Eulalie - Thélème - Petits boulots

Eulalie naquit à San Aurelius, tout comme son frère avant elle, dans une famille heureuse de modestes commerçants tailleurs. Tout se déroula relativement sans encombre, ses parents ne croulant certes pas sous les pièces d’or, mais assez pour offrir à leurs enfants une vie confortable. Lorsque ce n’était pas leur mère qui leur faisait cours, c’était leur père, se relayant ainsi à la boutique au rez-de-chaussée. Le soir voguait des odeurs de ragoûts dans leur maison en bordure de capitale et leurs parents chantaient et jouaient de la musique, bien loin des affres de la guerre. Mais toute bonne chose à une fin et celle-ci arriva peu après les 6 ans de la petite fille.

Cette maladie si terrible, la malichor, saisi leurs parents, rapidement le diagnostique se posa et fit le tour des environs, vidant drastiquement la boutique. Les enfants, étrangement survivants, virent les gens dévier de leur direction, détourner le regard, les observer avec une certaine méfiance. Ils se retrouvèrent isolés, seul dans le support de la maladie de leurs parents et dans la vie peu après. Dans une si grande ville tout le monde connaissait quelqu'un qui l'avait contracté mais cela n'empêchait pas les uns et les autres de souhaiter prendre leurs précautions.

Ce fut leur grand-mère maternelle qui accepta de les récupérer, héritant par là même de la boutique. Cependant, elle ne la garda pas, la vendant, voulant utiliser cet argent pour élever ses petits-enfants.
Ils déménagèrent donc chez elle, éduqués par ses soins, dans un confort bien moindre, observés d’un œil méfiant par les habitants de ce petit village où la nouvelle avait déjà fait le tour. Les années passèrent, Eulalie appris les bases de la couture, du tricot, le travail d’un potager et les fondamentaux de la cuisine. À l’âge de 12 ans, elle reprisait pour les villageois les vêtements qu’on lui apportait contre quelques pièces, douée dans les choses qui nécessitait patience et finesse.

Mais leur tutrice finie par décéder elle aussi, de la même manière que leurs parents, et ce qui jusque-là n’était que des regards peu complaisants se transforma en murmure, en refus de faire appel à leurs services, parfois même jusqu’à un rejet pur et dur. D’autres personnes dans le village contractèrent la maladie, jusqu’à ce qu’on pourrait appeler la personne de trop. Leur grand-mère étant malade la première, on les accusa d’avoir apporté la maladie depuis la ville, d’être responsable de tous ces morts, en dépit du bon sens. Ils eurent beau essayer d’apporter un autre point de vue, comme celui que des marchands venant de lieu à forte contamination étaient passé récemment, cela tomba dans l’oreille d’un sourd. Pour leurs voisins, ils n'étaient pas assez pieux, après tout ils venaient de la ville, et avaient attiré l'ombre sur le village. Après tout, nombre des anciens ici avaient toujours trouvé leur mère pas assez croyante, elle était également partie si vite, comme attirée par quelque chose, qui ne pouvait être que mauvais. Les enfants d'une telle engeance ne pouvaient rien donner de bon.

La rumeur enfla et puis le pire arriva, car après tout, on brûlait bien les corps de manière préventive, alors pourquoi pas eux également ? Heureusement, ils se rendirent assez vite compte de ce qu’était en train de faire les villageois, pas assez pour les arrêtés, mais suffisamment pour emmener un pactage minimum. Néanmoins, Eulalie fut brûlée à la main à cette occasion.
Après cette action, ils prirent la décision de partir au plus vite, pour un monde meilleur, eux qui n’avaient de toute manière plus vraiment de lien avec qui que ce soit sur ce continent maudit. Leur établissement est donc tout récent, à peine une semaine.

Eulalie est un petit brin de femme qui n’a pas encore eu l’occasion de montrer toutes les facettes de son caractère, ayant toujours dû être quelqu’un de doux, calme et agréable pour ne pas envenimer leur situation. Elle a tendance à se conformer à ce que l’on souhaite d’elle, pour éviter le danger et l’inconnu. Cela va de pair avec une grande difficulté à avoir confiance en l’autre, hormis son frère.

Son rapport à la foi est d'ailleurs entaché de ce doute. Elle a du mal à concevoir, contrairement à son frère, qu'un dieu supposé si bon et juste puisse laisser de telles choses se produire, surtout envers des bons fidèles comme l'étaient leurs parents, leur grand-mère ou même son frère. Aujourd'hui, en apparence elle pratique encore, mais de manière plus limitée que son frère et sans y croire vraiment, c'est plus une manière de rassurer son frère qui est si croyant. Ce doute n'est cependant pas au point de considérer qu'il n'existe pas, du moins pour l'instant.

Elle cache beaucoup qui elle est et ce qu'elle pense, mais son arrivée sur Teerfradee va avoir tendance à la débridé, à la rendre bien plus loquace, peut-être même un peu trop. De surcroît, elle reste encore une jeune adulte, peu préservée par la vie certe, mais encore naïve sur pleins de sujets comme le grand amour, l'amitié. Est-ce qu'elle croit au Prince charmant ? Assurément, aussi étonnant que cela puisse paraître, mais pour ce qui est de si c'est un objectif dans sa vie que de le trouver, pas vraiment.