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Mieux vaut être vieux que d'être mort

Shayda
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Shayda
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Occupation : Médecin - Alchimiste
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« Et tu dis qu'il habite où ? Un peu avant Vil... Vig... Vigna...
- Vígnámrí, oui.
- Ce n'est pas très loin, du coup ?
- Pas loin, non. Pas beaucoup à marcher.
»

Au moins, elle parle mieux le "renaígse" que moi le "yecht fradí". Ça aide. Depuis quelques semaines que je suis ici, je n'ai pas encore réussi à trouver une bonne raison de sortir de la ville d'Hikmet. Pourtant, on pourrait croire qu'en tant que médecin, on me laisserait partir dans n'importe quelle expédition. Et c'est probablement le cas. Mais si j'ai bien compris, les expéditions se font rares depuis la fête de l'équinoxe. Et comme ces dernières semaines ont surtout été concentrées sur notre installation sur place, et que je n'ai commencé mes visites qu'il y a une dizaine de jours, je ne suis pas encore bien au courant de ce qui se passe vraiment sur place. Je dois me référer pour tout à Kamil, le marchand qui m'a fait venir ici, à Hikmet. Tout passe par lui depuis que nous sommes ici, et ça me fait bizarre de dépendre quelqu'un. Et le garde qu'il a mis à mon service, Victor... J'ai surtout l'impression qu'il me surveille. Je me sens comme un oiseau en cage.

Alors j'ai profité de cette petite balade en ville, pendant que le Garde était de repos, pour m'éloigner un peu des beaux quartiers dans lesquels je traîne toujours. J'ai même réussi à sortir de la ville et me balader dans les champs alentour. C'est comme ça que j'ai rencontré cette Native. Ce n'est pas la première que je vois, mais c'est probablement la première que je soigne. Elle toussait. Forcément, ça interloque n'importe qui. Je l'ai auscultée, elle m'a autorisée à piquer son doigt, et j'étais extrêmement rassurée en voyant briller la goutte vermeil. Après lui avoir confié un baume pour ses bronches et lui avoir montré comment se l'appliquer, elle m'a parlé de ce vieil homme. Je n'ai pas vraiment réussi à comprendre si c'était un parent ou juste une connaissance, la conversation n'était pas très claire, mais une chose est sûre : il est vieux, il est seul, et il s'isole. Rien de rassurant. Tout pour me donner envie d'aller fourrer mon nez là-dedans.

Je prends congé de la jeune femme, et je réfléchis. Je ne connais absolument pas la région, je ne suis même pas encore vraiment quitté Hikmet. Je suis techniquement à l'extérieur, mais totalement incapable de partir seule à l'aventure. J'hésite à me rendre au laboratoire et y chercher quelqu'un qui pourrait m'aider. Au moins je sais y aller, là-bas. Mais mes pas me guident très naturellement vers la taverne du Denier. Hé, je ne savais pas qu'elle était là ! Pourtant, je suis déjà passée dans cette rue, mais comme je suis toujours surveillée et accompagnée, mon esprit devait vaquer ailleurs quand c'est arrivé. Je passe la porte, et l'ambiance si familière des tavernes me revient d'un coup. Un sourire sur mes lèvres. C'est agréable, comme de retrouver un vieil ami perdu de vue depuis longtemps. Je regarde quand même longtemps alentour, de peur de retrouver les yeux noirs de Victor me fixant depuis un coin, mais il ne semble pas être dans le coin. Bien.

Droite sur ma chaise, je sirote mon verre de vin hors de prix quand la serveuse m'approche avec un sourire pour me demander si j'ai besoin d'autre chose. On a fait un brin de conversation quand je suis entrée, de quoi m'attirer sa sympathie. Je saisis sa main doucement, et j'y pose une pièce alors que je lui explique d'un ton doucereux qu'il me faut un guide, quelqu'un qui connaisse bien la région, et qui pourrait me faire sortir d'Hikmet sans attirer les regards indiscrets. Elle acquiesce et repart vers le bar, je la vois discuter avec un de ses collègues. Ils me regardent, me sourient, puis repartent chacun de leur côté. Ça prend encore quelques minutes, avant qu'elle ne revienne vers moi, toujours avec son sourire dévoilant sa dent cassée.

