ne semble pas plus perturbé que cela, semblant même apprécier les marques d'affection qu'on lui porte, il marche de son pas lent habituel, ses muscles roulant sous sa peau marquée par les cicatrices plus ou moins récentes. Se contentant de gronder et de hérisser sa crête dorsale en réponse au grognement du jeune ulg impudent.

Ces quelques mètres lui paraissent interminables, et lorsqu'ils pénètrent dans la maison, elle se débarrasse de son sac et de ses armes en retirant par la même occasion sa cape avant de finalement s'asseoir en tailleur. Ses gestes sont étrangement saccadés comme ceux d'un animal perturbé. L'ulg lui prend pleinement ses aises en s'allongeant derrière sa maîtresse.

Elle ignore que Abdalg était parvenu à rejoindre le village, seul, difficilement, presque agonisant, au point que sa fourrure noire paraissait rouge sombre. Qui tellement perturbé avait du donner bien du mal aux guérisseurs du village. Et il en faut pour mettre dans cet état un mâle adulte expérimenté aussi caractériel que lui.

Elle garde le visage baissé, le regard perdu entre deux mondes. Son cœur chavire à cette simple question, que répondre à une interrogation telle que celle-ci ? La vérité tout aussi terrible qu'elle peut être ? «
Je me suis perdu.
» La réponse évoque autant de sens que l'interrogation de l'ancien, il n'est pas là question de s'égarer au sens physique, elle connaît l'île dans ses moindres recoins, elle n'a pas pu simplement oublier, non ? Non. C'est bien pire que cela, quelque chose de difficile à comprendre, mais évident pour qui sait. Aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, elle avait toujours appartenu davantage au monde spirituel que celui des Hommes, étrangement à la fois déconnecté et ancrée, mais pouvait-elle se perdre au point de ne pas parvenir à rentrer durant une année ?

Son regard se perd quelques secondes sur le décorum de la pièce avant de reprendre la parole. «
Je ne saurais même pas expliquer, tout est embrumé.
» Elle rêve et perçoit un nombre important de choses, ne parvenant plus réellement à distinguer les choses.

L'or de ses yeux plonge dans ceux de son interlocuteur, elle a besoin d'une réponse, bonne ou mauvaise à la question qui lui brûle les lèvres. «
Mais ça ne peut pas être moi, n'est-ce pas ?
» Sa question s'abat comme un couperet sur la conversation : sa responsabilité autour de ce drame. Drame étant un mot bien faible pour décrire le bain de sang qui avait eu lieu il y a un an et qui demeurait à des années-lumière de ce qu'elle est : méthodique et sans cruauté. Même les animaux ne s'infligent pas pareil traitement, c'est au-delà de la barbarie.

Et l'idée même d'en être la seule responsable semble autant la terrifier que de ne pas savoir. Elle semble prête à bondir comme un animal sauvage pour s'enfuir, parce qu'elle sait qu'à chaque tragédie il faut un responsable, parce qu'un crime ne peut pas demeurer impuni quitte à jeter en pâture quelqu'un, même innocent.

D'ordinaire elle parle peu, elle n'en a pas besoin, ce qu'elle ressent ou exprime par ses gestes ou ses regards est simplement limpide. Mais cette fois-ci elle semble simplement avoir besoin d'être écoutée et comprise, parfois il n'y a pas besoin de plus.
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« Wasn't that the definition of home? Not where you're from, but where you are wanted. » 

Les yeux de Tiernan sont bruns et, dans la semi-pénombre de sa maison, ils ont presque l’air noirs. Difficile pourtant de ne pas les trouver perçants en cet instant où il fixe Anemloidád. Il cille à peine.

Le doneigad ne l’interrompt pas, mais il ne répond pas non plus à sa question. Il lève une main et la pose sur le front de son interlocutrice. Sa paume est fraîche et lourde comme un galet tout juste sorti de la rivière. Le toucher du doneigad, soigneur expérimenté s’il en est, apaise naturellement l’agitation de l’esprit.

