L'Ours et la Chouette [Cyrus et Brid]
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
L’air était sec.
Plutôt curieux, si près de la côte, surtout suite à la série d’averses qu’ils avaient eue la veille, mais le soleil frappait si fort qu’il semblait assommer l’humidité de la mer avant même qu’elle puisse rejoindre la plaine. « C’est impoli » devaient se dire les caillasses, couchées sur plusieurs lieues aux alentours, uniquement interrompus de temps à autre par quelques petits bosquets. Une légère bise glissait entre leurs arbres, doucereuse et peu présente, mais tout de même notable. Un joli temps estival, en somme.
Ce n’était cependant pas pour se dorer au soleil et profiter du littoral qu’une large silhouette se détachait du ciel bleu. Vêtue d’un caftan colombin long et sans manches, elle retira distraitement les gants lui donnant bien trop chaud, comme ailleurs. Le cuir sentait fort, rendu bouillant par les rayons.
Cyrus prit ses cheveux bruns en arrière afin de les nouer et réajusta le sac en bandoulière lui ceinturant le torse. Puis, ses yeux verts partirent en direction des ruines se dessinant au loin, dressées sur un promontoir rocheux. Ce n’était en rien la première fois qu’il les notait, elles étaient loin d’être cachées dans une jungle, camouflées par des lianes s’emmêlant les unes aux autres de manière à peindre d’un vert sombre la structure entière. Ici, il s’agissait même de l’inverse. Elles étaient là. Royales, mystérieuses. A la vue de tous et pourtant si inaccessibles. Véritable pilier entre Hikmet et Nouvelle-Sérène, chacun pouvait les voir en prenant la route.
Dès le départ, l’historien s’en était trouvé intrigué. Déformation professionnelle, probablement. Les ruines s’étaient inscrites dans un petit coin de sa tête et revenaient y traîner parfois. Pendant la journée, alors qu’il faisait tout autre chose. Plus souvent le soir, tandis qu’il ruminait sur certains des personnages logeant sur l’île. L’affaire Tisch stagnait tant que son cerveau se devait bien de carburer à autre chose, alors lorsque l’Académie lui avait doucement laissé entendre que son temps sur Teer Fradee s’étendait de jour en jour et qu’il n’avait pourtant pas encore envoyé le moindre compte-rendu concernant la terre mystérieuse, il n’y avait pas réfléchi à deux fois. Si enquêter sur ces vestiges lui permettait de ne plus les avoir sur le dos et peut-être même glaner quelques financements supplémentaires, il n’allait pas se gêner.
Objectif ruines, donc. Enfin quelque chose qui le stimulerait au niveau des neurones, qui lui permettrait de reprendre le travail et probablement calmer le stress constant dans lequel il baignait. Dans un premier temps, il s’était renseigné. Auprès d’un peu tout le monde, que cela soit à Hikmet ou Nouvelle-Serène, et bien vite, il n’avait pas réellement eu besoin d'insister, on lui avait parlé de Vígnámrí.
Le village des Sísaíg cnámeis, un clan des souffleurs d'os, de ce qu’on lui avait dit. Au vu de la faune l'entourant, le professeur ne s’étonna pas. Tout était plat, ici, avec une étrange impression de vide, presque de mort. De la caillasse partout. De la verdure rare. Peu surprenant que les os soient la marque de fabrique de ces natifs. Un bonhomme de la ville de la Congrégation lui avait même confié une étrange rumeur, qu’il aurait entendue des années auparavant : on disait autrefois Vígnámrí maudit. Un fait curieux, Cyrus se demanda d’où la légende venait. Un autre habitant lui avait ensuite révélé que le village se portait mieux, qu’un nouveau chef, un “Mál”, avait même lancé un commerce avec les colons. Des natifs amicaux, ou du moins tolérants envers les étrangers, donc. Un point plutôt positif, Cyrus n’allait pas le nier. Jamais encore il n’avait eu à aborder ou converser de lui-même avec les natifs et si sa première approche s’était terminée avec des poings, il aurait douté de sa capacité à aller leur tirer les vers du nez au sujet de leurs coutumes, de leur histoire et de leurs ruines.
Au niveau de l’estuaire, il faisait plus frais, l’herbe se colorait plus nettement de vert, et le remous envoyait un peu d’écume sur le rivage. Le village était en vu, cerné par ce qu’il pensa de loin être des sortes de sculptures, mais qui se révéla au fur et à mesure qu’il approchait être d’immenses os de baleines. Quelle curieuse idée. Il ne put s’empêcher de les mirer quelques instants, de loin, intrigué et impressionné. Si petit à côté de leur grandeur.
Pas encore tout à fait à Vígnámrí, mais assez près pour en discerner les mouvements de vie sans s’y impliquer ou se faire remarquer par quelqu’un ny faisant pas attention, il fit une pause au milieu de la route, dégagea la poussière de ses mains en les frottant l’une contre l’autre, puis extirpa un carnet relié de ses affaires, qu’il ouvrit d’un geste. Le professeur mit ses lunettes sur son nez, s’empara d’un crayon et commença à croquer les os sur le papier. Il s’appliquait, mais parvenait à être vif, à habilement en gratter les courbes tranchantes sur le ciel clair, le tout sur une demi-page bien définie. On remarquait facilement que ce n'était en rien la première fois qu’il se prêtait à ce type d’exercice. Cyrus préférait toujours ses brouillons. Evidemment qu’il le referait au propre, qu’il enverrait le dessin sur une feuille entière au continent, sans trait de construction, sans tâche de mine grasse non voulue. Mais la première esquisse, comme toutes les autres, il la garderait.
Son esprit se focalisait presque totalement sur sa tâche. L’espace d’un instant, il ne faisait plus attention à ce qui l’entourait. Juste un inconnu sous le soleil, debout et seul au milieu de la plaine.
