Aamir - Alliance du Pont - Aventurier

Aamir est né à Thélème, sous le nom de Jean de la Valeste, dans une famille d'exilés de la Congrégation marchande, exil volontaire à cause de leur foi et d eleur volonté de se rapprocher du Lumineux et de ses préceptes. Ainé d'une fratrie de trois enfants, un frère et une sœur suivront rapidement la naissance du petit Jean, le garçonnet grandit avec sur les épaules, le poids des attentes parentales. Très tôt, il se démarque par son énergie, son esprit curieux et la quantité de questions qu'il pose, causant parfois l’embarras de ses géniteurs. Droit dans ses bottes mais souffrant de la naïveté de l'enfance, il interroge fréquemment sur le culte du lumineux, ne comprenant pas toujours cette vénération pour un être qu'on ne peut ni voir ni toucher, sur la magie et l'incompréhension qu'elle suscite chez lui, d'autant que, contrairement à ses deux benjamins plus sages, lui ne montre aucun signe d'affinité magique. Souhaitant le discipliner, ces derniers le mettent à 6ans entre les mains d'un maître d'armes, avec pour consigne de réprimer la curiosité du garçon, ou tout du moins, sa propension à poser des questions embarrassantes.

Heureusement pour Jean, son maître d'arme, ne cherchant pas à réprimer la curiosité de son élève, chercha à l'orienter et commença à lui enseigner à réprimer ses interrogations sur certains sujets et en trouver les réponses par lui même par la recherche et l'observation. Il apparu rapidement que, non content d'être un excellent maître d'armes, l'homme était également un érudit, aussi curieux que son élève mais avec la maturité que seule l'expérience apporte. En orientant de la sorte le jeune garçon, il servait les intérêts de la famille en canalisant ses questions, mais également les siens en tant que maître d'arme : observation de l'adversaire, recherche des failles, analyse rapide de la menace et action en fonction des informations tirée de cette analyse, tout ceci doit devenir instinctif pour un bretteur, qui n'a qu'une fraction de seconde pour tout intégrer et agir en conséquence. "Un esprit affuté est une lame affutée" avait-il coutume de dire. Jusqu'à l'âge de 10ans, Jean passe ses journées avec son maître d'arme, et précepteur par défaut.

A ses 10ans cependant, les précepteurs de ses benjamins, des mages, s'inquiètent de le voir sans éducation religieuse, et ses parents, qui avaient reporté leurs attentes et espoirs d’ascension dans la société thélémite sur les deux futurs mages et légèrement oublié l'éducation de leur premier enfant, lui collent un précepteur qui entreprend de lui enseigner la voie du lumineux. Heureusement pour Jean, son maître d'arme, croyant, lui avait enseigné quelques bases, et le précepteur, un homme sage et cultivé lui aussi, ravi de voir qu'il dispose de bonnes bases, entreprend d'enseigner plus que la religion. Ainsi donc, jusqu'à ses 20 ans, Jean partage ses journées entre la bibliothèque familiale, qui s'avère une mine de savoir plus prolifique que ce à quoi s'attendait le jeune garçon, et la salle d'arme, dans les deux cas avec un érudit. Il assiste même à des débats entre les deux hommes, qui semblent apprécier ces petites joutes verbales et intellectuelles, tout en ferraillant avec son maître d'arme. De ces joutes verbales, dont il ne saisit pas toujours les tenants et aboutissants, il retire une relative aptitude à comprendre quand on essaie de l'entourlouper, mais en aucun cas une aisance avec les mots, ce qui ne manquera pas d'amuser ses deux précepteurs. Et quand il n'est ni à la bibliothèque, ni à la salle d'arme, c'est qu'il est dehors, en train de vadrouiller en forêt, en train de chasser ou d'observer la faune et/ou la flore ou encore d'explorer des ruines ou des maisons abandonnées. Pendant ces expéditions, il remplis des dizaines de carnets entiers de croquis et d'observations, notant ses analyses, interrogations, recherches et conclusions.  Il commence, à cette époque, à caresser du doigt l'idée d'aller à San Matheus pour explorer cette nouvelle terre.