« Suivez-moi, je vous prie. »

Je repousse ma chaise en me relevant légèrement pour éviter qu'elle frotte par terre, me saisis de mon verre encore à moitié plein, et je la suis à travers la grande pièce, alors qu'elle me mène à une petite alcove tranquille. Et bien, je suis ravie de voir qu'on a toujours accès aux mêmes genres de services dans les tavernes du Denier de ce côté du monde. Espérons maintenant que la personne avec qui on est sur le point de me mettre en contact soit tout aussi efficace...
Alphonse Fléchard
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Toute une caisse de belles soieries tombée dans la rivière. Apparemment le courant était assez fort pour emporter un gosse, mais un enfant au moins on se serait peut-être donné la peine d'aller le récupérer. Du moins, c'est ce qu'aimait à espérer Alphonse, lorsqu'il était enfin parvenu à mettre la main sur le colis en aval. Comme il s'y attendait, la caisse avait éclaté, et les tissus gorgés d'eau et pour certains, de boue, ne donnaient guère envie de se draper dedans. Qu'à cela ne tienne, il en fallait plus pour se mettre entre le soixantenaire et de l'argent facilement gagné.

S'accrochant aux branches, usant de son allonge, parfois d'un outil rudimentaire mais très efficace comme un bâton, manquant de peu de finir à son tour à l'eau sous le regard fatigué de son chien Angelo, il avait fini, patiemment, par réussir à récupérer une petite vingtaine de pièces de tissu. En mauvais état, certes, mais qui feraient certainement le bonheur d'un teinturier ou d'une lavandière. En tous cas, c'était le plan.

Aussi, quelle ne fut pas sa déception lorsqu'on lui refusa systématiquement les "torchons" qu'il pavanait avec fierté. Il avait eu beau expliquer que ce n'était que de l'eau et un peu de boue, et qu'en-dessous la qualité du tissu restait inchangée, les commerçants se refusaient à les toucher, de peur - quelle idée non mais vraiment - d'attraper des "maladies".

Alors justement, il avait fini par changer son fusil d'épaule, et les avait proposées à des savants dont ce genre d'études était semble-t-il la spécialité. Mais était-ce un mauvais jour, était-ce parce qu'il était rouillé, aujourd'hui ça ne prenait pas et on lui avait fermé la porte aux nez plus souvent qu'à son tour.

En désespoir de cause, il avait fini par retourner voir le marchand qui lui avait raconté toute cette histoire de soieries perdues, mais ce dernier avait du mal à concevoir pourquoi il aurait dû payer une deuxième fois pour quelque chose qui techniquement n'avait jamais cessé de lui appartenir, et qui était dans un état tel qu'il ne pourrait sûrement rien en faire. Quelle mauvaise foi.

C'est donc à peine plus riche d'un pourboire de quelques pièces "pour l'effort" de s'être levé à l'aube et d'avoir crapahuté partout avec un tas de linge humide, que le vieil homme buvait sa frustration au coin du feu. Au moins était-il enfin au chaud - et au sec - et avait-il eu assez pour un bon verre d'alcool fort et un repas bien garni...

Mais alors qu'il songeait à ne repartir qu'après une sieste dans ce très confortable fauteuil près de la cheminée, la tenancière vient le trouver.

"Alphonse..." vient-elle lui dire à l'oreille, le sortant un peu de la torpeur dans laquelle il avait commencé à sombrer. "J'ai peut-être un boulot pour toi."

Le soixantenaire écarquille un peu les yeux, et se passe la main sur le visage, histoire de se réveiller complètement.

"Qu'est-ce qu'il y a ma fifille ?" lui demande-t-il avec affection, même si c'est le ton qu'il emploie avec une bonne majorité des gens qu'il connaît un peu. Cela a le mérite de la faire sourire.

"Une dame est là. Elle m'a donné la pièce, et je pense qu'elle en a d'autres et ne doit pas trop savoir quoi en faire. Elle cherche un guide pour la faire sortir de la ville, sans se faire voir - un mari jaloux ou un père sévère, si tu veux mon avis - et l'emmener jusqu'à un village de natifs. Tu connais la région, toi ?"

"Je sais lire une carte." lui répond-il en haussant nonchalamment les épaules. "Une dame qui a de l'argent et envie de s'encanailler chez les sauvages, en somme..."

C'est vrai que ça avait l'air tentant. Au moins, s'il tirait correctement son épingle du jeu, il pouvait rattraper le fiasco de la matinée et s'en sortir dans ses frais. Il inspira, se leva avec effort, rajusta son grand manteau long en cuir qui avait fini de sécher, siffla son chien, enfourna un de ses cigares dans son bec, et demanda à la tavernière sur le ton de la plaisanterie : "Comment tu me trouves ?"

"Toujours aussi beau." lui répondit-elle avec un rire dans la voix, et il lui fit un clin d'œil, lui laissant une pièce dans la main à son tour.

Il était temps de gagner sa pension de retraite, et il s'avança vers le comptoir où était assise la jeune médecin de l'Alliance du Pont.