Plutôt curieux, si près de la côte, surtout suite à la série d’averses qu’ils avaient eue la veille, mais le soleil frappait si fort qu’il semblait assommer l’humidité de la mer avant même qu’elle puisse rejoindre la plaine. « C’est impoli » devaient se dire les caillasses, couchées sur plusieurs lieues aux alentours, uniquement interrompus de temps à autre par quelques petits bosquets. Une légère bise glissait entre leurs arbres, doucereuse et peu présente, mais tout de même notable. Un joli temps estival, en somme.
Ce n’était cependant pas pour se dorer au soleil et profiter du littoral qu’une large silhouette se détachait du ciel bleu. Vêtue d’un caftan colombin long et sans manches, elle retira distraitement les gants lui donnant bien trop chaud, comme ailleurs. Le cuir sentait fort, rendu bouillant par les rayons.
Cyrus prit ses cheveux bruns en arrière afin de les nouer et réajusta le sac en bandoulière lui ceinturant le torse. Puis, ses yeux verts partirent en direction des ruines se dessinant au loin, dressées sur un promontoir rocheux. Ce n’était en rien la première fois qu’il les notait, elles étaient loin d’être cachées dans une jungle, camouflées par des lianes s’emmêlant les unes aux autres de manière à peindre d’un vert sombre la structure entière. Ici, il s’agissait même de l’inverse. Elles étaient là. Royales, mystérieuses. A la vue de tous et pourtant si inaccessibles. Véritable pilier entre Hikmet et Nouvelle-Sérène, chacun pouvait les voir en prenant la route.
Dès le départ, l’historien s’en était trouvé intrigué. Déformation professionnelle, probablement. Les ruines s’étaient inscrites dans un petit coin de sa tête et revenaient y traîner parfois. Pendant la journée, alors qu’il faisait tout autre chose. Plus souvent le soir, tandis qu’il ruminait sur certains des personnages logeant sur l’île. L’affaire Tisch stagnait tant que son cerveau se devait bien de carburer à autre chose, alors lorsque l’Académie lui avait doucement laissé entendre que son temps sur Teer Fradee s’étendait de jour en jour et qu’il n’avait pourtant pas encore envoyé le moindre compte-rendu concernant la terre mystérieuse, il n’y avait pas réfléchi à deux fois. Si enquêter sur ces vestiges lui permettait de ne plus les avoir sur le dos et peut-être même glaner quelques financements supplémentaires, il n’allait pas se gêner.
Objectif ruines, donc. Enfin quelque chose qui le stimulerait au niveau des neurones, qui lui permettrait de reprendre le travail et probablement calmer le stress constant dans lequel il baignait. Dans un premier temps, il s’était renseigné. Auprès d’un peu tout le monde, que cela soit à Hikmet ou Nouvelle-Serène, et bien vite, il n’avait pas réellement eu besoin d'insister, on lui avait parlé de Vígnámrí.
Le village des Sísaíg cnámeis, un clan des souffleurs d'os, de ce qu’on lui avait dit. Au vu de la faune l'entourant, le professeur ne s’étonna pas. Tout était plat, ici, avec une étrange impression de vide, presque de mort. De la caillasse partout. De la verdure rare. Peu surprenant que les os soient la marque de fabrique de ces natifs. Un bonhomme de la ville de la Congrégation lui avait même confié une étrange rumeur, qu’il aurait entendue des années auparavant : on disait autrefois Vígnámrí maudit. Un fait curieux, Cyrus se demanda d’où la légende venait. Un autre habitant lui avait ensuite révélé que le village se portait mieux, qu’un nouveau chef, un “Mál”, avait même lancé un commerce avec les colons. Des natifs amicaux, ou du moins tolérants envers les étrangers, donc. Un point plutôt positif, Cyrus n’allait pas le nier. Jamais encore il n’avait eu à aborder ou converser de lui-même avec les natifs et si sa première approche s’était terminée avec des poings, il aurait douté de sa capacité à aller leur tirer les vers du nez au sujet de leurs coutumes, de leur histoire et de leurs ruines.
Au niveau de l’estuaire, il faisait plus frais, l’herbe se colorait plus nettement de vert, et le remous envoyait un peu d’écume sur le rivage. Le village était en vu, cerné par ce qu’il pensa de loin être des sortes de sculptures, mais qui se révéla au fur et à mesure qu’il approchait être d’immenses os de baleines. Quelle curieuse idée. Il ne put s’empêcher de les mirer quelques instants, de loin, intrigué et impressionné. Si petit à côté de leur grandeur.
Pas encore tout à fait à Vígnámrí, mais assez près pour en discerner les mouvements de vie sans s’y impliquer ou se faire remarquer par quelqu’un ny faisant pas attention, il fit une pause au milieu de la route, dégagea la poussière de ses mains en les frottant l’une contre l’autre, puis extirpa un carnet relié de ses affaires, qu’il ouvrit d’un geste. Le professeur mit ses lunettes sur son nez, s’empara d’un crayon et commença à croquer les os sur le papier. Il s’appliquait, mais parvenait à être vif, à habilement en gratter les courbes tranchantes sur le ciel clair, le tout sur une demi-page bien définie. On remarquait facilement que ce n'était en rien la première fois qu’il se prêtait à ce type d’exercice. Cyrus préférait toujours ses brouillons. Evidemment qu’il le referait au propre, qu’il enverrait le dessin sur une feuille entière au continent, sans trait de construction, sans tâche de mine grasse non voulue. Mais la première esquisse, comme toutes les autres, il la garderait.
Son esprit se focalisait presque totalement sur sa tâche. L’espace d’un instant, il ne faisait plus attention à ce qui l’entourait. Juste un inconnu sous le soleil, debout et seul au milieu de la plaine.