Il a toujours l’air soucieux pourtant. Que ressent-il chez sa patiente ?

-Tu as réussi à rentrer à la maison, dit-il lentement. Tu n’es plus perdue.

Il prend une inspiration et retire sa main du front de la femme.

-As-tu rencontré des étrangers ?

Tiernan se relève et s’éloigne le temps de rassembler divers objets et ingrédients. Quand il revient s’asseoir devant Anemloidád, cette dernière peut identifier les plantes et champignons qu’il commence à couper. Le doneigad a choisi des composants qui redonnent de la vigueur au corps et à l’esprit.

-Il s’est passé beaucoup de choses depuis ton départ. Nous avons tous craint que les étrangers n’aient pris ta vie et volé ton corps.

Le doneigad ayant terminé de hacher sa préparation, il la transfère dans un mortier et commence à l’écraser avec un pilon. Une odeur agréable s’élève bientôt du récipient.

-Mais le moment n’est pas venu de te faire un long discours. Ton esprit erre, Anemloidád. Parle-moi. Tu es en sécurité ici.
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Elle ne se fâche pas de ne pas obtenir de réponse pour le moment, ses questions sont biens nombreuses et les réponses difficiles, elle se doute qu’elles viendront au bon moment, malgré un plus soucieux barrant son front. Tandis que la main fraîche de l’ancien se glisse sur son front, elle s'apaise sans réellement savoir si cela vient des pouvoirs conférés par le dieu aux mille visages ou plutôt par le simple contact humain. Mais les mots de l’homme ne tombent pas dans l’oreille d’une sourde, elle s’en abreuve et s’il dit qu’elle n’est plus perdue c’est sans doute la vérité.

La maison, ce terme est doux et sucré quand on a été longtemps en errance, et il n’y a qu’ici qu’elle se sent chez elle - la forêt ne pouvant lui appartenir -, même si son année loin des siens semble avoir vu quelques changements.

Vu la façon dont elle a pu être traitée par ces êtres dits civilisés, la vie avec les sauvages - comme disent certains d’entre eux - lui semble parfaitement royale, sans entrer dans les détails elle expose les faits et ses pensées. «
Un certain nombre et ils s’approchent de plus en plus. Mais je ne les fréquente pas, par contre je les écoute et les observe.
» Elle qui a tant de mal à sociabiliser avec son propre peuple comment pourrait-elle le faire avec ceux qui s’opposent à tout ce qu’elle peut-être ? «
Et pour moi ce sont des fous.
» Il est aisé de comprendre qu’il n’y a rien de mauvais dans ce terme, simplement une profonde méfiance, lentement distillée par ses rencontres, mêlée à de la crainte pour son peuple et sa culture sans compter leur mépris pour l’écosystème de l’île bien plus que de peur pour elle-même.

Même si elle parle, le curieux ballet du sage ne lui a pas échappé, elle observe en silence et en pleine confiance sans chercher à percer à jour ce qu’il prévoit, mais elle a des yeux et un odorat en parfait état de marche. «
Ils ont pris, mais nous sommes durs à tuer.
» Elle ne parviendra pas à dire quoi exactement, était-ce physique, mental ou quelque chose d’encore plus profond ? Maintenant en sécurité, elle s’oblige à réfléchir en dehors de la survie dans la journée qui suit. Et la machine s’avère être plus rouillée que prévu.

Si en la connaissant on peut lui reprocher quelques défauts, elle n’a jamais été menteuse, elle expose ses idées comme elle les pense sans se perdre en tournures et sans s’imposer. Elle n’a jamais été non plus une menteuse, et même si elle le faisait, personne ne serait dupe tant ses émotions transpirent par ses yeux et sa peau. Elle avait toujours été là, présente pour sa communauté, bien que mise en marge par elle-même pour une raison que seuls les sages du village peuvent comprendre et les apprenants qu’elle a pu avoir sont aussi solides que ceux des autres doneigada.

