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Celui qui a fait naufrage tremble devant une mer tranquille - Marianne

Brid
A bord d'un navire naute, en vue de l'île
Brid
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Occupation : Cueilleuse
Pièces d'or : 16
Messages : 39
Congrégation Marchande : 4
Natifs : 6
Thélème : 3
Alliance du Pont : 3
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Citation : The heart is an arrow, it demands aim to land true
Inventaire : Bec au vent
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Brid était restée perchée un long moment en haut de la falaise battue par les vents. Cela faisait dix jours qu’une terrible tempête avait ébranlé les côtes de Tir Fradi. Brid n’en avait pas été affectée. Dans sa maison toute ronde, avec Saya sa chouette, elle s’était réchauffée auprès de l’âtre en laissant le vent hurler sa misère, la pluie tomber comme des flèches. Vignamri était réfugiée en bas d’une falaise, dans le bras tranquille de l’estuaire d’un fleuve. On n’y craignait pas le mauvais temps, et à dire vrai, Brid était plutôt excitée que les bourrasques aient décidé de se déchainer car la mer faisait inévitablement gros dos. Elle s’agitait parfois pendant des jours, à l’horizon Brid voyait des ondées s’y abattre. Elles signifiaient une chose : il fallait prendre son mal en patience.

Car bientôt, à force de scruter la forme et la direction de l’écume, les rais blanchards des courants, Brid chaque jour savait un peu davantage où les débris que la mer porterait allaient s’abattre. Une tempête voulait toujours dire des rebuts, et les rebuts c’étaient les trésors de Brid.

Le temps n’était toujours pas bon ce jour-là mais Brid n’en était pas troublée. Dans sa solide tenue de cuir, sa capuche entourée de fourrure autour de son visage pointu de lutin, elle était au sec. Il y avait eu un bruit terrible quand les premiers morceaux de bois et de métal s’étaient écrasés contre la falaise, mais à présent le niveau des flots descendaient. La marée se retirait. Et Brid attendait son heure. Les débris n’avaient pas choisi un endroit facile pour se glisser, c’était au bas d’une grande barrière de calcaire percée de trous dans lesquels les vagues remontaient et sifflaient. La bande de sable que dégageait la mer ne demeurerait pas bien longtemps au sec et d’elle jaillissait des pierres coupantes comme des aiguilles, grandes comme trois ou quatre fois Brid. Elle s’y faufilait sans bruit. Saya la suivait de loin. Le jour allait bientôt tomber, la chouette espérait probablement que Brid lui donnerait quelques coquillages à mâchonner. Ce n’était pas l’intention de la cueilleuse. Aujourd’hui, sa récolte serait tout autre. Elle avait crée un grand grattoir, avec un manche de bois et un morceau de métal. Elle ne savait pas le travailler, ni le fondre, ni le mettre en moule mais elle avait commencé à apprendre des choses à son sujet. Elle le polissait sur une grande meule et arrivait ensuite à le plier un peu, parce que la chaleur du frottement l’avait rendu plus souple. Un jour, elle saurait davantage.

La première chose que Brid trouva dans une caisse qu’elle ouvrit sans grand ménagement, elle la tint longuement entre ses mains, la tourna dans tous les sens malgré que l’objet soit très humide. C’était un manifeste de bord mais cela, la native ne le savait pas. Elle ne voyait que du papier trempé et dedans, des formes à sa surface. Il lui semblait discerner des dessins. Il faudrait être doux pour décoller les pages, mais jamais encore elle n’était tombée sur quelque chose de similaire et dans un état de conservation aussi avancé. Elle l’enroula dans un morceau de tissu avec grand soin, le rangea dans sa sacoche, puis continua d’avancer.
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Celui qui a fait naufrage tremble devant une mer tranquille

Ft. Brid



La tempête essuyée il y a une dizaine de jours de cela avait inquiété bien des personnes à Nouvelle-Sérène. Nautes comme personnes de la Congrégation, on espérait que les marchandises qui devaient arriver arriveraient bien à bon port, et surtout en bon état. Les Nautes étaient, bien entendu, confiant dans leur maitrise de la mer et voulaient rassurer les commerçants en attente de caisses. Cependant, la "magie" des Nautes semblait avoir ses limites, car même si les bateaux étaient bien arrivé, l'un d'entre eux avait subis une avarie qui avait fait basculé par-dessus bord des caisses.