Brid
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Brid s’était levée à l’aube ce jour là. Comme tous les autres jours. Elle était allée à la plage ce jour-là – comme tous les autres jours. Les dernières tempêtes au large avaient fait s’échouer des nuées d’objets et Brid, armée d’une sorte de masse qu’elle avait construit avec un morceau de métal issu des débris d’un navire, éventrait les caisses. Cette épave là contenait étonnamment peu de choses d’intérêt. Des tissus, de la nourriture, tous plein d’écumes. Tous inutilisables et sans intérêt. Toutes les pièces n’étaient pas venues avec la houle, il n’y avait pas dans le sable ces étranges figures qui représentaient d’immenses visages de bois ou des créatures que Brid n’avait jamais vu. Elle pensait toujours qu’il devait s’agir d’un signe de vénération semblable aux pierres levées qu’on érigeait près des cercles gardés par les nadaig.
Il y avait simplement une plus petite coque que celles des grandes épaves de la côte, avec ce qui semblait être des sièges qui avaient été fracassés par les récifs. Malgré le sol inégal et l’eau qui s’infiltrait par tous les trous, Brid s’était aventurée sur les planches. C’était comme une version miniature des embarcations qu’elle voyait au large, sans longs bâtons garnis de tissu. Il y avait des pièces d’or répandues, et des traces de griffes dans le bois. Au centre se trouvait quelque chose que Brid n’avait jamais vu en 20 ans de ses petites aventures.
Il y avait un corps. Oh, Brid en avait déjà rencontré des cadavres parmi les planches blanchies par le soleil et le sel, mais généralement leurs os apparents étaient tout aussi fatigués par le vent que le bateau qui était devenu leur tombeau.
Non, ce corps là avait visage humain. C’était une femme, pâle comme la mort. Si elle n’avait pas eu les lèvres si gonflées, Brid aurait été certaine qu’elle dormait, alors que ses longs cheveux flottaient autour d’elle dans l’eau saumâtre où elle était à demi immergée.
Brid ne sut dire le sentiment qui la saisit en voyant la femme – l’étrangère. Elle se plaça derrière elle et plaça ses mains sous ses bras. Puis, elle tira. Il lui fallut de longues minutes pour avoir la force d’arracher le corps aux vagues jalouses tant la robe de la femme était imbibée d’eau. Elle semblait peser une tonne et Brid n’était pas très forte. Lorsqu’elle fut certaine de l’avoir tirée assez loin pour que la prochaine marée ne l’emporte pas, Brid se trouva bien sotte. Qu’allait-elle faire du corps ? Comment les étrangers leur rendaient-ils hommages ? Comment même retrouver son clan ? Et puis il y avait la découverte du bateau miniature ! On avait laconiquement expliqué à Brid qu’ils flottaient grâce au vent, mais comment ce dernier pouvait-il l’emporter, si trapu ? Etait-ce l’action seule des vagues qui le portaient ? Elles devaient être fort accommodantes !
Non, il y avait plus à cela, et Brid voulait découvrir de quoi il en retournait.
Alors, ce jour-là ce fut le sac curieusement peu rempli que Brid rentra au village. Aux aguets, elle vit l’homme, l’étranger, avant qu’il ne la repère. Il fallait dire qu’il était profondément absorbé dans sa tâche, et Brid, piquée par son habituelle curiosité, s’approcha de lui, sa silhouette paraissait encore plus menue et longiligne puisqu’elle était dépourvue de ses fourrures d’hiver. Et, grâce à cela, elle faisait encore moins de bruit. Il fallait dire que la journée était très ensoleillée, ce qui séchait un peu la boue qui aurait pu alerter de sa présence par des bruits de succion.
L’étranger passait une mine sur un cahier. Il représentait, semblait-il, les os autour du village. Brid avait déjà vu un étranger faire de même : il s’appelait Adamo, et son sort n’avait guère était enviable. Probablement valait-il mieux qu’elle soit la première à aborder l’homme. Elle savait qu’il n’était jamais venu, car chaque étranger qui posait le pied dans son village était décrit avec grand soin par Etna. La vieille femme, assise toute la journée près du chemin central qui menait à la demeure du roi, entendait et voyait quasiment tout.
Quelle heureuse coïncidence, songea Brid. Voilà que l’homme savait représenter, sur ces choses fragiles que les étrangers utilisaient, qui une fois mouillées devenaient une sorte de pâte infâme. Mais il ne pleuvrait pas toujours, et peut-être pourrait-il lui indiquer quoi faire du corps ! En attendant, Brid ne put résister à l’envie de lui glisser.
- On ne demande pas de permission ?
Elle se déroba bien vite, au cas où l’homme ait le réflexe facile. Elle avait déjà fait ces coups pendables à des chasseurs ou des guerriers plus jeune et avait appris sa leçon ! Heureusement pour elle, Brid était plutôt vive. Alors qu’un bosquet se dessinait derrière elle, Brid était l’incarnation d’un esprit de la forêt des vieilles légendes campagnardes de Sérène. Androgyne, le cheveu dru et la peau tannée, son demi sourire plissait ses yeux brillants come la carapace d’un insecte. Avec sa drôle de masse qui était clairement, aux yeux d’un étranger, confectionnée avec un manche de bois solide et ce qui devait être le fragment éclaté de l’écoutille d’un navire, nettoyé mais probablement dévoré pendant un moment par des coquillages, Brid avait sur l’instant un air encore plus étrange que ses compatriotes – sans parler du filet dont elle s’était pratiquement faite une cape d’épaule !
Il y avait simplement une plus petite coque que celles des grandes épaves de la côte, avec ce qui semblait être des sièges qui avaient été fracassés par les récifs. Malgré le sol inégal et l’eau qui s’infiltrait par tous les trous, Brid s’était aventurée sur les planches. C’était comme une version miniature des embarcations qu’elle voyait au large, sans longs bâtons garnis de tissu. Il y avait des pièces d’or répandues, et des traces de griffes dans le bois. Au centre se trouvait quelque chose que Brid n’avait jamais vu en 20 ans de ses petites aventures.
Il y avait un corps. Oh, Brid en avait déjà rencontré des cadavres parmi les planches blanchies par le soleil et le sel, mais généralement leurs os apparents étaient tout aussi fatigués par le vent que le bateau qui était devenu leur tombeau.
