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Promenade agitée [PV Lucius]

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A bord d'un navire naute, en vue de l'île
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Fiadh marchait sans trop savoir pourquoi, ou vers où.

C'était l'une de ses balades quasi-quotidiennes, son moment préféré, où elle pouvait simplement réfléchir au calme et se détendre après avoir interagi avec les autres villageois. Les derniers évènements avaient profondément chamboulé la jeune femme. Elle était très proche de la native retrouvée morte... l'avait été, au moins. Et si elle ignorait qui elle blâmait réellement dans cette histoire, ce n'était pas la question qui la taraudait le plus...

Elle s'ébroua mentalement, et regarda autour d'elle. Ses pas l'avaient mené en amont du marécage, remontant les cours d'eau. Elle était maintenant au croisement de plusieurs régions de l'île, longeant la rivière. A sa gauche, les premières pentes menant aux montagnes qu'elle aimait tant... Oh, pourquoi pas, après tout ? Elle reprit sa marche, un peu plus vivement et avec plus d'enthousiasme, bien décidée à revoir certains de ses paysages préférés, quand des voix venant de devant elle l'arrêtèrent.

Elle se dissimula dans un buisson près de l'eau, et attendit de les voir passer devant elle. Parfaitement silencieuse, elle vit un groupe de missionnaires la dépasser d'un pas presque tranquille, comme s'ils se promenaient dans leur jardin d'hiver... Elle contint sa fureur, et se laissa dépasser, mais un homme avait retenu son attention. Elle se glissa hors du buisson et les observa partir. C'était dangereux, pour une femme de son gabarit, de se mettre sur la route de ce genre de personnes, surtout qu'ils avaient l'air d'être de ces extrêmistes qu'elle n'aimait pas...

Elle fit un pas devant elle et éleva la voix.

"Eh ! Arrêtez-vous ! Pourquoi allez vous sur les terres de mon village ?"
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Promenade agitée


L’une des plus grandes difficultés que Lucius éprouvait lorsqu’il accompagnait un groupe de missionnaire, c’était les écouter discuter. Cela faisait trente fois que l’un deux proclamait à quel point il avait hâte de se rendre au village de Wenshaveye. Trente. Lucius avait compté, d’abord comme distraction, et au fur et à mesure que le score grimpait, par dépit. Lui-même marchait légèrement en retrait du groupe, observant les alentours pour se distraire des conversations de ses confrères qu’il jugeait indigne de tout intérêt. S’il évoluait dans un groupe pour lequel il ne tenait pas la plus haute estime, la raison de sa présence avait tout à interroger. La plupart des missionnaires eux-même ignoraient pourquoi Lucius les accompagnait jusqu’à Wenshaveye, et ceux qui savaient pourquoi préféraient se concentrer sur leur propre mission. Un arrangement qui satisfaisait parfaitement le théologien.

Il n’était pas là pour convertir qui que ce soit, c’était la mission des missionnaires, une mission qu’il leur laissait volontiers. Son intérêt se trouvait ailleurs, on aurait même pu dire qu’en quelque sorte il était présent en tant qu’observateur. Sa curiosité serait satisfaite d’une manière ou d’une autre, la réaction des natifs de Wenshaveye face au groupe de missionnaires constitueraient une réponse satisfaisante dans tout les cas. Comment réagiraient-ils ? Avec méfiance ? Curiosité ? Que se passerait-il au fur et à mesure de leur présence dans le village ? Ces questions constituaient la raison de la présence de Lucius parmi les missionnaires. Quelle que soit le dénouement, il en apprendrait plus sur les natifs et sur l’île, et ses connaissances à leurs sujets s’en verrait étoffer. Il était gagnant dans tout les cas.

Il laissa le groupe de missionnaires avancer, s’éloignant petit à petit, observant avec attention le panorama les entourant. Il les rattraperait en temps et en heure. De plus, ils ne devaient plus être très loin du village de Wenshaveye, il trouverait son chemin. Alors qu’il continuait son chemin lentement, d’une manière presque indolente, un événement auquel il ne s’attendait pas survint. Une native vint se planter à quelques pas de lui, sommant des explications sur sa présence ici, et la présence du groupe de missionnaires.

Les prunelles ambrées du théologien brillaient avec une froide curiosité au travers des fentes de son masque, et il pencha légèrement la tête. La native venait déjà de faire part de son appartenance au  village de Wenshaveye, sans doute souhaitait-elle des explications.

« Salutation à vous aussi. » Commença t-il sobrement, « Je fais partie d’un groupe de missionnaires de Thélème, et comme vous pouvez le voir, ils ont légèrement de l’avance sur moi. Ils vont tenter de prêcher la bonne parole, quand à savoir s’ils réussiront, cela reste à voir. »

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« Salutation à vous aussi. Je fais partie d’un groupe de missionnaires de Thélème, et comme vous pouvez le voir, ils ont légèrement de l’avance sur moi. Ils vont tenter de prêcher la bonne parole, quand à savoir s’ils réussiront, cela reste à voir. »

Comme par hasard, le seul qui lui répondait était le dérangé avec un masque et une voix menaçante par son calme. Elle se concentra pour focaliser son attention sur son masque et dissimuler sa peur. Les autres hommes semblaient ne pas tenir particulièrement à sa présence, ne pas l'attendre. De la même façon, ils n'avaient guère porté attention à elle, ce qui était presque attendu de la part de missionnaires de Thélème. D'un coup d'oeil, elle vit qu'ils tournaient pour s'éloigner du marécage vers lequel ils semblaient au début se diriger.

Ils allaient vers Wenshaveye et pas vers Vigsoneigad. Une partie de son inquiétude la quitta. Oh, elle aurait détesté qu'il arrive quelque chose au village de la rivière, elle aimait bien certains de ses habitants, Elatha la première, mais mieux valait eux que son propre village... Au moins, s'il leur arrivait malheur, elle avait l'opportunité d'en apprendre plus sur eux.

Elle croisa les bras et se campa solidement sur ses jambes, se tenant aussi droite que possible pour tenter d'avoir l'air plus imposante. Son visage prit l'expression de hauteur inaccessible qu'elle arborait quand on critiquait sa façon de se comporter avec les autres villageois et tenta de se rappeler tout ce qu'elle savait des missionnaires de Thélème.

De tous les Renaigse, c'était les plus méprisables. Ils ne faisaient aucun effort pour comprendre son peuple, apprendre leur langue. Ils cherchaient juste à enlever leurs âmes à en ol mil frichten. Malgré ses doutes ponctuels, Fiadh ne renoncerait pour rien au monde à sa foi, et elle savait que ce serait aussi le cas chez elle et à Wenshaveye, mais c'était peut être cela le plus dangereux. Qui savait comment ils réagiraient, à force de se faire rejeter ?

"Vous avez dit faire partie d'un groupe de missionnaires, pas que vous en étiez un. Vous, vous êtes qui ?"
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Lucius croisa les bras derrière son dos, pas vraiment impressionné par la posture de la native qui lui faisait face. Son regard se perdit vers le dernier endroit auquel se trouvait le groupe de missionnaires. Il allait prendre un retard considérable, il se demandait presque si le groupe s’interrogerait sur la raison de son absence, ou si les missionnaires la remarquerait tout simplement, trop heureux de continuer leur route pour accomplir leur sainte mission.

Le théologien porta son regard une nouvelle fois sur la native qui lui barrait le chemin, elle-même probablement investie d’une autorité et d’une raison qu’elle jugeait juste. Il en était rarement autrement. Alors lorsqu’elle demanda à Lucius la raison de sa présence parmi le groupe de missionnaire, ce dernier ne répondit pas avant quelques instants, observant minutieusement les alentours, comme si pour vérifier qu’ils étaient seul. Faire face à une native qui chercherait peut-être rétribution était une toute autre chose que de faire face à un groupe entier de natifs belliqueux. Ce serait une situation plus que fâcheuse pour le théologien.

« Je suis un observateur, ni plus, ni moins. » Répondit-il au début, avant d’enchaîner, anticipant que la native le presserait pour obtenir plus de détails, « Je ne partage pas le point de vue des missionnaires vis-à-vis de la conversion, mais ils se rendent là ou mes intérêts se trouvent. Nos chemins convergent, mais c’est là tout ce qui nous rassemble. Je ne suis pas convaincu par leur démarche, mais ils suivent leur voie. Qui suis-je pour les en priver ? Je ne fais que les accompagner, moi je ne cherche qu’à en apprendre plus sur cette île et ses habitants, rien de plus. »

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L'homme était bien trop étrange pour Fiadh. Il détacha son regard d'elle comme s'il ne lui prêtait aucune importance, pour regarder en direction des missionnaires, et il ne semblait pas un instant paniqué d'être abandonné sur place. La voglendaig n'était pas idiote, elle savait que s'il décidait d'être violent, il aurait probablement le dessus, mais les Renaigse n'aimaient pas être seuls, et c'était pour une bonne raison. Les Natifs n'étaient que la partie la moins dangereuse de leur terre. Il n'était pas dupe, cependant, et avant de répondre, il détailla les environs avec attention. Ou bien il était déjà tombé dans un piège de Natif, ou bien il était simplement méfiant.