"Bien le bonjour à vous, ma belle Dame. Alors, on a besoin d'un guide expérimenté ? C'est qu'en matière d'expérience, on fait pas beaucoup mieux qu'Alphonse Fléchard, votre serviteur !"
Shayda
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D'un oeil averti, un sourcil légèrement soulevé, je décortique mon vis-à-vis. D'un certain âge, mais encore vigoureux, le port ferme, le regard acéré, et cette lueur d'intelligence que j'aime reconnaître dans une personne intéressante. Je me lève en tirant un sourire d'un côté de mes lèvres, et lui tend gracieusement ma main pour qu'il la sert.

« Monsieur Fléchard, enchantée. Je me nomme Shayda. »

Je l'invite ensuite à s'asseoir en face de moi. Je suis curieuse. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Pourquoi fait-il encore ce genre de sales boulots à son âge ? Mais les questions vont devoir attendre. Comme lors d'un premier rendez-vous amoureux, il s'agit désormais de cerner rapidement les intentions de l'homme qui me fait face, et de trouver un terrain d'entente pour nous permettre d'avancer vers un objectif commun.

« J'ai cru comprendre que vous seriez capable de me guider sur le territoire. Je cherche un vieil homme qui s'est isolé dans une cabane, non loin de Vígnámrí. »

Oui, je me suis entraînée à le dire correctement.

« C'est ma première sortie en territoire sauvage depuis mon arrivée sur l'île. Je sais que les expéditions sont de plus en plus rares et coûteuses, et j'ai de plus besoin que celle-ci soit discrète. Je n'ai pas envie d'attirer l'attention. »

Mon généreux bienfaiteur verrait très certainement d'un mauvais oeil que je sorte de la ville, même bien accompagnée. Alors si c'est d'un inconnu en plus... Mais je ne veux pas impliquer Victor là-dedans, je refuse qu'il fasse un rapport à Kamil. J'ai mes façons de faire, j'ai mon indépendance, et je refuse qu'il surveille le moindre de mes faits et gestes. Ce serait probablement plus simple d'aller le lui dire en personne, mais ce n'est pas ma façon de faire. Et puis je lui suis redevable. Et que je le veuille ou non, je suis encore à sa merci, pour l'instant. Mais pas pour toujours. Notre accord commercial tacite nous convient à tous les deux, mais je refuse de travailler au service d'une seule personne pour le reste de mes jours. Mes connaissances doivent servir à aider le plus grand nombre, pas les intérêts d'un seul homme. Tout aussi ami ait-il pu être avec ma mentor.

J'ai une petite pensée pour Viviane à cet instant. Que penserait-elle de mon entreprise ? Me dirait-elle que je suis folle, de vouloir aller ausculer un vieillard esseulé dans un territoire dangereux ? Que je risque tout ce que j'ai entrepris, pour de simples rumeurs ? Non, je pense qu'elle aurait compris. Viviane était marchande, animée par l'or, mais elle avait des valeurs. Et puis, elle aurait probablement aussi compris, mon désir de liberté, mon besoin de m'évader, ma magnifique excuse pour me carapater. Je ne peux pas être venue sur ce continent pour laisser mes dons pourrir, enfermée dans une ville austère, et obligée de soigner les rhûmes des riches et d'étudier quelques cobayes qu'on me ramènerait derrière une vitre de protection. Je dois aller voir par moi-même, expérimenter par moi-même. Je dois être témoin de ce nouveau monde.

« Etes-vous familier de la zone, monsieur Fléchard ? »
Alphonse Fléchard
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« Monsieur Fléchard, enchantée. Je me nomme Shayda. »

Prenant la main tendue de la jeune femme dans la sienne, le vieil homme la serre chaleureusement. Tout sourire, il ne manque pas de détailler celle qui va très certainement devenir sa future cliente sous peu - si tout se passe comme il l'espère.

Elle a l'air jeune, et comme l'avait prévenu la tenancière, plutôt fortunée. Il n'y avait qu'à compter le nombre de bijoux dans les cheveux pour s'en rendre compte, c'était pas la pécore du coin qui pouvait se payer ça. Plutôt bien faite de sa personne, elle devait faire tourner de la tête les jeunots des environs, à moins que ça ne soit le genre de fille à papa enfermée dans une cage dorée depuis l'enfance, pomponnée par une armée de gouvernantes. Mais si c'était le cas, qu'est-ce qu'elle fichait ici ?

« J'ai cru comprendre que vous seriez capable de me guider sur le territoire. Je cherche un vieil homme qui s'est isolé dans une cabane, non loin de Vígnámrí. »

Articulant un "Oh" muet, tout en hochant la tête, Alphonse essaie de mémoriser le nom qu'elle vient de lui donner, tout en sachant pertinemment d'avance que c'est peine perdue.

Vinari ? Non, tant pis, tant pis, le soixantenaire se force à rester attentif à la suite...