Non, ce corps là avait visage humain. C’était une femme, pâle comme la mort. Si elle n’avait pas eu les lèvres si gonflées, Brid aurait été certaine qu’elle dormait, alors que ses longs cheveux flottaient autour d’elle dans l’eau saumâtre où elle était à demi immergée.
Brid ne sut dire le sentiment qui la saisit en voyant la femme – l’étrangère. Elle se plaça derrière elle et plaça ses mains sous ses bras. Puis, elle tira. Il lui fallut de longues minutes pour avoir la force d’arracher le corps aux vagues jalouses tant la robe de la femme était imbibée d’eau. Elle semblait peser une tonne et Brid n’était pas très forte. Lorsqu’elle fut certaine de l’avoir tirée assez loin pour que la prochaine marée ne l’emporte pas, Brid se trouva bien sotte. Qu’allait-elle faire du corps ? Comment les étrangers leur rendaient-ils hommages ? Comment même retrouver son clan ? Et puis il y avait la découverte du bateau miniature ! On avait laconiquement expliqué à Brid qu’ils flottaient grâce au vent, mais comment ce dernier pouvait-il l’emporter, si trapu ? Etait-ce l’action seule des vagues qui le portaient ? Elles devaient être fort accommodantes !
Non, il y avait plus à cela, et Brid voulait découvrir de quoi il en retournait.
Alors, ce jour-là ce fut le sac curieusement peu rempli que Brid rentra au village. Aux aguets, elle vit l’homme, l’étranger, avant qu’il ne la repère. Il fallait dire qu’il était profondément absorbé dans sa tâche, et Brid, piquée par son habituelle curiosité, s’approcha de lui, sa silhouette paraissait encore plus menue et longiligne puisqu’elle était dépourvue de ses fourrures d’hiver. Et, grâce à cela, elle faisait encore moins de bruit. Il fallait dire que la journée était très ensoleillée, ce qui séchait un peu la boue qui aurait pu alerter de sa présence par des bruits de succion.
L’étranger passait une mine sur un cahier. Il représentait, semblait-il, les os autour du village. Brid avait déjà vu un étranger faire de même : il s’appelait Adamo, et son sort n’avait guère était enviable. Probablement valait-il mieux qu’elle soit la première à aborder l’homme. Elle savait qu’il n’était jamais venu, car chaque étranger qui posait le pied dans son village était décrit avec grand soin par Etna. La vieille femme, assise toute la journée près du chemin central qui menait à la demeure du roi, entendait et voyait quasiment tout.
Quelle heureuse coïncidence, songea Brid. Voilà que l’homme savait représenter, sur ces choses fragiles que les étrangers utilisaient, qui une fois mouillées devenaient une sorte de pâte infâme. Mais il ne pleuvrait pas toujours, et peut-être pourrait-il lui indiquer quoi faire du corps ! En attendant, Brid ne put résister à l’envie de lui glisser.
- On ne demande pas de permission ?
Elle se déroba bien vite, au cas où l’homme ait le réflexe facile. Elle avait déjà fait ces coups pendables à des chasseurs ou des guerriers plus jeune et avait appris sa leçon ! Heureusement pour elle, Brid était plutôt vive. Alors qu’un bosquet se dessinait derrière elle, Brid était l’incarnation d’un esprit de la forêt des vieilles légendes campagnardes de Sérène. Androgyne, le cheveu dru et la peau tannée, son demi sourire plissait ses yeux brillants come la carapace d’un insecte. Avec sa drôle de masse qui était clairement, aux yeux d’un étranger, confectionnée avec un manche de bois solide et ce qui devait être le fragment éclaté de l’écoutille d’un navire, nettoyé mais probablement dévoré pendant un moment par des coquillages, Brid avait sur l’instant un air encore plus étrange que ses compatriotes – sans parler du filet dont elle s’était pratiquement faite une cape d’épaule !
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
La mine grasse terminait presque de danser sur le papier, un amas de traits précautionneusement placés en gorgeant le grain. Une plutôt bonne représentation du paysage s’étendant sous ses yeux, d'après lui. Il décida qu’il pouvait en être fier.
« On ne demande pas de permission ? »
La voix lui provoqua un frisson dans le dos, une sorte de morsure froide à en hérisser les poils. Là, malgré le vent faible et le calme apparent de la plaine, quelqu’un venait de parvenir à parcourir la route et se glisser jusqu’à lui sans qu’il ne s'en rende compte. Et quel quelqu’un !
Une bien drôle de créature. Humaine, il s’en rendit vite compte en se tournant, mais elle venait de bondir en arrière si vite et arborait une apparence si incongrue qu’il crut un instant être face à une sorte de lutin des bois.
Avec un bruit mat, presque étouffé, son crayon tomba dans l’herbe juste à ses pieds, mais il ne le ramassa pas. Au lieu de cela, sa main se crispa autour de son carnet fraîchement fermé, ses yeux ne se firent que plus attentifs envers l’individu ayant envahi son attention. Quelle curieuse allure. Des yeux brillants, des cheveux épais, une peau tannée, le tout enrobé dans des habits propices à la saison et… Un filet ? Oui, le lutin portait bel et bien un filet comme cape d’épaule. L’inconnue était minuscule. Ou du moins l’était-elle de son point de vue à lui, bien que le fait qu’elle ne devait pas peser bien lourd jouait probablement à donner cette impression.
Elle se tenait à distance, désormais. Cependant, aucune animosité n’émanait d’elle. Plus… De la curiosité. Probablement une native du village voisin, qui l’aurait vu au détour du chemin et se serait demandé ce qu’il faisait là. D’où venait-elle ? De derrière lui. Probablement de la plage, par conséquent. A moins qu’elle ne soit réellement une sorte de lutin ayant été apporté par le vent.
Cyrus secoua la tête afin de se ressaisir et sortir de ces suppositions dignes d’un enfant. Elle venait de la côte et c’était tout, c’était idiot de plonger dans des contes fantasques simplement car l’inconnue parassait sortir d’un tronc creux. D’un geste ferme, il remonta ses lunettes.