On pouvait toujours capitaliser sur la peur, cela, Fiadh en était bien consciente.

« Je suis un observateur, ni plus, ni moins. Je ne partage pas le point de vue des missionnaires vis-à-vis de la conversion, mais ils se rendent là ou mes intérêts se trouvent. »

C'était des mots inquiétants. Peut être qu'ils signifiaient que cet homme était respectueux des traditions de Tir Fradi, mais plus probablement, cet homme les voyait comme des animaux sauvages qu'il souhaitait étudier, comme les "naturalistes" qu'elle avait rencontré le faisaient. Fiadh ne pensait pas qu'un individu arborant un masque pareil était une bonne personne, encore moins qu'elle considérait ses semblables.

« Nos chemins convergent, mais c’est là tout ce qui nous rassemble. Je ne suis pas convaincu par leur démarche, mais ils suivent leur voie. Qui suis-je pour les en priver ? Je ne fais que les accompagner, moi je ne cherche qu’à en apprendre plus sur cette île et ses habitants, rien de plus. »

Une branche craqua dans le sous-bois non loin. Sans changer un instant d'expression, Fiadh déposa le regard sur l'origine du bruit, sans doute un animal sauvage quelconque, et leva deux doigts de la main droite, comme pour faire signe à un interlocuteur d'attendre. Voilà, au temps pour sa paranoïa. Elle revint à son masque, gardant un air assuré.

"Vous dites beaucoup de mots pour ne pas répondre aux questions. Pourquoi cette curiosité vis à vis de nous ? Vous méprisez les missionnaires. Parce qu'ils nous méprisent à leur tour, ou parce qu'ils se consacrent à une cause perdue, selon vous ?"
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Promenade agitée


Lucius observa l’endroit ou une branche avait craqué, son masque cachant toute trace de surprise ou d’inquiétude, et lui donnait une impression de froide sérénité. Sa méfiance s’en vit décuplée lorsqu’il observa le geste de la native, faisant signe à quelqu’un, ou quelque chose d’attendre caché, dissimulé à la vue du théologien. Il s’interrogeait néanmoins sur l’intérêt, et le but qu’aurait un groupe de natifs de barrer le chemin à un seul des membres du groupe de missionnaire. Certains natifs semblaient être vastement plus belliqueux que les autres, peut-être cherchaient-ils une cible facile ? Déployer autant d’énergie à un but aussi grotesque était une perte de temps du point de vue de Lucius, mais peut-être en retiraient-ils une sorte de satisfaction du devoir accompli, d’avoir protégé leur île des croyances venue de l’autre bout de l’océan.

Le théologien prit une profonde inspiration, restant quelques instants dans un mutisme stoïque avant de poser ses prunelles ambrées sur la native, une nouvelle fois. Il avait répondu à ses questions, mais elle ne semblait pas en penser autant, et l’assaillait d’une nouvelle salve de questions. Mais est-ce qu’elle écouterait ses réponses ? Lucius en était moins certain. Cependant il se prêterait à ces exigences pour le moment. Il n’y avait pas d’hostilité entre les deux interlocuteurs, en tout cas pas pour l’instant, et il trouverait son chemin par la suite.

« Vous semblez mal me comprendre. Je ne méprise pas les missionnaires, ni leur mission, je pense simplement différemment d’eux. Ils pensent que convertir et prêcher le culte du Lumineux leur permet d’apporter le salut aux âmes des vôtres, ils voient ça comme un devoir sacré. Je pense qu’ils devraient d’abord se préoccuper du salut de leurs propres âmes avant d’essayer de convertir qui que ce soit, c’est aussi simple que ça. Je ne nierai pas que certains méprisent les autres, ou vous considère comme des naïfs aux croyances douteuses. Un point de vue malheureux, et amplifié par leur propre orgueil. Il est dommage que ceux qui ont la prétention d’enseigner sont ceux qui sont le plus mal placé pour le faire. »

Et malheureusement, Lucius pouvait constater ceci à son aise parmi ses pairs. Nombre d’entre eux prêchaient et exhortait les fidèles à ne pas céder à leur faiblesses d’âmes, et ils étaient bien trop souvent mal placés pour faire ce genre de sermons. Certes, certains trouvaient grâce aux yeux de Lucius, mais il était quelqu’un de terriblement exigeant.

« Quand à votre première question… Je pense qu’en savoir plus sur cette île et ses habitants ne peut être que bénéfique. Pas pour trouver d’obscurs ressorts pour faciliter les conversions, j’ai déjà donné mon point de vue sur ce sujet. Non, mon intérêt se trouve dans l’étude des croyances, il en a toujours été ainsi. Croyez-le si vous le souhaitez, ou ne me croyez pas, le choix est vôtre. »

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« Vous semblez mal me comprendre. Je ne méprise pas les missionnaires, ni leur mission, je pense simplement différemment d’eux. Ils pensent que convertir et prêcher le culte du Lumineux leur permet d’apporter le salut aux âmes des vôtres, ils voient ça comme un devoir sacré. Je pense qu’ils devraient d’abord se préoccuper du salut de leurs propres âmes avant d’essayer de convertir qui que ce soit, c’est aussi simple que ça. »

Elle avait entendu parler de cela... Paradoxalement, c'était peut être le point qu'elle comprenait le mieux de la philosophie des Thélémites. La notion de salut des âmes était peut être étrangère, voire même obscène -une divinité qui n'aimait pas et ne protégeait pas ses enfants pouvait elle vraiment en être une ?-, mais si leur dieu était plus faible qu'en on mil frichten, il était normal qu'il demande plus d'aide de la part de ses croyants pour leur venir en aide. Un instant, elle eut pitié des Thélémites.

« Je ne nierai pas que certains méprisent les autres, ou vous considère comme des naïfs aux croyances douteuses. Un point de vue malheureux, et amplifié par leur propre orgueil. Il est dommage que ceux qui ont la prétention d’enseigner sont ceux qui sont le plus mal placé pour le faire. »

Un sursaut mental la saisit. Pouvait il l'avoir entendu penser ? Quel étrange sentiment... Elle s'était déjà dit qu'elle ressemblait par certains aspects à certains renaigse, dans leur façon de voir le monde, mais elle n'aurait jamais pensé ressembler à un missionnaire Thélémite. Cela dit... La différence fondamentale était qu'elle ne cherchait pas à faire croire à tout le monde que son dieu valait mieux que les autres. Peut être était ce pour cela que seul cet individu louche, possiblement dangereux, et en tout cas dérangeant, était le seul à s'être arrêté. Peut être qu'En on mil frichten voulait lui apprendre quelque chose.

« Quand à votre première question… Je pense qu’en savoir plus sur cette île et ses habitants ne peut être que bénéfique. Pas pour trouver d’obscurs ressorts pour faciliter les conversions, j’ai déjà donné mon point de vue sur ce sujet. Non, mon intérêt se trouve dans l’étude des croyances, il en a toujours été ainsi. Croyez-le si vous le souhaitez, ou ne me croyez pas, le choix est vôtre. »

Elle hocha légèrement la tête. Elle le croyait, dans une certaine mesure. Après tout, il n'avait dit à aucun moment qu'il ne les considérait pas comme des animaux ou qu'il ne souhaiterait pas les exterminer une fois sa curiosité satisfaite, mais c'était déjà ça. Et puis, s'il disait vrai, et que seul le salut de son âme lui importait, peut être qu'il n'aurait pas les problèmes qu'elle reprochait aux missionnaires : vouloir faire changer leur mode de vie.

"Mon nom est Fiadh. Je suis Voglendaig. Si je comprends bien ce que vous dites, alors je vous propose un arrangement. Nous nous posons tous deux toutes les questions que nous voulons, sur le peuple de l'autre et leur philosophie, mais aussi sa philosophie propre, et je vous libérerai à temps pour que vous retrouviez vos compagnons avant la tombée de la nuit. Je vous fais même la promesse que si la nuit tombe d'ici la fin de notre discussion, je vous guiderai moi même jusqu'à Wenshaveye."

Avec hésitation, elle n'était plus trop sûre de la signification du geste, elle tendit sa minuscule main droite à son vis-à-vis pour sceller leur marché, le deuxième bras toujours croisé sur son ventre.
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Lucius ne répondit pas au début, son masque le rendait inscrutable, un visage de fer qui rendait ses expressions et émotions cachées au regard du monde. Un observateur aguerri aurait néanmoins pu discerner des yeux qui se plissaient légèrement, une curiosité et un intérêt qui avaient été éveillés, mais qui étaient tempéré par une prudence teinté de méfiance. Fiadh lui proposait un arrangement plus qu’intéressant, un échange. Chacun dévoilerait à l’autre une dose de son savoir, une manière de combler leur lacunes mutuelles. Mais ce n’était pas un simple échange de savoir, ce que la native souhaitait, ou en tout cas ce que Lucius comprenait de sa requête, c’était un échange de leur philosophie mutuelle. Au-delà de celle de leur peuple, c’était celle des deux individus qui serait le sujet de leur discussion. Son intérêt était piqué à vif, sa curiosité et sa soif de savoir ravivés comme un feu dévorant. Il allait prendre le risque.