« C'est ma première sortie en territoire sauvage depuis mon arrivée sur l'île. Je sais que les expéditions sont de plus en plus rares et coûteuses, et j'ai de plus besoin que celle-ci soit discrète. Je n'ai pas envie d'attirer l'attention. »

Ça faisait pas mal d'informations à traiter. Déjà, la petite dame était visiblement prête à payer rubis sur l'ongle, et avec un bonus pour la discrétion en prime. Est-ce qu'elle cherchait juste des sensations fortes, à sortir de la ville en douce ? Il y avait certainement moins cher et plus rapide.  Comme partout ailleurs, Hikmet ne manquait sûrement pas de jeunes désœuvrés prêts à dilapider la fortune familiale en alcools forts et charmantes compagnies. Et là où y'avait de la demande, y'avait de l'offre.

« Êtes-vous familier de la zone, monsieur Fléchard ? »

"Disons que je suis surtout familier du transit de marchandises - ou de personnes - par des chemins détournés. Et comme vous le mentionnez, de façon aussi discrète que possible. Même s'il y a un sus pour le boulot que ça demande, bien entendu."

Après tout, il n'allait pas se brader, alors que son interlocutrice avait l'air toute disposée, pour une fois, à lui verser une belle somme bien rondelette.

"Ceci étant, je vous prie de me pardonner ma curiosité, mais comme c'est elle qui m'a maintenu en vie aussi longtemps il me faut l'écouter, et de fait vous poser plusieurs questions."

De sa poche, il tira son étui à cigares, et d'un geste tendu vers Shayda, lui en proposa un avec amabilité. Les gens avaient tendance à refuser, mais par courtoisie il continuait de le faire machinalement.

"Tout d'abord, et en partant du principe que j'accepte de vous escorter jusqu'à ce village..."

Il n'essaya même pas de prononcer de nouveau son nom, "ce village" ça suffirait bien.

"...est-ce que vous serez seule avec moi ? Ou dois-je m'attendre à quelques dames de compagnie ? Un valet, peut-être ? Un majordome, sans doute ?"

Alphonse doutait que la jeune femme veuille vraiment effectuer la route seule à seul avec un vieux type et son chien, rencontrés à la taverne. Et partir du principe qu'elle serait accompagnée par une ribambelle de serviteurs ne lui paraissait pas aberrant.

"De plus" ajouta-t-il "de qui chercherons-nous à nous cacher, exactement ? C'est que, ce n'est pas vraiment la même chose, de chercher à échapper à un papa trop protecteur ou à un amant éconduit qui a, potentiellement, des amis armés."

Ha ça, d'expérience, il savait que courtiser la femme d'un autre ou la fille d'un gradé à qui il valait mieux ne pas faire les yeux doux, ça vous gagnait bien souvent un tir de tromblon dans le séant. Mais à l'époque, le risque était presque aussi attrayant pour le jeune Alphonse que l'or. Une chance, il s'était quand même bien calmé avec l'âge. Pour le goût du risque, s'entend.

"Et, enfin, ce vieil homme, dans sa cabane, que nous devons retrouver... il s'est isolé pour des raisons politiques ? C'est un alchimiste recherché pour charlatanisme, peut-être ?"

Aïe. Il avait peut-être parlé un peu trop vite, et se le reprochait d'ailleurs. "Bravo Alphonse, si ça se trouve c'est juste son grand-père, et sa famille veut pas qu'elle aille le voir, et tu viens de l'insulter jusqu'à la troisième génération. Espérons qu'elle ne soit pas trop sensible et se mette à pleurer, parce que si l'or te passe sous le nez deux fois dans la même journée, tu devras pleurer toi aussi !"
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Au fur et à mesure des questions de Fléchard, un petit sourire vient naître sur mes lèvres. Elles sont nombreuses, alors ça me permet de prendre le temps de détailler l'individu devant moi. Il a un certain âge, ce qui peut se traduire par une certaine expérience. Il a l'air très vigoureux, d'ailleurs, pour un homme de sa génération, bien, je n'y vais pas pour soigner deux personnes différentes. Il faudra malgré tout que je pense à prendre quelques onguents pour les fatigues musculaires et les rhumatismes. On ne vit pas aussi bien aussi vieux sans se traîner quelques blessures mal guéries. Et ça m'embêterait qu'il tombe de fatigue à la moitié de notre sympathique randonnée.

Il me tend un cigare, et je fais un petit signe de la main pour refuser. En d'autres circonstances, probablement, mais là je ne veux pas rentrer au bercail avec l'odeur du cigare sur mes vêtements. Je fume la pipe, dans mon bureau. Une vieille habitude que je tiens de Viviane. Ça m'aide à me détendre, je prends quelques grandes inspirations et je m'oxygène à grands coups de tabac boisé. S'il me propose à nouveau un cigare sur la route, j'accepterai probablement. Ce n'est pas la même chose, mais l'intention au final est la même. La respiration et la relaxation.