« Une permission pour dessiner le village ? J’ignorais qu’il en fallait une. » ses yeux verts allèrent sur les habitations natives et les os dressés au loin avant de se reporter sur la petite silhouette près des bosquets. « Habitez-vous ici ? »
Il hésita un instant entre le tutoiement et le vouvoiement, ignorant même si elle savait ce que c’était. Elle s’exprimait dans sa langue, ou du moins avait-elle fait une phrase dans cette dernière, et on lui avait appris que les natifs des environs avaient plus tendance à la connaître que d’autres. Peut-être s’ajusterait-il selon sa réaction. Quoi qu’il en soit, il resta par précaution aux aguets. Ne sait-on jamais.
Brid
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
L’étranger semblait étonné, frappé même par la vision de Brid, ce qui amusa beaucoup cette dernière. Elle s’approcha pour ramasser ce qu’il tenait entre les doigts et qui avait à présent roulé à ses pieds et le fit tourner un instant entre son pouce et son index avant de le rendre au grand homme. Il avait le torse bardé de bijoux et l’air sévère comme s’il allait, à tout moment, administrer un sermon bien senti au buisson le plus proche. Brid n’avait jamais vu d’étranger aussi grand, mais enfin elle connaissait des Natifs qui l’égalaient en taille. Elle savait, cependant, qu’il fallait se montrer plus méfiant avec les bêtes comme avec les gens lorsqu’il s’agissait de la taille car on se trouvait démunie plus la gueule était grande.
Cet étranger-là ne s’en servait pas pour se lancer dans de grands discours, à part le sursaut de l’homme il n’avait pas paru trop alarmé, et sa voix n’était guère effrayée. Cela valait probablement mieux, songea Brid. La peur tournait souvent en colère.
- Tu ne peux pas savoir si tu ne demandes pas.
Remarqua cependant la femme avec son impertinence habituelle. Son ton était lent et paisible, marqué par un accent prononcé qui n’altérait pas la compréhension de son discours. Elle parlait la langue des étrangers depuis de nombreuses années déjà, et si ses subtilités lui échappaient – pouvait-on vraiment les qualifier ainsi ? – elle s’était entraînée à bien articuler. Même dans son propre dialecte, Brid n’était pas de nature pressée, dans ses gestes comme dans ses mots.
- Certains seraient fâchés que tu fasses. Certains seraient curieux. Très. Trop. Tu as raison de rester loin.
Brid fit le tour du grand homme comme on tourne autour d’un rocher pour établir son diamètre et sa hauteur. En vérité, elle cherchait toujours à la taille, à la jambe, bref sur le corps des étrangers un bâton de feu. Leur présence ou leur absence influait grandement sur la suite de l’échange.
Brid jusqu’à qu’elle pouvait poursuivre sur le même registre, car elle demanda :
- Ici ? Non, non. Le bosquet est trop humide, trop de cailloux. Je dors dans de la mousse.
Mais pas trop longtemps.
- C’est mon village. C’est mon clan. Que fais-tu ici, renaigse ?
Malgré ses jeux, la voix de Brid n’était pas narquoise, ou incisive. Elle ne riait pas non plus à gorge déployée. Son sourire en coin et les premières rides qui apparaissaient autour de ses yeux semblaient indiquer que ses traits avaient été façonnés pour sourire d’un sourire troublant. Si elle ne le tournait pas en dérision, elle se moquait bien de quelque chose. Peut-être était-ce toute la situation qui l’amusait. Non, en vérité, Brid s’amusait de tout et de rien car si tout la poussait à être industrieuse, aucune règle ne réclamait qu’elle ne puisse pas y trouver quelques joies au passage. Au fil du temps, et au fil des ans, car Brid aimait à croire qu’elle s’était assagie sans devenir tout à fait sage pour autant, elle avait même créé son propre code. Elle ne devait faire de mal à personne – et les égos n’étaient pas des personnes. Le sien non plus, d’ailleurs.
Cet étranger-là ne s’en servait pas pour se lancer dans de grands discours, à part le sursaut de l’homme il n’avait pas paru trop alarmé, et sa voix n’était guère effrayée. Cela valait probablement mieux, songea Brid. La peur tournait souvent en colère.
- Tu ne peux pas savoir si tu ne demandes pas.
Remarqua cependant la femme avec son impertinence habituelle. Son ton était lent et paisible, marqué par un accent prononcé qui n’altérait pas la compréhension de son discours. Elle parlait la langue des étrangers depuis de nombreuses années déjà, et si ses subtilités lui échappaient – pouvait-on vraiment les qualifier ainsi ? – elle s’était entraînée à bien articuler. Même dans son propre dialecte, Brid n’était pas de nature pressée, dans ses gestes comme dans ses mots.
- Certains seraient fâchés que tu fasses. Certains seraient curieux. Très. Trop. Tu as raison de rester loin.
Brid fit le tour du grand homme comme on tourne autour d’un rocher pour établir son diamètre et sa hauteur. En vérité, elle cherchait toujours à la taille, à la jambe, bref sur le corps des étrangers un bâton de feu. Leur présence ou leur absence influait grandement sur la suite de l’échange.
Brid jusqu’à qu’elle pouvait poursuivre sur le même registre, car elle demanda :
- Ici ? Non, non. Le bosquet est trop humide, trop de cailloux. Je dors dans de la mousse.
Mais pas trop longtemps.
- C’est mon village. C’est mon clan. Que fais-tu ici, renaigse ?