Malheureusement, ses parents en décident autrement et lui annoncent, juste après qu'il leur ai fait part de son projet, qu'il est fiancé depuis des années à une jeune femme d'une importante famille Thélémite, qu'ils attendent beaucoup de ce mariage en terme d'influence et qu'il est hors de question qu'il parte de l'autre côté de la mer. Littéralement assommé par cette annonce, Jean accuse le coup et sombre dans l'apathie pendant une semaine. Il n'avait de contact avec ses parents que lors du souper chaque soir, repas durant lesquels ils n'arrêtaient pas de faire l'éloge des deux benjamins du jeune homme, et lui n'avait  jamais envisagé qu'ils puissent avoir encore des plans le concernant... Puis il se reprend et cherche une solution pour échapper au sort qui l'attend. Et là aussi, c'est la douche froide. Alors qu'il s'en ouvre à ses précepteurs, les deux lui rétorquent que c'est la vie et qu'on ne fait pas toujours ce que l'on veut, on a des droits mais aussi des devoirs, et que servir les intérêts de sa famille est désormais le sien. Jean sent monter en lui une sourde colère. Pendant deux semaines, il multiplie les excursions pendant lesquelles il dissimule de l'argent, des effets, des provisions, etc. Puis, le jour où il doit officiellement être présenté à sa fiancée, il part de chez lui pour ne jamais revenir.

Pendant plusieurs jours, il chemine à cheval en direction de la Congrégation Marchande. Afin de brouiller les pistes, il n'y va pas de manière directe et change souvent de direction. Plus d'une fois il voit des affiches de recherche avec son portrait dessus, il croit même apercevoir à deux reprise son ancien maître d'arme, mais ayant laissé pousser sa barbe et s'étant coupé les cheveux, il est méconnaissable. Une fois arrivé sur les terres de la congrégation, il utilise ses derniers deniers pour trouver un moyen de financer un aller sur Teer Fradee. Pendant six ans, il multiplie les emplois, n'arrivant pas à mettre assez de côté pour lui permettre de vivre convenablement une fois débarqué de l'autre côté. Son rêve lui semblant s'éloigner de plus en plus, il devient mélancolique et passe tout son temps libre à feuilleter ses carnets, imaginant ce qu'il aurait pu faire une fois sur place... Mais la chance finit par lui sourire, alors qu'il feuillette ses carnets un pluvieux matin dans une auberge, il est accosté par un individu qui lit les observations du jeune homme sur les carnets, par dessus son épaule. L'homme est un membre de l'Alliance du Pont se nommant Sa'al, un homme de forte carrure, les cheveux et la barbe poivre et sel affichant une quarantaine sportive. Intrigué par les carnets du jeune homme, il demande s'il peut les feuilleter. Jean, d'abord réticent, les lui laisse à la condition qu'il soir présent lorsque Sa'al les consulte. Ils passent ainsi plusieurs soirées durant deux mois à discuter du contenu des carnets et des démarches intellectuelles utilisées par Jean pour les rédiger. Puis, un soir, alors que Jean range les carnets, celui qui au fil des soirs est presque devenu un ami lui indique qu'il est à la recherche de personnel pour une expédition sur... Teer Fradee. Jean n'hésite pas et saute sur l'occasion, il s'engage dans l'expédition de Sa'al.

Pendant le voyage, Jean, handicapé par sa taille sur le navire, se déplace rarement, partageant ses journées entre le pont, où il fait de l'exercice, ou la cabine qu'il partage avec Sa'al, ils passent de longues heures à sympathiser et discuter de choses plus personnelles. Ayant très tôt reconnu un jeune homme de Thélème, il s'interroge sur ses raisons de quitter ainsi ses terres. Après plusieurs verres d'alcool, Jean s'ouvre à Sa'al et lui raconte son histoire, après avoir écouté, Sa'al en fait de même. Jean apprends ainsi qu'il est veuf et sans enfants, sa femme étant hélas morte en couche avec leur premier enfant. Les larmes ruisselant sur le visage de l'homme alors qu'il raconte l'évènement touchent Jean, l'amour que Sa'al portait et porte toujours à sa femme semblant encore très vif. Le voyage et les soirées défilent ainsi, Jean et son bienfaiteur passant une grande partie du temps ensemble à discuter, débattre, évoquer les petites histoires du passé. Assez rapidement, Sa'al devient comme une figure paternelle pour Jean, le jeune homme en vient à connaître l'histoire de son vis-à-vis par cœur, tout comme le fait qu'il ne tient guère l'alcool...