Il s’avança lentement, avant de tendre une main gantée pour serrer légèrement la main de la native.

« Je suis Lucius, et je suis théologien. J’accepte votre proposition, mon groupe ne m'attendra pas, de toutes façons. » Il prit une légère pause, comme pour chercher ses mots, avant de continuer, « J’ignore ce qu’est un, ou une Voglendaig, peut-être ignorez vous ce qu’est un théologien, et je répondrai à cette question en temps et en heure, lorsqu’elle sera posée. Je vais vous laisser poser les premières questions. Demandez, et je répondrai honnêtement. Ou peut-être souhaitez vous d’abord trouver un autre cadre que le milieu du chemin pour une conversation ? »

Le milieu de la route n’était pas l’endroit rêvé pour ce type de conversation, néanmoins si les choses devaient en être ainsi, Lucius s’en contenterait, et ferait avec. A moins que la dénommée Fiadh ne préfère un autre endroit pour discuter, le choix était sien. Après tout, Lucius ne connaissait pas vraiment les environs.

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Elle retint un frisson, au contact de sa main. Il n'avait pas franchement l'air d'un guerrier, mais sa poigne était bien plus assurée et puissante que la sienne ne le serait jamais. Elle ne se laissa pas démonter, cependant, et garda le bras bien ferme.

« Je suis Lucius, et je suis théologien. J’accepte votre proposition, mon groupe ne m'attendra pas, de toutes façons. »

Était ce parce qu'il n'était pas apprécié ? Ou parce qu'ils pensaient qu'il savait se défendre seul ? Elle recula en lâchant sa main, croisant à nouveau les bras, sans quitter son masque du regard. Il y'avait une chose dont elle était sûre, c'était que si elle partait en courant à travers les bois, il n'aurait aucune chance, et la pourchasser serait même dangereux pour lui. Dans ce cas, le fait qu'il sache se défendre n'était pas une menace... Un peu rassurée, elle le fixa dans les yeux.

« J’ignore ce qu’est un, ou une Voglendaig, peut-être ignorez vous ce qu’est un théologien, et je répondrai à cette question en temps et en heure, lorsqu’elle sera posée. Je vais vous laisser poser les premières questions. Demandez, et je répondrai honnêtement. »

Il devait être fraichement débarqué. Comment pouvait il ignorer ce qu'était un voglendaig, alors que c'était l'une des figures les plus importantes de l'île ? Cela dit... Elle était là depuis l'arrivée des Thélémites, et n'avait aucune idée de ce qu'était un théolomachin. Son esprit quitta bien vite cette question philosophique pour explorer toutes celles qu'elle pourrait lui poser.

« Ou peut-être souhaitez vous d’abord trouver un autre cadre que le milieu du chemin pour une conversation ? »

Cette question était elle un piège ? Si elle acceptait de se déplacer, cela voulait dire que cela ne posait pas de problème. Or, si cet endroit était un lieu d'embuscade, cela en posait forcément un. Accepter de bouger, était ce reconnaître qu'il n'y avait personne dans les buissons alentour ? D'un autre côté, discuter dans un lieu aussi fréquenté de sujets possiblement importants et de sa propre façon de voir les choses... Cela pouvait lui valoir des ennuis, si on apprenait certaines de ses idées.

Aaaaah !... Comme les choses étaient compliquées ! Lentement, elle détourna le regard sur un autre buisson que celui qui avait produit un craquement, et ferma les yeux en un long clignement, avant de reporter son attention sur Lucius.

"En signe de confiance, nous allons nous déplacer seuls. Mais ne doutez pas un instant que s'il m'arrive quoi que ce soit, mes amis sauront vous reconnaître. Suivez-moi."

Avec l'autorité et la confiance en elle d'une reine, elle fit demi-tour, et entreprit de remonter le cours d'eau jusqu'à un sentier grimpant vers les montagnes du centre de l'île. Sans se retourner, mais toujours attentive aux bruits de pas de son nouvel "ami", elle gravit à très bonne allure le sentier, habituée, s'arrêtant éventuellement quelques instants pour attendre son compagnon, mais ne ralentissant jamais son rythme de marche. Autour d'eux, la végétation se fit plus pauvre, et l'atmosphère changea. Les odeurs de terre et d'eau disparurent, remplacées par celles du fer, de l'air pur, celles qu'elle aimait plus que tout et qui l'aidaient à se sentir à l'aise.

Elle prit à gauche à une intersection pour s'éloigner de son cercle rituel, celui qui lui avait donné naissance, et finit par s'arrêter dans un ressac de la falaise, où elle avait parfois bivouaqué, et dont elle savait qu'elle pouvait se laisser glisser en cas de besoin. Elle s'assit sur un petit bloc de pierre, face à son interlocuteur, et en désigna un autre, un peu plus bas, pour l'inviter à s'asseoir.

"Quel est votre Dieu ? Pourquoi est ce si important pour vos missionnaires, que nous croyions en lui ?"
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"En signe de confiance, nous allons nous déplacer seuls. Mais ne doutez pas un instant que s'il m'arrive quoi que ce soit, mes amis sauront vous reconnaître. Suivez-moi."

Lucius ne répondit pas à cette avertissement, à peine plus que des paroles filant au grès du vent. S’ils avaient vraiment souhaité sa fin, les natifs l’auraient probablement déjà attaqué, et il serait soit en fuite, soit au sol, gisant en attendant le grand silence. Lui-même semblait imperméable à cet avertissement, refusant de se laisser gagner par la peur. En vérité, il doutait toujours. Il se trouvait en milieu inconnu, avec quelqu’un qui pouvait très bien le faire disparaître en toute quiétude avec l’aide complice de ses « amis ». Un risque qui valait la peine d’être prit, surtout s’ils n’étaient pas suivis. Le théologien doutait de la retenue dont certains pouvaient faire preuve, qu’ils soient natifs ou continentaux, ne pas être suivit voulait dire ne pas risquer d’impatienter les autres natifs. Qu’ils puissent le reconnaître par la suite le laissait de marbre, car après tout, comment ne pouvait-il pas être reconnu avec ce visage de fer ?

Il emboîta le pas de Fiadh, suivant la nature à travers le chemin qu’elle traçait et qui les menait loin de la piste originale qu’il avait suivit avec son groupe. Du cours d’eau et du marais ils s’éloignaient toujours plus, évoluant désormais à travers un panorama différent, montant le sentier ardu qui menait vers les montagnes du centre de l’île. Une montée difficile, qui prouvait que Fiadh devait avoir l’habitude de ce genre de chemin, car elle n’avait pas l’air fatiguée ou essoufflée le moins du monde. Lucius avait plus de difficultés, son souffle se faisant plus lourd, l’air prisonnier de son masque plus chaud et étouffant. Mais le thélèmite n’en laissait rien paraître, continuant de suivre la native. L’air plus léger de la montagne remplacerait bientôt ce calvaire passager.

Bientôt ils arrivèrent enfin à leur destination, la native s’installant sur un des blocs de pierre parsemant les environs, avant d’enjoindre le théologien à faire de même. Une fois qu’il fût installé sur la pierre froide, il reçu les première questions de la native avec un léger silence. C’était donc ses premières questions, en savoir plus sur le Lumineux, et pourquoi les missionnaires souhaitaient tant convertir les natifs. Une question à laquelle les missionnaires eux-mêmes auraient pu répondre, mais ils auraient sans doute manqué d’humilité. Soit, il répondrait tel qu’il le devait.

« Une vaste question, une dont la réponse pourrait changer si vous l’aviez posée à un missionnaire à un membre d’un des ordres mineurs de Thélème. Je vais tout de même répondre de manière aussi générale que possible. Nous avons foi en le Lumineux, un être suprême et omniscient, le grand créateur du monde qui veille sur nous et sur sa création. Il est le centre de l’existence même de Thélème, une foi qui a rassemblée presque la moitié du continent sous une même bannière, et qui est un pilier autours duquel nous vivons notre vie. Nous respectons et suivons du mieux que nous pouvons les préceptes qu’il nous a transmit, et en retour il donne à nos âmes la paix et le salut à notre mort. Une croyance que je ne partage pas, mais je m’égare. Ce que vous devez comprendre à propos du Lumineux, c’est qu’il a de nombreux aspects qui changeront pour chaque croyant. Une oreille invisible à qui s’exprimer sans jugement, un repère lumineux dans l’obscurité, un observateur bienveillant qui se doit d’être remercié pour des récoltes abondantes. Il est le vaisseau de nos rêves et aspirations, mais aussi de nos doutes. Dans les heures les plus sombre il est source de réconfort, même lorsque la foi vacille et semble incertaine, ou qu’elle est perdue. Il n’y a pas de vraie foi sans peine et sans doute, ce sont deux éléments qui font partie de la vie, après tout. En revanche, ceux qui vivent leur vie sans suivre ses enseignements verront leur âmes condamnées, sans possibilité de salut. C’est pour cette raison que les missionnaires sont aussi insistant dans leur tentatives de conversion, ils pensent sincèrement qu’ils sauvent les âmes de votre de la damnation éternelle. Un service rendu au bien commun, un moyen d’agrandir l’église du Lumineux, et de prouver leur propre ferveur. »

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La jeune femme écouta les explications de l'homme masqué. Elle était perplexe. Ce n'était pas idiot, quelque part, et par bien des aspects, cela ressemblait à sa propre conception d'en on mil frichten, mais c'était si étrange... Comme une vision déformée par leur prisme étrange de la vie. Et il y'avait des points intriguants... Lucian semblait être un pratiquant bien singulier de la religion dont il portait les couleurs. Un peu, quelque part, comme elle même, voglendaig depuis des années car sa façon de croire et de se mettre au service de son village était différente de celle des doneigada. Cela dit... La différence était que les doneigada avaient un problème avec elle, mais l'inverse n'était pas tout à fait vrai.