Malgré ses jeux, la voix de Brid n’était pas narquoise, ou incisive. Elle ne riait pas non plus à gorge déployée. Son sourire en coin et les premières rides qui apparaissaient autour de ses yeux semblaient indiquer que ses traits avaient été façonnés pour sourire d’un sourire troublant. Si elle ne le tournait pas en dérision, elle se moquait bien de quelque chose. Peut-être était-ce toute la situation qui l’amusait. Non, en vérité, Brid s’amusait de tout et de rien car si tout la poussait à être industrieuse, aucune règle ne réclamait qu’elle ne puisse pas y trouver quelques joies au passage. Au fil du temps, et au fil des ans, car Brid aimait à croire qu’elle s’était assagie sans devenir tout à fait sage pour autant, elle avait même créé son propre code. Elle ne devait faire de mal à personne – et les égos n’étaient pas des personnes. Le sien non plus, d’ailleurs.
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Elle lui rendit son crayon, qu'il prit sans un mot tandis qu'elle l'épiait curieusement :
« Tu ne peux pas savoir si tu ne demandes pas. »
Il était vrai que la curieuse petite créature marquait un point. Voilà bien un défaut qu'il avait : souvent oublier que pour aller quelque part, il fallait la plupart du temps en demander la permission, il n'était pas chez lui partout. Pourtant, ses yeux verts lorgnèrent sur les environs, sur les grandes plaines vides et sèches. Un endroit sauvage sur lequel il ne voyait inscrit le nom de personne. Pas même une syllabe. Pas même un initial. Avant qu'il ne puisse le faire remarquer de manière audible, la femme reprenait déjà, imperturbable :
« Certains seraient fâchés que tu fasses. Certains seraient curieux. Très. Trop. Tu as raison de rester loin. »
Bah. Ce n'était pas la peur de provoquer un immense courroux chez certains natifs qui le faisait rester ici, plutôt l'envie de s'éviter des problèmes le temps qu'il obtienne les informations voulues. La femme tournait autour de lui, désormais. Pour un peu, il se serait senti comme l'un des tapis que sa mère adorait, jadis, rapporter du marché après une minutieuse inspection. Au moindre défaut, elle reposait la marchandise, jetait un regard réprobateur au vendeur, puis tournait les talons. La native allait-elle faire la même chose ? Voir quelque chose qui ne lui plaisait pas et s'en aller ? Il tiqua soudain et crut bon de lancer :
« Si c'est ce que vous cherchez à savoir, je ne suis pas armé. »
Pas avec des armes à feu, en tout cas. Mais sur ce point, elle n'était pas obligée de connaître les détails.
Il haussa un sourcil lorsqu'elle lui révéla dormir dans la mousse, mais n'alla pas plus loin. Grand bien lui fasse, tout ce qu'il voulait savoir, c'était si elle venait du village ou non, il se fichait bien qu'elle dorme dans le bosquet, dans un tronc ou sous un caillou.
« C’est mon village. C’est mon clan. Que fais-tu ici, renaigse ? »
Bien, on approchait du sujet principal. Maintenant, il ne fallait pas être trop abrupte ou trop insistant, ne pas la brusquer et la faire fuir. C'est pour cette raison qu'il demanda le plus naturellement du monde, car il était très doué pour tourner autour du pot :
« Je suis ici pour les ruines. Je veux qu'on me dise ce qu'elles sont, à quoi elles servaient, et pourquoi elles sont désormais abandonnées. On m'a dit que vous et les habitants de ce village serez les plus à même de me renseigner. »
Bon. Peut-être n'était-il pas si doué que cela pour tourner autour du pot.
« Tu ne peux pas savoir si tu ne demandes pas. »
Il était vrai que la curieuse petite créature marquait un point. Voilà bien un défaut qu'il avait : souvent oublier que pour aller quelque part, il fallait la plupart du temps en demander la permission, il n'était pas chez lui partout. Pourtant, ses yeux verts lorgnèrent sur les environs, sur les grandes plaines vides et sèches. Un endroit sauvage sur lequel il ne voyait inscrit le nom de personne. Pas même une syllabe. Pas même un initial. Avant qu'il ne puisse le faire remarquer de manière audible, la femme reprenait déjà, imperturbable :
« Certains seraient fâchés que tu fasses. Certains seraient curieux. Très. Trop. Tu as raison de rester loin. »
Bah. Ce n'était pas la peur de provoquer un immense courroux chez certains natifs qui le faisait rester ici, plutôt l'envie de s'éviter des problèmes le temps qu'il obtienne les informations voulues. La femme tournait autour de lui, désormais. Pour un peu, il se serait senti comme l'un des tapis que sa mère adorait, jadis, rapporter du marché après une minutieuse inspection. Au moindre défaut, elle reposait la marchandise, jetait un regard réprobateur au vendeur, puis tournait les talons. La native allait-elle faire la même chose ? Voir quelque chose qui ne lui plaisait pas et s'en aller ? Il tiqua soudain et crut bon de lancer :
« Si c'est ce que vous cherchez à savoir, je ne suis pas armé. »
Pas avec des armes à feu, en tout cas. Mais sur ce point, elle n'était pas obligée de connaître les détails.
Il haussa un sourcil lorsqu'elle lui révéla dormir dans la mousse, mais n'alla pas plus loin. Grand bien lui fasse, tout ce qu'il voulait savoir, c'était si elle venait du village ou non, il se fichait bien qu'elle dorme dans le bosquet, dans un tronc ou sous un caillou.
« C’est mon village. C’est mon clan. Que fais-tu ici, renaigse ? »
Bien, on approchait du sujet principal. Maintenant, il ne fallait pas être trop abrupte ou trop insistant, ne pas la brusquer et la faire fuir. C'est pour cette raison qu'il demanda le plus naturellement du monde, car il était très doué pour tourner autour du pot :
« Je suis ici pour les ruines. Je veux qu'on me dise ce qu'elles sont, à quoi elles servaient, et pourquoi elles sont désormais abandonnées. On m'a dit que vous et les habitants de ce village serez les plus à même de me renseigner. »
Bon. Peut-être n'était-il pas si doué que cela pour tourner autour du pot.