Un soir, peu de temps avant l'accostage, Sa'al, ivre, lui avoue que l'expédition est en fait un prétexte pour commencer une nouvelle vie sur Teer Fradee, tout sur ses terres natales le ramenant sans cesse à sa femme bien aimée et la douleur de son absence se faisant chaque jour plus aiguë. De plus, elle lui aurait demandé, dans un songe, de la laisser partir et de commencer une nouvelle vie ailleurs, sans elle. Toujours sous l'emprise de la boisson, il ajouta avoir vendu tout ses biens et avoir de quoi donner à chacun des membres de l'expédition un pécule pour, au choix, vivre à Teer Fradee, ou rentrer chez eux, mais avoir d'autre projets pour Jean. C'est de nouveau une douche froide pour le jeune homme, qui s'attendait à faire une expédition, et c'est donc avec quelques appréhensions qu'il couche Sa'al, enfin vaincu par la boisson. Lorsqu'il évoque le sujet le lendemain, celui-ci élude la question, et le fera jusqu'à leur arrivée.

L'arrivée sur Teer Fradee, au port de Hikmet, fut un évènement particulier pour le jeune homme. Huit ans qu'il attendait ça... A peine le pied posé sur le sol, il s'y sentait déjà chez lui, aussi loin que portait son regard, un terrain de jeu à explorer, une énigme à résoudre, un trésor à découvrir... son cerveau était en ébullition. Il n’entendit même pas le discours de Sa'al aux membres de l'expédition leur expliquant ses motivations, pas plus que les discussions qui suivirent pendant qu'il leur donnait à chacun le pécule en question, une somme replète leur permettant de commencer une nouvelle vie. Jean émergea lorsque Sa'al posa sur son épaule une main presque paternelle et l'entraîna vers un grand bâtiment portant les armoiries de l'Alliance du Pont. Lorsqu'il en ressorti, plusieurs heures plus tard, il n'était plus Jean de la Valeste mais Aamir, fils adoptif de Sa'ad, qui avait en plus trouvé un emploi d'archiviste dans les archives et la Bibliothèque principale de Hikmet.

Aamir passe donc le temps à s'acclimater à sa nouvelle vie, les réceptions, les obligations paternelles ne sont pas nouvelles pour lui, et son passé de noble lui permet de faire excellente impression. Grâce au métier de son père adoptif, il a accès à une base de donnée impressionnante, et, au cours de ses recherches documentaires, il a trouvé certains parallèles entre diverse civilisations, et a fini par se persuader qu'une civilisation a un jour régné sur toutes les terres connues, et peut être même sur Teer Fradee. Sa conviction le renforce dans  son projet et il se documente aussi sur ce qui l'attends sur l'ile, recommençant ses carnets d'observations dans les parties les moins dangereuses afin de s'acclimater aux bruits et aux odeurs... dans l'optique de pousser un jour plus loin.

Aamir est un homme curieux. Maladivement, non, mais sa soif d'aventure et sa curiosité peuvent parfois le pousser à franchir certaines barrières, quitte à le mettre en mauvaise posture. Sa vivacité d'esprit a été forgée par cette capacité à se mettre dans des situations parfois compliquées, pour se sortir desdites situations, notamment vis-à-vis du clergé Thélémite et de leurs réponses toutes faites. Il a d'ailleurs gardé de cette période une certaine méfiance pour tout ce qui touche au religieux, et une propension à la rancune assez vive et tenace.

Malgré une apparence impressionnante et involontairement hostile, il est amical, souvent le sourire aux lèvres ou le bon mot pour rire, d'aucun diraient même jovial. S'il n'est pas bagarreur contrairement à ce qu'on pourrait penser en le voyant, il ne se laisse pas pour autant marcher sur les pieds et n'hésite pas à faire parler les poings quand la situation l'exige. L'honneur n'est pas vraiment une notion essentielle chez lui, causant d'avantage de problèmes que de solutions de son point de vue. Tout le monde peut l'aborder, il n'a pas de préjugés et peut tailler le bout de gras avec des gens de la haute société comme avec le mendiant dans la rue.

En parlant de société, Aamir n'est pas quelqu'un de reclus. Ne crachant pas sur une bonne soirée entre amis où boisson et rires volent à foison, il apprécie aussi le calme, lire au coin du feu, un bon verre sur la table et sa fidèle pipe à la bouche. Il reste néanmoins mal à l'aise dans les soirées et réceptions mondaines où le statut de son père l'oblige souvent à aller, maitrisant mal les subtilités et les codes de ce milieu. Relativement à l'aise avec les femmes, les dames de la haute société représentent pour lui quelque chose d'intimidant, malgré les bonnes manières dont il a hérité de son éducation, il se sent extrêmement maladroit avec elles. Cœur à prendre, il cherche, de loin en loin, celle qui pourrait devenir sa moitié, qu'elle soit de haute extraction ou non.