Fiadh était peut être incomprise, et elle pensait vraiment savoir des choses sur leur dieu que les autres ne savaient pas, mais elle ne niait pas leur sagesse. Elle était juste... incapable de se comporter comme on l'attendait d'elle. Ce n'était pas par conviction, mais dans sa nature même, et en cela, elle se pensait proche de Lui. Car, justement, elle servait Son oeuvre et travaillait à protéger Son peuple, mais à sa façon à elle, selon ce qu'elle estimait juste et digne. Intéressant...

Quant au fait qu'il ne voulait pas les convertir, cela s'expliquait très simplement, une fois que tout cela était mis à plat. S'il ne croyait pas en cette félicité après la mort, en cette... vie suivante, d'une certaine façon, alors les convertir ne changerait rien pour eux. Mais cela rendait en réalité sa foi bien plus inquiétante. S'il n'agissait pas pour obtenir cette bénédiction, s'il n'y croyait pas mais agissait selon les commandements, visiblement rigoureux, de cette foi... Quelle était sa motivation ? S'il cherchait à les connaitre, était ce parce qu'il était intéressé par leur propre religion ? Etait il... possible de convertir Lucian ? Il ne fallait pas oublier la principale question...

En quoi croyait il, lui, précisément ?

Elle hocha la tête, puis reprit la parole, d'une voix un peu plus basse, plongée malgré elle dans la solennité de l'instant.

"Vous avez dit ne pas croire en le sauvetage de votre âme après votre mort... Cela veut il dire que vos âmes sont par nature coupables, et les nôtres aussi ? Mais de quel crime ? Et dans votre cas... Si vous ne croyez pas à cette ultime bénédiction, que pensez vous qu'il arrive, après votre mort ? Que vous disparaissez simplement ?"
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Il cligna des yeux, l’air presque interdit, restant silencieux pendant de longues secondes, ne réalisant pas complètement les mots qu’il avait prononcé. Non. Impossible. Ce devait être une erreur. Un fragment de pensée qui s’était perdu dans sa réflexion. Son explication s’en était retrouvée imparfaite, fragmentée, une pensée intruse s’était infiltrée dans sa logique, et donnait à ses paroles un sens pervers auquel il ne s’attendait pas. S’était-il perdu dans le fil de ses pensées à ce point ? Lui qui était normalement si secret et reclus ? Et pourtant, s’il s’agissait bien de ses pensées, il s’agissait d’une partie de lui même, quelque chose qu’il ne pouvait ni nier ni repousser. Le doute était logique, humain, une faiblesse passagère. Cette faiblesse passerait, et il en ressortirait grandit, et plus sage.

« Il semblerait que je me sois laissé tromper par le flux de mes pensées. Une erreur passagère que j’admets. Non, je pense que le salut des âmes arriver après la mort de chacun. En revanche, je ne crois pas en la capacité des mortels de décider si une âme est digne d’être sauvé ou non, je pense que seul le Lumineux est apte à juger les âmes. Les mortels sont faillibles, quels droit ont-ils de juger la justesse d’une âme lorsque leur propre salut n’est pas certain ? Ceux qui possèdent la plus grande faiblesse d’âme se retrouvent bien trop facilement en position de juger celle des autres. Moi-même je pourrai exprimer un tel jugement, je reste un membre de l’église, mais je ne suis personne pour dire qui est digne d’être sauvé. Pour en revenir à votre autre question, selon le dogme de Thélème les âmes damnées se retrouvent sujette à une éternité de tourment. Raison de plus pour laquelle les missionnaires tentent désespérément de convertir les vôtres, ils croient sincèrement les sauver. De manière personnelle, je ne suis pas aussi certain de cette damnation éternelle. Ceux qui ignorent tout du culte du Lumineux, par exemple les vôtres, devraient souffrir de leur éternité à cause de leur ignorance, et parce qu’ils étaient reclus du reste du monde ? Je n’y crois pas. J'ignore ce qui les attend, mais je crois pas en un châtiment éternel qui attend les ignorants. »

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L'homme était ébranlé par ce qu'il venait lui même de dire. Peut être était-ce sincère, peut être était-il vraiment choqué d'entendre ce qu'elle avait compris de ses mots, et n'était ce pas l'idée qu'il voulait exprimer... Ou peut être que, tout à sa déclamation, il en avait oublié la prudence, et révélé la vérité de son âme, tel qu'elle le lui avait demandé. Dans tous les cas, il dissimulait bien ses émotions, et n'avait eu nul mouvement de recul, tout juste un clignement d'yeux interdit alors qu'il écoutait sa réponse. Il pouvait être dangereux, car sa capacité à mentir était peut être en application depuis un moment déjà... Mais la jeune femme avait maintenant une arme ! Enfin, peut être...

Il se prit alors dans un pamphlet sur la nature humaine, l'incapacité des hommes à évaluer leur prochain, et une déclaration d'une grande humilié sur le fait que seul leur Dieu devait pouvoir juger les hommes. Mais cette pensée là, cette humilité, n'était-ce pas l'ultime carte de défense qu'un homme avait placé autour de lui même pour s'éviter cette damnation qui était tant à craindre ? Ou plutôt, puisqu'il n'y croyait pas, le jugement de ses pairs ? Elle avait pitié de lui, en réalité. Il paniquait. Ses justifications ne faisaient que rendre plus évident ses mensonges, et cela mettait en exergue les seules questions qui importait en cet instant.

Qu'avait il vu ou fait pour ne plus croire en cette bénédiction ? Qu'est ce qui avait remplacé cette croyance ?

Il disait faire partie de l'église, mais n'était pas apprécié par les missionaires, et semblait tenir à dissimuler son visage. Etait il possible que, plus qu'un embrumeur, ce soit un guerrier ? Elle doutait que toute la foi du monde suffise à convertir un demi-continent. Si ces prêtres exercaient un jugement sur lui, qui savait ce qu'ils étaient prêts à faire sur des personnes ne partageant pas une once de leur foi ? Peut être Lucius lui même avait il été autrefois un croyant fanatique, comme eux, et, par En on mil frichten, quelle tristesse de devoir faire tout cela pour un faux dieu... Peut être s'était il rendu compte de son erreur, ou peut être sa propre sensibilité avait elle été heurtée ? Il ne croyait plus en une rédemption car lui même refusait de se pardonner, il dissimulait ses secrets et s'abritait derrière l'humilité pour oublier ses crimes.

Elle avait bien pitié de lui... Cela dit, tout cela pouvait aussi être une fable qu'elle s'était inventée, et ses buts pouvaient être plus sombres. Peut être était il en réalité un ennemi de son propre peuple, vénérant un autre dieu, qui avait les apparences du premier mais d'autres méthodes, et craignait il le jugement à cause de cela. Peut être était il en réalité un impie complet, haïssant profondément la religion, et son esprit avait trouvé pour seul échappatoire à ses mensonges cette glissade bien inoffensive, dans une discussion qui ne serait jamais divulguée ?

Il y'avait bien des possibilités, mais peut être car elle même était convaincue que pardonner était important, elle s'accrochait à sa première idée. C'était un homme brisé qu'elle avait en face d'elle.

Il changea ensuite de sujet pour revenir sur les natifs. Selon lui, aussi longtemps qu'ils ignoraient le Lumineux, ils ne pouvaient être punis pour leur mode de vie. Fiadh sourit doucement, amusée par l'incohérence d'un tel discours.

"Si cela est vrai, ne nous condamnez-vous pas justement en venant prêcher la bonne parole ? Par quelle pirouette devenez vous les gentils de l'histoire, si vous déclamez tout ça à des populations qui n'ont jamais demandé à connaître votre Lumineux ? Cela fait de chaque âme qui ne se laisse pas convaincre un futur damné, et ainsi, les missionnaires sont responsables de bien plus de damnations que n'importe quel doneigad ou guerrier. Condamner ceux d'autre peuples, cela ne peut pas être le but d'un dieu tel que vous m'en parlez, d'un Lumineux guide et protecteur...