Brid
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Au moins, l'étranger était perspicace. Brid inclina la tête. Elle savait qu'il ne fallait pas les prendre au mot et choisissait pourtant de le faire : s'il avait menti, ce serait bien plus révélateur de son caractère que toutes les inspections qu'elle pourrait faire. Visiblement, il ne goûtait guère l'humour, ou peut-être la croyait-elle quand elle affirmait dormir dehors, puisque certains étrangers semblaient facilement s'en persuader, mais l'esprit de Brid ne s’appesantit pas longtemps sur la question.
Elle s'arrêta, mains sur les hanches, pour toiser l'homme comme si elle se demandait ce qu'elle allait faire de lui. Au moins, il n'y était pas allé par quatre chemins. Bien, semblait dire le visage de Brid, retroussé dans une moue appréciative qui ne perdait ni de sa tranquillité, ni de sa singulière ironie. Il n'y avait rien de drôle, pourtant, du moins pas en apparence.
Sa réponse fut fort simple, car puisqu'il était du genre direct, comme l'était son peuple, elle s'adresserait à lui en conséquence :
- Pourquoi ?
Pourquoi avait-il de l'intérêt pour cet endroit, en particulier pour les ruines ? Brid adressa un regard à leur silhouette, lointaine et difficilement discernable là où ils se trouvaient. Elle connaissait un chemin, mais…
Elle lorgna de nouveau sur l'étranger. Même s'il lui fournissait une raison valable pour l'accompagner, il avait l'air fort grand, et cela allait poser un sérieux problème. Les tunnels étaient parfois étroits comme des boyaux de pierre.
- Lève-toi.
Lui proposa Brid pour être certaine de bien mesurer ce avec lequel elle risquait de devoir travailler. Car si elle avait appris quelque chose, c'est que les étrangers curieux ne s'arrêtaient pas pour demander la permission, pas plus qu'ils n'entendaient les mises en garde. Mieux valait les accompagner pour limiter les dégâts et s'enquérir de leurs activités que les détromper. Brid savait qu'elle-même ne prêtait guère l'oreille aux mots inquiets lorsque son esprit s'était arrêté sur une idée. En outre, l'intérieur de la butte était dangereuse. L'étranger pouvait s'y coincer, certes, mais les bêtes pouvaient l'avoir, et alors ce serait comme Adamo. Même s'il parvenait au sommet… Brid refusait d'expliquer ce qui s'y trouvait. Il fallait qu'il voit, ou il ne la croirait pas. Ca n'avait pas été faute d'essayer avec d'autres, et leurs airs quand ils en envoyaient un pour la première fois… Les Gardiens du Dieu aux mille visages.
Elle s'arrêta, mains sur les hanches, pour toiser l'homme comme si elle se demandait ce qu'elle allait faire de lui. Au moins, il n'y était pas allé par quatre chemins. Bien, semblait dire le visage de Brid, retroussé dans une moue appréciative qui ne perdait ni de sa tranquillité, ni de sa singulière ironie. Il n'y avait rien de drôle, pourtant, du moins pas en apparence.
Sa réponse fut fort simple, car puisqu'il était du genre direct, comme l'était son peuple, elle s'adresserait à lui en conséquence :
- Pourquoi ?
Pourquoi avait-il de l'intérêt pour cet endroit, en particulier pour les ruines ? Brid adressa un regard à leur silhouette, lointaine et difficilement discernable là où ils se trouvaient. Elle connaissait un chemin, mais…
Elle lorgna de nouveau sur l'étranger. Même s'il lui fournissait une raison valable pour l'accompagner, il avait l'air fort grand, et cela allait poser un sérieux problème. Les tunnels étaient parfois étroits comme des boyaux de pierre.
- Lève-toi.
Lui proposa Brid pour être certaine de bien mesurer ce avec lequel elle risquait de devoir travailler. Car si elle avait appris quelque chose, c'est que les étrangers curieux ne s'arrêtaient pas pour demander la permission, pas plus qu'ils n'entendaient les mises en garde. Mieux valait les accompagner pour limiter les dégâts et s'enquérir de leurs activités que les détromper. Brid savait qu'elle-même ne prêtait guère l'oreille aux mots inquiets lorsque son esprit s'était arrêté sur une idée. En outre, l'intérieur de la butte était dangereuse. L'étranger pouvait s'y coincer, certes, mais les bêtes pouvaient l'avoir, et alors ce serait comme Adamo. Même s'il parvenait au sommet… Brid refusait d'expliquer ce qui s'y trouvait. Il fallait qu'il voit, ou il ne la croirait pas. Ca n'avait pas été faute d'essayer avec d'autres, et leurs airs quand ils en envoyaient un pour la première fois… Les Gardiens du Dieu aux mille visages.
Cyrus
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Que c'était déplaisant de se sentir ainsi observé, avec toute la minutie du monde. Les yeux du lutin le perçaient, semblaient voir au-travers de sa peau. Un instant, il se demanda bêtement si un regard si pénétrant pouvait lire les pensées, aussi songea-t-il à la première chose stupide qui lui vint à l'esprit. Les traits de la native ne changèrent pas. Toujours mentalement, il improvisa une insulte contre elle. L'inconnue n'eut aucun air outré. Cyrus souffla doucement par le nez. Bien, elle ne pouvait pas lire dans les pensées. Ou bien le cachait-elle très bien !
Ses paupières se plissèrent, il retira ses lunettes et les rangea dans sa poche avant d'en faire de même avec son cahier et son crayon, qu'il remit dans sa sacoche.
Elle continuait de le regarder, mains sur les hanches, et, encore, il eut l'impression d'être l'un des tapis des marchés qu'il avait connu jadis. Cette sensation ne fut pas spécialement plaisante, aussi leva-t-il un sourcil et jeta-t-il un peu la tête en arrière, la jaugeant à son tour. Étrangement, il sut d'avance qu'elle n'en aurait rien à faire qu'il la dévisage ainsi, mais il se sentit obligé de montrer qu'il ne broncherait pas face au drôle de comportement de la native.
« Pourquoi ? » interrogea-t-elle soudain.