Mon sourire disparaît un instant, et je fronce les sourcils, quand il me pose la question de la compagnie qui va nous accompagner. Puis je souffle du nez, me détend à nouveau et mes lèvres se relèvent à nouveau. Je sais de quoi j'ai l'air, je sais pourquoi il pense comme ça. Après tout, je travaille cette apparence, en permanence. Elle est mon arme et mon armure à la fois. Bien plus efficace que le kard que je cache dans ma botte. Ses questions continuent, il est définitivement bien curieux pour quelqu'un que je m'apprête à payer pour sa discrétion. Je ne manquerai pas de lui en faire la remarque, quand le moment sera adéquat.

« Que de questions, monsieur Fléchard. Vous n'avez pas besoin de tout savoir sur moi, je ne voudrais pas que le bonus que je vais vous verser pour votre discrétion augmente grâce au nombre d'informations que vous allez détenir sur moi. Sachez juste que je suis médecin, et que je veux ausculter cet homme qui s'est isolé de son village. »

Il va probablement penser que je cherche à disséquer un Natif. Après tout, mes collègues paieraient cher pour ce spectacle. Et ce ne serait pas sans intérêt, évidemment. Mais non, la jeune femme que j'ai soigné un peu plus tôt m'a demandé d'aller soigner cet homme, et j'ai bien l'intention d'accéder à sa requête. Rien de plus simple.

« Il ne s'agit que de faire mon travail, je vous rassure. On m'a parlé de lui, des gens s'inquiètent de sa santé. Rien de plus. Et pour répondre simplement au reste de vos questions : je suis actuellement sous contrat avec un riche marchand de l'Alliance qui, malgré la nature non exclusive de ce contrat, ne voit pas d'un très bon oeil que je travaille ailleurs. Notamment en dehors de la ville. Il s'avère être un tout petit peu trop protecteur à mon goût. C'est la première fois que j'ai l'occasion de sortir dans mon garde du corps, et j'ai bien l'intention de lui fausser compagnie pour partir avec vous. Seule. Je ne tiens pas à avoir tous les yeux des curieux domestiques de mon employeur posés sur moi. »

Je le regarde fixement à travers le nuage de fumée. Voilà que je lui ai donné beaucoup d'armes contre moi, et je n'ai toujours pas la certitude qu'il soit adéquat pour le travail que je lui demande d'exécuter. Il est tout de même resté assez vague sur ses qualifications. Hormis le fait de me rassurer sur sa discrétion, avant de me poser mille questions.

« Vos... comment vous dites ? Vos chemins détournés, oui, c'est ça, sont-ils capables de vous mener aux villages Natifs ? Avez-vous déjà été en contact avec eux ? Parlez-vous leur langue, surtout ? Sinon, il nous faudra peut-être un interprète. Dans ce cas nous ne serions pas que tous les deux, mais peut-être avez vous quelqu'un dans vos connaissances qui soit capable de remplir cet emploi ? »

J'essaye de le cerner, avec mon air naïf. Qui est-il vraiment, quels sont ses atouts. Pourquoi m'a-t-on mené directement à lui quand j'ai parlé d'un voyage discret ? Transit de marchandises par des chemins détournés... oh. C'est un trafiquant, probablement. Ou un contrebandier ? Un mercenaire ? Ou alors directement un brigand ? Dans tous les cas, une personne dont il faut se méfier. Je m'en doutais, après tout, vu la teneur de ma demande. Il faudra juste que je fasse attention à ce que ce forban va me proposer. Rester sur mes gardes, c'est tout à fait dans mes compétences, ça.

Alphonse Fléchard
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« Que de questions, monsieur Fléchard. Vous n'avez pas besoin de tout savoir sur moi, je ne voudrais pas que le bonus que je vais vous verser pour votre discrétion augmente grâce au nombre d'informations que vous allez détenir sur moi. Sachez juste que je suis médecin, et que je veux ausculter cet homme qui s'est isolé de son village. »

Bon, au moins ce n'était pas son grand-père, et ce n'était pas un alchimiste charlatan fichu à la porte pour des raisons politiques. On progressait, mais on restait aussi beaucoup dans le flou. Un vieux natif ? Cette question allait attendre un peu, il fallait d'abord la rassurer, tout de suite.

"Oh, je tiens à vous rassurer, tout de suite. Je ne cherche absolument pas à tout savoir sur vous. Non pas que ça soit absolument passionnant, je n'en doute pas..."

Il en doutait, mais ça serait terriblement mal poli d'être aussi franc du collier avec une cliente.