La perte faisait bien entendu scandale, et les Nautes faisaient leur possible pour récupérer ce qui avait été perdu. Des patrouilles avaient été organisé le long de la côte en espérant que les caisses finiraient par venir, mais l'incertitude était là, tout comme les aplombs difficiles de la rive à l'endroit prévu ne donnait pas beaucoup d'espoir pour retrouver les affaires intactes. Peu confiant envers les Nautes, ou peut être juste par soucis de zèlitude, l'un de marchands ayant perdu ces marchandises m'avait commissionné pour effectuer également des recherches. Il n'avait guère confiance envers les hommes de la Garde, craignant qu'ils ne gardent pour eux ce qu'ils trouvaient. Mais j'étais une femme d'affaire, et je savais pertinemment que j'avais plus d'intérêt à donner ce que j'avais trouvé plutôt que d'essayer de le garder ou de le revendre. Cette requête avait été validée par mon employeur, qui voyait en cela une opportunité pour obtenir les faveurs de ce marchand et montrer que la gouvernance de Nouvelle-Sérène se souciait d'eux.

Me voilà donc sur les routes, en direction du pan de côte qui selon les quelques connaisseurs risquait de ramener avec la marée et les vagues les cargaisons perdues. Le risque que des pillards soient de la partie n'était pas nul, aussi je prenais mes précautions. La zone s'étendait sur le Sud Est de la côte, et selon les informations que j'avais pu récupérer les plus fortes chances d'échouages avec les courants seraient non loin du village de Vignamri. Cela me posait un double problème... Le premier, c'était que cette zone n'était pas vraiment réputée pour être facilement accessible avec ses falaises raides et ses roches coupantes. Le deuxième souci, c'est que la zone est en plein territoire natif. Le risque qu'ils aillent piller ce qu'ils trouvent était sans doute plus élevé que de rencontrer des bandits en cherche de pillage. Je n'avais pas rencontré beaucoup de natifs jusque là, voir presque pas. Je n'étais pas à l'aise avec tout ce que j'entendais, mais de ce que j'avais entendu rares étaient ceux véritablement intéressés par ce que nous apportions. Peut être alors qu'ils laisseront les caisses tranquilles, pour peu qu'elles arrivent saines et sauves sur le rivage cela va sans dire.

J'étais partie en compagnie de quelques hommes, autant pour assurer la sécurité de l'opération mais aussi pour transporter les caisses que nous pourrions trouver. Clayton et Joshua, qui avaient plus la carrure de Gardes du deniers que de marchands, consistaient en mes principaux bras fort de défense. L'un était un bon tireur de pistolet tandis que l'autre préférais largement son épée à deux mains. Il y avait également trois aux mercenaires engagés pour l'occasion, qui allaient servir autant à défendre en cas d'attaque que de porter sur la carriole ce que nous pourrions trouver. Nous avions avec nous en effet une petite carriolée tractée par un de ces boeufs locaux, pouvant contenir quelques caisses. Si nous en trouvions beaucoup, ce dont je doutais fortement, il faudra les cacher sur place pour récupérer le reste sur place. Nous prenions le chemin de l'Est, restant sur des sentiers balisés tant que nous étions sur la route d'Hikmet. Mais quand il fallu bifurquer vers la côté avant le village des natifs, la route boueuse fut moins aisée. Nous avancions plus lentement, mais nous atteignons enfin la côte peu avant midi. Là, se rapprochant des falaises pour voir ce que nous pouvions déjà observer, je laissais le soin à mon artilleur de chercher des indices.