Entre vous et eux, l'un des deux se trompe forcément, mais à mes yeux, cela n'est pas une nuance, mais une différence complète qui a des conséquences bien plus graves. Dans leur monde, les Missionnaires sont des héros, et dans le vôtre, ce sont les plus grands des criminels.

Alors permettez moi de changer de question... Si les missionnaires échouent, qu'arrive t'il aux infidèles ? Repartent ils en les abandonnant à leur triste sort ? Ici, sur Tir Fradi, nous partageons tous la même foi car nous avons des preuves que nos prières sont entendues, les doneigad et voglendaig, comme moi, sommes marqués par notre dieu...
Elle tendit son bras droit devant elle, et du bout de son index gauche, traça avec un sourire le relief de ses marques. Nul ne remettra jamais en cause sa foi, ou ce seront des individus, et non des villages entiers. Alors que nous arrivera t'il, si l'on ne se plie pas à vos dogmes ?

Ne vous inquiétez pas, nous somme seuls, alors suivez votre promesse, dites moi la vérité..."


Elle n'avait pas peur, de lui poser aussi frontalement la question. Elle espérait qu'il soit sincère, car peut être pourrait elle alors comprendre comment échapper à leur courroux, mais aussi, peut être pourrait elle mieux le comprendre.
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Lucius resta silencieux, écoutant avec attention la native pointer avec amusement et satisfaction les incohérences et faiblesses de son discours. Une attitude qui aurait agacé n’importe quel homme ou femme de foi, une arrogance palpable et insupportable à laquelle ils auraient sans doute répondu par un sermon, par la honte. Le théologien n’en avait que faire. Certains aspect de la foi menaient au doute, un doute raisonnable, et si tout les efforts entrepris étaient inutile ? Qu’il n’y avait point de salut dans la mort ? Mais c’était aussi ça, la foi. Croire, même lorsque la plus terrible des tempêtes faisait rage, car même la nuit la plus sombre devait laisser la place à l’aube.

Il avait offert à la native des réponses, un aperçu de points de vue différents pour un même sujet, et elle en avait tiré ses propres conclusions. Il ne s’était pas attendu à un autre dénouement. Il s’agissait d’une conversation, pas d’un sermon ni d’une tentative de conversion. Il n’avait que faire des éventuelles moqueries de la native au sujet de sa foi, des faiblesses et des aspects qu’elle considérait comme ridicule et qu’elle pointait avec amusement. Son but n’était pas de la convertir, son but était d’apporter des réponses. Qu’elle les trouve satisfaisante ou pas n’était en aucun cas pertinent. La vérité était rarement satisfaisante.

« Je vous ai exposé le dogme de Thélème, et je vous ai exposé une opinion. Il a différents ordres religieux qui pensent plus ou moins différemment du dogme principal régnant à Thélème. Tous avec des missions et des buts différents. Libre à vous d’en tirer les conclusions que vous souhaitez. Pour ce qui est d’une preuve que nos prière sont entendues... » Lucius releva légèrement la paume de sa main d’où apparu une sphère lumineuse, scintillante et flottant gracieusement. Une pâle représentation de ce que d’autres croyants étaient capables d’accomplir, car les talents de Lucius s’exprimaient d’avantage dans une autre facette de la magie accordée par le Lumineux. « Un don, du Lumineux à ses fidèles. J’aurai pu parler de miracles, mais les preuves semblent avoir plus de valeur que les mots. Après tout, les preuves ne font que fortifier la propre croyance des fidèles, et leur motivation à convertir toujours plus. Mais il y en a effectivement qui refusent de croire. J’ai promis l’honnêteté, et je tiens toujours parole. Mais la vérité est souvent décevante. Peut-être êtes vous familière avec l’Alliance du Pont ? Elle a été formée dans un simple et unique but : ralentir, voir stopper l’effort de conversion de Thélème sur Gacane, le continent. Des savants, des hommes et des femmes de science qui voit le monde d’une autre manière, une opposée à celle de Thélème. Il y a d’abord eu des tensions, et les tensions ont évolués en accidents, qu’ils soient orchestré, ou purement accidentel. Et puis, il y a eu la guerre. » Il avait prononcés ces dernières paroles sans jugement, d’une manière purement froide, factuelle. « Une guerre terrible qui fait toujours rage sur le continent. Sur cette île, les choses sont néanmoins différente. Les tensions existent toujours, mais il n’y a pas de conflit armé. Et je prie pour qu’il en demeure ainsi. »

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Sa démonstration fit briller des étoiles dans les yeux de la jeune femme. Elle se releva soudainement, non pas pour fuir, mais au contraire pour faire quelques pas timides vers lui et mieux observer le phénomène. Comme c'était intriguant... Ainsi, le Lumineux était précisément tel qu'on le décrivait, au moins à cet égard... Mais quelque chose froissait Fiadh, dans sa réponse. Il semblait un peu amer, quant aux preuves de l'existence de son Dieu, et la jeune femme fut soudain prise d'une crainte. Avait elle blessé son compagnon de discussion ? Elle s'en excuserait, mais les révélations à venir étaient plus inquiétantes...

Ainsi, l'Alliance du Pont était avant tout une alliance militaire ayant pour but de repousser les Thélémites... Ce n'était guère surprenant, elle ne se sentait guère plus à l'aise en leur présence qu'en celle de ces derniers. Mais tout de même... Une guerre qui dévorait un continent entier ? Elle n'avait aucune idée de ce qu'était un continent, mais certains de ses amis dans la congrégation lui avaient dit que le continent faisait plusieurs dizaines de fois la taille de Tir Fradi... C'était dur à imaginer, plus encore quand ils décrivaient leurs cités, mais elle ne doutait pas que tous aient dit la vérité.

Ses dernières paroles étaient intrigantes... Ainsi, il espérait que la paix perdure. Mais comment le pouvait elle, si apporter la lumière était si important pour eux, et qu'ils étaient déjà là ? Il était dur de les imaginer reculer sans combattre, et la cohabitation semblait impossible avec les missionnaires... Peu importait son passé, Lucius était là pour la paix, étudier sans souffrir des conflits du continent. Elle l'aimait bien, en réalité.

Elle laissa passer quelques secondes en allant se rasseoir, puis reprit la parole, d'une voix plus douce, portant des accents d'excuse.

"Lucian, pardonnez moi si mon ton ou mes paroles vous ont offensé. Je ne remettais pas en cause l'existence de votre dieu, ni le sens que vous trouvez en son nom. Il est votre dieu, alors vous le connaissez nécessairement mieux que moi, mais ce que j'essayais de vous dire, c'est que notre dieu existe, lui aussi. Les marques que je porte en sont la preuve, comme les rituels que nous faisons, l'existence des Nadaig... Ce que je voulais dire, c'est que, si je considère de mon côté que l'existence de mon dieu n'interdit pas celle du vôtre, d'autres, parmi les vôtres comme parmi les miens, ne l'entendront pas de cette oreille.

Depuis que vous avez débarqué, je m'intéresse à vous, parce que je me demande comment vous vivez, ce que vous pensez... Parfois même, en vous voyant vous déplacer dans la nature, je me demande si vous êtes nés hier, puis je me rappelle qu'en essayant une robe de chez vous, je trébuchais sans cesse, et que l'on me disait que les dames ainsi vêtues s'inclinaient, se promenaient, et dansaient même dans ces tenues. Nous sommes des peuples foncièrement différents, mais si j'ai pu me faire des amis, parmi ceux de la congrégation, et si nous pouvons discuter, alors je pense qu'à défaut d'être...
Elle prononça un terme dans sa langue. Nous pouvons apprendre à respecter l'autre et à cohabiter.

Cela sera sans doute difficile, comme vous nous semblez si différents que la congrégation, l'alliance et Thélème sont pour nous aussi semblables que trois oiseaux, quand nous serions des renards, alors que vos maigres différences vous poussent déjà à vous hair autant... Mais c'était le but de ma question suivante. Comprendre quelles seraient les conséquences de nos incompréhensions, et chercher une autre issue. Après tout, si différents courants au sein de votre religion sont si différents que cela et que vous vous accordez néanmoins à cohabiter, une issue pacifique n'est elle pas envisageable ?

Enfin... Vous m'avez fourni beaucoup d'informations, et je pense qu'il me faudra du temps pour les assimiler, alors il est temps pour moi de vous rendre ce que vous m'avez offert. Posez moi vos questions, je ferais au mieux pour y répondre."
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A bien des égards, la description que Fiadh faisait à Lucius de son propre rôle de Voglengdaig, et de future doneigad n’était pas complexe à comprendre. Des conseillers, des soigneurs, destinés à servir les natifs et leur île durant toute leur vie, marqué par ce destin inévitable. Ils protégeaient leur île, leur clan, leur mode de vie toute leur vie. Ce n’était pas si éloigné de certains prêtres, qui eux aussi vivaient une vie au service des autres afin d’accomplir un grand dessein. Et ensuite, ils s’éteignaient. Tel était la suite logique des choses, tel était la nature même de leur existence.