"...mais je m'intéresse avant tout aux paramètres à prendre compte pour vous faire sortir "discrètement", comme c'est ce qui a l'air de vous tenir à cœur. Tenez, je vais vous expliquer."

Se réajustant sur sa chaise, le vieil homme lui fit face, et se mit à entrer dans les détails. Après tout, cela impliquait de parler, et parler, Alphonse adorait ça. Surtout avec les mains.

"Pour reprendre l'exemple du Papa ou de l'amant éconduit. Dans le premier cas, le Papa, s'il nous surprend, il va chercher à vous faire revenir à Hikmet. Dans le second cas, l'amant, s'il nous surprend, il va chercher à vous éloigner d'Hikmet. Alors vous allez sûrement me répondre que dans ce cas-là on a qu'à pas se faire surprendre en premier lieu, et vous n'auriez pas tort. Mais prévoir une issue de secours, en tenant compte de qui on a aux fesses, c'est ce qui permet de se tenir prêt et de pas de se faire surprendre avec le pantalon sur les chevilles."

Bravo Alphonse, très distingué.

"...si vous me pardonnez l'expression."

Après avoir toussé un peu, histoire de dissiper la potentielle gêne, le vieil homme enchaîne sur la question qui le taraudait, maintenant que le doute sur ses interrogations est probablement levé.

"Mais... si j'ai bien compris, vous êtes médecin. Et vous voulez aller voir... un vieux Natif qui vit dans une cabane aux abords d'un village rempli d'autres Natifs ?"

C'est que ça levait son lot de questions, ça aussi.

« Il ne s'agit que de faire mon travail, je vous rassure. On m'a parlé de lui, des gens s'inquiètent de sa santé. Rien de plus. Et pour répondre simplement au reste de vos questions : je suis actuellement sous contrat avec un riche marchand de l'Alliance qui, malgré la nature non exclusive de ce contrat, ne voit pas d'un très bon œil que je travaille ailleurs. Notamment en dehors de la ville. Il s'avère être un tout petit peu trop protecteur à mon goût. »

Ha.

Le patron donc. Et visiblement à mi-chemin entre le papa protecteur et l'amant éconduit... Jaloux, de surcroît. Si le contrat est pas exclusif, il a pas son mot à dire, mais s'il le dit quand même, c'est qu'elle veut pas le froisser quand il le dit en lui disant de pas le dire. Mais si, ça fait sens.

La situation semble néanmoins plus compliquée que ce qu'elle veut en laisser paraître. On ne paie pas un type dans une taverne pour qu'il vous fasse sortir de la ville en douce, si on peut en sortir en douce sans avoir à payer un type dans une taverne.

« C'est la première fois que j'ai l'occasion de sortir sans mon garde du corps, et j'ai bien l'intention de lui fausser compagnie pour partir avec vous. Seule. Je ne tiens pas à avoir tous les yeux des curieux domestiques de mon employeur posés sur moi. »

Un... un garde du corps ?

Pourquoi est-ce qu'elle aurait besoin d'un garde du corps, en pleine ville, en pleine journée ? Est-ce que sa vie est menacée ? Des types vont essayer de lui planter un coup de poignard à peine sortie ?

En même temps, réfléchis, Alphonse. Elle se balade seule avec trois kilos d'or dans les cheveux. On est en période de disette. Son patron a des domestiques qui ont sûrement des domestiques, bien évidemment qu'il lui collerait quelqu'un aux basques. Un type ou une pépée qui aurait pas grand chose à perdre et beaucoup à gagner serait bien avisé d'essayer de la menacer à coup de tesson de bouteille pour lui faire cracher son magot.

Tandis que le soixantenaire est visiblement en intense réflexion, ses yeux s'agrandissant à plusieurs tailles de soucoupes différentes, la jeune femme poursuit.

« Vos... comment vous dites ? Vos chemins détournés, oui, c'est ça, sont-ils capables de vous mener aux villages Natifs ? Avez-vous déjà été en contact avec eux ? Parlez-vous leur langue, surtout ? Sinon, il nous faudra peut-être un interprète. Dans ce cas nous ne serions pas que tous les deux, mais peut-être avez vous quelqu'un dans vos connaissances qui soit capable de remplir cet emploi ? »

Allons donc. Bien sûr que le vieil homme n'était plus de première fraîcheur, mais il en avait encore sous le pied.

"La première étape, ma belle dame, pour vous mener où que ce soit discrètement, ce sera surtout de réussir à passer l'avant-poste. Les Gardes postés aux abords des entrées de la ville ont récemment eu droit à une belle baston avec les Natifs, et ils sont particulièrement vigilants sur les allers et venues de quiconque espère entrer... ou sortir."