"Clayton, est ce que tu vois quelque chose d'intéressant ? "

Posté sur une proéminence rocheuse avec sa longue vue en main, il scrutait non pas l'horizon mais le rivage qui s'étendait plus loin. Le vent battait à nos oreilles, le bruit de la houle se fracassant contre les rochers ne donnant pas grand espoir sur ce que nous pourrions trouver ici. Pourtant...

"Il y a... Je crois voir quelque chose contre les rochers. Cela ressemble à une caisse mais... avec la marée actuelle ça ne sera pas possible de l'atteindre. Il faut attendre que la mer se retire un peu, et trouver un chemin. Dans quelques heures je pense."

La chance serait donc de notre côté ? Je lui faisais confiance pour savoir faire la différence entre du bois flotté et une caisse marchande, sa vue était suffisamment bonne pour ça. Je souriais légèrement, donnant de suite mes ordres au reste de la troupe.

"Bien, dans ce cas là montons un campement en attendant. Joshua je te laisse sécuriser le périmètre, Clayton continue de garder un oeil sur cet endroit, et regarde si tu ne discernes pas un chemin que nous pourrions emprunter pour y descendre. Les autres, faites un feu et restez sur vos gardes."

Chacun s'affairait, mais Joshua posa une question pertinente.

"Et on fait quoi si on rencontre des pilleurs d'ici là ?"

J'haussais des épaules, répondant même si la chose me paraissait évidente.

"Si ce sont des Nautes on ne fait rien, ils sont sensé être missionnés pour récupérer les caisses comme nous. Par contre si ce sont des têtes de béret ou des natifs ont leur demande gentiment de laisser ça et de partir. Mais si ce sont de vulgaires bandits... Autant nettoyer la place et donner de quoi manger aux oiseaux."

Je connaissais que trop bien la décision stratégique de la gouverneure en ce qui concernait notre positionnement par rapport aux natifs, Thélémites et Alliance. Rester neutre et courtois, sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. Mais en ce qui concernait les bandits et autres pillards, il n'y avait aucune pitié à avoir. Pour les Nautes le plus grand respect était de mise, car sans eux pas d'échanges avec le continent. Cela me convenait, surtout que je savais qu'à partir du moment où je n'étais pas la première à rompre les négociations les choses pourraient aller dans le sens que je souhaitais. En attendant, il restait préférable de ne rencontrer personne. Nous vaquions chacun à nos affaires, attendant tout simplement. Je discutais avec Clayton, essayant de voir avec sa longue vue quel serait le meilleur chemin pour y aller, ce dont nous devions faire attention en descendant La mer descendait lentement, dévoilant petit à petit des pics de roches acérés. J'espérais que les caisses n'allaient pas s'y fracasser et libérer tout leur contenu, qui serait alors inutilisable. L'attente parut longue, et ce ne fut que lorsque l'après-midi fut bien entamé que Clayton donna le signal.

"Duisternis, la bande de sable est enfin dégagée. Les caisses reposent sur une barre rocheuse, et je crois qu'on ne va pas avoir beaucoup de temps pour récupérer le matériel. La nuit ne va pas tarder à tomber, et j'ai pas envie de me retrouver en bas sans rien voir quand la marée va remonter."

"Moi non plus Clayton. Alors bougeons nous et levons le camps, il faut rejoindre rapidement les cargaisons et voir ce qui peut être récupérer. En avant !"

J'annonçais notre départ, et rapidement après avoir éteint le feu nous nous remettions en route. Il nous fallut un peu de temps pour trouver l'endroit adéquat pour descendre vers cette portion de rivage. La carriole ne pouvait pas passer facilement, aussi il fut décidé qu'elle resterait plus haut sous surveillance. Je descendais avec Joshua, Clayton restant en haut avec les autres pour surveiller la situation. Il n'y avait rien de particulier, à part que la descente n'était pas si aisée et que j'étais bien heureuse d'avoir des gants. La roches était acérée, coupantes et rugueuse à vous blesser si vous ne faisiez pas attention. Nous étions presque arrivés sur la mince langue de sable en bord de mer, quand un bras de Joshua m'arrêta net.

"On dirait que nous ne sommes pas les premiers à arriver ici. Regardez, un natif."