Si le destin de chaque doneigad est de devenir un nadaig, si pour certains cette transformation peut susciter de l’inquiétude ça n’a jamais été son cas, malgré ce fait apparu tôt chez elle. Profondément dans la foi, durant des années, la question a plutôt été quand ? Quand lui permettra-t-il de s’accomplir ? «
Son Appel est plus fort que tout. Je m’enfonce dans les rites et la prière en espérant des réponses d’un bout à l’autre de l’île, une raison, un sens à ce qui me trouble. Je pensais être enfin arrivée au bout du chemin, mais je descends encore plus, je m’égare, il me semble. Comme si..
» Son regard glisse sur le sol jusqu’à se planter sur son compagnon qui semble largement apprécier le confort qu’on lui offre, lui se sent parfaitement à l’aise, qu’importe où il se trouve. «
Je me dilue.
» Et si elle a toujours beaucoup parler à En on mil frichtimen, et été capable de traduire les signes à présent elle semble davantage teintée de scepticisme, la limite entre une foi exaltée et un esprit abîmé par les épreuves est souvent bien tenue et elle en a parfaitement conscience. «
A trop vouloir trouver mon  chemin, je me suis égarée.
» Admettant son échec avec simplicité dans un soupir.

Ses yeux dorés retournent à son interlocuteur avant de retourner fixer le sol, ses mains posées sur ses genoux. «
Mais j’ai aussi conscience d’avoir fauté.
» Elle se retient d’ajouter : de ne pas avoir été là, d’avoir menacé par ses actes l’intégrité de la communauté entière vis-à-vis des étrangers. «
Et je me soumettrai à la décision du Màl.
» Elle sait que tous ne verront pas d’un bon œil son retour, pas après ce qu’il s’est passé et pas après autant de temps, certains pourront même voir en elle une traîtresse ou pire une espionne, ou encore d’autres choses.
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Tiernan relève la tête, sourcils froncés, quand Anemloidád évoque avoir observé les étrangers. Il ne dit rien pourtant, il continue d’écraser sa préparation jusqu’à la réduire en une poudre grossière. Sans doute ne veut-il pas l’interrompre.

Quand la doneigad évoque l’Appel du dieu aux Mille Visages, il se relève. Il devait avoir de l’eau sur le feu car il verse le liquide bouillant dans un récipient, puis ajoute la poudre. Il se rassied et mélange lentement.

-J’irai parler au Mál. Bois.

Il filtre sa préparation et la tend à Anemloidád.

-Je t’en ferai tous les jours jusqu’à ce que j’estime que tu es remise.

Autrement dit, elle ne va pas pouvoir tout de suite se remettre à vagabonder à sa guise, s’il compte la garder en observation. Tiernan appuie son coude sur son genou et son menton sur son poing. Il regarde la doneigad, si jeune et déjà si prête à échanger sa vie contre la suivante.

-Tu aurais dû en parler au village. Aux autres doneigada à tout le moins. S’isoler n’apporte rien de bon, ni au village, ni à Tír Fradí, ni à toi. Tu es là pour nous, nous sommes là pour toi.

Il ajoute d’une voix basse :

-Tu t’es plus intéressée aux étrangers qu’à ton peuple en partant les observer. Peut-être pensais-tu nous protéger, mais ce n’est pas ton rôle, Anemloidád. Ou croyais-tu qu’en les affrontant tu irais à ta mort et que le dieu aux Mille Visages ferait alors de toi un Gardien ?

Tiernan n’y va pas avec le dos de la cuillère, mais il n’y a pas d’agacement dans son expression, ni même de reproche. L’idée qu’Anemloidád ait recherché sa fin crispe pourtant ses mains.