Le temps d'une seconde, ses yeux quittèrent le lutin pour regarder le ciel. C'était lui qui était venu poser des questions, pourquoi se retrouvait-il à devoir répondre ? S'agacer serait cependant contre-productif, et puis il s'était douté dès le départ que les natifs seraient un minimum méfiants, alors il prit sur lui. Il imita sans s'en rendre compte la posture de la femme inconnue et mit ses mains sur ses hanches :
« Je suis un historien de l'Alliance, un professeur. » Il réalisa que, peut-être, elle ignorait la signification de ce mot et crut bon de préciser : « Ce travail consiste a bûcher sur le passé. A trouver des informations sur les ancêtres, leurs coutumes, leurs alliances, leurs guerres... Leurs vies, quoi. On m'a envoyé sur cette île afin d'en apprendre plus sur les peuples habitant Teer Fradee et leur histoire. » Il désigna du menton les ruines, au loin. « Cette structure a attiré mon attention, je compte faire un papier dessus. Pour cela, je me suis dit que les natifs du coin pourraient m'aider, si l'envie leur prenait. Je vais être parfaitement honnête, madame, vous êtes la première native que je rencontre depuis mon arrivée ici. »
Il estima sa réponse correcte. Elle en disait assez sans entrer dans les détails. Ses épaules se haussèrent lorsqu'il conclut son petit discours visant à la convaincre :
« Je veux juste jeter un œil dedans, regarder un peu, faire deux trois croquis et poser des questions à son sujet. Je ne compte rien casser, rien voler. Lorsque je partirai, ce sera comme si je n'y étais jamais entré. »
Et si toi et les tiens ne m'aidez pas, petit lutin, j'irai tout seul.
Cette phrase, il la pensa, mais préféra la garder pour lui.
... Pourvu qu'elle ne lise vraiment pas dans les pensées.
Elle le regardait toujours, avec ses deux billes intrusives. Il était incapable de deviner à quoi elle songeait en cet instant.
« Lève-toi. » lui lança-t-elle soudain.
Les sourcils du professeur se froncèrent avec un poil d'incompréhension. Qu'il se lève, alors qu'il était déjà debout ? Mais, comme elle l'observait toujours attentivement, il crut bon de se redresser, et même d'écarter légèrement les bras afin qu'elle le jauge. Il ne savait pas trop ce qu'elle voulait, mais autant s'y plier, si ça pouvait aider à la persuader de le guider.
« Il faut que je tourne sur moi-même, ou bien ça suffit comme ça ? »
Le ton fut un peu acerbe, évidemment venant de lui, mais pas tant que cela aurait pu l'être.
Ses paupières se plissèrent, il retira ses lunettes et les rangea dans sa poche avant d'en faire de même avec son cahier et son crayon, qu'il remit dans sa sacoche.
Elle continuait de le regarder, mains sur les hanches, et, encore, il eut l'impression d'être l'un des tapis des marchés qu'il avait connu jadis. Cette sensation ne fut pas spécialement plaisante, aussi leva-t-il un sourcil et jeta-t-il un peu la tête en arrière, la jaugeant à son tour. Étrangement, il sut d'avance qu'elle n'en aurait rien à faire qu'il la dévisage ainsi, mais il se sentit obligé de montrer qu'il ne broncherait pas face au drôle de comportement de la native.
« Pourquoi ? » interrogea-t-elle soudain.
Le temps d'une seconde, ses yeux quittèrent le lutin pour regarder le ciel. C'était lui qui était venu poser des questions, pourquoi se retrouvait-il à devoir répondre ? S'agacer serait cependant contre-productif, et puis il s'était douté dès le départ que les natifs seraient un minimum méfiants, alors il prit sur lui. Il imita sans s'en rendre compte la posture de la femme inconnue et mit ses mains sur ses hanches :
« Je suis un historien de l'Alliance, un professeur. » Il réalisa que, peut-être, elle ignorait la signification de ce mot et crut bon de préciser : « Ce travail consiste a bûcher sur le passé. A trouver des informations sur les ancêtres, leurs coutumes, leurs alliances, leurs guerres... Leurs vies, quoi. On m'a envoyé sur cette île afin d'en apprendre plus sur les peuples habitant Teer Fradee et leur histoire. » Il désigna du menton les ruines, au loin. « Cette structure a attiré mon attention, je compte faire un papier dessus. Pour cela, je me suis dit que les natifs du coin pourraient m'aider, si l'envie leur prenait. Je vais être parfaitement honnête, madame, vous êtes la première native que je rencontre depuis mon arrivée ici. »
Il estima sa réponse correcte. Elle en disait assez sans entrer dans les détails. Ses épaules se haussèrent lorsqu'il conclut son petit discours visant à la convaincre :
« Je veux juste jeter un œil dedans, regarder un peu, faire deux trois croquis et poser des questions à son sujet. Je ne compte rien casser, rien voler. Lorsque je partirai, ce sera comme si je n'y étais jamais entré. »
Et si toi et les tiens ne m'aidez pas, petit lutin, j'irai tout seul.
Cette phrase, il la pensa, mais préféra la garder pour lui.
... Pourvu qu'elle ne lise vraiment pas dans les pensées.
Elle le regardait toujours, avec ses deux billes intrusives. Il était incapable de deviner à quoi elle songeait en cet instant.
« Lève-toi. » lui lança-t-elle soudain.
Les sourcils du professeur se froncèrent avec un poil d'incompréhension. Qu'il se lève, alors qu'il était déjà debout ? Mais, comme elle l'observait toujours attentivement, il crut bon de se redresser, et même d'écarter légèrement les bras afin qu'elle le jauge. Il ne savait pas trop ce qu'elle voulait, mais autant s'y plier, si ça pouvait aider à la persuader de le guider.
« Il faut que je tourne sur moi-même, ou bien ça suffit comme ça ? »
Le ton fut un peu acerbe, évidemment venant de lui, mais pas tant que cela aurait pu l'être.
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