Il me fit signe de ne plus avancer et de me coller contre la paroi rocheuse, comme pour nous cacher de quelque chose. Je m'exécutais, regardant à la dérobée ce qu'il y avait plus loin. En effet, une silhouette penchée sur les caisses était présente. A ces habits c'était un natif, aucun doute là-dessus. Par contre, aucune idée si c'était un simple pêcheur, chasseur ou bien un guerrier. Mais il avait l'air seul, et pour l'instant de dos ne semblait pas nous avoir vu. Le bruit de la mer se fracassant contre la barre rocheuse couvrait notre venue, mais rien ne disait que cela allait rester le cas bien longtemps. Je me rapprochais de Joshua, chuchotant.

"Vérifions s'il est seul, et inutile de l'attaquer de suite. Voyons si on peut juste le faire partir. Reste là prêt à agir si jamais les choses vont mal, je préfère y aller seule pour ne pas l'effrayer. Attendez mon signal si jamais il y a besoin d'agir."

Il hocha de la tête, tenant son arme à feu prête à être utilisée. Si le natif était seul, venir à plusieurs pourrait le brusquer et le rendre agressif. Mais en y allant seule, peut être que je pourrais l'amadouer et en savoir plus. Je sortais de ma cachette, m'approchant avec prudence. Par réflexe je fis mes pas les plus silencieux possible sur le sable, marchant en rythme du bruit des vagues pour brouiller les pistes. Et quand je fus enfin à une bonne dizaine de mètres de la personne, je me signalais par un pas un peu plus pesant sur le sable et un léger raclement de gorge.

"Mes salutations... n'est ce pas une belle après-midi pour se promener sur le rivage ? Et que de trouvailles que l'on peut faire, n'est ce pas merveilleux ? "

J'arborais mon plus beau sourire de marchand, parlant d'un ton agréable et doux. Je gardais mes mains bien en évidence, et surtout éloignées de mes armes. J'étais un peu excitée par cette rencontre, car c'était sans nul doute la première fois que je parlais avec un natif en dehors de notre ville. Et maintenant que j'étais plus près, je me rendais compte que c'était une native en face de moi. Peut être que cela facilitera les choses...

Brid
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Il y avait des gens sur la plage. Brid les entendit avant de les voir, des voix dans le lointain. Elle les ignora comme ils étaient vagues silhouettes qui semblaient tenir à leur anonymat en se recroquevillant contre la pierre. Brid sauta entre deux bancs de sable alors que l’écume léchait ses talons et continua sa cueillette. Elle s’accroupit pour récupérer ce qui ressemblait à une cordelette mais faite de métal. Il y avait aussi une sorte de pot – un encrier – qui avait résisté au fracas des vagues. Quand enfin l’un des étrangers se décida à aborder la native elle fit face à la femme, le visage paisible et les yeux attentifs, la tête un rien penchée de côté comme si cela lui donnait une meilleure vue sur la grande silhouette blonde.

Que dire ? Brid se demanda un instant s’il serait amusant de jouer aux idiotes, comme elle se plaisait à le faire, et de prétendre ne pas parler la langue de l’étrangère. Mais elle était accompagnée et peut-être que le navire lui appartenait, à elle et aux gens qui étaient avec elle et que Brid ne pouvait ni voir ni compter. Seules le son de leurs mots distordus lui étaient parvenus, ce n’était pas suffisant pour évaluer la situation.

Brid n’avait pas peur. Elle n’avait jamais peur, malgré les canons de feu des étrangers. Le Dieu aux milles visages voyait tout. Si son sang rejoignait l’écume, il saurait, et Brid se remettait à lui, à lui et au hasard. Il n’y avait parfois rien à faire que de laisser la situation se dérouler. Accepter que l’on ne possédait de contrôle que sur une portion restreinte de son existence était une idée qui apportait la paix à Brid. Elle pouvait se concentrer sur le nécessaire et écarter tous les détails inutiles.