Davantage pour ceux qui voulaient entrer que pour ceux qui voulaient sortir, d'ailleurs... mais ça, Alphonse se gardait bien de le signaler, pour le moment du moins. Ce serait un souci pour plus tard.

"Ils interrogent les gens, posent beaucoup de questions et font un constant rappel des règles, avec énormément de paperasse en prime. Très procéduriers. Faut pas vraiment espérer que ça ne se sache pas que vous êtes sortie, si vous devez leur répondre. Ça laissera forcément une trace. Et qui dit trace, dit que votre patron qui vous colle un garde du corps aux miches sera au courant..."

Posant sa main sous son menton, s'accoudant au comptoir, le vieil homme ne peut s'empêcher de demander.

"Et puisqu'on en est à parler de garde du corps... vous avez des ennemis dans les parages, Shayda ?"

C'était encore la façon la moins directe de lui demander pourquoi son patron payait un bonhomme pour la suivre à la trace toute la journée. Si elle voulait un chien, y'en avait sûrement des plus mignons.
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Je sais pas pourquoi, malgré l'impression qu'il veut me la jouer à l'envers, je l'aime bien. Et clairement, je me rends compte au vu de ses questions, que je ne connais vraiment rien sur ce nouveau continent et ses moeurs. Est-ce que c'est si étrange que ça, de vouloir aller aider un Natif qui risque d'en avoir besoin ? J'ai bien compris que les relations entre l'Alliance et les Natifs n'étaient pas au beau fixe, mais je suis médecin pardi, c'est mon rôle de faire ce genre de choses ! Est-ce que je vais devoir lui mentir et lui dire que je veux faire comme tous mes confrères et étudier le malheureux, voire même essayer de récupérer son corps ?

Je n'ai rien contre les dissections, en soit, elles nous permettent de mieux comprendre le corps humain, et étudier celui d'un Natif est encore plus novateur, mais là je m'inquiète juste de sa santé... La jeune femme que j'ai rencontré plus tôt voulait s'assurer qu'il allait bien et a placé sa confiance en moi, je ne peux pas la laisser tomber après lui avoir promis d'y aller. C'est une question de principes. Devant son inquiétude de se faire prendre, je me dois de le rassurer malgré tout.

« Monsieur Fléchard, nous n'allons rien faire de répréhensible. Je suis médecin, je vais ausculter un vieil homme à la demande de quelqu'un qui le pense malade. Je ne fais que mon travail. Ce n'est pas une expédition, pas un chargement illicite. Je ne veux de la discrétion que pour échapper au regard trop protecteur de mon employeur et de mon garde du corps. »

Inutile de lui dire que je tiens à m'affranchir d'eux pour récupérer ma liberté complète, ce sont des concepts dont je n'ai pas à discuter avec un simple mercenaire. Mais j'en rajoute une couche malgré tout, j'espère que ça va le calmer, ainsi que ses scénarios farfelus.


« Si tant est que nous soyons pris, nous n'aurons rien à nous reprocher, et s'il faut revenir car cela ne plait aux autorités, nous pourrons le faire. Même si je préférerais encore aller au bout de mon entreprise sans éveiller l'attention, je suis prête à payer un bonus pour cela. »

Et mes raisons me regardent. Quand l'intelligencia de l'Alliance commencera à mieux me connaître dans le coin, et que je devrais, comme quand j'étais sur Gacane, assister à des salons et des conférences, minauder et politiquer, je n'aurais pas autant la facilité de disparaître comme ça dans la nature pour aller faire du travail de terrain. Et je préfère qu'on ne sache pas ce que je fais, de peur qu'on juge ça impropre à ma stature. Ah, s'ils savaient qu'ils parlaient à une fille des rues... Mais je dois maintenir les apparences, autant que possible.

Enfin, la question des ennemis. Evidemment que j'ai des ennemis, mais personne qui n'attenterait directement à ma vie. Kamil a mis Victor à mon service pour assurer ma protection mais surtout pour me surveiller et veiller à ce que mon mérite lui revienne. Je sais très bien que je ne suis qu'un outil pour lui. Sous couvert de vouloir me protéger des dangers du nouveau monde, il a réussi à poser un mouchard sur mon épaule. Dois-je faire l'ingénue, ou y aller franchement avec le probable contrebandier ? Un peu des deux, probablement.

« Teer Fradee est une île dangereuse. Mon employeur a jugé bon de mettre un garde à mon service pour éviter que quoi ce soit ne m'arrive. Vous faut-il plus grands ennemis que les créatures gigantesques qui rôdent dehors et la flore inconnue capable de terrasser un lion ? Aucun être humain n'en veut particulièrement à ma santé, il ne manquerait plus que ça. »

Et oui, mon gars, il cherche juste à protéger son trésor sur pattes. Tu en tirerais probablement plus si tu me kidnappais et que tu demandais une rançon d'ailleurs, mais j'espère que tu vas pas le comprendre trop vite. Surtout, que tu vas t'apercevoir que je peux devenir une cliente régulière et te rapporter beaucoup, sur le long terme. Si tout se passe bien, s'entend.