-Dans tous les cas, je vais avertir les autres que pour le moment tu ne dois pas rester seule et que tu ne peux pas reprendre de voglendaig. Si tu souhaites te rendre quelque part, nous nous assurerons qu’un membre du clan soit présent.
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Elle laisse l’ancien faire, restant silencieuse, concentrée dans l’art qui lui semble si difficile à cet instant : tenir une conversation. Elle n’a jamais été très bavarde, et le peu qu’elle a parlé ces derniers temps ce n’était qu’à son dieu et à elle-même. Elle continue d’observer, en alerte malgré elle. «
Merci, Tiernan.
» Elle semble franche et comblée par cette attention qu’elle ne pense toujours pas mériter. De l’eau et un souhait de bonne chance auraient aussi pu lui suffire.

Anem profite de la chaleur du liquide quelques instants, comme s’il s’agissait là d’un luxe qu’elle n’a pas souvent l’occasion de s’offrir, elle en avale cependant rapidement le contenu qui tombe presque douloureusement dans son estomac vide.

L’égarée aurait préféré avoir la force de s’indigner, mais elle sait que ce n’est pas réellement des reproches. «
Je pensais que ce serait facile, qu’il me suffirait de quelques jours pour trouver des réponses. Je pensais que je pouvais y arriver seule, mais je n’ai été ni digne de Lui ni de Vous. J’ai été effroyablement orgueilleuse.
» Elle baisse une nouvelle fois les yeux, parfaitement honteuse, ses joues pâles s’empourprent légèrement, mais elle a encore trop de pudeur pour se laisser aller à ses larmes.

En fait, la plupart du temps elle se contente de vivoter guidée par ce qui lui semblait être sa foi d’un site sacré à l’autre, toujours en mouvement alors la confrontation a souvent été inévitable, mais elle n’est pas un chien fou, elle fuit plutôt que de se battre et sans parler de lâcheté c’est davantage du bon sens. La suite de ses mots touche juste, son individualité sans doute fâchée, elle se renferme un peu. Mais elle comprend. «
Dur mais juste, comme toujours.
» Et elle n’aurait pas souhaité qu’il en soit autrement. Les animaux se cachent pour mourir, n’est-ce pas ? Il n’a jamais été question d’abandon ou d’affronter un adversaire qui lui semble insurmontable, même si le résultat à fait que.

«
Je suis désolé et je demande votre pardon.
» Pour le passé, le présent et le futur. De ne pas avoir été là et à présent d’être un poids plutôt que simplement disparue. Peut-être qu’il aurait mieux fallut que.. Elle chasse cette pensée de son esprit d’un revers de main. Cette année à survivre seule - ou presque - sur l’île semble l’avoir marquée profondément, sans qu’elle ne puisse réellement mettre de mot dessus, la laissant épuisée et à bout de souffle, n’attendant plus que l’hallali. Elle avait vécu une année où elle était persuadée qu’elle ne manquerait à personne et où il valait mieux qu’elle soit morte que vive. Elle semble être capable d’entendre, il n’y a rien d’étonnant après un an de silence à avoir soif de paroles, mais écoute-t-elle ?

Est-ce qu’elle pourrait s’enfuir pour ne plus jamais revenir ? Sans doute pas, pour l’heure elle n'est pas en état de faire un pas qu’importe la direction, mais elle semble avoir la volonté d’un mieux, sinon elle ne serait pas ici. Anem reprend la parole après un certain temps pour se ressaisir. «
C’est En on mil frichtimen qui m’a montré le chemin pour rentrer, sans son aide je n’y serais pas arrivé.
» Ou plutôt, elle l'implora de venir la chercher, un caprice du destin qui s’avéra salutaire. Et de toute évidence elle n’aurait pas tenu bien longtemps sur cette île qui ne fait aucun cadeau aux individus les plus faibles.

Néanmoins, une question lui brûle les lèvres et cette fois-ci elle ose la poser. «
Comment vont les choses ici ?
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