Les secondes s’écoulaient et Brid continuait de dévisager la blonde en silence, son habillement, ses armes, penchant toujours la tête d’un côté ou de l’autre, curieuse. Elle finit par plonger ses yeux sombres dans les siens.

- Si.

Elle lui répondit dans sa langue.

- C’est ce que tu fais ? Une promenade ?

S’amusa la Native qui n’en croyait rien. Mais elle se prit au jeu malgré tout :

- Tu devrais te dépêcher. Tu vas avoir les bottes mouillées. La mer revient. Elle va t’enlever ton chapeau et salir le beau cuir. Dommage.

Brid regarda les flots, les vagues au loin et, tranquillement, jaugea :

- Le temps d’aller au bout jusqu’à la falaise et de revenir. Il y a des endroits mieux pour promener.

Elle laissa le bout d’une vague tremper ses propres pieds. Elle était au sec. On ne vivait pas sur Tir Fradi où les précipitations pouvaient durer des jours entiers sans savoir se protéger contre un peu d’humidité. Mais il y avait une limite. Ce n’était que la langue de la vague, son bout, inoffensif et sans force. Ce qui suivrait ne se contenterait pas d’émettre un chuintement mécontent en maculant le sable d’écume. La houle hurlerait comme un mourant.
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La jeune femme ne paniqua pas, se retournant simplement pour me regarder de ses yeux sombres. Je ne bougeais pas, continuant de montrer mes mains comme pour signifier que je ne lui ferais aucun mal. Ses yeux sombres m'observaient, et sa tête penchée me faisait presque penser à celle d'un d'un chien observant quelque chose d'intriguant. Pourtant, rien dans son regard ne faisait penser à un toutou apeuré. Il n'y avait pas de peur, une simple sérénité face à l'inconnu qui d'une certaine manière en imposait. Cette femme n'était pas simple. Et je fus encore plus étonnée quand elle répondit dans notre langue. Au début un simple mot, puis une phrase un peu plus élaborée qui laissait présager un esprit quelque peu... sarcastique ? Un sourire apparut sur mes lèvres, amusée par sa réponse autant que son attitude calme.

"Oui, en quelque sorte. Mais une promenade qu'on m'a demandé de faire."

Je restais où j'étais, à l'observer. Je restais aux aguets, au moindre signe de sa part qui pourrait faire penser qu'elle appelle des renforts. Mais elle était très calme, trop calme peut être. Quoi qu'il en soit, elle n'était pas du genre à garder sa langue dans sa poche et avait un certain sens de l'humour qui me fit encore plus sourire. J'en riais légèrement même, mes yeux pétillants d'une malice bienveillante.

"Ha ha ha ! Ce serait en effet dommage. Cependant je ne crains pas tant mon beau cuir ni mon chapeau. Je suis plus inquiète de ce que l'on m'a demandé de récupérer."

La native regarda la mer, mais je ne détachais pas mon regard d'elle. Elle fini par annoncer ce qui semblait être une prédiction des marées, confirmant ce que Clayton lui même avait annoncé. La mer allait revenir bientôt, nous n'allons pas avoir beaucoup de temps pour récupérer la marchandise. Je réfléchissais à toute vitesse, pesant le pour et le contre. Cette native n'avait pas l'air agressive ni même paniquée par ma présence. Elle avait de l'esprit et un certain sens de l'humour, ce qui déjà m'attirait de la sympathie. Je décidais donc d'être franche avec elle, pour voir ce qu'il en ressortirait.

"Un de nos navire a perdu ses boites, et on m'a demandé de me promener ici pour les récupérer si je les voyais. du haut de la falaise j'en ai vu ici, c'est pour cela que je suis descendue. Mais je ne savais pas que les vôtres étaient intéressés par ce qui s'échoue sur vos rivages, sans être de votre île. Je pensais que les vôtres n'aimiez pas ce qui viens de chez nous ?"

C'était un fait, car de ce que j'avais entendu rares étaient les natifs à accepter d'échanger avec nous, ce qui enrageait certains marchands qui voyaient en cela un affront au développement de leur commerce. Peut être qu'il y avait des exceptions à la règle, et en cela je devais définir au plus vite le statut de la native. Une simple curieuse désintéressée, ou bien une pilleuse concurrente ?