Mais ces doneigad étaient différent. Leurs corps étaient marqué, propriétés de leur dieu qui récupérait ce qui lui était dû à leur mort. Un terreau fertile pour autre chose. Quelque chose de profondément dérangeant, même pour lui. Un changement, une transformation opérait chez eux. S’agissait t-il d’une transformation physique uniquement, ou était-ce également psychologique ? Une manière d’accepter leur destin plus facilement ? De leurs cadavres bourgeonnaient les nadaigs, des gardiens, d’après la native, des défenseurs de la l’île. Cela devait faire parti de ce grand cycle qu’ils respectaient et révéraient. C’était probablement vu comme un honneur pour eux, une manière de continuer à servir l’île, même si leur esprit quittait leur enveloppe terrestre.

Ils appelaient ça une bénédiction. Thélème appelait ça une damnation. Les rouages s’activaient déjà dans son esprit, et sur la manière dont ses pairs devaient percevoir cette transformation. Une abomination. Un amas grotesque qui sévissait sans supervision, obéissant à une obscure pulsion maléfique. Un démon qu’il convenait d’abattre. Et une transformation qu’il fallait exterminer à la racine.

Il ne répondit pas pendant de longues minutes, laissant planer un silence lourd, avant de répondre à son tour.

« Ce que vous me racontez est troublant, même en faisant preuve de largesse d’esprit. C’est naturel pour vous, une suite logique qui aboutit à la naissance de ces nadaigs. Je comprends le travail que vous entreprenez pendant votre existence mortelle, mais après ça, c’est beaucoup plus… complexe. Ce que vous me décrivez, beaucoup à Thélème le qualifierait de démoniaque, d’impie. Ces réactions déclencheraient une autre réaction qu’ils considéreraient comme naturelle : l’extermination du mal. Ces… créatures, vous disiez qu’elle protègent votre île pourtant, c’est bien cela ? Des gardiens donc, qui s’élèvent d’une coquille vide par la volonté de votre dieu. J'ai bien peur qu'à ce sujet, peu seraient prêt à faire preuve d'autant de... compréhension que moi.»

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Au moins étaient ils d'accord sur la fin qu'ils souhaitaient, et sur les espoirs qu'ils s'accordaient... Mais aucun d'eux n'était réellement convaincu. Elle laissa filer ce sujet, et il posa sa première question. Et quelle question. Elle sourit doucement, en reprenant la parole, d'une voix basse, mais enthousiaste.

"Les personnes qui réalisent des miracles, comme vous, sont chez nous des doneigad. Moi, je suis une voglendaig, l'apprentie d'un doneigad. Je sais, ce n'est pas votre question, mais c'est important pour comprendre... Notre rôle est de veiller sur notre clan, et de façon plus générale, sur Tir Fradi. Cela veut dire que nous soignons les malades, aidons les enfants à naître, conseillons politiquement nos Mal, jouons les diplomates, cela veut dire qu'on éduque les uns et les autres, que nous leur transmettons nos contes pour les guider dans leurs choix personnels, que nous les prévenons des dangers et des troubles...

Notre rôle est celui de servir notre peuple et de le protéger. D'un point de vue extérieur, on pourrait croire que tous ces rôles font de nous une sorte de... comment dites vous déjà... de noblesse ! Mais la différence, c'est que nous, personne ne nous paie d'impots ou ne nous offre des faveurs. Nous sommes au service des autres. Y compris quand cela ne nous plait pas ou que l'on préférerait faire autre chose. Servir nous permet d'apprendre plus sur ceux qu'on doit protéger, et, peut être plus important encore, ce qu'on doit protéger."


Elle avait mis du temps à s'en rendre compte, mais sa discussion avec Elatha et les récents événements lui avaient permis de s'en rendre compte. La crainte de perdre ce qu'elle avait, non plus par choix, mais parce que cela lui avait été imposé, lui avait fait plus de mal -et de bien- qu'attendu.

"Et les Nadaig sont l'aboutissement de cette pensée. Lorsqu'un doneigad s'éteint, son esprit rejoint En on mil frichten, et son corps évolue. Nos marques d'on ol menawi grandissent, nos corps grandissent. Après un temps variable, nous nous relevons en tant que Nadaig. En réalité, telle que vous me voyez, je ne suis déjà plus tout à fait humaine et déjà un peu Nadaig. Regardez, quand vous avez gravi la montagne avec moi, votre respiration a changé parce que vous faisiez un effort, mais aussi parce qu'ici, l'air est différent, moins riche. Cela ne m'affecte pas, parce qu'à ma mort, je deviendrai Nadaig Meneimen, et volerai au dessus de l'île, pour continuer d'en protéger les habitants.

Pour vous, ils sont sans doute craints, car ce sont des créatures mi bêtes mi humaines, menaçantes, voire agressives... Mais un Nadaig n'attaquerait jamais un doneigad, et protège notre peuple. On ne peut pas vraiment discuter avec eux, mais si vous nous tendez la main et acceptez de nous respecter en tant que peuple, je suis sûr que vous n'aurez plus rien à craindre d'eux. Là encore, une issue pacifique est possible, Lucian."


Elle souriait doucement en parlant. Elle espérait vraiment qu'il verrait la beauté de ce qu'elle lui expliquait.
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A bien des égards, la description que Fiadh faisait à Lucius de son propre rôle de Voglengdaig, et de future doneigad n’était pas complexe à comprendre. Des conseillers, des soigneurs, destinés à servir les natifs et leur île durant toute leur vie, marqué par ce destin inévitable. Ils protégeaient leur île, leur clan, leur mode de vie toute leur vie. Ce n’était pas si éloigné de certains prêtres, qui eux aussi vivaient une vie au service des autres afin d’accomplir un grand dessein. Et ensuite, ils s’éteignaient. Tel était la suite logique des choses, tel était la nature même de leur existence.

Mais ces doneigad étaient différent. Leurs corps étaient marqué, propriétés de leur dieu qui récupérait ce qui lui était dû à leur mort. Un terreau fertile pour autre chose. Quelque chose de profondément dérangeant, même pour lui. Un changement, une transformation opérait chez eux. S’agissait t-il d’une transformation physique uniquement, ou était-ce également psychologique ? Une manière d’accepter leur destin plus facilement ? De leurs cadavres bourgeonnaient les nadaigs, des gardiens, d’après la native, des défenseurs de la l’île. Cela devait faire parti de ce grand cycle qu’ils respectaient et révéraient. C’était probablement vu comme un honneur pour eux, une manière de continuer à servir l’île, même si leur esprit quittait leur enveloppe terrestre.

Ils appelaient ça une bénédiction. Thélème appelait ça une damnation. Les rouages s’activaient déjà dans son esprit, et sur la manière dont ses pairs devaient percevoir cette transformation. Une abomination. Un amas grotesque qui sévissait sans supervision, obéissant à une obscure pulsion maléfique. Un démon qu’il convenait d’abattre. Et une transformation qu’il fallait exterminer à la racine.

Il ne répondit pas pendant de longues minutes, laissant planer un silence lourd, avant de répondre à son tour.

« Ce que vous me racontez est troublant, même en faisant preuve de largesse d’esprit. C’est naturel pour vous, une suite logique qui aboutit à la naissance de ces nadaigs. Je comprends le travail que vous entreprenez pendant votre existence mortelle, mais après ça, c’est beaucoup plus… complexe. Ce que vous me décrivez, beaucoup à Thélème le qualifierait de démoniaque, d’impie. Ces réactions déclencheraient une autre réaction qu’ils considéreraient comme naturelle : l’extermination du mal. Ces… créatures, vous disiez qu’elle protègent votre île pourtant, c’est bien cela ? Des gardiens donc, qui s’élèvent d’une coquille vide par la volonté de votre dieu. J'ai bien peur qu'à ce sujet, peu seraient prêt à faire preuve d'autant de... compréhension que moi.»

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Le silence qui régnait après son monologue était riche à bien des égards. Riche d'enseignement, évidemment, la réaction du thélémite en disant long sur ce qu'il ressentait, malgré son masque, et Fiadh put ainsi prendre conscience de la profondeur du fossé entre leurs cultes. Elle craignait sa réponse par avance, mais d'un autre côté... D'un autre côté, ce silence était riche de l'amour d'en on mil frichten, des promesses de son futur au service de l'ile, de la joie et de l'espoir de tous les natifs, mais aussi de leurs peines, de leurs souffrances... Son esprit s'attarda sur chacun de ces sentiments, chacune de ces émotions, s'écrasa sur leurs murailles pour mieux en dessiner la forme et les comprendre. Ses yeux s'étaient naturellement fermés, et son corps s'était détendu, elle était...

Soudain, Lucius se remit à parler.