« Avez-vous encore des questions, ou nous pouvons parler d'un prix, et de la façon dont vous comptez nous faire sortir de la ville sans nous faire repérer ? A moins que vous ne comptiez me préparer à répondre à toutes ces fameuses questions ? »

J'ai un petit rire en imaginant la séance d'études qui pourrait s'en suivre. Retour à l'Académie, mais pour les malfrats. Ça me changera, tiens. Je ne peux pas me retenir d'être stimulée par cette aventure à venir, le sang pompe fort sous ma poitrine et j'ai une petite montée d'adrénaline. Aller enfin fouler les terres vierges de Teer Fradee m'enchante, je peux pas le nier.  

Alphonse Fléchard
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Alphonse Fléchard
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« Monsieur Fléchard, nous n'allons rien faire de répréhensible. »

Ce serait une première. Il serait payé pour faire quelque chose d'honnête ? Et pourquoi pas travailler, tant qu'on y était. Quelle horreur, pouah.

« Je suis médecin, je vais ausculter un vieil homme à la demande de quelqu'un qui le pense malade. Je ne fais que mon travail. Ce n'est pas une expédition, pas un chargement illicite. Je ne veux de la discrétion que pour échapper au regard trop protecteur de mon employeur et de mon garde du corps. »

Admettons. Alphonse, pas convaincu pour autant, hoche la tête en ayant l'air de l'être.

« Si tant est que nous soyons pris, nous n'aurons rien à nous reprocher, et s'il faut revenir car cela ne plait aux autorités, nous pourrons le faire. Même si je préférerais encore aller au bout de mon entreprise sans éveiller l'attention, je suis prête à payer un bonus pour cela. »

Bouarf. Après tout, le client est roi comme on dit, et si la jeune femme voulait le payer pour qu'il la fasse sortir de la ville en douce, du moment qu'il était bien payé et que ça n'impliquait pas de devoir se frotter à des abrutis en armes - la pire race d'abrutis ! - ce n'était pas un si mauvais marché, bien au contraire.

« Teer Fradee est une île dangereuse. Mon employeur a jugé bon de mettre un garde à mon service pour éviter que quoi ce soit ne m'arrive. Vous faut-il plus grands ennemis que les créatures gigantesques qui rôdent dehors et la flore inconnue capable de terrasser un lion ? Aucun être humain n'en veut particulièrement à ma santé, il ne manquerait plus que ça. »

C'est vrai qu'il y avait les bestioles, dehors. Alphonse en avait déjà croisé quelques-unes, plutôt balaises et souvent en troupeaux, et fort heureusement soit elles étaient plutôt du genre placide, soit elles avaient déjà bien mangé et n'envisageaient pas de se faire les crocs sur un vieillard peu ragoutant.

« Avez-vous encore des questions, ou nous pouvons parler d'un prix, et de la façon dont vous comptez nous faire sortir de la ville sans nous faire repérer ? A moins que vous ne comptiez me préparer à répondre à toutes ces fameuses questions ? »

"Je vais partir du principe que vous m'avez dit ce que j'avais à savoir. Et vous prévenir que, le cas échéant, j'ai une politique d'assurance proche de zéro en ce qui concerne les potentielles menaces non-mentionnées par le commanditaire. Vous en seriez responsable, et je partirais très certainement aussi vite et aussi loin que me le permettent mes grosses jambes. En emportant votre avance, dont le montant se chiffrerait à ceci."

D'un geste, au moyen d'un crayon en bois tiré de son manteau aux innombrables poches, il écrivit la somme demandée sur un bout de papier volant, et le fit glisser vers Shayda. Le prix demandé, compte tenu de la situation, était somme toute raisonnable.

"La moitié maintenant, l'autre moitié à la fin de cette petite escapade. Nous partageons ainsi tous deux le risque de ne pas recevoir notre dû, mais que serait la vie sans un peu de risque, n'est-ce pas ?"

Tout sourire, il écrasa son cigare sur un cendrier prévu à cet usage.

"Si la somme vous convient, je vous prie de me retrouver, à midi, à cette adresse... et de préférence dans une tenue confortable, et à laquelle vous ne tenez pas trop. Voyagez aussi léger que possible. N'oubliez pas le reste du paiement pour le retour."

Si les conditions lui convenaient, Alphonse écrirait l'adresse en question sur le reste du bout de papier.
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