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Ce qu’on lui a demandé de récupérer ? Etait-elle une dos de fer ? Elle n’y ressemblait pas, mais Brid avait vaguement compris que les dos de fer étaient envoyés faire beaucoup de choses, notamment s’ennuyer ferme en accompagnant des gens du village des yeux jaunes. Les dos de fer étaient souvent jeunes et ne semblaient pas intéressés par grand-chose, ils avaient l’œil vides et certains buvaient des boissons qui puaient.

Ou peut-être le bateau appartenait-il à la femme ou à ce « nous » qu’elle répétait. Brid l’ignorait, c’aurait pu être un « nous » plus large, un « nous » qui voulait dire « nous », les étrangers.

- Il y a beaucoup de choses ici. Tout ne vient pas du dernier échoué.

Confirma Brid à la grande femme blonde. Si elle cherchait précisément quelque chose, ce pourrait lui être utile, car les débris des caisses se confondaient et se mêlaient dans le sable. Certaines devaient être anciennes. D’autres devaient venir de l’autre côté de l’île. Le ressac était fort ici, les raies blanchards des vagues crachaient des choses insolites, surtout après une tempête. Brid les suspectait de les arracher au fin fond de la mer, par gros temps, pour les ramener ici. Le seul problème…

- C’est ton bateau ? Tu devrais aller vite. Quand la mer reviendra elle sera forte et en colère. Elle pourrait tout reprendre et ne rien rendre avant des mois. Ou ne rien rendre du tout, jamais.

Comme pour appuyer son propos, à des dizaines de mètres la mer s’engouffra dans la falaise, et même à cette distance on entendit de façon très nette l’eau jaillir à la manière des vapeurs dans les sources de souffre des marais, tout en émettant un sifflement assourdissant. Toute la masse de l’écume retomba sur les flots avec vacarme.

Un trou du souffleur, c’est ainsi que Brid les avait appelé. Durant les grandes, grandes marées, Brid avait déjà pu aller jusque dans la falaise qui était normalement couverte par l’eau. Ce n’était arrivé que deux fois et c’était périlleux. On y entendait son propre pas, renvoyé à l’infini par les parois.

Brid mit de longues secondes à répondre à la question de l’étrangère après lui avoir fourni ses conseils. Elle continuait de la contempler, songeuse.

- C’est vrai pour certains. Faux pour d’autres. Et les choses qui sont ici ne sont à personne.

Remarqua Brid, car personne ne venait jamais les réclamer.


- Il y a des choses utiles. Mon peuple ne gâche pas.


Elle ne gâchait pas, et c’était une philosophie de son peuple. Elle ne s’appliquait pas nécessairement aux objets des étrangers mais Brid songeait que ce n’était qu’une question de temps. Elle était jeune adulte quand les étrangers étaient arrivés alors elle se souvenait très bien du monde sans eux, du monde avant eux. Rien n’avait changé parmi son peuple, pas en profondeur en tout cas. Cela prendrait du temps avant qu’on se pose même la question, plus qu’un individu mais un clan entier : que fait-on des ronds de métal retrouvés après les rixes, et des bâtons de feu ?

Avant cela encore, tout ce qui venait des vagues était étrange, craint, presque mystique. Cela appartenait au fameux peuple d’au-delà des mers et peu osaient y toucher.

L’écume vint à nouveau toucher les pieds de Brid. Elle fixa l’étrangère. Elle ne voulait pas rester ici, plantée comme un arbre.

- Si tu ne veux pas me faire de mal mais que tu veux me parler, parle en marchant. Il faut être plus rapides que la mer.

Lâcha très calmement la cueilleuse. Son ton avait l’étincelle de l’amusement, mais ce n’était pas un trait d’humour. Elle faisait preuve de praticité : elles voulaient toutes les deux quelque chose et il ne fallait pas perdre leurs temps ou les vagues se chargeraient de leur faire un sort.
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