Sa concentration, à la limite de la transe, se brisa autour d'elle, et elle rouvrit les yeux à regret. En cet instant, elle aurait pu lui en vouloir, et au fond, peut être était-ce le cas... Mais elle l'avait à nouveau vécu. Une communion. Peut être s'écoulerait il à nouveau des mois, voire des années avant la prochaine, mais ce n'était pas grave. Elle était rassurée. Une voix se taisait en elle, et se tairait pour des semaines entières. Et elle risquait d'en avoir besoin, sachant ce que Lucius lui disait.

Cela lui semblait si absurde, de considérer les Nadaig comme des monstres, des démons. Ce concept lui était étranger, mais elle avait compris ce que ces mots signifiaient pour les Renaigse. Mais Lucius semblait plus révolté par l'idée que les Nadaig aient été des hommes. C'était la transformation qu'il voyait comme révoltante, plus encore que ces créatures eux mêmes. C'était décevant, mais il était hors de question de renoncer à leurs protecteurs. Hors de question d'oublier leur foi...

"A cet égard, vous êtes des enfants qui avez peur du noir... Je ne dis pas cela pour vous offenser, mais... croyez vous que votre étrange lumière soit vécue autrement par nous ? Vous voyez cela comme un témoignage de l'amour de votre dieu, je crois, mais ce que j'y vois, moi, c'est un danger terrible. La lumière peut brûler les yeux, détruire des forêts, dessécher les étangs et les marais... Votre lumière pourrait détruire tout ce que cette île est. A mes yeux, vous n'êtes pas moins monstrueux que les Nadaig.

Pourtant, je vous ai emmené dans un lieu sacré, pour discuter avec vous à cœur ouvert, laissant mon escorte derrière nous pour vous assurer de ma confiance. Que ceux de votre peuple qui doutent de la nature des Nadaig m'accompagnent à leur rencontre, et ils comprendront. Est ce que, parce que notre dieu ne ressemble pas au vôtre, il est nécessairement maléfique ? Alors qu'il nous protège depuis plus loin que notre mémoire de peuple remonte, que nous sommes des humains tout comme vous, mais dont la seule particularité significative est notre simplicité ?

Est ce que, parce que notre dieu nous incite à faire des maisons en terre et en branchages, il est pire que votre dieu aux maisons de pierre et de verre, qui vous pousse à faire la guerre à vos voisins ? Comprenez-moi, je ne vous dis pas que votre dieu n'existe pas, ou qu'il est mauvais, j'ai bien compris que vous aviez vos raisons... Mais à nos yeux, vous êtes les démons venus d'au delà des mers pour nous détruire.

Si nous vous tendons la main, certainement que la majorité des vôtres comprendra notre point de vue... ne pensez-vous pas ?"
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 Cette discussion était beaucoup de choses, une ouverture sur un mode de vie inconnu, ou incompris, un choc entre différentes idées et manières de percevoir le monde, deux personnes qui avaient été élevés dans deux environnement entièrement différent qui avaient du mal à assimiler le point de vue de l’autre. Fiadh ne comprenait pas pourquoi Lucius trouvait les nadaigs troublant, tout simplement parce qu’elle avait toujours vécu de cette manière. On lui avait enseigné ce qu’étaient les nadaigs, et elles les avait toujours trouvé naturel, faisant parti de l’ordre des choses sur cette île. Pour Lucius c’était tout à fait différent, une créature inconnue qu’il avait du mal à comprendre. Mais il essayait, même s’il y mettait quelques réserves.

« Des enfants qui ont peur du noir... » Murmura Lucius à voix basse, plus à lui-même comme en réflexion à ses propres pensées qui s’animaient et s’agitaient dans les recoins de son esprit. Oui, il voyait ce que Fiadh voulait dire. Mais cela ne l’empêchait pas d’entendre un soupçon de reproches et de déception dans la voix de la native. Une triste possibilité lors des conversations de ce genre, l’écart était tel qu’il était complexe de se mettre à la place de l’autre. Une difficulté qui ne stopperait pas cette discussion , en tout cas pour le moment.

« Vous soulevez un point intéressant de cette conversation. Vous pensez que nous sommes comme des enfants, incapable de comprendre que ces nadaigs sont une continuité naturelle de votre vie. Cela soulève une autre question plus importante : pourquoi est-ce que vous pensez ainsi ? Votre point de vue sur la lumière du Lumineux est valide, un point de vue différent du miens et qui se concentre sur des points que je considérerai comme impensable. Là ou vous voyez des gardiens, je vois quelque chose de troublant. J’essaye de le comprendre, mais j’y mets une certaine difficulté, là ou pour vous cela a toujours existé. Pour la simple et bonne raison que c’est le cas pour vous. Vous qui avez vécue toute votre vite sur cette île, il vous a toujours été enseigné que les nadaigs sont des gardiens, des protecteurs, la continuité du devoir qui anime les doneigad. Tout comme j’ai toujours eu la plus profonde conviction que la magie est un don du Lumineux. Parce que j’ai toujours pensé ainsi. Et nous voici aujourd’hui, partageant des choses qui nous semblent entièrement inconnue et impensable. De nouvelles perspective qui entrent en conflit avec les anciennes.

Cela étant, je ne pense pas votre dieu maléfique. Troublant, peut-être de mon point de vu, mais pas un démon qui se moque d’âmes ignorantes. Vous avez dit plus tôt que les nadaigs sont des gardiens, qu’ils protègent l’île et son cycle inéluctable. Ils sont une continuité logique de ce cycle, d’un certain point de vue. C’est ainsi que je le comprends, j’émets quelques réserves car il s’agit de quelque chose d’étrange pour moi, je ne le cacherai pas. Et pour d’autres, cela le sera encore d’avantage. Qu’il les considère comme des démons sera le fruit de leur propre connaissances et croyances.

Mais j’y pense… Vous voulez savoir quel genre de dieux étaient réellement considérés comme des démons? Autrefois sur Gacane, avant que le culte du Lumineux ne s’étende à une partie considérable du continent, tout le monde croyait en de différents dieux. Des centaines. Des dieux qui leur disait de capturer des esclaves. Des dieux qui exigeaient des sacrifices humain pour éviter la destruction du monde. Des dieux qui demandaient des de brûler les infidèles pour se recouvrir de leur cendres afin de montrer leur dévotion. Il s’agit de ce genre de « dieux » que l’on considérait comme des démons. Des êtres capricieux qui demandaient un prix terrible à payer pour leur satisfaction.

Maintenant, qu’est-ce que votre dieu vous demande ? Mh ? De respecter cette île et de la protéger elle, et le cycle qui s’est toujours écoulé ici ? Ce n’est pas si éloigné de certaines anciennes croyances qui existaient sur Gacane, et ce n’est pas maléfique ni démoniaque. Certains points sont plus obscurs, inconnus encore. La réalité est que ce n'est un sujet ni facile, ni évident. Un travail colossal reste à accomplir. » 


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"Ce que notre Dieu nous demande... ?

Pour être franche, je ne crois pas qu'En on mil frichtimen nous demande quoi que ce soit. Il y'a bien des rituels en son honneur, évidemment, mais il s'agit de façons pour nous de lui rendre grâce, pas un ordre qu'il nous donnerait. J'ignore ce qu'il se passerait si nous arrêtions de l'honorer ainsi, mais je sais que cela n'arrivera jamais. En on mil frichtimen est tout autour de nous, dans chaque arbre, chaque animal, chaque rocher. Il est dans chaque chasse, qu'elle soit un échec ou une réussite, dans chaque rire et pleurs, il ne demande rien.

Maintenant... Il est vrai qu'il vous rejette, a priori. Les débarquements d'étranger ont sorti certains Naddaig de leur sommeil, les rendant plus vigilants, la faune est en alerte, plus agressive et peureuse qu'avant, même les arbres semblent avoir suspendu leur croissance. Je ne crois pas qu'il faille y voir quelque chose de définitif. Vous n'êtes pas rejetés pour ce que vous êtes, mais pour ce que vous pourriez faire. Faire de nous vos semblables, des créatures qui ne seraient plus connectées à Tir Fradi. Des êtres qui voyagent dans de grands bâtiments de bois, construisent leurs maisons de pierre sans respecter les coutumes locales...

A nos yeux, vous avez commis des erreurs, et c'est sans doute pour cela que l'île réagit ainsi. Alors oui, on en revient à ce que vous disiez... Notre rôle est de protéger l'île et son cycle naturel. En on mil frichtimen n'est pas un dieu vengeur ou conquérant. Il protège notre paradis.

Dites ceci à vos Mals, ou à votre tierna harh cadachtas. Je suis sûre que malgré le travail à accomplir, ils comprendront ainsi mieux que nous ne sommes pas ennemis par nature."
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 « L’île s’éveille à l’arrivée toujours croissante d’étranger ? Une curieuse coïncidence, ou un signe de votre dieu pour vous mettre en garde ? Là est toute la question. Et comment certains des votres interprètent ces signes est une toute autre histoire. Tous ne partagent pas la même… ouverture d’esprit concernant le dialogue avec nous. Tout comme tous les étrangers ne partagent pas cette ouverture d’esprit. Et c’est à peine si les trois différentes nations présente sur l’île parviennent à se mettre d’accord sur les sujets les plus triviaux. Alors sur un sujet aussi important que leur futur sur l’île ? N’y mettez pas trop d’espoirs. Pourquoi est-ce qu’ils changeraient leur manière de vive ? Ils ont toujours vécu ainsi après tout.


Pour ce qui est de les convaincre… Conservez cette petite dose d’espoir si vous le souhaitez. Il n’y a jamais de faux espoirs après tout, seulement de l’espoir pour ce qui ne vient jamais. Comme je l’ai dit, les différentes nations sur l’île ne parviennent pas à s’accorder sur la manière de procéder sur de nombreux sujets. Après tout, l’Alliance du Pont et Thélème sont en guerre sur le continent, et cette inimité est toujours présente, même sur cette île. Même si la guerre n’est pas portée jusqu’ici, cela reste une chose à prendre en compte. Vous pouvez essayer de convaincre des nations ennemies de ne pas vous considérer comme des ennemis. Mais je doute que les réponses de toutes soient les mêmes. La Congrégation restera sans doute neutre, c’est ce qui lui a permit de s’industrialiser et de réaliser de nombreux profits. Thélème ? Ils essayent toujours de convertir les vôtres, ou cela mènera t-il, nous le verrons bien. L’Alliance du Pont ? Ils cherchent désespérément un remède à la malichor, et pensent trouver la solution à ce mal sur cette île. Chacun a ses propres priorités, et je ne parle que des étrangers. Qu’en est-il des villages de cette île ? Hm ? »


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"Vous voyez, c'est précisément pour cela qu'En on mil frichtimen vous rejette, je pense.

Vous me demandez nos objectifs. Vous me demandez dans quel sens nous voulons évoluer. Vous voulez vous étendre, vous voulez découvrir toujours plus de choses, faire toujours plus de profits... Nous, nous ne voulons rien. Nous n'allons nulle part. Certains villages ont des velléités différentes, bien sûr, les individus ont des envies et des points de vue différents, mais la seule évolution que nous désirons est celle qui nous permet de rester à notre place dans ce monde.

S'il le faut, si vous êtes inaccessibles à la raison, alors nous évoluerons assez pour pouvoir vous repousser, puis, en quelques cycles sans doute, nous reviendrons à notre état actuel. Et je vous vois déjà venir... Vouloir conserver les choses telles qu'elles sont est un objectif en soi, mais je ne le crois pas. Se nourrir n'est pas l'objectif d'un animal, c'est simplement dans sa nature. Sans cela, il ne peut survivre. Mais vous, quel besoin avez vous de convertir, sinon pour servir votre dieu ?

Pour nous, il n'est même pas question d'en ol mil frichtimen, ici. C'est notre vie, et si nous devions vivre autrement, nous ne vivrions plus vraiment."


Elle se releva et épousseta distraitement ses fourrures avant de défaire sa queue de cheval pour la refaire, plus serrée, semblant toujours pensive. Une étincelle embrasa son esprit. Peut être était ce là son rôle, sa façon de préserver son peuple, et de devenir ce que sa dernière vision lui avait rappelé être son destin.

"En revanche, vos guerres intestines feront plus de dommage à l'île que vous pourriez nous en faire en nous attaquant. Alors si des guerres éclatent entre vous, soyez sûr d'une chose, Lucius. Les gagnants seront ceux qui ont accepté notre façon de vivre et ne nous détruiront pas. Ceux que nous aurons choisis comme alliés. Et qui sait ? Affaiblissez assez vos ennemis ici, poussez les à s'épuiser, et peut être que même sur votre "continent", ils seront moins à même de riposter. Gagnez notre amitié, aidez-nous à maintenir la paix sur notre île, et si vous ne parvenez toujours pas à supporter ce que nous sommes, oubliez-nous. Nous y gagnerons tous plus que si nous sommes trois à nous faire la guerre les uns aux autres."

Son regard était calme, apaisé, légèrement distant. En cet instant, elle parlait avec la confiance d'un Mal.
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 Lucius restait de marbre face à la tirade de la native, écoutant son point de vue avec l’attention qui avait ponctué cette conversation depuis son début. Portant une main gantée à l’emplacement du menton de son masque, il passa rapidement en revue les arguments de Fiadh, pesant soigneusement chaque parole prononcée et la valeur qu’il attribuait à ces arguments. Cette conversation évoluait à chaque prise de parole, s’enroulant lentement autours d’un même sujet. Le conflit. La guerre. L’espoir de voir le peuple natif triompher des infâmes envahisseurs. Et face à ce changement qu’il écoutait s’opérer, Lucius conservait néanmoins une froide neutralité. Fiadh semblait calme, bien que particulièrement passionnée. Et cruellement optimiste.

« Vous affirmez que votre façon de vivre n’est pas le fruit de votre croyance. Mais pourquoi vivez-vous ainsi en premier lieu ? Hm ? Était-ce naturel ? Ou était-ce simplement les instruction de votre dieu, de vivre en accord avec l’île pour qu’il continue de protéger votre ‘paradis’ ? Est-ce que c’est devenu naturel au fil du temps ? Ce que vous me décrivez de votre vie orbite autours du respect du cycle de votre île, vous-même finirez pas devenir l’un des gardiens de l’île lorsque vous expirerez. Cela se déroule depuis si longtemps que c’est tout simplement devenu du bon sens pour vous. Quelque chose d’évident, les choses sont telles qu’elles sont parce qu’elles l’ont toujours été ainsi. Croyez vous vraiment que c’est si éloigné de ce que pensent les ‘étrangers’ ?

Vous affirmez que vous pourriez chasser les étrangers, puis revenir au même état, comme si rien ne s’était jamais passé. Est-ce que vous pensez vraiment que toute trace des étrangers sera définitivement évincée de l’île ? Que vous pourrez faire comme si de rien n’était, de simplement poser un voile sur un pan de votre histoire, et retourner à une douce quiétude ? Dites moi, que pensez vous qu’il se passerait si vous chassiez les étrangers ? Qu’ils retourneraient tous chez eux, sans chercher à jamais revenir ? Gacane est vaste, très vaste. Et pourtant le monde frappe à votre porte. Et le monde n’oublierait pas. Le conflit n’apporterait rien de valeur. Et l’ignorance non plus. »

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"C'est différent, Lucius... Non pas parce que nos modes de vie sont différents, ce n'est qu'une apparence, mais parce que nos philosophies le sont.

Que vous viviez dans des maisons de pierre, de bois ou de boue, que vous chassiez à la lance ou avec vos armes étranges, nous pouvons nous entendre, nous pouvons nous comprendre. La façon dont vous voyez notre peuple, ou peut être dont vous voyez les vôtres, en revanche, est un fossé. Pour nous, devenir Nadaig est le plus grand des honneurs, car cela fait de nous les protecteurs de l'île. De notre vivant, nous n'en sommes que des habitants, qui préservons l'équilibre comme nous pouvons. Nos doneigad sont plus éclairés que les villageois, mais même eux ne sont au final que des guides. Nous ne valons pas plus que d'autres animaux, nous en sommes simplement.

Je ne doute pas que ce soit notre nature, parce que c'est certainement de là que vous êtes partis aussi, avant de vous unir sous des bannières, de vous diviser pour diverses raisons... Je ne dis pas que vous vous trompez ou que vous vous êtes perdus... Simplement que vous avez choisi d'évoluer au delà de votre condition animale, et que ce n'est pas notre cas. Mais aussi que notre choix n'est pas plus mauvais que le vôtre.

Et vous avez raison, le monde n'oublierait pas. Il n'oublierait pas quand nos forêts se sont animées pour vous dévorer, que nos récifs ont changé pour éventrer vos navires, que notre peuple s'est uni à la nature pour vous attaquer de concert, que les arbres ont poussé sur vos ruines en quelques mois... Il n'oublierait pas non plus nos morts, les vôtres comme les nôtres, le sang versé sur Tir Fradi, les peines des mères et des soeurs des uns et des autres, et tout ce qu'une guerre nous apporterait. Ce n'est pas parce que nous triompherons au final que je souhaite la guerre, Lucius.

J'ai toute confiance en l'île pour se défendre, plus qu'en notre peuple, mais afin de protéger l'île, il vaut mieux trouver une solution pacifique. Or, vous êtes venus ici apparemment pour trouver un autre endroit où vous battre... C'est pour ça que je vous dis que moi, et ceux que je convaincrai, nous nous battrons pour ceux qui nous laisseront tranquille après que nous ayons remporté votre guerre avec vous. Nous épuiserons vos ennemis, vous les vaincrez, puis vous repartirez chez vous convaincre leur peuple de suivre votre dieu... Ou nous vous épuiserons, ils vous vaincront, et ils repartiront chez eux pour continuer leur hérésie à vos yeux. L'un ou l'autre cas finira par se présenter, et je crois qu'il serait sage que vous commenciez à vous battre pour nos faveurs, plutôt que vous allier contre nous.

Voilà ce que je pense et ce que je dis, Lucius."
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